Stargate : Moëbius

ytsuka452
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Re: Stargate : Moëbius

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"il y a 5000 ans" =/= "-5000 av JC"
CITATION INT-PUDDLE JUMPER

[Daniel and O'Neill are sitting in the pilot chairs as Carter works on the time device. Teal'c is standing behind Daniel.]

DANIEL
Now remember, Jack, 3000 B.C. After Sam hooks up the power to the time device, think about that date and nothing else.
Doci - De gigantesques armées de fidèles iront affronter les serviteurs des êtres maléfiques. Nous allons bâtir des vaisseaux spatiaux pour emmener nos guerriers valeureux dans l'espace interstellaire et apporter la Parole des Oris à tous les impies de l'univers. La puissance des Oris submergera tous les mondes et les impies seront bannis de l'univers. Loués soient les Oris !
arim
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par arim »

et en relisant la fin du chapitre, c'est écrit
CITATION 5000 ans dans le passé
donc c'est bien la bonne date (3000 av JC), c'est juste Ananta qui a mal compris et moi qui ne suis "planté" dans la référence (parce que j'ai pas cherché, la référence 5000 ans a fait "tilt" chez moi, peu importe que ce soit av JC ou avant aujourd'hui) m'enfin ils sont arrivé à l'époque où SG1 prépare la rébellion contre Râ, il me semble que la conclusion est évidente avec la réplique située 2 lignes plus haut
CITATION SG-1 saura quoi faire, se risque le docteur Jackson. C'est eux qui nous envoyé ici ! Ils doivent savoir mieux que quiconque quoi faire pour régler les choses
Revanchiste
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par Revanchiste »

CITATION A mon avis, pas besoin de toucher à la fin, en lisant, je vois que je me suis un peu planté en commentant, mon doute est plus sur d'éventuels soldats qui seraient avec "SG1" après le voyage temporel. Mais avec le début du chapitre suivant ça devrait être compréhensible, ça fait un cliffhanger !
Oui il y a des soldats puisque le sous-marin aussi remonte le temps mais les trois marines qui escortaient O'Neill et Carter ne sont pas dans le Jumper, ils sont occupés à maîtriser Teal'c.
CITATION Alors j'ai tout lu. C'est une très bonne fic qui se passe dans une Réalité Alternative, mais j'avoue que j'ai eu du mal avec les sigles et le déroulement des évènements (surtout les parties dans le sous-marins, j'étais perdu).
Merci beaucoup :D Oui j'arrête un peu les sigles, j'utiliserais que ceux qui ont déjà été introduits dorénavant. Pour le sous-marin oui j'ai vraiment eu du mal à l'écrire correctement cette séquence, je vous ferais signe en surlignant en vert les parties modifiées quand je prendrais cinq minutes pour bien les réécrire
CITATION La fin est surprenante (passé de l'eau au vide spatial lors d'un saut temporel, jamais vue dans la série). Jackson, toujours espion et hôte de Tanith (je n'aurais pas crû le revoir celui-là, au vu de l'animosité que lui et Teal'c ont dans la ligne temporelle originale).
Bin justement je trouvais dommage de le flinguer trois minutes après être devenu un Goa'uld (et encore il n'est pas clairement dit que c'est bien lui dans l'épisode original, même pas un indice), un des nombreux "défauts" de cet épisode "final" (sans aller jusqu'où je vais dans la réécriture) comme la mort hors-champ de SG-1 (hors Daniel) durant la première rébellion contre Râ alors que c'était les persos qu'on a suivit pendant huit saisons. Et pour l'animosité entre les deux elle est bel et bien en train d'apparaître là, donc autant bien la cultiver et pas expédier des relations entre personnages et leurs motivations respectives en deux phrases...
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Revanchiste
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Re: Stargate : Moëbius

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Intermède 1 : Joyeux Noël

24 décembre 1978, 21h12, berges du Yukon au nord de Fairbanks, Alaska

Perçant un épais blizzard de ses phares, puis de son immense scrapeur courbé qui déblayait la neige de part et d'autre de sa proue, le chasse-neige fait halte.

– Qu'est-ce que vous foutez encore ? se plaint le passager.
– La piste s'arrête là monsieur l'agent, lui répond le conducteur.
– Mais vous êtes la piste !
– Monsieur, on a atteint le lit du Yukon. Cet engin n'est pas prévu pour aller sur la glace. A moins que vous préfériez nager par moins zéro.
– Ok laissez tomber. C'est à quelle distance maintenant ?

Son conducteur désigne les lumières lointaines à travers la vitre gelée.

– Vous voyez le camp de base ? Il est là-bas.
– Y'a combien ? Trois cent mètres ?
– A vu de nez plutôt cinq cent, estime pour sa part le conducteur.
– Chieerrrr... souffle le passager en remettant sa capuche et en remontant la fermeture éclair.
– Quinze ans qu'on avait pas eu un hiver aussi froid apparemment, précise son compère.
– Et vous venez me récupérer quand ?
– Probablement demain ou après-demain, ça dépendra de la météo. Mais je me demande surtout ce qui conduit un agent d'une organisation que personne ne connaît dans un trou perdu comme ça ! Encore un coup des communistes ? Dîtes ils vont nous envahir bientôt ?
– Je vous l'ai déjà dit, secret-défense, se défend le passager. Mais dormez sur vos deux oreilles pour les cocos. Dîtes, il va faire nuit encore longtemps ?
– On est très près de 66 degrés nord.
– Et donc ?
– La nuit polaire vous connaissez ?
– Comme si ce pays de merde pouvait pas être pire.
– Vous voulez parler des Etats-Unis ? s'inquiète le conducteur en fronçant les sourcils.
– Non juste le nord en général. Merci pour le taxi néanmoins, dit-il à l'adresse de son conducteur.
– Bonne chance à vous, lui répond celui-ci en redéployant son bonnet de laine pour couvrir davantage son crâne rasé alors que son passager quittait le chasse-neige en laissant un peu de froid s'engouffrer dans l'opération.

Le chasse-neige fait demi-tour et repars dans la direction d'où il était venu. L'homme continue de progresser dans la neige et sent bientôt sous la couche de neige qu'il a quitté la terre pour gagner le sol fait de glace qui était encore quelques mois plus tôt le fleuve Yukon. La traversée est laborieuse mais les lumières se rapprochent. Enfin, il arrive à la porte d'entrée qu'il échoue à ouvrir à cause du gel, laissant échapper un chapelet d'insultes. Il tape frénétiquement du poing. On vient enfin lui ouvrir, il tombe dans entrebâillement de la porte, couvert de neige. Deux ouvriers du site le relèvent tandis qu'un troisième ferme la porte.

– Bordel j'étouffe ! se plaint-il en retirant sa capuche et les écharpes qui lui protégeaient le visage.
– Clyde Murkowski, se présente l'un des hommes de la base. Et vous êtes qui ?
– Rayleigh Barrett. NID. Pentagone.
– Inconnu au bataillon, lui répond son interlocuteur, qui semble être le chef de la petite bande stationnée ici.
– Et nous tenons à le rester, lui répond celui-ci en remettant son badge dans sa poche. Vous êtes combien sur le site ?
– Seulement mes hommes ici présents.
– Sept gars ?
– On est restés ici dans l'urgence quand la compagnie nous a dit de rester. Les autres ont de la chance d'être rentrés chez eux pour Noël.
– Vous m'avez apporté mon cadeau ? sourit l'agent Barrett.
– Si on veut, oui.
– Alors c'est quoi exactement ? Vous avez retrouvé le HMS Terror ?
– Peu probable. Ça fait bien six cent pieds de long pour quinze à vingt mille tonnes.
– Vous m'avez fait venir de ma mission tropicale au Cambodge en quatrième vitesse pour un vieux météore ? Y'a intérêt à avoir Luke Skywalker dedans où je vais m'assurer que vous restiez ici le restant de vos jours et que vous passiez plus jamais Noël chez la famille.

Le chef d'équipe sourit.

– Z'inquiétez pas, "N-I-D", z'aller pas être deçu. Suivez-moi.
– Appelez-moi Ray.

L'agent Barrett lui emboîte et le suit jusque dans une salle dotée d'ordinateurs et de cartes. Son guide allume l'un des ordinateurs au fond de la salle.

– Comme vous le savez on fait partie de l'équipe employée par la Pipeline pour surveiller la stabilité de l'oléoduc trans-Alaska. Ils veulent savoir si tout baigne et si y'a la moindre fuite ou le moindre risque de rupture due au froid.
– Je vois.
– Jusque-ici aucun incident. Mais y'a deux jours on a capté ça sur les sismographes.

L'ordinateur affiche, au gré d'une série de filtres chromatiques, une forme noire vaguement ovoïde mais très allongée, presque bacillaire.

– Un grain de riz ? propose l'agent sur un ton nonchalant.
– Un grain de riz grand comme un gratte-ciel. Et c'est fait d'un alliage d'acier inconnu. Intégralement, lui répond l'autre.
– Là vous avez piqué ma curiosité, confesse Rayleigh Barrett en se penchant vers l'écran. Vous y avez eu accès ?
– Pas encore. On a commencé à bosser dessus aussitôt que la Pipeline nous l'a demandé. Mais y'a une espèce de conque de glace autour et c'est à trente-six mètres de profondeur, logé quelque part dans une sorte d'alcôve souterraine située à côté du lit de la rivière. L'équipe d'hydrographie pense qu'elle s'en ai détaché y'a quelques siècles durant des glissements de terrain.
– Et vous en avez pour combien de temps ? Pour l'atteindre je veux dire.
– Peut-être deux bonnes heures. Mais en plein hiver et avec ce blizzard et cette nuit noire c'est très lent. Mes gars sont épuisés on finira demain.
– Je comprends.
– Venez on va vous servir à manger. Il reste un lit dans le dortoir.

25 décembre, 11h33, camp de base mobile de l'Alyeska Pipeline Service Company sur les berges du Yukon

– C'est bon, vous pouvez rentrer ! lui annonce Murkowski en relevant ses lunettes.
– Parfait, lui répond l'agent du NID.

Barrett emboîte le pas du chef d'équipe dans la longue cavité artificielle haute d'à peine un mètre soixante-dix, le contraignant à se baisser et à avancer la torche à la main. Le boyau, parfaitement droit, descend selon un angle de vingt degrés dans les entrailles de la terre et de la glace pour atteindre une alcôve gelée souterraine du fleuve Yukon qui s'est isolée du lit du fleuve il y a des siècles déjà. Les deux rejoignent enfin l'alcôve où les attendent déjà quatre des hommes de l'équipe de Murkowski, partageant tous le même air perplexe. Barrett retire ses lunettes et ouvre à son tour une bouche béante face au spectacle qui apparaît devant lui. Sur la coque métallique rouge foncé de l'objet qu'un des ouvriers s'active de dégeler au chalumeau, on pouvait lire : USS Alabama.

Un seul mot résonne dans sa tête : impossible. C'est impossible. Il travaille au NID depuis une dizaine d'années. Il sait tout de Roswell, de Blue Book, de cet étrange anneau fait d'unobtainium découvert en 1928, de ces mystérieuses ruines atomisées quelque part dans le nord de l'Inde, de ses crânes de cristal découverts au Bélize. Il en sait plus que des Présidents. Plus qu'il ne peut avouer à sa femme et à son fils. Mais, , rien d'extraterrestre ou de vraiment étranger. Et c'est le plus terrifiant. C'est un sous-marin nucléaire américain, tout ce qu'il y a de plus normal. Le problème ? Qu'est-ce qu'un sous-marin commandé onze mois plutôt par le Pentagone à Electric Boat et et dont la quille n'a même pas encore été posée fout, intact, au beau milieu de l'Alaska ? Et surtout depuis combien de temps ?

– Alors vous doutez toujours de l'existence du Père Noël ? lui demande Clyde Murkowski.
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[I]24/09/2015[/I]
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Chapitre 6 : Chute libre

lieu : espace intersidéral ; date : inconnue

O'Neill reprend immédiatement ses esprits, les yeux grands ouverts et faisant mine d'ignorer la douleur atroce qui lui dévore le bras. Immédiatement, il tente de stabiliser la trajectoire du sous-marin à l'aide des nacelles de propulsions. Mais si les ingénieurs du système d'arrimage avaient pensé à ne pas faire entrer directement l'Exonef dans la cale sèche pour faciliter son décollage verticale, en préférant une série de pinces hydrauliques arc-boutant les flancs de la nef, la couche de glace empêche leur déploiement et il renonce après plusieurs essais.

– Pourquoi on n'y voit plus rien ? s'emporte O'Neill. D'après les instruments on est entouré par une coque de glace...
– On a du prendre de l'eau avec nous durant le saut et elle a gelé, propose la physicienne avec un air plus étonné que d'habitude.
– Normal on n'est dans l'espace, lui répond le colonel.
– Non pas vraiment. Dans l'espace l'eau est instantanément vaporisée à cause de l'absence de pression avant de refroidir. Elle aurait du prendre des jours pour geler entièrement !
– Peut-être un des effets du voyage temporel ? propose Jackson.
– C'est bien possible, quand on a traversé la porte pour aller sur Chulak on a aussi constaté du gel sur l'Exonef.
– Tout ça c'est très bien mais pourquoi on n'est pas dans l'Atlantique ? s'impatiente le colonel.

Le radar holographique projeté sur le hublot affiche alors une carte tridimensionnelle tandis que la vue devant eux a disparu, la transparence de l'eau remplacée par l'opacité de la glace.

– La Terre ! indique Carter.
– Je vois ça ! répond O'Neill. Pourquoi on n'est pas dessus !
– Donnez moi un instant, réfléchie Carter.
– Strickland, ici O'Neill, on a atterrit dans l'espace mais j'ai déployé le bouclier de l'Exonef donc on va pas geler. On travaille sur une solution avec le docteur Carter, tenez bon.
– Faîtes au mieux colonel, et docteur, répond le capitaine, une main sur l'oreillette et l'autre accrochée sur le siège d'un des pilotes du sous-marin, tandis qu'il flottait en l'air au milieu d'autres objets.
– Merde les nacelles veulent pas se déployer ! se plaint le colonel.
– Faites les chauffer à une fraction de leur puissance, conseille l'ingénieure.
– A l'intérieur du vaisseau ?
– A une fraction j'ai dit, juste de quoi faire fondre un peu la glace par conduction de chaleur, détaille-t-elle.

O'Neill se concentre à nouveau et active légèrement les nacelles tout en les déployant progressivement. Petit à petit la glace chauffe et au bout d'un moment la nacelle parvient a se creuser assez d'espace pour permettre à O'Neill d'activer davantage le flux de plasma des réacteurs logés dans celles-ci. Il incline légèrement ces dernières en diagonale pour éviter de toucher la cale sèche arrimée juste derrière et accessoirement de compromettre l'intégrité de la coque de l'Alabama. Bientôt le flux de plasma traverse la glace vers l'arrière et le mouvement des nacelles imprime un cercle horizontal autour de la nef, découpant un gros bloc de glace dans la conque ovoïde qui emprisonne le sous-marin et libérant la visibilité du hublot.

– Vous pensez que les nacelles auront assez de jus pour propulser un sous-marin ?!
– Le réacteur de l'Exonef est plus puissant que celui du sous-marin, colonel, répond l'ingénieure. Je doute qu'on puisse faire décoller un vaisseau d'un tel tonnage avec, mais ça devrait suffire pour le faire manœuvrer et ralentir sa chute quand on va le faire atterrir.
– Atterrir ?? disent en chœur Jackson et O'Neill.
– On n'a pas d'autre choix. Si on essaie de faire la navette entre la planète et le sous-marin en prenant quinze personnes à la fois, il n'y aura plus de bouclier pour protéger l'équipage resté à bord entre les trajets. L'oxygène et l’apesanteur ne sont pas un problème mais la température va peu-à-peu diminuer par radiation et l'équipage va mourir de froid. A moins que vous n'ayez la place pour faire entrer une centaine de personnes là-dedans !
– Et vous savez faire atterrir un vaisseau ? demande Jackson. Pour de vrai ?
– J'ai suivi la formation de la NASA pour être astronaute je vous rappelle, je sais piloter une navette spatiale.
– Dommage que vous n'ayez pas le gène d'activation, confesse le colonel.
– Ne faisons pas la liste des problèmes, colonel.

Le docteur poursuit :

– Très bien le champ est dégagé autour de l'Exonef. Faites pivoter les nacelles en les inclinant légèrement vers les côtés pour imprimer un mouvement antérieure. Vers la planète quoi. Le bouclier de l'Exonef est en fait un champ gravitomagnétique qui peut repousser les particules et les ondes du spectres EM, dont la lumière, c'est pourquoi il peut devenir un occulteur. Cependant, il peut aussi participer à propulser le vaisseau !
– Sans propulsion ? s'étonne le colonel.
– C'est en effet un réacteur non-newtonien colonel. Le bouclier entoure le sous-marin, vous pouvez donc l'utiliser pour le faire bouger. Les nacelles serviront à corriger la trajectoire et éventuellement la vitesse, mais vous devez vous concentrer sur le bouclier pour l'instant. Visualisez-le comme une bulle qui ne doit pas surtout pas éclater et imaginez qu'un vent puissant vous pousse vers la planète.

L'USS Alabama, son errance intersidérale corrigée, commence laborieusement à adopter une trajectoire stable afin de rejoindre les océans terrestres qu'il n'aurait jamais du quitté, le tout en violant sans problème la troisième loi de Newton.

– Vous êtes sûr que ça peut voler un sous-marin ? s'inquiète l'archéologue.
– La forme en obus d'un sous-marin est plutôt "astrodynamique" quant à la répartition de la pression sur la coque, entre l'intérieur pressurisé et l'extérieur, rassure Carter. Si j'étais un jour chargée de concevoir un vaisseau spatial c'est la forme que je prendrais en tout cas.
– D'après l'ordinateur de l'Exonef on est à trois mille kilomètres de la surface terrestre, commente O'Neill via l'ordinateur télépathique.
– On est dans l'exosphère, précise l'ingénieure.
– C'est pas ce que je vous demandais. Comment on y est arrivés ?
– On a essuyé une secousse inattendue juste avant de remonter le temps, sans doute due à la vague hypersonique de l'explosion. Ça a du faire dévier une partie du champ gravitique, conclue la physicienne. Si l'ordinateur n'a pas compensé, ça nous a téléporté un peu plus loin du point de saut calculé.
– Putain. Attendez, vous trouvez pas qu'elle grossit un peu la Terre ? s'étonne l'archéologue.
– On doit être sur la trajectoire de son orbite. Il faut vite profiter de sa gravité avant qu'elle ne s'en aille sinon on n'aura aucun moyen de la rattraper, le générateur n'a plus assez d'énergie pour faire un autre saut. Et même si on remontait encore le temps on pourrait finir à nouveau dans le vide ou même dans la planète cette-fois !
– Non merci j'ai vu le film y'a quelques jours et ça me tente pas de naviguer dans de la lave.
– Vous voulez parler de The Core ? se plaint Carter.
– Ben quoi il est bien ce film non ? D'ailleurs l'astronaute du film me rappelle un peu vous, répond Jackson.
– C'est sans doute le film le moins scientifique que j'ai jamais vu, répond Carter.
– Dommage, je vous aurais bien vu sauver le monde d'une explosion géothermique planétaire en pilotant une foreuse géante ! propose O'Neill.
– Vous pouvez toujours rêver !
– On approche de l'atmosphère, précise O'Neill. Comment je propulse un sous-marin nucléaire dans l'air maintenant ? Je demande à l'équipage de sortir les rames ?
– L'Océan Indien, dit Carter. Essayons d'amerrir.
– J'essaie j'essaie !
– En temps normal la navette spatiale utilise sa surface ventrale pour planer et ralentir sa chute mais ce serait une mauvaise idée de présenter le plat du sous-marin. Sa forme est très efficace dans l'espace et dans l'eau mais si on atterrit horizontalement elle ne va rien freiner et l'équipage va être écrasé au plafond. Je vous recommande de présenter la proue en premier, en angle perpendiculaire par rapport à la surface.
– Mais ça va rien ralentir du tout ! répond O'Neill.
– Ce n'est pas le but. Il faut répartir au mieux l'énergie du bouclier gravitique sur l'espace de la coque pour protéger l'équipage des accélérations en le concentrant sur la proue et garder le sous-marin en un seul morceau. Essayez avec un angle de soixante-dix degrés.
– Vous êtes sûr que vous avez déjà piloté un F-15 ? Car l'angle de descente va nous coller des accélérations mortelles !
– Je sais bien, colonel. Ça va augmenter les Gs et la chaleur mais la concentration du bouclier sera optimale. L'équipage ne devrait pas subir plus de 5 ou 6 g j'en suis sûre.
– Ce ne sont pas des pilotes entraînés.
– C'est ça où le réacteur n'a pas assez de puissance pour alimenter un bouclier aussi distendu et il cède. Le bouclier est étiré à son maximum et je doute qu'il puisse tenir encore longtemps dans ses conditions. Et dès que ça arrive l'Alabama va vraiment devenir un Cigare et se consumer en quelques instants ! Et nous avec.
– C'est vous l'experte, répond le pilote concentré sur son pilotage télépathique, les yeux fermés.
– La mécanique orbitale est casse-gueule donc je vais pas vous faire un résumé complet en trois minutes mais pour atterrir il faut aller à contresens de là où on veut aller pour ralentir la chute, et filer ensuite en ligne droite pour opposer le moins de résistance et permettre de concentrer le champ gravitique au mieux.
– Pour éviter la friction ?
– A vrai dire la majorité de la chaleur n'est pas juste la friction, ce sont les molécules qui sont tellement chaudes que les barrières chimiques se brisent pour former un jet de plasma électriquement chargé qui entoure le vaisseau, explique-t-elle en agitant les mains.
– Comme vous dites ! répond O'Neill.
– Le problème du plasma c'est qui peut atteindre les mille cinq cent degrés voire le double ! Évidemment un sous-marin ne dispose pas de plaques en carbone-carbone pour absorber cette chaleur. L'alliage en acier AY-80 est mieux que rien, sa ductilité devrait aider à le garder en un seul morceau mais c'est la couche de glace additionnée au bouclier gravitique qui devraient absorber la majorité de la chaleur du plasma. Avant que la coque ne soit vraiment endommagée. Si ça arrive, l'air va être ventilé puis le vaisseau va se déchirer et adieu l'Alabama.
– Et ça va pas endommager la proue de tomber comme ça ? demande l'archéologue.
– Je ne pense pas que Strickland se plaigne si on abîme un peu le sonar et les instruments de proue après avoir sauvé son équipage et son vaisseau !

O'Neill se concentre de toutes ses forces sur le bouclier gravitique que projette l'Exonef autour du sous-marin, étendu sur sa proue, afin de maintenir l'intégrité de la coque et d'absorber le plus d'inertie possible. Cependant, l'absence de plaques gravimétriques dans le sous-marin, contrairement au vaisseau temporel, projette les membres de l'équipage contre les cloisons du vaisseau avec trop de force pour qu'ils puissent tenir debout. Dans le CIC, les accélérations sont telles que ceux qui ne sont pas attachés à leur ceinture sur leurs sièges sont progressivement attirés vers l'arrière par une force inconnue.

– La prochaine fois faudra dire à Electric Boat de rajouter des ailes sur leurs sous-marins !
– Je sais je sais. Maintenant inversez la direction des nacelles de 180 degrés et servez-vous en de rétropropulseurs pour ralentir la chute. Mais n'excédez pas les cinquante méganewtons de poussée par nacelle où le système d'arrimage de l'Exonef va céder et on va perdre le sous-marin !

La poussée commence à se faire sentir à son tour dans l'Exonef. L'inversion du flux de plasma des nacelles, cette fois orientées vers l'avant pour faire contrepoids aux effets de la gravité terrestre, met à rude épreuve les six pinces hydrauliques qui enserrent l'Exonef comme une paire de griffes sur sa proie, et leur résistance mécanique. A la moindre défaillance technique c'est l'effet domino.

– Asseyez-vous et attachez-vos ceintures, ordonne Carter à Jackson qui l'imite en prenant le siège situé derrière le militaire. On commence à perdre quelques g nous aussi.

L'Alabama perce bientôt les hautes couches de l'atmosphère. De loin, on aurait dit un simple météore. L’œuf de glace commence à s'effriter pour donner naissance au monstre d'acier logé à l'intérieur. La couche blanche qui entourait en partie le sous-marin se met à fondre et à se disloquer peu-à-peu pour révéler une coque de plus en plus noircie sur sa proue par une friction et un flux de plasma que le bouclier ne pouvait totalement absorber. Le générateur de bord du sous-marin, un prototype rajouté à bord par l'équipe de McKay, couplé à celui de l'Exonef via un réseau de câbles, fournissent déjà plusieurs dizaines de megawatts/heure mais ils sont poussés à leur limite et O'Neill ne peut se permettre de gâcher la moindre joule d'énergie. Celui de l'Exonef est en effet conçu pour alimenter un engin deux mille fois moins massif que l'énorme cylindre auquel il est arrimé. On aurait dit un aigle battant frénétiquement des ailes pour tenter de soulever en l'air une baleine bleue qu'il vient de pêcher.

Le sous-marin approche maintenant des Mach 25 dans l'atmosphère terrestre et va dépasser la limite de Karman. O'Neill doit réajuster mentalement la poussée du champ gravitique afin de ralentir la chute, de limiter l'inertie, d'absorber la friction et de garder le "vaisseau" un seul morceau, devant réaffecter mentalement chaque flux de graviton au bon endroit au bon moment. En temps normal un esprit humain ne peut pas effectuer une telle tâche, même les meilleurs ordinateurs au monde prendraient des heures pour une telle procédure. Mais l'ordinateur de bord et la liaison télépathique amplifient considérablement l'esprit du colonel qui ne fait qu'un avec la machine, comme si ces suites de chiffres qui l'avaient toujours effrayé au lycée ne faisaient plus qu'un avec lui. Comme s'il était la machine et qu'il visualisait télépathiquement le bouclier de l'Exonef, et donc l'Alabama. Comme s'il c'était agit d'une extension de lui-même, la même sensation qu'il avait eu lorsque, devant se défendre face aux gunships jaffas qui le pourchassaient sur Chulak après le fiasco de leur mission, il avait décoché pour la première fois ces espèces de missiles passe-muraille stockés dans les lanceurs rétractiles de proue et sentit toute l'étendue de la fusion ordinateur-esprit permise par la technologie alien de l'Exonef. Être le seul à pouvoir maîtriser ce vaisseau venait par ailleurs confirmer en lui ce sentiment de toute puissance.
Alors que la glace s'était totalement évaporée, que la proue passait au rouge et que le bouclier se drainait comme l'énergie de celui qui nage à contre-courant dans l'océan, menaçant de faire imploser l'USS Alabama, le vaisseau approche de la surface de l'Océan.

– Altitude soixante kilomètres ! hurle le pilote.
– Inclinez légèrement les nacelles vers le bas pour aller vers un angle de 180 degrés juste avant l'impact, indique l'ingénieure d'un mouvement de la main pour mimer le mouvement.

O'Neill s'exécute et envoie ce qu'il reste d'énergie dans la contre-poussée des nacelles de propulsion qu'il oriente vers le bas pour redresser légèrement le sous-marin, diminuant progressivement la perpendicularité de l'angle d'impact. Finalement, la collision tant attendue a lieu et le sous-marin pénètre la surface de l'eau, se refroidissant à nouveau après avoir chauffé au rouge sur une partie de la coque à présent scarifiée de noir. Des vapeurs d'eau s'élèvent du sous-marin flottant désormais sur la surface de l'océan.

Carter, Jackson et O'Neill soufflent un bon coup et s'étalent sur leur fauteuil.

– Pilote de navette spatiale hein ?
– En simulation, répond l'intéressée pour le plus grand étonnement de ses copilotes. Ben quoi ça a marché non ? A vrai dire j'ai faillit être sélectionnée sur la mission Intrépide prévue pour cet été... avant que mon chef d'équipe ne pourrisse mon bilan psychologique. Je n'aurais cru aller dans l'espace un jour, confesse t-elle.
– Et bin voilà, maintenant vous êtes une vraie astronaute.
– D'après les enregistrements de la caméra ce genre de situation serait notre quotidien, admet le docteur Jackson.
– J'ignorais que l'armée américaine envoyait des hommes dans l'espace et faisait voler des briques de métal géantes.
– Comment gérer ce niveau de stress surtout, demande Carter.

En l'espace d'une heure elle avait repoussé une invasion alien, affronter un guerrier extraterrestre et sauvé le colonel O'Neill, été témoin de la destruction de la Terre, remonté le temps et fait voler et amerrir un sous-marin de vingt mille tonnes. C'était plus qu'une seule vie pour elle. Et pourtant les montagnes russes d'adrénaline qu'elle venait de vivre étaient peut-être cette sensation nouvelle qu'elle avait cherché toute sa vie, d'abord dans l'aéronavale en 90-91 puis ensuite à la NASA en 93 jusqu'à aujourd'hui. L'autre faisait peut-être exploser des soleils mais faisait-elle atterrir des sous-marins ? Elle y pensait : elle y était, elle avait remonté le temps et elle s'était rapproché de sa jumelle. Elle allait la rencontrer bientôt. Une nouvelle excitation parcourue son épine dorsale. De toutes les expériences qu'elle venait de vivre se serait sans doute la plus dérangeante, comme une vallée de l'étrange. Mais le docteur Jackson avait raison : SG-1 saura quoi faire. Elle se sentit rassurée de savoir le destin de la Terre entre les mains de ces experts qu'ils étaient venus sauver grâce au plan qu'ils avaient eux-mêmes anticipés cinq mille ans à l'avance.

