Opération Serval (11 janvier 2013 - ...)
L’opération Serval est une intervention militaire de l’armée française menée au Mali à partir du 11 janvier 2013, à la demande du gouvernement du Mali. Elle a pour objectif de soutenir les troupes maliennes cherchant à repousser une offensive des groupes armés islamistes qui ont pris le contrôle de l'Azawad, la partie nord du pays. Les buts de cette intervention tels qu'exprimés par le Président français François Hollande le 15 janvier 2013 sont de stopper l'avancée en direction de Bamako des forces jihadistes, sécuriser Bamako et permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale.CITATION
échelle :
——— (= 100km)
Forces en présence et pertes occasionnées, au 18/1/13 (tableau à dérouler)
I) Contexte
Depuis le 17 janvier 2012, un conflit armé oppose dans le nord du Mali l'armée malienne aux rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et au mouvement salafiste Ansar Dine, alliés à d'autres mouvements islamistes. Le MNLA revendique l'autodétermination et l'indépendance de l'Azawad qui correspond aux trois régions maliennes de Kidal, Tombouctou et Gao. Le gouvernement malien refuse ces revendications, défendant l'intégrité du territoire malien. Le mouvement Ansar Dine de l'ancien combattant touareg Iyad ag Ghali défend, lui, l'instauration d'une république islamique avec l'application de la charia.
Ce conflit s'inscrit dans une série de conflits généralement appelés « conflits touaregs », ou « rébellion touareg », bien que le MNLA démente tout caractère ethnique. Il engendre des conséquences néfastes pour les populations de ces régions dont une partie se réfugie dans les pays voisins (Mauritanie, Algérie, Niger et Burkina Faso), avec d'autres conséquences pour les habitants déjà confrontés à des difficultés alimentaires.
La branche sahélienne d'Al-Qaïda AQMI joue également un rôle important dans l'insurrection malienne. Leurs intérêts convergents amènent Ansar Dine à rencontrer ses principaux dirigeants en mai 2012 à Tombouctou. Cette alliance stratégique entre groupes islamistes parvient à repousser les rebelles touaregs et leur octroie le contrôle des principales villes de l'Azawad, où la loi islamique est instaurée.
II) Chronologie
Chute de Konna et appel du président malien (10 janvier)
J-1
Le 10 janvier 2013, après plusieurs mois de combats, la situation militaire se dégrade rapidement pour l'armée malienne. Les insurgés prennent la ville de Konna. Ils se dirigent vers Mopti, dernier verrou avant la capitale, Bamako. Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, déclare l'état d'urgence dans le pays et fait appel au président français, François Hollande, réclamant une aide militaire immédiate de la part de la France afin de mettre en échec l'offensive jihadiste.
Décision d'intervention de la France (11 janvier)
J+0
Dès le 11 janvier 2013, François Hollande évoque la question lors de ses vœux au corps diplomatique et décide que la France répondra, aux côtés de ses partenaires africains, à la demande des autorités maliennes, dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et se déclare prêt à aider l'arrêt de l’offensive des terroristes si elle devait se poursuivre. Jusqu'alors, il était question de déployer une force d’intervention armée par les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) afin d’aider l’armée malienne à chasser les groupes jihadistes au Nord-Mali, avec l'appui de l’Union européenne qui devait mettre en place la Mission de formation de l'Union européenne au Mali au profit des troupes maliennes.
Cependant, face à la prise de Konna par les groupes jihadistes ainsi que leur poussée rapide vers le sud, le président français décide dès l'après-midi du 11 janvier de l'engagement des forces armées françaises en appui de l'armée malienne dans le cadre de l'opération Serval, qui « durera le temps nécessaire ». L'opération a officiellement pour but de mettre un coup d’arrêt brutal à l’avancée des groupes jihadistes vers le Sud du Mali et d’assurer la sécurité des 5 000 ressortissants français présents dans le pays.
Le 15 janvier, en marge d'une visite aux Émirats arabes unis, François Hollande a indiqué les « trois buts » de l'opération : stopper l'avancée en direction de Bamako des forces djihaistes, « sécuriser Bamako, où nous avons plusieurs milliers de ressortissants » et « permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale » en appuyant la mission confiée aux forces de la Cédéao, tout en soulignant que la France n'a pas vocation à rester au Mali.
