[FANFIC] Les rescapés de l'Antarctique
Publié : 04 juin 2007, 09:34
En accord avec la modération de fusion, FanFiction Project (FFP) est un pseudo qui réunit l'ensemble des personnes qui ont en projet de créer une fanfiction collective.
Ont travaillé sur ce projet:
- Création du sypnopsis, des personnages et de l'intrigue: Anubis_31, L'enfanteuse et Yaneore.
- Pour la partie illustrations : B.Carter et Yaneore
- Pour la partie relecture : B.Carter et Rufus Shinra
Les rescapés de l'Antarctique est notre première fanfiction collective.
Maintenant, place à la lecture...

PROLOGUE
Une courbe blanche sur un ciel blanc et au loin une tâche noire. Il avança vers le bord de la falaise.
La plupart des gens imaginaient l’Antarctique comme un gros glaçon flottant sur la mer. Pourtant il n’en était rien. Sur ce continent se côtoyaient des roches et des glaces. Mais ce qui intéressait notre homme, ce n’était ni les différentes strates racontant la vie passée de notre Terre, ni la glace qui lui donnait un air de dessin animé. Il n’avait que faire des touristes qui profitaient de la dernière destination à la mode ou des militaires qui étaient là, soi-disant pour maintenir un équilibre dans une zone démilitarisée !
Ah, ça le faisait bien rire, lui, le caporal, celui qui obéissait sans réfléchir et sans faire de vagues. Sous peu, il serait loin, dans des eaux plus chaudes où les filles ne porteraient pas une polaire synthétique mais un petit triangle de coton… et encore.
Anderson s’avança encore plus près et ajusta ses jumelles. Merci l’armée des États-Unis d'Amérique de mettre à sa disposition de si performantes technologies. Le bateau s’approchait de la zone où il allait mouiller l’ancre pour quelques jours. Avec ses jumelles, il voyait parfaitement la faune locale s’agiter, de riches demoiselles, des peoples de la Jet Set mondiale, des lambdas et parmi eux, celui par qui son destin allait enfin prendre un nouveau chemin.
Et c’était bien ainsi que les choses évoluèrent, mais ce n’était pas Hawaï et ses plages qui attendaient Anderson, mais la mort et sa faux acérée.
***
La houle était un peu violente mais rien qui ne puisse retenir Miss Thorne. Elle se devait d’être sur le pont lorsque le paquebot arriverait à destination. Sur le quai, elle le savait, serait agglutinés des paparazzi, des fans et des curieux. Il en avait toujours été ainsi et cela lui convenait à merveille. Le voyage avait été assez plaisant quoique particulièrement monotone. Elle avait envie d’aventure et pas de celles qu’imaginaient pour elle les rédacteurs des magasines. Elle désirait côtoyer un monde où rien n’était écrit à l’avance, un monde qui avancerait vers l’inconnu. Miss Claudia Thorne n’allait pas être déçue.
Son imagination voguait aux rythmes des vagues poussant l’écume loin de la proue du MS Nordwige, lorsqu’elle fut bousculée par un homme à l’allure d’aventurier. Il portait un chapeau à la Indiana Jones. Claudia n’en vit pas plus, si ce n’est ses cheveux mi-longs et son pantalon en toile entrée dans des santiags d’un autre temps. Et voila son imagination repartie vers d’étranges horizons.
Un appel du commandant de bord via de puissants haut-parleurs remit Miss Thorne dans le présent. Elle allait enfin pouvoir fouler le sol de l’Antarctique. Sur le pont, c’était un peu la bousculade afin d’être parmi les premiers. Quelle indélicatesse et quel manque de savoir vivre ! Claudia n’avait jamais pu se faire aux manières des gens primaires. Elle jeta un œil dédaigneux sur ceux qui l’avaient accompagné durant la longue traversée. Sur ceux qui n’avaient été que des ombres, fantômes frôlant de loin, mais jamais d’assez loin, sa si prude et si digne présence. Il y avait quelques hommes d’affaires en quête de fortune, quelques similis aventuriers et des touristes qui s’étaient crevés à la tâche afin de s’offrir un rêve. Evidemment, elle ne faisait partie d’aucune de ces catégories. La fortune, elle l’avait acquise en épousant un vieux « richard », sénile et idiot, qui avait eu la bonté, un peu aidée, de mourir assez rapidement après leurs noces.
