5 DÉCEMBRE 2013 - ...
[/font]
L’opération Sangaris est le nom d'une opération militaire de l’armée française conduite en République centrafricaine à partir du 5 décembre 2013.
Le nom de l'opération fait référence au papillon africain Cymothoe sangaris car l'intervention doit rester courte.
CITATION Contexte
A la suite de la victoire militaire de Michel Djotodia sur François Bozizé en mars 2013 à l'issue de la deuxième guerre civile de Centrafrique, la stabilité n'est pas revenue dans le pays. Les combats entre milices d'autodéfense (parfois appelées anti-balakas, « antimachettes ») et forces armées centrafricaines se multiplient à partir d'octobre 2013 et l’État ne semble plus en mesure de faire régner l'ordre5. La force multinationale de l'Afrique centrale déployée par la Communauté économique des États de l'Afrique centrale pour aider à sécuriser la région est dépassée.
Le 5 décembre 2013, par la résolution 2127, le conseil de sécurité des Nations unies autorise le « déploiement de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) pour une période de 12 mois » officiellement pour mettre fin à la « faillite totale de l'ordre public, l'absence de l'état de droit et les tensions interconfessionnelles »7. La MISCA est appuyée par des forces françaises autorisées à prendre « toutes les mesures nécessaires ».
Chronologie
=> Préparation
Dès le 24 novembre 2013, la France projette à l'aéroport international de Bangui une trentaine de militaires du 25e régiment du génie de l'air présent à Libreville ainsi qu'une vingtaine d’engins de travaux lourds, acheminés par Antonov An-1248. Complété par d'autres éléments en provenance de la base aérienne 125 Istres-Le Tubé, ce module « a pour mission d’aménager les plateformes de l’aéroport M’Poko de Bangui, afin qu’elles soient en capacité d’accueillir, le renforcement probable du dispositif souhaité par le Président de la République et la communauté internationale » selon le ministère de la Défense français8. Les aménagements effectués par le génie de l'air comprennent notamment la remise à niveau de la zone aéronautique de l'aéroport, la création de plateformes logistiques, ainsi que l’extension de la zone « vie ».
Le 28 novembre 2013, le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude, escorté par l'aviso Commandant L'Herminier, accoste dans le port de Douala au Cameroun. Le BPC accueille, en plus de deux hélicoptères Gazelle, un détachement de 350 militaires de la 11e brigade parachutiste de l’armée de terre. À partir du 1er décembre, les éléments de la réserve opérationnelle embarquée sur ce bâtiment entament les opérations de débarquement. Les véhicules tactiques de cette force, essentiellement des véhicules blindés de combat de type VAB et VBL, ainsi que des camions logistiques sont débarqués et rassemblés dans une zone de regroupement et d’attente (ZRA) dans le port autonome de Douala.
Le 30 novembre 2013, un détachement composé d’un peu plus de 200 militaires spécialistes des transmissions, du matériel et du service des essences des armées arrive à Bangui à bord d'un Airbus A340 de l'escadron de transport 3/60 Estérel. Dans les jours qui suivent, une dizaine de rotations d’Antonov An-124 acheminent le matériel logistique et de soutien nécessaire à l’installation d’un tel renforcement. Selon l'état-major des armées, « ce déploiement a été réalisé au titre des mesures conservatoires et préparatoires à un éventuel renforcement du dispositif à Bangui, comme l’a souhaité le président de la République ».
Le dispositif militaire français déployé à Bangui s’établit, le 5 décembre 2013, à plus de 600 militaires dont 240 au titre du détachement permanent de l’opération Boali. Deux compagnies du 8e RPIMa ainsi que plusieurs éléments du 2e RIMa, 3e RIMa, 6e BIMa et 1er RHP sont déjà sur place. Par ailleurs, le 25e Régiment du Génie de l'Air (25e RGA) sera la première unité de génie à être déployée sur place. Une autre unité issue du 1er RCP, partie le 6 décembre est déjà présente sur place.
L’opération Boali vise à apporter un soutien logistique, administratif, technique et opérationnel à la Mission de consolidation de la paix en République centrafricaine (MICOPAX), qui doit devenir la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) le 19 décembre 2013. Si la situation l’exige, la force est également en mesure d’assurer la protection des ressortissants français. Parallèlement, la présence des militaires français à Bangui permet de maintenir en activité l'aéroport international de Bangui, seule voie d’accès internationale à la République centrafricaine.
=> Lancement de l'opération Sangaris (du 5 au 8 décembre 2013)
À la suite de l'adoption à l'unanimité de la résolution 2127 du Conseil de sécurité des Nations unies, Sangaris commence officiellement dans la nuit du 5 au 6 décembre avec l'arrivée à Bangui du général Francisco Soriano qui commande l'opération.
Dans la journée du 5 décembre 2013, alors qu’elles sécurisaient l’accès à l’aéroport de M’Poko sur lequel se sont réfugiés près de 2 000 Centrafricains pour fuir les combats, les forces françaises ont été prises à partie à trois reprises par un pick-up armé. Selon le ministère de la défense française, au troisième tir, les militaires français ont riposté détruisant le véhicule. Cette prise à partie n’a fait aucun blessé du côté des militaires français, ni des civils venus chercher leur protection.
