Quetzalcóatl

Quetzalcóatl
Mythologie
Aztèque
Nom
Quetzalcóatl
Autres noms
Serpent à plumes, Ehecatl-Quetzalcóatl, Quetzalcòatlus
Fonctions
Dieu de la sagesse et de l'intelligence
Fonctions secondaires
Dieu de la végétation et du vent
Résidence
Ilhuicatl-Teteocan
Région de culte
Empire aztèque
Animal
Quetzal
Attribut(s)
Épi de maïs, poisson, lézard et vautour

Présentation

Quetzalcóatl, dont le nom signifie littéralement « quetzal-serpent », c'est-à-dire « serpent à plumes de quetzal », en nahuatl, est une divinité majeure du panthéon aztèque, aux origines archaïques. En tant que l'un des quatre dieux créateurs, il joua un rôle déterminant dans le mythe des cinq Soleils.

Fils du Soleil et de Coatlicue, une des cinq déesses de la lune, Quetzalcóatl (ou Quetzalcòatlus) est le dieu de la végétation et du vent. Il revêtait aussi de nombreuses formes, les plus célèbres à l'époque postclassique étant le dieu du vent Ehecatl, ou Ehecatl-Quetzalcóatl, (le dieu bienveillant du savoir, des artisans et des jumeaux).

Comme son nom l'indique, il est généralement représenté sous la forme d'un grand serpent pourvu d'ailes et couvert de plumes et représente l'arc-en-ciel qui unit la terre et le ciel après un orage. Ses attributs représentent chacun un élément, et sont un épi de maïs (la terre), un poisson (l'eau), un lézard (le feu) et un vautour (l'air).

Sous son apparence humaine, il est représenté comme un homme barbu portant un chapeau en forme de cône, un masque duquel sortent deux tuyaux en avant, un pendentif à chaque oreille et un pectoral (un bijou porté sur le thorax) nommé le joyau du vent.

Dieu bienfaisant, Quetzalcóatl créa l'humanité en arrosant de sang de vieux ossements qu'il alla chercher dans le Mictlan, le monde souterrain séjour des défunts, avec Xolotl, son frère jumeau. Il apporta beaucoup à l'humanité, en lui enseignant la culture du maïs, les arts, la sculpture, l'écriture, compter le temps avec un calendrier ainsi que le mouvement des étoiles.

Ainsi, il protège les étudiants à qui il transmet son savoir et il est à la base de la civilisation. Il donna également le cacaoyer aux hommes en le volant au fils du Soleil pour qu'ils puissent se consoler de leurs malheurs. Avec les graines de cacao, les hommes purent ainsi fabriquer la boisson des dieux, l'ancêtre du chocolat.

Le serpent à plumes couleur de jade était Dieu du vent, messager divin et coureur de grands chemins. Quetzalcóatl représente la force de la vie et c'est sous la forme d'une fourmi noire qu'il vola le maïs aux fourmis rouges pour le donner à l'humanité. Il représente également la possibilité de transcender le monde matériel.

Seigneur "de la maison de l'Aurore" et "dieu-roi " des Toltèques, sa capitale se trouve à Tula, sur la frontière orientale du plateau mexicain. On peut aussi l'assimiler à un souverain toltèque ayant vécu à peu près à la même époque que le Christ.

Il est présenté dans les mythes comme un législateur de grande sainteté, refusant d'offenser aucun être humain en dépit des tentatives des démons pour lui faire célébrer des sacrifices et comme un héros culturel qui introduisit l'usage du maïs et institua les arts des Toltèques.

À l'instar d'autres dieux, il refuse que l'on réalise des sacrifices en son honneur ; on lui offre des fleurs, de l'encens, du tabac et sur les douze fêtes annuelles aucune ne lui ait consacrée. Il est vénéré dans un temple arrondi dans Mexico et à Cholula où son sanctuaire se trouve au sommet de la plus grande pyramide du monde.

À noter que son nom est une combinaison symbolique du Quetzal « oiseau des forêts guatémaltèques » , et d'un serpent aquatique (le temps).

