Effet Papillon ~ Tome II
Publié : 27 nov. 2010, 15:17
Après environ un an et demi de hiatus, Effet Papillon est de retour pour son Tome II. La publication de cette fic se fera de façon régulière, étant donné que je dispose à présent d'un buffer assez conséquent qui devrait me permettre de poster ici sans interruption jusqu'à la fin de ce Tome.
Vous pourrez trouver le Tome I, Chevron Awards en catégorie "Aventure", sur le lien suivant Effet Papillon ~ Tome I
Mes remerciements vont à l'ensemble des membres du forum SciFi Fan-Séries, qui m'ont suivi et soutenu durant l'écriture de cette fic ces dernières années, ainsi qu'à mon alpha-lecteur, qui subit sans broncher toutes mes élucubrations sur le scénario global et m'offre ses excellentes suggestions à ce niveau.
Donc, un grand merci à Artheval_Pe, Ketheriel, L'Enfanteuse, Mat Vador, Sapho, Skay-39 et Webkev, tous et toutes des fans de SG (quoi qu'ils prétendent) haut de gamme, qui font honneur à cette communauté, et dont les fics m'ont convaincu, soit de me lancer dans l'aventure, soit, à présent, d'y rester.
N'hésitez pas à poster des commentaires et suggestions, qui sont toujours bienvenues et que j'essaie de prendre en compte autant que faire ce peut pour améliorer la qualité globale de la fic.
A ceux ayant terminé le Tome I : Bonne lecture !
Prologue : Remise en question
Elle reprit conscience brutalement, ses yeux fixés sur le plafond de la cellule. Au moment où elle commençait à se poser des questions sur sa situation, un bruit fin l'informa de la présence d'une autre personne dans la petite pièce où elle était enfermée depuis son retour parmi ses semblables.
Une silhouette passa devant son regard, alors qu’elle était allongée sur sa couchette, et l'ignora totalement avant de se pencher dans sa direction. La froideur et l’efficacité avec laquelle l’individu déplaça Shanti sur la civière avant de l’entraver l’effraya autant que les gestes eux-mêmes.
Tentant de prononcer une parole, puis de faire un geste quelconque, la plus jeune membre de l’équipe SG-22 se rendit compte qu’elle était complètement paralysée. La panique s’empara d’elle alors qu’elle voyait du coin de l’œil l’homme en tenue protectrice ouvrir la porte, et, pendant quelques instants infiniment longs, s’efforça sans succès de reprendre le contrôle de son corps.
La civière sur laquelle la prisonnière reposait commença à se déplacer lentement, et ce ne fut que lorsque son entraînement reprit ses droits que Shanti put commencer à se calmer.
Pour s’apercevoir que sa respiration ne trahissait rien des émotions qu’elle venait de ressentir.
Au…au secours., supplia-t-elle silencieusement.
Mais personne ne répondit à son appel, alors que son regard, fixé vers le haut, lui montrait un défilement ininterrompu de plafonds de coursives.
Les dernières heures avaient été reposantes, dans la mesure du possible. Si les différents escadrons du Concordia étaient en alerte partielle, la situation s'était stabilisée, et Carl venait de rattraper quelques heures de sommeil.
Mais à présent qu’il avait quelque peu récupéré, son esprit était occupé avec trop de questions…
La mission pour laquelle il s’était porté volontaire ne lui avait rien appris qu’il ne savait déjà, tandis que la présence même du commandant et du CAG lors du retour des appareils était en soi plus qu’intrigante. Un coup d’œil sur l’un des moniteurs lui permit de vérifier que la rotation des pilotes pour la CAP n’avait pas changé et qu’aucune consigne générale n’était entrée en vigueur pendant son sommeil. Voyant que son tour viendrait dans plus de deux heures, il prit un petit-déjeuner au mess, puis se rendit aussitôt vers le gymnase du bord.
Il ignora le peloton de Marines qui s’y entrainait et se dirigea vers la personne qui avait motivé son déplacement. Celle-ci venait de terminer un parcours d'escalade, et Carl attendit quelques secondes après qu'elle soit descendue pour l'aborder
"Capitaine ?" demanda-t-il à la femme.
"Tiens, Halcyon. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?" répondit-elle avec autant de tact que sa fatigue lui permettait.
"Je voudrais juste savoir si…si c'est habituel, comme réception, ce qu'on a eu en rentrant ?"
"Pas vraiment" dit-elle en confirmant les suspicions du jeune pilote. "Mais en même temps, je te mentirais en te disant que ce genre de situation est habituelle." Elle s'assit sur un banc et lâcha un soupir. "Ces vaisseaux, les Jaffas à côté, ce qui t'es arrivé…il y a pas mal de choses pas très claires ces derniers temps, mais comprends bien : on ne peut pas y faire grand-chose. Juste obéir aux ordres, espérer qu'ils savent ce qu'ils font en haut, et réagir vite quand tout merdera."
"Peut-être que ça va se calmer", hasarda Carl avec un air rassurant.
"Deux flottes de deux puissances en guerre froide, l'une à côté de l'autre, des planètes et des vaisseaux qui se font balayer…sans vouloir être vache, tu me sembles un peu naïf. J'ai du mal à voir comment ça pourrait ne pas péter à la figure de quelqu'un. Enfin, faut juste ne pas être ce "quelqu'un"… "
"…"
Cela n'avait été, pour la majorité des habitants d'Atlantis, qu'une nouvelle crise qui était caractéristique de cet environnement de travail particulier. Aucun mort ne fut finalement à déplorer, les quelques accidentés se remirent d'aplomb, et chacun reprit son travail, qu'il s'agisse du contrôle des équipements ou d'un projet visant à révolutionner la science humaine.
Seule une vingtaine de personnes avait idée de ce qu'il s'était réellement déroulé quelques heures auparavant, et l'une des principales protagonistes ne cessait d'y repenser. Après avoir été aux côtés des plus hauts responsables civils terriens à plusieurs millions d'années-lumière à la ronde, Anna n'avait toujours aucune idée des conséquences qu'auraient pour elle ces évènements.
Les systèmes Anciens fonctionnaient à nouveau mais son projet, et sa vie, étaient en pause. Toute l'équipe dont elle avait eu la responsabilité venait de se voir assigner à d'autres postes, tandis que Nathan et elle-même voyaient leur avenir devenir incertain.
Confinée dans son logement, Anna tentait péniblement de se détendre quand une voix désincarnée la fit sursauter :
"Que feront-ils, selon vous ?" demanda la voix très légèrement synthétique de l'intelligence artificielle.
"Qu'est-ce que vous voulez de moi ? Vous ne devriez pas plutôt discuter avec le docteur Jackson et les autres ?" répondit-elle avec rancœur.
"Si, bien sûr, et c'est ce que je suis en train de faire en ce moment. Mais vous n'avez pas répondu à ma question, Anna Stern", continua la voix.
"En admettant que je veuille vous répondre, comment le saurais-je ? Ce n'est pas moi qui suis en train de leur parler et qui peut accéder à tous leurs dossiers personnels sur un coup de tête."
"Vous êtes humaine, pas moi", répliqua Atlantis.
"Retenez bien ça : on ne vous fera pas confiance", s'emporta Anna. "S'il y a une chose qu'on ne supporte pas, c'est d'être à la merci d'autrui, et même les docteurs Jackson et Weir, malgré leur ouverture d'esprit, n'oublieront pas votre démonstration."
"Merci."
"Hein ? Comment ça, "merci" ?" s'interrogea Anna.
"Vous êtes honnête lorsque l'on vous stresse. Dure, selon vos critères sociaux, mais honnête." Atlantis marqua une pause parfaitement calculée pour appuyer son propos, puis reprit doucement, "Vous feriez une bien piètre diplomate, il me semble."