Alors que Miss Thorne dévisageait sans aucune retenue les passagers du paquebot, un jeune couple s’avança à sa hauteur. Ils se tenaient amoureusement par le bras, insouciants, heureux de découvrir enfin le paradis de glace où ils avaient décidé de passer leur lune de miel. Un couple charmant en apparence, mais seulement en apparence.
Ici comme ailleurs, personne n’était seulement que ce qu’il semblait être.
Ici comme ailleurs, le cours de la vie en quittant son droit chemin, allait entraîner de terribles bouleversements.
***
Dans ses visées, le petit couple s’embrassait langoureusement. Il rit. Etait-ce le mari, la femme ? Il ignorait qui serait son acquéreur. Peut-être l’homme au costume sombre qui semblait tout droit sorti d’un film de Tarentino ou le jeune dandy qui ne lâchait pas son sac de sport où un félin bondissait avec énergie. Il se sentait un peu comme l’animal emblématique… en plein élan vers l’inconnu.
Ce soir, à la tombée d’une nuit qui en réalité n’en finissait pas vraiment, il retrouverait l’autre et sa mallette de blé. Il palpa sa poche bombante dans laquelle se trouvait son nouveau passeport. Un bruit derrière lui, le fit se retourner. Rien, juste lui et le désert de glace de McMurdo. Anderson devait tout de même rester prudent. De nombreux militaires et scientifiques avaient annexé cette zone depuis quelques années. Il ne les connaissait pas et ignorait tout de leurs objectifs sur ce continent. En revanche ils savaient que la présence de tant d’hommes de toutes origines signifiait Secret Défense et donc fouineurs.
Lentement, comme si de rien n’était, il quitta la falaise de glace et l’océan qui se déchaînait à ses pieds. Il enfourcha sa moto des neiges, une petite merveille, et parcouru les étendues blanches vers le point de rendez-vous. En réalité il en était très près, mais son côté parano l’obligeait à envisager toutes les options. Sa marchandise valait bien sa prudence et… les deux cent millions de dollars qui allaient sous peu dormir dans un paradis fiscal.
L’homme, puisque c’était bien un homme, était déjà là. Il était ridicule avec son borsalino enfoncé profondément sur sa tête. Anderson eut envie de rire, mais tant de billets verts ne prêtaient pas aux sarcasmes. L’acheteur était seul et semblait être venu à pied, les mains dans les poches si l’on peut dire. Anderson s’approcha et regarda l’homme droit dans les yeux. La suspicion… sa meilleur garantie sur la vie.
- Comment êtes-vous venu ? demanda-t-il sans salut préalable.
L’homme désigna une petite embarcation motorisée qui s’éloignait doucement de la côte.
- Ce sont des touristes du MS Nordwige. Ils m’ont conduit ici. Je leur ai dit qu’un ami viendrait me chercher.
- Et si je n’étais pas venu ?
- J’aurai donné deux cents millions de dollars à un pingouin pour qu’il me reconduise.
- Mouais ! Vous avez mon argent ?
- Vous avez la marchandise ?
Anderson lui tendit ce qui ressemblait à s’y méprendre à une chevalière en argent. L’homme la prit du bout des doigts et l’examina. Anderson se dit aussitôt que cet homme n’était qu’un intermédiaire et qu’il ignorait tout de la marchandise. Pour dire la vérité, Anderson lui-même ignorait pas mal de chose.
- La puce est incérée dans la bague.
- Je m’en doutais, ajouta le second homme, fourbe et menteur. Voici votre argent.