Frappes aériennes des 12 et 13 janvier
J+1 et 2
Le 12 janvier 2013, le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, annonce lors d'une conférence de presse que l'armée de l'air a mené des frappes aériennes sur plusieurs objectifs qui ont permis de détruire des véhicules, ainsi qu’un poste de commandement et des moyens terroristes abrités dans des hangars de la région de Konna. Il dévoile également que des moyens de l'aviation de chasse de métropole, en particulier des Rafale, sont placés en alerte. Les attaques initiales ont été guidées par un patrouilleur maritime Atlantique 2, venu du Sénégal, ainsi que par des moyens satellites.
Le même jour, François Hollande déclare à l'issue d'un Conseil restreint de défense réuni au palais de l'Élysée qu'un « coup d’arrêt a été porté et de lourdes pertes ont été infligées à nos adversaires » tout en soulignant que la mission des forces armées françaises n'est « pas achevée » et que celle-ci se poursuivra conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Le 13 janvier 2013, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, déclare que la progression des groupes islamistes vers le sud est stoppée et que la France a commencé à « s'occuper des bases arrières des terroristes ». De son côté, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian annonce que des raids aériens français sont conduits en permanence dans le Nord du pays et assure que l'engagement français dans le cadre de l'opération Serval a empêché les islamistes de s'emparer de la capitale malienne.
Mouvements au sol à partir du 14 janvier
J+3
Batailles de Konna et de Diabaly.
À partir du 14 janvier, les combats s'engagent pour la possession des villes de Diabaly et de Konna, qui verrouille la route conduisant à Bamako. Des forces djihadistes s'emparent de Diabaly le 14 janvier après des combats avec l'armée malienne. En réplique, des frappes aériennes françaises sont effectuées dans cette zone dans la nuit du 14 au 15.
Jean-Yves Le Drian annonce le mardi 15 janvier 2013 une augmentation progressive, de 750 à 2 500, du nombre de militaires français engagés sur le théâtre malien. Le même jour, la France engage au sol un premier contingent de soldats français déployés à Bamako aux côtés des forces armées maliennes qui fait route mardi en fin d'après-midi vers Diabaly.
Dans le même temps, une trentaine de véhicules blindés français quittent l'aéroport de Bamako, se dirigeant vers Markala, à une trentaine de kilomètres au nord-est de Ségou. La mission des troupes françaises envoyées à Markala est de protéger un pont construit sur le fleuve Niger et d’en empêcher l’accès aux combattants islamistes, lesquels se trouvent à 80 km de là. Dans la soirée du 15 janvier, des habitants de Gao rapportent que les télécommunications y ont été coupées.
Le 18 janvier, l'armée malienne publie un communiqué précisant « nous avons repris le contrôle total de la localité de Konna, après avoir fait subir de lourdes pertes à l'ennemi ». L'information a été confirmée à Paris par le ministère de la défense. Le sort de la ville de Diabaly reste incertain.
Le 18 janvier 2013, avec 1 800 militaires au sol selon le ministère de la défense, l'opération Serval devient la première opération extérieure de l'armée française en termes d'effectifs engagés, devant son engagement en Afghanistan.
Prise d'otages en Algérie (16 janvier)
J+5
Au matin du 16 janvier 2013, un groupe islamiste prend en otage plus de 700 personnes essentiellement algériennes dont une quarantaine d'Occidentaux de nationalité norvégienne, japonaise, française, américaine et britannique travaillant sur une plateforme gazière co-exploitée par BP, Statoil et Sonatrach à In Amenas, dans le Nord-Est de l'Algérie, proche de la frontière lybienne. Selon Alger, deux personnes – un Britannique et un Algérien – ont été tuées dans l'opération. Le ministère des Affaires étrangères algérien évoque aussi six blessés – deux étrangers, deux gendarmes et deux agents de sécurité. Les ravisseurs, au nombre d'une trentaine, se revendiquent de la katiba de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, récemment destitué d'Al-Qaida au Maghreb islamique, baptisée brigade Al-Mouthalimin. Ils réclament, entre autres, « l'arrêt de l'agression au Mali » et menacent de faire exploser le site si les forces armées algériennes qui encerclent la plateforme ne se retirent pas.
