Thot

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Thot
Mythologie
Égyptienne
Nom
Thot
Autres noms
Thoout, Tot, Tehut, Theut, Djehouti, Thehuti, Djehouty, Dyehuty, Jehuti, Tahuti, Zehuti, Techu, Tetu
Fonctions principales
Dieu de l'écriture, du savoir et des sciences, de la parole créatrice et de la sagesse
Fonctions secondaires
Dieu lunaire de la magie et des magiciens
Région de culte
Égypte antique
Temple(s)
Hermopolis Magna, Hermopolis Parva, Héliopolis, Memphis, Thèbes
Attribut(s)
La palette de scribe, le calame, la clepsydre et le rouleau de papyrus
Animaux associés
L'ibis et le babouin

Présentation

Thot, désigné également sous les noms de Thoth, Tot, Tehut ou Theut, est le dieu de l'écriture, du savoir et des sciences, de la parole créatrice, des mathématiques, de la géométrie et de toutes les mesures. Scribe des dieux au savoir illimité, il est l'inventeur de l'écriture et du langage, la « langue d'Atoum », mais aussi l'incarnation de l'intelligence et de la parole. En somme, tout ce que l'Homme compte de connaissances lui vient de Thot.

Particulièrement vénéré à Khemenou (Hermopolis Magna) en Moyenne-Égypte, où avec le temps il devint le dieu de la sagesse, Thot est également un dieu lunaire et l'artisan de sa reconstruction. En tant que responsable de la lune, il est celui qui remplace Ra, le soleil, lorsque celui-ci est absent. Il est aussi le responsable du temps, celui qui dispense les années éternelles aux défunts et permit à Nout d'accoucher en rajoutant cinq jours à l'année.

En sa qualité de dieu lunaire, il est le reflet nocturne de Ra dont il devient alors le « héraut dans le ciel ». À Hermopolis Magma où il est également démiurge, et ce fut par sa seule intelligence qu'il créa le monde. Ainsi l'univers s'ordonne-t-il parfaitement, car Thot, le dieu sage, est aussi « celui qui calcule toute chose ». On pense qu'à Hermopolis Parva (ou Per-Djehouti), capitale du 3ème nome de Basse-Égypte, il apparut dès la période prédynastique (vers -3500 à -3150 avant J.C.).

Si la plus grande qualité de Thot fut d'avoir été intelligent, sa plus grande vertu fut sans doute d'avoir été de tout temps sage et compétent. Son origine très ancienne remonte au récit qui le fit naître du crâne de Seth. Pourtant, Thot ne présente curieusement aucun des mauvais côtés du terrible dieu. Thot ne manigance pas à son profit et œuvre au contraire sans cesse à la permanence du monde voulu par Ra.

Alors que Thot est un nom tiré du grec ancien, son nom égyptien est Djehouti (ou Thehuti, Djehouty ou encore Dyehuty), que l'on traduit par « celui de Djehout ». Il reçut les surnoms de « maître de la régulation de la crue et des eaux », le « taureau des étoiles » pour représenter les facultés mentales de Ra, et « argent d'Aton » à la Basse Époque (656-332).

Également dieu de la magie et des magiciens, de la guérison, Thot connaît les formules magiques auxquelles les dieux ne peuvent résister. Selon la légende, celui qui était capable de déchiffrer les formules magiques du livre de Thot pouvait espérer surpasser même les dieux. Dans l'au-delà, Thot introduisait le défunt dans la salle du jugement et le menait jusqu'à Osiris.

Thot était généralement représenté sous une forme humaine avec une tête d'ibis, portant une couronne faite d'un croissant de lune. Il pouvait aussi apparaître comme un ibis ou un babouin, animaux qui lui étaient consacrés. Cette double représentation animale donne à penser que le dieu de l'âge historique provient peut-être de la fusion, à une époque plus reculée, de deux divinités lunaires figurées l'une par un oiseau et l'autre par un singe.

Les textes lui donnent souvent, pour compagne, Maât, la déesse de la vérité et de la justice, mais dans aucun temple on ne les trouve assemblés ; en revanche, on lui connaît deux épouses, Seshat et Nehemètâouay, « celle qui arrache le mal », qui forment avec lui, à Hermopolis, deux triades dont les dieux fils sont Hornoub pour la première et Nefer Hor pour la seconde.