Anna voulut répondre vertement, mais, au moment de prendre son souffle, la voix mélodieuse de l'I.A. l'interrompit :
"Je vais vous laisser, mademoiselle Stern, j'ai beaucoup à faire."
Ces deux heures avaient été plus éprouvantes encore que les jours passés dans l'étrange cellule, et il lui fallut plusieurs minutes pour se rendre compte qu'elle avait repris le contrôle de son corps, brusquement agité de spasmes. Son premier acte conscient fut de se mettre en position fœtale alors que des larmes inondaient son visage.
On l'avait rapidement amenée dans une salle d'examen, où les personnes qui avaient porté le brancard la déposèrent sans douceur sur une table d'opération. Son regard fut alors attiré par les extrémités brillantes d'une série d'instruments de chirurgie posés sur une table à proximité. Puis, l'entrée d'un groupe d'infirmières avait amené un réconfort inconscient qui fut balayé par leur manière d'agir, préparant les instruments, les seringues et les appareils médicaux sans lui prêter attention. Son regard immobile et son incapacité complète à réagir physiquement lui avaient fait connaître un sentiment de vulnérabilité absolue.
Celui-ci avait atteint son paroxysme lorsque le médecin lui-même était entré. L'écossais qu'elle avait pu voir à une poignée de conférences sur la xénobiologie et dont l'accent lui attirait l'attention de tout le public féminin s'était approché d'elle avec masque et gants. Le bref coup d'œil que le docteur Beckett lui accorda avant de donner ses dernières instructions aux infirmières lui donna l'impression qu'elle était plus un cobaye qu'un être humain...
Voilà ce qui vous attend.
Aucune réaction de sa part ne vint témoigner du retour de cette voix.
Ils voudront savoir ce qui vous est arrivé, cela ne fait pas le moindre doute.
Que…que s'est-il passé ? articula mentalement Shanti, qui éprouvait des difficultés à avoir des pensées cohérentes.
Ils vous ont anesthésiée, mais j'ai maintenu une activité cérébrale suffisante pour vous permettre de savoir.
…Pou…pourquoi ?
Pour donner plus de poids à ma proposition, bien sûr.
En se rendant en salle de briefing, il apparut de plus en plus clairement à Carl que si un semblant de routine s'installait, l'incongruité de la situation n'en pesait pas moins sur chacun. Il n'y avait presque plus de discussions animées entre pilotes et la tension était palpable quand Mitchell rompit le silence :
"Très bien, tout le monde. CAP standard autour de la flotte, chaque secteur sera sous la surveillance d'un SWACS et aura deux patrouilles. Aussi, avant tout, on a de nouvelles règles d'engagement. Tout ce qui semble venir des Jaffa, on fait les sommations d'usage avant d'attendre les ordres ; en revanche, si un appareil inconnu tente de s'approcher d'une patrouille ou de la flotte, vos contrôleurs de vol pourront vous permettre d'ouvrir le feu sans préavis. Et bien sûr, tout ce qui rentre dans le périmètre rapproché sans permission est une cible valide. Des questions ?"
Personne ne répondit, et "Shaft" reprit le briefing, s'occupant désormais de répartir les patrouilles dans le volume autour des vaisseaux terriens, et Carl attendit d'être nommé.
En peu de temps, le CAG acheva de répartir les pilotes dans leurs groupes, et ceux-ci sortirent de la salle, à l'exception d'un individu, qui s'approcha de Mitchell.
"Excusez-moi, mon général, mais..."commença le jeune pilote
"Je ne vous ai pas oublié, Halcyon. Venez avec moi, votre patrouille est remise à plus tard." répliqua aussitôt l'officier, qui quitta la pièce en faisant signe à Carl de le suivre.
Celui-ci s'exécuta immédiatement et pressa le pas pour rattraper son supérieur, qui s'éloignait visiblement des hangars et du groupe de pilotes qui s'y dirigeait.
"Que se passe-t-il, monsieur ?" hasarda Carl.
"Quelqu'un est venu vous voir, lieutenant." dit Mitchell sans tourner la tête, sa voix trahissant un léger agacement, alors qu'il ouvrait une cloison.
Derrière celle-ci attendaient deux individus en uniforme.
"C'est lui." lança brusquement le général aux deux hommes. "La prochaine fois que vous viendrez à bord, trouvez-vous quelqu'un d'autre !" Il se tourna vers Carl. "Ces deux types veulent vous parler, et aiment me rappeler qu'ils ont les relations pour ce genre d'affaires."
"Désolé, général." dit le plus âgé des inconnus. "Croyez-bien que nous ne vous aurions pas dérangé s'il avait été possible de l'éviter."
Mitchell partit sans répondre et Carl se sentit mal à l'aise, alors que les hommes tournaient désormais leur attention vers lui.
"Bien, veuillez-nous suivre, lieutenant."
Après une légère hésitation, il obtempéra et avança à leur suite à travers les coursives. Ils arrivèrent rapidement dans une pièce bien éclairée, au centre de laquelle se trouvait trois chaises et une table où était posé un dossier.
Sans formalité, il fut invité à s'asseoir, et, troublé, le jeune officier demanda, alors que le second individu préparait un ordinateur portable sur la table :
"Qui êtes-vous ?"
"Vous n'avez pas besoin de connaître nos noms, lieutenant." répondit celui qui semblait avoir l'autorité, en insistant sur le grade. "Nous travaillons pour la même cause, d'une autre façon. C'est tout. Maintenant, veuillez vous asseoir, nous avons des questions à vous poser."
Carl considéra ses possibilités, puis décida de s'installer sur la chaise, ce en quoi il fut immédiatement suivi par les deux hommes.
"Vous avez été récemment impliqué dans une escarmouche ayant coûté la vie à l'équipage d'un appareil embarqué de ce vaisseau, n'est-ce pas ?", demanda le chef apparent du petit groupe.
"Attendez une seconde, j'ai déjà parlé de tout ça à la section de Renseignements du bord. Tout ce que vous voulez savoir est dans leur rapport.", répliqua Carl.
"Les informations importantes s'obtiennent toujours de première main, lieutenant. Je n'ai aucun intérêt pour ces rapports. Répondez à la question, je vous prie."
"Oui, j'étais là quand Lone Wolf s'est fait assassiner et j'ai riposté, avec l'autorisation de mes supérieurs.", dit le pilote. "Et qui êtes-vous ?"
"Vous l'avez probablement déjà deviné, monsieur Banet."
"Les Renseignements, bien sûr, ou les Black Ops.", soupira Carl.
"Vous voyez que nous ne sommes pas les seuls à poser des questions dont la réponse semble évidente. Maintenant, dites-moi comment s'est comporté le vaisseau agresseur. N'omettez aucun détail.", demanda l'homme d'une voix posée.
"Je vous l'ai déjà dit, tout mon rapport est disponible chez vos confrères. Pourquoi me faire perdre du temps à le répéter ?"
"D'abord, parce que je vous le demande. Ce qui est, en passant, une raison valable pour beaucoup de personnes, voire toutes, si j'ai suffisamment de temps. Mais aussi parce que vous n'avez pas encore pu tirer un trait sur ça, et que vous voulez autant que moi savoir ce qui s'est passé ce jour-là."
L'individu resta silencieux pendant quelques secondes, puis reprit :
"Donc, expliquez-moi comment vous avez repéré cet appareil, puisque selon votre rapport, il était camouflé."
La porte du logement s'ouvrit silencieusement, et Anna ne s'en aperçut pas avant d'entendre la voix du docteur Jackson l'appeler. Se redressant aussitôt, elle reposa les quelques documents qu'on lui avait permis de garder depuis les derniers évènements, et se dirigea vers l'entrée. Daniel était dans l'entrée, tandis qu'étaient visibles derrière lui deux militaires en armes, qui semblaient monter la garde dans ce couloir.