Histoire

Le culte de Quetzalcóatl semble originaire de Teotihuacán. En effet, un roi-prêtre toltèque de la période post-classique était appelé Quetzalcóatl, il s'agit peut-être du même individu connu sous le nom de Kukulkán et qui aurait envahi le Yucatán à la même période. Les Mixtèques eurent aussi un chef nommé le serpent à plumes. Au Xème siècle, un chef étroitement associé à Quetzalcóatl, appelé Topiltzin Quetzalcóatl, régnait sur les Toltèques. On prétendait qu'il était le fils de Mixcoatl (un légendaire guerrier chichimèque divinisé) et de Chimalma (déesse de Culhuacan), ou un autre de leurs descendants.

Selon les Annales de Cuauhtitlan, Quetzalcóatl, souverain de Tula, la capitale des Toltèques, apporte la prospérité et la paix durant son règne. Mais celui-ci prit fin lorsqu'il fut séduit par Tezcatlipoca, le dieu de la guerre et de la mort qui se présenta à lui pour lui faire découvrir l'ivresse que procure le pulque, une boisson à partir de la sève d'agave. Jaloux de son rival, Tezcatlipoca enivra Quetzalcóatl et l'amena à rompre son vœu de chasteté. De plus, tandis que Quetzalcóatl demandait à ses sujets de faire des sacrifices pacifiques (offrande de jade, d'oiseaux, de serpents, de papillons), Tezcatlipoca voulait imposer des rituels plus sanglants.

Sculpture en bas-relief représentant le dieu Quetzalcoatl, Temple du serpent à plumes de Xochicalco, au Mexique

Victime de la méchanceté de Tezcatlipoca, Quetzalcóatl perdit le pouvoir et Tula perdit sa prospérité. Il s'exila avec son peuple vers le golfe du Mexique à l'Est en 987 ap. J.-C. Il parvint au bord de la mer, et jeûna quatre jours avant de revêtir ses plus beaux habits. Il dressa ensuite un bûcher qu'il alluma et dans lequel il s'immola par remords. Des flammes jaillirent des oiseaux et le cœur de Quetzalcóatl, qui s'était échappé des cendres, s'éleva dans les cieux et devint la planète Vénus. Il fut souvent appelé après cela le seigneur de l'aube ou l'étoile du matin, sous le nom de Tlahuizcalpantecuhtli étant la première étoile à apparaître dans le ciel chaque jour.

Dans une autre version, Quetzalcóatl s'embarqua sur un radeau de serpents et disparut à l'horizon vers l'est. On racontait qu'il reviendrait un jour. Cette prophétie fut exploitée ensuite par Cortès qui, lorsqu'il toucha le sol mexicain en 1519, fut pris par l'empereur aztèque Moctezuma pour Quetzalcóatl venant reprendre possession de son royaume.

Cependant, si Quetzalcóatl et Tezcatlipoca sont parfois ennemis, ils sont alliés à d'autres occasions. C'est le cas dans le mythe de la création de la terre, que nous connaissons par l'Histoire du Méchique. Ayant transporté la déesse de la terre, redoutable créature « qui était à toutes les jointures pleine d'yeux et de bouches avec lesquelles elle mordait comme une bête sauvage », depuis les cieux « jusqu'en bas », où il n'y avait que de l'eau, les deux dieux se transformèrent en deux grands serpents. Ils saisirent la déesse et la déchirèrent en deux. De la première moitié ils firent la terre et l'autre, ils l'emportèrent au ciel, provoquant l'irritation des autres dieux.

Ainsi, pour dédommager la déesse, ils veillèrent à ce que sorte d'elle tout ce qui était nécessaire aux hommes : de ses cheveux les arbres, les fleurs et les herbes, de sa peau l'herbe menue et les petites fleurs, de ses yeux les fontaines les puits et les petites grottes, de ses bouches les rivières et les grandes grottes, de son nez et de ses épaules les vallées et les montagnes. Ce mythe se termine par une explication de l'origine du sacrifice humain : lorsque la déesse pleure et qu'elle ne veut pas dispenser aux hommes ses fruits, seul le sang humain peut l'apaiser.

Plus tard, les Aztèques intégrèrent Quetzalcóatl et le vénérèrent comme patron des prêtres, inventeur du calendrier et protecteur des artisans. Il devint l'un des protagonistes du mythe de la création des hommes, tel que rapporté de façon fort détaillée dans La Leyenda de los Soles qui fait partie du Codex Chimalpopoca. Dans ce mythe, les dieux s'étant concertés, ils décidèrent d'envoyer Quetzalcóatl dans l'Inframonde, appelé Mictlan récupérer les os des humains des créations précédentes. Quetzalcóatl se présenta devant Mictlantecuhtli et lui demanda les « os précieux » pour « faire avec eux ceux qui habiteront sur la terre ».

