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(allmen67,Mardi 15 Novembre 2016 16h42)
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(Rufus Shinra,Samedi 12 Novembre 2016 10h02)
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(allmen67,Samedi 12 Novembre 2016 09h50)
J'ai l'impression qu'il va en avaler des couleuvres quand il se rendra compte qu'il ne peut appliquer son programme totalement irréaliste (à mon avis).
Il va finir "roi fainéant".
On voit que tu n'as pas trop suivi la politique US ces dernières années, toi. La Cour Suprême va être complètement acquise aux conservateurs, et les membres républicains du Congrès ont montré, depuis une demi-douzaine d'années, un fanatisme idéologique assez spectaculaire témoignant de la transition des US vers un système post-factuel, où l'idéologie l'emporte toujours ou presque sur les faits et la réalité.
Ils risquent bien de l'appliquer, leur programme, même si ça pourrit l'économie des US.
Même si les trois pouvoirs sont contrôlés par les républicains, ce qui en effet probable et merci, je le savais. Il y a des pesanteurs liées à la situation internationale dans tous les domaines dont même un pouvoir qui semble omnipotent doit tenir compte.
Je vois mal les USA obliger le Mexique payer pour le "mur" qui semble déjà devoir se transformer en "clôture". Trump pourra-t-il se désolidariser des décisions de la COP21? Peut-être en parole mais une partie non négligeable des décisions dans ce domaine appartient aussi aux 50 états, je doute que la Californie, par exemple, soit prête à renoncer au développement de sa politique écologique.
L'expulsion de deux à trois millions d'immigrés en situation irrégulière? J'ai entendu que Obama avait fait pratiquement la même chose (2 millions même si c'est à confirmer) alors quoi de neuf sous le soleil?
La politique protectionniste? A voir, même si on s'appelle USA, on a signé des accords de libre-échange (dont je ne sui pas fan à titre personnel mais ça reste un fait), je souhaite bien du plaisir à Trump pour les remettre en cause avec le poids des lobbys libre-échangistes (si j'ose dire) en particulier au Congrès.
Le rapprochement avec la Russie? Moi, je veux bien à titre personnel, le côté faucon d'Hillary m'inquiétait plutôt mais je doute que toute influence néoconservatrice prête à jouer les donneurs de leçons au monde entier ait cesser chez les républicains comme par enchantement.
Je crois au contraire que l'idéologie reste toujours subordonnée aux faits (en particulier économique ou de politique étrangère) après les élections. J'ai 50 ans et j'ai pu constater tout au long de ces années que c'est ce qui arrive quasiment toujours dans les pays démocratiques.
Inutile de transformer ce forum qui concerne tout autre chose, après tout, en pugilat politique. Il existe pour ça des forums politiques que je peux vous recommander si vous le voulez.
Il y a une dizaine d'années, je t'aurais donné raison sur l'idée que l'idéologie est subordonnée aux faits. Mais dans l'état ou est rendu le Parti républicain, je crois, au contraire, qu'on est réellement entré dans une période post-factuelle. Sur la question des changements climatiques, si l'idéologie était subordonnée aux faits, les républicains ne seraient pas prêts à se retirer de la COP21. Présentement, je pense qu'ils vont aller jusque-là (ou pas loin). Avec une majorité dans les deux chambres du Congrès et avec la polarisation idéologique actuelle, les républicains vont non seulement bloquer toute législation pour le plafonnement ou la régulation des gaz à effet de serre, mais ils vont probablement se retirer du traité. Le Canada l'avait fait avec l'accord de Kyoto sous le règne de Harper. Les ententes internationales, et en particulier les moins contraignantes assorties de peu de sanctions (si les sanctions économiques sont moins importantes que les avantages tirés des bénéfices de polluer, le rapport coûts-bénéfices est assez clair), peuvent très bien ne pas être respectées. Ce n'est pas comme si les États-Unis avaient signé un traité de libre-échange. Par exemple, même si Trump est prêt à renégocier l'ALENA, il ne peut pas s'y retirer unilatéralement parce que, effectivement, la pression économique serait plus forte que toute volonté politique. Mais une entente comme la COP21, aucun souci. Quand vous indiquez que certains États comme la Californie adopteront leurs propres législations le cas échéant, on n'apprend rien à personne en affirmant que tout régime fédéral décentralisé verra certains de ses États adopter des politiques publiques et avoir un agenda politique diamétralement opposé à d'autres États, notamment parce qu'il y a des disparités importantes au niveau des mentalités d'une région à l'autre (et de la réalité socio-économique). Donc oui, Trump peut se désolidariser de la COP21, ça n'enlève rien à cette réalité. Il y aura des États plus progressistes que d'autres et une hétérogénéité dans les politiques publiques.