"Docteur.", commença Anna.
"Mademoiselle Stern. Nous venons de conférer avec Atlantis, pour déterminer les modalités de notre...coexistence, et un accord préliminaire a pu aboutir.", répondit Daniel avant de s'interrompre brièvement. "Elle a accepté que nous restions ici et que nous utilisions une partie de ses équipements, et ne devrait pas interférer. Mais ça ne sera pas gratuit."
"Je sais." acquiesça Anna. "Mes oreilles se souviennent encore de la réaction du docteur McKay. Elle veut que nous l'aidions à retrouver les Anciens qui pourraient avoir survécu dans Pégase ou la Voie Lactée, non ?"
"Il n'y a pas que ça. Elle désire aussi notre coopération sur certains points. En particulier sur la mise à jour de ses bases de données historiques. Elle a passé plusieurs milliers d'années en sommeil et voudrait savoir ce qu'il s'est passé pendant ce temps."
"Et on va lui dire tout ce que nous savons ? Juste parce qu'une voix désincarnée nous le demande ?"
"Non, bien sûr." la rassura Daniel. "C'est ce que nous lui avons à peu près répondu. Dans la mesure du possible, Elizabeth...le docteur Weir préférerait ne pas lui laisser d'accès à plus de systèmes que le strict nécessaire...donc nous avons pensé à une autre possibilité."
Anna ne comprenait pas où Daniel voulait en venir, et allait le lui demander lorsqu'il reprit la parole :
"Vous êtes cette possibilité, mademoiselle Stern." dit-il d'un ton embarrassé.
"Qu'est-ce que...", voulut-elle dire.
"Notre suggestion est de vous mettre partiellement à disposition d'Atlantis pour lui fournir les informations qu'elle désire, sans pour autant qu'elle puisse obtenir ce que nous voulons garder pour nous."
"Mais, pourquoi moi ?" commença-t-elle avant de poursuivre avec un air légèrement ironique. "Oh, bien sûr, parce que je connais son existence, que j'ai eu une formation poussée dans ces domaines et que vous n'aviez aucune idée de ce que vous pourriez faire de moi à présent."
"Je ne l'aurais pas exprimé en ces termes, mais c'est à peu près comme ça que Rodney a défendu cette idée."
"Et, pour ce qui est de ce que je faisais avant son apparition ?"
"Vous devriez continuer votre travail de recherche, mais sans équipe. Cela ne devrait pas poser de problème, étant donné que notre nouvel "hôte" a déclaré vouloir vous aider en échange de votre participation à ce marché."
"C'est le minimum." soupira Anna. "Enfin, que serais-je sensée dire ou ne pas dire à cette créature de silicone ?"
"Justement, Rodney et moi allons vous expliquer tout ça, mais pas ici." Il fit un discret mouvement de tête vers le plafond.
"Ce que veut dire le docteur Jackson, mademoiselle Stern," annonça la voix reconnaissable d'Atlantis. "c'est qu'il juge que s'il faut me cacher certaines choses, autant que je ne sache pas d'emblée ce dont vous n'aurez pas le droit de parler."
Daniel prit un air dépité, et confirma :
"Oui, c'est à peu près ça. Donc, suivez-moi, on va rejoindre Rodney."
"D'ailleurs, étant donné les communications radio et les vols de la dernière heure, le docteur McKay est selon toute probabilité à bord du croiseur Castor en orbite basse, après avoir fait un détour sur la base continentale."
Cette fois-ci, Daniel s'empourpra et, avant qu'il ne puisse répondre, entendit l'I.A. continuer :
"Ne vous inquiétez pas, docteur Jackson. J'aurais tout aussi bien pu vous laisser croire que vous m'aviez bernée, mais il ne serait pas profitable pour toutes les parties en présence que vous me sous-estimiez. Il est préférable qu'une relation de confiance s'instaure entre nous, même s'il est logique que je sois initialement crainte."
"Effectivement, on ne peut pas dire que nous soyons rassurés par votre présence.", reconnut Daniel, en faisant signe à Anna de la suivre.
Ils arrivèrent près de l'entrée, et au moment d'ouvrir la porte, la voix désincarnée se manifesta à nouveau :
"Oh, mademoiselle Stern. Mes circuits cognitifs sont à base de carbone, et non de silicium."
La voix de Campbell résonna faiblement dans sa tête :
"Qu'est-ce qu'on fait ?"
"Pour l'instant, rien.", répondit Maltez, "Mais si quelqu'un a une idée, je suis preneur."
"Est-ce qu'il vont nous traiter comme des pestiférés longtemps ? Quand ils verront qu'on est clean, on pourra reprendre du service, non ?" hasarda Vernil.
"Sylvestro, je te rappelle qu'on est tous isolés dans des cellules différentes. Est-ce que tu crois vraiment qu'on pourrait discuter comme ça si on était clean, comme tu le dis ?" rétorqua le lieutenant-pilote de SG-22. "Toi, Shanti, t'en penses quoi ?"
"Je n'en sais rien, Tom. On est coincés, emprisonnés par notre propre camp, et, franchement, j'aimerais bien savoir ce que veulent ceux qui nous ont mis ces nanites."
Shanti changea de position sur sa couchette, alors que c'était au tour de la voix du commandant Maltez de se faire entendre à nouveau :
"Ils nous ont dit qu'on aura une "opportunité". Ça sera probablement une chance de nous évader. Mais que l'on soit tous clairs là-dessus : si on tente de s'enfuir, on passera du statut de prisonniers récemment libérés à celui de parias et déserteurs. Quoi qu'on ait pu voir il y a une heure, rappelez-vous qu'aucun d'entre nous n'a remis en cause ce genre de précautions depuis les lavages de cerveau goa'uld."
"C'est inutile d'en parler maintenant", rajouta Shanti. "On ne ferait que se diviser pour rien."
"Elle a raison.", affirma Campbell. "Il n'y aura qu'une seule réponse importante. Celle qu'on donnera si et quand cette opportunité se présentera."
Les premières questions s'étaient attardées sur le contexte de la brève escarmouche, mais subtilement, l'inconnu qui interrogeait Carl avait dévié de ce sujet. Désormais, ses interrogations se concentraient sur l'attitude et le comportement du pilote alors que la situation s'était bouleversée en une poignée de secondes. Il lui avait fallu quelques minutes pour se rendre compte de ce changement et sa première envie fut de demander l'arrêt immédiat de cet interrogatoire. Pourtant, il n'en fit rien. Repensant à ses dernières réponses, une vérité lui avait sauté aux yeux.
A aucun moment il ne s'était interrogé sur la raison de ses actions, mais plutôt sur les évènements eux-mêmes. Alors que les questions semblaient déplacées et de moins en moins objectives, Carl décida inconsciemment de poursuivre le processus où ses propres réponses lui en apprenaient plus à chaque instant.
Tant sur l'escarmouche que sur lui-même.
"Lorsque le capitaine Anders s'est fait tuer par l'appareil furtif, vous avez réagi de manière étonnamment rapide, plus encore si l'on considère votre faible expérience. Savez-vous pourquoi ?", poursuivait l'interrogateur.
"Je ne suis pas sûr. J'avais peut-être anticipé ce qui allait se produire.", répondit Carl après quelques secondes de réflexion. "En fait, j'ai tendance à imaginer des problèmes à tout bout de champ. Alors une manière de me rassurer est de me dire ce que je ferais à ce moment-là. Pour ce qui est de cet instant précis, je ne sais pas si c'est ce qui s'est produit ou juste un réflexe dû à l'entraînement. Mes souvenirs sont plutôt concentrés sur la mort de Lone Wolf...du capitaine Anders, monsieur."