Figure de pierre de Quetzalcoatl (British Museum) / Représentation de Quetzalcoatl, Dieu du Vent (Codex Borgia).

Mictlantecuhtli acquiesça à condition que Quetzalcóatl se soumette à une épreuve : il devait souffler dans une conque sans trous. Quetzalcóatl fit appel à des vers qui percèrent des trous dans la conque et à des abeilles qui la firent sonner. Mictlantecuhtli dit à Quetzalcóatl de prendre les os puis se ravisa. Quetzalcóatl s'étant enfui, Mictlantecuhtli ordonna à ses serviteurs d'aller creuser un trou dans lequel Quetzalcóatl tomba. Les os se brisèrent, mais Quetzalcóatl les ramassa et les ramena à Tamoanchan, où ils furent moulus. Quetzalcóatl fit ensuite couler sur eux le sang de son sexe. Les autres dieux présents firent de même et de cette « pénitence » naquirent « les serviteurs des dieux », c'est-à-dire l'humanité actuelle.

Dans une autre version, Quetzalcóatl pénétra dans l'Inframonde avec son jumeau, le dieu à tête de chien Xolotl où il trouva les ossements d'un homme et d'une femme morts lors des quatre cataclysmes cosmiques. Il s'empara des ossements brisés et fuit la colère du seigneur du royaume des Morts. Il arriva ensuite devant la déesse du Foyer Cihuacoatl (Femme Serpent) qui broya les os. Quetzalcóatl les arrosa du sang de son pénis et c'est ainsi que l'humanité fut créée une nouvelle fois.

Également à travers La Leyenda de los Soles, Quetzalcóatl est également un protagoniste du mythe qui raconte l'acquisition de la nourriture destinée aux hommes. Ce mythe rapporte que les dieux se demandèrent ce que mangeraient les hommes qu'ils venaient de créer. Quetzalcóatl, qui avait vu une fourmi rouge transporter du maïs, chercha à savoir d'où il provenait. La fourmi ne voulut d'abord pas répondre, puis finit par l'emmener à l'intérieur du mont Tonacatepetl. Quetzalcóatl, qui s'était métamorphosé en fourmi noire, en ramena le maïs. Les dieux, après l'avoir mâché, en nourrirent les premiers humains.

Culte du dieu Quetzalcóatl

Quetzalcóatl se retrouve fréquemment dans la religion et l'art mésoaméricains pendant près de 2 000 ans jusqu'à la conquête espagnole de l'empire aztèque en 1521, notamment chez les Mixtèques (qui le connaissent sous le nom de « Neuf Vent »), les Aztèques, les Mayas et surtout les Toltèques. La vénération de Quetzalcóatl incluait parfois des sacrifices humains, bien que certaines traditions affirment qu'il était opposé à ces pratiques.

Buste de Quetzalcóatl (extérieur du temple du serpent à plumes à Teotihuacan)

Ensuite, il existait une pratique assez répandue, commune au culte des autres divinités, celle de l'autosacrifice. Consistant en une saignée rituelle plus ou moins douloureuse exercée sur soi et parfois sur des prisonniers, cet acte, extrêmement codifié, était fréquent dans les sociétés précolombiennes ; cette pratique s'identifiait aux différentes formes de la mortification rituelle dans les religions où la notion d'expiation du mal est présente.

Représentations de Quetzalcóatl

L'incarnation principale de Quetzalcóatl était celle du serpent à plumes - un serpent à sonnettes recouvert de magnifiques plumes vertes de quetzal. Sous sa forme humaine, il portait un masque à bec d'oiseau avec des lèvres soufflant le vent, ou bien sa tête était un crâne, l'os de la renaissance. Sa peau était pâle.

Sa représentation était revêtue d'une carapace de forme hélicoïdale en guise de plastron (symbole de trombe), d'un chapeau en forme de cône tronqué recouvert d'une peau de jaguar (représentant l'enchanteur), de boucles d'oreilles en coquillage (symboles de son voyage dans les enfers océaniques), d'un pagne à la pointe arrondie (symbole de fertilité) et enfin d'un masque d'oiseau (symbolisant l'air).

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