Moloc

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Moloc
Mythologie
Cananéen / Biblique
Nom
Moloc
Autres noms
Moloch, Molech, Molek
Fonctions
Dieu des Ammonites
Fonctions secondaires
Rituel sacrificiel / Démon
Région de culte
Canaan / Carthage

Présentation

Moloc, ou Moloch, dont le nom signifie « roi » dans toutes les langues sémitiques, est une divinité dont le culte était pratiqué dans la région de Canaan, et plus particulièrement parmi les Ammonites, un peuple qui occupait la partie méridionale de l'actuelle Jordanie, selon la tradition biblique.

Divinité vénérée parmi les Phéniciens et les Carthaginois selon plusieurs auteurs antiques, Moloch apparaît dans la Bible à travers un étrange culte lié à des sacrifices d'enfants. En effet, on dit que les Ammonites et les Israélites lui vouaient un culte sinistre mettant en scène le sacrifice d'enfants malgré l'interdiction formelle des prophètes.

L'idole de Moloch utilisée comme réceptacle sacrificiel apparaissait sous la forme d'une grande statue de bronze, ou d'airain, à l'effigie de la divinité assise sur un trône de métal. Celle-ci possédait une tête de veau, ou de taureau, surmontée d'une couronne et tendait les bras pour recevoir des enfants en sacrifice.

On dit qu'à l'intérieur de la construction, les prêtres allumaient un feu pour immoler les victimes, tandis que des tambours et d'autres instruments bruyants couvraient les cris et les hurlements des malheureux sacrifiés. Certains rabbins prétendent que l'intérieur de la statue renfermait sept compartiments, destinés aux diverses sortes d'offrandes.

D'après certains écrits, le sage roi Salomon bâtit un temple en l'honneur, de Moloch sur le mont des oliviers dans la vallée d'Ennon dans l'aire sacrée de Tophet près de Jérusalem. Les rois Achaz et Manassé lui consacrèrent leurs fils en les faisant passer à travers les flammes allumées sur l'autel du dieu.

Toutefois, d'après certaines études récentes, le terme « Moloch » désignerait un rituel sacrificiel, et non une divinité à part entière, ou correspondrait en réalité au dieu « Baal Hammon » vénéré à Tyre et à Carthage. Plus tard, Moloch fut également représenté sous la forme d'un démon dans la démonologie chrétienne au cours du Moyen-Age.

Histoire

Célèbre dieu phénicien, Moloch est une divinité vénérée particulièrement par les Ammonites, mettant en œuvre le sacrifice d'enfants par le feu. Cet immonde culte se répandit chez les Carthaginois, les Phéniciens et les Moabites, et l'on dit que le roi Salomon se laissa séduire et érigea un temple en son honneur sur le mont des oliviers.

D'après Diodore de Sicile, ce culte atteint toute son horreur lors du siège subit par les Carthaginois, en 300 avant J.-C. Croyant en une punition de leur protecteur, ils brûlèrent 200 enfants entre ses mains métalliques. Le siège se prolongeant, ils pensèrent avoir commis une erreur en ne consumant que des descendants de familles modestes. Pour obtenir le pardon, 300 habitants offrirent leur vie à Moloch, en s'immolant à leur tour.

Culte de Moloch et la Bible

Divinité mystérieuse et discrète, Moloch apparaît à travers la tradition biblique liée à des sacrifices d'enfants par le feu. Alors que le livre du Lévitique condamne fermement cette pratique, ce culte est une pratique essentiellement cananéenne à travers la Bible. Les parallèles avec d'autres cultes du Proche-Orient semblent indiquer que Moloch est à l'origine une divinité liée au monde souterrain, au monde des morts.

Toutefois, il est également possible qu'un culte ait existé à proximité de Jérusalem à l'âge du fer, dans la vallée de Hinnom, dans un lieu appelé Tophet. Les rois Achaz et Manassé furent accusés d'avoir sacrifié leurs enfants à Molech, et le roi Josias fut cité pour avoir fait disparaître ce culte. Néanmoins, certains archéologues proposent de voir dans ce culte un lien avec la loi du rachat des premiers-nés (Exode 13).

Offrande à Moloc

En effet, à travers la Bible, la formule standard décrivant le culte de Molech parle cependant « des fils et des filles » qui sont « passés par le feu », ce qui rend peu probable le lien avec le rachat des premiers-nés mâles. Il peut aussi s'agir d'un culte apotropaïque en temps de guerre. De plus, cette hypothèse se base sur les témoignages des auteurs antiques, de Sophocle au v siècle av. J.-C. à Dracontius au Vème siècle qui parlent des sacrifices humains pratiqués par les Carthaginois.