A moins d'un mètre d'elle, sur sa gauche, le docteur Jackson affiche une mine décontenancée. Mais ce n'était pas tant celle d'un archéologue devenu astronaute l'espace d'une dizaine de minutes que celle d'un espion venant de perdre ses maîtres et devenu un électron libre. Nerthys et Apophis étaient sans doute mort à bord de l'Amùn'eth lorsqu'il s'était crashé sur la base tau'ri et le commando jaffa avait été défait. Ne restait de vivant que le Primat mais Tanith était son supérieur hiérarchique. Pour assurer sa sécurité et éviter qu'il parle il devra d'ailleurs s'en occuper. S'il était bien à l'époque de la Rébellion de Kemet alors il avait une nouvelle chance. Ses futurs maîtres ne le connaissaient même pas. Il ne devait rien à personne. Et il se trouvait être proche d'un homme capable de voyager dans le temps. Cette défaite inattendue du maître était peut-être l'ascension que tout Goa'uld fomente dès son incarnation dans un hôte. Heureusement que son hôte se trouvât être un linguiste et mythologue très intelligent, sinon il aurait eu du mal à justifier son expertise auprès de ses alliés de circonstance. Pour communiquer avec les Goa'ulds comme avec les peuplades qu'ils rencontreraient, son expertise serait nécessaire. Il était un pilier du groupe, et il devait le rester jusqu'à pouvoir se débarrasser de celui-ci. Les Tau'ri avaient bien contrecarrés les plans d'un maître-espion comme Nerthys qui avait pourtant fomenté la chute d'un millier de civilisations, et ils disposaient d'un Chappa'ai'tac capable de remonter le temps. Il avait absolument besoin d'eux pour mener à bien ses projets, pour le moment, et il devait veiller à les maintenir en vie. Mais à présent il devait ourdir un nouveau plan pour exploiter ces nouveaux atouts et se tailler un empire.

– Colonel, on a atterrit ? lui demanda Strickland d'une voix haletante. Je sais pas ce que vous avez fait mais on arrive enfin à marcher à peut-près droit.
– Nous avons amerrit, capitaine. Des pertes ?
– Le Cigare est plus robuste qu'il en à l'air, colonel mais on a mangé pas mal d'accélération, là. J'ai des rapports de blessés dans tout le vaisseau. Des fractures, des comas... Je vais avoir besoin d'un coup de main.
– Tout de suite capitaine, répond O'Neill. Bon, je réactive le camouflage optique au cas où les Goa'ulds nous auraient repéré, indique-t-il avant de tenter de défaire sa ceinture et de se lever, appuyé sur ses copilotes.
Dernière modification par Revanchiste le 26 juin 2021, 19:37, modifié 1 fois.
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par arim »

Je suis pas un spécialiste, mais dans le "vide spatial" (3000 km d'altitude), l'eau ne devrait pas se vaporiser au lieu de geler ? parce qu'il me semble que
1 => dans le vide, il n'y a pas de transfert d'énergie sous forme de chaleur (comme dans une atmosphère) mais uniquement sous forme de radiation, ce qui est un process TRES LENT => il serait donc improbable que l'eau qui a voyagé dans le temps avec le sous-marin gèle quasi instantanément ?
2=> sauf erreur de ma part, quand la pression baisse alors la température de vaporisation baisse également. Du coup dans le vide avec une pression quasi-nulle, la vaporisation a lui à une température très faible et l'eau devrait se vaporiser ?
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par Revanchiste »

Il me semble qu'elle doit faire les deux : bouillir/se vaporiser immédiatement à cause de l'absence de pression puis ensuite refroidir très vite et enfin geler très lentement par radiation de chaleur ;)
https://www.forbes.com/sites/forbes-per ... 450e477d3c
Là en plus y'a le bouclier qui maintient l'eau et l'empêche de se barrer a priori mais oui si on voulait être plus réaliste faudrait attendre un certain temps (je sais pas combien d'ailleurs) pour que l'eau se solidifie totalement.

Si c'est possible de le calculer je veux bien l'inclure d'ailleurs.

http://hyperphysics.phy-astr.gsu.edu/hb ... me.html#c2

J'ai essayé avec ce simulateur (mais je suis une bille en physique) et il faudrait 38 jours pour refroidir une boule de 180 m de diamètre (longueur de la bulle du sous-marin) de 38 degrés Celsius à 0 degrés Celsius (ou 273 degrés Kelvin ici). Sachant que c'est plus un ovoïde de 180 m par 50 m de diamètre et creux dans la majorité de son volume (et pas une boule de 180 m entièrement composée d'eau) qu'il faut refroidir jusqu'à 0 degrés ça doit sans doute être bien inférieur. Mais pour le coup les quelques secondes c'est bien trop rapide tu as raison j'ai déconné là-dessus. Au pire on oublie ça et on dit que le bouclier épouse la forme du sous-marin et du Jumper arrimé dessus et qu'il n'emporte pas d'eau avec lui, ou alors que l'eau se vaporise et qu'elle n'est pas retenue par le bouclier qui filtre ce qu'il garde et ce qu'il retient. ;)

Je me demande comment je peux réécrire la scène en gardant cet élément sans bro science et sans effacer l'urgence de la situation ? Ils attendent quelques heures/jours de geler en apesanteur avant de décider d'atterrir, avec le coup du "le réacteur doit prendre plusieurs jours pour charger car il a dépensé trop d'énergie durant le voyage temporel" ? ou une excuse du genre ?

Ou alors on a qu'à dire que c'est un des effets de la traversée temporelle de "geler" les choses car le vaisseau est soumis à un environnement physique différent du nôtre avec donc d'autres paramètres que la pression ou la température, comme dans Children of the Gods, et peut-être le film de 94, où les personnages émergent gelés de leur traversée. Et ce phénomène de "gel spatiotemporel" expliquerait la nécessité d'un environnement pressurisé pour le voyage temporel (donc un Jumper, dans le cas de Janus) pour éviter aux organismes voyageurs de geler. Et voilà, technoblabla bidon à intégrer dans une réplique de Carter et on est bons :clap:
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par arim »

Je pense que la dernière proposition est la plus simple, parce que le gel est quand une péripétie dans ton histoire, et qu'il vaut donc mieux le garder ?
Après, partir sur une explication pseudo-scientifique (qui alourdirait une récit pour pas grand-chose) ou ne rien détailler du tout, c'est toi qui choisit. Je pense pas que beaucoup de lecteurs soient aussi chipoteur/taquin que moi ;-)
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par Revanchiste »

Il faut être chipoteur autant sur la forme si elle est illisible que sur le fond s'il est trop irréaliste, je suis pas susceptible.
Spoiler
à peine :D
. Ce n'est pas un défaut c'est un devoir surtout quand on écrit une fanfic et qu'on doit jongler entre respecter l'univers que l'on pastiche, créer quelque chose d'original mais de cohérent et essayer d'avoir en bonus la petite pastille verte "réaliste". :D

Je ne suis évidemment ni un scientifique ni un militaire (un comble pour écrire une série de sf militaire) par conséquent 90% de ce que je ponds sort de mon chapeau, c'est-à-dire entre du wikipédia et de la culture ciné avec deux ou trois connaissances plus sérieuses apprises à droite à gauche, d'où l'intérêt de chercher le conseil des sages ici-même ou ailleurs. En général je déserte les forums de sf car trop de mauvaise foi et une certaine difficulté à admettre que leur univers n'a de cohérence que sur peu de points (je pense surtout à SW) alors qu'ici les gens, dont certains ont un profil plus érudit, ne manquent pas de flinguer les incohérences de Stargate dès qu'ils le peuvent, que ce soit en science ou, surtout, en matière militaire (curieux pour une série conseillée de si près par l'Air Force : se fiche-t-elle de savoir que des procédures, des insignes et des stratégies réels soient bien respectés tant que la série leur donne une bonne image ? car comme conseillers pour faire un truc moins irréaliste ils étaient servis). Donc surtout n'hésitez pas à dire où sa pêche dans votre domaine de prédilection et comment y remédier sans avoir à changer l'histoire de fond en comble.

Typiquement le coup du gel c'est un élément qui n'est pas central et que je peux expliquer avec de la pseudo-science cartérienne en deux phrases. Il m'était surtout utile pour donner un deuxième bouclier atmosphérique au vaisseau (donc un bouclier narratif/plot armor plus solide pour nos protagonistes) et par la suite (chapitre suivant) justifier aux yeux des Goa'ulds qu'il s'agissait bien d'un météore (fait de glace, souvent), expliquant pourquoi ils ne s'étonnent pas de ne pas trouver d'épave. Et évidemment je laissais un faux-suspense à deux balles avec l'intermède suivant qui pouvait laisser croire qu'ils avaient directement échoué et atterrit en Alaska où ils étaient tous morts...Donc au pire je devrais supprimer cet élément de la suite même s'il était bien pratique. :angry:
Autre exemple d'élément irréaliste osef : le nom du sous-marin marqué dessus. A ma connaissance il n'y a que des numéros d'identification écrit sur la coque, en l'occurrence 731 pour l'Alabama mais ça aurait pas eu le même effet à moins que tous les agents de toutes les agences de renseignement connaisse sur tout le bout des doigts le nombre de tous les sous-marins à venir. :vert:

Mais c'est plus chiant quand c'est un élément central comme la partie I centrée sur toute la stratégie de défense internationale mise au point en secret avant l'arrivée d'Apophis. Si elle est bidon comme l'a fait remarqué Blacky (avant que les chapitres suivants clarifient un peu certains points expédiés rapidement durant le briefing comme le fait que les autres Etats sont au courant et qu'ils maquillent tout ça en exercice militaire géant en cas de pluie de météorites) alors ça me forcera à changer beaucoup de trucs. D'autant que je justifie des choix esthétiques (faire un remake d'Independence Day à la sauce SG) a posteriori, quitte à rendre tout ça logique en utilisant l'habituel goût du théâtre et de la mise en scène dont seuls les Goa'ulds ont le secret et qui les conduit à se mettre à portée d'estoc de l'adversaire pour le bien du spectacle ou d'une quelconque tradition d'honneur.

Évidemment ça reste une fanfic d'une série de sf donc si on commence à vouloir "corriger" tout ce qui ne correspond pas au monde réel on va finir avec un truc relativement indigent au nom du "réalisme" tant attendu, à savoir plus de conspirations géantes à plusieurs degrés que les protagonistes devront démêler, plus de grande révélation qui bouleverserait l'équilibre de la galaxie, plus de plot armor (et on fume les personnages sans s'attacher à eux et leur donner d'arc cohérent sous prétexte que dans le monde réel personne n'a d'arc narratif) etc, donc plus rien qui ressemble à de l'art à la fin...
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Re: Stargate : Moëbius

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Salut! J'ai enfin tout lu!


Pour le fond

Et bien, c'est pas mal du tout. Côté histoire, je n'ai pas grand chose à dire. On est bien dans l'esprit Stargate. J'aime bien l'idée que tes personnages connaissent l'existence de SG1. Mais tu restes ancré dans ta réalité alternative en gardant bien leur caractère qu'on connaît bien.


Pour la forme

J'ai eu un peu de mal à me mettre dedans au départ mais c'est lié à ta rédaction au présent je pense. Question d'habitude. D'ailleurs, est-ce un choix délibéré ou ça te paraît plus naturel d'écrire sur ce temps?
Les acronymes du début m'ont un peu perturbé au départ mais il y en a moins par la suite donc ça passe. Avant de passer aux acronymes, ça peut être pas mal d'utiliser l'appellation complète au moins une fois pour ne pas perdre un lecteur non familier. Je pense surtout à tout ce qui touche le militaire.
Sinon, à la lecture, ça passe bien et le récit est "énergique". J'entends par là que l'alternance entte dialogue et narration est bien équilibrée.


Je lirai la suite avec plaisir :)
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par Revanchiste »

CITATION Et bien, c'est pas mal du tout. Côté histoire, je n'ai pas grand chose à dire. On est bien dans l'esprit Stargate. J'aime bien l'idée que tes personnages connaissent l'existence de SG1. Mais tu restes ancré dans ta réalité alternative en gardant bien leur caractère qu'on connaît bien.
Ils connaissent SG-1 puisque Hammond leur a montré la vidéo de la caméra dans l'épisode original, j'invente rien de ce côté-là ^_^ Après j'ai directement coupé Moëbius part 1 et le début de la partie 2 puisque ça diverge au niveau de la mission Chulak et que j'ai encore sauté trois semaines dans le futur donc je me dis que ça doit être confus de bien comprendre les points communs et les différences avec le double épisode original.
CITATION J'ai eu un peu de mal à me mettre dedans au départ mais c'est lié à ta rédaction au présent je pense. Question d'habitude. D'ailleurs, est-ce un choix délibéré ou ça te paraît plus naturel d'écrire sur ce temps?
Dans un récit de voyage temporel où seul le présent compte. :rolleyes:
J'ai longtemps hésité en effet et j'avais écrit plusieurs parties au passé simple. Le problème c'est que je trouve que ça filtre l'action selon un point de vue trop postérieure, comme si tout était déjà écrit (c'est un peu le principe du "récit" je sais mais ça casse un peu les scènes d'action je trouve) et ça donnait des passages un peu pompeux avec des passés simples désuets. Donc choix délibéré et j'ai pas de mal à m'y tenir. En règle général j'ai du mal avec la concordance des temps (et des modes) donc ça me simplifie un peu la vie. :vert:
CITATION Les acronymes du début m'ont un peu perturbé au départ mais il y en a moins par la suite donc ça passe. Avant de passer aux acronymes, ça peut être pas mal d'utiliser l'appellation complète au moins une fois pour ne pas perdre un lecteur non familier. Je pense surtout à tout ce qui touche le militaire.
Oui je vois je me disais qu'il fallait essayer de respecter un peu les codes surtout quand des militaires se causent puisqu'ils ont déjà intégré un jargon et des acronymes, j'ai donc essayer maladroitement sans doute de reproduire un sociolecte pour donner un effet de réel.
CITATION Sinon, à la lecture, ça passe bien et le récit est "énergique". J'entends par là que l'alternance entte dialogue et narration est bien équilibrée.
Merci beaucoup l'équilibre c'est l'enjeu principal de cet exercice d'écriture : action, narration, exposition, introspection... J'essaie de jongler entre tout ça sans surcharger ou perdre le lecteur. J'essaie d'apprendre de mes erreurs donc vraiment si y'a un passage ou un dialogue bizarre, ou qui donne trop d'éléments etc signalez-le.

Edit : j'ai corrigé la partie irréaliste avec le gel et j'ai opté pour une explication pseudo-sf 100% Carter. :up: Me demandez pas pourquoi les voyages temporels font geler j'en sais rien. :war:
Edit 2 : j'ai étoffé le chapitre 5b Mauvais perdant 2/2 notamment autour de "19h34" pour détailler davantage les effets des armes nucléaires et les mesures prises par le gouvernement avant la bataille ;
j'ai aussi changé l'année pour 2006 étant donné que c'est l'année probable où se déroule la fin de saison 8 (1 an après la fin de saison 7 située peu après l'élection américaine de 2004-2005) : ça bousille quelques éléments (John P. Jumper n'est plus Chief of Staff mais on va dire que Kinsey a étendu la durée de son service, à six mois près ça passe) mais ça permet de justifier l'équipement moderne utilisé par les Américains (notamment les Trident II mentionnés par Jumper qui n'ont pas été installés dans tous les classes Ohio simultanément, et la variante anti radiations du Stryker utilisé par l'équipe Stryker I dont le premier exemplaire date de février 2006)
Dernière modification par Revanchiste le 27 juin 2021, 21:59, modifié 2 fois.
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par Lefarcrieur »

CITATION (Revanchiste - 26 juin 2021, 19:26)
CITATION J'ai eu un peu de mal à me mettre dedans au départ mais c'est lié à ta rédaction au présent je pense. Question d'habitude. D'ailleurs, est-ce un choix délibéré ou ça te paraît plus naturel d'écrire sur ce temps?
Dans un récit de voyage temporel où seul le présent compte. :rolleyes:
J'ai longtemps hésité en effet et j'avais écrit plusieurs parties au passé simple. Le problème c'est que je trouve que ça filtre l'action selon un point de vue trop postérieure, comme si tout était déjà écrit (c'est un peu le principe du "récit" je sais mais ça casse un peu les scènes d'action je trouve) et ça donnait des passages un peu pompeux avec des passés simples désuets. Donc choix délibéré et j'ai pas de mal à m'y tenir. En règle général j'ai du mal avec la concordance des temps (et des modes) donc ça me simplifie un peu la vie. :vert:
Je comprends ton point de vue. Si tu es à l'aise de cette manière, c'est le principal. Je pense que c'est beaucoup de ressenti là-dessus. ^_^
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Message non lu par Revanchiste »

Intermède 2 : Le Sarcophage

25 décembre 1978, 15h56, berges du fleuve Yukon à 160 km au nord de Fairbanks, Alaska

- Ackerman et Krups ont trouvé une écoutille au niveau de la tour du sous-marin, annonce Murkowski.
- Ne l'ouvrez surtout pas sans moi, lui ordonne son interlocuteur.
- Vous z'inquiétez pas, j'leur ai dit d'vous attendre.
- Merci bien.

Barrett était soulagé que son autorité soit finalement acceptée. C'est généralement le plus difficile quand on collabore avec des partenaires non-affiliés au renseignement allié et qu'il est interdit de leur révéler tout ou partie de la vérité. Encore plus difficile quand leur niveau d'accréditation est de zéro et qu'il doit baratiner pour obtenir confiance.

- Comme avez du le comprendre lors du rapport téléphonique avec ma hiérarchie, reprend-t-il, je suis seul sur le coup, donc aller devoir me filer un coup de main pour explorer un truc pareil. Cependant vous et vos hommes devrez signer un accord de non-divulgation. Si votre fax veut bien marcher, ajoute-il en tapant sur le télécopieur. J'espère que je peux compter sur vous pour les faire signer.
- ça dépend. A quoi on à affaire ? A oui, "secret-défense", déclame-t-il en croisant les bras.
- A vrai dire je pense que je peux vous faire confiance, maintenant. Il s'agit d'un prototype de sous-marin nucléaire perdu depuis une dizaine d'années, ment Barrett. Le Pentagone veut éviter que les Soviétiques tombent dessus. Il y a des documents très compromettants sur notre technologie militaire, nos procédures de lancement, ce genre de chose.
- Je comprends, répond l'autre en décroisant les bras.
- Je dois rentrer à l'intérieur et récupérer ces documents. Je sais que pour travailler dans un trou perdu comme celui-là et acheminer du pétrole à tout le pays vous devez être un bon patriote non ?
- Absolument, se redresse le chef d'équipe.
- Très bien. Vous avez des combi Hazmat, du matos de décontamination pressurisé, ce genre de truc ?
- Évidemment, on est une compagnie pétrolière. On a toujours ça en réserve. Ackerman est chargé de vérifier l'inventaire, je vais voir ce qu'on a avec lui. Dites, ce sera vraiment utile ?
- Oui. Fuites nucléaires ce genre de truc. Ou juste pureté de l'oxygène dans un truc scellé depuis une dizaine d'années. Faudrait pas attraper froid.
- On a ce qu'il faut. Je vais choisir deux hommes de confiance pour l'exploration. Ne vous inquiétez pas : si je signe, ils signent. Mais entre nous une petite prime de Noël pour avoir passé le réveillon ici mettra tout le monde d'accord, sourit Murkowski.
- Je n'en doute pas, sourit l'agent. La Pipeline sera ravie de vous verser des heures supplémentaires. Des techniciens si acharnés dans leur travail qu'ils en viennent à travailler jour et nuit, enfin surtout la nuit ici, en plein hiver, quitte à louper les fêtes de fin d'années ? Je suis sûr que ça accélérera la carrière de mal de gens, ce genre d'attitude, lui répond Barrett en lui rendant son sourire complice.

Évidemment Barrett n'osait admettre la véritable raison de ses craintes, qui partageaient déjà ses supérieurs. Ces derniers avaient déjà commencé à émettre des hypothèses sur ce mystérieux dérélict et sur comment procéder pour l'explorer.
La partie la plus pragmatique et la plus paranoïaque du Cabinet, qui dirige le NID, penche pour un canular des Soviétiques : le KGB se serait emparé des plans de la classe Ohio, très récente mais déjà existante, pour permettre la création d'un copycat bon marché et l'enfouir à cet endroit précis, sachant que tôt ou tard l'oléoduc en construction depuis quelques années devait passer par-dessus. Des faux documents auraient été laissés à l'intérieur pour induire en erreur les Etats-Unis ou pour tester la fiabilité de leurs agences de renseignement, voir suivre la piste des enquêteurs lancés sur l'affaire et remonter jusqu'au Cabinet. Après tout, ce n'était pas la première fois que le renseignement soviétique tentait d'accéder aux archives jalousement gardées du NID, sans jamais y parvenir cependant. C'est pourquoi le rapport au NID effectué via le téléphone de la base avait été lu par Murkowski comme s'il s'adressait à sa famille pour leur expliquer son absence, texte écrit par Barrett à l'appui et utilisant un langage codé dont seul des agents du NID avaient le secret afin de duper toute mise sur écoute installée par le KGB dans toutes les cabines téléphoniques à cinquante kilomètres à la ronde. Pour se donner autant de mal, le contenu de ces éventuels documents ou de ce qu'il trouverait à l'intérieur devait être un plan bien huilé et il devrait procéder avec prudence sous peine d'être manipulé à son insu.

A contrario, si la partie la plus ésotérique et la moins sceptique du Cabinet avait vu juste, des hommes du futur étaient venus les prévenir d'une guerre nucléaire ou d'un fléau équivalent, comme en témoignait la présence d'un sous-marin nucléaire avancé, et les voyageurs temporels avaient échoué sur une mauvaise rive temporelle. Pire encore, ce fléau était imminent étant donné qu'il s'agissait d'un bâtiment moderne dont le nom venait tout juste d'être attribué à un sous-marin dont la construction était prévue pour l'année suivante. En prenant en compte le temps de construction moyen d'un classe Ohio et leur durée de service anticipée, on en avait conclue que cet événement allait se produire avant l'horizon 2022, et d'autre part que l'URSS était l'adversaire le plus probable. Mais encore fallait-il valider l'une ou l'autre hypothèse en inspectant le dérélict. C'est pourquoi il était impératif de respecter certaines procédures d'isolement face aux germes, aux radiations ou à tout autre agent chimique ou infectieux. Après tout, l'équipage d'une telle mission devait avoir reçu des ordres précis pour empêcher cette future guerre en prévenant certaines autorités secrètes dans le passé, et le NID était l'interlocuteur tout indiqué pour recevoir ce genre de visites incongrues. Mais aucune trace de ces voyageurs temporels dans les archives du NID accessibles à un niveau 3 comme Barrett, en trente ans d'existence de l'agence. Si les huiles du Cabinet ne cachent rien sur ce sujet bien sûr.

A vrai dire cette banale mission d'exploration qui impliquait dans les deux cas une guerre nucléaire imminente était plus dure à supporter pour Barrett que tout ce qu'il avait déjà effectué jusque-là, lui qui avait toute sa vie considérer le principe de destruction mutuelle assurée comme la preuve qu'un tel conflit était impossible, peu importe les tensions. Mais cette chose enfouie dans la glace matérialisait des craintes qu'il avait toujours éludées. Au vu de l'endroit où était situé le dérélict, le NID devait faire profil bas et limiter les ressources envoyées en plein Alaska, dans un lieu difficile d'accès situé à quelques centaines de kilomètres du détroit de Béring qui marquait la frontière avec l'URSS, afin d'éviter le moindre soupçon. Les Soviétiques surveillaient déjà la provenance des ressources pétrolifères accaparées par les USA en Arctique et devaient déjà surveillé de près les mouvements concernant l'oléoduc, près duquel se situait le sarcophage de glace où reposait le léviathan d'acier. S'il s'agissait bien du second cas alors les Soviétiques ne pouvaient, et ne devaient, pas être au courant, et si une technologie de voyage temporel était découverte, Saint-Graal de la science, elle changerait la donne dans la Guerre froide. Dans toutes les guerres d'ailleurs. Ce serait littéralement annuler son coup aux échecs si celui de l'adversaire ne vous plaît pas et anticiper ainsi à chaque fois. Pour s’accaparer une merveille de ce niveau, capable de changer la donne, l'URSS serait capable de lancer une invasion terrestre d'un moment à l'autre. Mais comme Ernest Frank, directeur du Cabinet, lui avait rappelé sept ans plus tôt lors d'une mission au Bélize pour empêcher un archéologue de s'emparer d'une relique extraterrestre, archéologue depuis lors interné régulièrement en psychiatrie, "le Pentagone ne file pas un milliard de dollars par année fiscale au NID par pure charité chrétienne ou goût déplacé du mystique" : en d'autres termes, tout ce qui peut être militarisé en système de guerre non-conventionnelle contre la menace rouge finira pas être utilisé et les fonds seront débloqués en fonction du gain potentiel. Qu'il s'agisse du KGB ou du NID quelqu'un finira un jour pas l'utiliser, et Barrett ne sait vraiment pas qui serait le pire. Il se surprend à s'imaginer détruire le dérélict en justifiant un dysfonctionnement du réacteur nucléaire embarqué ou une fuite de pétrole de l'oléoduc. Mais si en détruisant une telle preuve il était celui qui déclencherait la guerre nucléaire et rendrait vains les efforts de ces voyageurs temporels. Et si les disques durs, boîtes noires, documents papier et autres témoignages du futur permettaient aux États-Unis de gagner préventivement la guerre, voir toutes les guerres ? Et si l'avenir était prédéterminé et que ce voyage aussi l'était : devait-il échouer à empêcher la Troisième Guerre mondiale, ou pire ? Barrett en était conscient et autant de questions se bousculaient dans sa tête alors qu'il s'impatientait sur le fax dysfonctionnel.

- Je veux un système d'isolement complet à l'entrée de l'alcôve et au bout du tunnel, précise-t-il. Au-delà de ces portiques, c'est le Sarcophage. Personne ne rentre ni ne sort sans avoir été analysé et nettoyé. Personne ne ramène de "souvenir" chez lui.
- En gros on n'est pas près de rentrer chez nous ?
- Je suis sûr que les heures supplémentaires et la prime s'accompagneront d'une promotion, Clyde. Et vos hommes aussi si vous n'manquez pas d'leur dire. Et si vous voulez avoir une chance de vous bourrer la gueule le 31, veillez à installer l'infrastructure de décontamination au plus vite.
- ça prendra bien une bonne journée ou deux de plus je pense.
- Alors autant s'y mettre tout de suite. J'ai aussi hâte de visiter l'épave mais autant prendre nos précautions.
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par Ananta »

Il y a un truc que je ne comprends pas.

Cette partie avec Barret, est-ce une nouvelle ligne temporelle crée par le saut du Jumper avec le sous-marin? Si non, cela veut-il dire que le sous-marin et le Jumper de la ligne temporelle modifiée ont été congelés à nouveau dans la glace depuis 5000 ans?
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par arim »

c'est comme ça que je le comprend aussi : le sous-marin aurait été rapidement abandonné il y a 5000 ans dans le passé et aurait dérivé jusqu'à l'Alaska.
par contre je doute que le Jumper soit dedans : trop précieux pour avoir été abandonné à l'époque, d'autant plus avec 2 O'Neill pour le piloter
Ananta
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par Ananta »

Est-ce scientifiquement possible qu'un sous-marin parte à la dérive comme ça? C'est lourd à déplacer quand même!

Pour le Jumper, normalement il doit se trouver en Egypte. D'ailleurs ça me fait penser qu'O'Neill et les autres pourraient récupérer l'E2DPZ que Râ a chopé on ne sait où.

Hâte de lire la suite.
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par Revanchiste »

CITATION Est-ce scientifiquement possible qu'un sous-marin parte à la dérive comme ça? C'est lourd à déplacer quand même!
Evidemment il n'a pas juste été abandonné comme ça. :P Un sous-marin qui fait naufrage et se remplit d'eau c'est tellement lourd que ça reste bloqué au fond de la mer. Attendez que Barrett entre pour vous faire une idée. ^_^
J'arrête ici le dérapage
avant que Zap et Chupeto
ne se retrouvent dans les parages
et ne me collent des avertos. biggrin.gif

[I]24/09/2015[/I]
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par Revanchiste »

Spoiler
Pardonnez mon retard, j'ai du bosser comme un damné cet été et j'étais jamais satisfait de mes premiers jets. :D J'ai déjà écrit la fin et les événements qui suivent donc je sais où je vais mais je tenais à éviter les écueils de l'épisode original (victime de la concision inhérente à son format d'épisode) sans pour autant tomber dans l'ennui, tout en évitant de louper des éléments (j'ai déjà remarqué des oublis "mineurs" car j'avais pas assez anticipé). Par ailleurs je me suis rendu compte d'un certain nombre d'erreurs, oublis, incohérences pas forcément graves et parfaitement corrigeables, mais je peux pas demander aux lecteurs de passer leur temps à revenir 3 chapitres en arrière pour relire les passages corrigés, donc je pense plutôt que j'intégrerais les modifications (passages étendus notamment mais aussi correction orthographique) dans la version finale une fois que la fanfic dans son ensemble sera achevée, profitant au passage de vos retours pour voir là où sa pêche (passages obscurs, trop rapides, incohérences, éléments trop implicites etc) comme j'ai déjà pu corriger au fur-et-à-mesure grâce aux interventions de plusieurs lecteurs.
On arrive enfin au dur de la fanfic et j'espère que ce chapitre vous plaira. :gate:
Edit 1 : j'ai déjà un peu édité malgré ma promesse d'attendre la fin mais je sentais que la qualité baissait un peu
Chapitre 7 : Les Naufragés du Temps

USS Alabama, époque inconnue

Appuyé sur le docteur Jackson qui l'avait devancé, O'Neill achève péniblement de descendre de l'échelle. Le trio se retrouve à nouveau dans la salle des machines auxiliaire.

- Il s'est passé quoi ? On était en apesanteur à un moment. J'ai faillit m'évanouir, se plaint Altman en inspectant sa nuque endolorie.
- On a amerrit, répond Carter, première arrivée. Après avoir remonté le temps.

Le marine et ses deux subordonnés restent bouche bée.

- Amerrit ? Le vaisseau est pas censé juste changer d'époque ? Je comprends rien, fait remarquer l'un des deux autres marines, Merryweather.
- Si. La vague de l'explosion a du nous faire dévier durant la transition. On a émergé dans l'espace et on a du faire atterrir le sous-marin.
- C'est possible ça ?
- On fera un rapport complet une fois le sous-marin sécurisé, docteur, coupe le colonel. Tous les Jaffas ont-ils été éliminés ou neutralisés ?
- Aucune idée mon colonel, répond Altman. On a deux morts confirmées et un prisonnier. L'équipe d'ingé faisait état d'au moins un assaillant lorsque Sumner est arrivé sur place.
- Ok. Vous deux, allez attacher le prisonnier dans la salle des silos : je veux qu'il soit constamment surveillé, ordonne le colonel aux deux autres marines. Altman avec moi, on va vérifier si la salle du réacteur est sécurisée.

Teal'c se laisse guidé, menotté, par les deux gardes, et frôle le docteur Jackson avec lequel il échange un curieux regard.

