Le Navigo (épisode pilote)
Publié : 05 févr. 2007, 01:15
Certains le savent, je suis l'auteur de "Wormhole Xtrapolis", fanfic terminée, et de "Vanité", fanfic en cours d'écriture. Cette dernière est désormais officiellement dans un hiatus à durée indéterminée. Je ne sais tout simplement pas comment la poursuivre. Ma tentative de faire une histoire sérieuse est presque un échec, tant j'ai la vanne facile quand j'écris. En terme de scénario, le titre est assez ironique, puisqu'il semble que j'ai effectivement vu trop grand. A tous ceux qui me font l'honneur de vouloir la suite, sachez que je tacherai de l'écrire. Mais, pour le moment, je bloque.
Lorsque l'on bloque sur une histoire compliquée, la meilleure chose à faire est d'en écrire une autre, mais plus simple et dans le style qui nous est naturel. Je vous présente donc "Le Navigo (épisode pilote)". Disons qu'elle est la suite de Womhole Xtrapolis sans vraiment l'être. Au lieu d'un univers parodique, j'ai décidé de montrer l'univers SG sous un autre angle, avec au final le même résultat.
Le Navigo.
Episode Pilote.
C’était une belle soirée de printemps… Chaque fois qu’une histoire commence de cette manière, le lecteur sait à quoi s’attendre. La suite ne peut être qu’une description longue et détaillée d’une situation tout à fait banale, servant de prologue à l’histoire à proprement parler. Ici, il faut se représenter la nuit tombant sur la ville de Paris. Ce n’est pas un soir de coupe du monde. Ce n’est pas le décompte électoral. Il n’y a pas d’émeute en banlieue. La SNCF n’est pas non plus en grève, ce qui à la réflexion constitue peut-être un fait inhabituel, quoique de toute manière sans intérêt pour la suite de l’histoire. C’est également à travers ce type de narration que le lecteur fait généralement connaissance avec le héros. Je vous présente donc notre protagoniste principal : Laurent Nolim. Il s’agit d’un jeune homme de vingt-et-un ans, étudiant en maîtrise de biologie moléculaire et cellulaire à l’université Pierre-et-Marie-Curie. Laurent a des amis, mais n’est pas très sociable et n’a jamais mis les pieds dans une boite de nuit. Laurent aime les filles, mais n’en a encore jamais embrassé une. Il se peut que Laurent soit un looser, mais c’est difficile à dire vu qu’il n’essaye même pas. Comme il le dit lui-même, à quoi bon troubler sa bulle de tranquillité ? La vie l’obligera tôt ou tard à assurer sa subsistance, et il sera alors temps de renoncer au farniente. D’ici là, il se satisfait de son existence, fut elle incomplète de l’avis de certains. Tout cela ne l’empêche évidemment pas de rêver d’aventure, d’action, de danger et de romance. Laurent est d’ailleurs un fan inconditionnel d’une série télévisée, de type héroïcofantasicoscientofictiorétrofuturiste, affublée du titre improbable de « Wormhole Xtreme », dont il a vu tous les épisodes plusieurs fois. Afin de donner à tout ceci une dimension métaphorique, le narrateur aura soin de faire remarquer la présence de l’habituel nuage de pollution au dessus de la ville-lumière, bouclier orange-fluo cachant les étoiles aux yeux des citadins. Alors que notre histoire se met en route, Laurent déambule dans une rue, en direction d’une exposition sur les fossiles marins. Il est seul, comme toujours, et ravi à l’idée de découvrir de vagues traces de scorpions géants figées dans la roche. Après une ellipse temporelle, due au fait qu’il n’y a vraiment rien à raconter, nous le retrouvons dans une galerie, debout devant un gros rocher. Celui-ci porte la trace d’un mollusque mal défini, une grosse protubérance en cercles concentriques, qui aurait pu passer inaperçue à tout autres yeux que ceux du scientifique qui l’avait ramené ici. Afin d’observer la chose de plus prés, Laurent s’approche et tend le cou vers le centre de la cible. C’est à ce moment précis, et pour les besoins de l’histoire, que le monde bascule, enfin, dans le domaine de l’inhabituel et de l’étrange. Voici que l’antique roche se craquelle et s’effrite, révélant une sorte de métal sombre, et que la protubérance se déplie à la manière d’un bras télescopique. Ce bras saisit le crâne de Laurent, dont le regard se retrouve assailli de lumières colorées. Ces lumières sont la dernière chose que Laurent voit avant de perdre connaissance. Lui qui ne voulait pas se prendre la tête, autre chose s’en est chargé pour lui.
#
Même endroit, trois heures plus tard. Les lieux avaient été évacués, et seuls s’y trouvaient désormais des hommes du NID. Ils étaient trois, et l’un d’entre eux était penché sur le socle d’exposition du rocher. Il manipulait un appareil d’origine Alteranne au dessus de l’emplacement désormais vide. Après plusieurs minutes passées à lire les données affichées par l’appareil, il prit la parole.
-Les relevés sont similaires à ceux laissés par une désintégration au Zat. Cela corrobore les témoignages comme quoi le rocher se serait volatilisé dans une série d’éclairs électriques.
-Et aucun témoin n’a vu qui que ce soit manipuler une sorte de pistolet ?
-Aucun. Il faut en conclure que l’appareil s’est d’une façon ou d’une autre autodétruit.
