Il me semble que j'ai posté ma première création il y a très, très longtemps, sur ce forum. Cela s'appelait Clavia Tesara Infinitas (si je me rappelle bien, enlevez deux-trois lettres et ça devrait être bon ^^). Il s'agissait de mon 1er délire de fan et proposait la fin de la série Stargate, fin alternative puisque j'ai écris cela avant la sortie du téléfilm. On y remarque qu'ils y plagient mon idée de faire revenir Adria et les Réplicateurs, mais je les pardonne.
Je viens de terminer un jeu "Séries" sur un forum où le but était de créer une histoire, un concept et de la poster en 5 chapitres. J'ai choisi la voie du drame avec un sujet qui me tient à coeur et des souvenirs qui pour la plupart ne sortent pas "de nul part". La seule "contrainte" fut d'adapter tout cela pour que ça rentre dans le concept de "série". En gros, il fallait faire comme si le lecteur regardait cela à la télé, et j'ai donc du user dans mon récit d'images, en appelant le lecteur à observer les personnages et en décrivant des scènes vivantes.
Le résultat a dépassé mes espérances. J'ai reçu des messages touchants, très touchants. Certaines personnes ont avoué avoir lâché une larme (je maitrise bien le mélodramatique, parait il ^^). Parait il, on ne peine pas à s'identifier à un souvenir, à un sentiment. Bref, elle est de loin ma création dont je suis le plus fier. Très fier.
Je décide donc de le poster ici également, "ça ne me coute rien".
Je précise cependant, que le fan de Science Fiction pourrait s'ennuyer en lisant cela, l'action y étant très réduite...C'est du drama.
Infos :
Les textes entre guillemets sont des paroles de chansons. Il est conseillé d'écouter la chanson, à part la 1re choisie "au hasard" à cause du thème qui collait, j'apprécie particulièrement les 4 autres. Il suffit de ne pas se laisser déborder par nos préjugés sur leur interprête, d'alllumer Youtube et de taper le nom de la chanson.
Les chansons sont donc :
1. Kayna Samet, Ecorcée Vive
2. Mariah Carey, I Wish You Well
3. Alicia Keys, Lesson Learned
4. Carla Bruni, Quelqu'un m'a dit...
5. Beyoncé, Save The Hero
Je suis ouvert aux critiques et commentaires.
[FANFIC] Hayate - Fiction sans rapport avec SG
[FANFIC] Hayate - Fiction sans rapport avec SG
Dernière modification par Mr Carey le 05 août 2009, 10:17, modifié 1 fois.
The word said it Love your enemies
Do good for those who curse you
Pray for those who mistreat you
Psalms 129:2
They have greatly oppressed me from my youth
But they have not gained victory over me
I wish you well
Mariah Carey, I Wish You Well, 2008
Do good for those who curse you
Pray for those who mistreat you
Psalms 129:2
They have greatly oppressed me from my youth
But they have not gained victory over me
I wish you well
Mariah Carey, I Wish You Well, 2008
Re: [FANFIC] Hayate - Fiction sans rapport avec SG
1.
« Ce matin j'me sens pas bien
J'me sens pas belle et pas comprise »
Kayna Samet, peut être l’avez-vous déjà reconnue. La première fois que j’ai entendu cet air, j’ai franchement ri. Un rire sincère, un rire comme vous en entendez tous les jours à proximité des parcs et des jardins d’enfants. J’étais alors capable de rire. Lorsqu’on y pense, un rire est un cadeau en soi, un cadeau de Dieu, de la nature ou de l’esprit, une récompense libératrice que l’on offre à l’être humain pour exprimer son bonheur. Une récompense que l’on offre à ceux qui nous entourent et qui se réjouiront à leur tour de savoir que nous sommes encore capables de rire. Aussi ridicule que Kayna Samet pouvait être dans mon esprit à l’époque, aujourd’hui elle ne me fait plus rire. Même si j’avais toujours refusé de l’admettre jusque là, elle ne faisait finalement qu’exprimer en rimes un sentiment que nombre d’entre nous ressentons un jour ou l’autre.
Vous savez… Ce moment où l’enfance est derrière et où nous savons que l’innocence est partie, qu’elle ne nous permettra plus de rire en toutes circonstances et de toutes les situations, qu’elle ne sera plus jamais un échappatoire face au malheur, et qu’un monde bien plus sombre s’ouvre à nous. Après une telle prise de conscience, il en devient difficile de rire. J’admire le courage de ceux qui parviennent encore à faire semblant de vivre alors que le monde lui-même est devenu risible.
« Je me regarde et me sens triste
Je m'demande où je vais »
Je ne me suis pas présentée. Je suis Hayate, vous vous trouvez en ce moment dans ma chambre. J’ai laissé les stores fermés, j’espère que l’obscurité ne vous opportunera pas. Personnellement elle me permet d’être seule avec mes pensées, aide mon esprit à s’imposer jusqu’à devenir ce sixième sens que tout le monde cherche en vain. Chaque élément ici à son utilité. Après tout, chaque chose sur cette Terre doit forcément en avoir une. Tenez, ce radio réveil, n’est il pas un moyen de me relier constemment au monde extérieur, de contrôler mes jours et mes nuits ? Ce bureau n’est il pas l’unique preuve que le travail s’immisce jusque dans mon intimité, que ma vie ne dépend que de celle des autres ? Cette commode pleine de prêt à porter n’est elle pas un moyen pour les autres de me rendre comme eux, de finalement me fondre dans le moule ? Cela peut paraître futile, mais l’obscurité m’aide à oublier tous ces éléments que l’on m’impose. Je peux ainsi me concentrer sur mon esprit. C’est cet esprit que vous explorerez avec moi. Je ne sais pas plus que vous comment ni pourquoi vous êtes ici. Peut être l’image vous semble elle un peu terne, j’espère la rendre bientôt plus colorée.
Je peux toujours, en attendant, me recentrer sur les détails qui m’intéressent. Regardez, ces comprimés. Miansérine, 30 comprimés. Il faut vraiment dépendre de cette petite boîte pour l’observer autant. On y dénombre trois avertissements sur la prise de ce médicament, sur trois faces différentes. La prise doit être constante, mais jamais trop forte. Jamais. Oui…Jamais. Combien en ai-je pris, à votre avis ?
Vous aurez peut être également remarqué ce couteau, posé sur mon lit. Un Laguiole, s’il vous plait. Vous remarquerez que l’aiguisage est toujours plus fin vers la pointe, à son extrémité. Oui, c’est avec la pointe qu’il faut s’y prendre.
« J'crois que j’vais tout plaquer
J'me sens attirée par le vide
J'm’accroche pour pas craquer
J'suis comme écorchée vive »
Regardez…Mon nez, à présent. Après cela nous pourrons démarrer. Vous n’y voyez qu’un nez. Forcément, je ne suis qu’une infime partie de votre journée. Ce nez, moi, j’y vois le symbole de mon être dont l’existance n’allait pas de soi. J’inspire, j’expire, comme au premier jour. J’aurais tant aimé m’en rappeler, vous savez, avoir la chance de connaître la sensation de venir au monde, de savoir comment nous sommes arrivés là et à partir de quel instant l’être ensanglanté que nous étions réalisa qu’il était coincé parmi six milliards d’individus sur ce rocher appelé « Terre ». L’enfance est la période la plus intéressante de notre existance. Remémorrez vous votre enfance, les jeux, les copains, Maman et Papa faisant figure de demi-dieux. Et surtout ce désir curieux de devenir grand. J’estime aujourd’hui qu’on m’a volé mon enfance, comme on aurait pu voler mon existance. Il m’est aujourd’hui plus rassurant de pouvoir voler ma propre vie.
Plongeons y ensemble. Vous voyez, cette femme ? Oh, sa beauté semble exagérée, forcément son image sort de mes pensées. C’est pourtant comme cela que je me l’imagine. Il s’agit de ma mère, la seule femme que Dieu ait pu mettre de mon côté. Elle a l’air si radieuse, et je préfère l’imaginer comme ça, car la vérité est tout autre. Observez ces marques sur ses bras, ces déchirures sur ses habits et ce sang dégoulinant tout au long de sa joue. Les ombres et fumées de la mort encore présentes autour d’elle salissent son aura. Pourtant elle rayonne. Car elle sait qu’elle a sauvé la vie en elle, car elle sait qu’elle m’a sauvé de mes tantes qui ne souhaitaient pas voir d’héritiers dans la famille, car elle sait qu’elle a fait de son enfant un miraculé.
Son nez n’est pas le mien, vous l’aurez remarqué. Ce nez est la marque qu’a laissé mon père sur moi, la seule d’ailleurs. Placez un homme dans un pays où il est considéré comme un étranger, faîtes le grandir parmi ses sept frères et ses cinq sœurs dont trois, avant vingt ans, étaient déjà mères de deux enfants et regardez le évoluer. Perdre gout à une vie qui ne rime pas avec liberté, et se laisser guider par le destin. On le pousse alors vers une femme avec qui il procréera, puisque c’est de toute façon ce que l’on attend de lui. Et puis il disparaîtra, physiquement ou non, s’appropriera votre fierté et vous dénigrera à la moindre occasion. Son nez est mon nez. Je suis sa fille. C’est la première fois que je le dis. J’ai 21 ans, il était temps.
« 21 ans à zigzaguer
A faire semblant d'avoir grandi
Moi j'en ai marre de m'dire tant pis »
Regardez cet adorable petite. Souriante. L’air heureuse. Capable de rire. C’est moi. Cette période est morte dans mon esprit, elle a fâné après de durs évènements dont vous connaitrez l’issue avec un peu de patience. Peut être sentais-je déjà ce poids en moi, cette impression qui malgré tout reflétait la réalité. Celle de n’être désirée par personne, de n’être qu’un fardeau. Pour mon père qui ne me voulait pas. Pour ma mère qui devait jongler entre ma vie et les agressions des autres. Pour ces autres qui ne devaient pas manquer de dénigrer mon existance jour après jour. J’aurais aimé savoir quand cette idée m’est apparue. Celle qui affirme que l’on a le contrôle de nos vies et que l’on peut en disposer. Mais je ne le saurais jamais. Noir.
Voilà le bilan de mon enfance. Un trou vide, un traumatisme sans couleurs. Y apporter la lumière ne ferait que démasquer un malheur auquel j’étais destinée, et pourtant… J’aurais tant voulu savoir qui j’étais. J’aurais tant voulu connaître l’innocence. Le rire innocent. Mais le destin fut autre. Plus lourd, plus chargé, plus étouffant. Etouffant. Etouffant. Mon nez… Il ne fonctionne plus.
L’odorat est donc le premier à s’en aller, en ce genre de circonstances. Sans doute est-il le plus inutile. Il me faut désormais inspirer, expirer par la bouche. Seule. Sans le nez de mon père.
Je m’appelle Hayate, mon prénom célèbre a vie. Ironie du sort, je vais la perdre. La vie ne tiendrait qu’à quelques fils, je viens de les couper. Et vous serez au premier rang pour voir cela.
Je m’appelle Hayate. Je crois que je vais tout plaquer, je me sens attirée par le vide. Le vide. Le vide.
« J'crois que jvais tout plaquer
J'me sens attirée par le vide… »
« Ce matin j'me sens pas bien
J'me sens pas belle et pas comprise »
Kayna Samet, peut être l’avez-vous déjà reconnue. La première fois que j’ai entendu cet air, j’ai franchement ri. Un rire sincère, un rire comme vous en entendez tous les jours à proximité des parcs et des jardins d’enfants. J’étais alors capable de rire. Lorsqu’on y pense, un rire est un cadeau en soi, un cadeau de Dieu, de la nature ou de l’esprit, une récompense libératrice que l’on offre à l’être humain pour exprimer son bonheur. Une récompense que l’on offre à ceux qui nous entourent et qui se réjouiront à leur tour de savoir que nous sommes encore capables de rire. Aussi ridicule que Kayna Samet pouvait être dans mon esprit à l’époque, aujourd’hui elle ne me fait plus rire. Même si j’avais toujours refusé de l’admettre jusque là, elle ne faisait finalement qu’exprimer en rimes un sentiment que nombre d’entre nous ressentons un jour ou l’autre.
Vous savez… Ce moment où l’enfance est derrière et où nous savons que l’innocence est partie, qu’elle ne nous permettra plus de rire en toutes circonstances et de toutes les situations, qu’elle ne sera plus jamais un échappatoire face au malheur, et qu’un monde bien plus sombre s’ouvre à nous. Après une telle prise de conscience, il en devient difficile de rire. J’admire le courage de ceux qui parviennent encore à faire semblant de vivre alors que le monde lui-même est devenu risible.
« Je me regarde et me sens triste
Je m'demande où je vais »
Je ne me suis pas présentée. Je suis Hayate, vous vous trouvez en ce moment dans ma chambre. J’ai laissé les stores fermés, j’espère que l’obscurité ne vous opportunera pas. Personnellement elle me permet d’être seule avec mes pensées, aide mon esprit à s’imposer jusqu’à devenir ce sixième sens que tout le monde cherche en vain. Chaque élément ici à son utilité. Après tout, chaque chose sur cette Terre doit forcément en avoir une. Tenez, ce radio réveil, n’est il pas un moyen de me relier constemment au monde extérieur, de contrôler mes jours et mes nuits ? Ce bureau n’est il pas l’unique preuve que le travail s’immisce jusque dans mon intimité, que ma vie ne dépend que de celle des autres ? Cette commode pleine de prêt à porter n’est elle pas un moyen pour les autres de me rendre comme eux, de finalement me fondre dans le moule ? Cela peut paraître futile, mais l’obscurité m’aide à oublier tous ces éléments que l’on m’impose. Je peux ainsi me concentrer sur mon esprit. C’est cet esprit que vous explorerez avec moi. Je ne sais pas plus que vous comment ni pourquoi vous êtes ici. Peut être l’image vous semble elle un peu terne, j’espère la rendre bientôt plus colorée.
Je peux toujours, en attendant, me recentrer sur les détails qui m’intéressent. Regardez, ces comprimés. Miansérine, 30 comprimés. Il faut vraiment dépendre de cette petite boîte pour l’observer autant. On y dénombre trois avertissements sur la prise de ce médicament, sur trois faces différentes. La prise doit être constante, mais jamais trop forte. Jamais. Oui…Jamais. Combien en ai-je pris, à votre avis ?
Vous aurez peut être également remarqué ce couteau, posé sur mon lit. Un Laguiole, s’il vous plait. Vous remarquerez que l’aiguisage est toujours plus fin vers la pointe, à son extrémité. Oui, c’est avec la pointe qu’il faut s’y prendre.
« J'crois que j’vais tout plaquer
J'me sens attirée par le vide
J'm’accroche pour pas craquer
J'suis comme écorchée vive »
Regardez…Mon nez, à présent. Après cela nous pourrons démarrer. Vous n’y voyez qu’un nez. Forcément, je ne suis qu’une infime partie de votre journée. Ce nez, moi, j’y vois le symbole de mon être dont l’existance n’allait pas de soi. J’inspire, j’expire, comme au premier jour. J’aurais tant aimé m’en rappeler, vous savez, avoir la chance de connaître la sensation de venir au monde, de savoir comment nous sommes arrivés là et à partir de quel instant l’être ensanglanté que nous étions réalisa qu’il était coincé parmi six milliards d’individus sur ce rocher appelé « Terre ». L’enfance est la période la plus intéressante de notre existance. Remémorrez vous votre enfance, les jeux, les copains, Maman et Papa faisant figure de demi-dieux. Et surtout ce désir curieux de devenir grand. J’estime aujourd’hui qu’on m’a volé mon enfance, comme on aurait pu voler mon existance. Il m’est aujourd’hui plus rassurant de pouvoir voler ma propre vie.
Plongeons y ensemble. Vous voyez, cette femme ? Oh, sa beauté semble exagérée, forcément son image sort de mes pensées. C’est pourtant comme cela que je me l’imagine. Il s’agit de ma mère, la seule femme que Dieu ait pu mettre de mon côté. Elle a l’air si radieuse, et je préfère l’imaginer comme ça, car la vérité est tout autre. Observez ces marques sur ses bras, ces déchirures sur ses habits et ce sang dégoulinant tout au long de sa joue. Les ombres et fumées de la mort encore présentes autour d’elle salissent son aura. Pourtant elle rayonne. Car elle sait qu’elle a sauvé la vie en elle, car elle sait qu’elle m’a sauvé de mes tantes qui ne souhaitaient pas voir d’héritiers dans la famille, car elle sait qu’elle a fait de son enfant un miraculé.
