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Ce n'est qu'un article écrit par un journaliste indépendant - donc rien d'officiel - exprimant juste le fond de sa pensée. Personnellement, je ne suis pas certain que le JSF participe à l'effondrement de notre industrie aéronautique de défense. Bon nombre d'Etats européens ont eu l'habitude (et l'ont toujours) d'acheter du matériel 100% américain. Exemple : la Belgique, les Pays-Bas (avec le F-16). Il y a aussi ceux qui achètent moitié européen, moitié américain (cas de l'Espagne, de l'Italie ou encore du Royaume-Uni)... Certes, ces Etats connaissent des difficultés budgétaires chroniques, mais cela ne signifie pas qu'ils seront incapables de participer à un futur programme d'aéronef européen.Et puis, évoquer la question d'un chasseur européen succédant aux Eurocanards n'est pas pertinente. On sait que l'espérance de vie d'un projet de programme d'armement est proportionnelle au nombre de participants. Autrement dit, plus nous serons nombreux plus les exigences capacitaires exprimées par ces derniers le seront également, et donc, on ne parviendra pas à tendre vers un consensus.
Le nEUROn est une exception. Nous sommes face à une technologie totalement inédite. Aucune armée ne dispose dans ses rangs de drones de combat. Le potentiel est donc énorme. Il y a tout intérêt à s'unir et à investir dans ce domaine.
CITATION Un successeur européen unique pour les Rafale, Eurofighter et Gripen
1er avril 2014 - Aerobuzz -
L’Académie de l’air et de l’espace tire le signal d’alarme. Face aux USA, à la Russie et à la Chine, l’Europe est menacée de déclassement stratégique si son industrie aéronautique n’est pas capable de se réunir autour d’un projet commun d’avion de combat de cinquième voire de sixième génération
Quel avion de combat européen succèdera-t-il aux Rafale, Eurofighter et Gripen ? Aucun ? Le Joint Strike Fighter américain ? Des pays émergents occuperont-ils le terrain ? Les questions se bousculent, inquiétantes mais, au-delà de débats, forums et autres symposiums, un dangereux immobilisme est de règle. Aussi l’Académie de l’air et de l’espace lance-t-elle opportunément un véritable cri d’alarme, sous forme d’un « Avis » rendu public cette semaine [1].
L’avertissement, bien qu’il ne soit plus tout à fait nouveau, se fait solennel : « l’Europe court le risque de perdre l’avance et l’indépendance de sa puissance aérienne alors que l’industrie d’aviation de combat est le moteur de la haute technologie et des emplois de haut niveau ». Evoquant ce thème primordial, précisément dans le cadre d’un symposium international organisé l’année dernière à l’Ecole militaire par l’Académie, le général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’Air, avait souligné que « l’aviation de combat constitue l’instrument indispensable de l’affirmation de notre souveraineté ». Et de remarquer que, seulement en Europe, cette puissance est en recul.
Le général Jean-Georges Brévot, ancien commandant de la Défense aérienne et des opérations aériennes et ancien directeur du groupe aérien européen, va droit au but : « si on ne fait rien, dans 20 ans, cette industrie sera morte ». Cherchant à casser l’immobilisme, l’Académie a formulé des recommandations très concrètes qu’elle a soumises à l’ensemble des décideurs européens concernés. Et, à présent, les rend publiques.
Ces recommandations, loin d’être techniques, relèvent du simple bon sens. Elles demandent en effet que soit développé un successeur, « si possible unique », aux Rafale, Eurofighter et Gripen, remarque formulée à un moment où aucune initiative d’aucune sorte n’a été prise dans ce sens. Or, il s’agit au préalable de définir une vision européenne prospective, de formuler des besoins, des doctrines, des systèmes puis de centrer les efforts sur les compétences et les financements. Cela en prévision du lancement de démonstrateurs technologiques et, enfin, un programme à proprement parler.
D’un point de vue français, l’évolution des risques et des menaces a été mise à jour à l’occasion de la préparation du récent Livre blanc. Et ce pourrait être le point de départ d’un hypothétique Livre blanc européen, encore que des sensibilités diverses doivent être prises en compte. Reste l’essentiel, le risque de « déclassification » des forces européennes. Nombre de spécialistes n’hésitent plus à affirmer que le Joint Strike Fighter américain, c’est-à-dire le Lockheed Martin F-35, s’oppose de facto aux tentatives de convergences européennes et aggrave les divisions au sein du Vieux Continent. L’Académie souligne par ailleurs que les partenaires européens du JSF ont investi pas moins de 8 milliards d’Europe dans cette opération ambitieuse.
L’affaiblissement, de ce fait, est d’ores et déjà devenu une réalité : le document de l’Académie estime, en effet, que les bureaux d’études des principaux industriels européens concernés ont déjà perdu la moitié de leurs effectifs depuis que le développement des grands programmes en cours est arrivé à terme.
Reste à savoir comment les Etats les plus directement impliqués pourraient trouver la manière de gérer une évidente surcapacité industrielle. L’Académie ne se risque pas à aborder ce point, des renoncements étant de toute évidence indispensables dans l’hypothèse où naîtrait un programme unique. En 1985, l’Europe des avions de combat avait éclaté en vol, faute d’entente entre les principaux Etats concernés, un échec durement ressenti et à l’origine de la cohabitation fratricide de l’Eurofighter et du Rafale. Les circonstances actuelles sont différentes, certes, mais les risques d’échec n’en sont pas moins réels.
Pierre Sparaco