-Et d’après ces mêmes témoignages, il n’y a aucun doute possible sur la nature de l’artefact. C’était une « bibliothèque » des Anciens. Qui sait de quelle sorte de savoir ce pauvre gars a hérité ? Il pourrait se réveiller à l’hôpital avec toute la connaissance des bâtisseurs de la porte.
-On va avoir du mal à faire le silence sur cet incident.
-Nous avons la pleine collaboration des autorités françaises.
-Oui, mais vous connaissez les grenouilles. On a intérêt à téléporter tout ce qui peut l’être sur l’Odyssée, et vite. En particulier ce « pauvre gars ». L’infirmerie du vaisseau s’occupera sans doute mieux de lui que l’hôpital.
-Je transmet immédiatement l’ordre, dit l’un des agents en se retirant à l’écart.
-C’est dans ces moments là que j’aimerais avoir un neurolyseur. Dommage qu’aucune équipe SG n’est jamais été fichue de nous en ramener un.
-Il y a bien le pins Goa’uld, selon comment on l’utilise, ou cet autre appareil apprécié du colonel Mitchell.
-Mais on ne peut pas s’en servir à distance, ni sur plusieurs personnes à la fois.
-La victime est maintenant à bord de l’Odyssée, les informa leur collègue en revenant. D’après l’infirmerie, il tarde encore à se réveiller.
-Qu’il profite de son sommeil. Le réveil sera certainement pénible.
#
Le réveil s’apparentait à une gueule de bois. Mais Laurent n’avait jamais bu un verre entier d’alcool, aussi la sensation était elle pour lui entièrement nouvelle. Son regard mis plusieurs secondes à sortir du flou, et il découvrit l’infirmerie de l’Odyssée. Il y avait aussi là une infirmière, au demeurant plutôt mignonne. Laurent se dit que les événements avaient après tout du bon.
-Bonjour, dit aimablement l’infirmière.
-Navigo, répondit spontanément Laurent.
Ce qui le plongea dans un océan de perplexité. Mais le plus étrange était que l’infirmière n’en paraissait pas autrement surprise. C’était comme si elle s’y attendait. Elle affichait cependant un air triste, comme une infirmière qui vient de reconnaître un symptôme inquiétant.
-Vous parlez la langue des Anciens, diagnostiqua t’elle.
-La langue des Anciens ? s’étonna Laurent. Non. Je parle un anglais approximatif, et j’ai des restes d’espagnol, mais j’ai laissé tomber le latin en quatrième.
-Mais vous ne savez pas d’où est venu ce mot ?
-Il a franchi mes lèvres, juste comme ça.
-Restez ici. Je reviens dans un instant.
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Le lendemain, sous la montagne Cheyenne aux USA. Le général Landry tenait conférence avec l’équipe SG1. A l’origine, SG1 n’était que le premier d’une série de quatuors en missions sur d’autres planètes, mais il était désormais admis de longue date que les membres de SG1 participaient de la direction de la base, quel que fut leur grade ou poste. Nul n’aurait d’ailleurs songé à manquer de respect au docteur Daniel Jackson, lequel, s’il n’avait jamais embrassé la carrière militaire, collectionnait pourtant les actes de bravoure face à l’ennemi. Nul, non plus, ne se serait montré hautain et méprisant devant Teal’c, mais pour des raisons plus percutantes. Le lieutenant-colonel Samantha Carter et le colonel Mitchell tenaient également beaucoup plus lieu de conseillers que de subordonnés du général Landry. Le sujet de la discussion était Laurent Nolim.
-Le mot « Navigo » a plusieurs significations en Ancien, expliquait le docteur Jackson. Il désigne le voyage, mais aussi le moyen du voyage.
-Ce pourrait il qu’il soit question d’Ascension ? demanda le colonel Mitchell.
-Sur un seul mot, je ne saurais dire.
-Il est toujours question d’Ascension.
-Quoiqu’il en soit, poursuivit l’archéologue, le fait que ce mot ait surgi de l’esprit de monsieur Nolim complètement hors contexte me porte à penser qu’il fait office d’explication, ou de résumé, de ce que cet homme a reçu. Le savoir en question doit être une sorte de clé.
-Comme… un passe ?
-C’est une autre façon de le dire, oui. D’après le médecin de l’Odyssée, son activité mentale n’est pas différente de celle de n’importe qui. Toujours d’après ce même docteur, il n’a pas non plus manifesté d’autre « charabia Ancien » depuis ce premier mot, précisa le docteur Jackson avec une contrariété retenue.
-Cela nous porte à penser que le savoir transféré devait être très spécifique, intervint Samantha Carter. Ce pourrait effectivement n’être qu’une clé, une information insignifiante mais essentielle pour accéder à… autre chose.
-Et avez-vous la moindre idée de la nature de cette « autre chose » ? interrogea calmement le général Landry.
-Avec votre permission, expliqua Carter, nous souhaiterions le faire asseoir sur la chaise trouvée en Antarctique. Ainsi mis en relation avec la technologie télépathique des Anciens, Nolim pourrait activer quelque chose, ou cela pourrait réveiller quelque chose en lui.
Vis-à-vis de SG1, le travail de Landry consistait le plus souvent en des décisions binaires de type oui/non. Ou bien le plan était bon, ou bien le plan était bon mais ne passerait pas auprès de ses supérieurs.
-Fort bien. Contactez l’Odyssée et faites ce petit voyage. Ce sera tout.
-Mon général.
-Mon général.
-Monsieur.
-En effet.