- Vous êtes sûr que c'est une bonne idée dans votre état ? s'inquiète Altman.
- Je vous ai donnez un ordre, major. Carter, Jackson, allez voir si Strickland a besoin de vous, sinon allez vous reposez dans le quartier des équipages.

Altman s'exécute et ouvre l'écoutille de la salle du réacteur. O'Neill lui emboîte le pas, le Beretta à la main. Carnage est le seul mot qui lui permet de décrire la scène qu'il contemple. Au sol, les corps épars de plusieurs SEALs, matelots et de deux agents des forces spéciales jaffas, ou ce qui leur sert d'équivalent. Sur l'un d'eux, les traces d'arms à énergie tirées depuis une lance Ma'tok, de la main même de Sumner qui la tient encore agrippée dans un réflexe post-mortem, le corps adossé à une cloison sous un escalier. Des dizaines de douilles, du sang, des impacts de balle. Une scène de combat malmenée ensuite par les secousses de l'atterrissage. Altman se baisse pour inspecter les corps étendus au sol.

- Ce jaffa est mort, confirme Altman. Sumner l'a flingué avec sa propre lance. S'il avait manqué son tir le sous-marin se serait dépressurisé.
- ça a du être une lutte féroce, commente O'Neill. Ils ont surtout opté pour du corps-à-corps.
- Et ils se sont battus comme des lions, ajoute Altman en inspectant le coutelas encore dans la main d'un des soldats.

Derrière le réacteur, O'Neill aperçoit le docteur McKay, adossé au terminal de contrôle du réacteur principal.

- Vous allez bien doc ?
- Excusez-moi. Je souffle une seconde. Je viens à peine d'empêcher une surchauffe du réacteur. J'ai pu évacuer la chaleur grâce à l'eau de mer. On a évité un énième cataclysme.
- Tout va bien docteur, vous nous avez sauvé la mise. On aurait pas eu assez de jus avec celui de l'Exonef. Restez éveillé quand même on n'est pas tirés d'affaire.
- Jack...

L'intéressé sursaute. Un des cadavres semble reprendre vie.

- Kawalsky ! Bouge pas. T'es blessé ?
- C'était le bordel, Jack. Moi et Casey on était dans la salle quand ils sont arrivés. D'abord les Jaffas. Puis Sumner. Puis le corps-à-corps. Puis l'apesanteur. Puis... j'ai eu l'impression de tomber et d'être plaqué au plafond. En atterrissant j'ai du me casser un truc ou deux.

Il essaie, en vain, de se redresser.

- Reste-là, je vais voir si je peux trouver de l'aide. Mais bouge surtout pas. Altman, les deux jaffas sont bien morts ?
- Affirmatif, confirme le marine en inspectant le second jaffa.
- Alors vous restez ici avec Kawalsky et McKay en attendant qu'un médic puisse les inspecter. Charles, tu bouges pas et t'attends sagement qu'on vienne s'occuper de toi.

Jack quitte la salle du réacteur et se dirige vers le CIC, passant à nouveau par la salle des machines auxiliaire avant de s'engager dans l'interminable corridor de la salle des silos qui occupe à elle seule un bon tiers de la longueur du mastodonte. Sur son passage, des dizaines et des dizaines d'hommes du navire en uniforme de matelots et plusieurs soldats s'activent à évacuer des blessés, à inspecter des cadavres. C'est le chaos. Soudain un son étrange se fait entendre et le sous-marin commence à tanguer de droite à gauche, tandis que les lumières changent.
"Ici le capitaine, annonce les hauts-parleurs. Nous sommes arrivés à destination. Nous procéderons à la procédure de plongée, accrochez-vous à nouveau."

O'Neill enjambe des blessés, se colle au peu d'espace libre pour laisser passer, informe les hommes du commando Blacklight qu'il croise de la situation, se retient à ce qu'il peut alors que le sous-marin poursuit sa plongée au prix d'un sol à l'horizontalité incertaine. Parcourir quelques mètres prend plusieurs minutes.
- Doc, j'ai deux blessés en salle du réacteur, informe le colonel en s'adressant vers l'officier médical appliqué à prodiguer des soins à un homme adossé à l'un des silos.
- Et j'en ai une centaine dans tout le navire et j'ai une infirmerie grande comme un cagibi pour tout le monde.
O'Neill ne dit rien. L'infirmier souffle un instant.
- Graves comment les blessés ? demande-t-il sans lever les yeux.
- Secoués par les accélérations. L'un d'eux est retombé sur le dos. L'autre n'avait pas de trace de blessure apparente, mais il était mal en point.
- Alors ils attendront, coupe le médic. Maintenant laissez-moi j'ai du travail. Michaels la bouteille d'oxygène elle arrive ?

Le colonel comprend et reprend sa traversée laborieuse du sous-marin. Bientôt il voit les deux marines de l'équipe d'Altman aux prises avec plusieurs matelots et un SEAL, tentant de repousser l'attroupement.

- Reculez putain ! ordonne l'un d'eux, la main sur son arme.
- Il se passe quoi, ici ! hurle Jack.
- Il se passe que ces fils de pute viennent de nous massacrer ! hurle l'un des hommes d'équipage en désignant Teal'c, menotté à l'une des cloisons entre deux silos.
- C'est le seul des ennemis encore en vie. Sa survie est primordiale si on veut des renseignements. Interdiction formelle de l'approcher, ordonne Jack avant de reprendre sa route.
- J'ai pas envie de crever pour défendre ce connard, admet Merryweather.
- Moi aussi j'ai envie de le descendre, confirme le troisième marine de l'équipe d'Altman, Burns. Il a buté Sumner.
- Je sais, mais on a des ordres et on s'y tient, rappelle Altman avant de se tourner vers l'un des matelots. Maintenant reculez !

Le colonel parvient enfin au CIC, étouffant une ultime douleur du bras au moment de céder le passage à deux hommes évacuant un cadavre, l'un des officiers de la passerelle, tué par Shak'el.

- Au rapport, demande le capitaine en effectuant un salut que lui rend son homologue de l'Air Force de son seul bras valide.
- Nous avons éliminé le commando ennemi, capitaine. Quatre sont morts et nous avons réussi à capturer leur commandant. Monsieur c'est Teal'c en personne, le Primat d'Apophis.
- Y'a qui d'autre dans ce sous-marin ? Ben Laden ? Bordel mais comment ils nous ont trouvé les salauds ! s'emporte le capitaine en tapant du poing sur le terminal tactique. C'était une mission secrète, la localisation était confidentielle. Votre vaisseau magique était pas censé nous rendre furtif à tous les radars, docteur ? demande-t-il en direction de Carter.
- Je l'ignore, répond le docteur. Ils sont arrivés après le lancement des missiles qui eux ne sont pas camouflés. Mais le NID m'avait dit que le plan était sans faille : les Goa'ulds n'ont eu aucun moyen de remonter la trace des missiles, et de toute façon ils devaient être détruits avant qu'ils n'aient le temps d'analyser la moindre donnée.
- Mais pourquoi ce sous-marin en particulier ? Il y a plus d'une trentaine de sous-marins balistique à travers le monde qui ont participé à l'opération Mjolnir.
- Peut-être qu'ils ont tous été abordés de la même manière ? propose Jackson.
- Alors pourquoi leur Primat en personne a-t-il abordé le seul sous-marin camouflé ? Ils ont bien du voir qu'on était furtif non ? Vous êtes sûrs que sur Chulak ils ont pas eu le temps de laisser... je sais pas, un système de traçage discret sur la carlingue de l'Exonef ? Ou de vous implanter une puce ou un truc comme ça ?

Jackson reste de marbre.

- C'est... possible, s'étonne Carter. Nous n'avons rien trouvé de tel mais c'est possible que nous n'ayons rien vu et que l'Exonef soit tracée via une sorte de signal subspatial. En dehors de l'Exonef elle-même nous n'avons aucun radar capable de détecter les ondes subspatiales. Donc c'est bien possible qu'il y aie une sorte de dispositif discret capable d'émettre sur des fréquences précises que l'Exonef n'a pas su isoler.
- Je suis d'accord avec le docteur Carter, intervient Jackson. Quand l'équipe de Kawalsky nous a exfiltré de la prison sur Chulak, il n'a pu laisser qu'un seul garde à l'Exonef. Des Jaffas camouflés ont très bien pu y placer un mouchard. Il nous faudrait fouiller l'Exonef à la recherche d'un tel dispositif.
- Le docteur Jackson a raison, répond Carter. Quelque chose nous a peut-être échappé.
- Si vous savez pas alors trouvez ! s'emporte le capitaine. Si on est bien sur Terre à l'époque où régnaient les Goa'ulds, alors ils pourraient détecter un tel signal et venir finir le travail.
- Et je fais comment, capitaine ? s'étonne l'ingénieure. Je met un scaphandre et je sors pour vérifier ?
- Vous faîtes comme vous voulez mais je veux savoir comment ils nous ont trouvé. Maintenant excusez-moi mais j'ai d'autres problèmes. Si vous n'êtes pas blessé, docteur Jackson, je pense que le médic va avoir besoin de vous. On a un docteur pour tout l'équipage et les blessés se comptent par dizaines.
- Je suis docteur en archéologie, pas...
- J'ai besoin de chaque personne valide.
- Je n'ai aucune compétence médicale.
- Et bin vous apprendrez.
- J'ai des compétences médicales, ajoute Carter.
- Si l'Exonef déconne il n'y aura plus personne à soigner. Le rapport passe en premier. Colonel votre bras ça peut attendre ?
- Sauf votre respect, commence Jackson, sans le colonel on ne peut ni faire voler la nef, ni se camoufler et encore moins revenir à notre époque. Vous devriez le soigner en priorité.
- Merci doc mais ça va aller, répond le colonel. Allez aider le médic.
- Très bien colonel, allez vous reposez en attendant que Freeman et Michaels puisse vous prendre en charge, confirme Strickland. On aura besoin de vous. Docteur Carter, il me faudra un briefing sur nos capacités opérationnelles, si la nef a détecté quoi que ce soit lors de l'atterrissage, si vous avez trouver la moindre preuve d'un mouchard à l'intérieur du vaisseau. Voyez si le docteur McKay est en état de vous aider. Le temps de s'occuper d'un maximum de blessés et d'avoir un rapport complet sur la situation on se retrouve à 23h, dit-il en lisant sa montre. Rompez.

Au fond, Tanith n'est pas mécontent d'avoir dévier la piste de la puce sous-cutanée, ou équivalent. Mais il sait maintenant qu'il doit laisser quelque chose pour valider la thèse du dispositif laissé sur le Chappa'ai'tak et s'en sortir. Il dispose encore de son communicateur longue portée pour envoyer les ordres à Nerthys. Mais Nerthys est mort. Il n'en a plus besoin. Il lui suffirait de le laisser quelque part dans la nef et de faire semblant de la trouver pour dénicher le coupable de tous leurs malheurs, se délivrer de tous soupçons et se prouver utile à l'équipage. Il est plus proche que jamais de la mission pour laquelle il est né : détruire et élever des empires. Mais cette fois il ne sera pas le vassal d'un maître plus grand. Ses chaînes ont été brisées quand Apophis est mort et quand il a remonté le temps. Il est désormais un électron libre. Mais il y a encore un obstacle : le Primat. Il faut trouver un moyen de l'empêcher de parler ou de les forcer à le tuer. Et une fois le Primat éliminé... son nouvel Empire.

Ha'tak de Râ, Vallée des Rois, 22h heure locale

Image

Depuis le temps qu'il avait élu domicile dans la véritable cité mobile de l'Empereur, Thoth finissait toujours par se perdre dans l'immensité des corridors. Bien sûr ce palace était un navire de croisière, pas un vaisseau de guerre. Mais il était toujours outragé par cette insulte à la fonctionnalité que représentaient ces baies vitrées dans la salle du trône où cet espace gâché pour avoir des plafonds plus haut, quitte à sacrifier plusieurs étages où la charge utile aurait été mieux répartie. En même temps, lui, c'était un ingénieur spécialisé dans la rétro-ingénierie de technologies lantiennes. Comprendre leur technologie, créer des interfaces numériques, répliquer, construire. Il ne vivait que pour ça. Chaque défaut était d'autant plus évident pour lui. Pour un marteau tout ressemble à un clou. Pour un ingénieur, tout ressemble à une fragilité structurelle. Mais encore une fois, son statut lui permettait de se donner à coeur joie à ses activités, et son maître l'avait remercié pour son assistance cruciale durant la guerre contre Sokar en finançant outre mesure ses excentricités. En suivant Râ au lieu de Sokar, Thoth n'avait pas suivi le seigneur goa'uld le plus stable politiquement, mais le meilleur mécène. Et Râ avait su s'attacher ses talents d'expert en technologie ankueta, vitaux pour conserver un avantage technologique face à un ennemi qui avait le nombre avec lui. Mais maintenant que le régime impérial traversait une nouvelle crise et que l'ennemi extragalactique des Goa'ulds venait frapper à leurs portes, il supportait de plus en plus mal les lubbies de son nouveau maître.
Enfin, la grande portée. Les Gardes Faucons lui ouvrent la voie, et l'immense porte inutilement ouvragée coulisse pour laisser entrer le Vizir. La grande salle du trône traversée, il s'incline en signe de respect face à son seigneur lige.

- Une simple météorite, vous dîtes ? s'enquiert l'Empereur en se tournant vers son Vizir des sciences.
- Oui, mon seigneur, admet humblement le Goa'uld, le regard cloué au sol.
- Et vous ne l'avez pas détecté s'approcher d'aussi près ? se demande l'Empereur, lévitant en compagnie de ses hétaïres depuis la bulle d'antigravité où il se tient.
- Je pense qu'il s'agit de météorites issues de la Ceinture d'Astéroïdes dont la trajectoire a été perturbée par un mouvement des lunes joviennes. Un phénomène gravitationnelle improbable.
- Vous êtes sûr que ce n'était pas une attaque des Ree'tu ? Ils utilisent régulièrement cette stratégie.
- Assurément, mon seigneur. Leurs capacités hyperspatiales sont limitées et la ligne de front est à plus de 10,000 années-lumière. Mes Tel'tak n'ont détecté que des traces de glace ordinaire dans l'atmosphère et aucune trace de météore solide. De toute façon s'ils avaient envoyé des météores depuis la lisière du système solaire, les satellites interdicteurs les auraient détecté depuis longtemps.
- Et quand est-il de cette perturbation spatio-temporelle qui a précédé la chute ? Ça m'avait tout l'air d'une fenêtre d'hyperespace, propose calmement le dieu vivant aux traits androgynes, sans âge et presque angéliques, sa longue chevelure noire de jais flottant dans les airs par les effets du générateur de gravité comme s'il eu été immergé dans un liquide totalement translucide, frôlant ça et là les courtisanes dévêtues prises dans le champ d'antigravitons.
- Une fenêtre qu'aucun détecteur subspatial longue portée n'a repéré, rassure le scientifique.
- Ce pourrait-il qu'un de mes vassaux aie développé une technologie hyperspatiale furtive ?

La question qu'il redoute. En guise d'assurance, Thoth ne peut qu'afficher un grand sourire, aux dents blanches et pointues.

- Restons sérieux, mon seigneur. Vous seul disposez, en toute humilité, des meilleurs esprits. Et si c'était une attaque elle était ratée. En tout cas si elle visait bien cette pyramide.
- Par hasard, ne s'agirait-il pas de la même perturbation gravitationnelle que tu as détecté il y a cinq rotations solaires, juste avant l'arrivée de ce mystérieux Chappa'ai'tak ?
- C'est bien possible mon seigneur, peine à cacher le vizir. Il pourrait s'agir du même phénomène lié aux individus qui sont arrivés ici et qui ont tenté de mener une rébellion contre votre auguste déité dans la cité d'Abydos. Si c'est la signature d'une fenêtre d'hyperespace unique à leurs vaisseaux, peut-être s'agit-il d'une mission de secours. Cependant, j'ai déjà émis des réserves quant à cette théorie, étant donné que le Chappa'ai'tak que nous avons récupéré ne possède aucun système d'hyperpropulsion.
- Aies-tu parvenu au moindre progrès depuis que tu travailles sur ce vaisseau, par ailleurs ?
- En partie, admet enfin Thoth. Sa technologie est proche de celle de l'épave découverte sur Dakara quand vous l'avez conquise, elle est donc apparentée aux Ankuetas. Je doute cependant fortement que les individus qui ont mené la rébellion fassent partie de la défunte Alliance des Quatre, mon seigneur, comme le rapport physionomique effectuée sur le prisonnier par Marduk l'a précisé. Cependant, comme mes propres rapports en ont déjà fait état, j'ai pu perfectionner la compatibilité de l'interface digitale du Soleil Noir avec les six gemmes, d'origine ankueta également. Ces cinq dernières années nous ont fait gagné peut-être un siècle de travail sur le projet Soleil Noir, et votre avance technologique sur les autres Grands Maîtres, et je pense qu'il pourra être activé sous peu.
- Très bien, Thoth, je suis content de toi. Aies-tu parvenu à le faire voler, ce Chappa'ai'tak ?
- Je croyais qu'il était doté d'une sorte de verrou digital ou qu'il utilisait du Naquadah dans le sang, mais moi et Marduk ne sommes pas parvenus à faire activer le vaisseau au prisonnier, qui dispose pourtant de traces de Naquadah. Le prisonnier n'a cependant pas été en mesure de faire démarrer la nef.
- Etonnant. Un ancien hôte ?
- Oui. Mais le nom du goa'uld en question que j'ai réussi a arracher au prisonnier est inconnu dans les registres royaux. Je suis même remonté jusqu'à l'époque prédynastique. Marduk et moi n'avons par ailleurs pu établir aucun lien entre ces rebelles lo'taurs et les envahisseurs ree'tus. Ma première théorie était qu'il s'agissait d'un commando de mercenaires humains recrutés par l'Impératrice Ree'tu pour vous assassiner, comme leur technologie furtive et leur attaque au milieu du conflit le laissait penser. Mais nous n'avons trouvé aucun indice allant dans ce sens.
- Très bien, réfléchit Râ. Ta mission ici est terminée. J'aurais besoin de toi pour finaliser la préparation du Soleil Noir. Cesse immédiatement ce projet-là et fait déplacer le Chappa'ai'tak jusqu'à Babylone. Ordonne à Matayus de préparer une embuscade au cas où ces rebelles reviendraient, et d'en capturer plus, cette fois.
- Bien mon seigneur, s'incline le scientifique avant de quitter la spacieuse salle du trône, laissant le pharaon vaquer à ses menus plaisirs en gravité zéro.


Salle des silos de l'USS Alabama.

Ses Jaffas étaient morts. De toute évidence il était le dernier. Mais Apophis allait sans doute envoyer des renforts pour l'exfiltrer lui et le seigneur Tanith. Il devait tenir le plus longtemps possible. Non, avoir été capturé serait un déshonneur surtout pour un primat. Il devait se défaire de ses liens et mener à bout sa mission. Mais quand ? Il lui fallait juste être patient. Les humains ont besoin de dormir, et le grand nombre de blessés qu'il entend lui démontre que l'équipage qui l'entoure est affaibli, tant sur le nombre que sur ses capacités opérationnelles. Il lui suffit d'entrer en kel'no'reem une demi-douzaine d'heure puis de se jeter sur ses geôliers et les massacrer jusqu'au dernier. Mais il doit prendre son temps. Le chasseur patient attrape sa proie, lui avait enseigné maître Bra'tac durant leurs interminables parties de chasses dans les forêts enneigées de Chulak, où traquer un animal pendant une semaine n'est pas rare. C'est dans ces blizzards glacés, à l'ombre de ces conifères sombres et sur les flancs de ces chaînes de montagnes qui bordent le continent de Chu'ral qu'il était passé du stade d'orphelin en exil pleurant un père parti trop tôt à celui de plus grand des guerriers d'Apophis, sous la houlette intransigeante d'un maître spirituel et martial qui s'était substitué à une figure paternelle. Il avait dormi dans des cavernes, escalader des parois montagneuses sans le moindre équipement, manger les larves d'insectes qui pouvaient tuer un humain ordinaire par leurs toxines, juste pour en extraire quelques précieuses protéines. Au cours d'une bataille contre Cronos, son chasseur ayant été détruit, il avait dérivé seul dans l'espace pendant des jours avant que son signal de détresse ne soit détecté. Tout son être avait été forgé dans le froid et la douleur. Il s'enfonçait encore plus profondément dans sa méditation.

- Il fait quoi ce con ? se plaint Merryweather.
- J'hallucine où il médite ? Il vient à peine de flinguer la moitié de l'équipage et il médite ? ajoute Burns.
- Eh connard, on dort ? demande Merryweather en le gratifiant de tapes sur le crâne. Ça va pas se passer comme ça hein. Tout l'équipage a envie de te faire la peau. On va se relayer pour te garder éveillé et cracher dans ton repas mon pote, jusqu'à ce que tu craques. Et là on aura le droit de te distribuer des mandales à tour de rôle par légitime défonce. Heureusement que les connards comme toi sont aussi solides, sinon ça aurait pas été drôle.
- Tu comprend c'qu'ont t'dis ou faut parler en alien ? lance Burns.
- Elle est belle ta tresse, c'est ta fille qui l'a faite ? plaisante Merryweather en inspectant la tresse de cheveux unique pointant sur son crâne.
- Et n'oublie pas la barbichette, ajoute Burns en tapotant le menton du jaffa. C'est du beau travail de barbier ça !

Il reste calme, il ignore ces lo'tars qui lui mettent des gifles et s'approchent de son oreille pour l'insulter. Il sait qu'il doit maintenir l'illusion de l'ennemi vaincu, comme cette proie qui feint d'être morte pour échapper à son prédateur parti chercher ses congénères pour le festin. Être humilié par une créature aussi primitive est agaçant, mais la patience est le pilier de son éducation rigoureuse. Il rit intérieurement en s'imaginant que ces hommes-là sont l'élite de leur espèce, ce qu'ils ont produit de plus proches de ses Jaffas. Ses Jaffas qui ont su pénétrer si aisément dans leur forteresse sous-marine et les massacrer par dizaines. Décidément, conquérir la Tau'ri sera la meilleure campagne de sa carrière. Et si Apophis venait à détrôner Râ comme il le planifiait en secret, il serait à ses côtés, il serait le Primat de l'Empereur en personne. A l'heure qu'il est, le Dem'et avait atteint le sarcophage de l'impératrice perdue Hathor quelque part au milieu du continent d'Amérique. Grâce à l'ancienne parèdre de Râ, à l'ire forgée par cinq millénaires de stase et d'exil forcé, Apophis aurait bientôt accès à tous les secrets de l'Empereur et il pourrait s'allier à elle pour le détrôner. Et ce serait lui, Teal'c, qui mènerait cette campagne. Il serait le plus grand guerrier que la galaxie ai jamais connu. Livrer à son maître le Chappa'ai'tak et les prisonniers d'importance constituera un prestige de premier plan. Le fait que ses Jaffas, parmi leurs meilleurs de l'Empire, aient perdu la vie prouvera non seulement la dangerosité de l'ennemi vaincu, ajoutant au prestige de vaincre la difficulté de la tâche accomplie, mais fera surtout de lui le seul bénéficiaire dudit prestige. Avec un équipage fatigué et décimé, son heure de gloire était à portée de main, de même que sa vengeance pour Shan'auc. Il lui suffisait de patienter. Au moindre faux pas, au moindre excès face à ses geôliers, et ce prestige lui échappait.

A mesure qu'il entre en kel'no'reem, les images de Shan'auc reviennent. Il se souvient de leurs discussions nocturnes quand il était de garde devant le temple des vestales. Il se souvient du secret qu'elle lui avait confié. Il se souvient qu'elle affirmait pouvoir communiquer avec son symbiote et lui avoir appris, sans succès. Rencontrer Tanith avait été une douche froide. Non seulement il avait perdu celle qu'il aimait, mais surtout l'"enfant" dont elle avait accouché n'avait rien de cet être charmant dont elle prétendait pouvoir entendre la voix en kel'no'reem. Il n'avait rien de Shan'auc. C'était un Goa'uld, calculateur et froid comme les autres, ne voyant dans les Jaffas que des servants idiots et sacrifiables au service d'une stratégie de promotion personnelle. Cette double révélation avait brisé quelque chose en lui. Il était perdu. Après tout, à quoi bon être le plus grand guerrier de la galaxie quand vous ne pouvez pas vaincre la mort ? Il sait qu'il regrette. Ce regret le hante. Il le sait. Il sait qu'il aurait du se laisser consumer par son hérésie jusqu'au bout et porter son corps jusqu'au sarcophage d'Apophis, la ressusciter et s'enfuir enfin par les anneaux jusqu'à la barge royale, le véhicule honoraire du Pharaon doté des meilleurs systèmes de camouflage et d'hyperespace, idéale pour fuir. Il aurait encore pu la sauver et aller vivre avec elle aux confins de l'Empire, sur un monde isolé et marginal, après lui avoir trouvé un autre symbiote. Il était en train d'y songer quand l'impensable s'était produit, quand la souillure Tau'ri avait atteint Chulak et emporter ses rêves. Mais est-ce vraiment trop tard ? Non, je m'accroche encore à des chimères, je n'accepte pas le deuil, se dit-il. Mais tout est-il vraiment comme avant ? Les discussions entre Nerthys et Apophis à propos de ce Chappa'ait'ak, les affirmations délirantes de ce "Jak'Oneel" et des siens, ce qu'il sait de sa vie. Et si voyager dans le temps était possible après tout ? Et si Shan'auc était encore là, quelque part ? Tanith avait insisté sur le fait de capturer ce "Jak'Oneel" à cause de ses capacités uniques d'activer le vaisseau temporel. Il est plus perdu que jamais. Doit-il s'accrocher à ce nouvel espoir de revoir Shan'auc ou accomplir jusqu'au bout sa mission et devenir, enfin, le plus grand guerrier de tous les Jaffas, comme il a été entraîné pendant un siècle par Bra'tac ? Il ne peut plus faire comme si de rien n'était et comme si rien n'avait changé depuis la mort de Shan'auc, depuis que son symbiote s'était avéré être encore plus égoïste et haïssable que Nerthys et depuis qu'Apophis avait avoué méconnaître la techno-sorcellerie derrière ce vaisseau temporel. A nouveau, un doute théologique avait germé en lui, et il se demandait si une fois encore il devait arracher cette pousse ou risquer de la voir donner une mauvaise herbe. Il lui faut prendre une décision. Il sait qu'il doit agir mais ne sait pas encore comment orienter son plan. Cependant, et ses années de chasse lui ont appris, on ne saisit une occasion que sur le moment. Une fois la bête partie, l'angle de tir est raté et il faut en trouver un nouveau, ce qui prend du temps et comporte des risques. C'est à ce moment-là qu'il entend quelque chose au fond de lui, une émanation, un courant de pensée, lueur encore faible dans la nuit, mais étranger au sien, qui répond à son doute. Comme s'il avait capté, un bref instant, les pensées de quelqu'un d'autre, une expérience extrasensorielle qu'il n'a jamais éprouvé. Au même moment, il sent remuer son résident dans sa poche ventral.


23h03, CIC de l'USS Alabama

- Equipage au départ de Norfolk : 224 en comptant l'unité Blacklight, l'équipage du Cigare et l'équipe du réacteur, commence à lire l'officier exécutif, Hunter Washington. Equipage à l'arrivée : 147. 67 morts dont 25 durs à cuir des forces spéciales. Et ils étaient 5, conclue-t-il en levant les yeux de la feuille qu'il pose sur le terminal tactique autour duquel les protagonistes se tiennent. Des enseignes mortes l'arme à la main pour tenter d'arrêter ces types, des équipes entières décimées.
- Et on croyait qu'on allait juste les aborder sans problème. A 60 contre 2,000, sourit Strickland.
- Même si on y était parvenu, Blacklight aurait été un désastre, admet O'Neill. Zeus était surexcité à l'idée de prendre ce vaisseau qu'il n'a pas eu le temps de considérer nos options tactiques sérieusement. Les Jaffas sont des durs à cuir. On n'en a même pas tué un seul sur Chulak, exception faite du gunship que j'ai abattu. Et c'était avec des armes aliens...
- Ce n'est pas tout. Les constellations le confirment, admet Strickland en posant sa casquette de base-ball sur le terminal tactique du CIC qui jouxtait le périscope. On est bien le 17 mars 2995 avant Jésus-Christ.
- Nos ordinateurs ne sont pas programmés pour afficher de telles dates cependant, rappelle Washington. Donc on restera sur 2006 pour coordonner les opérations à partir de maintenant.
- On devait pas remonter 5,000 ans dans le passé ? se demande Carter.
- Il n'y a pas d'an zéro en Histoire, répond nonchalamment Jackson.
- Bin si rétorque Carter en croisant les bras.
- Oui en astronomie. Mais pas en Histoire. Ça décale d'une année, se défend l'archéologue.
- Nous avons pu déterminer notre position exacte. Nous croisons actuellement au large de l'archipel des Seychelles en direction de la Mer Rouge.
- Parfait, sortons les parasoles et allons bronzer, sourit le colonel.
- Jumper disait qu'on avait pas besoin d'un troupier. Mais finalement quand la fin du monde est là et que vous devez survivre avec quelques dizaines de personnes, avoir un comique dans l'équipe ça peut mettre de l'ambiance, admet Strickland.
- A votre service, sourit le colonel.
- On a essayé toutes les fréquences, poursuit Washington. POTUS et NORAD sont muets. Et ce SG-1 aussi s'ils jamais ils émettent.
- Carter, à vous, indique le capitaine.
- McKay, Jackson et moi avons trouvé ceci, dit-elle en tendant une sorte de petite sphère opaque enveloppée d'aluminium. A vrai dire c'est Daniel qui la trouvé. Elle émet un très faible signal. Je l'ai entouré d'aluminium que j'ai trouvé dans les cuisines du mess mais vous pouvez la détruire. En revanche j'ai une plus mauvaise nouvelle : le projecteur du bouclier a été grillé durant la descente.
- Pardon ?
- On n'a plus de bouclier énergétique ni de camouflage optique, monsieur, admet Carter.
- Vous voulez dire qu'on est exposés ? demande O'Neill. Pourtant je l'avais activé avant de sortir.
- Heureusement qu'on a plongé entre temps, rappelle Jackson.
- Comme je l'avais prévu quand j'ai aidé à préparer l'Opération Thunderbolt, les détecteurs goa'ulds ne peuvent pas détecter les sous-marins immergés, même sans le camouflage. A vrai dire j'ai du déconnecter le réacteur de l'Exonef pour ne pas laisser d'émissions radiologiques. Donc de ce côté-là on est encore furtifs.
- Mon Dieu, la machine temporelle est endommagée ? demande le capitaine.
- Et bien... pas à proprement parlé. Le contrôleur temporel fonctionne mais il a besoin d'utiliser le bouclier pour faire des sauts... au risque d'être pulvérisé par la faille spatio-temporelle.
- Et on peut pas sauter sans ?
- Ce serait comme faire de la plongée sous-marine à plusieurs kilomètres de profondeur sans scaphandre.
- Et vous pouvez le réparer vous et McKay ?
- Je crains que nous, Monsieur. Nous avons à peine réussi à bricoler une interface pour coupler son réacteur avec le nôtre et installer un système de refroidissement externe. En admettant qu'il soit possible de construire un nouvel émetteur de bouclier, je ne dispose pas des outils ni des matières premières. Personne parmi les équipes d'ingénieurs et de physiciens que je dirigeais avec McKay n'a même réussi à comprendre comment un tel phénomène était possible. Alors de là à McGuyver une pièce rechange avec une fourchette et un peu d'alu...
- Mais si nous sommes arrivés après ce SG-1, leur propre Exonef doit être quelque part en Egypte non ? Et elle doit fonctionner ? propose Jackson.
- Ils ont raison, admet le X.O.. Sans camouflage nous sommes des cibles faciles si les Goa'ulds nous repèrent, ce qui pourrait arriver d'un moment à l'autre. Et sans capacité de voyage temporel on est condamnés, conclue Washington.
- Nous devons absolument retrouver l'Exonef, répond le capitaine. Vous pouvez la détecter ?
- Pas besoin, sourit le docteur Carter. La vidéo de SG-1 donnait des coordonnées précises. D'après eux, même Râ ne pourrait pas faire voler l'Exonef à cause du gène d'activation. J'en déduis qu'ils doivent avoir tenté vainement de l'étudier et qu'elle doit toujours se situer au même endroit puisque la mission archéologique secrète montée par le Pentagone l'a bien trouvé aux coordonnées de la vidéo. En toute logique elle n'a pas bougé.
- Avec votre permission, je pense que nous pouvons monter une expédition avec notre vaisseau encore en état de voler pour retrouver cette Exonef et exfiltrer SG-1. J'aurais besoin du docteur Jackson pour communiquer avec les locaux et remonter leur piste, affirme O'Neill.
- C'est sûr qu'on a épuisé nos Goa'uldbuster pendant l'opération, réfléchit Strickland. Si un Ha'tak nous vise depuis l'orbite on pourra pas lui faire grand chose. Si on pouvait mettre la main sur ces drones et sur le champ furtif de l'Exonef ça nous éviterait déjà de couler, surtout qu'après notre arrivée fracassante ils vont surveiller la trajectoire du météore. Récupérer l'Exonef doit être notre premier objectif et exfiltrer SG-1 notre second. Vous avez le feu vert pour préparer la mission, colonel.
- Il reste le problème de Teal'c, soulève Jackson. Vu l'état de nos défenses et le danger qu'il représente, le garder à bord est-il une bonne idée ?