24 heures après le lancement de l'opération Sangaris, l'effectif français est doublé en Centrafrique, atteignant un volume de 1 200 militaires. Le 7 décembre 2013, l'armée française sécurise difficilement la capitale Bangui car des affrontements sporadiques ont encore lieu. De plus, une opération terrestre depuis le Cameroun a permis à l'armée française de venir sécuriser la ville de Bouar avant de pénétrer dans Bossangoa.
À la clôture du sommet paix et sécurité en Afrique à Paris, François Hollande annonce le déploiement « aussi longtemps que nécessaire » de 1 600 soldats et que la mission des soldats français est de « désarmer toutes les milices et groupes armés qui terrorisent les populations ». Enfin il confirme que l’intervention française sera « rapide, efficace » et devra permettre de « retrouver la stabilité, et permettre le moment venu des élections libres et pluralistes ». À l'issue du sommet, l'Union africaine décide de porter la force de la MISCA à 6 000 hommes.
Le 6 décembre 2013, la force Épervier, basée au Tchad, a mis à disposition un C130 Hercules, un CN 235 CASA et leurs équipages, pour assurer un pont aérien entre Libreville, au Gabon, et Bangui, en Centrafrique, dans le cadre du renforcement de la force Sangaris.
À partir du 6 décembre, les soldats français multiplient les patrouilles motorisées ou à pied dans Bangui afin de sécuriser les points d’intérêts français. Certaines sont réalisées conjointement avec les militaires de la FOMAC, appelée à devenir la MISCA17. Dans la nuit du 6 au 7 décembre, l’escadron d’aide à l’engagement (EAE) débarqué du BPC Dixmude franchit la frontière centrafricaine. Dans le même temps, des éléments déployés en dehors de la capitale entament une mission de reconnaissance des axes menant vers le Nord. Ce détachement d'une centaine de militaires atteint la ville de Bossangoa sans rencontrer de résistance mais constate un nombre important de réfugiés18. Des patrouilles de Rafale en provenance de Ndjamena conduisent par ailleurs des démonstrations de force à basse altitude au-dessus de Bangui et Bossangoa destinées à signifier la présence des forces françaises et faire cesser les combats.
La force Sangaris est renforcée à partir du 7 décembre par la projection de moyens aéromobiles d’attaque et de manœuvre. Deux hélicoptères Gazelle et quatre hélicoptères Puma sont engagés. Ces derniers sont renforcés par l'arrivée par Antonov An-124 de deux Fennec de l'armée de l'air, en provenance des bases aériennes de Villacoublay et Orange.
Le 8 décembre, l'état-major français annonce que l'axe Bouar-Bossembélé a été ouvert sans que la force ne soit freinée par aucune résistance.
=> Désarmement des groupes armés (à partir du 9 décembre)
Le 8 décembre 2013, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, annonce que les opérations de désarmement des groupes armés commenceront dès le lendemain, lundi 9 décembre. Ce dernier rappelle les trois objectifs de l'intervention française en Centrafrique : « instaurer un minimum de sécurité et permettre l'acheminement de l'aide humanitaire, permettre à la mission africaine d'intervenir et mettre en place un processus démocratique ».
Dans la nuit du 9 au 10 décembre, un accrochage proche de l'aéroport international de Bangui entre les forces françaises et des hommes armés entraîne la mort deux soldats français du 8e RPIMa20. Selon un communiqué du ministre de la Défense français, une section de la force Sangaris a été prise à partie, peu avant minuit, à très courte distance par des individus munis d’armes légères d’infanterie, au cours d’une patrouille menée à Bangui. Les militaires français ont immédiatement riposté. Durant l’échange de tirs, les premières classes Nicolas Vokaer et Antoine Le Quinio ont été grièvement blessés. Ils ont immédiatement été pris en charge par leurs camarades avant d’être évacués vers l’antenne chirurgicale avancée sur l’aéroport de M’Poko, où ils sont décédés des suites de leurs blessures.
Soutien Logistique
Avant de lancer l'opération, le ministère français de la Défense avait approché plusieurs alliés européens ainsi que les Américains - selon le site Bruxelles2 - demandant du soutien logistique aérien (transport stratégique longue distance ou tactique courte distance). Très vite les Britanniques annoncent leur soutien à l'opération française par la mise à disposition de rotations d'avions C-17. L'Allemagne suit en promettant la mise à disposition d'un avion de transport médicalisé. Et la Belgique a décidé le 13 décembre 2013, l'envoi d'un Airbus A-330 et la mise à disposition sur place d'un avion de transport tactique Hercules C-130. D'autres pays ont également été approchés : l'Espagne et la Pologne ainsi que les Pays-Bas.
Réactions internationales
Les médias et les opinions publiques sont partagées. Ainsi, le quotidien algérien Liberté dénonce le retour de la Françafrique et affirme que l'intervention est perçue « en Afrique et ailleurs comme une manœuvre de la France pour s'affirmer sur la scène mondiale ». Le quotidien britannique The Times juge à l'inverse que par sa « volonté d’intervenir et d'empêcher une catastrophe humanitaire », la France est admirable. Pour le journal burkinabé L'Observateur paalga, la France est accusée de « néocolonialisme et d'impérialisme » quand elle intervient et de « non-assistance à peuple en danger » lorsqu'elle reste neutre, mais c'est à cause du manque d'implications des États de la région qu'elle peut ou doit jouer au « gendarme de l'Afrique ».
DOCUMENTS ANNEXES :
CITATION Comprendre la géographie du pays
source : Le Fg
CITATION Comprendre les moyens militaires déployés
source : Le Parisien