Son nez n’est pas le mien, vous l’aurez remarqué. Ce nez est la marque qu’a laissé mon père sur moi, la seule d’ailleurs. Placez un homme dans un pays où il est considéré comme un étranger, faîtes le grandir parmi ses sept frères et ses cinq sœurs dont trois, avant vingt ans, étaient déjà mères de deux enfants et regardez le évoluer. Perdre gout à une vie qui ne rime pas avec liberté, et se laisser guider par le destin. On le pousse alors vers une femme avec qui il procréera, puisque c’est de toute façon ce que l’on attend de lui. Et puis il disparaîtra, physiquement ou non, s’appropriera votre fierté et vous dénigrera à la moindre occasion. Son nez est mon nez. Je suis sa fille. C’est la première fois que je le dis. J’ai 21 ans, il était temps.
« 21 ans à zigzaguer
A faire semblant d'avoir grandi
Moi j'en ai marre de m'dire tant pis »
Regardez cet adorable petite. Souriante. L’air heureuse. Capable de rire. C’est moi. Cette période est morte dans mon esprit, elle a fâné après de durs évènements dont vous connaitrez l’issue avec un peu de patience. Peut être sentais-je déjà ce poids en moi, cette impression qui malgré tout reflétait la réalité. Celle de n’être désirée par personne, de n’être qu’un fardeau. Pour mon père qui ne me voulait pas. Pour ma mère qui devait jongler entre ma vie et les agressions des autres. Pour ces autres qui ne devaient pas manquer de dénigrer mon existance jour après jour. J’aurais aimé savoir quand cette idée m’est apparue. Celle qui affirme que l’on a le contrôle de nos vies et que l’on peut en disposer. Mais je ne le saurais jamais. Noir.
Voilà le bilan de mon enfance. Un trou vide, un traumatisme sans couleurs. Y apporter la lumière ne ferait que démasquer un malheur auquel j’étais destinée, et pourtant… J’aurais tant voulu savoir qui j’étais. J’aurais tant voulu connaître l’innocence. Le rire innocent. Mais le destin fut autre. Plus lourd, plus chargé, plus étouffant. Etouffant. Etouffant. Mon nez… Il ne fonctionne plus.
L’odorat est donc le premier à s’en aller, en ce genre de circonstances. Sans doute est-il le plus inutile. Il me faut désormais inspirer, expirer par la bouche. Seule. Sans le nez de mon père.
Je m’appelle Hayate, mon prénom célèbre a vie. Ironie du sort, je vais la perdre. La vie ne tiendrait qu’à quelques fils, je viens de les couper. Et vous serez au premier rang pour voir cela.
Je m’appelle Hayate. Je crois que je vais tout plaquer, je me sens attirée par le vide. Le vide. Le vide.
« J'crois que jvais tout plaquer
J'me sens attirée par le vide… »
The word said it Love your enemies
Do good for those who curse you
Pray for those who mistreat you
Psalms 129:2
They have greatly oppressed me from my youth
But they have not gained victory over me
I wish you well
Mariah Carey, I Wish You Well, 2008
Do good for those who curse you
Pray for those who mistreat you
Psalms 129:2
They have greatly oppressed me from my youth
But they have not gained victory over me
I wish you well
Mariah Carey, I Wish You Well, 2008
Re: [FANFIC] Hayate - Fiction sans rapport avec SG
2.
“When glory days turn to stormy nights
You must have been so petrified…
You against the world in a losing fight
Captive of your demons inside”
Chaque jour et chaque nuit devrait avoir son importance. Chaque instant de cette vie devrait pouvoir servir à l’ensemble de votre existance. Chaque détail, bon ou mauvais, devrait pouvoir s’enchevêtrer dans vos souvenirs et constituer une vie avec ses jours heureux et ses nuits agitées. On ne peut affirmer que « la vie est un long fleuve tranquille », non, elle sera toujours une bataille contre nos mauvais penchants, contre les agressions extérieures et parfois contre nous même. Déclarer cette bataille perdue est un aveu, celui de l’échec.
Ecoutez. Chut, silence, écoutez le. Il est dissimulé sous ma poitrine et pourtant, je l’entends battre. Il y a sans doute une raison pour laquelle le cœur se trouve si profond en nous. Naïvement, j’ai pu le prendre comme une présence en moi-même. Seule comme je me sentais, j’ai alors développé un gout pour cette chose qui nous fait vivre, et nous illumine de sa présence chaque fois que l’on pense à lui. Alors que je me refusais toujours à partager mon cœur à ce que l’on appelle communément « une famille », je l’associais à une entité plus grande, supérieure, celle qui finalement pouvait bien m’avoir amené là. Dieu.
Observez mon buste en mouvements malgré moi, observez mon cœur lutter pour préserver la vie en moi, pour irriguer cet esprit qui me permet de communiquer en ce moment avec vous… Observez Dieu me faire vivre encore un petit peu, pour peut être me faire changer d’avis, ou réagir.
“The Lord the Lord is my salvation,
I will trust in Him, yes… I know that I know that I know…
But I have had God’s help to this very day
And so I stay here and testify to small and great alike”
Il n’a jamais été là, auprès de moi, et pourtant on peut le considérer comme l’ami imaginaire idéal. Regardez, là c’est moi à 10 ans. Il s’agit là de mon premier souvenir, aussi étrange que cela puisse paraître. Il ne faisait pas aussi sombre lorsque ça s’est passé, au contraire, il était midi. La situation, la gravité des évènements et leurs conséquences sur ma vie entière me rendent pourtant dans l’incapacité de donner de la lumière à la scène. Vous y distinguez tout de même une femme, celle de tout à l’heure, ma mère. Malheureusement son aura ne brille plus. Elle ne rayonne plus. Il est très difficile de se trouver en souffrance, mais quand celle qui vous a offert la lumière perd ses repères, votre propre vie ne semble soudain plus valoir grand-chose. Voilà pourquoi dans son apparente banalité ce souvenir patauge dans les ténèbres depuis plus de 10 ans.
Elle entre, donc. Il ne me semble pas avoir croisé son regard, l’avoir touché, ou lui avoir souri. Le mur d’en face devait à cet instant être plus attractif que sa fille. « Il… Abdellah, il…est parti. ». Et puis, elle disparaît. Dans l’obscurité qui est sienne, dans l’obscurité qui est mienne. Voilà comment ma vie commence. Un homme fort, respectable, luttant chaque jour pour vivre, laissant femme et enfant en quittant sa vie sur un parking. C’est fou comme il me manque, je ressens ce manque quotidiennement, et pourtant je n’ai pratiquement aucun souvenir de lui. Depuis 11 ans exactement, je considère qu’il se trouve en compagnie de Dieu, qu’il m’observe et me guide de là haut. Cet homme m’a familiarisé avec la mort, ce concept particulier qui, sans m’avoir jamais effrayé, a toujours su se trouver au centre de mes inquiétudes.
Le fait est que le chagrin a détruit l’être fragile en moi. Il fut l’élément déclencheur d’un long malaise dévastateur, ce désordre intérieur qui anéantit peu à peu toutes vos barrières et se plante dans votre cœur, transperçant et annihilant toutes vos croyances, tous vos piliers…Tous vos espoirs. L’issue de tout ça fut ce trou de 10 ans, vous le comprendrez plus tard. Oui, un trou, le gouffre…Je tombe. Et vous tombez avec moi. Cette chute représente les mois, les années. L’envie de régurgiter vous vient peut être, j’en suis désolé. Elle n‘est que l’expression du dégout des autres, de moi-même et de la vie que je ressentais déjà à l’époque. La peur et l’horreur jouaient à cache cache tous les jours avec moi, avec comme récompense, des pleurs.
“Still wearing my blinders back then…
I weep for what I’ve dreamed we’ll all could be
I’ll keep you in prayer till the end”
Notre descente est momentanément interrompue par un autre de mes souvenirs. Même chambre, même lit, même porte. Ma mère entre, son corps semble soudain épuisé à la simple idée de me voir, son regard est en feu, rouge, mais j’ai tout de suite compris la nature de sa visite. Il y en avait si peu, et pourtant analysez ses lèvres diminuées, crispées, tristes. « Le père de ton père est mort. ». Et elle repart, dans la brume à l’extérieur de la chambre. Une brume représentant l’incertitude. Avancez dedans, à présent. Et regardez. Voilà, c’est lui, ce vieil homme assis possédant ce nez si particulier. Regardez ce nez. Celui de mon père, le mien. Je fais la queue, dans cette chambre d’hôpital qui malgré la situation apparaît blanche dans mes souvenirs. Sans doute à cause de la révélation, de la vérité marquante qu’elle a engendré. Je fais la queue, donc, pour le saluer, l’embrasser. Mes oncles, mes tantes, mes cousins, mes cousines, tous l’étreignent, le pressent assez fort pour en faire ressortir l’amour qui se dégage de l’acte. Mon tour arrive et… Le noir. Plus rien. Si, je me souviens de tout. Mais ce noir marque ma différence avec eux. En effet au moment de l’embrasser, il me rejette, se tourne vers mon père et lui demande qui je suis. Ma solitude, mon inexistance a pris une tournure sans précédent dans ma vie ce jour là. Alzheimer, premiers symptomes. Ceux qui effacent de votre mémoire ces détails, ces numéros de téléphones et recettes de cuisines obsolètes. Je suis obsolète.
« I know that You’ve been there for plenty
Maybe still got love for me
But let him without sin cast the first stone brethren…
But who remains standing there? Not you, not I”
Sa maladie me force à le pardonner. Mais le malêtre déjà très présent dont j’étais victime ne lui a pas pardonné. Vous comprendrez cela plus tard, si Dieu m’en laisse le temps. La brume nous mène au sommet, dans les nuages, et nous voilà à présent en haut de ce building, sans trop savoir pourquoi. L’image est trompeuse, mais j’avais bel et bien 12 ans. Malgré les quelques photos existantes de moi à cet âge, je me visualise avec un corps d’enfant, mais avec ma propre tête actuelle. Elle était moi, je suis elle. Une petite fille perdue qui ne sait pas, ou qui ne sait plus où aller. Pourquoi suis-je au bord de de cet immeuble en plein soir, seule ? Je risque de tomber…Et si c’était le but ? Je ne me sentirais pas tomber, de toute façon en bas, tout n’est que brume jusqu’à cette chute tant attendue…Noire. Mais mon pêché fut de vouloir en finir si vite, si tôt, et un homme fut là pour me le rappeler. Il ne le saura jamais sans doute, d’ailleurs. Il est un Saint… Mon grand père. Il me prend dans ses bras, et là je redeviens une enfant. Et là, je découvre peut être un semblant de père, pour une fois. Très peu de personnes auront finalement eu une importance si positive dans ma vie. Lui, en plus de m’avoir donné une mère, m’aura donné espoir en la vie, et en cette entité supérieure dont il affirmait l’existance. Lui m’aura donné envie de vivre, au moins pour lui, encore un peu plus longtemps. Lui m’aura un peu paterné, allant jusqu’à me faire avaler 3 baguettes de pain dans la journée, me faisant jurer que j’avais maigri, alors que mon début de surpoids n’était un secret pour personne. De lui émane la même lumière que celle que dégage ma mère. Un Empire, voilà ce que son cœur a créé. Des valeurs sûres, des foyers confortables pour sa décendance, une grande famille pour que l’on ne se sente jamais seuls. Le pauvre, s’il nous voyait. Je tiens à le dire une dernière fois sur cette Terre. Je l’aime, merci à lui. Et voilà, vous sentez ? Vous le ressentez ? Mon cœur, qui bat encore. Et nous fermons les yeux, quelques secondes.
J’ouvre les yeux, qui de l’inconscient dans lequel les avaient plongé le sommeil passent désormais à la conscience des choses. Conscience toujours aussi sombre que la dernière fois. Il était 9H, cette fois ci. J’aperçois la tête blanche, les cheveux sévèrement attachés et les yeux sans vie de ma mère, et dans cette vision d’horreur j’ai d’avance su ce qui se passait. Aujourd’hui encore ma vision d’elle ce jour là n’est que celle d’un vivant à qui on a enlevé l’envie de vivre. Un mort-vivant, un pantin animé. « Mon père est en train de mourir, reste ici. ». Et elle repart dans le noir, tombe dedans, et ne semble pas vouloir en ressortir. Je ne l’ai plus revue de sitôt. Elle est partie, quelques temps, lui faire ses derniers adieux au pays, abandonnant le monde derrière elle, m’abandonnant aux bras d’un père absent. Nous y reviendrons.
Dieu a l’avantage d’être impérissable. En ce monde, tant qu’il y aura quelqu’un pour croire en lui, ne serait ce qu’une personne, il perdurera. Je ne l’ai jamais directement associé à la mort, mais plutôt à la chance que le malheur, l’effondrement causé par ces différents décès puissent trouver une issue plus heureuse avec Son aide. Ces décès, ces situations m’ont familiarisé avec le concept de mort. Dieu a lui pu me donner des raisons de continuer à vivre, si ce n’est vivre tout court. Voilà pourquoi il me semblait important d’en parler maintenant. Vous vous êtes sans doute aperçu que le décor a changé. Vous le reconnaissez sûrement. Il n’appartient pas à mes croyances premières, et pourtant il tient une place importante bien qu’elle puisse sembler dérisoire dans ma vie. Il est le toit de la région, il brille par sa pure blancheur, et il est un fort symbole de croyance, et de commémoration. Le Sacré Cœur. Je ne dénombre plus le nombre de fois où j’y suis allée, seule, allumer une simple bougie en leur mémoire, ou simplement m’asseoir et poser ma tête entre mes genoux en me recueillant, dans l’admirable respect des milliers de personnes qui passent par là chaque jour. Ils vivent en moi chaque jour, ils vivent en moi là bas.
C’est là que tout s’écroule. BOUM BOUM.
Car je ne serais bientôt plus. BOUM BOUM.
Montmartre n’est plus, Montmartre tombe en ruine. BOUM BOUM.
…Vous l’entendez ? Boum Boum. C’est mon cœur, il bat. Le symbole de Dieu, le symbole de ceux qui ont compté, le symbole de ma vie qui m’échappe. Je m’appelle Hayate, je crois que je vais tout plaquer, et j’espère que votre destin sera différent. Ne fuyez pas, je ne vous veux que du bien.
« …I Wish You Well”
“When glory days turn to stormy nights
You must have been so petrified…
You against the world in a losing fight
Captive of your demons inside”
Chaque jour et chaque nuit devrait avoir son importance. Chaque instant de cette vie devrait pouvoir servir à l’ensemble de votre existance. Chaque détail, bon ou mauvais, devrait pouvoir s’enchevêtrer dans vos souvenirs et constituer une vie avec ses jours heureux et ses nuits agitées. On ne peut affirmer que « la vie est un long fleuve tranquille », non, elle sera toujours une bataille contre nos mauvais penchants, contre les agressions extérieures et parfois contre nous même. Déclarer cette bataille perdue est un aveu, celui de l’échec.
Ecoutez. Chut, silence, écoutez le. Il est dissimulé sous ma poitrine et pourtant, je l’entends battre. Il y a sans doute une raison pour laquelle le cœur se trouve si profond en nous. Naïvement, j’ai pu le prendre comme une présence en moi-même. Seule comme je me sentais, j’ai alors développé un gout pour cette chose qui nous fait vivre, et nous illumine de sa présence chaque fois que l’on pense à lui. Alors que je me refusais toujours à partager mon cœur à ce que l’on appelle communément « une famille », je l’associais à une entité plus grande, supérieure, celle qui finalement pouvait bien m’avoir amené là. Dieu.
Observez mon buste en mouvements malgré moi, observez mon cœur lutter pour préserver la vie en moi, pour irriguer cet esprit qui me permet de communiquer en ce moment avec vous… Observez Dieu me faire vivre encore un petit peu, pour peut être me faire changer d’avis, ou réagir.