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Laurent Nolim était allé à Londres, à Venise, à Séville, et au Tyrol, mais tout cela remontait à sa petite enfance. Se retrouver ainsi catapulté de l’hexagone à l’Antarctique le déstabilisait quelque peu. Surtout qu’il avait entre temps appris se trouver à bord d’un vaisseau spatial, et que c’était bel et bien au moyen d’un téléporteur que l’on venait de le descendre au sol.
-C’est exactement comme la technologie des Avantgardes dans Wormhole Xtreme ! Mais sans l’effet « rideau de douche » qui a valu à Martin Loyd son procès avec les producteurs de Star Trek, précisa t’il.
-Vous êtes vraiment fan de cette série, commenta Samantha Carter.
-De la première heure ! Enfin, je n’avais pas lu le livre lorsque l’épisode pilote est sorti, mais je me suis rattrapé depuis. Tout de même, une téléportation en vrai, c’est incroyable ! Vous êtes certaine de ne pas pouvoir m’en dire plus ?
-Pas à ce stade. Secret défense, désolée.
-Un « secret défense », répéta Laurent avec un geste des doigts façon docteur Denfer, un vrai, c’est dingue !
L’équipe SG1 escorta son invité jusqu’au fauteuil de contrôle. En le voyant, Laurent écarquilla les yeux.
-Mais c’est un fauteuil psionique des Alternatifs, ça ! En tout cas, ça y ressemble, mais sans le revêtement en papier alu. Ne me dites pas que ce truc sert vraiment à contrôler cet endroit par la pensée ?
-Il se trouve que si, l’informa Carter.
-Dingue ! Mais il faut le gène des Alternatifs pour pouvoir s’en servir, non ?
-En fait, il s’agit du gène des Alterans, ou « Anciens ».
-Oh ? Vous n’allez pas me dire que les Goules existent aussi à une différence d’orthographe prés ?
-Asseyez vous sur le siége, monsieur Nolim, insista Carter, que nous voyons s’il se passe quelque chose.
Il se passa ce qui se passe chaque fois qu’un porteur du gène prend place sur le siége. L’appareil s’éclaira et se rabattit en arrière. D’habitude, il faut un effort conscient de l’utilisateur pour que quoi que ce soit d’autre se produise, mais, cette fois, une carte holographique surgit aussi spontanément que les mots prononcés par Laurent.
-Lantia, Atlantis.
-Déjà-vu, commenta Daniel Jackson.
-C’est moi qui génère ça ? s’inquiéta Laurent.
-Nous pensons que l’appareil de l’exposition vous a légué une pensée, laquelle est responsable de ceci. Nous supposions une sorte de clé mentale, mais c’est apparemment aussi une carte, ou une boussole. Toutes choses pouvant être désignées par le mot « Navigo ».
-Les Anciens devaient avoir du mal à se comprendre, non ? intervint Cameron Mitchell.
-Ils avaient des mots très précis, expliqua Daniel. Mais aussi des mots à tiroirs, comme celui-ci.
-Quoi que ce Navigo active, conclut Carter, cela doit se trouver sur Atlantis.
-Heu, hésita Laurent dont l’anglais manquait de pratique orale, êtes vous en train de parler de la cité d’Atlanta ?
-Non, Atlantis, rectifia Cameron.
-Atlantis… L’Atlantide ? (en français dans le texte). Vous êtes en train de parler de la cité perdue de l’Atlantide ?
-C’est précisément cela, oui, confirma Daniel en français dans le texte.
-Je ne sais pas encore s’il s’agit d’un rêve ou d’un cauchemar, dis Laurent en se prenant le visage dans les mains, mais je vais me réveiller avec une grosse bosse sur la tête, c’est obligé.
-J’ai dans l’idée, Laurent Nolim, déclara Teal’c, que votre voyage au pays du lapin blanc ne fait que commencer.
Laurent risqua un regard incrédule par-dessus ses pouces.
-Bienvenu dans le monde réel, ajouta Teal’c en haussant un sourcil.
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Et c’est ainsi que, une semaine plus tard, Laurent se retrouva à bord d’un autre vaisseau, nommé le Dédale, avec toutes ses affaires, pour un voyage vers une galaxie lointaine, très lointaine, où il était supposé trouver une quelconque utilité à la mystérieuse force qu’il possédait désormais en lui.
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Le Dédale effectue régulièrement la navette entre la galaxie de la Voie Lactée et la galaxie de Pégase. En bonne logique, le moral de l’équipage devrait être passablement bon lors de ces voyages. Après tout, les trajets vers la Terre sont synonymes de retour au foyer. Quant à Atlantis, le climat sud-méditerranéen additionné à l’autorité civile donne à la cité océanique des airs de station balnéaire. De quoi donner de l’espoir et faire oublier la longueur du voyage. Pourtant, les faits sont là : ces traversées sont toujours marquées par la morosité. La raison de ceci se résume en deux syllabes : Caldwell. Le colonel, commandant du Dédale, a jadis été l’hôte d’un Goa’uld. Sous l’influence du parasite, il s’est montré antipathique envers le docteur Elisabeth Weir, a exigé de ses hommes une attitude spartiate en toute circonstance et en particulier sur Atlantis, a fait montre d’un caractère froid et austère, et de façon générale a été l’un de ces chefs militaires pour lesquels la tension ne doit jamais retomber. Dés lors que le Dédale avait connu le stress d’une attaque de vaisseau ruche Wraith, le commandant se chargeait à lui seul de faire de ce stress la norme à bord de son vaisseau. Une fois le Goa’uld identifié et retiré du corps de son hôte, tout le monde espérait découvrir enfin le vrai Caldwell, sans doute un gars sympa et décontracté. Des témoins l’ont affirmé, Caldwell a effectivement souri et fait montre de chaleur humaine après l’opération. Ces témoignages ne font l’objet d’aucune mise en doute, mais à la façon des témoignages d’apparitions de la Vierge Marie, à savoir le désir humain de surnaturel. La réalité quotidienne, c’est que personne ne voit vraiment de différence entre avant et après l’extraction du parasite. A ce pénible état de fait vient encore s’ajouter un facteur aggravant, lui aussi en deux syllabes : Hermiod. Le technicien Asgard du Dédale, chargé d’entretenir les dispositifs offerts par son espèce, a été désigné pour une raison très simple. Aucun Asgard ne voulait de cette mission, et tous les Asgards avaient de longue date décidé de se débarrasser d’Hermiod à la première occasion. Si Hermiod était humain, il s’appellerait Kavanagh.