Il lui tendit une carte sur laquelle était notée une série de chiffre.
- Le premier correspond à votre compte offshore des Cayman. Le second est votre code d’accès.
Anderson attrapa la carte, retourna à son véhicule puis composa un numéro sur son cellulaire. Il parla quelques minutes et ferma l’appareil. Un long silence puis une sonnerie ridicule de jingle pub. L’homme vit Anderson concentré sur ce que lui disait son interlocuteur puis un voile de crispation se leva et Anderson sourit à pleines dents.
- Ok, ça marche ! Dites à votre commanditaire que j’ai été ravi de faire affaire avec lui. Montez, dit-il en désignant sa moto. Je vous reconduis dans une zone plus humanisée.
L’homme sourit.
Anderson était agacé de ce contre temps mais que pouvait-il faire ? Laisser cet inconnu mourir de froid avec dans ses poches son arrêt de mort ? Aussi sûrement qu’il mourrait avant d’avoir trouvé le moindre pingouin à corrompre, l’armée remonterait jusqu’à lui en découvrant le contenu de la chevalière.
- Allez montez !
La moto partit dans un nuage de poudreuse blanche. A peine deux cents mètres plus loin, Anderson s’arrêta.
- Pourquoi vous stoppez ?
- Vous n’avez rien vu ?
- Non.
- Dans la lumière de mes phares, j’ai vu un reflet.
- Et alors ?
- Alors, il n’y a rien par ici normalement. Je veux m’assurer que nous ne sommes pas suivis.
Anderson bifurqua vers le point qui par moment clignotait légèrement. De fait, il ne trouva ni homme, ni arme, mais simplement un bout de métal noir que la dernière tempête avait du partiellement dégager d’une congère. Seul un angle était à l’air libre, mais par transparence on distinguait nettement quelque chose de rond et d’irrégulier, comme le serait une pierre précieuse brute de taille.
- Aidez-moi, dit Anderson, toujours avide d’une bonne affaire.
Bien que pas très motivé, l’homme au borsalino lui donna un coup de main. Rapidement l’objet se dévoila comme étant un truc, un machin, une chose inconnue au bataillon et donc potentiellement très intéressante. Même monsieur borsalino s’activa à grand renfort de pied de biche et autres objets plus ou moins contendants. Une heure et demi fut nécessaire pour dégager entièrement ce qui s’avéra être…
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Anderson, comme si le faux touriste pouvait en savoir plus.
L’objet était hexagonal avec en son centre un orifice circulaire dans lequel était partiellement engagée l’étrange pierre. Anderson posa sa main dessus.
- Vous ne devriez peut-être pas toucher à ça ! dit le porteur de la chevalière en voyant Anderson enfoncer la pierre qui coulissa doucement avant de s’incruster totalement dans la machine.
La pierre s’illumina. Un jaune magnifique, hypnotique. Anderson ne pouvait en détacher le regard. Un Bruit de craquement.
La surprise propulsa Anderson sur les fesses. Quant à son acheteur, il détala comme un lapin. La suspicion était peut-être un garant de bonne santé pour Anderson, mais pour l’autre, c’était plutôt la fuite. Et bien lui en pris.
Au craquement succéda une étrange sensation, comme un léger vent qui nous frôle, nous caresse. Anderson l’accueillit sans crainte alors que l’homme qui courait toujours ne s’en senti que davantage pousser des ailes.
Soudain, juste au dessus de la pierre une sorte de petit tourbillon d’air apparu. Il semblait ne pas naître de la machine mais bien au contraire attirer à elle ce qui se trouvait à sa portée. Anderson lui trouva aussitôt une similitude avec la représentation qu’il se faisait d’un trou noir. Le petit tourbillon pris de l’ampleur et fut comme l’œil d’un cyclone, sans le cyclone. Drôle de comparaison. Hypnotisé, totalement incapable de quitter des yeux l’étrange phénomène météorologique, Anderson reposa sa main sur l’appareil.