“The Lord the Lord is my salvation,
I will trust in Him, yes… I know that I know that I know…
But I have had God’s help to this very day
And so I stay here and testify to small and great alike”
Il n’a jamais été là, auprès de moi, et pourtant on peut le considérer comme l’ami imaginaire idéal. Regardez, là c’est moi à 10 ans. Il s’agit là de mon premier souvenir, aussi étrange que cela puisse paraître. Il ne faisait pas aussi sombre lorsque ça s’est passé, au contraire, il était midi. La situation, la gravité des évènements et leurs conséquences sur ma vie entière me rendent pourtant dans l’incapacité de donner de la lumière à la scène. Vous y distinguez tout de même une femme, celle de tout à l’heure, ma mère. Malheureusement son aura ne brille plus. Elle ne rayonne plus. Il est très difficile de se trouver en souffrance, mais quand celle qui vous a offert la lumière perd ses repères, votre propre vie ne semble soudain plus valoir grand-chose. Voilà pourquoi dans son apparente banalité ce souvenir patauge dans les ténèbres depuis plus de 10 ans.
Elle entre, donc. Il ne me semble pas avoir croisé son regard, l’avoir touché, ou lui avoir souri. Le mur d’en face devait à cet instant être plus attractif que sa fille. « Il… Abdellah, il…est parti. ». Et puis, elle disparaît. Dans l’obscurité qui est sienne, dans l’obscurité qui est mienne. Voilà comment ma vie commence. Un homme fort, respectable, luttant chaque jour pour vivre, laissant femme et enfant en quittant sa vie sur un parking. C’est fou comme il me manque, je ressens ce manque quotidiennement, et pourtant je n’ai pratiquement aucun souvenir de lui. Depuis 11 ans exactement, je considère qu’il se trouve en compagnie de Dieu, qu’il m’observe et me guide de là haut. Cet homme m’a familiarisé avec la mort, ce concept particulier qui, sans m’avoir jamais effrayé, a toujours su se trouver au centre de mes inquiétudes.
Le fait est que le chagrin a détruit l’être fragile en moi. Il fut l’élément déclencheur d’un long malaise dévastateur, ce désordre intérieur qui anéantit peu à peu toutes vos barrières et se plante dans votre cœur, transperçant et annihilant toutes vos croyances, tous vos piliers…Tous vos espoirs. L’issue de tout ça fut ce trou de 10 ans, vous le comprendrez plus tard. Oui, un trou, le gouffre…Je tombe. Et vous tombez avec moi. Cette chute représente les mois, les années. L’envie de régurgiter vous vient peut être, j’en suis désolé. Elle n‘est que l’expression du dégout des autres, de moi-même et de la vie que je ressentais déjà à l’époque. La peur et l’horreur jouaient à cache cache tous les jours avec moi, avec comme récompense, des pleurs.
“Still wearing my blinders back then…
I weep for what I’ve dreamed we’ll all could be
I’ll keep you in prayer till the end”
Notre descente est momentanément interrompue par un autre de mes souvenirs. Même chambre, même lit, même porte. Ma mère entre, son corps semble soudain épuisé à la simple idée de me voir, son regard est en feu, rouge, mais j’ai tout de suite compris la nature de sa visite. Il y en avait si peu, et pourtant analysez ses lèvres diminuées, crispées, tristes. « Le père de ton père est mort. ». Et elle repart, dans la brume à l’extérieur de la chambre. Une brume représentant l’incertitude. Avancez dedans, à présent. Et regardez. Voilà, c’est lui, ce vieil homme assis possédant ce nez si particulier. Regardez ce nez. Celui de mon père, le mien. Je fais la queue, dans cette chambre d’hôpital qui malgré la situation apparaît blanche dans mes souvenirs. Sans doute à cause de la révélation, de la vérité marquante qu’elle a engendré. Je fais la queue, donc, pour le saluer, l’embrasser. Mes oncles, mes tantes, mes cousins, mes cousines, tous l’étreignent, le pressent assez fort pour en faire ressortir l’amour qui se dégage de l’acte. Mon tour arrive et… Le noir. Plus rien. Si, je me souviens de tout. Mais ce noir marque ma différence avec eux. En effet au moment de l’embrasser, il me rejette, se tourne vers mon père et lui demande qui je suis. Ma solitude, mon inexistance a pris une tournure sans précédent dans ma vie ce jour là. Alzheimer, premiers symptomes. Ceux qui effacent de votre mémoire ces détails, ces numéros de téléphones et recettes de cuisines obsolètes. Je suis obsolète.
« I know that You’ve been there for plenty
Maybe still got love for me
But let him without sin cast the first stone brethren…
But who remains standing there? Not you, not I”
Sa maladie me force à le pardonner. Mais le malêtre déjà très présent dont j’étais victime ne lui a pas pardonné. Vous comprendrez cela plus tard, si Dieu m’en laisse le temps. La brume nous mène au sommet, dans les nuages, et nous voilà à présent en haut de ce building, sans trop savoir pourquoi. L’image est trompeuse, mais j’avais bel et bien 12 ans. Malgré les quelques photos existantes de moi à cet âge, je me visualise avec un corps d’enfant, mais avec ma propre tête actuelle. Elle était moi, je suis elle. Une petite fille perdue qui ne sait pas, ou qui ne sait plus où aller. Pourquoi suis-je au bord de de cet immeuble en plein soir, seule ? Je risque de tomber…Et si c’était le but ? Je ne me sentirais pas tomber, de toute façon en bas, tout n’est que brume jusqu’à cette chute tant attendue…Noire. Mais mon pêché fut de vouloir en finir si vite, si tôt, et un homme fut là pour me le rappeler. Il ne le saura jamais sans doute, d’ailleurs. Il est un Saint… Mon grand père. Il me prend dans ses bras, et là je redeviens une enfant. Et là, je découvre peut être un semblant de père, pour une fois. Très peu de personnes auront finalement eu une importance si positive dans ma vie. Lui, en plus de m’avoir donné une mère, m’aura donné espoir en la vie, et en cette entité supérieure dont il affirmait l’existance. Lui m’aura donné envie de vivre, au moins pour lui, encore un peu plus longtemps. Lui m’aura un peu paterné, allant jusqu’à me faire avaler 3 baguettes de pain dans la journée, me faisant jurer que j’avais maigri, alors que mon début de surpoids n’était un secret pour personne. De lui émane la même lumière que celle que dégage ma mère. Un Empire, voilà ce que son cœur a créé. Des valeurs sûres, des foyers confortables pour sa décendance, une grande famille pour que l’on ne se sente jamais seuls. Le pauvre, s’il nous voyait. Je tiens à le dire une dernière fois sur cette Terre. Je l’aime, merci à lui. Et voilà, vous sentez ? Vous le ressentez ? Mon cœur, qui bat encore. Et nous fermons les yeux, quelques secondes.
J’ouvre les yeux, qui de l’inconscient dans lequel les avaient plongé le sommeil passent désormais à la conscience des choses. Conscience toujours aussi sombre que la dernière fois. Il était 9H, cette fois ci. J’aperçois la tête blanche, les cheveux sévèrement attachés et les yeux sans vie de ma mère, et dans cette vision d’horreur j’ai d’avance su ce qui se passait. Aujourd’hui encore ma vision d’elle ce jour là n’est que celle d’un vivant à qui on a enlevé l’envie de vivre. Un mort-vivant, un pantin animé. « Mon père est en train de mourir, reste ici. ». Et elle repart dans le noir, tombe dedans, et ne semble pas vouloir en ressortir. Je ne l’ai plus revue de sitôt. Elle est partie, quelques temps, lui faire ses derniers adieux au pays, abandonnant le monde derrière elle, m’abandonnant aux bras d’un père absent. Nous y reviendrons.
Dieu a l’avantage d’être impérissable. En ce monde, tant qu’il y aura quelqu’un pour croire en lui, ne serait ce qu’une personne, il perdurera. Je ne l’ai jamais directement associé à la mort, mais plutôt à la chance que le malheur, l’effondrement causé par ces différents décès puissent trouver une issue plus heureuse avec Son aide. Ces décès, ces situations m’ont familiarisé avec le concept de mort. Dieu a lui pu me donner des raisons de continuer à vivre, si ce n’est vivre tout court. Voilà pourquoi il me semblait important d’en parler maintenant. Vous vous êtes sans doute aperçu que le décor a changé. Vous le reconnaissez sûrement. Il n’appartient pas à mes croyances premières, et pourtant il tient une place importante bien qu’elle puisse sembler dérisoire dans ma vie. Il est le toit de la région, il brille par sa pure blancheur, et il est un fort symbole de croyance, et de commémoration. Le Sacré Cœur. Je ne dénombre plus le nombre de fois où j’y suis allée, seule, allumer une simple bougie en leur mémoire, ou simplement m’asseoir et poser ma tête entre mes genoux en me recueillant, dans l’admirable respect des milliers de personnes qui passent par là chaque jour. Ils vivent en moi chaque jour, ils vivent en moi là bas.
C’est là que tout s’écroule. BOUM BOUM.
Car je ne serais bientôt plus. BOUM BOUM.
Montmartre n’est plus, Montmartre tombe en ruine. BOUM BOUM.
…Vous l’entendez ? Boum Boum. C’est mon cœur, il bat. Le symbole de Dieu, le symbole de ceux qui ont compté, le symbole de ma vie qui m’échappe. Je m’appelle Hayate, je crois que je vais tout plaquer, et j’espère que votre destin sera différent. Ne fuyez pas, je ne vous veux que du bien.
« …I Wish You Well”
The word said it Love your enemies
Do good for those who curse you
Pray for those who mistreat you
Psalms 129:2
They have greatly oppressed me from my youth
But they have not gained victory over me
I wish you well
Mariah Carey, I Wish You Well, 2008
Do good for those who curse you
Pray for those who mistreat you
Psalms 129:2
They have greatly oppressed me from my youth
But they have not gained victory over me
I wish you well
Mariah Carey, I Wish You Well, 2008
Re: [FANFIC] Hayate - Fiction sans rapport avec SG
3.
“You’ll say “I told you so”, you saw it long ago
You know he had to go
I finally came around, I’m back o solid ground
Can’t let it get me down”
Leur départ fut pour moi un tel choc que je culpabiliserais presque de ne pas redouter autant le mien. De là, je me demande déjà qui me découvrira, qui pleurera sur mon corps inanimé, ensanglanté, qui aura le courage de venir m’enterrer et qui me maudira d’avoir quitté cette Terre sur laquelle Dieu m’a posé. J’ai survécu à leur disparition, car je souhaitais encore m’accrocher à de solides bases, celles qu’ils m’avaient confiées, pour honorer la vie. Le spectacle de la mort vous fascine peut être, mais je ne le prend que comme un moyen écoeurant de partir par la petite porte, par la force, par le sentier des âmes ratées qui n’ont trouvé que la mort en réponse à la vie. Si je me sens si détachée de la réalité, de mes proches, de mes amis, c’est que ceux-ci m’ont si souvent déçu, et inversement, que j’ai cette impression que la découverte de Hayate inanimée sur son lit ne sera qu’une déception de plus, la dernière.
Soyons honnêtes, cette vie n’est qu’un jeu auquel nous sommes forcés de participer, chaque jour. Seul le sommeil, pour ceux qui parviennent à le trouver, constitue un mince repos avant l’ouverture de nos yeux. Dévoilés, ils vous ouvrent les portes d’un monde interactif, avec ses joies et ses peines, l’effroi de la race humaine et l’émoi des luttes vaines. Fermés, ils nous permettent d’échapper à la réalité, de partir vers d’autres mondes auxquels nous avons tous rêvé et de quitter pour quelques heures votre esprit embrouillé. Mes yeux vont se fermer, et j’espère rester prisonnière de ces nouveaux horizons éternellement. Mes yeux se sont ouverts deux décennies durant sur une réalité fatale. Observez les. Ils portent déjà ces rides, ces marques des années et de la fatigue accumulée encore et encore. Fatigue physique, fatigue morale. La noirceur de ma pupille est naturelle, elle est la même depuis la naissance. Généralement, les yeux des nourissons d’éclaircissent, se donnent un caractère en grandissant. Les miens sont restés noirs, mystérieux, comme si personne en me regardant ne puisse lire en moi. Ils me rappellent ceux de ma mère, peut être est-ce un moyen de contre-balancer la forte ressemblance de mon nez avec celui de mon père. Ces yeux donc, ont toujours observé le regard de ces personnes qu’ils croisaient tous les jours, indifférents, supérieurs, parfois aimants. J’associe mes yeux à la famille, si prêts des yeux mais sans doute si loin du cœur.
“It’s alright, it’s alright, it’s alright
It’s alright, it’s alright, it’s alright”
Lorsque vous aurez enfin compris ce qu’à pu être mon état d’esprit jusque là, vous pourrez sans doute enfin comprendre ce qui me met dans cette si inconfortable position aujourd’hui. L’Enfer me semble déjà si familier, je ne crains pas d’y séjourner en fermant les yeux. Ils me l’auront fait découvrir, pénétrer et exister très longtemps. Seules quelques rares personnes, sans doute poussées par leurs instincts naturels, m’ont fait ressentir leur amour. Maman. Encore elle. A mes yeux cet amour me semblait si particulier, si singulier, il n’allait pas de soi. Ainsi, la hantise quotidienne de l’enfant que j’étais est vite devenue… « Quand arrêtera-t-elle de m’aimer ? ».
Replonger dans ces souvenirs est comme descendre une grande rivière sur un radeau, d’amont en aval, évoluant au cours de cette descente dans un paysage toujours plus sombre, sauvage et agressif. Oui, mes souvenirs sont sombres, sauvages et agressifs. Ma vie fut sombre, sauvage et agressive. Regardez, sur la rive gauche, cette préadolescente appelant sa mère telle une enfant apeurée. J’étais apeurée. Je sentais déjà mon monde si fragile s’écrouler, et je me rappelle avoir ressenti la réalisation de ma plus grande peur si forte que ma vie semblait déjà terminée. Dans mes souvenirs, il n’y a que ces cris, ces irritations. Quelques instants plus tôt, elle s’était simplement laissée aller, et avait exprimé haut et fort son dégout des personnes qui l’entouraient et de sa vie. Quelque chose qu’à l’époque j’étais incapable de comprendre, puisque ce monde autour de moi n’était pour moi que celui dans lequel Dieu m’avait posé. Et puis, ce jour là, j’ai compris. En prise avec ses démons intérieurs, déchirée par la perte d’un troisième frère, elle m’avait simplement demandé de « me barrer » à l’instant où j’avais ouvert la bouche. Tout simplement, le besoin conscient d’affection maternelle dont j’étais victime s’est brisé ce jour là. Je me suis éloignée, et je ne l’ai plus revue. Toujours aussi symboliquement, ce jour là a démarré ma réelle solitude. Celle qui me rend si seule dans cette chambre aujourd’hui. J’ai erré longtemps, et puis la nuit tombée j’ai fini chez les autorités, qui eux même essayaient de me faire dire que j’étais harcelée, maltraitée ou humiliée là où je vivais. A mes yeux, j’étais juste mal tombée. Et puis on est venu me reprendre. Une connaissance. La famille n’était évidemment pas assez concernée pour me ramener à ce que je prenais encore comme un foyer. Là bas, tout n’était plus que douleur pour les uns, haine pour les autres. Ma mère réalisait à son tour que sa vie avait peut être moins de sens que celui que son clan lui en donnait, les autres se contentaient de faire des pronostics sur notre déchéance physique et morale.
“Yes, I was burned but I called it a lesson learned
Mistake overturned so I called it a lesson learned…”
J’ai mis du temps à comprendre la leçon, mais je l’ai comprise. Regardez à droite, ce flou total se mêlant à quelques instants de clartés. Une malédiction quotidienne. Cotoyer chaque jour des centaines de personnes m’était impossible. Chaque regard porté sur moi m’effrayait au plus haut point, moi, cette fille si timide, si réservée, si malheureuse que l’on n’avait jamais vu sourire. Faire de moi une amie était impossible, je me sentais de toute façon trop vide à l’intérieur pour pouvoir partager quelque chose avec qui que ce soit. Cette famille m’avait vidé. Je souffrais d’un mal invisible dont l’existance m’était à moi-même inconnue, et que les autres ne pouvaient pas voir. Je suis donc devenue un objet, un jeu, une bête curieuse.