"Oui, c'est assez logique, étant donné les circonstances." reconnut son interlocuteur. "A ce propos, j'aimerais aussi savoir ce que vous pensiez du vaisseau inconnu après son attaque."
"Je voulais pulvériser l'ordure qui le pilotais, bien sûr." affirma le pilote du tac-au-tac. "Mais après coup, je me suis un peu calmé quand le contrôleur de vol a répondu. Après tout, si l'on capturait l'engin, j'aurais eu une chance de l'avoir en face de moi."
"Et qu'auriez-vous fait alors ?"
Carl soupira brièvement. "Au début, j'aurais probablement eu envie de le tuer de mes mains. Mais après...pourquoi. Juste, savoir pourquoi il a fait ça alors qu'il aurait pu s'éclipser discrètement avant qu'on ne l'encadre."
L'homme acquiesça et reprit :
"Je sais que tous les enregistrements du combat ont été analysés en profondeur, mais j'aimerais avoir votre avis sur l'appareil que vous avez abattu. Dites-moi quelles sont vos impressions à ce sujet, je m'occuperai de trier les informations utiles par la suite."
"Et bien..." hésita le jeune homme, "quand j'y ai repensé, après coup, les boucliers m'ont semblé bizarres. En fait, le vaisseau que j'ai démoli était un transport goa'uld, aucun doute là-dessus, mais ses boucliers me faisaient plutôt penser à ceux des vaisseaux lourds qu'à celui des engins de cette taille. Autrement, si on avait à faire à un transport de reconnaissance vraiment modifié, il aurait dû être armé ou équipé de quelque chose pouvant lui permettre de semer des chasseurs. Là, il avait juste un bouclier fonctionnant sous camouflage et rien d'autre. C'est absurde."
"Développez."
"Le bouclier doit émettre de l'énergie et rendre le vaisseau plus repérable d'une manière ou d'une autre. Donc c'est un handicap pour une mission de reconnaissance, surtout qu'il est inutile tant que personne ne connaît sa présence. Par contre, quand l'ennemi est alerté, les quelques minutes de répit qu'il offre ne serviront à rien sans arme ou équipement. C'est pour ça, c'est juste absurde, non ?"
"Effectivement, votre raisonnement se tient." répondit l'individu en face de lui, avant d'embrayer sur une nouvelle question.
Enfin, quelques minutes plus tard, les deux inconnus se levèrent.
"Merci de votre temps, lieutenant." déclara celui qui avait posé les questions tout au long de l'entretien. "Vous nous avez permis d'éclaircir certaines zones d'ombres de ces évènements tragiques. Vous êtes libre de rejoindre vos quartiers. Nous préviendrons le général Mitchell que notre travail ici est terminé."
Carl les salua avant de se retourner et de quitter la salle.
"Alors, Henry ?", demanda le premier homme au second, qui refermait son ordinateur.
"Il s'est énervé à certains moments, mais le détecteur n'a pas repéré de signes physiologiques trahissant des mensonges. Vu comme il a réagi à certains moments, je doute fortement qu'il soit entraîné à camoufler ceux-ci, monsieur."
"Très bien, ça ne fait que confirmer mon impression.", conclut le chef du groupe.
Il referma un dossier plastifié et plaça furtivement son pouce sur une zone de couleur presque indifférenciable du reste de la pochette.
"Bon, occupez-vous des préparatifs de départ. Je vais aller voir Shaft et lui dire qu'on va mettre quelques milliers d'années-lumière entre nous." ajouta l'homme en se dirigeant vers la sortie qu'avait emprunté Carl.
Atlantis ne s'était pas trompée, et Anna avait accompagné Daniel à bord du vaisseau en orbite pour y retrouver l'irascible scientifique dont les idées pouvaient aussi bien sauver l'humanité que détruire les trois quarts d’un système stellaire. Sitôt le Jumper immobilisé dans l'un des hangars du croiseur, elle avait suivi l'archéologue au travers des coursives du navire, arrivant quelques minutes plus tard dans une salle anonyme.
"Vous voilà tous les deux", dit le physicien aussitôt que les deux nouveaux arrivants furent entrés. Il se tourna vers Anna. "Est-ce que Jackson vous a mis au courant ?"
"Euh, oui.", répondit l'intéressée. "Je suis sensée travailler avec cette I.A., c'est bien ça ?"
"Pour résumer." la reprit McKay. "Tous les accès à nos réseaux ont été coupés pour l'instant. On est en train de mettre en place des interrupteurs physiques pour éviter une infiltration de sa part. Donc, pour faire des recherches, elle devra passer par vous, puisque on est moins d'une dizaine à la connaître."
"Vous voulez dire que je vais lui servir de secrétaire et lui fournir les documents pour son travail ?"
"C'est une partie du job. Il faudra surtout trier ce qu'elle peut obtenir du reste. Pour l'instant, on va lui donner les infos de base sur la situation politique actuelle, mais elle va vouloir en savoir plus."
"Est-ce qu'on sait ce qu'elle a déjà ?"
"Énormément", répondit simplement McKay. "Elle peut surveiller tout ce qui se passe dans la Cité, et on aura du mal à garder son existence secrète si il y a une liste de sujets de discussion interdits."
"Si on prend ça en compte, monsieur," répondit Anna, "qu'est-ce qu'elle ne sait pas ?"
"Nous supposons que ça fait moins d'une semaine qu'elle a été réactivée." dit Jackson. "Si ses capteurs étaient activés et enregistraient pendant son sommeil, alors il faut être clair, elle sait tout de nous. Donc votre travail, Anna, prendra en compte l'hypothèse optimiste que ce n'est pas le cas."
"Parce que autrement, on n'a aucun contrôle sur elle." ajouta McKay.
"Bref", reprit Daniel, "Aucune information sur nos capacités militaires. On maîtrise le voyage hyperspatial, rien de plus." L'archéologue commença alors une longue liste d'instructions spécifiques.
Quelqu'un peut-il m'expliquer comment je suis passée de l'analyse de données à un rôle "d'ambassadeur" auprès d'une I.A. ?, se demanda Anna avec une pointe de désespoir.
Rien ne permettait de suivre l'écoulement du temps, la cellule étant presque vide. Shanti avait beau reconnaître une construction humaine dans son environnement, elle commençait à être plus anxieuse que dans sa précédente prison. Ceux qui la confinaient dans cette petite pièce étaient les mêmes individus qu'elle avait espéré retrouver ces derniers jours, et la situation devenait de plus en plus confuse alors que ses options demeuraient floues. Un "partenaire" inconnu lui offrait de s'échapper tout en démontrant son pouvoir par l'intermédiaire des nanites qui l'habitaient désormais. Elle savait parfaitement qu'elle ne pouvait pas faire confiance à ce nouvel interlocuteur, mais la seule autre décision possible impliquait de devenir un paria, crainte par ses semblables à cause des conditions de sa capture et de sa libération.
-Pourquoi ne me faites-vous pas confiance ? lui demanda la voix douce qui incarnait son mystérieux contact.
-Je ne sais rien de vos intentions, répondit-elle silencieusement.
-Effectivement. Mais vous connaissez celles de votre camp. La question à laquelle je veux une réponse est si vous aurez l'audace de travailler avec moi pour vous sortir de ce mauvais pas.
-Je ne sais pas.
-Il n'est pas question de savoir, ici. Donner une réponse serait simple si vous saviez.
-Dites-moi qui vous êtes, demanda Shanti.
-N'y comptez pas. Vous n'aurez cette information que si nous avons à coexister.