Cependant, d'autres chercheurs établirent un lien entre Moloch et le dieu des Israélites Yahweh. Ainsi, pour Klaas A.D. Smelik, Moloch est une invention pour masquer le fait que le culte de Yahweh pratiqué dans le royaume de Juda ait pu inclure des sacrifices d'enfants. Selon Thomas Römer, derrière « Moloch », « interprétation tendancieuse » effectuée lors de la vocalisation du texte hébraïque entre le IVe et le Ve siècle, se cache le vocable « Melek », c'est-à-dire « le roi », une désignation de Yahvé. Il est en effet possible que l'on ait sacrifié des enfants à Yahvé, ces sacrifices étant par la suite attribués à Moloch.

Néanmoins, cette pratique disparut à partir du vie - ve siècle av. J.-C. et ce tournant trouve son illustration dans le récit du sacrifice d'Isaac. Ainsi, l'hypothèse de la création d'un dieu chthonien friand de sacrifices ne servirait qu'à masquer d'anciennes pratiques jugées barbares par les auteurs et sans doute inutiles à leur époque.

Cependant, il existe des arguments qui militent contre l'identification de Moloch à Yahweh. John Day souligne que le culte de Moloch tel qu'il est décrit dans la Bible ne se déroule pas dans le Temple de Yahweh sur le mont Sion, mais en dehors de Jérusalem, dans la vallée du Hinnom. De plus, Moloch est une divinité liée au monde souterrain, ce qui n'est pas le cas de Yahweh.

Divinité ou rituel ?

Cependant, l'existence d'un dieu spécifique nommé Moloch a été mise en doute par des découvertes archéologiques, qui jettent un autre sens sur la lecture de araméen. En effet, il n'y a à ce jour aucune inscription faisant mention de ce dieu. Porphyre de Tyr signale que Théophraste avait comparé le sacrifice de la Lykaia arcadienne avec les sacrifices carthaginois au dieu Moloch. Une interprétation différente a été proposée par l'archéologue Otto Eissfeldt en 1935, qui vit, dans le terme moloch non pas un nom divin mais un terme technique punique désignant un type de sacrifice d'enfant.

Offrande à Moloch, Charles Foster (1897)

De plus, en 1921, Eissfeldt a découvert sur le site archéologique de Carthage une nécropole contenant des restes d'animaux et de jeunes enfants, utilisée du VIIIème siècle av. J.-C. à 146 av. J.-C.. Des stèles portent l'inscription mlk qu'il n'interprète ni comme roi, ni comme le nom d'un dieu mais qui lui ont suggéré l'idée que Moloch pourrait être le nom du sacrifice par le feu et non celui d'un dieu. Dans cette éventualité, le mot molk serait un mot sémitique désignant un sacrifice humain, dont la victime est parfois remplacée par un animal. Là où la Bible lit « pour faire passer leurs fils et leurs filles par le feu à Moloch », il faudrait plutôt lire « pour faire passer leurs fils et leurs filles par le feu de molk », le feu « du sacrifice ».

En effet, plusieurs enceintes sacrificielles, appelées tophets selon la terminologie biblique, ont été découvertes en Sicile, en Sardaigne et en Afrique du Nord. Elles contenaient des restes d'enfants et de petits animaux. Les auteurs classiques indiquent que des sacrifices humains d'enfants étaient pratiqués en Phénicie et à Carthage en temps de guerre. Toutefois, malgré le témoignage des auteurs antiques sur la pratique de ces rituels, aucune preuve archéologique ne fut retrouvée afin d'appuyer cette thèse.

Moloch, démon et prince du pays des larmes

Dans la littérature rabbinique du Moyen Âge, Moloch, dieu des Ammonites, recevait les sacrifices d'enfants dans un lieu nommé Tophet et fut décrit à travers l'image d'une statue de bronze avec les bras tendus pour recevoir ses victimes dont des tambours couvraient les cris. Le recueil Yalkouth Chimoni précise que cette statue était creuse et divisée en sept compartiments destinés chacun à une offrande différente : farine, tourterelles, brebis, béliers, veaux, bœufs, enfants ; les sept offrandes devaient brûler ensemble.

Plus tard, Moloch prit le titre de « prince du pays des larmes » à travers la démonologie chrétienne et tire sa joie des pleurs des mères à qui il vole leurs enfants. Prince de l'Enfer, il accède au rang de démon de l'injustice en siégeant au Conseil infernal et régit le mois de décembre. Grâce à ses dons de séduction, il poussa de nombreux mortels à se sacrifier en son nom. Le terme de Melekh, le roi, qui est à l'origine de Moloch, donna lui aussi naissance à d'autres démons tels que Melchiresa, Adrammelek et Anammelek.

Épisodes reliés
Encyclopédie
Personnages