O'Neill et Carter lèvent un sourcil, inhabitués à ce que Jackson présente des solutions si radicales.

- Il n'a pas tort, admet Washington. On n'a déjà pas assez de médocs pour nos hommes. Et Apophis est mort. On a remonté cinq mille ans dans le passé. Je doute que ses renseignements soient toujours, ou plutôt déjà, d'actualité.
- C'est un prisonnier, rappelle la physicienne. Il a des droits.
- A bon et on a un membre du JAG à bord pour lui lire ses droits peut-être ? sourit O'Neill.
- Circonstances extrêmes, solutions extrêmes, admet Strickland.
- Ces circonstances sont finies, capitaine, rétorque Carter.
- Vraiment ? demande Strickland. Vu ce que j'ai vu tout à l'heure, un seul de ces types peut égorger la moitié de l'équipage avec un stylo. On ne peut pas se permettre de dépenser des ressources pour le surveiller en permanence.
- Il a des droits, répète la physicienne. On parle d'une exécution.
- C'est peut-être un ami à moi dans je ne sais quelle réalité parallèle mais ce type a essayé de nous buter, Carter, rappelle O'Neill. De plus il ne me semble pas que Chulak soit inscrite aux Nations-Unies. Légalement il n'existe pas.
- Vous ne suggérez tout de même pas que...
- Je ne suggère rien du tout, Carter. Mais ce type est un danger. On va devoir le garder sous surveillance en permanence, ce dont on va avoir du mal à se permettre après nos pertes, et il nous brisera le cou à la première occasion.
- De toute façon l'équipage entier veut sa peau, et je crains que ses propres geôliers ne décident de s'en débarrasser sans ordre direct, précise Washington. Le moral de l'équipage est au plus bas, poursuit-il à voix plus basse.
- Et vous voulez galvaniser vos hommes en exécutant des prisonniers de guerre.
- Je ne décide rien, rappelle Washington, c'est le capitaine.

Strickland croise les bras et réfléchit un instant. Jamais ce dilemme ne s'est posé dans sa carrière. D'ailleurs il n'avait jamais ne serait-ce qu'envisager participer aux événements des dernières heures. Les rares fois où il avais mis les pieds dans un cinéma pour accompagner ses neveux voir un navet de luxe, il ne pouvait que plaindre l'ignorance cinématographique dont faisaient preuve les cinéastes en matière de sous-marin et d'invasion alien. Et voilà qu'il venait de vivre les deux. Et si tous ses paradigmes appris à Annapolis avaient volé en éclats ? Et si on avait à faire à un tout nouveau genre de guerre, pas seulement à l'échelle technologique ? A son époque, les Soviétiques rivaux étaient déjà déshumanisés par ses instructeurs, mais il savait pertinemment qu'il était possible de négocier avec eux. Mais qu'en est-il des Goa'ulds et des Jaffas ? On dit que retrouver sa maison cambriolée inflige aux victimes un sentiment comparé parfois, à tort ou à raison, à un viol. A une intrusion dans son intimité. Le Cigare, qu'il connaît mieux que son quartier, de même que l'équipage dont il connaît jusqu'au surnom du moindre nouveau matelot, a été arraisonné, endommagé et son équipage décimé en un claquement de doigts. Il sent comme une menace personnelle l'individu qui réside dans la salle des silos, entouré par une équipe de soldats. Comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, comme un meurtrier prêt à réitérer son crime. Après tout il n'y a aucun tribunal militaire ici, O'Neill à raison. On ne lui en voudrait pas s'il outrepassait la convention de Genève à une époque où les ancêtres de ses rédacteurs n'étaient probablement même pas encore en Europe.

- Je dis qu'on laisse faire, décide finalement Strickland. Il essaiera forcément de s'échapper, et ses gardes n'auront d'autre choix que d'employer la force. Un tragique accident. O'Neill, je veux un plan d'exfiltration précis pour cette opération dès que possible. Vous avez carte blanche pour choisir parmi les ressources nécessaires et mener à bien la mission. Je dois vous laisser, j'ai un second briefing.

Quittant le CIC, le trio en croise un autre composé du docteur Jackson, du docteur Freeman et du major Altman qui salue Jack. Profitant de l'arrêt du colonel dans le couloir pour laisser passer ces derniers, le docteur Carter interpelle le colonel.
- Vous ne pensiez pas ça réellement, colonel ?
- Carter...
- Je sais, il a été essayé de nous tuer. Mais on a déjà réussi à le convaincre au moins une fois.
- C'est peine perdue. Il ne nous connaît pas mais il nous hait déjà. Il n'y a rien a en tirer.
- Et si vous aviez tort ?
- Allez dire ça à ceux qui sont morts, lui répond sèchement le militaire avant de reprendre sa marche, la main sur son bras.

McKay entre le premier et rejoint le capitaine Strickland autour du terminal tactique.
- Au rapport.
- Le réacteur nucléaire n'a pas subit trop de dégâts, mais il ne faut recommencer un coup pareil. Si on m'avait prévenu, j'aurais pu stocker plus d'eau dans le réservoir externe du système de refroidissement. Dans l'espace on peut plus évacuer la chaleur.
- La température a un peu monté, mais on s'en est sorti, n'est-ce pas ? sourit le X.O.
- Un peu monté ? Vous savez l'énergie qu'il faut pour faire monter de 15 degrés une masse de 20,000 tonnes en quelques minutes ?
- Le réacteur fonctionne bien ou pas ? tranche le capitaine.
- Oui. Mieux que prévu même. Car voyez vous ce petit bijou de technologie n'a pas été conçu par n'importe qui, sourit le scientifique. J'ai anticipé de genre de problème avec l'interface avec l'Exonef de sorte à pouvoir utiliser ses panneaux radiants de la nef pour évacuer le trop-plein de chaleur, mais j'ai également pensé à mettre deux réservoirs supplémentaires de part et d'autre du système d'arrimage. Tout ça pour dire qu'il y a une certaine... élégance dans la conception.
- C'est la première chose que je me suis dites quand on atterrit dans l'espace, sourit faussement le capitaine.

McKay saisit le sarcasme et efface son sourire béat.

- Donc pas de problème de conception sur ce bijou alors ? reprend le X.O.
- A vrai dire...

Le capitaine croise les bras.

- Pendant le combat dans la salle du réacteur, un jaffa, ou un de vos hommes ne sait plus, à tirer à la lance jaffa et à endommager un des deux conduits de refroidissement principaux. On utilise toujours l'eau de mer pour évacuer la chaleur mais ça divise par deux le débit dans tous les cas.
- Et à quel point ça change nos conditions opérationnelles ?
- A votre place j'éviterais d'aller à "110%" avec la propulsion, déjà. Et si on veut fournir l'Exonef en énergie... je crains que ça soit rick-rack pour le voyage de retour, illustre-t-il d'une grimace et d'un balancement de la main.
- Qu'est-ce que vous entendez par "rick-rack", docteur ?
- Et bien, si le réacteur surchauffe trop, il risque de se rompre.
- D'exploser ? s'inquiète le docteur Freeman.
- Non, rassure McKay, ça c'est dans les films. Un réacteur nucléaire ça peut pas exploser. Par contre ça peut s'arrêter et si on manque d'énergie à fournir à l'Exonef, on risque de sortir de la bulle spatio-temporelle un peu trop tôt. A partir de là j'ignore les conséquences exactes : soit on sort de la bulle à une autre époque, avant la date prévue, soit on est broyés par la fissure spatio-temporelle générée par la Matrice temporelle.
- Heureusement que c'est pas dans les films, sourit le capitaine. Vous pouvez le réparer ?
- Vous trouvez que j'ai la coiffure de McGuyver ? demande le docteur en inspectant sa ligne de cheveux plus reculée qu'il ne voudrait. Bien sûr que je peux, se rattrape-t-il. Le truc c'est que je dois déconnecter le second réservoir.
- Et ?
- Et je peux pas le faire de l'intérieur sinon ça va inonder la salle du réacteur avec de l'eau de mer. Je dois donc sortir pour déconnecter le second réservoir, bloquer la valve, revenir à l'intérieur pour souder un second tuyau puis ressortir.
- Et quoi ? sourit Washington. Vous avez peur d'être tout mouillé ?
- Non, c'est juste qu'à cette profondeur, la pression interne des valves ne pourra pas lutter contre celle des infiltrations d'eau. Il faut être émergés pour faire ses réparations.
- On repassera pour l'élégance dans la conception, commente Washington.
- J'avais quinze jours pour concevoir l'ensemble du dispositif, rappelle McKay. C'est déjà un miracle qu'on aie pu finir les travaux à temps. J'ai dormi 4 heures par nuit pour tenir les délais.
- Ce n'est pas une option tant que l'Exonef ne sera pas réparée ou qu'on aura pas mis la main sur la seconde, tranche le capitaine. Sans camouflage on se fait abattre depuis l'orbite. Ces réparations attendront le retour de la mission du colonel O'Neill. Altman, vous avez aussi de mauvaises nouvelles ou vous allez faire semblant que tout va bien histoire de m'emmerder ?
- Non, capitaine, répond le major. Tous les Jaffas sont confirmés K.I.A. et Teal'c est prisonnier. J'ai affecté trois hommes en permanence à sa surveillance avec rotations toutes les 6 heures.
- On peut s'attendre à d'autres Jaffas planqués dans le vaisseau ? demande le X.O.
- Peu probable. Mes hommes et ceux du MARSOC ont fouillé chaque recoin. On a même inspecté les silos de missiles nucléaires vides qu'ils ont utilisés pour nous aborder. Rien à signaler. Ils étaient bien cinq.
- Ces informations se recoupent avec ce que le sonar a détecté 4 minutes avant leur abordage, précise Washington au capitaine. Cinq signatures qu'on prenait pour des poissons ou des mammifères marins.
- On repassera pour la précision, sourit McKay.
- A oui, je suis sûr que si vous les aviez conçu, les sonars pourraient détecter le poids, l'âge et la nationalité de chaque banc de poisson qui passe à proximité du Cigare.
- A leur décharge, je crois que les Jaffas ont utilisé des sortes d'hydrojets répartis sur leur combi que j'ai pris la liberté d'inspecter en attendant qu'on vienne me soigner.
- C'est sûr que cet ongle tordu était une priorité, souffle le docteur Freeman.
- J'en ai besoin pour travailler, de mon pouce, répond McKay. Toujours est-il que c'est une technologie remarquablement simple et avancée en même temps. C'est le Saint Graal de la technologie sous-marine.
- A cause de son caractère silencieux ? demande Washington.
- Exactement. Peut-être même qu'avec un peu de boulot je pourrais leur piquer cette technologie et modifier un sous-marin.
- Vous pourriez faire ça ? s'étonne le capitaine en décroisant les bras.
- Si j'avais encore mon équipe de Norfolk, oui. Avec les cinq dispositifs que j'ai a disposition, on aurait pas assez de débit pour faire avancer l'Alabama de façon significative.
- Pourrait-on les utiliser ? demande Altman. Pour nos hommes je veux dire, précise le major. Si on voulait infiltrer les bases ennemies par exemple.
- En dehors de celle du prisonnier, toutes les autres sont irréversiblement endommagées. Et de plus je doute qu'ils aient les mêmes technologies cinq mille ans dans le passé. Donc infiltrer une base ennemie en portant des armures volées ça aussi c'est du cinéma, souffle McKay.
- Très bien tous les deux, maintenant j'aimerais entendre le rapport du docteur Freeman, intervient le capitaine.
- Mon premier bilan est définitif en terme de morts et de blessés, commence le docteur. Mais on va commencer à manquer de place pour stocker les sacs mortuaires. J'ai déjà commencé à installer une morgue dans le premier étage de la salle des silos, mais si on ne repart pas dans le futur avant quelques jours, on va avoir des problèmes.
- On peut pas les enterrer sur une île pas loin ? demande Altman.
- Et altérer encore plus le futur ? s'étonne McKay.
- Après tout ce qu'on a fait, et ce que ce SG-1 a causé ?
- Marcher sur un insecte peut changer le futur, lieutenant.
- C'est major, précise l'intéressé. Vous savez pas lire les insignes ?
- Calmez-vous tous les deux, intervient à nouveau le capitaine. Combien de temps avant qu'il ne faille enterrer les sacs mortuaires ?
- Je n'irais pas au-delà de cinq jours.
- Très bien, réfléchit le capitaine. Je consulterais à nouveau les docteurs Carter et McKay, et vous mêmes, si, et lorsque, ce délais sera atteint. En attendant on les laisse là où ils sont. Merci pour vos rapports messieurs. Vous pouvez retournez à vos postes.

Vallée des Rois, Ha'tak de Râ, 00h20 heure locale

Thoth s'approche du perron qui permet de contempler la scène de mastaba, où s'entraînent jour et nuit les prétoriens et la garde palatine. Au milieu il distingue très clairement le Primat, Matayus, affublé à l'image de son maître d'une longue chevelure noire de jais et d'yeux perçants, quoique que bien plus grand et massif que celui-ci. Face à lui, dans une arène délimitée par la lumière orangée d'un champ de force, une douzaine des prisonniers rebelles capturés lors de la récente rébellion, kopeshs à la main. Le Jaffa propulse le premier à oser charger pour lui faire accomplir un tour et le renvoyer vers les autres assaillants, avant de bloquer in extremis la lame de l'un d'eux en interceptant le poignée de son porteur. D'un autre bras il étrangle l'un des gladiateurs improvisés et l'écrase violemment au sol, avant d'achever le premier avec sa propre épée qu'il fait jongler sur elle-même et propulse vers un autre rebelle. Les survivants laissent tomber leurs armes et tentent de fuir, mais les champs de force les repoussent. Le jaffa ramasse la kopesh, enfoncée dans le torse d'un des rebelles, et s'approche des autres qu'il massacre impitoyablement. Même Thoth est dérangé par ce spectacle.

- Jaffa, Kree ! Ordonne le Goa'uld, descendu jusqu'à l'arène dont les champs de force se désactivent, laissant choir, pour la plus grande surprise du vizir scientifique, un cadavre jusque-là retenu par la barrière. Matayus, je vois que vous êtes arrivés.
- J'ai été rappelé du front pour mater une nouvelle rébellion ?
- En effet. Il se pourrait que les mêmes fauteurs de trouble qui ont incité la rébellion de la cité d'Abydos il y a six mois soient de retour. Avec des renforts cette fois. La vie de l'Empereur est en danger immédiat, et il ne s'agit pas de Ree'tus. Pourtant il se pourrait qu'ils aient accès à des camouflages optiques, donc votre expérience de combat sur le front pourra nous être utile.

Le Jaffa ouvre un grand sourire en nettoyant sa kopesh ensanglantée.

- Je commençais déjà à m'ennuyer avec ceux-là.
- L'Empereur veut que tu prépares une embuscade à l'endroit-même où se trouvait le Chappa'ai'tak, que je viens de déplacer. Ce site sera le premier qu'ils visiteront pour remonter la piste jusqu'à leurs alliés. J'ai laissé en place les installations d'isolation que j'avais fait installé au-dessus du vaisseau pour l'étudier en toute sécurité, tu es donc libre de placer des troupes à l'intérieur, mais je te conseillerais plutôt une approche d'encerclement furtive.
- Je procéderais comme bon me semble, se défend le Jaffa. Si l'Empereur les veut, il les aura.
- Et ne les laisse pas s'enfuir cette fois, tu n'as ramené qu'un seul prisonnier d'importance la dernière fois, le menu fretin que tu exécutes dans les arènes par plaisir n'a aucun renseignement de valeur.


Salle des machines auxiliaires, USS Alabama, 00h25 heure locale

- Pour percer l'armure des Jaffas ? Le lance-grenade du caporal Harrisson a fait son effet, bien que l'utiliser dans un environnement pressurisé était totalement irresponsable, conclue Altman. Ou leurs propres lances, si vos hommes savent s'en servir. Sumner en a flingué un avec. Elles manquent de précision mais elles balancent autant d'énergie qu'un RPG. D'après le docteur Carter il s'agirait d'une sorte de "canon-rail à plasma", un truc tout droit sorti de Halo.
- Peu importe, on a plus puissant que les MP5 ?
- L'armurerie sert pour des opérations d'assassinat ou d'exfiltration, mon colonel, pas pour assiéger une ville. Je sais que vous êtes familier avec les opérations sous couverture, mais après l'échec de celle sur Chulak, on pu avoir accès à du matos un peu plus lourd. On a un Denel NTW-20. Avec une douzaine de balles. Zeus a par ailleurs autorisé l'usage de balles creuses en vue de l'abordage.
- De l'antichar et de l'anti-matériel pour niquer de l'infanterie ? s'étonne le caporal Price, des Navy SEALs.
- Oui, les Jaffas sont des tanks mobiles, affirme Kawalsky, assis contre le mur. En revanche sur Chulak y'avait aussi une milice sans armure. Par centaines. Ils avaient pas de croix sur le bide donc je présume que c'étaient bien des humains normaux. Sans doute des pauvres bougres utilisés comme chair à canon par les Jaffas. Bien plus faciles à neutraliser. Mais ça craint surtout si tombe à nouveau sur une patrouille comme celle qui nous a grillé sur Chulak : ce sera des jaffas et surtout les véhicules antigravs qu'ils utilisent et l'appui aérien dont ils bénéficieront. Et on a pas de Stinger ni de drones pour les abattre cette fois.
- Mais on a l'Exonef. On se débrouillera, affirme O'Neill avant de se tourner vers le reste de l'escouade assemblée dans la salle des machines auxiliaires. Pour le menu fretin vous gardez le 5.56 et le 9 mm. Pour les Jaffas vous avez le lance-grenade et le 20 mm. On a un bon tireur d'élite ici ?
- Ford est notre meilleur sniper, affirme Altman.
- Harrisson a bien visé aussi ! ajoute Price.
- Oui mais il est instable, hors de question dit Altman.
- S'il sait se servir d'un lance-grenade comme ça on le prend, dit O'Neill. Si on se fait griller par les Jaffas et qu'il faut se frayer un chemin il vaut mieux l'avoir avec nous. Par contre surveillez-le bien pour éviter qu'il fasse tout capoter. Il est où d'ailleurs ?
- Je l'ai assigné à l'assistance médical, admet Altman.
- Très bien vous le brieferez de ma part et l'assignerez à l'équipe. Les règles d'engagement sont claires : vous ne tirez qu'en dernier recours pour ne pas griller votre couverture, et que si vous êtes sûr de votre coup et si vous ne donnez pas l'alerte ou la position de l'équipe. On fait ça en douceur. Le matos lourd c'est uniquement en cas de problème majeur, ou si j'en donne l'ordre explicite. Sinon on fait profil bas. Etant donné qu'on a plus le camouflage ni le bouclier on va devoir la jouer serrée. Il fera nuit dans la Vallée des Rois dans 5 heures. Si vous voulez dormir un peu avant c'est maintenant. Je ferais atterrir l'Exonef à 150 mètres du point de rendez-vous, pour déployer les équipes Platine et Iridum. Je resterais ensuite en appui aérien rapproché mais je n'ai plus de drones, on devra donc garder à bord plusieurs tireurs, c'est-à-dire la troisième équipe, Cobalt, et ouvrir la soute. Par chance, l'Exonef est un ADAV silencieux et sans turbulence, avec une stabilité de vol qui filerait une demi-molle à tous les pilotes d'hélicos que je connais. C'est donc une plate-forme de tir idéale. Y'en a qui ont déjà effectué des opérations secrètes au Moyen-Orient ici ?

Toutes les mains se lèvent.

- Très bien, alors vous connaissez la chanson mieux que moi. Départ donc à... 5h30 du matin heure du Cigare et donc 3h30 du matin heure d'Egypte.

On entend toutes les montres se synchroniser dans la salle durant la pause que marque le colonel.

- L'Alabama se dirige actuellement vers le Golfe d'Aden pour nous donner une longueur d'avance et faciliter notre mission à l'aller comme au retour. Des questions ?

- Quel sera le callsign de l'Exonef durant la mission ? demande Price, bras croisés.

O'Neill hésite.

- A la base c'était Blacklight-1 mais du coup la mission a changé. Des suggestions ?
- La Cigarette de Poséidon ! lance une voix.
- Dagger-1 ! propose un autre.
- Blue Leader c'est mieux !
- Tie fighter ?
- Millenium Falcon !
- J'aime bien, admet O'Neill. Mais trop long.
- Black Phoenix ?
- Vendu pour Phoenix. Rompez.

Puis il se tourne vers Kawalsky.

- T'es sûr que ça va aller Charlie ? T'as été bien secoué tout à l'heure.
- T'inquiète pas colonel, ça s'est remis, affirme Kawalsky. Rien de cassé, a dit le médic.
- J'aurais préféré confier l'escouade à quelqu'un d'autre.
- Tout le monde est plus ou moins blessé, et j'ai le plus d'expérience au sol pour s'occuper des Jaffas.
- T'as le plus d'expérience pour te faire capturer aussi, sourit Jack.
- C'est qui qui s'est enfuit de sa cellule en premier et qui a sorti l'autre de la sienne quand on était au Chulakistan ? sourit le major.
- Je sais je sais, t'as pu t'en sortir parce que Ferretti a réussi à ouvrir les portes entre deux patrouilles, puis vous avez retrouvé votre matos dans la pièce d'à côté. Un coup de chance.
- C'est les coups de chance qui font les succès de nos opérations, colonel, pas les plans bien précis qu'on fait avant. Depuis cette mission au Panama on devrait le savoir non ? Vous allez où colonel ?
- Me soulager d'un doute, lui répond Jack en quittant la salle.

- Burns, Merryweather, je dois m'entretenir avec le prisonnier.
- C'est vous qui voyez mais apparemment il médite, sourit l'intéressé.
- Mais ça tête résiste très bien aux baffes, sourit Burns.
- Faites une pause, je prends le relais pour lui donner des gifles, sourit Jack aux sentinelles. Vous méditez vraiment ? demande O'Neill au jaffa accroupi devant lui.

En guise de réponse, un mur de silence.

- Bon, je venais aux nouvelles. Vous serez ravi d'apprendre que votre plan de conquête mondiale a échoué et qu'Apophis est mort.
- Economisez votre salive, lo'taur, car je n'avalerais aucun de vos mensonges.
- Je vois. Comment va Rya'c ? demande Jack en s'adossant à la cloison à côté de lui.
- Vous espérez m'énerver et obtenir de moi une réaction violente pour justifier mon exécution, je me trompe ?
- Vous avez trop d'idées derrière la tête, Teal'c. J'essaie juste de vous sauver.
- Non, vous essayez de vous sauver vous-même, Oneel. Vu votre importance, vous resterez peut-être en vie un peu plus longtemps que les autres. Mais je me contenterais d'exécuter tous les autres en contrepartie.
- C'est beau de rêver. Dans quelques heures j'apporterais la preuve de ce que j'avance.
- D'autres mensonges plus élaborés je suppose.
- Apparemment, vous et moi, on est les meilleurs amis du monde dans une réalité parallèle. C'est fou comme un petit changement dans le continuum espace-temps et tout fout le camp.

Le Jaffa reste de marbre, les yeux fermés.

- La queue de cheval c'est pourquoi ?
- Il m'étonne que vous vous soyez à ce point renseigné sur moi mais si peu sur mon peuple, surtout avant une mission d'assassinat aussi ratée que la votre.
- On n'essayait pas d'assassiner Apophis, on essayait de vous exfiltrer, vous.
- Plus un officier Jaffa gagne de bataille, plus il peut se permettre de laisser pousser tout ou partie de sa chevelure ou de sa barbe en signe d'autorité. Les officiers vaincus ont en général le déshonneur de devoir se raser le crâne. Avant leur exécution par retrait du symbiote bien sûr.
- Alors vous pouvez faire chauffer la tondeuse, car vous êtes vaincu.
- Je ne fais que me reposer, corrige Teal'c. J'ai pu juger de la médiocrité de vos forces spéciales, je préfère donc vous laissez vous remettre un peu en forme avant la deuxième partie.
- Y'aura pas de revanche, Teal'c, souffle le colonel. Apophis a posé sa quinte flush, mais l'Oncle Sam a sorti une quinte royale de sa manche. Vous avez perdu et maintenant on récupère toute la mise.

Le Jaffa lui rend un haussement de sourcil perplexe.

- Dans ce genre de conflit, je présume que c'est celui qui triche le mieux qui s'en sort. Désolé si ça entre en contradiction avec votre code d'honneur. Désolé pour vos hommes au passage.

Le Jaffa ferme à nouveau les yeux et se remet en position de méditation.

- Bon, je vois que vous préférez jouer au "roi du silence", donc je vous laisse jouer tout seul, annonce Jack en se levant. Les gardes aussi ont envie de jouer un peu. Vous me direz quand vous serez lassés.

Exonef, arrimée à sa calle sèche

Depuis la calle sèche qui surplombait la salle des machines auxiliaires, elle avait entendu le briefing du colonel O'Neill avant de se remettre à travailler sur la matrice temporelle, travail passionnant dont elle avait été empêché pendant les dernières semaines, passées à travailler sur l'interface mécanique et numérique entre l'Exonef et l'Alabama. A présent il fallait s'assurer que la matrice n'était plus connectée et qu'on ne risquait plus de changer le continuum sur un coup de tête. Mais elle a beau inspecter en boucle chacun des cristaux de stockage de données, interpréter chaque flux d'informations, elle ne peut se sortir de la tête que l'autre aurait fait mieux, ou qu'elle aurait déjà trouvé une solution miracle. Et le moment qu'elle redoutait réellement allait arriver. Quand le Président avait refusé la mission de voyage temporel au profit d'une défense de la Terre, dont il espérait tirer les marrons du feu "avec l'aide de Dieu", ses espoirs de connaître cette autre s'étaient envolé. Mais à présent sa Terre a elle était carbonisée, un cratère de mille kilomètres à la place du Mid-West. Dans quelques heures elle allait rencontrer sa double, sa jumelle. Celle qu'elle aurait pu être si les circonstances avaient été différentes. Elle avait même hésité à couper sa longue chevelure pour imiter sa sœur, mais avait bien senti que Jack et Daniel lui en tiendraient rigueur et qu'ils ne la prendraient plus au sérieux si elle se lançait dans ce qu'on aurait pu qualifier d'auto-cosplay. Du reste elle ne portait ni arme, et pas même de gilet pare-balle ou d'uniforme de terrain, juste cette espèce de tenue de camouflage bleu marine étrange qu'on avait donné aux techniciens. Était-on censé se camoufler dans des forêts sous-marines avec ça ? se dit-elle en inspectant la chemise de l'uniforme. Je parie qu'elle est plus athlétique que moi. Et dire que j'avais fait des efforts pour Intrépide. Ai-je vraiment besoin de lui ressembler en tout point pour faire le même genre de folies qui feraient friser le peu de cheveux restant de mes anciens professeurs de physique ? D'ailleurs, le lieutenant colonel Carter de la vidéo a-t-elle réellement accompli les miracles dont elle était créditée ? Après tout c'est ce Jack qui a prétendu en souriant qu'elle avait fait exploser une étoile ou deux. Pourquoi aurait-il exagéré ça ? Toutes ces questions se bousculaient à mesure qu'elle se focalisait sur Jack. Je n'y connais pas grand chose à l'armée mais je sais que les relations dans une même hiérarchie sont interdites. Impossible. En revanche Jackson est aussi un civil dans cette réalité. Mon Dieu est-ce que j'ai fini avec lui ? Ce serait... bizarre.