Ce qu’il vit fut peut-être sa dernière vision avant sa mort. Sa main perdit de la consistance. Quelques traits bleus en dessinaient les contours et les volumes, comme un squelette informatique. Puis cela commença ou plutôt continua, se propagea à son bras puis à tout son corps. Il aurait du ne pas bouger. Il aurait du ne pas chercher à toucher la pierre. Il aurait du ne pas venir ce soir là.
Kendall courait si vite qu’il se pensait capable d’atteindre un autre continent avant la fin de la nuit… soit dans trois mois.
La curiosité le poussa cependant à jeter un œil sur ce qu’il se passait derrière lui. Anderson était assis devant la machine. Kendall le distinguait à peine mais ce n’était pas cela le plus étonnant. Le plus étrange était le ciel qui s’étendait comme une flaque qui englobait progressivement tout son champ de vision. Le ciel était devenu moucheté et bleu, un peu comme la mer méditerranéen au cœur de l’été. En fait c’était exactement cela. On aurait dit que le monde s’était retourné. Le sol était blanc gris comme un ciel sans nuage et le ciel était animé par une houle surnaturelle. Kendall voulu continuer à courir mais il sentait une pression étouffante qui le clouait au sol.
Soudain il y eut une explosion.
Au loin, à l’extrémité de sa vision panoramique, Kendall vit l’explosion et la mort d’Anderson. Il sentit vaguement le souffle de la déflagration mais n’y prêta pas attention. Ce qui le saisit d’effroi fut la chute du ciel. Brutalement l’eau qui semblait en apesanteur au-dessus de lui tomba et l’engloutit.
Kendall sentit la chute, sa chute. Une terrible descente inversée au cœur d’un tunnel tourbillonnant. Il entendit plus qu’il ne vit, les dizaines d’autres personnes submergées par la vague. Il pensa aux touristes du paquebot, aux militaires et politiques qu’il avait croisés en allant à son funeste rendez-vous. Il songea à sa mort qu’il trouvait finalement assez douce.
Mais c’était avant l’atterrissage.
Ont travaillé sur ce projet:
- Création du sypnopsis, des personnages et de l'intrigue: Anubis_31, L'enfanteuse et Yaneore.
- Pour la partie illustrations : B.Carter et Yaneore
- Pour la partie relecture : B.Carter et Rufus Shinra
Les rescapés de l'Antarctique est notre première fanfiction collective.
Maintenant, place à la lecture...

PROLOGUE
Une courbe blanche sur un ciel blanc et au loin une tâche noire. Il avança vers le bord de la falaise.
La plupart des gens imaginaient l’Antarctique comme un gros glaçon flottant sur la mer. Pourtant il n’en était rien. Sur ce continent se côtoyaient des roches et des glaces. Mais ce qui intéressait notre homme, ce n’était ni les différentes strates racontant la vie passée de notre Terre, ni la glace qui lui donnait un air de dessin animé. Il n’avait que faire des touristes qui profitaient de la dernière destination à la mode ou des militaires qui étaient là, soi-disant pour maintenir un équilibre dans une zone démilitarisée !
Ah, ça le faisait bien rire, lui, le caporal, celui qui obéissait sans réfléchir et sans faire de vagues. Sous peu, il serait loin, dans des eaux plus chaudes où les filles ne porteraient pas une polaire synthétique mais un petit triangle de coton… et encore.
Anderson s’avança encore plus près et ajusta ses jumelles. Merci l’armée des États-Unis d'Amérique de mettre à sa disposition de si performantes technologies. Le bateau s’approchait de la zone où il allait mouiller l’ancre pour quelques jours. Avec ses jumelles, il voyait parfaitement la faune locale s’agiter, de riches demoiselles, des peoples de la Jet Set mondiale, des lambdas et parmi eux, celui par qui son destin allait enfin prendre un nouveau chemin.