Laurent feuilletait un rapport confidentiel, rédigé dans le but d’expliquer aux nouveaux membres de l’expédition les grandes lignes de la situation pégasienne. Il faisait cela à la cafétéria du Dédale, c'est-à-dire dans une salle exiguë contenant une table, une armoire, une cafetière électrique, une théière électrique, et un petit réfrigérateur. La cafetière était décorée de dessins d’agrumes. Le thé était du lipton lemon. Le réfrigérateur contenait essentiellement de la limonade. Tous ces détails avaient pour but de repousser un occasionnel troisième sujet de contrariété en deux syllabes, comme l’ail repousse le vampire assoiffé. Mais Laurent ignorait encore cela. Il était seul dans la salle, en dehors d’Hermiod. Ce dernier avait amené sa propre cafetière, modèle Asgard, et se concoctait un épais mélange à base de cachés de vitamines, de cuillerées de farine, de pincées de sel, de morceaux de sucre, et d’eau. Chez les siens, c’était parait il ainsi que l’on se nourrissait. Une alimentation à base de nutriments purs. Son organisme devait malgré tout rejeter quelque chose, mais aucun biologiste ne s’était risqué à tenter d’analyser la nature ou le comment de la chose. Laurent tournait lentement les pages du rapport, tandis que l’extraterrestre demeurait tout aussi silencieux. Au bout d’un moment, le jeune homme se sentit obligé d’engager la conversation. Pourtant, il n’avait aucune obligation de cet ordre, mais vraiment aucune.
-Alors, comme ça, vous êtes un dieu viking ?
-[Contraction des paupières].
-Du type casque à cornes, côte de maille et marteau, quoi ?
-[Contraction des lobes crâniens].
-Enfin, ça, c’est les hologrammes que votre peuple projetait à nos ancêtres. Mais, vous est il déjà arrivé d’en porter pour de vrai ?
-[Lobes oculaires écarquillés].
-Si je vous demande ça, c’est à cause d’un MMORPG en préproduction. Il s’appelle Wormhole Xtreme Worlds, et vous y avez un équivalent habillé comme ça. Il ne lui manque que la barbe pour…
-[Penchement de tête].
-Disons qu’on trouvera sûrement des joueurs appelés Gurdil.
-[Je me reconcentre sur ma cafetière en marmonnant, dans ma langue que même Daniel Jackson il sait pas la traduire].
Laurent pensa avoir fait une gaffe. Pourtant, il venait d’avoir une conversation standard avec Hermiod.
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Plusieurs semaines plus tard, le Dédale sortit d’hyperespace à proximité de la planète Lantia. Une part de l’équipage fut téléportée sur Atlantis, ainsi que diverses personnes devant rejoindre l’expédition. Laurent en faisait partie. Le docteur Weir adressa un bref discours de bienvenue aux nouvelles recrues, puis s’adressa plus spécifiquement à Laurent.
-Pour vous, monsieur Nolim, les choses sérieuses commencent tout de suite. Ces messieurs vont se charger de vos bagages, pendant que nous nous rendons à la salle du siège de contrôle.
-Mon travail consiste encore à m’asseoir ?
-Basiquement, oui. Nous espérons une quelconque réaction de la cité à votre présence.
Ici, le narrateur s’en excuse, mais il ne voit vraiment aucun autre terme que celui de « placard de transport » pour désigner le type de téléporteur emprunté par Laurent et Elisabeth. La Voie Lactée avait des « anneaux de transports », et les hommes de l’expédition pégasienne ont bel et bien pris ces petites salles pour des placards la première fois qu’ils les ont rencontrées. Quoi qu’il en soit, le docteur Weir et son invité se retrouvèrent en un clin d’œil à proximité de la salle du fauteuil. Ils y furent accueillis par les docteurs McKay et Zelenka, avec qui Laurent échangea les politesses d’usage, avant que Rodney McKay le presse de commencer l’expérience. Laurent prit donc place. Le fauteuil s’alluma et se rabattit en arrière. Voici alors ce qui se produisit…
Rien. Laurent essaya de fermer les yeux et de se concentrer. Il prononça plusieurs fois le mot « Navigo » et tenta même une variante « cartas imagïn hêr » dans ce qui était cette fois du charabia authentique. Mais cela n’eut pas plus d’effet.
-Ce n’est pas grave, dit Elisabeth. Je vais vous conduire à vos quartiers, et demain nous tenterons une autre approche.