Elle entend soudain quelqu'un monter à l'échelle, et reconnaît à la lenteur de l'individu qui n'escalade jamais la barre suivante sans avoir deux pieds sur la précédente qu'il s'agit d'un blessé. Elle aperçoit enfin le colonel qui rejoint dans un grognement la claustrophobie du cylindre blindé qui sert de calle sèche. Elle remarque que son bras démis est désormais supporté par un bandeau plus élaboré.

- Vous dormez toujours pas, Carter ?
- Euh, j'ai du travail colonel. Et je me sentais pas de le laisser attendre après avoir passé des semaines occupée sur plus urgent.
- Je comprends. Vous y comprenez quelque chose à ce machin ? demande-t-il en fronçant les sourcils.
- Je crois, répond Carter. Je pense que c'est un cyclotron. C'est un accélérateur de particule, et je suis stupéfaite par sa taille compacte, corrige-t-elle face au plissement des yeux de son interlocuteur. On en fabrique... fabriquait un sur Terre, en France. Il ne devait pas être opérationnel avant quelques années.
- Et ça fait quoi ?
- Je pense que sa fait entrer en collisions des particules de Naquadah à des vitesses proches de la lumière qui percent le continuum espace-temps pour former un trou noir. Ensuite la matrice en extrait un flux ordonné de graviton pour bouger l'Exonef dans l'espace. La seule question que je me pose c'est comment l'ordinateur de la matrice temporelle arrive à calculer le point d'arrivée. Il faudrait un immeuble de la taille de l'Empire State Building en unités centrales pour calculer ça... et ça prendrait un bon million d'années. On a affaire à une technologie qui dépasse la notre de dizaines de milliers d'années, colonel.

Le colonel fait semblant de comprendre et de s'intéresser à la conversation pour combler le vide :

- Et c'est quoi un graviton ?
- C'est une particule subatomique. Théorique. Enfin maintenant elle l'est plus. C'est la particule qui véhicule la gravité.
- Ah.
- Chaque force fondamentale a sa propre particule, comme pour l'électromagnétisme par exemple.
- Et c'est quoi dans ce cas, le magnéton ?

Elle étouffe un rire.

- Non, le photon.

Le colonel fronce des sourcils.

- Donc le champ magnétique terrestre c'est des photons ? Pourtant il est invisible non ?
- Colonel, la majorité du spectre électromagnétique est invisible. On ne peut en voir qu'une faible portion, et la lumière visible n'est que cette portion. Mais c'est en réalité un kaléidoscope immense.
- Je vois.

Un nouveau blanc.

- Bon je vous laisse, je dois me changer pour la mission, dit-il en se dirigeant vers le cockpit.
- Vous voulez de l'aide ? lâche-t-elle sans savoir trop pourquoi. Si vous avez du mal avec votre bras, se rattrape-t-elle en contenant difficilement son rougissement. Il faudrait pas que vous vous fassiez encore plus mal au bras, vu que vous êtes le seul à pouvoir utiliser la nef, sourit-elle maladroitement.

17 mars 2995 av JC, 5h30 heure locale, USS Alabama

Les six énormes pattes mécaniques laissent s'échapper leur prisonnière et l'Exonef prend son envol avant d'émerger de l'eau et de poursuivre son approche des côtes africaines à une vitesse subsonique, en rase-motte au-dessus de la mer. Un sous-marin capable de lancer un aéronef, vieux rêve de stratège et un tout aussi vieux cauchemar d'ingénieur remontant aux tentatives françaises et japonaises de la dernière grande guerre, l'Alabama était à bien des égards un vaisseau en avance sur son époque. En comparaison de ce que l'aéronef qu'il peut arrimer à sa cale sèche rétractile est capable d'offrir d'un point de vue tactique, comme technologique, à savoir camouflage, bouclier, munitions téléguidées passe-muraille, capacité d'insertion extra-atmosphérique, voire interplanétaire, et même voyage temporel, les autres technologies du sous-marin, y compris son réacteur nucléaire dernier cri avec son encombrant système de refroidissement, font figures d'outils préhistoriques. Car c'est bien une technologie, et la physique qui la sous-tend, en avance de plusieurs millénaires qui coexiste avec celle d'un sous-marin déjà âgé d'un quart de siècle. Du point de vue des concepteurs disparus de l'Exonef, c'était une grenade à fragmentation propulsée par une fronde, Genghis Khan sur une moto, une baliste fixée sous le fuselage d'un avion de chasse, un anachronisme curieux pour les uns, hérétique pour d'autres, permis par une ingéniosité que se partageaient une poignée d'esprits situé au sommet du génie humain et qui voguaient à présent dans leur chimère aquatique.

- Ici O'Neill. ETA 40 minutes.
- Autant que ça ? se plaint Harrisson.
- C'est presque 2,000 bornes à parcourir, rappelle Altman.
- J'croyais qu'on avait un vaisseau magique, ajoute Price.
- Si on va trop vite on se fera détecter, précise Carter, se tenant debout face au contrôleur temporel. Le Naquadah absorbe l'énergie et la chaleur mieux qu'aucun matériaux donc il nous offre une protection radar. Mais sans le camouflage actif on perd en furtivité.
- Donc on vole près du niveau de la mer pour passer sous les radars, ajoute Kawalsky, toujours debout dans la soute remplie à son maximum.
- Ouais, j'le savais, se défend Harrisson en se redressant sur son siège.
- T'inquiète pas, le rassure Price d'une tape sur l'épaule, on aura l'occasion de venger nos morts.

Carter débranche l'ordinateur du contrôleur temporel et rejoint la cabine. Jackson dort sur l'un des sièges. Elle prend place sur le siège passager avant.

- C'est beau hein, s'émerveille-t-elle de la nuit océanique.
- Oui. L'ivresse de la vitesse et de l'altitude, on doit avoir ça en commun.
- On est encore dans l'océan ?
- Non, on vient de passer le Golfe d'Aden. Au rapport ?
- Le contrôleur temporel est totalement déconnecté du reste de l'appareil, donc vous n'avez pas à "retenir vos pensées" ou je ne sais quoi.

Soudain Carter et O'Neill sont dérangés par un bruit venant de la soute et, reconnaissant le thème de la Chevauchée des Walkyries, tournent leur regard vers la soute. L'un des membres de l'équipe Platine commence à fredonner de plus en plus fort. Peu-à-peu la soute commence à l'imiter.

- Je leur demande d'arrêter car ça risque d'alerter les Goa'ulds ? demande Jack à Carter.
- Non, aucun risque. La coque absorbe mieux le son que celle du sous-marin.

Peu-à-peu, Jack et Samantha se joignent à la chorale, réveillant Jackson.

- Alors c'est ça votre registre ? demande le colonel en référence à leur discussion nocturne de l'avant-veille.
- Si on veut, sourit l'intéressée.

Gizeh, Egypte, au même moment

Couché sur le remblais de sable surplombant le site du Jumper, devenu, à présent, un laboratoire mobile monté en plein désert par les Goa'ulds pour étudier le derelict, l'observateur, vêtu de robes du désert à la couleur de la nuit, saisi son talkie-walkie, dérangé lui aussi par cette musique anachronique. Il active sa radio sur un autre canal :

- Han Solo à Luke : t'entend ça ?
- Ici Luke, de quoi ? lui répond son supérieur depuis sa position dans un village voisin de la cité de Gizeh.
- Sur la radio. Met le canal 5.
- Le canal 5 ? s'étonne "Luke". Mais personne ne... C'est la musique d'Apocalypse Now !
- C'est la Chevauchée des Walkyries, Luke. Ils sont enfin arrivés, ils sont là.
- Tu peux les contacter ?
- J'essaie. Je comprend pas. Ils répondent pas.

Dans le Jumper, le soldat qui a activé par erreur son talkie-walkie sur le mauvais canal n'entend pas les appels répétés de "Han Solo", absorbé par le chœur qui se joue dans le vaisseau insonorisé.

- Appelle Chewy immédiatement, ordonne son supérieur en se levant de sa chaise. Ils ne sont pas au courant que les Goa'ulds ont déplacé le Jumper. Va vite te chercher un flingue.

Solo laisse choir ses jumelles sur leur bandoulière, se lève en quatrième vitesse de sa position et démarre une course effrénée jusqu'au village qui lui sert de base arrière.

Enfin arrivés à destination, O'Neill calme le jeu :
- On y est les gars, je survole la zone.

L'Exonef effectue un balayage radar à haute altitude autour du site :

- Je détecte une sorte de structure, dit-il enfin en affichant une représentation holographique sur l'écran. Mais je ne vois pas l'Exonef de SG-1 sur le radar. Je passe sur le rayon X... Le plafond doit être composé d'un élément lourd comme du plomb, je distingue rien à l'intérieur.
- Les Goa'ulds ont du tenté de l'étudier, répond Carter. C'est une sorte de "sarcophage" qui sert à isoler un lieu, en général contre les germes dans les laboratoires, et accessoirement des caméras et des radars ennemis. C'est comme ça qu'on planquait des morceaux entiers de navettes spatiales pendant la Guerre froide pour éviter l'espionnage soviétique.
- Et ça a marché ? demande Jackson.
- Pas vraiment, les Russes ont construit un copycat bon marché appelé Buran qui n'a jamais volé, sourit-elle.
- Combien d'hostiles ? demande enfin Kawalsky, debout à l'entrée du cockpit.
- Six. Répartis entre la structure et l'enceinte extérieure. Je n'ai pas pu confirmer la présence du vaisseau à l'intérieur, mais si celui qu'on a actuellement nous est parvenus et qu'ils ont mis des gardes c'est qu'il est encore là, estime le colonel.
- Très bien, répond Kawalsky avant de se tourner vers les soldats entassés dans la soute : la mission est simple : vous vous déployez, vous éliminez les cibles et vous sécurisez l'Exonef. Le colonel fera ensuite atterrir celui-là dans le camp, une fois nettoyé, on montera tous à bord du second et on détruira le premier avec du C4 depuis l'intérieur, pour éviter que les Goa'ulds s'emparent quand même de celui-là.

L'Exonef quitte sa trajectoire de survol circulaire et se stabilise au-dessus d'une dune derrière le remblais de sable du camp.
- Ici O'Neill. Nous y sommes. Escouades Iridum et Platine à vous de jouer.

La rampe déployée, les deux équipes émergent silencieusement de la nef en file indienne.


USS Alabama, salle des silos, au même moment

- Tu penses qu'on va rentrer dans combien de temps ? demande Merryweather à son collège de garde.
- Aucune idée, mais j'ai hâte, ça va faire bizarre de revenir à notre époque avant la catastrophe.
- C'est vrai ça, si on remonte à avant l'impact. Attend, ça veut dire que si on remonte, mettons, quelques heures ou quelques semaines avant Thunderbolt, y'aura déjà les nous du futur non ?
- C'est pas faux ça... Donc on sera en double ? Et ma famille ? Oh merde on fait quoi ?

Merryweather n'a pas le temps de lui donner ses propres conjectures que son collège est agrippé par le prisonnier, visiblement défait de l'une de ses menottes attachée à la cloison, et qui le maintient comme bouclier humain avant de le projeter vers lui. Dans la tourmente il agrippe le troisième garde et le cogne contre la paroi d'un des silos dont il ouvre l'écoutille pour s'y engouffrer.

- Ici Palladium, on a une urgence en salle des silos, hurle Merryweather dans sa radio.

Au CIC, le X.O. tend son talkie-walkie au capitaine.
- Il se passe quoi encore ? demande le capitaine.
- Le prisonnier monsieur, il a défait ses liens et s'est barricadé dans l'un des silos à missile.
- Laissez-le faire, Palladium, ordonne le capitaine. C'est quel silo ?
- Le 7B, monsieur, répond Merryweather par la radio.
- Washington ?
- Ce silo est vide, il a servi à lancer un missile balistique tout à l'heure.
- Très bien, ouvrez la trappe de lancement.
- A vos ordres.

Dans le silo, Teal'c est rapidement submergé. Il s'accroche pour supporter le changement de pression. Il ferme les yeux et se concentre. Dans la salle des silos, les soldats et marins s'en donnent à cœur joie et applaudissent, tapant frénétiquement sur la paroi du silo 7B en guise d'adieu à leur invité.

- Il peut survivre ? s'enquiert Strickland.
- A 160 mètres de profondeur ? sourit Washington. Si la température le congèle pas, la pression va le tuer.

Dans le silo, Teal'c est soumis aux effets de la pression, de l'obscurité et de la température inhérentes à ces profondeurs. Il se baisse sur ses appuis et se propulse pour quitter le silo et tenter de rejoindre la surface.

- Je l'ai sur le sonar, annonce l'officier de détection.

Le capitaine et son X.O. se penche sur le sonar à leur tour.

- Vous pensez qu'il est encore en vie ?
- Ses poumons ont déjà du éclater sous la pression.
- A moins qu'il ne les aie vidé avant, rappelle le capitaine.
- A ce moment-là je doute qu'il n'ai assez d'oxygène. Impossible de survivre. Juste une agonie.
- Tant mieux, ça soulagera l'équipage.

Mais Teal'c lutte. Il a déjà abordé des vaisseaux ennemis et effectué des opérations militaires extra-véhiculaires. Il sait qu'il devait vider ses poumons avant tout changement brusque de pression et se mettre en kel'no'reem pour stocker de l'oxygène dans le sang et ralentir son rythme cardiaque. Il dérive lentement vers la surface de l'eau, pareille à un cadavre emporté par la marée. Dans la salle des silos, l'équipage se réjouit de savoir leur meurtrier agonisant quelque part dans une eau glacée et sans lumière.


Plateau de Gizeh, blacksite goa'uld de Thoth, semblable à un chapiteau d'architecture goa'uld déployé au-dessus du site de l'Exonef.

Kawalsky, qui mène l'escouade Platine, pénètre le premier dans la structure centrale. Sans un bruit, lui et ses hommes cagoulés, le fusil à la main, se succèdent. La dernière porte. L'Exonef originale doit être derrière. Il fait signe à ses hommes de trainer le corps du jaffa qu'ils ont poignardé par surprise quelques instants auparavant pour en extraire le bracelet électronique et déverrouiller la porte. Mais Kawalsky n'a pas le temps de souffler qu'il reconnaît immédiatement l'objet sphérique qui trône au centre de la salle, et qu'il a déjà vu Chulak.

- A TERRE !

La grenade de choc inonde la pièce d'une surcharge énergétique aveuglante et paralysante que les soldats, à peine prévenus, peinent à éviter.

- C'est une embuscade ! hurle le major en se relevant, la main sur le coccyx.

Dehors, il entend les tirs d'arme à énergie jaffa et les tirs de riposte de l'escouade Iridium, restée autour de l'enceinte pour sécuriser le site.

- Ils sortent d'où putain ? hurle le caporal Price de l'escouade Iridium.
- Y'en a partout ! lui répond un autre membre de l'équipe par la radio. Ramirez est mort !

Plus loin au sud du camp fortifié, Eddy Price distingue face à lui l'inquiétante silhouette d'un jaffa portant le même genre de casque zoocéphale que ceux qu'il a rencontré sur l'Alabama, cette fois à l'effigie d'un faucon. Mais contrairement aux hommes-serpents de l'Alabama, celui-ci semble acclimaté au désert et ne possède pas d'armure. En guise de protection, une sorte de cape ou de manteau à la couleur imitant celle du sable et qui semble composée d'hexagones enchâssés les uns dans les autres miroitant à des degrés divers. Son adversaire jette par terre l'étrange étoffe, que Price assimile à une quelconque protection furtive ou balistique fait d'une matière inconnue, en signe de défi. Il lève son fusil et met le jaffa en joue qui se jette à son tour au sol derrière l'un des murs de l'enceinte, évitant la première rafale au coup-par-coup. Price se met à couvert à son tour de l'autre côté du mur et jauge son adversaire en tendant l'oreille.

- Il se passe quoi en bas ? demande O'Neill.
- Y'a du mouvement. Des Jaffas embusqués, lui répond le lieutenant Swofford, jumelles infrarouge dans les mains.

A plat ventre à sa gauche dans la soute ouverte de l'Exonef, qui lévite au-dessus du sable en dehors de l'enceinte, le major Ford tend son sniper vers le camp.

- Je comprend pas colonel, reprend Swofford, les jumelles arrivaient pas à les voir avant qu'ils arrivent. Ils doivent avoir une sorte de camouflage ou quelque chose comme ça.
- A toutes les escouades, vous avez autorisation de tirer à l'antimatériel, annonce O'Neill sur le même canal radio.

- Harrisson ? Autorisation de tirer, annonce le major Altman à son coéquipier. Mais vise bien, on a des alliés dans la zone. On y va en binôme, je te couvre le temps que tu acquiers la cible. T'es prêt ?

Adossé à Altman derrière un mur, Harrisson ouvre un grand sourire et dégaine le lance-grenade fixé à son M4 pour viser l'un des jaffas, appuyé par son coéquipier qui occupe l'assaillant par une série de courtes rafales.

- Prend ça, Toutankhamon !

La grenade ricoche sur le mur et implose une seconde après, projetant le jaffa.

Mais depuis l'Exonef, acquérir une cible se révèle plus difficile :
- J'arrive pas à avoir une visée claire, se plaint Ford, maniant le gigantesque fusil de sniper lourd.
- Moi non plus, ajoute l'un des marines, équipé cette fois d'un calibre plus humble.

Au sol, Price entend une autre rafale sourde de fusil-mitrailleur disposant comme lui d'un silencieux, suivie d'un hurlement étouffé. Chargeant de l'autre côté du mur pour venir en aide à son coéquipier, il ne trouve que celui-ci, empalé sur une sorte d'épée recourbée par le jaffa à tête de faucon et soulevé en l'air tel un épouvantail. Pointant à nouveau son arme, il tente d'abattre la créature qui utilise son camarade comme un bouclier humain en le soulevant à une main, tandis que de l'autre il abat son immense kopesh vers lui, lui retirant son arme principale. Continuant sa marche arrière, Price se rabat immédiatement sur son Beretta pour viser son ennemi, hésitant à tirer sur son propre coéquipier. Le Jaffa le projette soudain sur lui. Price tente de se relever pour attraper son pistolet tandis que son ennemi se rapproche, l'épée à la main.

- Iridium et Platine sont en mauvaise posture, ajoute Swofford. Attendez, y'a un là-bas qui va se faire descendre.
- Je l'ai, répond Ford en fermant un oeil.

Soudain, un énorme détonation, semblable aux armes lance-plasma des jaffas, projette le Garde Faucon en arrière.

- Cible abattue, annonce Ford sans le moindre signe d'excitation. Mais c'est pas moi ?! Swofford ?
- Attendez, j'en vois d'autres qui arrivent au sud.
- D'autres Jaffas ?
- Non. Ils n'ont pas les camouflages. Mais l'un d'eux à une arme à énergie jaffa. Je déconseille de tirer sur cet individu non identifié. Je crois qu'il vient de sauver l'un de nos hommes.

Price soulève le corps de son camarade et vérifie son pouls.

- Il est mort, lui annonce l'une des figures encapuchonnées qui vient de le sauver en l'aidant à se relever.

Parmi ses sauveurs, Price compte une demi-douzaine d'individus vêtus de noir et équipés de lances jaffas, et même d'un P90. Un autre Jaffa est abattu.

- Donne-moi ta radio, lui ordonne la figure encapuchonnée qui vient de le secourir.

Price obéit sans poser de question. L'homme passe sur le canal général, 4.

- A toutes les unités au sol, les Jaffas cernent votre position. Votre soutien aérien risque d'être abattu. Je recommande une retraite tactique vers un point situé à deux kilomètres au sud.
- Identifiez-vous, demande O'Neill depuis le cockpit de l'Exonef.
- Ici le général Jack O'Neill de l'Air Force. Obéissez à mes ordres si vous voulez vivre.

Dans le cockpit, le trio se dévisage.

- Bien reçu, général, répond le colonel une seconde après.
- Escouades au sol, rejoignez mes hommes au sud-est de votre position. Nous battons en retraite en direction du village. Soutien aérien rapproché, maintenez votre altitude et couvrez-nous.

Les survivants des escouades Iridum et Platine rejoignent peu-à-peu leurs sauveurs encapuchonnés, munis de lances, et battent en retraite en suivant leur chemin d'arrivée. Depuis le point de vue de la soute de l'Exonef, les marines de l'escouade Cobalt profitent de l'absence d'unités alliées sur le campement semi-fortifié pour donner un tir de soutien au coup-par-coup sur les derniers Jaffas embusqués. L'Exonef manque de peu plusieurs salves de plasma tirées en représailles. Au sol, la petite troupe, bientôt libérée du tir de couverture, abritée par la nuit, peut désormais accélérer le pas, quittant l'instabilité du sable pour la dureté d'un sol rocailleux plus solide et facile à parcourir. En moins d'une dizaine de minutes, les soldats exténués ont parcouru au moins deux kilomètres. Enfin, une lueur derrière un remblais de sable annonce la proximité d'un village.


Au même moment, sur une plage de la Corne d'Afrique

Le cadavre apparent du jaffa échoue sur la plage, illuminé dans la nuit par le clair de Lune. Contre toute attente, le Jaffa est vivant. Teal'c se relève péniblement et tente de contacter son Al'kesh depuis le communicateur intégré à son bracelet, sans réponse. Il retombe dans l'eau. Soudain, son regard perdu sur le plafond céleste remarque quelque chose d'étrange. Durant les trois semaines de voyage jusqu'à la Tau'ri, il a étudié en profondeur des cartes cosmographiques sous forme d'hologrammes pour identifier la bonne étoile dans le bon système et retrouver le "Premier Monde", perdu dans les légendes. Aussitôt arrivés dans le Système Solaire, les ordinateurs du vaisseau confirmaient la précision des calculs et la concordance des cartes stellaires. Il connaît les constellations visibles depuis la Terre par coeur après tant de temps passés à les étudier pour trianguler correctement l'étoile et corriger des millénaires de dérive stellaire. Pourtant, celles qu'il a sous les yeux sont légèrement différentes, assez pour le faire douter. Sur quel rivage a-t-il échoué ?


Village de pêcheurs bordant le Nil, Vallée des Rois

L'Exonef atterrit silencieusement au milieu du village. Sans qu'un seul mot soit prononcé, une quinzaine de figure encapuchonnées similaires à leurs sauveurs émerge des tentes et se rassemble autour en tendant un immense textile déployé à bout de bras avant d'être fixé au sol. En moins d'une minute, une grande tente communale est montée comme si elle avait toujours été là. Suivant les instructions radio de son bienfaiteur, O'Neill ouvre la rampe et sort de l'Exonef, accompagné de Carter, Jackson et des cinq soldats de l'équipe Cobalt pour s'engouffrer sous une autre tente.

La première troupe, dirigée par Altman et Kawalsky et guidée par les six individus armés et vêtus de noir, y pénètre. Dedans, deux de ces miliciens, à défaut d'un meilleur qualificatif, soulèvent des tapis pour dévoiler une trappe qu'ils ouvrent immédiatement. L'un des membres du commando de secours est le premier à s'engouffrer, suivit des survivants de l'Alabama. L'opération se fait vite et dans le silence, rien d'étranger à l'entraînement ou à l'expérience de ces unités spéciales. Le colonel O'Neill est l'avant-dernier à descendre, avec l'assistance de Jackson à cause de son bras qui l'appuie jusqu'au pied de l'échelle. Derrière lui, l'un des figures encapuchonnées ferme la marche en faisant un signe aux villageois depuis le rebord de la trappe. Au-dessus de leur tête, la trappe est aussitôt refermée, et on entend le bruit sourd des tapis remis à leur place. Dans la cave sombre, des torches sont allumées par leurs hôtes. Le chef des individus, arrivé le dernier, fait tomber son capuchon et Jack fait désormais face à son double, affublé d'une cicatrice de brûlure sur le visage.

"- Bordel, vous en avez mis du temps !"
J'arrête ici le dérapage
avant que Zap et Chupeto
ne se retrouvent dans les parages
et ne me collent des avertos. biggrin.gif

[I]24/09/2015[/I]
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Chapitre 8 : Cicatrices

Jack se voit vieillir.
Comme un fantôme venant le prévenir de son avenir. Il faut dire que le général va à présent sur ses soixante ans, et que la rareté d’un rasoir sous la main l'a affublé malgré lui d’une grisonnante moustache en guise de gallon, et en lieu et place d'un sur-mesure d'apparat constellé de médailles et de son étoile de brigadier général, une cicatrice de brûlure visible sur un bon tiers de son visage. Son œil vitreux, à la rétine blanchie, semble-t-il abîmée par ce qui avait causé cette étrange brûlure, semble sonder son âme.

– "Vous deviez arriver il y a cinq putains d'années ! Qu'est-ce qui vous a pris si longtemps ?"

Jack ne réagit pas. Le général fronce les sourcils avant de descendre le regard vers le fusil d'assaut en bandoulière du caporal Price. "Donnez-moi votre arme." demande le général. "C'est un ordre", soldat rappelle-t-il sans se soucier de contourner la chaîne de commandement, si tant est qu'elle s'applique ici.

– Mon SCAR ? Tout de suite monsieur, bredouille le soldat en détachant maladroitement sa bandoulière, dans l'attente d'un contre-ordre de son supérieur.

Le général retire le chargeur et inspecte les munitions avant de lancer un œil torve à l'expédition entassée dans le souterrain.

– "Un XM8, inspecte-t-il. Merde, affirme-t-il en guise de conclusion.
– Vous auriez préféré des M4 ? demande Pearce en effaçant vite son sourire niais. Car on a aussi quelques uns. Et des MP5.
– Non. FN Herstal a gagné la compétition d'USSOCOM en 2004, pas Heckler & Koch. Je le sais car j'ai testé moi-même les deux armes et soumis un rapport à ma hiérarchie en faveur du FN Herstal. Les tests sur le terrain démontraient une bien meilleure efficacité contre les Jaffas, et c'est lui qu'on a adopté pour les ExOps.
– Les quoi ?
– Opérations exoplanétaires. Ce n'est pas tout, rajoute le général en désignant le chargeur. Des balles creuses, des officiers sans signes distinctifs. Et pourtant pas un seul en tenu de camouflage désert. Vous étiez donc de toute évidence un commando en mission, mais pas en espace désert. Même la nuit on porte du camouflage désert, le noir est inutile, ça fait suer en 30 secondes et s'évanouir en 5 minutes en plein cagnard. De plus, ce genre d'arme n'a jamais été adopté par le SGC ni par aucune branche de ma connaissance. Maintenant la question n'est plus d'où vous venez ? mais qui vous êtes ?, bordel."

Price cherche du regard son supérieur, l'autre Jack, qui intervient enfin.

– "A vrai dire on n'était pas censé venir vous chercher à la base. Mon général, annonce le colonel. POTUS nous a ordonné de remonter le temps pour éviter de perdre la bataille. Et on s'est dit que vous étiez ce qu'on avait de plus proches d'experts pour cette situation.
– La bataille ? Contre Anubis ? demande le général en fronçant les sourcils, essayant de calculer la date.
– Non, Apophis."

Le général sourit et secoue la tête.

– "Vous l'avez déjà vaincu ? demande le colonel.
– Le même goa'uld, deux fois, répond le général en levant deux doigts. Sont coriaces les vipères. Mais dites-moi, on est quel jour pour vous ?
– 17 mars.
– Quelle année ?
– 2006."

Le général rend son arme au caporal Price. Coupant court à la profusion de scénarios qui agite l'esprit du général, son homologue répond :

– "Dans notre réalité, Râ a emporté la porte il y a cinq mille ans et le programme Stargate n'existe pas. Nous avons trouvé la vidéo et la machine temporelle, et une porte en Antarctique. Cette année.
– Alors la rébellion a échoué, conclue-t-il laconiquement en reculant avant de décocher un coup de pied dans une caisse sur laquelle il finit par s'asseoir, le visage dans les mains.
– Nous tombons de Charybde en Scylla", commente finalement une voix grave.

Deux des figures encapuchonnées se détachent des rangs de leurs sauveurs. Après un examen insistant, le docteur Jackson est le premier à se reconnaître.

– "C'est moi ?" demande-t-il selon une formule tenant peut-être de l'interrogation et de l'offense, ou peut-être de la surprise.

Si son homologue est affublé de cheveux aussi longs que les siens, il arbore une barbe et un teint cramoisi par le soleil égyptien qui lui donnent, combiné à ses quarante-six ans révolu et à ses habits de nomades du désert, un aire de prophète biblique. La seconde figure, qui le domine d'une tête et qui se tient sur la hampe d'une lance Ma'tok, tire à son tour son capuchon. Les soldats du commando Blacklight ont tous un mouvement de recul et pointent leurs armes dans un élan désordonné "Bordel c'est lui !" "Il a changé." "Il a une perruque maintenant ou quoi ?" "Il est pas mort lui ?" "On le descend, boss ?"

Le docteur Jackson s'interpose devant son camarade menacé en gardant un ton particulièrement calme :

– Baissez-vos armes, il est avec nous.

Le Jaffa ne prend pas ombrage de la situation, habitué à sa réputation apparemment universelle avant de lever, sans un mot, un sourcil plein de sens. Ses cheveux en dreadlocks pendent désormais en arrière jusqu'au niveau de la nuque.

– "Où est Teal'c ? demande le docteur Jackson en voyant la surprise sur les visages du Commando. Il est mort ?
– Non, répond Jack. On a tenté de le rallier sur Chulak comme vous l'aviez conseillé, mais il nous a envoyé balader. Il est actuellement retenu prisonnier à bord de l'USS Alabama."

Le général se lève de la caisse et agrippe le colonel par le col de la veste :

– "Le quoi ?
– L'USS Alabama. Il a remonté le temps avec nous.
– Vous avez réussi à ramener un sous-marin nucléaire avec vous ?
– Oui, mon général. Grâce à un certain docteur McKay."

L'intéressé sourit enfin, lâche le col de la veste du colonel :

– "Rodney McKay est l'ingénieur le plus doué de sa génération ! Dieu bénisse cet emmerdeur ! On a enfin de quoi retourner l'échiquier contre Râ. Cette fois on l'aura cet enfant de putain.

– Où je suis ?" intervient finalement la seule voix féminine de la compagnie.