A ce moment la descente se fait plus dure, accrochez vous. Mon manque de vitalité faisait parler chacun, sans que je puisse trouver la force ou l’envie de répondre. Pour certains, je n’étais qu’une maghrébine, une étrangère dont l’éducation ne pouvait qu’avoir été mauvaise. Pour d’autres, ma vie ne servait à rien et je n’avais moi-même rien à faire là. Combien de fois ai-je pu leur donner raison… Un certain nombre se contentait de me voir comme une femme naissante, avec ses avantages. Une femme, qui a un corps, mais qui ne possède pas de conscience ou d’esprit. Pour la famille, j’étais obsolète, ou indésirée. Pour ma mère, j’étais une source de problèmes qui s’ajoutaient aux siens, et qu’elle peinait à aimer. Pour les autres, je n’étais qu’un nouveau rejetton de la société. Pour moi-même ? Rien. Je n’étais rien.
“My soul as returned so I called it a lesson learned
You now the lesson learned…”
Revenons à gauche. Voilà une journée banale, comme il y en a eu tant d’autre. Elle n’est même pas datée, car elle est fixée dans ma mémoire comme un quotidien dont je ne pouvais pas sortir, un supplice éternel comparable à celui de Sisyphe. Je transportais moi-même ce lourd rocher jusqu’au sommet d’une montagne, mais à chaque arrivée au sommet, tout devait recommencer.
Le matin commençait par mon habitude de supplier Dieu d’arrêter tout cela. Pourquoi, pourquoi devais-je ouvrir les yeux, me réveiller, revivre tout cela encore ? Pourquoi le monde devait il un jour de plus m’exprimer son dédain ? Il était alors l’heure de lutter contre ma propre mère, qui ne semblait plus trouver que les coups pour me lever. Regardez moi me faire frapper, en silence, pour avoir eu cette idée si idiote d’exister. L’amour que je lui portais était encore considérable, et je me contentais de m’en vouloir à moi-même, d’avoir détruit son quotidien en même temps que le mien. En cours, chaque jour, je devais alors supporter le fort racisme de cette femme à la fonction inconnue, qui faute de pouvoir aller elle-même frapper les étrangers avec sa canne se rattrapait sur le harcèlement d’une jeune fille. Et puis, les hurlements, encore. Ceux des professeurs qui déploraient mon manque de vitalité. Mon manque d’effort. Ce manque d’effort…Pour vivre. Regardez, cette forte femme. La chef d’établissement. Je me souviens des quelques conversations avec elle, qui me rappelaient cet interrogatoire dont j’avais été victime. Discussions durant lesquelles on me demandait si mes parents étaient toujours mariés, si l’on ne me battait pas. La seule certitude qui ressortait de ces conversations, était que « cette fille n’est pas heureuse ».
“Life perfect ain't perfect
If you don't know what the struggle's for
Falling down ain't falling down
If you don't cry when you hit the floor”
Et puis, parfois, venaient d’autres coups, de ceux qui se mécontentaient du fait que je n’offrais pas mes services à leur instinct animal naissant. La seule volonté qu’ils m’aient jamais découverte fut celle de ne jamais jouer à cela. Rentrée, je devais subir les humiliations de mon père qui, pour la première fois de sa vie, avait trouvé un moyen de me haïr. J’étais alors une honte, de ses mots une pauvre conne, je méritais premièrement ses insultes et ses coups, et finalement je n’ai mérité que son silence. Silence qui a perduré et perdure encore aujourd’hui, à peu de choses prêt. La mort de son propre père ne nous aura pas rapproché, même pas un peu. A sa violence s’ajoutait celle de ma mère, qui ne parvenait plus à m’aimer. Je le savais, elle le savait, et ne s’en cachait pas. A quoi bon m’aider, il n’y avait rien à aider. Alors elle dut se dire à son tour que seuls les coups me forceraient à continuer à vivre, ou tout simplement à faire semblant d’exister. Regardez, ce trou dans la porte. Semelles rembourrées, du 38. Utilisez vos yeux pour vous habituer à l’obscurité de la chambre et…Regardez ce trou profond dans la porte. Il était destiné à mes côtes.
La descente continue, les vagues se font toujours plus dangereuses, agitées, menaçantes. Nous voilà le soir. Je ne m’alimente pas, à quoi bon ? Ma seule activité consiste à enlacer ma couverture, de manière à ce qu’elle embrasse mon corps et m’apporte un sentiment de chaleur. Une chaleur réparatrice, blotissante… Et surtout la seule qui puisse exister. Dormir me fut longtemps impossible. Je préférais sans doute l’inconscience à la chaleur, mais elle m’était impossible à trouver. Recroquevillée, j’attendais quelque chose qui n’arriverait jamais, une aide extérieure, une main tendue, un miracle. Dieu n’exauçait pas mes prières, mais lui au moins les écoutait. Dieu, la couverture. Voilà à quoi se résumait le bonheur dans ma vie. Toujours blôtie contre elle, il m’arrivait de m’assoupir, et je n’ai que trop souvent eu d’étranges songes mêlant ces oncles, ces grands pères que j’avais perdu. Mon seul rêve était de naviguer jusqu’à ce lieu me semblant sacré où ils étaient inhumés, de me pencher sur leurs corps inanimés dans la chaleur de ma couverture…Et d’y rester.
Retrouver un sens de l’amour. L’amour humain m’ayant abandonné depuis longtemps, la froide pierre tombale me semblait alors être un meilleur moyen d’exprimer cet amour avant qu’il ne fâne définitivement. Voilà quelle était la seule destination de cette rivière me transportant d’amont en aval. Un cul de sac. Cette étendue mouillée de souvenirs et de malheurs s’étend alors, gagne en altitude, et inonde les environs. Inondent la mémoire des disparus, inonde la vie de mes proches, inonde la famille, ma mère. Et tout le monde se noit dans cette image affreusement désespérée. Tout le monde se noit. Tout est mouillé. Le monde entier coule…
Mes yeux. Ils coulent, je pleure. Je m’étais pourtant promis de ne pas me laisser pleurer, mais les larmes se sont évidemment manifestées à l’évocation de ma famille. Le nez de mon père se bouche, le cœur de Dieu bat de plus en plus fort, les yeux de la famille pleurent. Et ainsi, vous comprenez davantage l’importance de chacun d’entre eux dans cette histoire. Pour le peu de temps qu’il me reste, vous comprendrez bientôt pourquoi je suis ici aujourd’hui.
Je m’appelle Hayate, je crois que je vais tout plaquer, mais rassurez vous je ne vous souhaite que du bien, que cela vous servent de leçon…
« …Another lesson learned »
“You’ll say “I told you so”, you saw it long ago
You know he had to go
I finally came around, I’m back o solid ground
Can’t let it get me down”
Leur départ fut pour moi un tel choc que je culpabiliserais presque de ne pas redouter autant le mien. De là, je me demande déjà qui me découvrira, qui pleurera sur mon corps inanimé, ensanglanté, qui aura le courage de venir m’enterrer et qui me maudira d’avoir quitté cette Terre sur laquelle Dieu m’a posé. J’ai survécu à leur disparition, car je souhaitais encore m’accrocher à de solides bases, celles qu’ils m’avaient confiées, pour honorer la vie. Le spectacle de la mort vous fascine peut être, mais je ne le prend que comme un moyen écoeurant de partir par la petite porte, par la force, par le sentier des âmes ratées qui n’ont trouvé que la mort en réponse à la vie. Si je me sens si détachée de la réalité, de mes proches, de mes amis, c’est que ceux-ci m’ont si souvent déçu, et inversement, que j’ai cette impression que la découverte de Hayate inanimée sur son lit ne sera qu’une déception de plus, la dernière.
Soyons honnêtes, cette vie n’est qu’un jeu auquel nous sommes forcés de participer, chaque jour. Seul le sommeil, pour ceux qui parviennent à le trouver, constitue un mince repos avant l’ouverture de nos yeux. Dévoilés, ils vous ouvrent les portes d’un monde interactif, avec ses joies et ses peines, l’effroi de la race humaine et l’émoi des luttes vaines. Fermés, ils nous permettent d’échapper à la réalité, de partir vers d’autres mondes auxquels nous avons tous rêvé et de quitter pour quelques heures votre esprit embrouillé. Mes yeux vont se fermer, et j’espère rester prisonnière de ces nouveaux horizons éternellement. Mes yeux se sont ouverts deux décennies durant sur une réalité fatale. Observez les. Ils portent déjà ces rides, ces marques des années et de la fatigue accumulée encore et encore. Fatigue physique, fatigue morale. La noirceur de ma pupille est naturelle, elle est la même depuis la naissance. Généralement, les yeux des nourissons d’éclaircissent, se donnent un caractère en grandissant. Les miens sont restés noirs, mystérieux, comme si personne en me regardant ne puisse lire en moi. Ils me rappellent ceux de ma mère, peut être est-ce un moyen de contre-balancer la forte ressemblance de mon nez avec celui de mon père. Ces yeux donc, ont toujours observé le regard de ces personnes qu’ils croisaient tous les jours, indifférents, supérieurs, parfois aimants. J’associe mes yeux à la famille, si prêts des yeux mais sans doute si loin du cœur.
“It’s alright, it’s alright, it’s alright
It’s alright, it’s alright, it’s alright”
Lorsque vous aurez enfin compris ce qu’à pu être mon état d’esprit jusque là, vous pourrez sans doute enfin comprendre ce qui me met dans cette si inconfortable position aujourd’hui. L’Enfer me semble déjà si familier, je ne crains pas d’y séjourner en fermant les yeux. Ils me l’auront fait découvrir, pénétrer et exister très longtemps. Seules quelques rares personnes, sans doute poussées par leurs instincts naturels, m’ont fait ressentir leur amour. Maman. Encore elle. A mes yeux cet amour me semblait si particulier, si singulier, il n’allait pas de soi. Ainsi, la hantise quotidienne de l’enfant que j’étais est vite devenue… « Quand arrêtera-t-elle de m’aimer ? ».
Replonger dans ces souvenirs est comme descendre une grande rivière sur un radeau, d’amont en aval, évoluant au cours de cette descente dans un paysage toujours plus sombre, sauvage et agressif. Oui, mes souvenirs sont sombres, sauvages et agressifs. Ma vie fut sombre, sauvage et agressive. Regardez, sur la rive gauche, cette préadolescente appelant sa mère telle une enfant apeurée. J’étais apeurée. Je sentais déjà mon monde si fragile s’écrouler, et je me rappelle avoir ressenti la réalisation de ma plus grande peur si forte que ma vie semblait déjà terminée. Dans mes souvenirs, il n’y a que ces cris, ces irritations. Quelques instants plus tôt, elle s’était simplement laissée aller, et avait exprimé haut et fort son dégout des personnes qui l’entouraient et de sa vie. Quelque chose qu’à l’époque j’étais incapable de comprendre, puisque ce monde autour de moi n’était pour moi que celui dans lequel Dieu m’avait posé. Et puis, ce jour là, j’ai compris. En prise avec ses démons intérieurs, déchirée par la perte d’un troisième frère, elle m’avait simplement demandé de « me barrer » à l’instant où j’avais ouvert la bouche. Tout simplement, le besoin conscient d’affection maternelle dont j’étais victime s’est brisé ce jour là. Je me suis éloignée, et je ne l’ai plus revue. Toujours aussi symboliquement, ce jour là a démarré ma réelle solitude. Celle qui me rend si seule dans cette chambre aujourd’hui. J’ai erré longtemps, et puis la nuit tombée j’ai fini chez les autorités, qui eux même essayaient de me faire dire que j’étais harcelée, maltraitée ou humiliée là où je vivais. A mes yeux, j’étais juste mal tombée. Et puis on est venu me reprendre. Une connaissance. La famille n’était évidemment pas assez concernée pour me ramener à ce que je prenais encore comme un foyer. Là bas, tout n’était plus que douleur pour les uns, haine pour les autres. Ma mère réalisait à son tour que sa vie avait peut être moins de sens que celui que son clan lui en donnait, les autres se contentaient de faire des pronostics sur notre déchéance physique et morale.
“Yes, I was burned but I called it a lesson learned
Mistake overturned so I called it a lesson learned…”
J’ai mis du temps à comprendre la leçon, mais je l’ai comprise. Regardez à droite, ce flou total se mêlant à quelques instants de clartés. Une malédiction quotidienne. Cotoyer chaque jour des centaines de personnes m’était impossible. Chaque regard porté sur moi m’effrayait au plus haut point, moi, cette fille si timide, si réservée, si malheureuse que l’on n’avait jamais vu sourire. Faire de moi une amie était impossible, je me sentais de toute façon trop vide à l’intérieur pour pouvoir partager quelque chose avec qui que ce soit. Cette famille m’avait vidé. Je souffrais d’un mal invisible dont l’existance m’était à moi-même inconnue, et que les autres ne pouvaient pas voir. Je suis donc devenue un objet, un jeu, une bête curieuse.
A ce moment la descente se fait plus dure, accrochez vous. Mon manque de vitalité faisait parler chacun, sans que je puisse trouver la force ou l’envie de répondre. Pour certains, je n’étais qu’une maghrébine, une étrangère dont l’éducation ne pouvait qu’avoir été mauvaise. Pour d’autres, ma vie ne servait à rien et je n’avais moi-même rien à faire là. Combien de fois ai-je pu leur donner raison… Un certain nombre se contentait de me voir comme une femme naissante, avec ses avantages. Une femme, qui a un corps, mais qui ne possède pas de conscience ou d’esprit. Pour la famille, j’étais obsolète, ou indésirée. Pour ma mère, j’étais une source de problèmes qui s’ajoutaient aux siens, et qu’elle peinait à aimer. Pour les autres, je n’étais qu’un nouveau rejetton de la société. Pour moi-même ? Rien. Je n’étais rien.
“My soul as returned so I called it a lesson learned
You now the lesson learned…”
Revenons à gauche. Voilà une journée banale, comme il y en a eu tant d’autre. Elle n’est même pas datée, car elle est fixée dans ma mémoire comme un quotidien dont je ne pouvais pas sortir, un supplice éternel comparable à celui de Sisyphe. Je transportais moi-même ce lourd rocher jusqu’au sommet d’une montagne, mais à chaque arrivée au sommet, tout devait recommencer.
Le matin commençait par mon habitude de supplier Dieu d’arrêter tout cela. Pourquoi, pourquoi devais-je ouvrir les yeux, me réveiller, revivre tout cela encore ? Pourquoi le monde devait il un jour de plus m’exprimer son dédain ? Il était alors l’heure de lutter contre ma propre mère, qui ne semblait plus trouver que les coups pour me lever. Regardez moi me faire frapper, en silence, pour avoir eu cette idée si idiote d’exister. L’amour que je lui portais était encore considérable, et je me contentais de m’en vouloir à moi-même, d’avoir détruit son quotidien en même temps que le mien. En cours, chaque jour, je devais alors supporter le fort racisme de cette femme à la fonction inconnue, qui faute de pouvoir aller elle-même frapper les étrangers avec sa canne se rattrapait sur le harcèlement d’une jeune fille. Et puis, les hurlements, encore. Ceux des professeurs qui déploraient mon manque de vitalité. Mon manque d’effort. Ce manque d’effort…Pour vivre. Regardez, cette forte femme. La chef d’établissement. Je me souviens des quelques conversations avec elle, qui me rappelaient cet interrogatoire dont j’avais été victime. Discussions durant lesquelles on me demandait si mes parents étaient toujours mariés, si l’on ne me battait pas. La seule certitude qui ressortait de ces conversations, était que « cette fille n’est pas heureuse ».