-Comment est-ce que je peux choisir, alors ?
-Cela n'est pas de mon ressort. Mais réfléchissez bien, mon offre a une durée limitée, conclut la voix.
Vous pourrez trouver le Tome I, Chevron Awards en catégorie "Aventure", sur le lien suivant Effet Papillon ~ Tome I
Mes remerciements vont à l'ensemble des membres du forum SciFi Fan-Séries, qui m'ont suivi et soutenu durant l'écriture de cette fic ces dernières années, ainsi qu'à mon alpha-lecteur, qui subit sans broncher toutes mes élucubrations sur le scénario global et m'offre ses excellentes suggestions à ce niveau.
Donc, un grand merci à Artheval_Pe, Ketheriel, L'Enfanteuse, Mat Vador, Sapho, Skay-39 et Webkev, tous et toutes des fans de SG (quoi qu'ils prétendent) haut de gamme, qui font honneur à cette communauté, et dont les fics m'ont convaincu, soit de me lancer dans l'aventure, soit, à présent, d'y rester.
N'hésitez pas à poster des commentaires et suggestions, qui sont toujours bienvenues et que j'essaie de prendre en compte autant que faire ce peut pour améliorer la qualité globale de la fic.
A ceux ayant terminé le Tome I : Bonne lecture !
Prologue : Remise en question
Elle reprit conscience brutalement, ses yeux fixés sur le plafond de la cellule. Au moment où elle commençait à se poser des questions sur sa situation, un bruit fin l'informa de la présence d'une autre personne dans la petite pièce où elle était enfermée depuis son retour parmi ses semblables.
Une silhouette passa devant son regard, alors qu’elle était allongée sur sa couchette, et l'ignora totalement avant de se pencher dans sa direction. La froideur et l’efficacité avec laquelle l’individu déplaça Shanti sur la civière avant de l’entraver l’effraya autant que les gestes eux-mêmes.
Tentant de prononcer une parole, puis de faire un geste quelconque, la plus jeune membre de l’équipe SG-22 se rendit compte qu’elle était complètement paralysée. La panique s’empara d’elle alors qu’elle voyait du coin de l’œil l’homme en tenue protectrice ouvrir la porte, et, pendant quelques instants infiniment longs, s’efforça sans succès de reprendre le contrôle de son corps.
La civière sur laquelle la prisonnière reposait commença à se déplacer lentement, et ce ne fut que lorsque son entraînement reprit ses droits que Shanti put commencer à se calmer.
Pour s’apercevoir que sa respiration ne trahissait rien des émotions qu’elle venait de ressentir.
Au…au secours., supplia-t-elle silencieusement.
Mais personne ne répondit à son appel, alors que son regard, fixé vers le haut, lui montrait un défilement ininterrompu de plafonds de coursives.
Les dernières heures avaient été reposantes, dans la mesure du possible. Si les différents escadrons du Concordia étaient en alerte partielle, la situation s'était stabilisée, et Carl venait de rattraper quelques heures de sommeil.
Mais à présent qu’il avait quelque peu récupéré, son esprit était occupé avec trop de questions…
La mission pour laquelle il s’était porté volontaire ne lui avait rien appris qu’il ne savait déjà, tandis que la présence même du commandant et du CAG lors du retour des appareils était en soi plus qu’intrigante. Un coup d’œil sur l’un des moniteurs lui permit de vérifier que la rotation des pilotes pour la CAP n’avait pas changé et qu’aucune consigne générale n’était entrée en vigueur pendant son sommeil. Voyant que son tour viendrait dans plus de deux heures, il prit un petit-déjeuner au mess, puis se rendit aussitôt vers le gymnase du bord.
Il ignora le peloton de Marines qui s’y entrainait et se dirigea vers la personne qui avait motivé son déplacement. Celle-ci venait de terminer un parcours d'escalade, et Carl attendit quelques secondes après qu'elle soit descendue pour l'aborder
"Capitaine ?" demanda-t-il à la femme.
"Tiens, Halcyon. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?" répondit-elle avec autant de tact que sa fatigue lui permettait.
"Je voudrais juste savoir si…si c'est habituel, comme réception, ce qu'on a eu en rentrant ?"
"Pas vraiment" dit-elle en confirmant les suspicions du jeune pilote. "Mais en même temps, je te mentirais en te disant que ce genre de situation est habituelle." Elle s'assit sur un banc et lâcha un soupir. "Ces vaisseaux, les Jaffas à côté, ce qui t'es arrivé…il y a pas mal de choses pas très claires ces derniers temps, mais comprends bien : on ne peut pas y faire grand-chose. Juste obéir aux ordres, espérer qu'ils savent ce qu'ils font en haut, et réagir vite quand tout merdera."
"Peut-être que ça va se calmer", hasarda Carl avec un air rassurant.
"Deux flottes de deux puissances en guerre froide, l'une à côté de l'autre, des planètes et des vaisseaux qui se font balayer…sans vouloir être vache, tu me sembles un peu naïf. J'ai du mal à voir comment ça pourrait ne pas péter à la figure de quelqu'un. Enfin, faut juste ne pas être ce "quelqu'un"… "
"…"
Cela n'avait été, pour la majorité des habitants d'Atlantis, qu'une nouvelle crise qui était caractéristique de cet environnement de travail particulier. Aucun mort ne fut finalement à déplorer, les quelques accidentés se remirent d'aplomb, et chacun reprit son travail, qu'il s'agisse du contrôle des équipements ou d'un projet visant à révolutionner la science humaine.
Seule une vingtaine de personnes avait idée de ce qu'il s'était réellement déroulé quelques heures auparavant, et l'une des principales protagonistes ne cessait d'y repenser. Après avoir été aux côtés des plus hauts responsables civils terriens à plusieurs millions d'années-lumière à la ronde, Anna n'avait toujours aucune idée des conséquences qu'auraient pour elle ces évènements.
Les systèmes Anciens fonctionnaient à nouveau mais son projet, et sa vie, étaient en pause. Toute l'équipe dont elle avait eu la responsabilité venait de se voir assigner à d'autres postes, tandis que Nathan et elle-même voyaient leur avenir devenir incertain.
Confinée dans son logement, Anna tentait péniblement de se détendre quand une voix désincarnée la fit sursauter :
"Que feront-ils, selon vous ?" demanda la voix très légèrement synthétique de l'intelligence artificielle.
"Qu'est-ce que vous voulez de moi ? Vous ne devriez pas plutôt discuter avec le docteur Jackson et les autres ?" répondit-elle avec rancœur.
"Si, bien sûr, et c'est ce que je suis en train de faire en ce moment. Mais vous n'avez pas répondu à ma question, Anna Stern", continua la voix.
"En admettant que je veuille vous répondre, comment le saurais-je ? Ce n'est pas moi qui suis en train de leur parler et qui peut accéder à tous leurs dossiers personnels sur un coup de tête."
"Vous êtes humaine, pas moi", répliqua Atlantis.
"Retenez bien ça : on ne vous fera pas confiance", s'emporta Anna. "S'il y a une chose qu'on ne supporte pas, c'est d'être à la merci d'autrui, et même les docteurs Jackson et Weir, malgré leur ouverture d'esprit, n'oublieront pas votre démonstration."
"Merci."
"Hein ? Comment ça, "merci" ?" s'interrogea Anna.
"Vous êtes honnête lorsque l'on vous stresse. Dure, selon vos critères sociaux, mais honnête." Atlantis marqua une pause parfaitement calculée pour appuyer son propos, puis reprit doucement, "Vous feriez une bien piètre diplomate, il me semble."
Anna voulut répondre vertement, mais, au moment de prendre son souffle, la voix mélodieuse de l'I.A. l'interrompit :
"Je vais vous laisser, mademoiselle Stern, j'ai beaucoup à faire."