L'ébriété du général disparaît aussi vite qu'elle est apparue, la marque de son éphémère sourire encore visible au creux de son visage. Il s'approche du docteur, dissimulée jusque-là entre les membres du commando, la fixant de son œil vitreux, opaque à la lumière tamisée du souterrain, comme du valide, rapprochant enfin ses bras pour les poser sur ses épaules. Elle lui apparaît méconnaissable avec ses lunettes, ses cheveux longs attachés, sa tenue de camouflage bleu marine qui lui donneraient collectivement l'aspect d'une garagiste si un 9 mm ne se tenait pas en holster sous son épaule. Le sourire niais et le ton de voix associé lui permettent de comprendre instantanément qu'il n'a pas affaire à Carter. Les deux autres nomades temporels lui jettent un regard grave. Teal'c semble retenir une parole que Jackson interrompt.

– "Sam."

L'intéressée jette un coup d'œil alentour.

– "Colonel Carter ? reprend le général.
– Euh, juste docteur." sourit celle-ci, gênée, lentement.

Il se rappelle de leur rencontre à Cheyenne Mountain où les titres étaient inversés.

Non, c'est pas possible. Pas maintenant. J'étais si prête du but. Par pitié, pas ça.

– "Je suis morte ? parvient-t-elle enfin à articuler avec une voix cassée, l'œil légèrement humide.
– Portée disparue", corrige enfin le général dans un souffle. Depuis six mois."

Le général s'écarte. Il réfléchit un instant, le regard perdu au sol, et reprend :

– "Qui est l'officier supérieur ici ?
– C'est moi, répond Jack au garde à vous. Colonel Jonathan O'Neill, US Air Force, 20ème Escadron des Opérations Spéciales."

Jusque-là tout est normal, admet le général.

– Mon second est le major Charles Kawalsky, même affectation. Le major Anthony Altman dirige les Navy SEALs depuis la mort du colonel Sumner et le major Bruce Castleman dirige les Marines depuis la mort du colonel Everett, dit-il tandis que les trois hommes se mettaient également au garde-à-vous.

Le général contemple son ami disparu de longue date.

– "On va de surprise en surprise ce soir, commente-il. Jack, Charlie, Bruce, Anthony, mes hommes vont soigner les votres. Suivez-les, ordonne-t-il avant d'articuler en direction des miliciens encapuchonnés un dialecte étrange dont les soldats ne saisissent qu'un seul mot. "Khatep, Teal'c, conduisez tout ce petit monde dans les couloirs et trouvez-leur un endroit où soigner leurs blessés. Donnez-leur à boire."

L'ordre relayé, le commando Blacklight s'engouffre silencieusement dans les autres boyaux souterrains escorté par plusieurs rebelles égyptiens. Le général s'approche de Kawalsky qui détachait la bandoulière de son arme :

– "Au fait, bravo Charlie pour la private joke. On aurait pas fait confiance aux signaux radio qu'on reçoit sans ça. Ça faisait six mois que les Jaffas diffusent de faux appels sur nos fréquences en espérant ferrer le poisson.
– Qu'est-ce que vous voulez dire ?
– Comment vous croyez qu'on a détecté votre approche et qu'on est venu sauver vos fesses ?
– J'étais impatient de le savoir, à vrai dire... Attendez, vous nous avez entendu chanter ? réfléchit le major.
– Nous et toute la Vallée des rois sans doute.
– Et vous avez encore des radios qui marchent après cinq ans ?
– Elles ont été conçues pour les équipes SG par un contractant civil spécialisé sous un appel d'offre parfaitement anodin. Batteries solaires à 10,000 cycles de rechargement, matos haute durabilité, le même qu'utilisent les explorateurs en Antarctique. Ou les astronautes.
– Une private joke ? demande le Jackson du passé. Je ne l'ai pas encore entendue celle-là.
– C'était sans doute notre meilleure campagne ensemble, se souvient le général. C'était d'ailleurs la mission où j'avais travaillé avec le plus de branches des forces spéciales avant le programme Stargate.
– Et nous revoilà vingt ans plus tard, AFSOC, MARSOC, NAVSOC, répond Kawalsky.


24 décembre 1989, Panama City, 14h45, au-dessus des blocs de la ville

Les palmiers d'agitent, d'éphémères tornades de poussière se soulèvent. Bien vite, le ronronnement mécanique des hélices fouettant les airs. L'hélicoptère Blackhawk des forces spéciales survole les rues désertées de Panama City, quelques habitants jetant ici et là des regards depuis leurs abris. Les différents membres du commando héliporté ont la main tremblante sur la crosse de leur arme, à l'affût.

– "Je voyais ça plus épique, dit Kawalsky dans son micro, sur la fréquence de son équipe.
– Tu croyais qu'on allait occuper Moscou ou quoi ? répond Warren en remettant son casque audio.
– Non, c'est juste qu'on s'est pas encore mangé de RPG. A croire que c'est vraiment Noël.
– La journée est pas finie, et je te rappelle qu'on est l'hélico de tête. La flak sera pour nous, sourit Ferretti.
– Détendez-vous, les gars de la reco n'ont fait état d'aucune flak autour de l'ambassade, rassure le lieutenant-colonel O'Neill.
– Tu voulais de la musique comme dans Apocalypse Now ou quoi ?, demande Casey.

En réponse, Jack se met à fredonner. Les autres S.O. le regardent en souriant, puis un autre ajoute sa voix à la sienne, puis encore un autre. Bientôt même la pilote, Debra Mann, s'y met et diffuse sur toutes les fréquences la reprise de la Chevauchée des Walkyries. Jack, Charlie, Warren, Ferretti, tous se mettent à entonner le rythme, suivi peu-à-peu des autres hélicos qui filent à basse altitude pour se rapprocher du toit d'un bâtiment de quatre ou cinq étages surplombant l'avenue principale.

– "Allez les gars, bougez vos culs flasques de vos sièges, la journée n'est pas terminée, ordonne la pilote dans le micro, coupant court à la chanson entonnée entre les différents hélicos.

Jack pose un pied sur le toit suivi bientôt par ses hommes qui se déploient.

– "Le traineau du Père Noël s'est posé, c'est l'heure d'amener ses cadeaux à tonton Noriega !"

Le lendemain, fin d'après-midi.

Le contingent est adossé à un char léger arrêté sur la voie, un assemblage de fils de fer et de blocs de béton en guise de barrages routiers aux deux extrémités du périmètre. Sur la pelouse qui fait face aux bâtiments blancs cernés de palmiers de l'ambassade, on a posé un quatuor de haut-parleurs sur trépieds d'où résonne un fond musical permanant. Loin d'une scène de guerre, les hommes ont l'air de flâner, de discuter. On ne sent aucune tension. Certains n'ont ni leur casque ni leur fusil.
O'Neill, déjà affublé à l'époque d'une moustache à peine réglementaire et d'un tau de mélanine positif, ainsi que d'un maquillage de camouflage militaire, pose son casque et son M4 contre le Humvee de son unité, où on avait taggé "Merry Christmas", entre autres.

– "On a qu'à diffuser des chants de Noël aussi, non ? Propose-t-il en s'asseyant plus loin, où ses hommes discutaient avec d'autres membres des forces spéciales.
– Le but c'est d'emmerder les planqués de l'ambassade, pas de tuer nos hommes ! répond Casey, qui arborait à l'époque une coupe en brosse nette, rasée sur les côtés, révélant une ligne frontale triangulaire.
– Non par pitié, réplique Ferretti en tirant sur sa cigarette. La torture psychologique du hard rock c'est une chose, mais forcer Noriega à écouter des chants de Noël en boucle est un crime contre l'humanité. Même le NID hésiterait à faire ça !
– Le NID est un mythe, crétin, corrige le lieutenant-colonel Cromwell, des Navy SEALs, qui avait lui aussi plus de mélanine dans le cuir chevelu. Tu te doutes bien que si on avait des machines à antigravité magique on se crasherait pas en hélico de merde, rappelle-t-il en faisant allusion aux multiples incidents qui avaient émaillé la campagne éclair de la semaine passée au Panama.
– Je te jure que c'est un vrai truc, se défend Ferretti. Peut-être que c'est encore plus secret que nos propres opérations ou qu'ils ont aussi des problèmes techniques sur leurs OVNI je sais pas.
– Ben voyons, reprend Cromwell. Et peut-être qu'en fait Noriega est un petit gris en fuite sur Terre déguisé en humain, ou un reptilien je sais plus, et que Bush, qui est lui aussi un alien, veut lui faire la peau à cause de ça en invoquant un prétexte bidon.
– J'ai pas dit ça, mais je te dis que je connais des AFSOCs qui ont déjà bossé avec le NID sur des trucs hyper secrets. Et d'après l'un d'eux ils auraient commandité l'assassinat de Kennedy qui menaçait de tout balancer.
– T'es pas né le jour de sa mort déjà ?
– Si.
– Peut-être aussi que t'es sa réincarnation, répond Warren d'un aire grave. Une vieille de mon quartier à NOLA croyait à tout ça, elle nous faisait flipper. Elle nous disait qu'on se souvenait de nos vies antérieures, tu vois. Et peut-être que comme dans ta précédente vie tu vas découvrir les mystères de la Zone 51 et vouloir tout balancer à la TV. Et comme lui tu vas finir avec une balle magique qui va ricocher dans ton corps. Quelle tragédie : le lieutenant Louis Ferretti, 22 novembre 63-25 décembre 89, meurt d'une overdose de street food trop épicée une heure avant de dévoiler au monde entier les secrets d'Etat les mieux gardés !
– Fermez-là, rigole Ferretti en jetant sa casquette au sol. En plus elle est bonne leur bouffe, on devrait les envahir plus souvent.
– Je connais un bon resto coréen à Harrissonburg, mon père m'y emmenait après la chasse, répond Cromwell. Il avait du garder ça de son service militaire. Peut-être qu'on devrait les envahir une deuxième fois.
– Vous déconnez ou quoi ? La prochaine faudra envahir la France, répond Warren. Meilleure gastronomie, c'est écrit dans les Evangiles.
– Et toi, Jack, demande Cromwell ?
– Sur quoi ? demande le lieutenant-colonel perdu dans ses pensées.
– T'écoute pas ce qu'on dit ou quoi ? Pour rappel Ferretti pense que le gouvernement nous cache, même à nous, des vaisseaux aliens magiques, Warren croit à la réincarnation car une vieille folle lui a dit, Kawalsky croit qu'on aurait du attaquer le soir du nouvel an pour les surprendre en pleine ébriété, et Freeman pense que Bush est libertarien. Et là on faisait la liste des pays à envahir pour échapper au diabète.
– A oui.
– Tu pensais à Sarah, allez dis-le, sourit Kawalsky.
– On peut rien te cacher. Vous savez quoi, jeudi dernier, le 19, j'étais en plein concert des Rolling Stones à Atlantic City avec Sarah. On avait refourgué le gosse à la belle-famille. Premières vacances à deux, j'entend sans le gosse ni ses darons, depuis... je sais pas, depuis longtemps. Et là, le groupe démarre une reprise de Two thousand light years from home.
– Connaît pas, admet Cromwell.
– Du rock psyché ? s'enquiert Warren.
– C'est surtout sur ce morceau que j'ai embrassé Sarah pour la première fois en 72."

Des sifflements d'approbation s'élèvent dans la petite assemblée.

– "Le 4 juillet, reprend-il les yeux fixés sur le ciel où les nuages du soir tiraient durant un instant fugace vers tout le kaléidoscope crépusculaire, avant la nuit noire. Ça tournait sur la radio dans la voiture que j'avais emprunté sans lui dire à mon vieux, quand on a commencé à se galocher sur un parking. Avec les feux d'artifice dans le ciel. C'était le jour avant mon premier déploiement au Vietnam. Et là, dix sept ans après, je revis ce moment magique. C'était comme dans nos souvenirs. Au concert j'ai vu un truc que j'ai jamais vu avant. On nous a filé des espèces de lunettes en carton, vous savez comme pour regarder les éclipses. Un bidule plus encombrant que des lunettes de visée nocturne. Et bin on pouvait voir le spectacle de loin en trois dimensions, on avait l'impression de subir les effets psyché de la chanson.
– Un truc en 3d ? C'est possible ça ? s'étonne Ferretti.
– Sans doute de la technologie alien volée, répond gravement Cromwell.
– Faut croire. Enfin bref on avait ces lunettes ridicules impossibles à porter et on essayait tant bien que mal de s'embrasser. Et environ trente ou quarante putains de secondes après le début, je dois me casser en vitesse et la laisser en plan quand on m'a rappelé en urgence. J'ai fini la soirée dans un hélico avec d'autres types en train de dégriser et qui avaient cru bon de prendre une permission en pleine crise de Panama.
– Oh, dur ! souffle Warren.
– T'as signé pour ça, rappelle Cromwell en lui tendant une bouteille d'alcool obtenue de façon douteuse sur place. Bois ça, ça te remontera le moral.
– Sans façon, merci.
– T'es Irlandais comme je suis Rosbeef en fait, sourit le Navy SEAL.
– On vient pas tous d'un pays d'ivrognes, tu sais ? riposte le parachutiste sur un ton détendu.
– Surveille ton langage, l'Irlandais, lui répond le plongeur, si tu continues d'insulter celui qui te donne les bons trucs, autre que la street food locale et les rations de l'Oncle Sam, tu risques de finir par crever la dalle.
– ça me fera enfin un point commun avec mes ancêtres Irlandais.
– L'armée c'est pas un pique-nique hein ! lance Ferretti en désignant l'assemblage hétéroclite de forces spéciales étendu sur la grande pelouse et occupé à s'improviser un repas de Noël.

A quelques pas dans la même avenue occupée, une colonne de soldats faisait la navette avec un stand de street food tenu par l'un des seuls panaméens ravis d'avoir été envahi et de retrouver une clientèle au milieu du chaos. C'était visiblement l'un des rares véhicules que la division blindée avait jugé bon de ne pas passer sous ses chenilles pour s'amuser.

– "Tu sais ce que ça veut dire, "USMC" ? demande Freeman.
– United States of Merry Christmas ? répond Cromwell.
– Université de Science de Musique et de Culture, répond Kawalsky l'index levé avant de compter sur ces doigts : on parle de Science avec la grand-mère de Warren, de Musique avec les Rolling Stones et Wagner et de Culture avec les délires conpis de Ferretti.
– Tu oublies les revues licencieuses de Cromwell, sourit Warren.
– Je suis loin du foyer pendant des jours, ça ce comprend non ? répond le Navy SEAL. Mais attendez, Wagner... les fous qui ont commencé à chanter Apocalypse Now sur la fréquence radio générale c'était vous ? demande Cromwell avant de s'esclaffer dans un rire ventral. C'est vraiment n'importe quoi cette campagne militaire !
– Attendez, j'ai une idée pour la rendre encore meilleure, dit Kawalsky le sourire au lèvre en tirant une dernière fois sur sa cigarette avant de jeter son mégot et de se lever pour rejoindre l'officier qui tenait la radio diffusée sur haut-parleurs.

Quelques instants minutes plus tard il devait avoir trouvé une station de radio captée jusqu'au Panama qui relayait en diféré le concert des Rolling Stones auquel son supérieur avait assisté ou obtenu un album trouvé (ramassé dans une boutique abandonnée) sur place car Jack reconnu aussitôt la mélodie anarchique d'abord inquiétante des accords de guitare suivi bien vite du rythme rock et psychédélique plus rassurant qui rappelait à ceux qui l'avaient connu la fièvre des années 60. Le marchand de street food, les militaires issus de toutes les branches de l'armée pour certains affublés d'un bonnet de père Noël lui aussi obtenu de façon irrégulière, le personnel de l'ambassade priant la Vierge Marie que les combats cessent et que la paix de Dieu revienne, le président déchu réfugié à l'intérieur, les opérateurs de SouthCom qui surveillaient les canaux depuis des avions ou des navires au large, tous furent bercés cette nuit-là par les Rolling Stones.



17 mars 2995, Vallée des Rois, sous-sols du village de Néphren

Les deux SG-1, ainsi que plusieurs rebelles égyptiens, sont à présent rassemblés autour d'un assemblage de coffres en bois grossier recouvert d'une toile en guise de tables, où plane une carte de l'Egypte. La lueur vacillante des flambeaux éclaire une pièce elle aussi très basse reliant d'autres couloirs exigus. Les anciens occupants du sous-marin retrouvent la promiscuité et la chaleur étouffante mais étonnement rassurante de leur précédente base d'opération.

– "Vous pouvez contacter l'Alabama ? demande le général.
– Le capitaine Strickland a ordonné de garder un profil radio silencieux pour la mission, rappelle Kawalsky. On avait peur que les Goa'ulds détectent nos signaux radio. D'ailleurs j'ai fait sanctionner le soldat qui a diffusé par accident la chanson.
– Inutile, Charlie. C'était un heureux accident. Sans ça je n'aurais pas reconnu que c'était vraiment vous. A quelle distance se trouve l'Alabama ?
– Le capitaine a mis le cap sur le Golfe d'Aden. Compte tenu de leur vitesse, ils devraient être à moins de mille kilomètres dans quarante-huit heures.
– Qu'est-ce qu'il s'est passé sur Chulak ?
– Un fiasco. Mon général. Afin d'aller chercher Teal'c, vous nous avez donné les coordonnées de la porte de Chulak ainsi qu'un moyen de craquer la fréquence de l'iris à énergie de leur porte. A partir du moment où on a réussi à entrer les coordonnées, il a fallu moins d'une semaine à un technicien appelé Norman, ou Walter, ou Davis... j'ai oublié son nom mais il a utilisé les infos lacunaires de... Teal'c, répond-il intimidé par le locuteur silencieux de la réunion, pour désactiver leur iris. Confiant dans ses premiers progrès, Kinsey a autorisé USSOCOM et un truc appelé le NID à mener une opération en espérant obtenir des renseignements sur leur technologie. Nous avons utilisé le système de camouflage de l'Exonef comme prescrit également dans la vidéo...
– L'Exonef ?
– Oui, le vaisseau quoi.
– Jumper, corrige le général.
– Le Chief of Staff n'appréciait pas le nom. Donc McKay a proposé Exonef.
– Poursuivez
– Nous avons mené l'opération de nuit. J'ai scanné la zone pendant une heure au-dessus de la ville et des environs et j'ai finalement posé l'Ex... le Jumper dans la forêt. Le major Kawalsky et moi-même avons mené une escouade des forces spéciales en camouflage nocturne mais on a été capturés. Je sais pas comment c'est possible mais ils devaient avoir des troupes embusquées impossibles à distinguer de la faune locale, sans doute.
– Comme celles qui vont ont attaqué tout à l'heure." intervient Teal'c pour la première fois. C'est une sorte de manteau qui camoufle son porteur à condition de rester immobile. Le jaffa qui le porte diminue ses battements de cœur et sa chaleur corporel en se mettant en kel'no'reem. C'est une très vieille technique de chasse appliquée au combat militaire.
– ça aurait été sympa de l'inclure dans la vidéo, ça aussi, proteste Altman.
– Lors de ma commission de Primat, une telle procédure était jugée inutile du fait du manque de menaces et de la pax galactica sous l'empereur Râ.
– S'ils n'ont pas ouvert la porte en 94, alors Râ doit être encore en vie chez eux aussi, rappelle le Jackson original.
– Et Sokar, ajoute Teal'c.
– Et Anubis, ajoute O'Neill.
– Si Apophis mettait des chasseurs furtifs en faction sur Chulak et s'il a dépêché une flotte vers la Terre malgré son manque d'importance stratégique, c'est qu'il était persuadé d'y trouver un renseignement ou une arme capable de lui faire gagner la guerre contre les autres Grands Maîtres, reprend Teal'c. S'il a sondé vos esprits avec son kara-kesh, dit-il cette fois en direction de l'équipe du futur, c'est qu'il a pu obtenir des renseignements sur vous. Mais je me demande bien ce que ça pouvait être si vous n'avez pas découvert l'avant-poste en Antarctique.
– Le quoi ? S'étonne Carter.
– Rien du tout, ignore le général. Je pense que la seule arme qu'il a trouvé était le Jumper lui-même. Remonter le temps c'est la stratégie gagnante à tous les coups. C'est pour ça qu'il a choisi de quitter la relative sécurité de sa capitale et de mobiliser un bon tiers de son armée pour retrouver une planète perdue qu'ils avaient oublié pour une bonne raison.
– C'est exact, intervient le Jackson du futur. Leur Teal'c m'a capturé lorsqu'il a abordé l'Alabama et voulait m'exfiltrer avec le Jumper. Bien sûr je n'ai rien dit au sujet du gène spécial du colonel pour le retarder.
– Reprenez, demande le général au colonel.
– Et bien ils nous ont capturé, et coffré dans des geôles. On a essayé de convaincre l'autre mais il nous a promis une exécution douloureuse malgré les images de la caméra qu'on lui a montré. Finalement on a réussi à s'enfuir de justesse...


Terre, SGC, Cheyenne Mountain, 3 semaines plus tôt

L'Exonef émerge du vortex sous les tirs de plasma des planeurs jaffas qui décollent des pans entiers de béton sur le mur d'en face. Derrière lui, le vortex semble se refermer grâce à un assemblage de dents de métal courbées.

– "Qu'est-ce que c'est ça ? demande Carter en émergeant de la rampe qui s'abaisse.
– C'est l'iris sur laquelle l'équipe du docteur McKay travaille depuis plusieurs semaines. Titanium pur", affirme le général Hammond.

Le général Hammond se tourne vers O'Neill.

– "Colonel, au rapport ? Où est Teal'c ? Où est le reste de votre escouade ?"

Le colonel émerge à son tour de la cabine du Jumper en retirant sa cagoule d'un geste.

– "Capturés ou tués en action, mon général. On a deux morts et deux blessés. Les Jaffas nous attendaient. On a eu de la chance de s'enfuir.
– Comment c'est possible ? Les renseignements de la caméra vidéo étaient claires, se plaint Barrett. Comment vous avez fait pour foirer un coup pareil ? On vient de perdre quatre cent ans d'avance technologique avec votre fiasco !"

Les yeux du colonel s'ouvrent grand. Il retient son souffle avant de décocher une mandale monumentale à l'agent des renseignements qui s'effondre. Plusieurs des gardes en faction du général Hammond ainsi que Ferretti et Kawalsky s'interposent et séparent les deux.

– Calme-toi bordel, calme-toi ! lui intime Kawalsky en l'agrippant par le col de sa tenue furtive noire. Ça fera pas revenir les autres.
– Transférez-les à infirmerie ! ordonne le général tandis que le colonel et ses hommes sont escortés vers l'une des portes de service par ses propres gardes en tenue vert standard. Le Secrétaire de la Défense aura une entrevue avec vous demain matin."

Le général observe Barrett, redressé par deux de ses gardes-du-corps, sans lui tendre la main.

– "Allez mettre un peu de glace et rejoignez le bureau du NORAD. Zeus veut un rapport immédiat."


Le lendemain, salle d'interrogatoire du niveau 16.

– "Mais on doit remettre les choses à l'endroit, abonde Carter. C'est la seule manière d'éviter ce qui va arriver.
– Pourquoi exactement ? Demande le Secrétaire d'Etat à Défense.
– J'y ait bien réfléchit. Si on utilisait le contracteur espace-temps intégré dans l'Exonef...
– La machine temporelle ?
– Oui monsieur. Si on pouvait l'utiliser, on pourrait remonter le temps pour secourir SG-1 comme ils l'avaient prévu. On pourrait prévenir cette attaque.
– Personne n'autorisera une telle mission, tranche Landry en buvant une gorgée de son café.
– Monsieur, commence Jackson. Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce qu'il va arriver si on n'effectue pas cette mission pour remettre les choses telles qu'elles sont censé être.
– Censé être est très relatif, docteur Jackson.
– Vous avez vu la cassette ? demande Carter.
– Evidemment.
– Alors vous savez : les civilisations qu'on a rencontré, les technologies qu'on a acquises. Le fait que cette caméra soit en avance de quinze ans sur notre propre matériel démontre que les technologies développées ne sont pas restées confinées au programme, et qu'elles ont ruisselé dans le domaine public, comme la NASA le fait depuis près de 40 ans avec ses brevets. Et c'est ça le SGC : une NASA spécialisée dans la rétro-ingénierie de civilisations avec des siècles d'avance technologique. Imaginez toutes les possibilités, j'ai commencé à lister des pistes de réflexion dans ma partie du rapport de mission si vous prenez la page...
– Le Cabinet et l'état-major pensent pour l'instant à fermer la porte, affirme Landry. Ils estiment d'une part que l'Exonef est un atout déjà suffisamment précieux pour être étudié en rétro-ingé et que le fiasco de l'Opération Nightcall a trop refroidi leurs ardeurs. De plus, s'il est vraiment plus avancé que ce que vous avez vu sur Chulak, selon votre rapport, page 15, il sera amplement suffisant pour la défense planétaire : des boucliers imperméables aux armes à énergie dirigée, une capacité d'insertion et de renseignements jusqu'en orbite voire en espace profond, des armes capables de percer les défenses ennemies, un camouflage radar complet... Vraiment j'ai du mal à voir ce que ces Jaffas ont à offrir de mieux, réplique Landry en reposant le rapport de mission.
– Monsieur, vous ne semblait pas comprendre. Les Goa'ulds savent déjà qui nous sommes, ils ne tarderont pas à nous retrouver", réplique Jackson.

S'ils ferment le chappa'ai, qu'ils l'enterrent et qu'ils isolent l'Exonef dans un de leurs bunkers, je suis dans la merde. Il me sera impossible de m'infiltrer aussi loin à moins d'infecter ce Kinsey lui-même et j'aurais du mal sachant qu'il est en permanence protégé par sa sécurité personnelle. Et Apophis arrive dans trois semaines. Une fois ma mission terminée, je serais sans doute exécuter à cause de mes connaissances sur un atout de ce niveau. Nerthys et Apophis ne voudront aucun concurrent. Je dois garder mon calme et tirer mon épingle du jeu tant que je le peux encore. C'est peut-être ma dernière occasion.

– "Il dit vrai, intervient Jack. Ils disposent aussi de vaisseaux spatiaux.
– A oui, le fameux Aménophis et sa flotte d'"OVNI égyptiens" !
– Vous pensez qu'on a inventé cet antagoniste pour justifier la mission ? sourit Jackson.
– Ce sont vos propres mots, sourit Landry.
– Et Kawalsky et les autres mentent, aussi ? demande le colonel.
– Pas nécessairement. Mais le seul à avoir directement communiqué avec cet alien est vous, docteur Jackson. Et le seul a avoir détecté sa flotte en orbite c'est vous, colonel O'Neill. Comprenez que nous ne prenions pas la parole d'un parias de la communauté archéologique expert en théories du complot et d'un ancien militaire alcoolique avec des pouvoirs télépathiques à sens unique au sérieux qui s'impose.
– Mais nous avons une responsabilité, à l'égard de SG-1, à l'égard du monde tel qu'il est censé être ! s'insurge Jackson
– Et de quel droit ?! Pour qui vous vous prenez ?! En admettant que la mission réussisse, ce qui n'est visiblement pas le cas de la première, les événements des dix dernières années en seraient transformées ! La vie de millions de gens serait totalement différente. Qui vous a donné autorité pour prendre ce genre de décisions ? J'avais bien dit au Président que vous montrer la vidéo était une erreur monumentale et que cette affaire allait vous monter à la tête. Vous serez séparés à travers le monde...
– Pitié, ne faîtes pas ça, plaide Carter.
– ...La porte sera enterrée en attendant de mettre en place une stratégie qui ne soit pas le fiasco de tout-à-l 'heure. Et plus personne n'entendra plus parler de cette histoire.

Chier ! Là je suis mort. Surtout si Apophis et Nerthys s'en emparent avant moi. Je dois réagir vite.

Le docteur Jackson se met à rire, attirant sur lui tous les regards.

– "Vous croyez que ça va être aussi simple ?
– Oui, je le crois.
– Ils ont scanné mon esprit, général. Ils savent qui nous sommes. Ils savent que nous avons survécu et prospéré. Ils connaissent l'adresse de la Terre ou ne tarderont pas à la recalculer. En autorisant cette mission vous avez mis un pied dans la fourmilière. Si nous n'agissons pas maintenant, il sera trop tard.
– Docteur Jackson, je crois que vous inventez cette histoire pour accomplir vos rêves de grandeur et vous venger de ceux qui ont fait de vous un parias. Je vais être clair car cette histoire semble vous avoir aveuglé : vous n'êtes pas les personnes de la vidéo. Vous ne les serez jamais.

Heureusement que j'ai directement tapé les coordonnées du chappa'ai de la Tau'ri lorsqu'on a fuit sans qu'il ne se doutent des conséquences. Cette escapade faussement accidentelle c'est bien déroulée jusqu'à présent. Si on a pu faire gober à ces crétins de Tau'ri qu'ils étaient en mesure de s'échapper d'une prison de haute sécurité goa'uld et s'en sortir indemnes avec la garde prétorienne sur le cul, je vais pouvoir leur faire gober tout et n'importe quoi à condition qu'ils puissent corroborer mes salades.

– "On a utilisé directement la porte de la Terre pour rentrer sans passer par une autre par manque de coordonnées valides, rappelle le docteur. Comme Carter a du vous le dire, recalculer une adresse à cause des derniers millénaires de dérive stellaire aurait pris des mois, nous étions face à une situation impossible de laisser l'Exonef entre les mains de l'ennemi ou rentrer avec. Mais même si la porte est enterrée de notre côté et qu'ils ont oublié où elle était, ils pourront recalculer la position de la Terre comme je l'ai fait pour Chulak avec le docteur Carter en me basant sur le principe géométrique des coordonnées. Ce ne sont pas des symboles, ce sont des constellations. Et croyez-moi, s'ils sont capables de naviguer à des échelles interstellaires, leur carte du ciel est plus à jour que la notre !
– Il dit vrai, ajoute Carter. On vous a forcément briefé sur le système de coordonnées.
– Eh bien nous les attendront. Qu'ils viennent !
– ça ne va pas être aussi simple, répond Jack. Leur infanterie était dure à cuir. On les a pas entendu quand ils sont sortis de la forêt, je n'ai rien détecté sur les capteurs de l'Exonef quand j'ai scanné les environs avant de déployer mes hommes, et quand on a fuit on a échangé quelques tirs. Ferretti et Warren ont du vider un chargeur entier de SCAR chacun pour en avoir un seul. Et encore on ne sait même pas s'il est mort. Les seuls qu'on a réussi à éliminer facilement étaient des miliciens humains sans armure.
– Je sais tout ça, j'ai lu le rapport.
– Donc vous savez qu'ils sont inexorables, non ? s'insurge le docteur Carter.
– Vous vous en êtes plutôt bien sorti non ?" réplique Landry avec un sourire avant de boire à sa tasse.