En tant que dieu de la connaissance, ses attributs divins sont la palette de scribe, le calame et le rouleau de papyrus. Il tient l'œil Oudjat en tant que soignant de l'œil d'Horus et la clepsydre (horloge à eau) comme maître. Le mois de Thot était le premier de l'année et des fêtes en l'honneur du dieu étaient alors partout célébrées. Le dix-neuvième jour de ce mois marquant le point culminant de ces festivités.

Plus tard, les Grecs assimilèrent le dieu Thot à Hermès, et les Romains à Mercure, en raison de ses attributs et des fonctions similaires. L'un des titres de Thot « Trois fois grand » a été traduit en grec, Trismégiste, faisant référence à Hermès Trismégiste.

Histoire

Maître des lettres, des sciences, des inventions, porte-parole et archiviste, Thot est le messager des dieux, et était adoré partout en Égypte comme le dieu de la lune. Il est devenu le dieu de sagesse dont les larges connaissances étaient associées à la magie, la musique, la médecine, l'astronomie, la géométrie, le dessin et l'écriture. Doué de tout savoir et de toute sagesse, il est l'inventeur des sciences et des arts : l'arithmétique, l'arpentage, la géométrie, l'astronomie, la divination, la magie, la médecine et la chirurgie, la musique avec les instruments à cordes et à vent, le dessin et surtout l'écriture, sans laquelle l'humanité aurait couru le risque d'oublier ses doctrines et de perdre l'avantage de ses découvertes.

Les anciens Égyptiens pensaient que le savoir et la connaissance leur avaient été transmis par des livres et des écrits que Thot avait volontairement abandonnés dans des temples. Cependant, la conscience aiguë qu'il a de sa supériorité intellectuelle le rend ennuyeux, présomptueux et pompeux. Il aime les discours soignés, les formules alambiquées et affecte les tons empruntés. Souvent, il agace les autres divinités qui ne manquent pas de le lui faire remarquer. Ses compétences s'étendent aussi au domaine des mathématiques dans lequel il excelle. C'est lui qui a fixé les limites des nomes et du double-pays. Il est l'auteur des plans des sanctuaires des dieux car lui seul sait tracer des plans et orienter les bâtiments. Toutes les sciences sont sous son contrôle et réclament obligatoirement sa protection.

En tant qu'inventeur des hiéroglyphes, « seigneur des paroles divines », Thot est souvent appelé aussi Semsou, « l'Aîné », comme le premier des magiciens, ses disciples, qui se vantaient de pénétrer librement dans la crypte où il avait enfermé ses livres en magie, dans lesquels ils se faisaient fort de déchiffrer et d'apprendre « ces formules qui commandent à toutes les forces de la nature et asservissent les dieux eux-mêmes ». C'est cette infinie puissance que ses fidèles lui attribuaient, qui lui fit donner le nom de Thot, le « trois fois très grand ». Plus tard, Thot fut identifié avec le dieu grec Hermès dans la forme d'Hermès Trismégiste ("Hermès trois fois grand"), forme sous laquelle il est resté populaire dans la magie médiévale et l'alchimie.

Thot, dieu de l'écriture, du savoir et des sciences, de la parole créatrice et de la sagesse

Archiviste des dieux, il est en même temps le patron de l'histoire, et il note soigneusement la succession des souverains en écrivant, sur les feuilles de l'arbre sacré d'Héliopolis, le nom du futur pharaon que la reine vient de concevoir de son union avec son époux ; de même il inscrit sur une longue palme les heureuses années de règne que la divinité a accordées au roi. Il est aidé dans cette tâche par sa parèdre, Seshat, qui est la déesse des annales et de l'écriture.

Héraut des dieux, il leur sert souvent aussi de greffier et de scribe. « Ra l'a dit, Thot l'a écrit », alors que, lors du terrible jugement en présence d'Osiris, on voit Thot, qui a vérifié la pesée du cœur et l'a reconnu léger de fautes, proclamer à haute voix le verdict libérateur qu'il vient d'enregistrer sur ses tablettes.

Arbitre des dieux, il est investi de la confiance de ces derniers et a été choisi par eux comme juge. C'est lui qui justifia Horus et condamna Seth ; aussi, depuis le Nouvel Empire tout au moins, c'est lui qui remplace le dieu déchu dans les scènes de couronnement et de libations en faveur du roi, ainsi que dans la cérémonie symbolique du « Sma taoui », l'acte d'unir les deux terres. Dans la légende d'Osiris, il protégea Isis pendant sa grossesse et guérit son fils Horus quand Seth lui arracha son œil gauche. Appelé « Oudjat », cet œil représente la victoire de l'ordre (légitime, Horus étant l'héritier du défunt Osiris) sur le chaos (Seth, qui perturbe l'ordre dynastique, et par conséquent l'ordre du monde). Porté sous forme d'amulette, il était censé écarter le mauvais œil ; on le place notamment sur la proue des navires, pour échapper aux dangereux hippopotames.