Ces deux heures avaient été plus éprouvantes encore que les jours passés dans l'étrange cellule, et il lui fallut plusieurs minutes pour se rendre compte qu'elle avait repris le contrôle de son corps, brusquement agité de spasmes. Son premier acte conscient fut de se mettre en position fœtale alors que des larmes inondaient son visage.
On l'avait rapidement amenée dans une salle d'examen, où les personnes qui avaient porté le brancard la déposèrent sans douceur sur une table d'opération. Son regard fut alors attiré par les extrémités brillantes d'une série d'instruments de chirurgie posés sur une table à proximité. Puis, l'entrée d'un groupe d'infirmières avait amené un réconfort inconscient qui fut balayé par leur manière d'agir, préparant les instruments, les seringues et les appareils médicaux sans lui prêter attention. Son regard immobile et son incapacité complète à réagir physiquement lui avaient fait connaître un sentiment de vulnérabilité absolue.
Celui-ci avait atteint son paroxysme lorsque le médecin lui-même était entré. L'écossais qu'elle avait pu voir à une poignée de conférences sur la xénobiologie et dont l'accent lui attirait l'attention de tout le public féminin s'était approché d'elle avec masque et gants. Le bref coup d'œil que le docteur Beckett lui accorda avant de donner ses dernières instructions aux infirmières lui donna l'impression qu'elle était plus un cobaye qu'un être humain...
Voilà ce qui vous attend.
Aucune réaction de sa part ne vint témoigner du retour de cette voix.
Ils voudront savoir ce qui vous est arrivé, cela ne fait pas le moindre doute.
Que…que s'est-il passé ? articula mentalement Shanti, qui éprouvait des difficultés à avoir des pensées cohérentes.
Ils vous ont anesthésiée, mais j'ai maintenu une activité cérébrale suffisante pour vous permettre de savoir.
…Pou…pourquoi ?
Pour donner plus de poids à ma proposition, bien sûr.
En se rendant en salle de briefing, il apparut de plus en plus clairement à Carl que si un semblant de routine s'installait, l'incongruité de la situation n'en pesait pas moins sur chacun. Il n'y avait presque plus de discussions animées entre pilotes et la tension était palpable quand Mitchell rompit le silence :
"Très bien, tout le monde. CAP standard autour de la flotte, chaque secteur sera sous la surveillance d'un SWACS et aura deux patrouilles. Aussi, avant tout, on a de nouvelles règles d'engagement. Tout ce qui semble venir des Jaffa, on fait les sommations d'usage avant d'attendre les ordres ; en revanche, si un appareil inconnu tente de s'approcher d'une patrouille ou de la flotte, vos contrôleurs de vol pourront vous permettre d'ouvrir le feu sans préavis. Et bien sûr, tout ce qui rentre dans le périmètre rapproché sans permission est une cible valide. Des questions ?"
Personne ne répondit, et "Shaft" reprit le briefing, s'occupant désormais de répartir les patrouilles dans le volume autour des vaisseaux terriens, et Carl attendit d'être nommé.
En peu de temps, le CAG acheva de répartir les pilotes dans leurs groupes, et ceux-ci sortirent de la salle, à l'exception d'un individu, qui s'approcha de Mitchell.
"Excusez-moi, mon général, mais..."commença le jeune pilote
"Je ne vous ai pas oublié, Halcyon. Venez avec moi, votre patrouille est remise à plus tard." répliqua aussitôt l'officier, qui quitta la pièce en faisant signe à Carl de le suivre.
Celui-ci s'exécuta immédiatement et pressa le pas pour rattraper son supérieur, qui s'éloignait visiblement des hangars et du groupe de pilotes qui s'y dirigeait.
"Que se passe-t-il, monsieur ?" hasarda Carl.
"Quelqu'un est venu vous voir, lieutenant." dit Mitchell sans tourner la tête, sa voix trahissant un léger agacement, alors qu'il ouvrait une cloison.
Derrière celle-ci attendaient deux individus en uniforme.
"C'est lui." lança brusquement le général aux deux hommes. "La prochaine fois que vous viendrez à bord, trouvez-vous quelqu'un d'autre !" Il se tourna vers Carl. "Ces deux types veulent vous parler, et aiment me rappeler qu'ils ont les relations pour ce genre d'affaires."
"Désolé, général." dit le plus âgé des inconnus. "Croyez-bien que nous ne vous aurions pas dérangé s'il avait été possible de l'éviter."
Mitchell partit sans répondre et Carl se sentit mal à l'aise, alors que les hommes tournaient désormais leur attention vers lui.
"Bien, veuillez-nous suivre, lieutenant."
Après une légère hésitation, il obtempéra et avança à leur suite à travers les coursives. Ils arrivèrent rapidement dans une pièce bien éclairée, au centre de laquelle se trouvait trois chaises et une table où était posé un dossier.
Sans formalité, il fut invité à s'asseoir, et, troublé, le jeune officier demanda, alors que le second individu préparait un ordinateur portable sur la table :
"Qui êtes-vous ?"
"Vous n'avez pas besoin de connaître nos noms, lieutenant." répondit celui qui semblait avoir l'autorité, en insistant sur le grade. "Nous travaillons pour la même cause, d'une autre façon. C'est tout. Maintenant, veuillez vous asseoir, nous avons des questions à vous poser."
Carl considéra ses possibilités, puis décida de s'installer sur la chaise, ce en quoi il fut immédiatement suivi par les deux hommes.
"Vous avez été récemment impliqué dans une escarmouche ayant coûté la vie à l'équipage d'un appareil embarqué de ce vaisseau, n'est-ce pas ?", demanda le chef apparent du petit groupe.
"Attendez une seconde, j'ai déjà parlé de tout ça à la section de Renseignements du bord. Tout ce que vous voulez savoir est dans leur rapport.", répliqua Carl.
"Les informations importantes s'obtiennent toujours de première main, lieutenant. Je n'ai aucun intérêt pour ces rapports. Répondez à la question, je vous prie."
"Oui, j'étais là quand Lone Wolf s'est fait assassiner et j'ai riposté, avec l'autorisation de mes supérieurs.", dit le pilote. "Et qui êtes-vous ?"
"Vous l'avez probablement déjà deviné, monsieur Banet."
"Les Renseignements, bien sûr, ou les Black Ops.", soupira Carl.
"Vous voyez que nous ne sommes pas les seuls à poser des questions dont la réponse semble évidente. Maintenant, dites-moi comment s'est comporté le vaisseau agresseur. N'omettez aucun détail.", demanda l'homme d'une voix posée.
"Je vous l'ai déjà dit, tout mon rapport est disponible chez vos confrères. Pourquoi me faire perdre du temps à le répéter ?"
"D'abord, parce que je vous le demande. Ce qui est, en passant, une raison valable pour beaucoup de personnes, voire toutes, si j'ai suffisamment de temps. Mais aussi parce que vous n'avez pas encore pu tirer un trait sur ça, et que vous voulez autant que moi savoir ce qui s'est passé ce jour-là."
L'individu resta silencieux pendant quelques secondes, puis reprit :
"Donc, expliquez-moi comment vous avez repéré cet appareil, puisque selon votre rapport, il était camouflé."
La porte du logement s'ouvrit silencieusement, et Anna ne s'en aperçut pas avant d'entendre la voix du docteur Jackson l'appeler. Se redressant aussitôt, elle reposa les quelques documents qu'on lui avait permis de garder depuis les derniers évènements, et se dirigea vers l'entrée. Daniel était dans l'entrée, tandis qu'étaient visibles derrière lui deux militaires en armes, qui semblaient monter la garde dans ce couloir.