Pour l'expulsion des 2-3 millions de sans-papiers, il ne faut pas oublier que c'est ce qu'Obama a fait au cours de l'ensemble de son mandat (pour ceux qui ont un casier judiciaire seulement). Quand Trump dit qu'il reste 2 à 3 millions de sans-papiers criminels, il exagère certainement sur les chiffres. Les spécialistes disent qu'il en reste, en étant optimiste, environ un million. 350-400 000 pour les estimations plus conservatrices. Va falloir savoir ou il va chercher ses 3 millions.
Pour le protectionnisme, je suis d'accord. Il a parlé au téléphone avec le président chinois Xi Jinping, qui l'a mis en garde de représailles commerciales en cas de taxation des produits chinois, et maintenant Trump affirme avoir eu une conversation "constructive" avec lui. Il veut renégocier l'ALÉNA, mais il devra faire avec les conséquences économiques d'une remise en question de l'accord en tant que tel. Par contre, il aura une politique économique plus protectionniste dans le sens ou il n'entamera pas des négociations pour d'autres accords de libre-échange ambitieux. Avec l'Union européenne, c'est mort. Le PTP (partenariat transpacifique), c'est aussi mort. Obama vient d'annoncer le gel des négociations en vue d'une ratification. Bref, on ne déchirera peut-être pas les accords déjà existants, mais il n'y aura pas de volonté politique pour créer de nouvelles zones de libre-échange.
Le rapprochement avec la Russie, je n'y crois effectivement pas. La majorité des think tanks américains basés à Washington D.C. comme la RAND Corporation ou le Washington Institute for Near Policy disent que ce sera difficile ("a long way to go"). La raison est simple : les intérêts économiques des deux pays sont diamétralement opposés. Par exemple, en Iran, si l'objectif est de normaliser les relations diplomatiques pour aller chercher un marché de 60 millions d'habitants, la Russie va chercher à conserver son exclusivité sur ce marché (ou limiter la concurrence américaine). Mais on ne va pas là, si on s'en tient au fait que Trump (et, plus largement, les républicains) veut mettre fin à l'accord.
De plus, sur le Moyen-Orient plus globalement, le conseiller en politique étrangère de Trump, Walid Phares, affirme qu'il veut que les Américains solidifient leur alliance avec les pays du golfe pour une politique expansionniste en Irak contre Daesh. Or, si les Américains retournent à une politique pro-sunnites, ça va raviver les tensions qu'on a vues par le passé entre l'axe chiite et l'axe sunnite. Les guerres de proxy comme au Yémen (houthis vs forces gouvernementales/armée saoudienne) ou en Syrie (rebelles sunnites du Front Fatah al-Cham/autres groupes djihadistes non affiliés à Daesh appuyés par les pays du golfe vs régime syrien/Moscou) sont autant d'antagonismes qui peuvent venir brouiller un rapprochement entre Washington D.C. et Moscou. Si tant est que Trump a l'intention d'avoir une politique expansionnisme. Il a prôné l'isolationnisme en campagne électorale, ce qui aurait effectivement donné le champ libre à Moscou en Ukraine et au Moyen-Orient, mais des conseillers proches de lui comme M. Phares et les personnes pressenties pour faire partie de son administration (des ex-collaborateurs de Bush très néoconservateurs, des gens comme Newt Gingrich qui voulait bombarder l'Iran pas plus tard qu'en 2015) envoient plutôt le signal qu'il privilégiera une politique expansionniste.