Mythes et légendes autour du dieu Thot

À travers les légendes issues de la mythologie égyptienne, Thot est associé au savoir, à la connaissance et plus généralement à l'organisation du monde céleste et terrestre. Son intelligence et son pragmatisme ont servi de modèle à l'Égypte pharaonique et à son administration très organisée, aussi Thot fut un dieu modèle pour les mortels. Par le verbe, Thot créa le monde. Ainsi, la cosmogonie hermopolitaine dépeint-elle l'origine du monde. Un monde qui fut certes créé, mais qu'il restait à organiser. L'intelligence siégeait dans le cœur de Thot. C'est grâce à elle, aidée de Sia, personnification de la connaissance, que les mortels doivent le monde tel qu'il est. Parler, calculer, écrire, afin de créer était une œuvre gigantesque, Thot inventa alors pour ce faire le langage. Par le verbe rendu intelligible, le monde se construisit selon les désirs du dieu. La grande mécanique universelle des corps célestes se mit en marche.

En tant que détenteur de cette connaissance, il fut chargé de la diffuser. C'est pourquoi il inventa l'écriture. Les anciens Égyptiens pensaient que le savoir et la connaissance leur avaient été transmis par des livres et des écrits que Thot avait volontairement abandonnés dans des temples. Il est aussi « celui qui écrivit le premier ». Dépositaire d'un immense savoir, il fit des scribes ses disciples. Non content de siéger dans les tribunaux divins, il en est le greffier, qui vise et enregistre les verdicts. Il en est le garde des sceaux. Thot ne manque pas d'intervenir souvent dans les querelles opposant les dieux entre eux. La part active qu'il tient dans le règlement du conflit opposant les deux ennemis de toujours, Seth et Horus, lui valut bien du respect. En habile arbitre, il fut « celui qui parvint à séparer les deux combattants ». Une prouesse que l'on admire lorsque l'on sait quelle haine opposait Seth à son neveu.

Scène issue du papyrus d'Hounefer montrant la pesée du cœur lors du jugement de l'âme

Vizir divin, Thot était par conséquent considéré comme le bras droit de Ra. Il existait entre eux un partage des tâches. Thot, à l'instar du vizir qui secondait le pharaon, avait en charge toutes les besognes et tracasseries quotidiennes relatives à la gestion du monde. Il fut de plus un conseiller fidèle, jamais avare d'idées et de solutions. Un passage du Livre de la vache et du ciel explique que Thot fut choisi par Ra comme vizir alors que celui-ci s'apprêtait à quitter le monde des hommes. Thot fut ainsi le greffier divin qui possédait les mêmes compétences que le greffier de l'administration pharaonique. Il avait aussi pour mission de faire appliquer les résultats de tel ou tel jugement, veillant personnellement à ce que chaque dieu en prenne acte. Il fut de ces faits un dieu incontournable et Ra en eut bien vite conscience, tant et si bien que Thot devint à la nuit ce que Ra était au jour, la lumière.

Conformément aux souhaits de Ra, Thot était le dieu de la lune. Ainsi, lorsque Ra, déjà vieux, fatigué des incessantes querelles humaines décida de s'en retirer et de gagner des hauteurs célestes plus reposantes, illuminant le jour et voyageant dans le monde du dessous la nuit, la terre se trouva-t-elle privée de lumière la moitié du temps. Ra, conscient du problème, s'adressa à Thot : « Tu seras à ma place, mon substitut. On t'appellera Thot, celui qui est à la place de Ra. Tu entoureras les deux cieux de ta beauté et de ta clarté ». Ainsi la lune marqua-t-elle la nuit de la clarté que Ra le soleil voulut bien lui donner. Marquant les nuits et les jours, Thot fut vite considéré comme l'inventeur du calendrier. Ainsi gagna-t-il au cours d'une partie de jeu de Senet les cinq jours épagomènes rajoutés en fin d'année, qui permirent à la déesse Nout de mettre au monde ses enfants.