"Docteur.", commença Anna.
"Mademoiselle Stern. Nous venons de conférer avec Atlantis, pour déterminer les modalités de notre...coexistence, et un accord préliminaire a pu aboutir.", répondit Daniel avant de s'interrompre brièvement. "Elle a accepté que nous restions ici et que nous utilisions une partie de ses équipements, et ne devrait pas interférer. Mais ça ne sera pas gratuit."
"Je sais." acquiesça Anna. "Mes oreilles se souviennent encore de la réaction du docteur McKay. Elle veut que nous l'aidions à retrouver les Anciens qui pourraient avoir survécu dans Pégase ou la Voie Lactée, non ?"
"Il n'y a pas que ça. Elle désire aussi notre coopération sur certains points. En particulier sur la mise à jour de ses bases de données historiques. Elle a passé plusieurs milliers d'années en sommeil et voudrait savoir ce qu'il s'est passé pendant ce temps."
"Et on va lui dire tout ce que nous savons ? Juste parce qu'une voix désincarnée nous le demande ?"
"Non, bien sûr." la rassura Daniel. "C'est ce que nous lui avons à peu près répondu. Dans la mesure du possible, Elizabeth...le docteur Weir préférerait ne pas lui laisser d'accès à plus de systèmes que le strict nécessaire...donc nous avons pensé à une autre possibilité."
Anna ne comprenait pas où Daniel voulait en venir, et allait le lui demander lorsqu'il reprit la parole :
"Vous êtes cette possibilité, mademoiselle Stern." dit-il d'un ton embarrassé.
"Qu'est-ce que...", voulut-elle dire.
"Notre suggestion est de vous mettre partiellement à disposition d'Atlantis pour lui fournir les informations qu'elle désire, sans pour autant qu'elle puisse obtenir ce que nous voulons garder pour nous."
"Mais, pourquoi moi ?" commença-t-elle avant de poursuivre avec un air légèrement ironique. "Oh, bien sûr, parce que je connais son existence, que j'ai eu une formation poussée dans ces domaines et que vous n'aviez aucune idée de ce que vous pourriez faire de moi à présent."
"Je ne l'aurais pas exprimé en ces termes, mais c'est à peu près comme ça que Rodney a défendu cette idée."
"Et, pour ce qui est de ce que je faisais avant son apparition ?"
"Vous devriez continuer votre travail de recherche, mais sans équipe. Cela ne devrait pas poser de problème, étant donné que notre nouvel "hôte" a déclaré vouloir vous aider en échange de votre participation à ce marché."
"C'est le minimum." soupira Anna. "Enfin, que serais-je sensée dire ou ne pas dire à cette créature de silicone ?"
"Justement, Rodney et moi allons vous expliquer tout ça, mais pas ici." Il fit un discret mouvement de tête vers le plafond.
"Ce que veut dire le docteur Jackson, mademoiselle Stern," annonça la voix reconnaissable d'Atlantis. "c'est qu'il juge que s'il faut me cacher certaines choses, autant que je ne sache pas d'emblée ce dont vous n'aurez pas le droit de parler."
Daniel prit un air dépité, et confirma :
"Oui, c'est à peu près ça. Donc, suivez-moi, on va rejoindre Rodney."
"D'ailleurs, étant donné les communications radio et les vols de la dernière heure, le docteur McKay est selon toute probabilité à bord du croiseur Castor en orbite basse, après avoir fait un détour sur la base continentale."
Cette fois-ci, Daniel s'empourpra et, avant qu'il ne puisse répondre, entendit l'I.A. continuer :
"Ne vous inquiétez pas, docteur Jackson. J'aurais tout aussi bien pu vous laisser croire que vous m'aviez bernée, mais il ne serait pas profitable pour toutes les parties en présence que vous me sous-estimiez. Il est préférable qu'une relation de confiance s'instaure entre nous, même s'il est logique que je sois initialement crainte."
"Effectivement, on ne peut pas dire que nous soyons rassurés par votre présence.", reconnut Daniel, en faisant signe à Anna de la suivre.
Ils arrivèrent près de l'entrée, et au moment d'ouvrir la porte, la voix désincarnée se manifesta à nouveau :
"Oh, mademoiselle Stern. Mes circuits cognitifs sont à base de carbone, et non de silicium."
La voix de Campbell résonna faiblement dans sa tête :
"Qu'est-ce qu'on fait ?"
"Pour l'instant, rien.", répondit Maltez, "Mais si quelqu'un a une idée, je suis preneur."
"Est-ce qu'il vont nous traiter comme des pestiférés longtemps ? Quand ils verront qu'on est clean, on pourra reprendre du service, non ?" hasarda Vernil.
"Sylvestro, je te rappelle qu'on est tous isolés dans des cellules différentes. Est-ce que tu crois vraiment qu'on pourrait discuter comme ça si on était clean, comme tu le dis ?" rétorqua le lieutenant-pilote de SG-22. "Toi, Shanti, t'en penses quoi ?"
"Je n'en sais rien, Tom. On est coincés, emprisonnés par notre propre camp, et, franchement, j'aimerais bien savoir ce que veulent ceux qui nous ont mis ces nanites."
Shanti changea de position sur sa couchette, alors que c'était au tour de la voix du commandant Maltez de se faire entendre à nouveau :
"Ils nous ont dit qu'on aura une "opportunité". Ça sera probablement une chance de nous évader. Mais que l'on soit tous clairs là-dessus : si on tente de s'enfuir, on passera du statut de prisonniers récemment libérés à celui de parias et déserteurs. Quoi qu'on ait pu voir il y a une heure, rappelez-vous qu'aucun d'entre nous n'a remis en cause ce genre de précautions depuis les lavages de cerveau goa'uld."
"C'est inutile d'en parler maintenant", rajouta Shanti. "On ne ferait que se diviser pour rien."
"Elle a raison.", affirma Campbell. "Il n'y aura qu'une seule réponse importante. Celle qu'on donnera si et quand cette opportunité se présentera."
Les premières questions s'étaient attardées sur le contexte de la brève escarmouche, mais subtilement, l'inconnu qui interrogeait Carl avait dévié de ce sujet. Désormais, ses interrogations se concentraient sur l'attitude et le comportement du pilote alors que la situation s'était bouleversée en une poignée de secondes. Il lui avait fallu quelques minutes pour se rendre compte de ce changement et sa première envie fut de demander l'arrêt immédiat de cet interrogatoire. Pourtant, il n'en fit rien. Repensant à ses dernières réponses, une vérité lui avait sauté aux yeux.
A aucun moment il ne s'était interrogé sur la raison de ses actions, mais plutôt sur les évènements eux-mêmes. Alors que les questions semblaient déplacées et de moins en moins objectives, Carl décida inconsciemment de poursuivre le processus où ses propres réponses lui en apprenaient plus à chaque instant.
Tant sur l'escarmouche que sur lui-même.
"Lorsque le capitaine Anders s'est fait tuer par l'appareil furtif, vous avez réagi de manière étonnamment rapide, plus encore si l'on considère votre faible expérience. Savez-vous pourquoi ?", poursuivait l'interrogateur.
"Je ne suis pas sûr. J'avais peut-être anticipé ce qui allait se produire.", répondit Carl après quelques secondes de réflexion. "En fait, j'ai tendance à imaginer des problèmes à tout bout de champ. Alors une manière de me rassurer est de me dire ce que je ferais à ce moment-là. Pour ce qui est de cet instant précis, je ne sais pas si c'est ce qui s'est produit ou juste un réflexe dû à l'entraînement. Mes souvenirs sont plutôt concentrés sur la mort de Lone Wolf...du capitaine Anders, monsieur."