Laurent quitta le siège, l’air de s’excuser, bien que personne ne lui adresse le moindre regard de reproche, à l’exception de Rodney. Le docteur Weir et Laurent retournérent au placard de transport, et Elisabeth invita Laurent à actionner l’écran tactile. Lorsque l’index droit de Laurent entra en contact avec l’écran, celui-ci s’éteignit, puis se ralluma. Sur la carte de la cité, la position d’un nouveau placard de transport était indiquée.
Lorsque l'on bloque sur une histoire compliquée, la meilleure chose à faire est d'en écrire une autre, mais plus simple et dans le style qui nous est naturel. Je vous présente donc "Le Navigo (épisode pilote)". Disons qu'elle est la suite de Womhole Xtrapolis sans vraiment l'être. Au lieu d'un univers parodique, j'ai décidé de montrer l'univers SG sous un autre angle, avec au final le même résultat.
Le Navigo.
Episode Pilote.
C’était une belle soirée de printemps… Chaque fois qu’une histoire commence de cette manière, le lecteur sait à quoi s’attendre. La suite ne peut être qu’une description longue et détaillée d’une situation tout à fait banale, servant de prologue à l’histoire à proprement parler. Ici, il faut se représenter la nuit tombant sur la ville de Paris. Ce n’est pas un soir de coupe du monde. Ce n’est pas le décompte électoral. Il n’y a pas d’émeute en banlieue. La SNCF n’est pas non plus en grève, ce qui à la réflexion constitue peut-être un fait inhabituel, quoique de toute manière sans intérêt pour la suite de l’histoire. C’est également à travers ce type de narration que le lecteur fait généralement connaissance avec le héros. Je vous présente donc notre protagoniste principal : Laurent Nolim. Il s’agit d’un jeune homme de vingt-et-un ans, étudiant en maîtrise de biologie moléculaire et cellulaire à l’université Pierre-et-Marie-Curie. Laurent a des amis, mais n’est pas très sociable et n’a jamais mis les pieds dans une boite de nuit. Laurent aime les filles, mais n’en a encore jamais embrassé une. Il se peut que Laurent soit un looser, mais c’est difficile à dire vu qu’il n’essaye même pas. Comme il le dit lui-même, à quoi bon troubler sa bulle de tranquillité ? La vie l’obligera tôt ou tard à assurer sa subsistance, et il sera alors temps de renoncer au farniente. D’ici là, il se satisfait de son existence, fut elle incomplète de l’avis de certains. Tout cela ne l’empêche évidemment pas de rêver d’aventure, d’action, de danger et de romance. Laurent est d’ailleurs un fan inconditionnel d’une série télévisée, de type héroïcofantasicoscientofictiorétrofuturiste, affublée du titre improbable de « Wormhole Xtreme », dont il a vu tous les épisodes plusieurs fois. Afin de donner à tout ceci une dimension métaphorique, le narrateur aura soin de faire remarquer la présence de l’habituel nuage de pollution au dessus de la ville-lumière, bouclier orange-fluo cachant les étoiles aux yeux des citadins. Alors que notre histoire se met en route, Laurent déambule dans une rue, en direction d’une exposition sur les fossiles marins. Il est seul, comme toujours, et ravi à l’idée de découvrir de vagues traces de scorpions géants figées dans la roche. Après une ellipse temporelle, due au fait qu’il n’y a vraiment rien à raconter, nous le retrouvons dans une galerie, debout devant un gros rocher. Celui-ci porte la trace d’un mollusque mal défini, une grosse protubérance en cercles concentriques, qui aurait pu passer inaperçue à tout autres yeux que ceux du scientifique qui l’avait ramené ici. Afin d’observer la chose de plus prés, Laurent s’approche et tend le cou vers le centre de la cible. C’est à ce moment précis, et pour les besoins de l’histoire, que le monde bascule, enfin, dans le domaine de l’inhabituel et de l’étrange. Voici que l’antique roche se craquelle et s’effrite, révélant une sorte de métal sombre, et que la protubérance se déplie à la manière d’un bras télescopique. Ce bras saisit le crâne de Laurent, dont le regard se retrouve assailli de lumières colorées. Ces lumières sont la dernière chose que Laurent voit avant de perdre connaissance. Lui qui ne voulait pas se prendre la tête, autre chose s’en est chargé pour lui.
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Même endroit, trois heures plus tard. Les lieux avaient été évacués, et seuls s’y trouvaient désormais des hommes du NID. Ils étaient trois, et l’un d’entre eux était penché sur le socle d’exposition du rocher. Il manipulait un appareil d’origine Alteranne au dessus de l’emplacement désormais vide. Après plusieurs minutes passées à lire les données affichées par l’appareil, il prit la parole.
-Les relevés sont similaires à ceux laissés par une désintégration au Zat. Cela corrobore les témoignages comme quoi le rocher se serait volatilisé dans une série d’éclairs électriques.
-Et aucun témoin n’a vu qui que ce soit manipuler une sorte de pistolet ?
-Aucun. Il faut en conclure que l’appareil s’est d’une façon ou d’une autre autodétruit.
-Et d’après ces mêmes témoignages, il n’y a aucun doute possible sur la nature de l’artefact. C’était une « bibliothèque » des Anciens. Qui sait de quelle sorte de savoir ce pauvre gars a hérité ? Il pourrait se réveiller à l’hôpital avec toute la connaissance des bâtisseurs de la porte.
-On va avoir du mal à faire le silence sur cet incident.
-Nous avons la pleine collaboration des autorités françaises.