“Life perfect ain't perfect
If you don't know what the struggle's for
Falling down ain't falling down
If you don't cry when you hit the floor”
Et puis, parfois, venaient d’autres coups, de ceux qui se mécontentaient du fait que je n’offrais pas mes services à leur instinct animal naissant. La seule volonté qu’ils m’aient jamais découverte fut celle de ne jamais jouer à cela. Rentrée, je devais subir les humiliations de mon père qui, pour la première fois de sa vie, avait trouvé un moyen de me haïr. J’étais alors une honte, de ses mots une pauvre conne, je méritais premièrement ses insultes et ses coups, et finalement je n’ai mérité que son silence. Silence qui a perduré et perdure encore aujourd’hui, à peu de choses prêt. La mort de son propre père ne nous aura pas rapproché, même pas un peu. A sa violence s’ajoutait celle de ma mère, qui ne parvenait plus à m’aimer. Je le savais, elle le savait, et ne s’en cachait pas. A quoi bon m’aider, il n’y avait rien à aider. Alors elle dut se dire à son tour que seuls les coups me forceraient à continuer à vivre, ou tout simplement à faire semblant d’exister. Regardez, ce trou dans la porte. Semelles rembourrées, du 38. Utilisez vos yeux pour vous habituer à l’obscurité de la chambre et…Regardez ce trou profond dans la porte. Il était destiné à mes côtes.
La descente continue, les vagues se font toujours plus dangereuses, agitées, menaçantes. Nous voilà le soir. Je ne m’alimente pas, à quoi bon ? Ma seule activité consiste à enlacer ma couverture, de manière à ce qu’elle embrasse mon corps et m’apporte un sentiment de chaleur. Une chaleur réparatrice, blotissante… Et surtout la seule qui puisse exister. Dormir me fut longtemps impossible. Je préférais sans doute l’inconscience à la chaleur, mais elle m’était impossible à trouver. Recroquevillée, j’attendais quelque chose qui n’arriverait jamais, une aide extérieure, une main tendue, un miracle. Dieu n’exauçait pas mes prières, mais lui au moins les écoutait. Dieu, la couverture. Voilà à quoi se résumait le bonheur dans ma vie. Toujours blôtie contre elle, il m’arrivait de m’assoupir, et je n’ai que trop souvent eu d’étranges songes mêlant ces oncles, ces grands pères que j’avais perdu. Mon seul rêve était de naviguer jusqu’à ce lieu me semblant sacré où ils étaient inhumés, de me pencher sur leurs corps inanimés dans la chaleur de ma couverture…Et d’y rester.
Retrouver un sens de l’amour. L’amour humain m’ayant abandonné depuis longtemps, la froide pierre tombale me semblait alors être un meilleur moyen d’exprimer cet amour avant qu’il ne fâne définitivement. Voilà quelle était la seule destination de cette rivière me transportant d’amont en aval. Un cul de sac. Cette étendue mouillée de souvenirs et de malheurs s’étend alors, gagne en altitude, et inonde les environs. Inondent la mémoire des disparus, inonde la vie de mes proches, inonde la famille, ma mère. Et tout le monde se noit dans cette image affreusement désespérée. Tout le monde se noit. Tout est mouillé. Le monde entier coule…
Mes yeux. Ils coulent, je pleure. Je m’étais pourtant promis de ne pas me laisser pleurer, mais les larmes se sont évidemment manifestées à l’évocation de ma famille. Le nez de mon père se bouche, le cœur de Dieu bat de plus en plus fort, les yeux de la famille pleurent. Et ainsi, vous comprenez davantage l’importance de chacun d’entre eux dans cette histoire. Pour le peu de temps qu’il me reste, vous comprendrez bientôt pourquoi je suis ici aujourd’hui.
Je m’appelle Hayate, je crois que je vais tout plaquer, mais rassurez vous je ne vous souhaite que du bien, que cela vous servent de leçon…
« …Another lesson learned »
The word said it Love your enemies
Do good for those who curse you
Pray for those who mistreat you
Psalms 129:2
They have greatly oppressed me from my youth
But they have not gained victory over me
I wish you well
Mariah Carey, I Wish You Well, 2008
Do good for those who curse you
Pray for those who mistreat you
Psalms 129:2
They have greatly oppressed me from my youth
But they have not gained victory over me
I wish you well
Mariah Carey, I Wish You Well, 2008
Re: [FANFIC] Hayate - Fiction sans rapport avec SG
4.
« On me dit que nos vies ne valent pas grand chose,
Elles passent en un instant comme fânent les roses »
La vie est trop courte, oui, cela n’est un secret pour personne. Malgré tout s’en rendre compte est une étape primordial de notre existance, cela est en effet un moyen frappant de nous rappeler que le temps passe, que notre corps s’use et surtout…Que chaque seconde qui passe nous rapproche un peu plus de la mort. Nous nous rendons alors compte de la valeur de notre vie. Et de tout ce temps que nous avons perdu à nous lamenter, à nous enfoncer dans les sables mouvants sur le grand chemin, et à pleurer continuellement sur notre sort en espérant un changement. Et puis l’heure vient de se réveiller. D’ouvrir nos yeux baignés de larmes, de contrôler notre cœur dont la vitesse est trop rapide, et de se donner les moyens d’obtenir une vie meilleure.
Et oui…Peut être connaissez vous cette impression. Un poids très fort s’est un jour posé sur votre cœur et vous a projeté au fond de l’océan, lors d’une descente lente et inexorable. Ouvrir la bouche vous étoufferait, et vos cris seraient inaudibles. Seuls, vous laissant tomber en attendant patiemment ce moment où vous serez au fond, vous fermerez alors les yeux là où la lumière n’a jamais pénetré et ne pénètrera jamais…Définitivement. Il existe cependant un moyen de surmonter la force de ce poids, de lutter contre le temps qui passe et de contrôler notre chagrin.
« On me dit que le temps qui glisse est un salaud
Que de nos chagrins il s'en fait des manteaux…»
Le tout est de s’exprimer assez fort pour faire vibrer l’océan, faire trembler les montagnes et déplacer les astres. Je parle d’une force en nous même qui paraît il intervient lorsque nous sommes au plus bas, et qui nous permet peu à peu de remonter à la surface…Au moins en apparences. Le déclic est généralement la simple continuité de la dépression. Nous haïssons chaque jour, chaque nuit, à chaque instant, cette chose immonde et faible que nous sommes, jusqu’au jour où nous estimons avoir payé le prix nécessaire au Diable pour qu’il libère notre âme. Le Purgatoire peut alors vous dire adieu, mais la route est très longue de l’Enfer au Paradis, et le chemin semé d’embûches.
J’ai un jour sans le vouloir forcé le destin. Et de la mort je suis passée à la vie. Moi qui me plaignais sans cesse de ma grande solitude ais pu m’en accomoder pour quelques temps, en faire la barrière entre moi et les autres, ces autres qu’il me fallait désormais dominer. Mon souffle fut alors la renaissance d’une existance, la mienne, qui s’écoulait en sortant de ma bouche. Cet instrument magnifique dont j’occultais presque l’existance. L’air précieux entrant en moi pouvait ressortir sous la forme de sons, de mots, de phrases et ainsi faire de moi un être capable de s’exprimer, de s’imposer. Et, ce jour là, seules quelques paroles apportées par le destin ont pu me promettre un avenir meilleur.
« On me dit que le destin se moque bien de nous
Qu'il ne nous donne rien et qu'il nous promet tout »
Ma bouche fut tout simplement, un jour, une arme plus terrible que celles qu’on avait pu utiliser contre moi. Ce jour là, l’indifférence de toujours, la violence physique et le harcèlement moral ne furent plus rien aux yeux de la furie que j’étais devenue. D’un seul coup, le monde m’est apparu différemment. Je n’en étais plus un simple insecte insignifiant et silencieux, auquel on pouvait d’enlever la vie à cause de la simple présence… Mais une entité unique, à part entière, qui des années durant avait laissé son énergie se faire dérober par les autres, et qui soudain récupérait ses forces et s’exprimait violemment. Oui, ma bouche fut l’instrument de ma libération. Ma Révolution ne se serait jamais faite dans le sang, j’étais sans doute trop peu matérielle pour cela. Regardez ma bouche. Asséchée, en fin de vie. Mes lèvres pêlent, rougissent, tremblent doucement au rythme de ma respiration de plus en plus rapide. La seule chose qu’elles produisent aujourd’hui, c’est un râle douloureux, pathétique, bien loin de cette parole destructrice et réparatrice à la fois qui m’avait fait vivre à l’époque. Observez cette adolescente à présent, au souffle vigoureux. Observez la hurler pour la première fois de sa vie, découvrir une force inconnue au fond de ses poumons. Observez la exprimer sa haine envers cette femme retranchée derrière son bureau, étonnée, apeurée par le livre qu’elle venait de se prendre en pleine figure. Elle venait de me faire subir l’humiliation de trop. Un mélange de haine raciale, de désir de se distraire et de décompresser à mes dépens, et puis surtout d’essuyer les résidus d’excréments sur ses chaussures sur le tapis que j’étais. Malgré la hiérarchie et les risques que j’encouraient, j’avais craqué. Une montée d’adrenaline montait en moi pour la première fois, et j’ai pu ressentir ce sentiment étrange, celui d’avoir des tripes, celui d’avoir le droit de m’exprimer. Je l’ai insultée, je lui ai fait mal, je l’ai remise à sa place. J’ai pris les devants, j’ai agis pour moi-même, j’ai commencé à exister. Ce jour là, Hayate était née.
« Parait qu'le bonheur est à portée de main,
Alors on tend la main et on se retrouve fou »
Je l’ai compris. J’ai compris ce que chacun découvre un jour. Mon bonheur ne dépendait pas de mes géniteurs, ou du monde extérieur. Monde qui envahissait mes rêves, mes journées, ma chambre et jusqu’au moindre recoin de ma vie. Non, moi seule avait le pouvoir de me rendre heureuse. Alors j’ai pris ma vie en main. Après cette horrible femme qui restera à jamais dans ma mémoire, comme le trophée de mon honneur retrouvé, il me fut conquérir un territoire, le mien. Le plus dur fut de commencer à vivre. L’image est simple, celle d’une fille avec Dieu comme seul repère, enfermé dans un baluchon suspendu à mon épaule, fuyant vers la lumière, le soleil couchant illuminant mon visage. L’arrière lui restera sombre, sale, lugubre. Une ombre géante exprimant ma peur, mes cris et mes déboires passés. Je n’aurais que trop de mal à vous décrire cette ascension. Cette histoire n’est pas directement la mienne. Elle est celle de ceux qui se relèvent ou veulent se relever. Jamais, ô grand jamais je n’aurais la prétention de dire que j’ai réussi. Regardez moi… Regardez mes yeux embués, mon nez en fin de vie, ma poitrine tentant de la préserver et mes lèvres déssechées.
« Pourtant quelqu’un m’a dit… »
J’utiliserais maintenant mes lèvres, ma bouche, ma parole pour vous parler de destins qui ont contribué au mien. Leur vie a influencé la mienne, m’a donné espoir. Car si l’unicité de ma vie n’était plus à prouver, je me nourissais d’exemples de courage, de batailles gagnées et de destins heureux malgré un poids plus que lourd. Chacun porte un fardeau, une chimère sur son dos, Baudelaire le disait si bien. Si le malheur des uns fait le bonheur des autres, on ne peut exclure l’idée que leur odyssée menant au bonheur peur conduire au notre. Ainsi apprendre de ces gens au lourd vécu a contribué à mon salut. Mes exemples n‘ayant jamais existé, j’avais trouvé ces gens à idolâtrer comme les enfants normaux le font avec leurs parents.
« Que… »
Il y eut cette femme rejettée par celle qui nous donne la vie. Cette dernière ne lui aura confié qu’une maladie génétique lui empêchant d’en faire autant. Condamnée à chercher l’exil, loin de son foyer, condamnée à ne jamais faire mieux que sa mère, dan sl’impossibilité de procréer, condamnée à vivre faible de corps. Mais forte d’esprit. Aujourd’hui indépendante, elle vit. Les études lui sourissent, l’amour lui sourit, la maladie est surmontée par son désir de vivre le temps qu’il lui reste, à fond. La dernière fois que je l’ai vue, elle luttait pour la première fois depuis longtemps contre le sommeil causé par sa faiblesse, encore et encore, pour pouvoir passer un peu de temps à des centaines de kilomètres de chez elle avec moi, et d’autres amis. Juste…Pour vivre. Pour elle, pour nous. Une amie.
« …Tu m’aimais encore »
Il y eut cet homme, torturé par une faiblesse d’esprit évidente, par des mutilations à l’enfance. Encore quelqu’un de brisé, forcé de rester sur le bas-chemin pendant que le monde tourne, sans lui. Perdu pendant des années dans le noir, dans une nuit éternelle, après avoir tenté de faire couler le sang comme le je fais, il put à son tour se relever, e serait ce que pour m’apprendre à ne pas faire les mêmes erreurs. La sagesse vient très souvent de ceux qui ont longtemps eu à se taire.
« C’est quelqu’un qui m’a dit que tu m’aimais encore »
Impossible de tous les citer. Avancer seul ne fut plus contradictoire avec l’idée de s’entourer, de ne plus être physiquement seul.L’amitié, ou juste la prise de connaissance avec l’être humain dans tout ce qu’il a de plus beau fut un facteur important dans ma vie, ma vie heureuse. Comment tous les citer ? Il y eut cette mère de famille utilisant ses dernières forces pour rendre heureux ses jeunes enfants avant la mort, cette enfant dansant et chantant chaque jour tout en sachant qu’elle serait bientôt de retour dans une contrée lointaine que d’autres appellent « la sienne », ou cet homme ayant grandi entre la pauvreté et l’absence d’un des piliers d’une vie. Chaque histoire, chaque confiance qui me fut accordée, chaque lien fut de moi un être ayant retrouvé confiance en l’avenir. Confiance en l’être humain. J’aimerais tant remercier chacun d’entre eux pour l’espoir qu’ils m’ont apporté. Si néanmoins mon échec n’est pas une trop grosse déception pour eux.
« Serait ce possible alors ? »
Il y a des personnes qui arrivent, miraculeusement, à nous donner le courage d’affronter la vie, à nous donner l’optique d’un avenir meilleur et d’un accès plus ou moins probable à la lumière et à la reconnaissance. Par la famille, par les amis, par un entourage ou, pour les élus, par un pays voire le monde entier. La plupart du temps, eux aussi auront une face sombre, une personnalité blessée ou fragile malgré les apparences. Je pense à quelqu’un en ce moment même. Elevé parmi une grande famille, sous les durs coups paternel mais dans l’amour inconditionnel d’une mère. Une machine à succès, un objet à bourrer de talent jusqu’à ce qu’il soit prêt à cotoyer les étoiles. Une vie rythmée par les projecteurs, les studios, la musique. SA musique. Il y a des exemples, des êtres au dessus de nous en ce bas monde, dont la vie paraît être un livre d’images nous servant d’exemple de réussite ou de courage, un livre ayant parcouru un long et dur chemin, mais qui au bout du compte perdurera en passant dans toutes les mains, dans tous les cœurs pour une éternité. Son nom pourrait être Michael, en toute simplicité. Son contenu, HIStorique. Pourquoi le citer ? Pourquoi a-t-il sa place ici ?
Cela apparaît pour moi comme une évidence. Dans ses croyances, dans sa douleur, cet homme poussé malgré lui sur le devant de la scène avait un but…Vivre toujours, ne jamais s’arrêter. Etre éternel. Il est l’un des seuls à avoir réussi. La recette ? Un acharnement, Don’t stop ‘til you get enough. Il est venu, il a vu, il a vécu. Jamais satisfait, sûr de lui, admirant the Man in the mirror, il n’est finalement pas si différent de tous ceux qui peinent à se donner un but dans la vie parce qu’on leur a dicté ces buts. Il est l’exemple que travail et acharnement est un signe de réussite, rien n’est jamais perdu. Il était noir et très jeune, et voulait être une légende. Qui aujourd’hui peut nier qu’il a réussi ? La preuve que Black Or White, qui que tu sois, tu peux le faire.