Et c’était bien ainsi que les choses évoluèrent, mais ce n’était pas Hawaï et ses plages qui attendaient Anderson, mais la mort et sa faux acérée.
***
La houle était un peu violente mais rien qui ne puisse retenir Miss Thorne. Elle se devait d’être sur le pont lorsque le paquebot arriverait à destination. Sur le quai, elle le savait, serait agglutinés des paparazzi, des fans et des curieux. Il en avait toujours été ainsi et cela lui convenait à merveille. Le voyage avait été assez plaisant quoique particulièrement monotone. Elle avait envie d’aventure et pas de celles qu’imaginaient pour elle les rédacteurs des magasines. Elle désirait côtoyer un monde où rien n’était écrit à l’avance, un monde qui avancerait vers l’inconnu. Miss Claudia Thorne n’allait pas être déçue.
Son imagination voguait aux rythmes des vagues poussant l’écume loin de la proue du MS Nordwige, lorsqu’elle fut bousculée par un homme à l’allure d’aventurier. Il portait un chapeau à la Indiana Jones. Claudia n’en vit pas plus, si ce n’est ses cheveux mi-longs et son pantalon en toile entrée dans des santiags d’un autre temps. Et voila son imagination repartie vers d’étranges horizons.
Un appel du commandant de bord via de puissants haut-parleurs remit Miss Thorne dans le présent. Elle allait enfin pouvoir fouler le sol de l’Antarctique. Sur le pont, c’était un peu la bousculade afin d’être parmi les premiers. Quelle indélicatesse et quel manque de savoir vivre ! Claudia n’avait jamais pu se faire aux manières des gens primaires. Elle jeta un œil dédaigneux sur ceux qui l’avaient accompagné durant la longue traversée. Sur ceux qui n’avaient été que des ombres, fantômes frôlant de loin, mais jamais d’assez loin, sa si prude et si digne présence. Il y avait quelques hommes d’affaires en quête de fortune, quelques similis aventuriers et des touristes qui s’étaient crevés à la tâche afin de s’offrir un rêve. Evidemment, elle ne faisait partie d’aucune de ces catégories. La fortune, elle l’avait acquise en épousant un vieux « richard », sénile et idiot, qui avait eu la bonté, un peu aidée, de mourir assez rapidement après leurs noces.
Alors que Miss Thorne dévisageait sans aucune retenue les passagers du paquebot, un jeune couple s’avança à sa hauteur. Ils se tenaient amoureusement par le bras, insouciants, heureux de découvrir enfin le paradis de glace où ils avaient décidé de passer leur lune de miel. Un couple charmant en apparence, mais seulement en apparence.
Ici comme ailleurs, personne n’était seulement que ce qu’il semblait être.
Ici comme ailleurs, le cours de la vie en quittant son droit chemin, allait entraîner de terribles bouleversements.
***
Dans ses visées, le petit couple s’embrassait langoureusement. Il rit. Etait-ce le mari, la femme ? Il ignorait qui serait son acquéreur. Peut-être l’homme au costume sombre qui semblait tout droit sorti d’un film de Tarentino ou le jeune dandy qui ne lâchait pas son sac de sport où un félin bondissait avec énergie. Il se sentait un peu comme l’animal emblématique… en plein élan vers l’inconnu.
Ce soir, à la tombée d’une nuit qui en réalité n’en finissait pas vraiment, il retrouverait l’autre et sa mallette de blé. Il palpa sa poche bombante dans laquelle se trouvait son nouveau passeport. Un bruit derrière lui, le fit se retourner. Rien, juste lui et le désert de glace de McMurdo. Anderson devait tout de même rester prudent. De nombreux militaires et scientifiques avaient annexé cette zone depuis quelques années. Il ne les connaissait pas et ignorait tout de leurs objectifs sur ce continent. En revanche ils savaient que la présence de tant d’hommes de toutes origines signifiait Secret Défense et donc fouineurs.