-Oui, mais vous connaissez les grenouilles. On a intérêt à téléporter tout ce qui peut l’être sur l’Odyssée, et vite. En particulier ce « pauvre gars ». L’infirmerie du vaisseau s’occupera sans doute mieux de lui que l’hôpital.
-Je transmet immédiatement l’ordre, dit l’un des agents en se retirant à l’écart.
-C’est dans ces moments là que j’aimerais avoir un neurolyseur. Dommage qu’aucune équipe SG n’est jamais été fichue de nous en ramener un.
-Il y a bien le pins Goa’uld, selon comment on l’utilise, ou cet autre appareil apprécié du colonel Mitchell.
-Mais on ne peut pas s’en servir à distance, ni sur plusieurs personnes à la fois.
-La victime est maintenant à bord de l’Odyssée, les informa leur collègue en revenant. D’après l’infirmerie, il tarde encore à se réveiller.
-Qu’il profite de son sommeil. Le réveil sera certainement pénible.
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Le réveil s’apparentait à une gueule de bois. Mais Laurent n’avait jamais bu un verre entier d’alcool, aussi la sensation était elle pour lui entièrement nouvelle. Son regard mis plusieurs secondes à sortir du flou, et il découvrit l’infirmerie de l’Odyssée. Il y avait aussi là une infirmière, au demeurant plutôt mignonne. Laurent se dit que les événements avaient après tout du bon.
-Bonjour, dit aimablement l’infirmière.
-Navigo, répondit spontanément Laurent.
Ce qui le plongea dans un océan de perplexité. Mais le plus étrange était que l’infirmière n’en paraissait pas autrement surprise. C’était comme si elle s’y attendait. Elle affichait cependant un air triste, comme une infirmière qui vient de reconnaître un symptôme inquiétant.
-Vous parlez la langue des Anciens, diagnostiqua t’elle.
-La langue des Anciens ? s’étonna Laurent. Non. Je parle un anglais approximatif, et j’ai des restes d’espagnol, mais j’ai laissé tomber le latin en quatrième.
-Mais vous ne savez pas d’où est venu ce mot ?
-Il a franchi mes lèvres, juste comme ça.
-Restez ici. Je reviens dans un instant.
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Le lendemain, sous la montagne Cheyenne aux USA. Le général Landry tenait conférence avec l’équipe SG1. A l’origine, SG1 n’était que le premier d’une série de quatuors en missions sur d’autres planètes, mais il était désormais admis de longue date que les membres de SG1 participaient de la direction de la base, quel que fut leur grade ou poste. Nul n’aurait d’ailleurs songé à manquer de respect au docteur Daniel Jackson, lequel, s’il n’avait jamais embrassé la carrière militaire, collectionnait pourtant les actes de bravoure face à l’ennemi. Nul, non plus, ne se serait montré hautain et méprisant devant Teal’c, mais pour des raisons plus percutantes. Le lieutenant-colonel Samantha Carter et le colonel Mitchell tenaient également beaucoup plus lieu de conseillers que de subordonnés du général Landry. Le sujet de la discussion était Laurent Nolim.
-Le mot « Navigo » a plusieurs significations en Ancien, expliquait le docteur Jackson. Il désigne le voyage, mais aussi le moyen du voyage.
-Ce pourrait il qu’il soit question d’Ascension ? demanda le colonel Mitchell.
-Sur un seul mot, je ne saurais dire.
-Il est toujours question d’Ascension.
-Quoiqu’il en soit, poursuivit l’archéologue, le fait que ce mot ait surgi de l’esprit de monsieur Nolim complètement hors contexte me porte à penser qu’il fait office d’explication, ou de résumé, de ce que cet homme a reçu. Le savoir en question doit être une sorte de clé.
-Comme… un passe ?
-C’est une autre façon de le dire, oui. D’après le médecin de l’Odyssée, son activité mentale n’est pas différente de celle de n’importe qui. Toujours d’après ce même docteur, il n’a pas non plus manifesté d’autre « charabia Ancien » depuis ce premier mot, précisa le docteur Jackson avec une contrariété retenue.
-Cela nous porte à penser que le savoir transféré devait être très spécifique, intervint Samantha Carter. Ce pourrait effectivement n’être qu’une clé, une information insignifiante mais essentielle pour accéder à… autre chose.
-Et avez-vous la moindre idée de la nature de cette « autre chose » ? interrogea calmement le général Landry.
-Avec votre permission, expliqua Carter, nous souhaiterions le faire asseoir sur la chaise trouvée en Antarctique. Ainsi mis en relation avec la technologie télépathique des Anciens, Nolim pourrait activer quelque chose, ou cela pourrait réveiller quelque chose en lui.
Vis-à-vis de SG1, le travail de Landry consistait le plus souvent en des décisions binaires de type oui/non. Ou bien le plan était bon, ou bien le plan était bon mais ne passerait pas auprès de ses supérieurs.
-Fort bien. Contactez l’Odyssée et faites ce petit voyage. Ce sera tout.
-Mon général.
-Mon général.
-Monsieur.
-En effet.
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Laurent Nolim était allé à Londres, à Venise, à Séville, et au Tyrol, mais tout cela remontait à sa petite enfance. Se retrouver ainsi catapulté de l’hexagone à l’Antarctique le déstabilisait quelque peu. Surtout qu’il avait entre temps appris se trouver à bord d’un vaisseau spatial, et que c’était bel et bien au moyen d’un téléporteur que l’on venait de le descendre au sol.
