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Re: Opération Serval
Publié : 12 janv. 2014, 02:04
par brian norris
Dernier message de la page précédente :
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(Rufus Shinra,Dimanche 12 Janvier 2014 02h53)
Quant à l'enlisement, il n'a pas vraiment l'air de se produire, surtout quand on a le soutien à la fois de la population locale et des nations voisines en plus de nos alliés traditionnels (et non-traditionnels aussi), donc je ne me fais pas de souci là-dessus.
Le problème n'est pas tant que cela se produise, que l'opinion publique pense que cela se produise. Militairement, nous ne craignons rien au Mali. Mais par contre, si des troubles éclataient avant la fin de l'année, l'opinion publique française deviendrait probablement très défavorable à l'action de la France là-bas.
Re: Opération Serval
Publié : 12 janv. 2014, 03:22
par Yan
Je suis loin d'être un expert sur cette question, mais il me semble que la différence entre l'Opération Serval et les autres opérations auxquelles les Français ont participé, c'est la question de la légitimité. L'intervention militaire française a suivi une demande formelle du président malien par intérim Dioncounda Traoré en janvier 2013. En plus, elle bénéficie d'une deuxième légitimité et non la moindre, celle de l'appui des populations locales qui se sont opposées dès le début à l'avancée des islamistes d'Aqmi. Que les Français profitent de leur déploiement sur le terrain pour sécuriser des sites qui pourraient servir leurs intérêts, ça n'a pas d'importance étant donné que l'intention de départ est la bonne et que l'intervention s'appuie sur une légitimité populaire.
Je suis un néoréaliste convaincu et j'apprécie beaucoup les travaux de Kenneth Waltz et Robert Gilpin que j'ai découvert brièvement dans mon cours de Relations internationales à l'Université de Montréal. Il est tout à fait logique qu'un État profite d'une intervention militaire pour défendre des intérêts géopolitiques afin de maximiser sa puissance (qui passe logiquement par une domination de ses entreprises dans le monde). Cela ne signifie pas nécessairement que la guerre est injuste ou illégitime à partir du moment où l'État profite de sa présence pour défendre ses intérêts. D'ailleurs, je connais peu d'États qui ne cherchent pas à maximiser leur puissance et à défendre leurs intérêts. Par contre, les États occidentaux comme la France, lorsqu'ils interviennent au Mali, il n'y a pas que cet aspect qui est pris en compte. Il y a aussi l'aspect des droits de l'homme et la protection des civils contre des groupes armés venus de l'extérieur. C'est l'universalisme républicain (mais pas obligé d'être une République pour partager cet universalisme, la majorité des États occidentaux s'inscrivent dans ce courant de pensée, que ce soit des républiques ou pas).
Re: Opération Serval
Publié : 12 janv. 2014, 08:57
par Everett
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Le problème n'est pas tant que cela se produise, que l'opinion publique pense que cela se produise. Militairement, nous ne craignons rien au Mali. Mais par contre, si des troubles éclataient avant la fin de l'année, l'opinion publique française deviendrait probablement très défavorable à l'action de la France là-bas.
Hum... Je dirais plutôt cela pour la Centrafrique que pour le Mali.
Re: Opération Serval
Publié : 12 janv. 2014, 08:58
par Rufus Shinra
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(brian norris,Dimanche 12 Janvier 2014 02h04)
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(Rufus Shinra,Dimanche 12 Janvier 2014 02h53)
Quant à l'enlisement, il n'a pas vraiment l'air de se produire, surtout quand on a le soutien à la fois de la population locale et des nations voisines en plus de nos alliés traditionnels (et non-traditionnels aussi), donc je ne me fais pas de souci là-dessus.
Le problème n'est pas tant que cela se produise, que l'opinion publique pense que cela se produise. Militairement, nous ne craignons rien au Mali. Mais par contre, si des troubles éclataient avant la fin de l'année, l'opinion publique française deviendrait probablement très défavorable à l'action de la France là-bas.
Même pas si sûr que ça. L'opinion publique tient l'armée en assez haute estime (en fait, plus que à peu près toutes les autres institutions publiques, d'après des sondages discutés à l'IHEDN l'année dernière), et, comme Yan l'a précisé, l'opération bénéficie d'une énorme légitimité. S'il y a des problèmes qui ne sont pas des saloperies faites par nos propres militaires, j'ose penser que l'opinion publique restera derrière nos gusses. On n'est plus à l'époque de la conscription et le contingent là-bas est formé de volontaires, donc il n'y a pas beaucoup de points sur lesquels les "anti" peuvent s'accrocher pour modeler l'opinion publique.
Re: Opération Serval
Publié : 12 janv. 2014, 09:01
par Everett
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Au fond, toutes ces critiques font le même constat : Paris est intervenu sans n'avoir rien réglé. La raison ? La Malienne Aminata Traoré a sa petite idée : "La France bombe le torse pour envoyer au monde l'image d'une redoutable puissance militaire, mais en coulisse elle est beaucoup moins sûre d'elle-même".
Ce qui est aussi comique, c'est qu'elles (ces personnes-là) se permettent de dresser un bilan à partir des maigres informations (communiquées aux médias) qui ont été diffusées au public. En coulisse, ça bouge nécessairement, mais on se doit de rester discret. Et elles réagissent comme des citoyens lambdas qui cherchent à tout prix des résultats en un temps record. Stopper une invasion armée d'extrémistes, c'est relativement faisable, on use du hard power. C'est ce que tout le monde sait faire (en tout cas, les puissances disposant d'une force de projection). Passer cette étape, on s'attaque à celle qui est plus délicate et (logiquement plus) longue, la reconstruction politique et la remise en place d'un appareil administratif qui puisse garantir le résultat escompté.
Je trouve plutôt qu'en un an, beaucoup de choses ont été faites, dans le bon sens. Cette
deuxième année doit clairement s'identifier comme non pas la traque des rebelles mais comme la
quête d'une entité politique dirigeante forte et autonome. Il faut donc concentrer ses efforts dans la lutte contre la corruption, la réorganisation du personnel de la fonction publique...