Et voici le très attendu prologue de ce tome II. Merci de vos lectures et passez un bon weekend!
Prologue
Samedi 9 avril 2013 – Camp de Cercottes
Antoine échappa à un réveil en sursaut. Il ne dormait que d'un œil, l'esprit encore monopolisé par l'attaque wraith ayant eu lieu deux jours plutôt, quand un garde vint frapper de toutes ses forces à la porte de sa cellule. Le réveil était matinal, il n'était pas encore 7h et Antoine se jura de sortir de cette prison au plus vite. Le général Dumarchais lui avait accordé un entretien lundi, peut-être une réhabilitation comme il l'espérait. Entre temps, le pilote de chasse qui avait activement participé à la défense de la Terre, se voyait interrogé de manière intensive par les services secrets. Des interrogatoires se muant en véritable examens physiques et psychologiques. Le pilote comprenait ces mesures, surtout après son infiltration manqué à Creil. En attendant, c'est sans joie qu'il dû se mettre au garde à vous dans le plus simple appareil devant le garde qui venait d'entrer.
— Lieutenant Estienne!
— Lui-même. Se prêta-t-il à plaisanter alors que le garde lui fit signe qu'il pouvait s'habiller.
— Quelqu'un voudrait vous parler au téléphone, lui indiqua le garde.
— J'en doute sergent, je n'ai pas le droit d'avoir d'échanges avec l'extérieur.
— On dirait que la DGSE a fait une exception pour cette fois-ci. Tenez!
Il lui tenditt un téléphone portable dont Antoine devina qu'il était sécurisé. Il n'eut même pas l'idée d'une ruse en en profitant pour joindre un proche avec, il se contenta de décrocher pour savoir ce qu'on lui voulait. Peut-être un test psychologique? Il se motiva à donner le meilleur de lui-même, tout en ne sachant absolument pas ce qu'on attendait de lui.
— Lieutenant Estienne? Demanda la personne au bout du fil.
Antoine sursauta et se passa la main sur la bouche avant de répondre. Il aurait reconnu parmi cent la voix de son interlocuteur. Il l'avait trop entendu dans des situations inoubliables.
— Lieutenant-colonel Berthaud! C'est bien moi, Antoine.
Le lieutenant-colonel Olivier Berthaud fut l'instructeur principal d'Antoine lors de sa formation de pilote de chasse à Tours. Dans la dernière étape de son cursus.
— Bonjour Antoine, je suis désolé de t'appeler dans ces conditions. Avant que tu dises quoi que ce soit, je suis au courant de ce qui vient de se passer. Je suis chargé de mettre un peu d'ordre dans notre corporation. Bref tout ça pour dire, félicitations! Je sais enfin que j'ai eu raison de croire en toi. Ta formation n'a pas été facile et on ne peut pas dire que tous t'ont aidé …
Antoine se rappela de ses dernières années. Il n'aurait jamais cru que pour atteindre son rêve il dû passer par l'enfer. La corporation dont parlait Berthaud, il n'avait jamais vraiment eu l'impression d'en faire partie malgré ses efforts monstrueux. Aux yeux des autres, il n'était pas un vrai pilote de chasse. Si bien que son arrivée dans le service opérationnel se fit sur la pointe des pieds.
— … Ce que tu as fait est exceptionnel. Vraiment, tu as montré que tu étais un très bon pilote. Peut-être … peut-être le meilleur de ta promotion. Et je voulais enfin te dire, car je sais que tu dois le penser, tu n'y es pour rien pour ton leader. Le commandant Blanchard était expérimenté, il savait ce qu'il faisait mais il n'a eu aucune chance. Et tu n'as rien à te reprocher. D'accord? Antoine, tu es toujours là?
— Heu … oui, oui je suis là, dit-il en sortant de ses pensées.
— Bien. J'aimerais te demander un service …
Le lendemain en fin de matinée, dans un petit village breton
Antoine s'approcha de la porte d'entrée au moment même où quelqu'un ouvrit les larges portes de l'Eglise de style romane. Le pilote s'écarta tout en enlevant sa casquette. Il avait revêtu pour l'occasion son bel uniforme, encore vierge de toutes décorations qui ne tarderaient probablement pas à se faire admirer. Encore faudrait-il toutefois qu'il soit réhabilité.