-C’est exactement comme la technologie des Avantgardes dans Wormhole Xtreme ! Mais sans l’effet « rideau de douche » qui a valu à Martin Loyd son procès avec les producteurs de Star Trek, précisa t’il.
-Vous êtes vraiment fan de cette série, commenta Samantha Carter.
-De la première heure ! Enfin, je n’avais pas lu le livre lorsque l’épisode pilote est sorti, mais je me suis rattrapé depuis. Tout de même, une téléportation en vrai, c’est incroyable ! Vous êtes certaine de ne pas pouvoir m’en dire plus ?
-Pas à ce stade. Secret défense, désolée.
-Un « secret défense », répéta Laurent avec un geste des doigts façon docteur Denfer, un vrai, c’est dingue !
L’équipe SG1 escorta son invité jusqu’au fauteuil de contrôle. En le voyant, Laurent écarquilla les yeux.
-Mais c’est un fauteuil psionique des Alternatifs, ça ! En tout cas, ça y ressemble, mais sans le revêtement en papier alu. Ne me dites pas que ce truc sert vraiment à contrôler cet endroit par la pensée ?
-Il se trouve que si, l’informa Carter.
-Dingue ! Mais il faut le gène des Alternatifs pour pouvoir s’en servir, non ?
-En fait, il s’agit du gène des Alterans, ou « Anciens ».
-Oh ? Vous n’allez pas me dire que les Goules existent aussi à une différence d’orthographe prés ?
-Asseyez vous sur le siége, monsieur Nolim, insista Carter, que nous voyons s’il se passe quelque chose.
Il se passa ce qui se passe chaque fois qu’un porteur du gène prend place sur le siége. L’appareil s’éclaira et se rabattit en arrière. D’habitude, il faut un effort conscient de l’utilisateur pour que quoi que ce soit d’autre se produise, mais, cette fois, une carte holographique surgit aussi spontanément que les mots prononcés par Laurent.
-Lantia, Atlantis.
-Déjà-vu, commenta Daniel Jackson.
-C’est moi qui génère ça ? s’inquiéta Laurent.
-Nous pensons que l’appareil de l’exposition vous a légué une pensée, laquelle est responsable de ceci. Nous supposions une sorte de clé mentale, mais c’est apparemment aussi une carte, ou une boussole. Toutes choses pouvant être désignées par le mot « Navigo ».
-Les Anciens devaient avoir du mal à se comprendre, non ? intervint Cameron Mitchell.
-Ils avaient des mots très précis, expliqua Daniel. Mais aussi des mots à tiroirs, comme celui-ci.
-Quoi que ce Navigo active, conclut Carter, cela doit se trouver sur Atlantis.
-Heu, hésita Laurent dont l’anglais manquait de pratique orale, êtes vous en train de parler de la cité d’Atlanta ?
-Non, Atlantis, rectifia Cameron.
-Atlantis… L’Atlantide ? (en français dans le texte). Vous êtes en train de parler de la cité perdue de l’Atlantide ?
-C’est précisément cela, oui, confirma Daniel en français dans le texte.
-Je ne sais pas encore s’il s’agit d’un rêve ou d’un cauchemar, dis Laurent en se prenant le visage dans les mains, mais je vais me réveiller avec une grosse bosse sur la tête, c’est obligé.
-J’ai dans l’idée, Laurent Nolim, déclara Teal’c, que votre voyage au pays du lapin blanc ne fait que commencer.
Laurent risqua un regard incrédule par-dessus ses pouces.
-Bienvenu dans le monde réel, ajouta Teal’c en haussant un sourcil.
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Et c’est ainsi que, une semaine plus tard, Laurent se retrouva à bord d’un autre vaisseau, nommé le Dédale, avec toutes ses affaires, pour un voyage vers une galaxie lointaine, très lointaine, où il était supposé trouver une quelconque utilité à la mystérieuse force qu’il possédait désormais en lui.
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Le Dédale effectue régulièrement la navette entre la galaxie de la Voie Lactée et la galaxie de Pégase. En bonne logique, le moral de l’équipage devrait être passablement bon lors de ces voyages. Après tout, les trajets vers la Terre sont synonymes de retour au foyer. Quant à Atlantis, le climat sud-méditerranéen additionné à l’autorité civile donne à la cité océanique des airs de station balnéaire. De quoi donner de l’espoir et faire oublier la longueur du voyage. Pourtant, les faits sont là : ces traversées sont toujours marquées par la morosité. La raison de ceci se résume en deux syllabes : Caldwell. Le colonel, commandant du Dédale, a jadis été l’hôte d’un Goa’uld. Sous l’influence du parasite, il s’est montré antipathique envers le docteur Elisabeth Weir, a exigé de ses hommes une attitude spartiate en toute circonstance et en particulier sur Atlantis, a fait montre d’un caractère froid et austère, et de façon générale a été l’un de ces chefs militaires pour lesquels la tension ne doit jamais retomber. Dés lors que le Dédale avait connu le stress d’une attaque de vaisseau ruche Wraith, le commandant se chargeait à lui seul de faire de ce stress la norme à bord de son vaisseau. Une fois le Goa’uld identifié et retiré du corps de son hôte, tout le monde espérait découvrir enfin le vrai Caldwell, sans doute un gars sympa et décontracté. Des témoins l’ont affirmé, Caldwell a effectivement souri et fait montre de chaleur humaine après l’opération. Ces témoignages ne font l’objet d’aucune mise en doute, mais à la façon des témoignages d’apparitions de la Vierge Marie, à savoir le désir humain de surnaturel. La réalité quotidienne, c’est que personne ne voit vraiment de différence entre avant et après l’extraction du parasite. A ce pénible état de fait vient encore s’ajouter un facteur aggravant, lui aussi en deux syllabes : Hermiod. Le technicien Asgard du Dédale, chargé d’entretenir les dispositifs offerts par son espèce, a été désigné pour une raison très simple. Aucun Asgard ne voulait de cette mission, et tous les Asgards avaient de longue date décidé de se débarrasser d’Hermiod à la première occasion. Si Hermiod était humain, il s’appellerait Kavanagh.