Merde ils vont comprendre, estime Tanith. S'ils comprennent qu'Apophis les a délibérément laissé fuir jusqu'ici je suis cuit.

– "De justesse, oui, sourit le colonel.
– Et grâce à l'Exonef qui est elle-même plus avancée que leur propre technologie", rappelle Carter.
– Cette même technologie qui est désormais entre nos mains, riposte calmement Landry.

Bon, je dois attaquer sous un autre angle et me faire entendre.

– "Parmi toutes les théories du complot dont je suis "l'expert", commence calmement Jackson, mains croisées avec un faux sourire gêné, je suppose que l'Oncle Sam ne dispose pas d'une flotte antigravité secrète ? Le programme Solar Warden, les foo fighters, ce genre de trucs ? Et que vos missiles, s'ils sont capables de raser dix fois la Russie, ne sont pas capables d'aller très loin en orbite ni de passer des boucliers ?
– Est-il seulement possible de répondre à ça ? souffle Landry avec une moue d'exaspération, les yeux au ciel, soufflant sur son café.
– Si vous avez l'air si confiants c'est probablement que vous devez avoir un système de défense pour nous protéger, non ? Car la seule technologie assez avancée que je vois pour le faire... c'est l'Exonef. Or l'équipe de McKay n'a – de son propre aveu – "jamais rien vu de tel". Donc je suppose qu'en cas d'attaque c'est votre atout principal. Le problème c'est que vous ne pouvez pas l'utiliser sans le colonel ici présent. Je dois par conséquent en déduire que malgré le récit qui consiste à le faire passer pour le coupable idéal du fiasco, le colonel O'Neill a signé un accord séparé du nôtre. Ou alors vous lui avait déjà trouvé un remplaçant ?"

Landry ne répond pas, le visage figé au-dessus de son café.

Cette fois je te tiens. Mon hôte est un des pires orateurs possible mais cette fois je ne dois pas laisser ma proie m'échapper si prêt du but, même si ma couverture peut tomber. Et la caméra qu'ils ont installé dans la pièce doit tout filmer, donc cette scène sera retransmise jusqu'aux sphères de décision. Si aucun rapport écrit ne pourra les convaincre, peut-être qu'une tirade le fera. Nerthys avait raison, la manipulation est un art, et il est grisant.

– "Pas encore ? reprend Jackson en fixant Landry, un sourire carnassier à la bouche. Le gène dont le colonel dispose doit être excessivement rare, alors, surtout s'il descend d'une civilisation qui a disparu il y a combien de temps déjà ? demande-t-il faussement en se tournant vers Carter. Dix mille ans, si on en croit la datation de la glace autour de la porte d'Antarctique ? En dix mille ans, les chances qu'un gène se soit trop diluer pour permettre d'établir une interface entre un individu censé avoir ce gène et l'ordinateur télépathique de l'Exonef sont... astronomiques. Ce serait con de passer à côté d'une telle technologie en se privant du colonel. D'après le docteur McKay toutes les tentatives de passer par un ordinateur, sans intermédiaire doté du gène, ont lamentablement échouées. Et même en le faisant tester à tous vos hommes, ce que vous êtes sûrement déjà en train de faire, aussitôt que nous sommes rentrés, vous n'en trouverez aucun d'assez compatible avant le temps imparti, encore moins un militaire habitué aux opérations spéciales, avec des compétences de pilote, déjà briefé sur la question et ayant déjà manié cet engin en situation réelle, énumère-t-il sur ses doigts. Qui plus est, vous aurez besoin du docteur Carter, s'il est question de le désosser pour l'étudier, ça ou les épaves de vaisseaux que vous comptez faire péter ou aborder en orbite. Le tout grâce à votre stratégie de premier de la classe écrite par les gominés en costard du NID qui ont visiblement l'art de confondre rêve humide et réalité irritante, puisque je me dois de rappeler que l'Opération Nightcall sur Chulak a été planifiée par ces gentlemen, le fiasco leur est donc imputable. L'escouade du colonel O'Neill n'a fait qu'exécuter le plan de ces mêmes stratèges qui s'apprêtent à préparer la défense de la Terre. Car malgré votre calme apparent, monsieur Landry, dit-t-il en se levant pour taper du doigt sur le rapport, Je doute fort que vous ignoriez la partie de notre rapport qui stipule qu'une attaque est imminente et n'ayez rien prévu en cas d'attaque. Et j'imagine que les logiciels goa'uls ne sont pas codés en binaire et les données en anglais. Et même avec un bon traducteur, je doute que vous soyez en mesure de reconstituer leur langage assez vite... sans moi, le fameux "théoricien du complot" au ban de la communauté scientifique, mais dont le NID a tout de même jugé les compétences assez vitales pour le déployer sur une mission de reconnaissance à titre d'interprète. Car ce serait bête de pas savoir lire une langue capable de vous donner les clefs d'une technologie qui écrase la notre par un facteur de quelques siècles, hein ? Sans oublier que contrairement aux ingénieurs de l'Exonef, ceux des technologies goa'ulds sont encore en vie et le fait que les technologies goa'ulds soient moins avancées faciliterait considérablement un travail de rétro-ingé. Sinon jamais le NID n'aurait planifié une telle mission tout en prétendant que l'Exonef est déjà suffisante. Donc vous savez très bien que l'Exonef à elle seule est trop avancée et qu'elle est trop difficile à déchiffrer pour servir de base solide à un tel projet de rétro-ingé, a fortiori dans le temps imparti. D'ailleurs, je me demande bien comment marchera votre stratégie brillante quand les Goa'ulds enverront des renforts. Parce qu'ils en enverront, monsieur Landry. Je vais désormais vous rappelez mes compétences d'anthropologue de terrain, car traduire ce n'est pas transposer du sens, c'est avant tout comprendre une culture : vous venez d'humilier et de provoquer une caste qui pose en panthéon dans tout l'univers depuis cent siècles en faisant apparaître, devant leurs propres fidèles, une technologie qui les dépasse eux-mêmes. Combien de temps avant que leurs fidèles ne commencent à douter de leurs dieux si une magie plus avancée les défie, en pleine lumière ? La Terre représente désormais une menace d'ordre théocratique et technologique pour Apophis, et si vous repoussez, si vos stratèges ne se trompent pas, cette fois, la première vague, il y en aura d'autres et tous les Goa'ulds voudront bientôt leur part du gâteau sur l'Exonef. Ce ne sera pas une flottille mais une croisade qui va déferler. Et aussi avancés que soient les êtres qui ont conçu l'Exonef, je doute que le différentiel technologique joue éternellement en votre faveur quand ils vous écraseront par le nombre et que vous serez à court de ces missiles fantastiques dont dispose l'Exonef. Car vous n'avez pas encore été en mesure de comprendre leur fonctionnement, à ces missiles, n'est-ce pas ? Et étant donné que l'Exonef est composé d'un matériau inconnu sur Terre, je doute que vos plus grandes équipes d'ingénieurs, qui doivent déjà être à l'œuvre sur le coup, qui le sont déjà, je corrige, parviennent à répliquer le principe derrière cette technologie si avancée et si cruciale pour votre stratégie, surtout en l'espace d'un ou deux mois.

Landry se tient toujours figé. Son café doit être froid. O'Neill et Carter n'auraient pas paru autant surpris s'ils n'avaient pas côtoyé jusque-là un universitaire à lunettes gaffeur et timide. Il a réussit à appuyer sur chaque mot, effet de manche à l'appui. Est-il si bon acteur où la mission l'aurait-elle changé à ce point ?

Et maintenant, l'estocade.

– "Enfin, monsieur Landry, je me dois de vous faire remarquer une chose que vous semblez avoir comprise à l'envers, puisque vous avez bien appuyé les négations, tout à l'heure, comme quoi nous n'étions pas SG-1. Mais vous est-il venu à l'esprit, un instant, que si vous n'avez pas trouvé de remplaçant ni pour le colonel O'Neill ni pour le docteur Carter ni pour moi, ce n'est pas tant que le temps qu'il vous reste avant l'arrivée de l'armada imaginaire que nous avons tous halluciné ne fonde comme neige au soleil, mais que ce sont nos compétences propres qui ont fait que nous étions déjà, en premier lieu, dans la réalité de la caméra, l'équipe-étendard de l'Air Force capable de mener précisément ce genre d'opérations et que nous avions tenu en haleine toutes les menaces, à commencer par cet Apophis qui n'est chez eux qu'un lointain souvenir, pendant plus d'une décennie, au point même où leur Teal'c admet que les Goa'ulds ont été vaincu et que la Terre en a émergé comme une puissance dominante ? Et vous voudriez nous faire croire que vous allez vous en sortir tous seuls comme des grands ?

Il se rassied.

– "Et bien moi, j'irais mettre ma chaise longue sur la montagne d'en face, je regarderais le feu d'artifice et je vous dit bonne chance."

Je t'ai eu, gros lard.


Vallée des rois, Ha'tak de Râ, Salle de résurrection


Il se réveille. Un mauvais rêve ? Il a voyagé entre les réalités oniriques pendant plusieurs heures, mais il reconnaît le monde réel.
A la seule force de ses deux bras, il émerge de la cabine posée à la verticale et finement ouvragée, nimbé des vapeurs émanant du système de refroidissement. L'intense lueur des plaques radioactives matelassant l'intérieur de la cabine s'éteignent peu-à-peu. Pendant plusieurs heures, ses rayons ont irradié le corps du patient pour faire croître ses cellules comme une lampe à ultraviolets répare une plante, et détruisant toutes cellules mortes ou cancéreuses avec la précision d'un scalpel. Ce n'est pas son premier cycle à l'intérieur du Sarcophage.
Face à lui, la vizir des affaires militaires, Bastet, contemple son anatomie avant qu'il ne se rhabille.

– "Pharaon est en colère", sourit-elle.

Il reste laconique.

– "Tu les as encore laissé s'échapper.
– Il était là.
– Lequel ?
– Celui qui appelle sans cesse la prisonnière sur son système radio. Celui qui a agité les masses dans la ville d'Abydos l'an dernier.
– C'est donc la deuxième fois que le laisse s'échapper ? Je vais avoir du mal à défendre ta cause auprès de l'Empereur, cette fois.
– Me soupçonneriez-vous de trahison ou d'incompétence ?
– J'ignore laquelle des deux te vaudra le châtiment suprême.
– Ce n'était ni l'une ni l'autre. J'ai tout anticipé au cas où ils s'échappaient. J'ai accroché un scarabée sur l'un des fuyards."

Si Matayus n'occupait, à l'instar de son peuple, aucun poste en rapport avec la science et l'ingénierie, et qu'il n'était pas capable de réellement comprendre le fonctionnement de la techno-sorcellerie divine, il connaissait ses effets perçus. Les scarabées étaient des drones mécaniques de petite dimension capables de s'accrocher à n'importe quelle surface et d'envoyer à des intervalles très précis des signaux radios seulement détectables par ses propriétaires. Il savait juste qu'une fois une cible visée par la machine insectoïde, elle ne lui échapperait plus, furtive ou pas.

– "Depuis le Soulèvement d'Abydos, j'ai une réputation à laver, un honneur à retrouver. Je suis le Primat de l'Empereur, mon nom est craint dans le cosmos. J'ai conquis des centaines de mondes, j'ai repoussé les Ree'tus et écrasé des rébellions. Mais avoir échoué à capturer trois individus lors d'un simple soulèvement de ville locale semble avoir terni mon image auprès de l'Empereur. J'ignore réellement pourquoi Pharaon s'intéresse de si près à ces individus en particulier. J'ai déjà vu des hérétiques et des infidèles. J'ai déjà vu des sorcelleries concurrentes. Ceux-là n'avaient ni l'un ni l'autre. Et malgré la capture de la femelle, l'Empereur demeure insatisfait.
– Je sais, sourit la déesse. Tu es un Jaffa, tu ne peux pas saisir les plans des dieux, souffle-t-elle en caressant son visage pendant quelques instants. Si tu échoues une nouvelle fois, je t'exécuterais personnellement."


17 février 2995 av JC, Vallée des rois, sous-sol du village de Néphren

– "Sans l'aide du docteur Jackson, l'Air Force nous aurait écarté du projet ou la stratégie aurait trop tardée pour être mise en place, affirme Carter. McKay et nos équipes ont travaillé d'arrache-pied selon un calendrier serré qui a également nécessité que les Russes nous donnent un de leur réacteur nucléaire pressurisé. On a du démonter une partie des cloisons internes de la salle des machines pour le faire rentrer, et McKay a du construire un système d'arrimage à partir de rien pour connecter l'Exonef au sous-marin. Toute cette opération repose sur de la chance et du travail d'orfèvre, mais je pense que ce qui nous a vraiment sauvé d'un désastre, c'est l'intervention de Daniel face aux autorités."

L'intéressé sourit bêtement.

– "Désolé d'avoir à vous demander de revenir sur les années passées ici, mon général, mais...
– Je vais y venir. Quand on a compris que les secours ne viendraient pas, on a décidé d'intervenir nous-mêmes et de monter un plan de soulèvement à partir de nos connaissances. On sait que la rébellion a concerné une ville appelée Abydos située au sud, en amont du Nil...

Avant même de commencer son récit sur le fiasco d'Abydos, un souvenir plus lointain et presque aussi douloureux vient parasiter son esprit.


28 août 2996 av JC, 22h12 heure locale, à cent kilomètres à l'est de Gizeh ; versant ouest du Golfe de Suez

– "S'ils devaient venir ils auraient déjà du, mon colonel. Ils auraient même du arriver avant nous. De toute évidence cette cassette n'est pas arrivée jusqu'à eux.
– Alors pas d'inquiétude, lieutenant-colonel", lui répond son supérieur.

Un instant, un nuage voile leur face avant de réapparaître, au clair de la pleine lune, dévoilant également leurs corps dévêtus sur la page estival d'une Egypte nocturne, le sable réchauffé par la chaleur accumulé durant la journée. Allongés sur le sable, ils observent le firmament brillant, immaculé des lumières de leur époque qui contrariaient leur passion commune pour l'astronomie. En travers du ciel, une concentration d'étoiles lointaines révèle un bras de la Voie lactée qui se perd à l'horizon marin. Le son paisible des vagues s'écrasant doucement sur le rivage berce leur escapade mentale. Comme un feu de camp de nocturne en hiver, leur regard est aimanté par ce ciel sans fond, ce ciel qu'ils sont exploré pendant plus de dix ans. Le vent marin continu d'apporter la chaleur résiduelle de la journée, là où le désert était déjà plus froid. Un paradis perdu dans l'espace et le temps.

– "On pourrait rester ici. propose soudain Carter sans détacher ses yeux du plafond céleste.
– Carter ? s'étonne le général en se tournant vers elle.
– A quoi bon essayer de rentrer au bercail ? Numéro 8 est morte, elle et son armée de réplicateurs. Anubis a été neutralisé par Oma. Jackson est revenu à la vie. Les Jaffas se sont soulevé et ont formé un état autonome. Nous avons mis la main sur la technologie anquieta. Je pense que nous avons fait notre part, Jack, se risque-t-elle. Je pense que nous ne devons plus rien à la Terre.
– Nous avons prêté serment.
– Nous avons été relevés, Jack, dit-elle en se tournant à son tour vers lui. Personne ne viendra nous chercher à présent. Ils ne nous trouveront pas. Dans le futur ils nous croient morts. Nous sommes enfin libres. N'avez-vous jamais rêvé que ce jour arrivât, Jack ?
– C'est vrai, Carter. Peut-être qu'échouer dans ce paradis perdu était notre destin. Peut-être que ce sont les Anciens et toute leur clique de Jedi fantômes qui ont manigancé cette escapade tropicale pour nous remercier du sale boulot qu'on fera à leur place dans le futur.
– Ce n'est pas tout, sourit-elle.
– Qu'y'a-t-il Carter ?

Elle se rapproche de lui et lui murmure quelque chose à l'oreille.

Soudain, au large de la plage, l'eau se met à bouillir. Les deux amants tournent leur attention vers ces étranges tourbillons. Le général se lève en urgence et cherche son arme parmi la pile de vêtements jetés nonchalamment sur le sol, avant de lancer son Beretta à celle qui avait pendant quelques heures cessé d'être sa subordonnée.


12 septembre 2996, 9h17, Cité d'Abydos, Terre

– "Ici Solo, ils ont bien plus de planeurs que la dernière fois.
– Combien ?
– Au moins une douzaine. Et je vois des véhicules antigravs. Des transports de troupes.
– Chewy, une idée des assaillants ?
– En règle générale c'est la milice qui intervient dans les villes locales, affirme le jaffa sur le même canal radio. Mais elles sont automotorisées. Si le gouverneur local envoie des antigravs, c'est la légion, pas la milice.
– Donc on peut s'attendre à combien de jaffas ? Une cinquantaine ?
– Plutôt deux cent. En plus des trois mille miliciens locaux. Et avec de l'appui-feu mobile.
– Qu'est-ce qu'on fait, Luke, on annule ? demande la voix de Carter sur la même fréquence.

Le général coupe sa radio et réfléchit un instant. La milice citadine avait ralliée SG-1 lorsqu'ils avaient assisté à l'exécution des gardes protégeant le convoi du collecteur d'impôt. En possession de nouvelles lances, ils avaient pu armé idéologiquement et matériellement plus d'alliés, et ils pouvaient compter sur l'aide des habitants pour résister. Jusque-là le plan se déroule sans accroc.

On peut pas s'arrêtez-là. Le soulèvement a eu lieu. Et si l'Histoire dit que Râ a perdu, c'est qu'on ne peut pas perdre. Et si on avait altéré l'Histoire ? Et si on s'était trompé de date ? Pourquoi est-ce que je remet sans cesse en cause cette logique imparable ? Non, j'en suis sûr, s'ils ne sont pas venus du futur pour nous secourir, c'est qu'on ne peut pas altérer le temps, il est linéaire et impossible à modifier, c'est évident. Comme quand on a remonté le temps en 69. Carter en est à peu prêt sûr. Donc ces événements sont déterminés. Donc nous avons gagné cette bataille, peu importe mes craintes. Je l'a remporterais comme toutes les autres.

Sûr de lui-même, il rallume brièvement la radio :

– "Non. On procède comme prévu."

Si les miliciens se soulèvent en refusant de participer au massacre et en voyant les pertes infligées aux Jaffas, ils se joindront à nous. Ils disposent de Ma'tok pour la plupart, leur puissance de feu ne fera que s'ajouter à la nôtre. C'est évident.

Dans le ciel, les ailes des rapaces métalliques hurlent un cri d'enfer. Le général vérifie une dernière fois son P90.

Deux chargeurs. J'économise au coup-par-coup en visant les Jaffas pour faire fuir les miliciens. A quatre on aura assez de précision et de munitions pour les mettre en déroute.

– "Ici Léia, je crois qu'ils chargent le canon mobile de leur antigrav. Ils visent la porte principale !"

Un instant après, les portes volent en éclat sous l'impulsion d'une arme à énergie dirigée. Les planeurs commencent à faire pleuvoir la mort. Teal'c parvient à un abattre un qui s'écrasera peut-être en dehors de la ville. Mais ce n'était pas suffisant. Déjà à l'entrée, une première colonne de Gardes Faucons déployé depuis un transport rapide mitraille à tout va et ne subit qu'une légère contre-attaque assistée un instant par le général qui doit changer de chargeur après avoir réussi à un abattre un seul. Il concentre son tir sur un autre des Gardes qu'il parvient à toucher, mortellement peut-être. Alors qu'il s'apprête à tirer à nouveau, il entend derrière lui les rafales de plasma lancées depuis un planeur s'écraser au sol. Il a tout juste le temps de sauter pour changer de toit et éviter d'être pulvérisé.

O'Neill se relève et attrape son P90. Debout sur le toit, il est, brièvement, une cible facile. Le Primat est à cinquante mètres de lui, au milieu des autres Gardes Faucons.

Le Primat. Si je l'élimine, tout est fini.

Il est sûr de son coup. Mais les munitions risquent de manquer. Une rafale de trois balles et il est désarmé. Soudain son souffle se coupe. Carter. Le Primat l'a désarme d'un coup de Ma'tok, faisant voler son zat. Elle sort un couteau et vise la poche symbiotique mais le Jaffa pare le geste comme un maître jouant avec son apprenti tout en profitant de l'élan pour l'immobiliser. Carter est dans la ligne de mire. A cette distance une seule secousse ou un coup de vent et la trajectoire varie. Il doit choisir. Risquer la vie de Carter pour la réussite de la rébellion ? Il sait juste que les Goa'ulds finiront pas être bannis de la Terre, mais il n'a aucune idée de son destin individuel. Il a la certitude de gagner mais pas celle de sauver Carter. Il temporise l'espace de quelques secondes, dans l'espoir peut-être qu'un tireur avec un meilleur angle n'intervienne, mais c'est déjà trop tard.
Le dard de plasma d'un Garde Faucon le frôle de justesse, mais il sent comme un choc. Il est au sol, il ne voit plus de l'œil gauche. Il tâte son visage de sa main droite et ressent une douleur sans nom. Il sent dans l'air l'odeur de chair brûlée et de dioxyde de carbone qu'il connaît tant. Autour de lui, des corps sans vie. Des miliciens, des rebelles, de simples civils. Dans le ciel, le hurlement des oiseaux de l'enfer continue de résonner.

– "Ici Solo, la porte sud a aussi été détruite. Ils entrent dans la ville. On est complétement dépassés !"
– "Ici Chewy, Ménès est touché, ses hommes sont en train de l'évacuer. Sans lui les autres vont quitter leurs positions."

Le tir l'a manqué mais il pris une partie de la décharge. Sous les tirs, il se rue vers son fusil, décidé à répliquer, mais la gâchette ne marche pas. Jetant un coup d'œil rapide à son arme, il se rend compte que l'avant a fondu. Il jette son arme dans un râle d'exaspération et attrape le coutelas d'un milicien en plein combat avec un rebelle, décidé à charger le Primat. Khatep le retient, suivi d'autres rebelles encapuchonnés qui les couvrent, lances Ma'tok à la main. Un autre Garde Faucon est abattu mais les suivants bombardent la rue principale et les pertes rebelles s'accumulent.

– "C'est trop tard, il faut fuir !
– Restez vous battre, c'est un ordre ! Restez, bande de lâches !" se débat le général.

A la radio, Teal'c et Jackson relaient les ordres de retraite. Bien vite, Jack est traîné par ses alliés hors du champ de bataille jusqu'à l'un des souterrains d'évacuation de la cité.


18 mars 2995, 0h27, Vallée des Rois, village de Néphren.

– Le lendemain, il a fait exécuter plus de mille rebelles et déporter les quinze mille habitants par la porte des étoiles, conclue le général.

Un silence pesant a envahi la pièce. Les hommes du futur sont partagés entre la culpabilité et le deuil. Les désastres s'accumulent.


18 mars 2995, 0h27, USS Alabama

– Toujours aucune nouvelle, monsieur Washington ? demande le capitaine, réajustant encore sa montre de retour de sa courte sieste.
– Négatif, monsieur, répond son officier exécutif, une tasse de café à la main. Ils devraient être rentés maintenant, mais toujours rien.
– Rien sur le sonar ?
– Rien sur le sonar, confirme la station de détection.
– Bien. Monsieur Scully, on maintient le cap.
– Aye chef, répond le timonier. On devrait passer le Golfe d'Aden demain soir.


18 mars 2995, 0h56, Vallée des Rois, village de Néphren.

– Qui était ce Ménès ? demande le major Kawalsky.
– Un chef tribal local mentionné en égyptologie, répond le docteur Jackson.
– Exactement, ajoute son double du passé. Selon la majorité des spécialistes c'est le premier pharaon d'Egypte.
– C'est pour ça que vous avez soutenu sa révolte, comprend Carter. Vous vous servez de l'Histoire pour faire avancer vos objectifs.
– Mais la raison de l'échec est peut-être justement que cette théorie est fausse et que vous vous êtes trompé de leader rebelle, ajoute le Jackson du futur. Il y a d'autres candidats pour la Dynastie Zéro. Le Roi-Scorpion par exemple.
– J'ai pu vérifier empiriquement que non, tranche l'autre Jackson.
– Comment pouvez-vous en être sûr ?
– Le Roi-Scorpion c'est le surnom local que les rebelles abydossiens ont donné au Primat de Râ, un certain Maat'aï ou Matayus comme il sera connu plus tard dans les textes romains. La forme des véhicules antigravs jaffas évoquant une sorte de scorpion mécanique disproportionné, je suppose que c'est de là qu'est venu le nom.
– Je vois, répond l'autre Jackson. Vous avez eu le luxe de vérifier toutes les théories universitaires. Un vrai archéologue de terrain. Et ce Ménès, où est-il ?
– Dans une cellule au sud du pays.
– Vous avez plusieurs cellules comme celle-là, s'enquiert Carter.
– Oui. Des dizaines, à travers toute l'Egypte.


18 mars 2995, 5h49, Vallée des Rois, village de Néphren.

– "Vous êtes déjà là ? demande Carter au Jackson qu'elle connaît bien.
– Magnifique n'est-ce pas ? sourit l'archéologue. Je suis déjà venu ici à vrai dire. Dans le futur. Je crois que ce village s'appelle Néphren, on a retrouvé des blocs destinés au pyramide à cet endroit. Et des pièces de monnaie.
– Je comprends.
– Mais les voir telles qu'elles ont été construites, c'est autre chose. C'est le rêve de toute ma communauté que je vis.
– Et voyager dans l'espace et le temps c'est le mien ! Je sais que je suis sans doute égoïste de penser ça alors que la Terre vient d'être détruite...
– J'ai aussi cette impression, si ça peut vous rassurer. Ne culpabilisez pas. Vous savez, il existe une blague d'archéologue sur les pyramides. On dit qu'elles sont toujours en Egypte car elles étaient trop lourdes pour que les Anglais les ramènent dans leur musée !

Face à la dune sur laquelle ils sont assis, l'azur calme du Nil. Au-delà, les trois gigantesques pyramides de Gizeh, blanches, étincelantes, couronnées d'un pyramidion dorée brillant, encagées dans un enduit blanc et lisse aujourd'hui disparu ne laissant apparaître ni l'escalier des blocs ni même la moindre ligne horizontale. Dans leur dos, un soleil levant dardant ses rayons sur les pyramides, les faisant briller comme des joyaux et révélant une blancheur passée. Entre le fleuve et les trois colosses, le sphinx dormant, la ville de Gizeh et ses villages alentour, de part et d'autre des berges dont Néphren, où se situe l'une des cellules de la rébellion souterraine traquée sans relâche par la garnison de Râ. Sur le fleuve en contrebas, des navires, de modestes pirogues aux voiliers d'une trentaine de mètres de longueur, de pêcheurs aux navires de transport du pharaon. La pyramide centrale, de Khéops, accueille une sorte de clone à l'aspect plastique et aux proportions supérieures, comme une poupée russe de forme pyramidale posée sur l'autre. Le palais mobile de l'Empereur.
Mais au fond ce n'est pas tant l'archéologue qui peut enfin démontrer ses théories qui contemple cette vision que l'espion goa'uld affranchi de ses liens d'allégeance et admirant concrètement les prouesses du voyage temporel, connu parmi les Goa'ulds comme un phénomène possible, accidentel, lié aux chappa'ai, mais que personne n'a jamais réussi à maîtriser. Il est sans doute le premier des siens à remonter aussi loin et il a sa disposition une machine temporelle fonctionnelle ainsi que le timonier dont il parasite ce qui se rapproche le plus d'une personne de confiance. Mais le meilleur dans cette histoire, c'est que sa mémoire génétique lui permet de se souvenir de cette époque qu'il vit dans le présent.
Il connaît l'état actuel de l'Empire Goa'uld, des menaces extérieures qui l'assaillent à présent comme des intrigues byzantines qui déjà le hantent et qui bientôt le mèneront à sa perte, au fil des successions, des règnes et des changements de mécènes et d'allégeance pour une caste scientifique en voie d'extinction. Le monolithisme féodal politique et technologique allait tuer l'Empire, lentement, durant une longue agonie, qu'il était le seul à pouvoir prévenir. Il sait qu'un certain nombre d'événements est sur le point de se produire : la défaite de la Flotte-Ruche Ree'tu après une guerre d'attrition de quatre siècles qui avait mis à rude épreuve le fond industriel goa'uld et forcé ses dernières innovations, ainsi que leur expulsion dans le nuage de Magellan d'où ils sont originaires mais qu'ils avaient fui par manque de ressources, puis la Conspiration des Vassaux, une rébellion de plusieurs lieutenants de Râ montés en puissance au cours de la guerre ou encore l'Avènement de la Quatrième Dynastie pour remplacer les radiés. Puis enfin la mort lente de l'Empire Goa'uld jusqu'au point où ces immondes rebelles jaffas assistés de ces Tau'ri à peine arrivés à l'âge informatique iront danser sur son cadavre. Il a vu la caméra, il sait que c'était vrai, et il comprend qu'il est le seul à savoir et à pouvoir agir. Sa propre espèce l'ignore encore mais il est en train de la sauver. Sauf que cette fois, il fera de ce chaos une échelle pour grimper au sommet et accomplir sa mission première, celle pour laquelle il a été programmé génétiquement au sein de la vestale jaffa, ce pourquoi il fait partie d'une caste spécialisée de larves jaffas née après des siècles de sélections et de modifications génétiques : éliminer l'Empereur Râ. C'est dans son ADN même.

On n'échappe pas à son destin, sourit-il en admirant le siège de son futur empire trônant au milieu des sables sur une pyramide à laquelle un soleil rend la aveuglante brillance de sa majesté.

Les souvenirs de son hôte, de ces ruines, contrastent brutalement avec cette apparition divine, ce rêve matérialisé de revenir à la grandeur disparue de l'Empire. Le moment opportun, il n'aura qu'à parasiter l'un des O'Neill pour avoir le gène tant convoité, prendre les commandes de l'Exonef, lancer un drone en direction du Ha'tak, passer ses boucliers et son blindage comme du papier et assassiner Râ. Un tir de précision propre et inattendu. Et il n'aura plus qu'à se baisser pour prendre le pouvoir. Il ferme les yeux, bercé par la lumière et l'air matinal encore frais.