Devant lui, une foule de personnes habillées en couleur sombre sortait de l'Eglise. La mine sombre et en silence, les proches du commandant Blanchard se dispersèrent lentement sur le parvis de l'Eglise. Il ne restait bientôt que quelques groupes ici et là, occupés à parler à voix basse.
Le jeune pilote était de plus en plus mal à l'aise et cela ne s'arrangea pas quand il aperçut enfin ce qui ne pouvait être que la veuve et son enfant. Madame Blanchard et son fils, Jeremy, sortirent en dernier de l'Eglise, épaulé par le prête de la paroisse. La mère tentait d'être digne et protectrice vis-à-vis de son fils en retenant le plus possible ses larmes. Antoine tenta de s'imaginer tout le chagrin que pouvait ressentir cette famille, détruite à jamais. Il était le dernier à avoir parlé à l'être qu'ils ne reverraient plus.
En levant la tête, la femme remarqua très vite Antoine par son uniforme de pilote. Son visage trahissait son jeune âge et son mal être. Elle comprit alors très vite que c'était le pilote qui avait combattu pour la dernière fois aux côtés de son mari. Elle se savait chanceuse d'avoir pu braver le secret défense de l'armée. Elle ne savait rien de ce qui s'était passé là-bas, d'ailleurs elle ne le saurait jamais lui avait-on assuré en privé. Elle avait juste le droit de rencontrer celui qui avait partagé le dernier vol de son mari disparu.
Elle accompagna son fils jusqu'à Antoine qui s'avança de lui-même de quelques pas. Il voulait être le plus solennel possible, mais il ne connaissait rien de ce rôle de soutien aux proches d'un défunt. Il était mort de peur à l'idée de commettre une erreur qui éprouverait encore plus la famille en plein deuil.
— Vous êtes le lieutenant Estienne, je présume? Dit-elle.
— Oui madame, mes sincères condoléances.
— Vous pouvez m'appeler Isabelle, et voilà Jeremy. Jeremy dit bonjour!
Le jeune adolescent semblait intimidé par le militaire. Ce qui fit sourire intérieurement Antoine, se sachant encore plus intimidé devant les défunts.
– Lieutenant, Jeremy a douze ans, il est au collège et il … il veut être pilote plus tard. Comme son père. Je … il voulait vous voir, car vous étiez de ce vol. Dit-elle du bout des lèvres.
Il acquiesça de la tête et la mère lui fit signe de s'adresser directement à l'enfant. Antoine tenta alors de sublimer les derniers moments du commandant Blanchard. Quelqu'un qu'il connaissait à peine et qui était mort sans avoir réellement pu se battre. Un de ces malheureux, morts sans gloire, mais le devoir accompli.
— Jeremy, je m'appelle Antoine. Je suis pilote de chasse depuis peu. Et ... heu …
Antoine voyait bien que le jeune homme, qui l'écoutait attentivement, avait les larmes aux yeux. Il reprit alors son souffle et termina sa phrase.
— … Ton père était un grand pilote de chasse. Un chef d'escadrille. Près de ses hommes et toujours au top. On le regrette tous et …
C'était la parole de trop, il s'en mordit les lèvres au moment où le gosse fondit en larme dans les bras de sa mère. Il voulut rattraper l'affaire.
— … tu peux être fier de lui comme il était fier de toi et de ta maman qui t'aime. Tu dois … heu … toujours garder en tête …
Antoine affronta le regard résigné de la mère avant d'arrêter de parler. Il avait la terrible impression de n'avoir pas été à la hauteur. La mère le rassura sur ce point avant de le quitter.
— Merci lieutenant. Merci du fond du cœur. Et faites attention à vous! Faites bien attention à vous et vos proches. C'est quand ils ne sont plus là que l'on se rend compte combien on les aime. Allez viens Jeremy. On y va.