La vie ne lui a pas souri. Les épreuves furent dures, le succès fut entaché par des déboires divers, maheureusement. Des coups de haches dans le dos qui réussirent à mettre l’homme (car il était homme, ne l’oublions pas) à terre. Cette décennie se serait presque faite sans lui. Mais le siècle passé, ce siècle, et je l’espère les suivants salueront encore sa vie, la force et le courage avec lequel il l’a menée sans jamais abandonner, malgré la dureté de la vie. La même pour tous. Qui était il lorsqu’il est parti ? Un homme entouré, un homme aimé, adulé, idôlatré, adoré plus que quiconque, mettant un point final à se relever de ses épreuves et à revivre sa vie, sa vie de star, sa vie de légende, sa vie éternelle. Plein de dignité, et jamais seul. Un exemple. You are note alone. S’il n’a pu mettre le point final à son œuvre, il aura fait de sa vie un exemple pour beaucoup de personnes. Une vie inoubliable, une vie éternelle. Une vie sur laquelle nous pouvons et pourrons toujours potasser, que nous pourrons toujours admirer. Une vie réussie et bien menée malgré les épreuves de la vie, cette vie comme un Thriller à la fin plus ou moins heureuse. Voilà pourquoi il me fallait le citer ici. S’il a quitté ce monde, He’ll be there pour toujours, nous envoyant un peu de ce message d’espoir.
J'entends encore la voix, mais je ne vois plus les traits
"Il vous aime, c'est secret, lui dites pas que j'vous l'ai dit"
« On me dit que nos vies ne valent pas grand chose,
Elles passent en un instant comme fânent les roses »
La vie est trop courte, oui, cela n’est un secret pour personne. Malgré tout s’en rendre compte est une étape primordial de notre existance, cela est en effet un moyen frappant de nous rappeler que le temps passe, que notre corps s’use et surtout…Que chaque seconde qui passe nous rapproche un peu plus de la mort. Nous nous rendons alors compte de la valeur de notre vie. Et de tout ce temps que nous avons perdu à nous lamenter, à nous enfoncer dans les sables mouvants sur le grand chemin, et à pleurer continuellement sur notre sort en espérant un changement. Et puis l’heure vient de se réveiller. D’ouvrir nos yeux baignés de larmes, de contrôler notre cœur dont la vitesse est trop rapide, et de se donner les moyens d’obtenir une vie meilleure.
Et oui…Peut être connaissez vous cette impression. Un poids très fort s’est un jour posé sur votre cœur et vous a projeté au fond de l’océan, lors d’une descente lente et inexorable. Ouvrir la bouche vous étoufferait, et vos cris seraient inaudibles. Seuls, vous laissant tomber en attendant patiemment ce moment où vous serez au fond, vous fermerez alors les yeux là où la lumière n’a jamais pénetré et ne pénètrera jamais…Définitivement. Il existe cependant un moyen de surmonter la force de ce poids, de lutter contre le temps qui passe et de contrôler notre chagrin.
« On me dit que le temps qui glisse est un salaud
Que de nos chagrins il s'en fait des manteaux…»
Le tout est de s’exprimer assez fort pour faire vibrer l’océan, faire trembler les montagnes et déplacer les astres. Je parle d’une force en nous même qui paraît il intervient lorsque nous sommes au plus bas, et qui nous permet peu à peu de remonter à la surface…Au moins en apparences. Le déclic est généralement la simple continuité de la dépression. Nous haïssons chaque jour, chaque nuit, à chaque instant, cette chose immonde et faible que nous sommes, jusqu’au jour où nous estimons avoir payé le prix nécessaire au Diable pour qu’il libère notre âme. Le Purgatoire peut alors vous dire adieu, mais la route est très longue de l’Enfer au Paradis, et le chemin semé d’embûches.
J’ai un jour sans le vouloir forcé le destin. Et de la mort je suis passée à la vie. Moi qui me plaignais sans cesse de ma grande solitude ais pu m’en accomoder pour quelques temps, en faire la barrière entre moi et les autres, ces autres qu’il me fallait désormais dominer. Mon souffle fut alors la renaissance d’une existance, la mienne, qui s’écoulait en sortant de ma bouche. Cet instrument magnifique dont j’occultais presque l’existance. L’air précieux entrant en moi pouvait ressortir sous la forme de sons, de mots, de phrases et ainsi faire de moi un être capable de s’exprimer, de s’imposer. Et, ce jour là, seules quelques paroles apportées par le destin ont pu me promettre un avenir meilleur.
« On me dit que le destin se moque bien de nous
Qu'il ne nous donne rien et qu'il nous promet tout »
Ma bouche fut tout simplement, un jour, une arme plus terrible que celles qu’on avait pu utiliser contre moi. Ce jour là, l’indifférence de toujours, la violence physique et le harcèlement moral ne furent plus rien aux yeux de la furie que j’étais devenue. D’un seul coup, le monde m’est apparu différemment. Je n’en étais plus un simple insecte insignifiant et silencieux, auquel on pouvait d’enlever la vie à cause de la simple présence… Mais une entité unique, à part entière, qui des années durant avait laissé son énergie se faire dérober par les autres, et qui soudain récupérait ses forces et s’exprimait violemment. Oui, ma bouche fut l’instrument de ma libération. Ma Révolution ne se serait jamais faite dans le sang, j’étais sans doute trop peu matérielle pour cela. Regardez ma bouche. Asséchée, en fin de vie. Mes lèvres pêlent, rougissent, tremblent doucement au rythme de ma respiration de plus en plus rapide. La seule chose qu’elles produisent aujourd’hui, c’est un râle douloureux, pathétique, bien loin de cette parole destructrice et réparatrice à la fois qui m’avait fait vivre à l’époque. Observez cette adolescente à présent, au souffle vigoureux. Observez la hurler pour la première fois de sa vie, découvrir une force inconnue au fond de ses poumons. Observez la exprimer sa haine envers cette femme retranchée derrière son bureau, étonnée, apeurée par le livre qu’elle venait de se prendre en pleine figure. Elle venait de me faire subir l’humiliation de trop. Un mélange de haine raciale, de désir de se distraire et de décompresser à mes dépens, et puis surtout d’essuyer les résidus d’excréments sur ses chaussures sur le tapis que j’étais. Malgré la hiérarchie et les risques que j’encouraient, j’avais craqué. Une montée d’adrenaline montait en moi pour la première fois, et j’ai pu ressentir ce sentiment étrange, celui d’avoir des tripes, celui d’avoir le droit de m’exprimer. Je l’ai insultée, je lui ai fait mal, je l’ai remise à sa place. J’ai pris les devants, j’ai agis pour moi-même, j’ai commencé à exister. Ce jour là, Hayate était née.
« Parait qu'le bonheur est à portée de main,
Alors on tend la main et on se retrouve fou »
Je l’ai compris. J’ai compris ce que chacun découvre un jour. Mon bonheur ne dépendait pas de mes géniteurs, ou du monde extérieur. Monde qui envahissait mes rêves, mes journées, ma chambre et jusqu’au moindre recoin de ma vie. Non, moi seule avait le pouvoir de me rendre heureuse. Alors j’ai pris ma vie en main. Après cette horrible femme qui restera à jamais dans ma mémoire, comme le trophée de mon honneur retrouvé, il me fut conquérir un territoire, le mien. Le plus dur fut de commencer à vivre. L’image est simple, celle d’une fille avec Dieu comme seul repère, enfermé dans un baluchon suspendu à mon épaule, fuyant vers la lumière, le soleil couchant illuminant mon visage. L’arrière lui restera sombre, sale, lugubre. Une ombre géante exprimant ma peur, mes cris et mes déboires passés. Je n’aurais que trop de mal à vous décrire cette ascension. Cette histoire n’est pas directement la mienne. Elle est celle de ceux qui se relèvent ou veulent se relever. Jamais, ô grand jamais je n’aurais la prétention de dire que j’ai réussi. Regardez moi… Regardez mes yeux embués, mon nez en fin de vie, ma poitrine tentant de la préserver et mes lèvres déssechées.
« Pourtant quelqu’un m’a dit… »
J’utiliserais maintenant mes lèvres, ma bouche, ma parole pour vous parler de destins qui ont contribué au mien. Leur vie a influencé la mienne, m’a donné espoir. Car si l’unicité de ma vie n’était plus à prouver, je me nourissais d’exemples de courage, de batailles gagnées et de destins heureux malgré un poids plus que lourd. Chacun porte un fardeau, une chimère sur son dos, Baudelaire le disait si bien. Si le malheur des uns fait le bonheur des autres, on ne peut exclure l’idée que leur odyssée menant au bonheur peur conduire au notre. Ainsi apprendre de ces gens au lourd vécu a contribué à mon salut. Mes exemples n‘ayant jamais existé, j’avais trouvé ces gens à idolâtrer comme les enfants normaux le font avec leurs parents.
« Que… »
Il y eut cette femme rejettée par celle qui nous donne la vie. Cette dernière ne lui aura confié qu’une maladie génétique lui empêchant d’en faire autant. Condamnée à chercher l’exil, loin de son foyer, condamnée à ne jamais faire mieux que sa mère, dan sl’impossibilité de procréer, condamnée à vivre faible de corps. Mais forte d’esprit. Aujourd’hui indépendante, elle vit. Les études lui sourissent, l’amour lui sourit, la maladie est surmontée par son désir de vivre le temps qu’il lui reste, à fond. La dernière fois que je l’ai vue, elle luttait pour la première fois depuis longtemps contre le sommeil causé par sa faiblesse, encore et encore, pour pouvoir passer un peu de temps à des centaines de kilomètres de chez elle avec moi, et d’autres amis. Juste…Pour vivre. Pour elle, pour nous. Une amie.
« …Tu m’aimais encore »
Il y eut cet homme, torturé par une faiblesse d’esprit évidente, par des mutilations à l’enfance. Encore quelqu’un de brisé, forcé de rester sur le bas-chemin pendant que le monde tourne, sans lui. Perdu pendant des années dans le noir, dans une nuit éternelle, après avoir tenté de faire couler le sang comme le je fais, il put à son tour se relever, e serait ce que pour m’apprendre à ne pas faire les mêmes erreurs. La sagesse vient très souvent de ceux qui ont longtemps eu à se taire.
« C’est quelqu’un qui m’a dit que tu m’aimais encore »
Impossible de tous les citer. Avancer seul ne fut plus contradictoire avec l’idée de s’entourer, de ne plus être physiquement seul.L’amitié, ou juste la prise de connaissance avec l’être humain dans tout ce qu’il a de plus beau fut un facteur important dans ma vie, ma vie heureuse. Comment tous les citer ? Il y eut cette mère de famille utilisant ses dernières forces pour rendre heureux ses jeunes enfants avant la mort, cette enfant dansant et chantant chaque jour tout en sachant qu’elle serait bientôt de retour dans une contrée lointaine que d’autres appellent « la sienne », ou cet homme ayant grandi entre la pauvreté et l’absence d’un des piliers d’une vie. Chaque histoire, chaque confiance qui me fut accordée, chaque lien fut de moi un être ayant retrouvé confiance en l’avenir. Confiance en l’être humain. J’aimerais tant remercier chacun d’entre eux pour l’espoir qu’ils m’ont apporté. Si néanmoins mon échec n’est pas une trop grosse déception pour eux.
« Serait ce possible alors ? »
Il y a des personnes qui arrivent, miraculeusement, à nous donner le courage d’affronter la vie, à nous donner l’optique d’un avenir meilleur et d’un accès plus ou moins probable à la lumière et à la reconnaissance. Par la famille, par les amis, par un entourage ou, pour les élus, par un pays voire le monde entier. La plupart du temps, eux aussi auront une face sombre, une personnalité blessée ou fragile malgré les apparences. Je pense à quelqu’un en ce moment même. Elevé parmi une grande famille, sous les durs coups paternel mais dans l’amour inconditionnel d’une mère. Une machine à succès, un objet à bourrer de talent jusqu’à ce qu’il soit prêt à cotoyer les étoiles. Une vie rythmée par les projecteurs, les studios, la musique. SA musique. Il y a des exemples, des êtres au dessus de nous en ce bas monde, dont la vie paraît être un livre d’images nous servant d’exemple de réussite ou de courage, un livre ayant parcouru un long et dur chemin, mais qui au bout du compte perdurera en passant dans toutes les mains, dans tous les cœurs pour une éternité. Son nom pourrait être Michael, en toute simplicité. Son contenu, HIStorique. Pourquoi le citer ? Pourquoi a-t-il sa place ici ?
Cela apparaît pour moi comme une évidence. Dans ses croyances, dans sa douleur, cet homme poussé malgré lui sur le devant de la scène avait un but…Vivre toujours, ne jamais s’arrêter. Etre éternel. Il est l’un des seuls à avoir réussi. La recette ? Un acharnement, Don’t stop ‘til you get enough. Il est venu, il a vu, il a vécu. Jamais satisfait, sûr de lui, admirant the Man in the mirror, il n’est finalement pas si différent de tous ceux qui peinent à se donner un but dans la vie parce qu’on leur a dicté ces buts. Il est l’exemple que travail et acharnement est un signe de réussite, rien n’est jamais perdu. Il était noir et très jeune, et voulait être une légende. Qui aujourd’hui peut nier qu’il a réussi ? La preuve que Black Or White, qui que tu sois, tu peux le faire.
La vie ne lui a pas souri. Les épreuves furent dures, le succès fut entaché par des déboires divers, maheureusement. Des coups de haches dans le dos qui réussirent à mettre l’homme (car il était homme, ne l’oublions pas) à terre. Cette décennie se serait presque faite sans lui. Mais le siècle passé, ce siècle, et je l’espère les suivants salueront encore sa vie, la force et le courage avec lequel il l’a menée sans jamais abandonner, malgré la dureté de la vie. La même pour tous. Qui était il lorsqu’il est parti ? Un homme entouré, un homme aimé, adulé, idôlatré, adoré plus que quiconque, mettant un point final à se relever de ses épreuves et à revivre sa vie, sa vie de star, sa vie de légende, sa vie éternelle. Plein de dignité, et jamais seul. Un exemple. You are note alone. S’il n’a pu mettre le point final à son œuvre, il aura fait de sa vie un exemple pour beaucoup de personnes. Une vie inoubliable, une vie éternelle. Une vie sur laquelle nous pouvons et pourrons toujours potasser, que nous pourrons toujours admirer. Une vie réussie et bien menée malgré les épreuves de la vie, cette vie comme un Thriller à la fin plus ou moins heureuse. Voilà pourquoi il me fallait le citer ici. S’il a quitté ce monde, He’ll be there pour toujours, nous envoyant un peu de ce message d’espoir.
J'entends encore la voix, mais je ne vois plus les traits
"Il vous aime, c'est secret, lui dites pas que j'vous l'ai dit"
The word said it Love your enemies
Do good for those who curse you
Pray for those who mistreat you
Psalms 129:2
They have greatly oppressed me from my youth
But they have not gained victory over me
I wish you well
Mariah Carey, I Wish You Well, 2008
Do good for those who curse you
Pray for those who mistreat you
Psalms 129:2
They have greatly oppressed me from my youth
But they have not gained victory over me
I wish you well
Mariah Carey, I Wish You Well, 2008
Re: [FANFIC] Hayate - Fiction sans rapport avec SG
5.
“I lay alone awake at night
Sorrow fills my eyes
But I’m not strong enough to cry
Despite of my disguise…”
Et c’est ainsi que vous me trouvez, étendue seule dans une chambre noire, dénuée de lumière, dénuée de chaleur, et donc dénuée de vie. Le comble lorsque l’on sait que la fin approche, c’est de se rendre compte que sa vie est aussi noire et vide que cet endroit sans identité où vous avez choisi de quitter ce monde. Mes yeux ne pleurent plus…A quoi bon ? Je ne suis plus vraiment assez forte pour cela, je suis bel et bien seule dans cette histoire, seule comme je l’ai toujours été. J’ai retiré ce déguisement, vous connaissez les grandes lignes de ma triste et courte vie. Je vais mourir. Oui. Il fallait que je le dise, au moins une fois, pour m’en rendre compte, pour réaliser que ces êtres qui ont partagé ma vie seront bientôt informés que Hayate, leur fille, leur cousine, leur connaissance a pris la décision de partir par la petite porte, honteuse, la tête baissée, cette tête que l’on a lorsque l’on sait que nous avons échoué et que plus rien ne pourra arranger les choses. Je me sens si…Pitoyable. Les larmes me collent aux joues, séchant patiemment, cette patience que je n’ai plus…Je veux partir. Mon nez semble déjà avoir rendu l’âme, m’informant qu’il n’y a plus de retour arrière. Mon cœur ralentit, doucement, agissant comme un compte à rebours impatient de faire sauter la bombe. Mes lèvres ont quand à elles perdu l’envie de continuer cette mascarade, cette farce gigantesque consistant à continuer de communiquer avec l’extérieur, si ce n’est vous. Je…Je vais mourir.