Laurent feuilletait un rapport confidentiel, rédigé dans le but d’expliquer aux nouveaux membres de l’expédition les grandes lignes de la situation pégasienne. Il faisait cela à la cafétéria du Dédale, c'est-à-dire dans une salle exiguë contenant une table, une armoire, une cafetière électrique, une théière électrique, et un petit réfrigérateur. La cafetière était décorée de dessins d’agrumes. Le thé était du lipton lemon. Le réfrigérateur contenait essentiellement de la limonade. Tous ces détails avaient pour but de repousser un occasionnel troisième sujet de contrariété en deux syllabes, comme l’ail repousse le vampire assoiffé. Mais Laurent ignorait encore cela. Il était seul dans la salle, en dehors d’Hermiod. Ce dernier avait amené sa propre cafetière, modèle Asgard, et se concoctait un épais mélange à base de cachés de vitamines, de cuillerées de farine, de pincées de sel, de morceaux de sucre, et d’eau. Chez les siens, c’était parait il ainsi que l’on se nourrissait. Une alimentation à base de nutriments purs. Son organisme devait malgré tout rejeter quelque chose, mais aucun biologiste ne s’était risqué à tenter d’analyser la nature ou le comment de la chose. Laurent tournait lentement les pages du rapport, tandis que l’extraterrestre demeurait tout aussi silencieux. Au bout d’un moment, le jeune homme se sentit obligé d’engager la conversation. Pourtant, il n’avait aucune obligation de cet ordre, mais vraiment aucune.
-Alors, comme ça, vous êtes un dieu viking ?
-[Contraction des paupières].
-Du type casque à cornes, côte de maille et marteau, quoi ?
-[Contraction des lobes crâniens].
-Enfin, ça, c’est les hologrammes que votre peuple projetait à nos ancêtres. Mais, vous est il déjà arrivé d’en porter pour de vrai ?
-[Lobes oculaires écarquillés].
-Si je vous demande ça, c’est à cause d’un MMORPG en préproduction. Il s’appelle Wormhole Xtreme Worlds, et vous y avez un équivalent habillé comme ça. Il ne lui manque que la barbe pour…
-[Penchement de tête].
-Disons qu’on trouvera sûrement des joueurs appelés Gurdil.
-[Je me reconcentre sur ma cafetière en marmonnant, dans ma langue que même Daniel Jackson il sait pas la traduire].
Laurent pensa avoir fait une gaffe. Pourtant, il venait d’avoir une conversation standard avec Hermiod.
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Plusieurs semaines plus tard, le Dédale sortit d’hyperespace à proximité de la planète Lantia. Une part de l’équipage fut téléportée sur Atlantis, ainsi que diverses personnes devant rejoindre l’expédition. Laurent en faisait partie. Le docteur Weir adressa un bref discours de bienvenue aux nouvelles recrues, puis s’adressa plus spécifiquement à Laurent.
-Pour vous, monsieur Nolim, les choses sérieuses commencent tout de suite. Ces messieurs vont se charger de vos bagages, pendant que nous nous rendons à la salle du siège de contrôle.
-Mon travail consiste encore à m’asseoir ?
-Basiquement, oui. Nous espérons une quelconque réaction de la cité à votre présence.
Ici, le narrateur s’en excuse, mais il ne voit vraiment aucun autre terme que celui de « placard de transport » pour désigner le type de téléporteur emprunté par Laurent et Elisabeth. La Voie Lactée avait des « anneaux de transports », et les hommes de l’expédition pégasienne ont bel et bien pris ces petites salles pour des placards la première fois qu’ils les ont rencontrées. Quoi qu’il en soit, le docteur Weir et son invité se retrouvèrent en un clin d’œil à proximité de la salle du fauteuil. Ils y furent accueillis par les docteurs McKay et Zelenka, avec qui Laurent échangea les politesses d’usage, avant que Rodney McKay le presse de commencer l’expérience. Laurent prit donc place. Le fauteuil s’alluma et se rabattit en arrière. Voici alors ce qui se produisit…
Rien. Laurent essaya de fermer les yeux et de se concentrer. Il prononça plusieurs fois le mot « Navigo » et tenta même une variante « cartas imagïn hêr » dans ce qui était cette fois du charabia authentique. Mais cela n’eut pas plus d’effet.
-Ce n’est pas grave, dit Elisabeth. Je vais vous conduire à vos quartiers, et demain nous tenterons une autre approche.
Laurent quitta le siège, l’air de s’excuser, bien que personne ne lui adresse le moindre regard de reproche, à l’exception de Rodney. Le docteur Weir et Laurent retournérent au placard de transport, et Elisabeth invita Laurent à actionner l’écran tactile. Lorsque l’index droit de Laurent entra en contact avec l’écran, celui-ci s’éteignit, puis se ralluma. Sur la carte de la cité, la position d’un nouveau placard de transport était indiquée.