Dans la tradition hermopolitaine, Thot, en tant que démiurge, n'a pas de parent. À d'autres endroits, on le dit naquit de Seth. L'origine de cette filiation remonte au cœur de la lutte opposant Seth à Horus. Seth était terriblement friand de salade. Le sachant, Horus mélangea son sperme au mets préféré de Seth qui n'en fit qu'une bouchée. De cette fécondation homosexuelle, serait né Thot, sorti du front de Seth. Thot fut l'époux de la déesse Nehemetaouy et le père d'Hounéfer, davantage cité à la Basse Époque. Selon d'autres traditions, son épouse était la déesse de la grenouille Heqet. Il fut aussi et surtout le chef des huit divinités créatrices du monde (l'Ogdoade). Les quatre couples de divinités primordiales représentant la matière inorganisée d'avant la création. Au Nouvel Empire, on le considérera comme le fils de Ra et de la déesse Neith.

Le culte de Thot

Le culte rendu au dieu Thot se retrouve dans une infinie variété d'actes, quotidiens ou exceptionnels, qui rythmaient la vie des Égyptiens. Fêtes et temples bien sûr, mais aussi fondations d'édifices, nécropoles animalières, amulettes, et jusqu'aux mesures utilisées par le plus modeste artisan, bien des choses participaient du culte de Thot, le protecteur des scribes. Thot était partout présent et partout fêté. Il fut un dieu pour lequel on construisit des temples à lui seul réservés. Ce fut le cas à Hermopolis Magna, en Haute-Égypte, et à Hermopolis Parva, en Basse-Égypte, mais aussi à Héliopolis, à Memphis, et même à Thèbes. Son culte fut important aussi à l'étranger, particulièrement en Nubie et jusqu'au Soudan actuel. Ainsi, le mois de Thot venu (juillet-août), fêtait-on partout en Égypte le dieu d'Hermopolis Magna, avec en point culminant la grande fête du dix-neuvième jour de ce mois.

Le culte de Thot se retrouvait aussi dans des pratiques certes plus personnelles, mais non moins spectaculaires, les oracles. Cette manifestation de la parole du dieu proférée par la bouche d'un homme avait de quoi marquer en effet bien des esprits. L'un des plus remarquables était l'oracle de Kasr el-Agouz. Dans son petit temple, Thot y est appelé « celui qui écoute ». Il est surtout "celui qui sait, qui annonce le lendemain, qui perçoit l'avenir sans se tromper". Quand l'oracle parlait, c'était Thot qui se prononçait, une pratique courante en Égypte. Si Thot parlait par la bouche de son oracle, il ne manquait pas de côtoyer quotidiennement les Égyptiens, l'ibis (hebi), oiseau alors commun des bords du Nil, était en effet une incarnation du dieu. Embaumés, puis momifiés, les ibis étaient rassemblés en de vastes nécropoles, dont l'une des plus importantes, au Nord de Saqqarah, livra aux archéologues des milliers d'oiseaux momifiés.

Thot en babouin - British Museum

Enfin, Thot fut vénéré par les médecins et les géomètres. Par la guérison qu'il prodigua à l'œil d'Horus, il fut profondément respecté des médecins ainsi que des prêtres-médecins attachés aux temples. Tout comme les scribes qui devaient à Thot de savoir écrire et se plaçaient sous sa protection, les médecins invoquaient aussi la protection du dieu. Quant à la maîtrise de la fraction algébrique, elle valut à Thot les honneurs rendus par les mathématiciens, géomètres et autres mesureurs. Par sa dimension intellectuelle, Thot était très proche du roi ou du pharaon. Ainsi, le dieu se substituait-il parfois à Seth dans le rite du sematouy, fête commémorant "l'union des deux terres" de Haute et Basse-Égypte. Thot était aussi présent à l'occasion du couronnement pharaonique. Il en sera même l'archiviste puisqu'il lui revint de noter le nom de couronnement du souverain proclamé par le scribe de la maison de vie.

Plus tard, à l'époque ptolémaïque (-305 à -30 avant J.C.), Thot fut identifié avec le dieu grec Hermès, en raison de ses attributs et des fonctions similaires et les Romains à Mercure. L'un des titres de Thot "Trois fois grand" a été traduit en grec, Trismégiste, faisant référence à Hermès Trismégiste, d'où le nom des villes Hermopolis "cité d'Hermès". C'est sous cette forme qu'il est resté populaire dans la magie médiévale et l'alchimie. Selon la légende, celui qui était capable de déchiffrer les formules magiques du Livre de Thot surpasserait en intelligence même les dieux. De la même manière, il fut associé avec le dieu phénicien Eshmoun (ou Esmun ou Esmoun), dieu de la guérison et divinité tutélaire de la ville de Sidon.

Source : http://antikforever.com/Egypte/main_egypte.htm

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