“I’m left with no shoulder
But everybody wants to lean on me
I guess I’m their soldier
Well, who’s gonna be mine?”
J’ai trop souvent été marquee, blessée, et victime de la solitude qu’il me fut jusque là impossible d’envisager que je puisse manquer à quelqu’un. Comme une lionne infertile, la branche malade d’un bel olivier ou…Une âme oubliée de Dieu. L’une de celles qui ne méritent pas son regard, sa bienveillance, sa miséricorde. Une de celles qui ne méritent sans doute pas de croiser son regard, de lui adresser des prières, de fouler du pied son royaume éternel. Pourtant lui seul sait combien j’ai pu le prier, la tête levée au ciel, baissée, ou totalement à genoux. Combien de fois m’a-t-on trouvée en larme en écoutant ses chants d’honneur, ses formules religieuses ou ses hommages. Il le sait. Je me rappelle avoir remis en cause ma proximité avec lui, malgré le rôle qu’il avait pu avoir dans ma vie. Les tours que me jouaient la vie ne pouvaient, dans ma tête de sotte en quête de vérité, n’avoir que la force d’un châtiment divin. Ou il n’était que la preuve qu’un Dieu ne pouvait exister, sans quoi il ne pourrait pas laisser tant de mal se faire. Aujourd’hui je comprends. Je réalise qu’un monde sans Mal n’a pas de raison d’être, car nous ne pourrions avoir la chance d’apprécier les moments de bonheur. De même, il me serait égoïste d’avouer que ce bonheur ne m’a jamais effleuré. Et je l’aime, lui qui est capable de nous l’apporter, de nous laisser entrevoir un monde où la joie est accessible, où l’être humain peut être source de réconfort, et où les miracles sont possibles. Je ne sais pas s’il me pardonnera, je ne sais même pas si je mérite ce pardon… Et le pardon de tous ceux qui m’ont dit de croire en lui.
Lorsque j’ai eu la prétention de pouvoir prétendre avoir grandi, j’ai pu tenter de me consoler en me mettant à l’écoute des autres. L’être humain ne prend que trop peu le temps de se rendre compte que s’il lutte seul au quotidien, il peut faire preuve de solidarité. Et c’est de cette solidarité dont je pense avoir tant manqué dont j’ai essayé de faire preuve, ici et là. Auprès d’inconnus, auprès d’amis, ou auprès de ma propre mère. Une femme que la vie n’a pas gâté. Seule fille de son clan, condamnée à arrêter les études, puis à se marier, car c’est comme cela que l’on fait. Et puis, procréer. Car c’est comme cela que l’on fait. Sa vie fut rythmée par ce quotidien banal d’une femme qui veut le bonheur des autres, mais qui en retour subit indifférence et mépris. Indifférence face à ses propres problèmes, qu’elle mettra entre parenthèse, encore et encore. En subissant la chute de ses frères dans un trou sans fin jusqu’à la mort, encore. En voyant son père mourir, encore. En se sentant seule parmi la famille, encore. En se sentant le larbin, le tapis à saletés du monde autour d’elle, encore. En subissant les déboires d’une enfant pas comme les autres…Encore. Elle vit encore, moi non. Dieu ne nous a sans doute pas tous armés de la même façon, je le crains. Cette proximité avec ceux qui en avaient besoin m’a permis de comprendre que chacun d’entre nous porte sa part de malheur en lui-même. Il nous est souvent soit trop dur de l’avouer, et alors nous mettons tous les moyens en œuvre pour le dissimuler et feindre le bonheur, via un humour impeccable, aussi impeccable que notre sourire, aussi impeccable que notre apparence. Ou il y a ceux pour qui il est trop dur de dissimuler un malaître et qui hurlent leur malheur à qui voudra l’entendre. J’ai été l’une, puis l’autre, et de nouveau l’une. J’ai su percer en certaines personnes une personnalité qui malgré la blancheur des dents cachaient un désir réel de partager leur vécu avec quelqu’un. Malheureusement, je me suis bien vite rendue compte que personne ne serait là pour m’aider à porter mon propre fardeau.
“Who’s there to save the hero …
When she’s left all alone
And she cryin’ out for help
Who’s there to save the hero?
Who’s there to save the girl,
After she saves the world…”
Je ne dois pas être sauvée, je ne veux pas être sauvée. J’ai crié à l’aide, j’ai supplié les cieux de m’envoyer un signe de salut, mais rien. Ma vie a doucement plongé et replongé dans la pénombre qui la caractérisait, tel le Titanic s’abandonnant au fond de l’océan. S’abandonnant à l’obscurité, à la saleté…A l’extrême froideur des lieux. Je n’ai alors plus qu’à pourrir sur place, qu’à perdre la couleur qui faisait de moi une vivante, qu’à attendre qu’une âme curieuse vienne profiter du spectacle. Que ce spectacle vous serve de leçon. Car oui, il y a des gens chaque jour qui comme moi s’abandonnent entre les bras de la Mort. Chaque jour, il y a des gens qui regardent du haut d’un immeuble pour en évaluer la hauteur, qui tâtent la force d’une brique pour se l’attacher et se jeter dans un lac, qui aiguisent leur couteau en se demandant combien de temps durerait leur supplice s’ils osaient couper les fils de la vie. Alors admirez, oui, admirez l’une de ces victimes qui ont perdu cette force que vous avez, vous les vivants, pour affronter les déboires de la vie. Quand mon poul cessera définitivement de battre, vous retournerez à vos occupations. Vous lirez les pages d’un forum, irez fouiller dans le frigidaire ou allumerez la télévision. La vie continue, pour les six milliards d’autres êtres humains coincés sur ce rocher. Que ceux-ci sachent que l’Espoir se sent bien seul dans sa boîte de Pandore, pendant que tous ces démons, tous ces mots, toutes ces plaies s’acharnent sur vos frères et vos sœurs ici et là. Il ne tient qu’à vous de le solliciter, cet espoir. L’espoir…Un souffle de vie que vous pouvez insuffler en vos congénères. Mais la plupart d’entre nous nous abstenons simplement. A vous de me dire pourquoi…
« I bottle all my hurt inside
I guess I’m living a lie
Inside my mind each day I die
What can bring me back to life?
Comment décrire ce que je ressens? Mon existance n’est que le fruit d’un mariage arrangé. L’amour que l’on doit à un enfant a lourdement été amputé, Hayate n’était sans doute qu’un fardeau parmi d’autres. Les déboires de ma vie m’ont fait oublier mes années d’enfance. Ces déboires m’ont empêché d’avoir une vie et détruit mon quotidien. Toujours. Tout le temps. Ce que je ressens… C’est un désir constant qu’on me fasse un massage cardiaque, quelque chose pour me ramener à la vie. Le problème, c’est que je suis déjà éveillée. Mon salut ? C’aurait été de pouvoir envisager un avenir. Mais mon coeur est ensanglanté, comment aurais-je pu traîner mon corps vers un avenir studieux ? J’ai honte. Honte de voir que certaines mères perdent leurs enfants et continuent à vivre. Honte de voir que certains pères voient leurs fils partir à la guerre et ne jamais revenir, et continuent à vivre. Honte de voir que la nature peut se déchaîner contre des peuples démunis qui malgé tout gardent la tête haute. Et moi… Je suis sur mon lit, perdant doucement connaissance, baignant dans une mare de sang, car je ne suis pas assez forte pour donner un sens à mon existance. Quelques évènements m’ont poussé à en arriver là…
Regardez…Ma mère. Affaiblie, les yeux en larmes…Malade. Infection génétique de l’intestin. A quoi bon mentir, si ma vie aurait suivi son cours normal, j’aurais eu de grandes chances de l’avoir à mon tour. L’élément déclencheur, même si je ne me le suis jamais vraiment avoué…C’est moi. Trop de stress, trop de pleurs, trop d’ennuis en même temps. Un jour, elle ne s’est étrangement pas levée. Elle n’a étrangement pas hurlé. Elle ne s’est pas lamentée. Je l’ai trouvée recroquevillée contre une bassine, sur son lit, rendant tout ce que son estomac pouvait rejetter, à tel point que de la chambre se dégageait une odeur d’excréments. Des dizaines d’examens et plus d’une année plus tard, nous fûmes éclairés. Trop tard, malheureusement. Il s’agissait d’une maladie rare, génétique, touchant moins de 2000 cas à l’année. Pas de traitements durables, seulement des effets chimiques aux forts effets secondaires. La maladie, les cachets. Un mélange explosif qui peu à peu altéra son humeur, la rendit infréquentable, nerveuse, haineuse. Ses crises s’accompagnaient de supplications au bon Dieu, durant lesquelles elle lui demandait comment elle avait pu être assez conne pour faire des enfants, pour se marier. Qu’avait-elle fait pour mériter cette vie, cette maladie. Et au fond de moi…Je ne pouvais que trouver une autre raison de m’en vouloir. Qui d’autre que moi aurait pu lui amener cet excès de stress déclencheur de la maladie ? En plus de ne pas pouvoir contrôler ma propre vie, j’étais destructrice pour celle de mes proches. Les traitements ne fonctionnèrent pas. La crise de trop. Il fallut lui enlever des dizaines de centimètres d’un intestin malade et retracté. Ablation durant laquelle…Elle s’est sentie partir. La mort lui aurait soufflé son nom à l’oreille. Destructrice.
« A simple word a gesture
Someone to say you’re beautiful
Come find the buried treasure
With eyes lead to a pot of gold”
Destructrice. J’ai pu alors tenter de gérer ma proper vie. De faire des rencontres, de peut être démarrer une vie sociale, réelle, avec des amis, des amours…En fermant les yeux sur les emmerdes. Je me suis forcée, j’ai usé du maquillage, du sourire et des habits, ces artifices que l’on utilise pour feindre avoir une vie. Et puis...J’ai fini par tomber sur quelqu’un d’aussi perdu que moi. Sans jamais avoir vraiment dévoilé un jour ma vie à quelqu’un, parler me fut cette fois étrangement plus facile. Les mots glissaient, les phrases s’enchaînaient. Je n’avais même pas à exprimer mes sentiments, il les comprenait. Il les vivait. Il était moi, j’étais lui, et ainsi nous sommes devenus très proches. Une relation…Des plus platoniques, il n’y avait pas besoin de plus. Il nous suffisait de marcher, les journées, les soirées durant, et de parler. Sans jamais renier mon passé, j’ai presque pu croire à une accalmie, à un cadeau du ciel pour panser mes blessures. Son propre vécu me donnait une confiance totale en sa sincérité. Deux âmes blessées s’étaient trouvées, j’avais en plus de cela quelques connaissances en matières de religio qui firent de lui un homme plus serein. Comment décrire…Cette bouffée d’oxygène. Je vous ai déjà raconté ces connaissances qui m’ont aidé à voir la vie en couleur, mais là… Il s’agissait peut être vraiment de la porte de sortie. Mais jamais, jamais, jamais je n’ai eu l’occasion de l’empreinter. Vint le moment où porter deux fardeaux au lieu d’un fut trop lourd, où le désespoir de l’autre devint insupportable. Et puis… Un jour, alors qu’il était au plus mal, agressif, désespéré, je n’ai eu d’autre idée que celle de l’abandonner. L’espoir s’était éteint. J’ai comme tiré la balle qui achèverait le cheval à l’agonie. Destructrice. Pour moi, pour les autres, destructrice. Destructrice.
« I’ve given to much of myself and now it’s driven me crazy
I’m cryin’ out for help
Sometime I wish someone would just come here and save me
Save me from myself”
Me sauver. De moi meme, du mal que je me fais, du mal que je fais aux autres. Voilà sans doute ce que je fais. Malheureusement pas au sens de chercher mon salut…Quoique il doit bien y avoir un peu de cela. Mais plutôt une prise de fuite, lâche peut être, mais tellement nécessaire pour moi-même, pour les autres. Personne n’est venu…Ou je n’ai jamais su saisir les mains tendues en ma direction. J’ai peu à peu sombré dans la folie. La mal était pour moi partout, en tout le monde, et en toutes circonstances. Chaque acte, me nourrir, me laver, me lever, était une torture, un supplice pour entretenir un corps qui n’en avait plus envie. Mais en avait il eu envie un jour ? Avait il seulement vécu un jour ? Non. Lutte, lutte, lutte. J’ai alors définitivement compris que je ne pouvais pas me sauver de moi-même, cet esprit était sale, impropre, irrécupérable. Je ne cotoyais que souffrances, celle des autres, celle du monde.
« Who’s there to save the hero
When she left all alone?
And she’s cryin’ out for help..”
J’ai cotoyé indifference, haine, souffrance. Et elle ne sont pas de très bonnes amies. J’ai cotoyé douleur, déception et désespoir. Et il faut dire qu’ils ont de quoi combler une vie. Mais pas positivement, malheureusement. Alors, en ce jour où j’ai définitivement réalisé que plus rien de bon ne m’arriverait, je suis montée dans ma chambre, j’ai fermé les stores, j’ai fait abstraction de tous ces objets qui me rappelaient le monde extérieur. Je me suis dirigée vers la cuisine, j’ai choisi le Laguiole le mieux aiguisé, me demandant encore si j’osais le faire. Je DEVAIS le faire. Après avoir cotoyé la mort de mes amis, la souffrance de mes proches, et avoir raté ma courte et pauvre existance…Je devais, oui. Ne sachant pas si j’aurais de toute façon de courage de trancher mon poignet aussi sèchement qu’une Moire, j’ai attrapé mes anti-dépresseurs, j’ai vidé la boîte, et je les ai avalé, un par un. Pour partir doucement, aussi doucement qu’avait brûlé en moi le feu du désespoir. Je me suis allongée, et ai un instant songé à abandonner cette folle idée. Et puis, j’ai imaginé un lendemain. M’appelant toujours Hayate, vivant toujours dans le même corps, subissant toujours les mêmes châtiments. Impossible. C’est à ce moment que j’ai tranché. Au propre, comme au figuré.
« Who’s there to save the hero…
Who’s there to save the girl?”
Et puis, vous êtes apparu. J’avais alors une chance d’expliquer cet acte idiot mais si facile. Et j’espère sincèrement qu’Hayate, et que ceux qui agissent comme elle, vous feront dire qu’il faut s’accrocher au bonheur, toujours, même lorsqu’il n’est qu’un mince fil, faiblard, menaçant de craquer. Vous risqueriez, si vous l’évitiez, de ne jamais le connaître, et de finir pour moi. J’ai assez donné.
Je vous remercie fortement de m’avoir accordé du temps, de m’avoir laissé être l’héroïne de votre journée. Mon nez ne fonctionne plus, mon corps ne bat plus, mes yeux se déssèchent, ma bouche d’assèche…
« After she saves the world… »
Profite du jour présent. Cueille dès aujourd’hui…les roses…de…la…Vie.