"Oui, c'est assez logique, étant donné les circonstances." reconnut son interlocuteur. "A ce propos, j'aimerais aussi savoir ce que vous pensiez du vaisseau inconnu après son attaque."
"Je voulais pulvériser l'ordure qui le pilotais, bien sûr." affirma le pilote du tac-au-tac. "Mais après coup, je me suis un peu calmé quand le contrôleur de vol a répondu. Après tout, si l'on capturait l'engin, j'aurais eu une chance de l'avoir en face de moi."
"Et qu'auriez-vous fait alors ?"
Carl soupira brièvement. "Au début, j'aurais probablement eu envie de le tuer de mes mains. Mais après...pourquoi. Juste, savoir pourquoi il a fait ça alors qu'il aurait pu s'éclipser discrètement avant qu'on ne l'encadre."
L'homme acquiesça et reprit :
"Je sais que tous les enregistrements du combat ont été analysés en profondeur, mais j'aimerais avoir votre avis sur l'appareil que vous avez abattu. Dites-moi quelles sont vos impressions à ce sujet, je m'occuperai de trier les informations utiles par la suite."
"Et bien..." hésita le jeune homme, "quand j'y ai repensé, après coup, les boucliers m'ont semblé bizarres. En fait, le vaisseau que j'ai démoli était un transport goa'uld, aucun doute là-dessus, mais ses boucliers me faisaient plutôt penser à ceux des vaisseaux lourds qu'à celui des engins de cette taille. Autrement, si on avait à faire à un transport de reconnaissance vraiment modifié, il aurait dû être armé ou équipé de quelque chose pouvant lui permettre de semer des chasseurs. Là, il avait juste un bouclier fonctionnant sous camouflage et rien d'autre. C'est absurde."
"Développez."
"Le bouclier doit émettre de l'énergie et rendre le vaisseau plus repérable d'une manière ou d'une autre. Donc c'est un handicap pour une mission de reconnaissance, surtout qu'il est inutile tant que personne ne connaît sa présence. Par contre, quand l'ennemi est alerté, les quelques minutes de répit qu'il offre ne serviront à rien sans arme ou équipement. C'est pour ça, c'est juste absurde, non ?"
"Effectivement, votre raisonnement se tient." répondit l'individu en face de lui, avant d'embrayer sur une nouvelle question.
Enfin, quelques minutes plus tard, les deux inconnus se levèrent.
"Merci de votre temps, lieutenant." déclara celui qui avait posé les questions tout au long de l'entretien. "Vous nous avez permis d'éclaircir certaines zones d'ombres de ces évènements tragiques. Vous êtes libre de rejoindre vos quartiers. Nous préviendrons le général Mitchell que notre travail ici est terminé."
Carl les salua avant de se retourner et de quitter la salle.
"Alors, Henry ?", demanda le premier homme au second, qui refermait son ordinateur.
"Il s'est énervé à certains moments, mais le détecteur n'a pas repéré de signes physiologiques trahissant des mensonges. Vu comme il a réagi à certains moments, je doute fortement qu'il soit entraîné à camoufler ceux-ci, monsieur."
"Très bien, ça ne fait que confirmer mon impression.", conclut le chef du groupe.
Il referma un dossier plastifié et plaça furtivement son pouce sur une zone de couleur presque indifférenciable du reste de la pochette.
"Bon, occupez-vous des préparatifs de départ. Je vais aller voir Shaft et lui dire qu'on va mettre quelques milliers d'années-lumière entre nous." ajouta l'homme en se dirigeant vers la sortie qu'avait emprunté Carl.
Atlantis ne s'était pas trompée, et Anna avait accompagné Daniel à bord du vaisseau en orbite pour y retrouver l'irascible scientifique dont les idées pouvaient aussi bien sauver l'humanité que détruire les trois quarts d’un système stellaire. Sitôt le Jumper immobilisé dans l'un des hangars du croiseur, elle avait suivi l'archéologue au travers des coursives du navire, arrivant quelques minutes plus tard dans une salle anonyme.
"Vous voilà tous les deux", dit le physicien aussitôt que les deux nouveaux arrivants furent entrés. Il se tourna vers Anna. "Est-ce que Jackson vous a mis au courant ?"
"Euh, oui.", répondit l'intéressée. "Je suis sensée travailler avec cette I.A., c'est bien ça ?"
"Pour résumer." la reprit McKay. "Tous les accès à nos réseaux ont été coupés pour l'instant. On est en train de mettre en place des interrupteurs physiques pour éviter une infiltration de sa part. Donc, pour faire des recherches, elle devra passer par vous, puisque on est moins d'une dizaine à la connaître."
"Vous voulez dire que je vais lui servir de secrétaire et lui fournir les documents pour son travail ?"
"C'est une partie du job. Il faudra surtout trier ce qu'elle peut obtenir du reste. Pour l'instant, on va lui donner les infos de base sur la situation politique actuelle, mais elle va vouloir en savoir plus."
"Est-ce qu'on sait ce qu'elle a déjà ?"
"Énormément", répondit simplement McKay. "Elle peut surveiller tout ce qui se passe dans la Cité, et on aura du mal à garder son existence secrète si il y a une liste de sujets de discussion interdits."
"Si on prend ça en compte, monsieur," répondit Anna, "qu'est-ce qu'elle ne sait pas ?"
"Nous supposons que ça fait moins d'une semaine qu'elle a été réactivée." dit Jackson. "Si ses capteurs étaient activés et enregistraient pendant son sommeil, alors il faut être clair, elle sait tout de nous. Donc votre travail, Anna, prendra en compte l'hypothèse optimiste que ce n'est pas le cas."
"Parce que autrement, on n'a aucun contrôle sur elle." ajouta McKay.
"Bref", reprit Daniel, "Aucune information sur nos capacités militaires. On maîtrise le voyage hyperspatial, rien de plus." L'archéologue commença alors une longue liste d'instructions spécifiques.
Quelqu'un peut-il m'expliquer comment je suis passée de l'analyse de données à un rôle "d'ambassadeur" auprès d'une I.A. ?, se demanda Anna avec une pointe de désespoir.
Rien ne permettait de suivre l'écoulement du temps, la cellule étant presque vide. Shanti avait beau reconnaître une construction humaine dans son environnement, elle commençait à être plus anxieuse que dans sa précédente prison. Ceux qui la confinaient dans cette petite pièce étaient les mêmes individus qu'elle avait espéré retrouver ces derniers jours, et la situation devenait de plus en plus confuse alors que ses options demeuraient floues. Un "partenaire" inconnu lui offrait de s'échapper tout en démontrant son pouvoir par l'intermédiaire des nanites qui l'habitaient désormais. Elle savait parfaitement qu'elle ne pouvait pas faire confiance à ce nouvel interlocuteur, mais la seule autre décision possible impliquait de devenir un paria, crainte par ses semblables à cause des conditions de sa capture et de sa libération.
-Pourquoi ne me faites-vous pas confiance ? lui demanda la voix douce qui incarnait son mystérieux contact.
-Je ne sais rien de vos intentions, répondit-elle silencieusement.
-Effectivement. Mais vous connaissez celles de votre camp. La question à laquelle je veux une réponse est si vous aurez l'audace de travailler avec moi pour vous sortir de ce mauvais pas.
-Je ne sais pas.
-Il n'est pas question de savoir, ici. Donner une réponse serait simple si vous saviez.
-Dites-moi qui vous êtes, demanda Shanti.
-N'y comptez pas. Vous n'aurez cette information que si nous avons à coexister.
-Comment est-ce que je peux choisir, alors ?
-Cela n'est pas de mon ressort. Mais réfléchissez bien, mon offre a une durée limitée, conclut la voix.