Les dernières personnes venues rendre hommage au défunt, dont le corps ne sera jamais retrouvé, s'en allèrent en même temps que la femme et son fils. Le temps s'était assombri. De larges nuages gris s'avançaient lentement au-dessus de la petite bourgade. L'Église était maintenant fermée alors qu'Antoine s'était assis sur le parvis, impassible, pendant plus de deux heures. Il avait gardé sa casquette entre ses mains, le regard vague et plein d'amertume. Un léger vent lui parcourait le sommet du crâne. Il ne trouva pas ça désagréable. D'ailleurs il fut étonné d'apprécier ce moment. Moment de calme à contempler la nature, vivante pour les nuages, morte pour le village endormi en ce milieu d'après-midi, un dimanche de printemps.
La pluie commença à faire son apparition, ce qui motiva le pilote à retourner à sa voiture de location, géolocalisée par la DGSE tout comme son téléphone portable. Arrivé à la portière, il se rendit compte qu'il n'avait pas pleuré, ni même eut envie de pleurer devant l'Eglise. Etait-il insensible comme une pierre? Ou était-ce juste l'absence de proximité avec le défunt et le déni que représentait sa mort? Il n'en savait rien. Il espéra alors ne plus jamais avoir à revivre cette situation. Pourtant il ne pouvait chasser dans son esprit l'idée qu'il était peut-être en guerre et que d'autres mourront bientôt devant ses yeux …
Quelque part dans Pégase
La reine était furieuse. Elle avait échappé de peu à la mort. Ce qui avait été un plan magnifique s'était transformé en pure débandade. Elle n'avait plus de planète, encore moins d'armée. Son meilleur élément, numéro 4, était probablement mort sur Terre. Au moins les croiseurs humains Dédale et Apollo devaient la croire morte. Ce qui lui redonnait une couverture plutôt importante. Mais que faire maintenant? Elle, la reine hybride, sans armée excepté une trentaine de wraiths disparates allant du soldat de base au chasseur, en passant par le wraith "humanisé" par le rétro virus. Non elle n'avait pas le choix. Son heure était finie, elle devait l'accepter.
Marchant au milieu des décombres d'un petit village que ses anciennes forces avaient rasé quelques jours plutôt, elle prit la décision de se suicider. Mettre fin à ses jours en ne laissant rien derrière elle. Elle sortit de son corset une petite fiole d'acide qu'elle s'apprêta à ingurgiter. Le liquide corrosif jaune verdâtre ne mettrait pas longtemps avant de lui dévorer les entrailles. Elle allait souffrir le martyr, mais elle était sûre que son métabolisme de régénération ne pourrait pas la sauver. Elle ouvrit la fiole et la plaça droit au-dessus de sa tête, prête à avaler d'une traite le maléfique poison.
Elle resta ainsi de longues secondes, à contempler le liquide mortel. Elle n'avait pas peur de mourir. Mais quelque chose l'empêchait de se tuer. En son for intérieur, elle savait très bien ce qui la perturbait. Elle laissait un être cher derrière elle. Un être bien plus important que toute son armée réunie.
Sa fille.
Dès lors que la reine comprit qu'elle avait encore un atout pour se venger des terriens, elle ne pouvait pas se résoudre à se tuer. Il lui fallait à tout prix la retrouver. Et amorcer sa terrible vengeance.
Elle reboucha la fiole et repartit près de son vaisseau, stationné quelques dizaines de mètres plus loin. Elle donna alors un ordre à ses troupes!
— Gardes, apportez moi l'espionne genï !
La suite dans le chapitre 1: Porgramme intensif sur Atlantis du tome II de Stargate: L'Odyssée de la Terre ...
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PS: les lecteurs du Tome I peuvent être étonnés de certains passages qui seraient contradictoires avec le tome I ou non mentionné avec dans le Tome I toujours. C'est du au fait que je n'ai pas terminé la ré-écriture du tome I. Mais rassurez vous, les différences ne sont pas importantes d'un point de vue du scénario. J'ai juste corrigé dans le tome II certaines incohérences que je n'ai pas encore modifiées dans le tome I. Rien de grave.
"Sais-tu que Flaubert voulait écrire un roman sur le néant? S'il t'avait connue, on aurait eu un grand livre. Quel dommage."
-Jep Gambardella, La Grande Bellezza