Le 17 janvier dans l'après-midi, l'Armée algérienne a lancé l'assaut sur la plateforme gazière. Le 18 janvier, les services de sécurité algérien publie un nouveau bilan : 573 Algériens et près de 100 des 132 otages étrangers auraient été libérés. Le site n'est pas entièrement sécurisé et les combats se poursuivent.
III) Les forces islamistes en présence
Combattants islamistes au Nord-Mali en 2012.
Les groupes islamistes sur le terrain au Mali sont estimés, selon les sources, de 2 000 à 5 000 hommes environ. Les services algériens estiment, eux, le nombre de combattants islamistes aguerris entre 1 500 et 2 000, entourés de divers groupes criminels et de mercenaires attirés par l'appât du gain. Par ailleurs, selon le New York Times, trois des quatre unités d'élite maliennes à commandement touareg formées par les États-Unis dans les années 2000 sont passées dans le camp des rebelles lors du conflit de 2012.
Les djihadistes disposent, pour l'essentiel, d’armes d'infanterie provenant des arsenaux libyens ou achetées à des trafiquants d'armes grâce aux revenus tirés de trafics divers (drogue, êtres humains etc.) et des rançons d'otages : fusils d'assaut AK-47, fusils de précision Dragunov, mitrailleuses légères de 7,62 mm, mitrailleuses lourdes de 12,7 mm et 14,5 mm ou encore lance-roquettes RPG-7.
En mars 2011, Idriss Déby affirme qu'AQMI possède des missiles sol-air et RFI fait état de sources d'informations indiquant la possession par AQMI de SA-7. Cette possession de SA-7 reste évoquée par la presse française dans le contexte de l'opération Serval, mais avec des doutes sur les compétences des djihadistes pour en assurer la maintenance et l'utilisation. Ils possèderaient également quelques missiles antichar français Milan, qu'ils se seraient procurés dans les arsenaux libyens.
Les djihadistes possèdent des pick-ups équipés de canons coupés de calibre 23 mm et d'une portée de plus d'un kilomètre. Ils possèdent des « grandes roquettes russes » transportables en pick-up et des canons de 107 mm.
IV) Les réactions tous azimuts
— En France
La France déclenche l'opération Serval alors que le président François Hollande avait affirmé le 11 octobre 2012 « On peut donner un appui matériel, on peut former, mais la France n'interviendra pas », il ajoutait lors d'un entretien donné à des journalistes de France 24, RFI et TV5 Monde, « il n’y aura pas d’hommes au sol, pas de troupes françaises engagées ».
Ce renversement politique reçoit un soutien quasi unanime de la classe politique et de l'opinion française. En contraste, il convient de noter les prises de position réservées de Dominique de Villepin et Valery Giscard d'Estaing à droite, et de Noël Mamère et Jean-Luc Mélenchon à gauche. Dominique de Villepin estime qu'« aucune des conditions de la réussite n'est réunie ». Valéry Giscard d'Estaing, tout en approuvant l'arrêt de l'avancée vers Bamako des forces djihadistes, met en garde contre des frappes aériennes qui toucheraient les populations civiles et contre ce qu'il appelle « une évolution (...) de type néo-colonialiste ». Le 16 janvier, Alain Juppé émet des doutes sur la pertinence d'une opération au sol.
Pour renforcer la surveillance du territoire face aux menaces terroristes, le plan Vigipirate, déjà au stade rouge de par le passé, est « renforcé ». Le premier ministre informe le Parlement le 16 janvier du déroulement des opérations.
— Au Mali
En septembre 2012, un porte-parole de l'ex-junte déclarait « Nous ne voulons pas de soldats de la Cédéao sur notre sol », tout en accueillant favorablement l'envoi de formateurs et d'appui logistique notamment aérien, puis en décembre 2012, il est rapporté qu'Amadou Sanogo a déclaré à la télévision publique ne pas être « opposé » au déploiement d'une force internationale dans le nord du Mali.
Le 13 janvier 2013, en réaction à l'opération Serval, Amadou Sanogo déclare que la France a joué « un rôle capital » aux côtés de l'armée malienne.
—De l'organisation internationale
Dès ses débuts, l'opération Serval fait l'objet d'un soutien global de la communauté internationale. La majorité des États membres des Nations unies ainsi que les principales organisations régionales ont fait part de leur soutien diplomatique tandis que plusieurs pays occidentaux proposent un appui militaire à l'opération française.
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(source Wikipédia pour la page de présentation)