« After…She saves the…World. »
“I lay alone awake at night
Sorrow fills my eyes
But I’m not strong enough to cry
Despite of my disguise…”
Et c’est ainsi que vous me trouvez, étendue seule dans une chambre noire, dénuée de lumière, dénuée de chaleur, et donc dénuée de vie. Le comble lorsque l’on sait que la fin approche, c’est de se rendre compte que sa vie est aussi noire et vide que cet endroit sans identité où vous avez choisi de quitter ce monde. Mes yeux ne pleurent plus…A quoi bon ? Je ne suis plus vraiment assez forte pour cela, je suis bel et bien seule dans cette histoire, seule comme je l’ai toujours été. J’ai retiré ce déguisement, vous connaissez les grandes lignes de ma triste et courte vie. Je vais mourir. Oui. Il fallait que je le dise, au moins une fois, pour m’en rendre compte, pour réaliser que ces êtres qui ont partagé ma vie seront bientôt informés que Hayate, leur fille, leur cousine, leur connaissance a pris la décision de partir par la petite porte, honteuse, la tête baissée, cette tête que l’on a lorsque l’on sait que nous avons échoué et que plus rien ne pourra arranger les choses. Je me sens si…Pitoyable. Les larmes me collent aux joues, séchant patiemment, cette patience que je n’ai plus…Je veux partir. Mon nez semble déjà avoir rendu l’âme, m’informant qu’il n’y a plus de retour arrière. Mon cœur ralentit, doucement, agissant comme un compte à rebours impatient de faire sauter la bombe. Mes lèvres ont quand à elles perdu l’envie de continuer cette mascarade, cette farce gigantesque consistant à continuer de communiquer avec l’extérieur, si ce n’est vous. Je…Je vais mourir.
“I’m left with no shoulder
But everybody wants to lean on me
I guess I’m their soldier
Well, who’s gonna be mine?”
J’ai trop souvent été marquee, blessée, et victime de la solitude qu’il me fut jusque là impossible d’envisager que je puisse manquer à quelqu’un. Comme une lionne infertile, la branche malade d’un bel olivier ou…Une âme oubliée de Dieu. L’une de celles qui ne méritent pas son regard, sa bienveillance, sa miséricorde. Une de celles qui ne méritent sans doute pas de croiser son regard, de lui adresser des prières, de fouler du pied son royaume éternel. Pourtant lui seul sait combien j’ai pu le prier, la tête levée au ciel, baissée, ou totalement à genoux. Combien de fois m’a-t-on trouvée en larme en écoutant ses chants d’honneur, ses formules religieuses ou ses hommages. Il le sait. Je me rappelle avoir remis en cause ma proximité avec lui, malgré le rôle qu’il avait pu avoir dans ma vie. Les tours que me jouaient la vie ne pouvaient, dans ma tête de sotte en quête de vérité, n’avoir que la force d’un châtiment divin. Ou il n’était que la preuve qu’un Dieu ne pouvait exister, sans quoi il ne pourrait pas laisser tant de mal se faire. Aujourd’hui je comprends. Je réalise qu’un monde sans Mal n’a pas de raison d’être, car nous ne pourrions avoir la chance d’apprécier les moments de bonheur. De même, il me serait égoïste d’avouer que ce bonheur ne m’a jamais effleuré. Et je l’aime, lui qui est capable de nous l’apporter, de nous laisser entrevoir un monde où la joie est accessible, où l’être humain peut être source de réconfort, et où les miracles sont possibles. Je ne sais pas s’il me pardonnera, je ne sais même pas si je mérite ce pardon… Et le pardon de tous ceux qui m’ont dit de croire en lui.
Lorsque j’ai eu la prétention de pouvoir prétendre avoir grandi, j’ai pu tenter de me consoler en me mettant à l’écoute des autres. L’être humain ne prend que trop peu le temps de se rendre compte que s’il lutte seul au quotidien, il peut faire preuve de solidarité. Et c’est de cette solidarité dont je pense avoir tant manqué dont j’ai essayé de faire preuve, ici et là. Auprès d’inconnus, auprès d’amis, ou auprès de ma propre mère. Une femme que la vie n’a pas gâté. Seule fille de son clan, condamnée à arrêter les études, puis à se marier, car c’est comme cela que l’on fait. Et puis, procréer. Car c’est comme cela que l’on fait. Sa vie fut rythmée par ce quotidien banal d’une femme qui veut le bonheur des autres, mais qui en retour subit indifférence et mépris. Indifférence face à ses propres problèmes, qu’elle mettra entre parenthèse, encore et encore. En subissant la chute de ses frères dans un trou sans fin jusqu’à la mort, encore. En voyant son père mourir, encore. En se sentant seule parmi la famille, encore. En se sentant le larbin, le tapis à saletés du monde autour d’elle, encore. En subissant les déboires d’une enfant pas comme les autres…Encore. Elle vit encore, moi non. Dieu ne nous a sans doute pas tous armés de la même façon, je le crains. Cette proximité avec ceux qui en avaient besoin m’a permis de comprendre que chacun d’entre nous porte sa part de malheur en lui-même. Il nous est souvent soit trop dur de l’avouer, et alors nous mettons tous les moyens en œuvre pour le dissimuler et feindre le bonheur, via un humour impeccable, aussi impeccable que notre sourire, aussi impeccable que notre apparence. Ou il y a ceux pour qui il est trop dur de dissimuler un malaître et qui hurlent leur malheur à qui voudra l’entendre. J’ai été l’une, puis l’autre, et de nouveau l’une. J’ai su percer en certaines personnes une personnalité qui malgré la blancheur des dents cachaient un désir réel de partager leur vécu avec quelqu’un. Malheureusement, je me suis bien vite rendue compte que personne ne serait là pour m’aider à porter mon propre fardeau.
“Who’s there to save the hero …
When she’s left all alone
And she cryin’ out for help
Who’s there to save the hero?
Who’s there to save the girl,
After she saves the world…”
Je ne dois pas être sauvée, je ne veux pas être sauvée. J’ai crié à l’aide, j’ai supplié les cieux de m’envoyer un signe de salut, mais rien. Ma vie a doucement plongé et replongé dans la pénombre qui la caractérisait, tel le Titanic s’abandonnant au fond de l’océan. S’abandonnant à l’obscurité, à la saleté…A l’extrême froideur des lieux. Je n’ai alors plus qu’à pourrir sur place, qu’à perdre la couleur qui faisait de moi une vivante, qu’à attendre qu’une âme curieuse vienne profiter du spectacle. Que ce spectacle vous serve de leçon. Car oui, il y a des gens chaque jour qui comme moi s’abandonnent entre les bras de la Mort. Chaque jour, il y a des gens qui regardent du haut d’un immeuble pour en évaluer la hauteur, qui tâtent la force d’une brique pour se l’attacher et se jeter dans un lac, qui aiguisent leur couteau en se demandant combien de temps durerait leur supplice s’ils osaient couper les fils de la vie. Alors admirez, oui, admirez l’une de ces victimes qui ont perdu cette force que vous avez, vous les vivants, pour affronter les déboires de la vie. Quand mon poul cessera définitivement de battre, vous retournerez à vos occupations. Vous lirez les pages d’un forum, irez fouiller dans le frigidaire ou allumerez la télévision. La vie continue, pour les six milliards d’autres êtres humains coincés sur ce rocher. Que ceux-ci sachent que l’Espoir se sent bien seul dans sa boîte de Pandore, pendant que tous ces démons, tous ces mots, toutes ces plaies s’acharnent sur vos frères et vos sœurs ici et là. Il ne tient qu’à vous de le solliciter, cet espoir. L’espoir…Un souffle de vie que vous pouvez insuffler en vos congénères. Mais la plupart d’entre nous nous abstenons simplement. A vous de me dire pourquoi…
« I bottle all my hurt inside
I guess I’m living a lie
Inside my mind each day I die
What can bring me back to life?
Comment décrire ce que je ressens? Mon existance n’est que le fruit d’un mariage arrangé. L’amour que l’on doit à un enfant a lourdement été amputé, Hayate n’était sans doute qu’un fardeau parmi d’autres. Les déboires de ma vie m’ont fait oublier mes années d’enfance. Ces déboires m’ont empêché d’avoir une vie et détruit mon quotidien. Toujours. Tout le temps. Ce que je ressens… C’est un désir constant qu’on me fasse un massage cardiaque, quelque chose pour me ramener à la vie. Le problème, c’est que je suis déjà éveillée. Mon salut ? C’aurait été de pouvoir envisager un avenir. Mais mon coeur est ensanglanté, comment aurais-je pu traîner mon corps vers un avenir studieux ? J’ai honte. Honte de voir que certaines mères perdent leurs enfants et continuent à vivre. Honte de voir que certains pères voient leurs fils partir à la guerre et ne jamais revenir, et continuent à vivre. Honte de voir que la nature peut se déchaîner contre des peuples démunis qui malgé tout gardent la tête haute. Et moi… Je suis sur mon lit, perdant doucement connaissance, baignant dans une mare de sang, car je ne suis pas assez forte pour donner un sens à mon existance. Quelques évènements m’ont poussé à en arriver là…
Regardez…Ma mère. Affaiblie, les yeux en larmes…Malade. Infection génétique de l’intestin. A quoi bon mentir, si ma vie aurait suivi son cours normal, j’aurais eu de grandes chances de l’avoir à mon tour. L’élément déclencheur, même si je ne me le suis jamais vraiment avoué…C’est moi. Trop de stress, trop de pleurs, trop d’ennuis en même temps. Un jour, elle ne s’est étrangement pas levée. Elle n’a étrangement pas hurlé. Elle ne s’est pas lamentée. Je l’ai trouvée recroquevillée contre une bassine, sur son lit, rendant tout ce que son estomac pouvait rejetter, à tel point que de la chambre se dégageait une odeur d’excréments. Des dizaines d’examens et plus d’une année plus tard, nous fûmes éclairés. Trop tard, malheureusement. Il s’agissait d’une maladie rare, génétique, touchant moins de 2000 cas à l’année. Pas de traitements durables, seulement des effets chimiques aux forts effets secondaires. La maladie, les cachets. Un mélange explosif qui peu à peu altéra son humeur, la rendit infréquentable, nerveuse, haineuse. Ses crises s’accompagnaient de supplications au bon Dieu, durant lesquelles elle lui demandait comment elle avait pu être assez conne pour faire des enfants, pour se marier. Qu’avait-elle fait pour mériter cette vie, cette maladie. Et au fond de moi…Je ne pouvais que trouver une autre raison de m’en vouloir. Qui d’autre que moi aurait pu lui amener cet excès de stress déclencheur de la maladie ? En plus de ne pas pouvoir contrôler ma propre vie, j’étais destructrice pour celle de mes proches. Les traitements ne fonctionnèrent pas. La crise de trop. Il fallut lui enlever des dizaines de centimètres d’un intestin malade et retracté. Ablation durant laquelle…Elle s’est sentie partir. La mort lui aurait soufflé son nom à l’oreille. Destructrice.
« A simple word a gesture
Someone to say you’re beautiful
Come find the buried treasure
With eyes lead to a pot of gold”
Destructrice. J’ai pu alors tenter de gérer ma proper vie. De faire des rencontres, de peut être démarrer une vie sociale, réelle, avec des amis, des amours…En fermant les yeux sur les emmerdes. Je me suis forcée, j’ai usé du maquillage, du sourire et des habits, ces artifices que l’on utilise pour feindre avoir une vie. Et puis...J’ai fini par tomber sur quelqu’un d’aussi perdu que moi. Sans jamais avoir vraiment dévoilé un jour ma vie à quelqu’un, parler me fut cette fois étrangement plus facile. Les mots glissaient, les phrases s’enchaînaient. Je n’avais même pas à exprimer mes sentiments, il les comprenait. Il les vivait. Il était moi, j’étais lui, et ainsi nous sommes devenus très proches. Une relation…Des plus platoniques, il n’y avait pas besoin de plus. Il nous suffisait de marcher, les journées, les soirées durant, et de parler. Sans jamais renier mon passé, j’ai presque pu croire à une accalmie, à un cadeau du ciel pour panser mes blessures. Son propre vécu me donnait une confiance totale en sa sincérité. Deux âmes blessées s’étaient trouvées, j’avais en plus de cela quelques connaissances en matières de religio qui firent de lui un homme plus serein. Comment décrire…Cette bouffée d’oxygène. Je vous ai déjà raconté ces connaissances qui m’ont aidé à voir la vie en couleur, mais là… Il s’agissait peut être vraiment de la porte de sortie. Mais jamais, jamais, jamais je n’ai eu l’occasion de l’empreinter. Vint le moment où porter deux fardeaux au lieu d’un fut trop lourd, où le désespoir de l’autre devint insupportable. Et puis… Un jour, alors qu’il était au plus mal, agressif, désespéré, je n’ai eu d’autre idée que celle de l’abandonner. L’espoir s’était éteint. J’ai comme tiré la balle qui achèverait le cheval à l’agonie. Destructrice. Pour moi, pour les autres, destructrice. Destructrice.
« I’ve given to much of myself and now it’s driven me crazy
I’m cryin’ out for help
Sometime I wish someone would just come here and save me
Save me from myself”
Me sauver. De moi meme, du mal que je me fais, du mal que je fais aux autres. Voilà sans doute ce que je fais. Malheureusement pas au sens de chercher mon salut…Quoique il doit bien y avoir un peu de cela. Mais plutôt une prise de fuite, lâche peut être, mais tellement nécessaire pour moi-même, pour les autres. Personne n’est venu…Ou je n’ai jamais su saisir les mains tendues en ma direction. J’ai peu à peu sombré dans la folie. La mal était pour moi partout, en tout le monde, et en toutes circonstances. Chaque acte, me nourrir, me laver, me lever, était une torture, un supplice pour entretenir un corps qui n’en avait plus envie. Mais en avait il eu envie un jour ? Avait il seulement vécu un jour ? Non. Lutte, lutte, lutte. J’ai alors définitivement compris que je ne pouvais pas me sauver de moi-même, cet esprit était sale, impropre, irrécupérable. Je ne cotoyais que souffrances, celle des autres, celle du monde.
« Who’s there to save the hero
When she left all alone?
And she’s cryin’ out for help..”
J’ai cotoyé indifference, haine, souffrance. Et elle ne sont pas de très bonnes amies. J’ai cotoyé douleur, déception et désespoir. Et il faut dire qu’ils ont de quoi combler une vie. Mais pas positivement, malheureusement. Alors, en ce jour où j’ai définitivement réalisé que plus rien de bon ne m’arriverait, je suis montée dans ma chambre, j’ai fermé les stores, j’ai fait abstraction de tous ces objets qui me rappelaient le monde extérieur. Je me suis dirigée vers la cuisine, j’ai choisi le Laguiole le mieux aiguisé, me demandant encore si j’osais le faire. Je DEVAIS le faire. Après avoir cotoyé la mort de mes amis, la souffrance de mes proches, et avoir raté ma courte et pauvre existance…Je devais, oui. Ne sachant pas si j’aurais de toute façon de courage de trancher mon poignet aussi sèchement qu’une Moire, j’ai attrapé mes anti-dépresseurs, j’ai vidé la boîte, et je les ai avalé, un par un. Pour partir doucement, aussi doucement qu’avait brûlé en moi le feu du désespoir. Je me suis allongée, et ai un instant songé à abandonner cette folle idée. Et puis, j’ai imaginé un lendemain. M’appelant toujours Hayate, vivant toujours dans le même corps, subissant toujours les mêmes châtiments. Impossible. C’est à ce moment que j’ai tranché. Au propre, comme au figuré.
« Who’s there to save the hero…
Who’s there to save the girl?”
Et puis, vous êtes apparu. J’avais alors une chance d’expliquer cet acte idiot mais si facile. Et j’espère sincèrement qu’Hayate, et que ceux qui agissent comme elle, vous feront dire qu’il faut s’accrocher au bonheur, toujours, même lorsqu’il n’est qu’un mince fil, faiblard, menaçant de craquer. Vous risqueriez, si vous l’évitiez, de ne jamais le connaître, et de finir pour moi. J’ai assez donné.
Je vous remercie fortement de m’avoir accordé du temps, de m’avoir laissé être l’héroïne de votre journée. Mon nez ne fonctionne plus, mon corps ne bat plus, mes yeux se déssèchent, ma bouche d’assèche…
« After she saves the world… »
Profite du jour présent. Cueille dès aujourd’hui…les roses…de…la…Vie.
« After…She saves the…World. »
The word said it Love your enemies
Do good for those who curse you
Pray for those who mistreat you
Psalms 129:2
They have greatly oppressed me from my youth
But they have not gained victory over me
I wish you well
Mariah Carey, I Wish You Well, 2008
Do good for those who curse you
Pray for those who mistreat you
Psalms 129:2
They have greatly oppressed me from my youth
But they have not gained victory over me
I wish you well
Mariah Carey, I Wish You Well, 2008
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