Lentement, comme si de rien n’était, il quitta la falaise de glace et l’océan qui se déchaînait à ses pieds. Il enfourcha sa moto des neiges, une petite merveille, et parcouru les étendues blanches vers le point de rendez-vous. En réalité il en était très près, mais son côté parano l’obligeait à envisager toutes les options. Sa marchandise valait bien sa prudence et… les deux cent millions de dollars qui allaient sous peu dormir dans un paradis fiscal.
L’homme, puisque c’était bien un homme, était déjà là. Il était ridicule avec son borsalino enfoncé profondément sur sa tête. Anderson eut envie de rire, mais tant de billets verts ne prêtaient pas aux sarcasmes. L’acheteur était seul et semblait être venu à pied, les mains dans les poches si l’on peut dire. Anderson s’approcha et regarda l’homme droit dans les yeux. La suspicion… sa meilleur garantie sur la vie.
- Comment êtes-vous venu ? demanda-t-il sans salut préalable.
L’homme désigna une petite embarcation motorisée qui s’éloignait doucement de la côte.
- Ce sont des touristes du MS Nordwige. Ils m’ont conduit ici. Je leur ai dit qu’un ami viendrait me chercher.
- Et si je n’étais pas venu ?
- J’aurai donné deux cents millions de dollars à un pingouin pour qu’il me reconduise.
- Mouais ! Vous avez mon argent ?
- Vous avez la marchandise ?
Anderson lui tendit ce qui ressemblait à s’y méprendre à une chevalière en argent. L’homme la prit du bout des doigts et l’examina. Anderson se dit aussitôt que cet homme n’était qu’un intermédiaire et qu’il ignorait tout de la marchandise. Pour dire la vérité, Anderson lui-même ignorait pas mal de chose.
- La puce est incérée dans la bague.
- Je m’en doutais, ajouta le second homme, fourbe et menteur. Voici votre argent.
Il lui tendit une carte sur laquelle était notée une série de chiffre.
- Le premier correspond à votre compte offshore des Cayman. Le second est votre code d’accès.
Anderson attrapa la carte, retourna à son véhicule puis composa un numéro sur son cellulaire. Il parla quelques minutes et ferma l’appareil. Un long silence puis une sonnerie ridicule de jingle pub. L’homme vit Anderson concentré sur ce que lui disait son interlocuteur puis un voile de crispation se leva et Anderson sourit à pleines dents.
- Ok, ça marche ! Dites à votre commanditaire que j’ai été ravi de faire affaire avec lui. Montez, dit-il en désignant sa moto. Je vous reconduis dans une zone plus humanisée.
L’homme sourit.
Anderson était agacé de ce contre temps mais que pouvait-il faire ? Laisser cet inconnu mourir de froid avec dans ses poches son arrêt de mort ? Aussi sûrement qu’il mourrait avant d’avoir trouvé le moindre pingouin à corrompre, l’armée remonterait jusqu’à lui en découvrant le contenu de la chevalière.
- Allez montez !
La moto partit dans un nuage de poudreuse blanche. A peine deux cents mètres plus loin, Anderson s’arrêta.
- Pourquoi vous stoppez ?
- Vous n’avez rien vu ?
- Non.
- Dans la lumière de mes phares, j’ai vu un reflet.
- Et alors ?
- Alors, il n’y a rien par ici normalement. Je veux m’assurer que nous ne sommes pas suivis.
Anderson bifurqua vers le point qui par moment clignotait légèrement. De fait, il ne trouva ni homme, ni arme, mais simplement un bout de métal noir que la dernière tempête avait du partiellement dégager d’une congère. Seul un angle était à l’air libre, mais par transparence on distinguait nettement quelque chose de rond et d’irrégulier, comme le serait une pierre précieuse brute de taille.
- Aidez-moi, dit Anderson, toujours avide d’une bonne affaire.
Bien que pas très motivé, l’homme au borsalino lui donna un coup de main. Rapidement l’objet se dévoila comme étant un truc, un machin, une chose inconnue au bataillon et donc potentiellement très intéressante. Même monsieur borsalino s’activa à grand renfort de pied de biche et autres objets plus ou moins contendants. Une heure et demi fut nécessaire pour dégager entièrement ce qui s’avéra être…
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Anderson, comme si le faux touriste pouvait en savoir plus.
L’objet était hexagonal avec en son centre un orifice circulaire dans lequel était partiellement engagée l’étrange pierre. Anderson posa sa main dessus.
- Vous ne devriez peut-être pas toucher à ça ! dit le porteur de la chevalière en voyant Anderson enfoncer la pierre qui coulissa doucement avant de s’incruster totalement dans la machine.
La pierre s’illumina. Un jaune magnifique, hypnotique. Anderson ne pouvait en détacher le regard. Un Bruit de craquement.
La surprise propulsa Anderson sur les fesses. Quant à son acheteur, il détala comme un lapin. La suspicion était peut-être un garant de bonne santé pour Anderson, mais pour l’autre, c’était plutôt la fuite. Et bien lui en pris.
Au craquement succéda une étrange sensation, comme un léger vent qui nous frôle, nous caresse. Anderson l’accueillit sans crainte alors que l’homme qui courait toujours ne s’en senti que davantage pousser des ailes.
Soudain, juste au dessus de la pierre une sorte de petit tourbillon d’air apparu. Il semblait ne pas naître de la machine mais bien au contraire attirer à elle ce qui se trouvait à sa portée. Anderson lui trouva aussitôt une similitude avec la représentation qu’il se faisait d’un trou noir. Le petit tourbillon pris de l’ampleur et fut comme l’œil d’un cyclone, sans le cyclone. Drôle de comparaison. Hypnotisé, totalement incapable de quitter des yeux l’étrange phénomène météorologique, Anderson reposa sa main sur l’appareil.
Ce qu’il vit fut peut-être sa dernière vision avant sa mort. Sa main perdit de la consistance. Quelques traits bleus en dessinaient les contours et les volumes, comme un squelette informatique. Puis cela commença ou plutôt continua, se propagea à son bras puis à tout son corps. Il aurait du ne pas bouger. Il aurait du ne pas chercher à toucher la pierre. Il aurait du ne pas venir ce soir là.
Kendall courait si vite qu’il se pensait capable d’atteindre un autre continent avant la fin de la nuit… soit dans trois mois.
La curiosité le poussa cependant à jeter un œil sur ce qu’il se passait derrière lui. Anderson était assis devant la machine. Kendall le distinguait à peine mais ce n’était pas cela le plus étonnant. Le plus étrange était le ciel qui s’étendait comme une flaque qui englobait progressivement tout son champ de vision. Le ciel était devenu moucheté et bleu, un peu comme la mer méditerranéen au cœur de l’été. En fait c’était exactement cela. On aurait dit que le monde s’était retourné. Le sol était blanc gris comme un ciel sans nuage et le ciel était animé par une houle surnaturelle. Kendall voulu continuer à courir mais il sentait une pression étouffante qui le clouait au sol.
Soudain il y eut une explosion.
Au loin, à l’extrémité de sa vision panoramique, Kendall vit l’explosion et la mort d’Anderson. Il sentit vaguement le souffle de la déflagration mais n’y prêta pas attention. Ce qui le saisit d’effroi fut la chute du ciel. Brutalement l’eau qui semblait en apesanteur au-dessus de lui tomba et l’engloutit.
Kendall sentit la chute, sa chute. Une terrible descente inversée au cœur d’un tunnel tourbillonnant. Il entendit plus qu’il ne vit, les dizaines d’autres personnes submergées par la vague. Il pensa aux touristes du paquebot, aux militaires et politiques qu’il avait croisés en allant à son funeste rendez-vous. Il songea à sa mort qu’il trouvait finalement assez douce.
Mais c’était avant l’atterrissage.