Aujourd'hui est le premier jour de mon futur Empire.
J'arrête ici le dérapage
avant que Zap et Chupeto
ne se retrouvent dans les parages
et ne me collent des avertos. biggrin.gif

[I]24/09/2015[/I]
Revanchiste
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Re: Stargate : Moëbius

Message non lu par Revanchiste »

Spoiler
Avertissement : je me suis bloqué dans l'écriture comme un débutant en tuant trop tôt un personnage qui devait revenir dans le chapitre que j'ai pris du temps à sortir (il n'était pas important entre les deux et je pensais pouvoir le remplacer sans problème une fois l'erreur constatée), en l'occurrence SPOIL Malcolm Barrett :D .
Comme je n'arrivais pas à conclure histoire de façon satisfaisante sans ce personnage à présent qu'il redevenait important (chapitres suivants), je me suis résigné à "corriger" les premiers chapitres en y apportant des modifications. Je ne me sentais pas de continuer sans, de faire une fin sans lui, puis de devoir réécrire dans 6 mois l'intégralité comme c'était prévu à la base sachant qu'à chaque digression ou retcon je risque de finir dans des impasses ou des retards de publication.

Donc si vous avez déjà lu les premiers chapitres, pas de panique, la suite continue comme avant sauf que Barrett (Malcolm) a été envoyé dans l'Alabama pour surveiller SG-1 sur ordre de Kinsey, comme le raconte l'extrait que je poste ici-même avant l'Intermède 3.

Mais cette réécriture très partielle a cependant été l'occasion de corriger certains éléments, donc finalement c'est pas plus mal. Il faut juste que je fasse la chasses aux (innombrables fautes) et aux incohérences potentielles (en espérant ne pas me re-bloquer quelque part) avant de modifier les chapitres précédents.

Barrett a été remplacé dans certaines scènes par Woolsey que je voulais aussi mettre mais sans lui trouver de place car ça faisait doublon (plus maintenant), notamment celles de Cheyenne Mountain (qui seront aussi modifiées car plus j'y pense plus je vois que le plan qui vise à mettre POTUS à portée d'une explosion nucléaire est trop risqué pour être crédible) où je m'étais aussi bloqué en essayant des trucs avant de raccourcir (notamment une courte sous-intrigue avec Makepeace qui n'aboutit pas).

Y'a aussi l'incohérence de Barrett qui est introduit deux fois : il rencontre O'Neill pour le briefer sur l'Opération Blacklight juste avant la bataille de la Terre alors qu'ils se sont déjà rencontrés à Cheyenne Mountain avant et après la mission Chulak, c'est donc une incohérence de ma part car la seconde scène, qui se déroule chronologiquement 3 semaines plus tôt, a été écrite après et je n'avais pas ces éléments en tête. Il doit y avoir foule d'éléments plus ou moins importants qui sont incohérents comme ça et que je vais devoir repérer et corriger. :sweat: Encore navré pour cet amateurisme d'écriture.

Par ailleurs, comme j'avais à côté des histoires se déroulant également dans une saison 8 (un peu) alternative mais étirée sur plus d'un an, la chronologie risque de changer à tout instant, ce qui n'est pas sans m'énerver étant donné son importance (que ce soit par rapport à qui dirige quoi dans quel pays en quelle année, à la météo, à l'heure de la journée à laquelle le soleil se couche etc), j'ai essayé de faire de mon mieux mais je dois refaire tout le cirque de la documentation si jamais je bouge encore trop de trucs. On verra bien. ;)

Sans plus attendre, un extrait ajouté situé au début du chapitre 4 qui introduit le retcon en question (Barrett sera bien sûr rajouté dans les chapitres retcon où il devait apparaître après le chapitre 4), en m'excusant encore une fois pour ce changement de dernière minute qui doit rendre plus dur à suivre la fic (qui est parfois un peu cryptique à déchiffrer je l'avoue) et qui peut donner un sentiment de continuité rétroactive que j'aime pas en général (bon même les auteurs des meilleures fics de ce forum ont avoué avoir changé leurs plans au fur et à mesure donc ça passe :D )

17 mars 2006, 17h33, Cheyenne Mountain, bureau du Président

L'agent Barrett fait face au bureau où le Président tient ses quartiers. En faction devant la porte, les molosses en costard-cravate, oreillettes en tire-bouchon et lunettes noires sur le nez du service de sécurité du Président. Son badge vérifié plusieurs fois sur la machine, il est enfin autorisé à rentrer.

– Monsieur le Président, salue l'agent. Amiral, ajoute-il à l'adresse de Keating, le chef du NORAD.
– Rebonjour agent Barrett. J'aimerais votre avis sur le colonel O'Neill, demande Kinsey.
– Vous n'avez pas lu les deux cent pages du rapport de la CIA sur le sujet ? sourit l'intéressé. Il sera plus complet que mon opinion.
– Juste entre nous, clarifie le Président. Vous êtes doué pour cerner les gens. Les agents de bureau qui ont écrit ce rapport n'ont jamais interagi avec lui, j'ai besoin d'une analyse honnête. Après tout, c'est vous qui m'avez convaincu de l'affecter à cette mission malgré l'oeil au beurre noir qu'il vous a collé.
– Il faut dire qu'après la mort mystérieuse du dernier candidat compétent doté du gène spécial et de la tirade que le docteur Jackson a donné à nos interrogateurs à leur retour de Chulak, mes options étaient limitées pour trouver le personnel adéquat, sourit l'agent. Ce n'est pas par affection personnelle, vous vous en doutez bien.
– Vous persévérez donc sur votre rapport du 19 février ?
– Affirmatif.
– Et vous n'avez rien à rajouter ? Officieusement.
– Outre le fait qu'il n'aie pas voté Kinsey aux primaires du G.O.P. ni en 2000 ni en 2004 ?
– Les bulletins sont secrets, Barrett, rappelle Keating en fronçant les sourcils.
– Pas son historique, ni son téléphone, ni ses fréquentations. Vous le savez aussi bien que moi.
– Je me fiche de savoir qu'il n'ai pas voté pour moi, je veux juste savoir si on peut confier le sort de l'univers entre les mains de ce type. Je veux dire... il pourrait décider de remonter le temps sur un coup de tête. Tout ce pouvoir entre les mains d'un déséquilibré pareil ça me file des frissons, dit-il en lui tendant un verre de whisky pareil à celui que l'Amiral tenait déjà dans sa main.
– Pourquoi croyez-vous que les unités des Marines et des SEALs aient été sélectionnés sur liste transmise par le NID ? En cas de... dérive, Sumner et Everett ont pour ordre de le tenir à carreau, admet l'agent avant de commencer à boire. Ils sont très doués pour se faire obéir.
– Vous cloisonnez tellement de missions différentes et de doubles agendas que j'ai peine à croire que vous les connaissiez tous.
– Merci monsieur. C'est notre spécialité depuis 1947 vous savez. Je vais être franc avec vous, moi non plus je n'aime pas donner des responsabilités pareilles à des abrutis, dit-il en buvant son verre, fixant le Président d'un regard d'aigle. En toute honnêteté... ce type est une épave, admet-il, assorti d'une grimace. Il a accidentellement buté son propre gosse et sa femme s'est barrée. Ça fait douze ans qu'il vit seul entre une bouteille de whiskey et un rafiot touristique qui a mystérieusement échappé à la décharge. Les deux civils le tiennent un peu en place, ainsi que ses anciens camarades des opérations spéciales. C'est aussi pour ça qu'on a proposé de les affecter comme spécialistes sur la mission dans mon rapport, en particulier Charles Kawalsky. Dans ce genre de situation de stress intense - ajouté à l'effet d'isolement et de claustrophobie d'un sous-marin - un individu a besoin de repères stables et rassurants, ou il pète un câble. Et ça vaudrait pour n'importe lequel de vos hommes qui ne soit pas un sous-marinier de longue date. Son problème avec la bouteille est juste... la goute de wiskey qui fera déborder le verre.
- C'est pour ça que je voulais vous voir, Malcolm. J'ai besoin d'un représentant de l'Etat dans l'Alabama. Quelqu'un qui pourra garder les choses sous contrôle et éviter l'anarchie militaire en cas de problème. C'est une mission cruciale.
- Vous voulez une liste de candidats ? s'enquiert l'agent en fronçant les sourcils. J'aurais juré que la CIA nous aurait doublé là-dessus.
- Je l'ai déjà trouvé, sourit-il.
– Qui ça ? Woolsey ? Il ne supporte déjà pas l'avion, concède Barrett avant de constater les regards que le Président et l'Amiral lui lancent, effaçant son sourire. Mais enfin monsieur, je ne suis pas un agent de terrain.
- Maintenant vous l'êtes. Ecoutez Malcolm, ces militaires, on ne peut pas leur faire confiance. Sans vouloir vous offensez, Amiral. L'armée est un sujet trop important pour être laissé aux militaires. Je l'ai toujours dit. Surtout quand le personnel en question repose sur les épaules d'un alcolo dépressif et d'une astronaute réformée conseillés par un complotiste parias. Quand bien même il sortirait des tirades persuasives à vos interrogateurs. Et le rapport de la Navy appuie sur les problèmes de communication entre le Mont Olympe et l'Alabama inhérents aux sous-marin et aux conditions d'un combat réel. Et je ne peux pas me permettre d'avoir des officiers qui doutent en cas de rupture de contact.
- Et il vous faut un homme de confiance à bord durant l'op. Qui plus est un civil pour rassurer la presse une fois l'affaire passée et faire avaler la pilule d'une supervision civile sur un commandement intégré qui aurait en charge la porte des étoiles et la technologie alien face aux hauts gradés récalcitrants.
- Vous êtes aussi malin que je le pensais, Malcolm. Une fois que cette opération sera achevée, je vous nommerais à la tête de la Stargate Agency, la SGA. Ce sera une agence civile et transparente qui répondra au Congrès. Mais vous devez réussir cette mission. Vous devez représenter l'Etat et l'autorité civile dans cette affaire. Vous serez ma voix à l'intérieur de l'Alabama."

Déboussolé, plus par l'annonce de sa mutation que par le shot de wiskey, Barrett reste stoïque, le regard fixe. Peut-être va-t-il enfin connaître les mésaventures des agents de terrain comme l'était son père. Il repose le verre sur la table.

- "Je pars quand ? demande-t-il, résigné.
- Un avion vous attend déjà à Peterson. Vous pouvez prendre ma voiture pour vous y rendre, je n'en aurais pas besoin avant un certain temps."

(extrait du chapitre 4 2.0)


Intermède 3 : Winter Palace

31 décembre 1978, 15h12, "Winter Palace", sur les berges gelées du Yukon

Le vent frappait un peu moins fort cette après-midi là. L'agent du NID avait pu s'allumer une clope, interdite dans l'enceinte des habitats surélevés par des poutrelles de béton et qui servaient de base au non sans humour baptisé "Palais d'Hiver" par ses résidents.

Clyde s'approche de lui, relevant son capuchon et son écharpe pour évacuer une partie de la sueur.
"– Toujours planté ici ?
– Toujours, répond Barrett.
– Savez, z'auriez pu attendre bien au chaud dans le Palace qu'on finisse.
– Je tiens à y rentrer en premier. Et à ne pas vous occuper davantage de temps.
– On finit juste de tester l'étanchéité des portiques là. Krupps a faillit s'évanouir. Hypothermie je pense. Ou que'qu'chose comme ça, j'suis pas médic.
– La prime de risque est là pour ça, Murk, sourit l'agent en tirant sur la cigarette.
– Sinon vous êtes sûr que ça n'a aucun rapport avec les aliens ? sourit Murk.

Rayleigh sourit à nouveau en rallumant le bout de la cigarette, pour la huitième reprise.

– Y'en a pas. Si vous êtes sceptique, le projet Blue Book des années 50 a analysé tous les cas recensés et les as tout élucidés. Tout est dispo en source ouverte. Transparence de l'info dans ce pays, on n'est pas chez les Ruskoffs. On est seuls. Autant que j'en sache.
– Dans l'univers vous voulez dire ?
– Non, sur Terre.
– Et s'ils existent, vous pensez qu'ils nous rendent visite de temps à autre ?
– A quoi bon ?
– Je sais pas, notre technologie.
– S'ils peuvent voyager plus vite que la lumière, c'est nous les primitifs.
– Nos ressources alors.
– Lesquelles ? Les astéroïdes regorgent de métaux précieux et de glace. Et on a du bétail d'animaux plus nourrissants que des humains. Et qui n'ont pas de calibre 12 pour se défendre a fortiori.
– Donc on est si insignifiants que ça ?
– Aucune idée. Si on l'était pas, il serait peut-être déjà passé nous voir. Faut croire qu'on est chiants à mourir.
– Et avec beaucoup de civilisations, c'est possible de toutes les obliger à pas intervenir ? Je veux dire, c'est ce que ce Sagan dit à la TV. Il commence à faire parler de lui.
– Je le connais.
– Votre avis ?
– Un couillon de libéral, tranche Barrett. Un alarmiste qui n'a toujours pas compris le principe de la destruction mutuelle assurée, assure-t-il en souriant.

Soudain, il se rend compte que le sous-marin nucléaire lanceur d'engin enterré sous deux cent mètres de glace avec la promesse inexorable d'une guerre nucléaire proche lui rappelle que la terreur n'a plus son équilibre, à l'image de ses convictions.

–Vous connaissez l'Île des Sentinelles ? reprend-il.

L'ouvrier produit une nouvelle grimace sur son visage bourru.

– Une île dans l'Océan Indien. Les autochtones tuent tous ceux qui approchent : pécheurs, missionnaires, naufragés. La marine indienne protège leurs côtes. Et pourtant cinq milliards de personnes et cent cinquante états souverains - la totalité - s'accordent pour ne pas y mettre les pieds. Je pense que la Terre est une Île des Sentinelles à l'échelle cosmique. On est juste une bande de sauvages dans un coin perdu, une erreur d'arrondi géographique, une note de bas de mappemonde sans intérêt. C'est pourquoi aucun n'intervient et n'apparaît au grand jour.
– Et de temps en temps un naufragé ou un missionnaire perdu se ferait tué ?
– ça se pourrait.
– Comme Jésus ?
– Comme Jésus ?
– Bin oui. Ce serait un alien.
– Vous en avez de ces idées, sourit Rayleigh en rallumant sa cigarette éteinte. Dans tous les cas, vous vous doutez bien qu'on révèlerait jamais un truc pareil au monde entier, surtout au peuple américain.
– Vous m'avez dit y'a cinq minutes que vous étiez transparent en matière d'info et qu'on n'était pas en URSS.
– Comment croyez-vous qu'on réagirait si on apprenait que Jésus était un alien ? Personne ne nous croirait de toute façon. Et les autres nous brûleraient pour une hérésie pareille.
– Donc y'a des trucs que vous dites jamais ?
– En général tout est déclassifié au bout de cinquante ans. C'est ce que dit la loi si je saisis bien. Mais en fonction de la sensibilité du truc on peut toujours censurer une partie ou repousser l'échéance sous prétexte de sécurité nationale.
– Vos trucs d'espions ça me branche.
– Je veux pas cassez le mythe des séries d'espion du jeudi soir mais c'est juste un bureau sans fenêtre au sous-sol du Pentagone vous savez. On doit juste recevoir des canulars téléphoniques ou des appels de voyantes, trier des dossiers de témoignages bizarres et de faits divers, envoyer des agents à droite à gauche. La dernière fois j'ai du me mettre en planque pendant trois semaines dans le Bayou pour attraper Mothman.
– Et vous l'avez attrapé ?
– Non mais j'ai attrapé une demi-douzaine de maladies des marais et j'ai chopé la chiasse. Les moustiques ça pique.
– Je voyais ça plus... spectaculaire.
– Le Congrès nous coupe les fonds. Pourquoi vous croyez que je suis seul ici à sous-traitez directement à des civils ? Si c'était ces connards de Buralistes ou de Spooks de la CIA, il y aurait déjà des bulldozers et des tanks. Et un vrai fax.
– Et du vrai café, constate Murk en regardant le fond de son gobelet en carton déjà transformé en glace noirâtre.
– On est la risée de la communauté du renseignement. Pour tout vous dire j'aimerais bien qu'on soit le fantasme des Men in Black des ufologues et des comics Strange Tales que lis mon gosse, mais on ressemble juste à des fondus du paranormal avec des badges. A la base Truman voulait juste des rapports sur les OVNI et MK Ultra pour doubler les Ruskoffs. Mais quand y'a ni alien ni pouvoir psy à la X-Men il reste plus que des rigolos en costard cravate qui débatte du sexe des Martiens.
– Et ce truc qu'on a trouvé, ça peut aider votre agence ?
– Je le pense. Je l'espère, réfléchit-il avant de tenter de changer de sujet, plus pour éviter de douter - encore une fois - de ses choix de carrière que de divulguer des informations classifiées. Après tout il n'avait dit que l'entière et décevante vérité, à l'exception des réels artéfacts bizarres que collectionnaient Ernest Frank, habitude qui lui avait donné le surnom d'Antiquaire. Dites, vous avez une famille qui vous attend ?
– Oui, répond Murkowski. Une femme et quatre enfants.
– ça en fait du monde.
– C'est ce qui se passe quand on honore sa femme trop souvent.
– Et ça vous dérange de pas les voir souvent ?
– Bosser dix mois par an au cercle polaire ça rapporte pas mal. C'est dur mais ça rapporte. J'aimerais que mes gosses à l'université. Et vous ?
– Une femme et un fils de cinq ans. J'ai presque du me marier et faire un gosse à ma femme en avance pour monter en grade.
– C'est mandataire chez vous ?
– Je voulais sortir de ma prison sans fenêtre du Pentagone et les postes sont réservés aux hommes mariés et hétéros. Ils veulent être sûr qu'on va pas finir dans une vidéo compromettante du KGB avec une prostituée ou un autre homme, m'voyez ?
– Le KGB fait vraiment ça ?
– Le KGB fait essentiellement ça. C'est le plus gros studio de films de boule du monde. Vous savez ce qu'on peut tirer d'une vidéo du sénateur du Vermont au lit avec des petits garçons ?
– Je préfère pas savoir.
– Moi non plus. Alors on filtre avant et après. Comme pour le Sarcophage, dit-il en désignant l'entrée vers l'alcôve de sa cigarette. Au moindre germe qui passe les barrières, c'est l'infection garantie. Dans les agences comme ça c'est pareil, les agents de terrain ne doivent pas être des sources de chantage.
– Ackermann me fait signe. C'est prêt.
– Très bien, sourit Rayleigh en tirant une dernière fois sur sa cigarette avant de la faire tomber sur le sol. Allons enfiler les combis.


17h00

Rayleigh, Murk, Ackerman et Krupps finissent de passer le deuxième niveau de décontamination.
Comme une quille renversée dans un quelconque jeu de bowling pour titans et gelée dans le temps, le sous-marin reposait sur une conque de glace, légèrement à la verticale, prévoyant un déplacement laborieux dans ses entrailles comme sur sa carapace d'acier.
Les quatre hommes gravirent l'échelle de l'échafaudage menant à la colonne vertébrale qui avait été dégagée de sa conque de glace au chalumeau en plusieurs endroits. Barrett portait son Berretta à la ceinture. Ses gants allaient en compliquer l'usage, et il ne s'attendait pas à faire feu sur des pingouins, mais la paranoïa était le motto non-officiel du NID, après "In Arcano Veritas".
Après avoir écumé les jungles de Birmanie, le voilà engoncé dans une combinaison étouffante près du cercle arctique. Il espérait qu'une prime l'attendrait aussi et que cette entreprise ne serait pas un ultime faux espoir.

A mesure que ses pas s'approchaient de l'écoutille, ils semblaient résonnaient de plus en plus forts à l'intérieur. C'était comme la corde d'une guitare mal accordée qui se réverbérait dans la chambre de glace. Ils sont comme des fourmis fières d'aller dépecer le cadavre d'un géant.

Désormais proche du plafond de la caverne, il peut en admirer l'architecture organique, pareille à l'intérieur d'une cage thoracique, tout en courbes. Il s'arrête un instant pour orienter le faisceau de sa torche vers le léviathan endormi, caressant la poignée circulaire rouillée de l'écoutille avant de tenter de l'ouvrir. Murkowski lui prête main forte, puis Ackerman. Krupps se met à plat ventre pour appliquer des coups de chalumeau et de lubrifiant de pièce mécanique jusqu'à ce que, finalement, elle cède dans un écho métallique inquiétant.

"– Sésame ouvre toi, souffla Barrett alors que la porte était soulevée pour révéler les ténèbres de l'intérieur où les torches étaient pointées. Je descends en premier", annonce-t-il en sortant son arme.

Silencieusement, il descend l'échelle et se retrouve sur un sol vertical mais légèrement incliné, le forçant à garder une main sur l'échelle pour maintenir l'équilibre. Il tend l'oreille. Aucun bruit en dehors du crissement de sa propre combinaison. Il pointe sa torche dans les deux directions possibles : une écoutille sur une cloison menant à la salle des machines – selon les plans de la classe Ohio dont il dispose – et une autre qui mène vers la salle des silos de lancement et plus loin vers le CIC. Le néant des deux côtés.

"– Vous pouvez descendre, annonce-t-il, sans doute plus par peur de la solitude en un pareil endroit que par certitude que les mesures de sécurité étaient adaptées. Mais déplacez-vous prudemment. Le sol est en pente."

Un a un, les explorateurs semblables à des scaphandriers explorant une épave reposant sur le fond marin investirent le sous-marin, pointant à leur tour leurs lampes vers l'une ou l'autre direction.

"– On se divise en deux équipes. Murk avec moi, on va essayer de trouver le centre de contrôle. Krupps, Ackerman, vous avez le détecteur radiologique. Normalement il faudrait une équipe spécialisée en combis NBC mais les problèmes logistiques et les besoins du secret me forcent à donner une mission pareille à des non-spécialistes. Comme vous l'ai dit c'est hors-la-loi, donc c'est sur la base du volontariat.
– On sait, N-I-D.
– Très bien, je veux savoir si les missiles et le réacteur contiennent encore de l'uranium. Si y'a des fuites, ce genre de chose. La dernière chose dont j'ai besoin c'est d'informer mes supérieurs qu'on a de la matière fissile de niveau militaire qui manque à l'inventaire.
– J'imagine que si un truc pareil s'apprend vous allez être muté ici avec nous définitivement.
– Je vais plutôt être muté définitivement au cimetière", répond Barrett.

La plupart du temps, et c'était l'une de ses compétences majeures, il travaillait sous pseudonyme. Typiquement, il aurait du se faire passer pour un supérieur de la Pipeline ou un inspecteur civil et s'inventer un nom durant le cours laps de temps qui avait séparer sa mission en Birmanie et son arrivée à Winter Palace. En général tiré de ses romans d'espionnage préféré. Mais le faible échantillon d'individus présents ainsi que l'isolement géographique l'autorisaient en principe à mener à bien sa mission en se contentant de mentir ici ou là sur le but de sa mission ou en semant les pistes. Et il n'était ici pas question d'assassinat, de mise sur écoute d'un VIP ou d'aller cambrioler un vieux temple pouvant abriter les artéfacts convoités par le NID, mais bien d'inspecter une propriété perdue de la Navy auprès de citoyens américains dont le patriotisme avait été vérifié. Et surtout l'heure tournait. Si les Soviétiques surveillaient assidument la conquête américaine du pétrole en Arctique, ils avaient peut-être intercepté les relevés sismiques que la Pipeline avaient envoyé à l'USGS le 22 décembre à 14h14 et qui avait provoqué cette mission express.
Il s'agissait de ne pas laisser tomber un atout aussi important entre les mains des Ruskoffs.


17h15, CIC de l'USS Alabama

Contrairement aux avions, les sous-marins n'avaient pas de boîte noire, au cas où un navire ennemi s'en emparait. A la place, on trouvait pendu à côté du périscope un enregistreur audio doté de deux bobines captant le son du sonar et celui du micro de la salle de contrôle. Si ces hommes du futur utilisaient la même technologie que les Ohio du présent, il devrait le trouver au même endroit.

– Touché coulé ! se réjouit l'agent du NID en inspectant l'enregistreur audio de sa lampe.
– C'est quoi ?
– Un truc important. Vous avez la boîte à outil ? Le tournevis s'il vous plaît.
Méthodiquement, il desserra les vis d'une main et soupesa la boîte métallique de l'autre pour l'empêcher de tomber. Soudain il glissa à cause du sol gelé et en pente, et Murkowski le retint. La boîte avait manquée de tomber, retenue de la main par Barrett lui aussi retenu par Murk. Ils se mirent alors à rire.
– C'était au moins une !
– Monsieur NID ? intervint Krupps en entrant dans le CIC.
– Oui ?
– Y'a aucune radiation dans les silos.
– Les missiles ont été ouverts ? s'affole Barrett.
– Non, ce que je veux dire c'est qu'il n'y a plus un seul missile.

Il réfléchit un instant.
S'ils ont participé à une guerre nucléaire, c'est normal. J'ai qu'à dire que...
– Mais y'a une sorte de sous-marin de poche au-dessus des deux derniers silos. Il est connecté à l'écoutille située derrière la tour. Juste au-dessus de nous en fait.
– Donc il y'a deux sous-marins ?
– Oui mais celui-là à l'air petit. Comme un canot de sauvetage pour sous-marin. Enfin j'en sais rien. Et il est totalement piégé dans la glace.
– J'arrive tout de suite.

17h19
Il ouvrit l'écoutille, à grand renfort de chalumeau et de lubrifiant, avant de pénétrer dans l'antichambre pressurisée où venait se loger la poupe d'un curieux sous-marin de poche. L'ergonomie organique de ce nouveau véhicule contrastait avec le futurisme supposé de l'Alabama. Mais qui était-il pour juger ce que les hommes du futur pourraient faire ?

Rayleigh faisait partie de la branche "fortéenne" du NID, à savoir les sceptiques curieux élèves de Charles Fort, opposée à la branche plus ésotérique rassemblée autour d'un ancien de la Thulé rapatrié en 47 aux USA durant l'Opération Paperclip en échange du savoir ésotérique du Troisième Reich. Fortéens et Esotéristes portaient le même badge et coexistaient dans la même section souterraine du Pentagone, les mêmes locaux sans fenêtre adossés aux archives où la CIA concurrente les avait enterré après le fiasco de MK Ultra en novembre 1962.

Rayleigh avait trouvé la pelle qui allait déterrer le cercueil du NID, redorer le blason d'une des "agences trois-lettres" les plus honorables mais qui attirait sur elle toutes les railleries du Pentagone et plus largement de la communauté du renseignement. Manhattan et Paperclip avaient offert la bombe atomique et le missile pour l'envoyer sur Moscou. Alabama allait leur donner la suprématie dans la course temporelle.

"– C'est vraiment exotique comme truc." confirme Krupps en caressant les cloisons courbées de la nef. "C'est quoi, un canot de sauvetage ?
– Je sais pas, peut-être un genre de chasseur sous-marin, propose Ackerman.
– Arrête tes conneries, ça existe pas un truc pareil.
– Les sous-marins de poche ça existe hein, se défend Ackerman. C'est quoi du coup ?
– C'est secret-défense, feint de savoir Barrett en admirant l'architecture de l'engin.
– Pour changer, répond Krupps.

Arrivé dans le cockpit, Barret s'assit sur le siège de pilote. Timidement, avec hésitation et peur, il approche sa main du cadran qui semble fait d'une matière translucide. Appréhension. Contact. Rien. C'était trop facile. Le véhicule devait avoir été vidé de ses composantes électroniques ordinaires, car ni clavier ni écran n'était visible. Ou peut-être était-il inachevé. Un peu déçu il se releva.

Comme autorisé par cet abandon, Murkowski s'assit à son tour dans le siège de pilote. Considérant comme acquis le caractère endormi de l'engin, il pose ses deux mains au même endroit que son prédécesseur mais pour un résultat différent. Le quadrant s'illumine, puis le reste de l'appareil. Enfin un écran lumineux comme suspendu dans le vide apparaît sur la vitre du cockpit.
– Qu'est-ce que vous avez fait ? s'exclame Barrett.
– J'ai rien fait ! J'ai fait comme vous. Je comprends pas !

C'est vraiment un machin du futur alors. Mais pourquoi Murkowski ça marche et moi non ? Peut-être que c'est la machine temporelle ? Faut éviter de tout faire foirer maintenant !

– Retirez vos mains, Murk !

L'ouvrier se retire et se lève - tout s'éteint - pour laisser la place à Barrett qui reprend son siège. Nouvel échec.

– Qu'est-ce que vous avez fait, vous l'avez cassé ? demande l'agent en reposant ses mains, cherchant la bonne position, ou peut-être un bouton discrètement ciselé dans l'ambre artificiel de l'interface.
– J'ai rien cassé. J'ai posé les mains comme vous.
– Je confirme, dit Ackerman.
– J'y comprends rien, lâche Barrett avant de se rattraper après cette indiscrétion sur son ignorance de l'engin. Il a du avoir un court-circuit, rassure-t-il en se levant. Mes têtes d'ampoule s'en occuperont, ne vous inquiétez pas. On a encore du boulot : allons inspecter le réacteur.


17h31

L'écoutille de la salle du réacteur est encore plus dure à ouvrir que les autres, et c'est à plusieurs reprises qu'ils doivent s'y reprendre - chalumeau, lubrifiant et levier de fortune à l'appui - pour enfin craquer la rouille et le gel. Lorsqu'ils pénètrent dans la salle, les faisceaux des torches découvrent une salle qui tranche par sa démesure avec l'exiguïté des boyaux verticaux et horizontaux qu'ils arpentent en file indienne depuis une demi-heure. Elle semble en effet disposer d'un plafond deux fois plus haut et de cloisons plus espacées. Les lampes visitent la salle avant de se fixer sur la pièce maîtresse : le réacteur à fission nucléaire pressurisé situé au centre de la pièce. Barrett plisse les yeux. La machine ne ressemble pas à celle qu'il croit connaître.
Bon si c'est un machin du futur comme le sous-marin de poche ça doit être normal.

Il inspecte les étranges canalisations soudées aux cloisons qui semblent connecter le donut mécanique au plafond.
Ils pompent directement de l'eau de mer pour faire refroidir le réacteur ? Alors à quoi elles servent celles-là ? Y'a rien au-dessus vu que c'est l'écoutille par laquelle on est rentrés. C'est curieux ça.

– N-I-D ! l'interpelle Ackerman, y'a un cadavre ici.
– C'est une plaisanterie ?
– Je jure.

Barrett rejoint Ackerman et Murk qui inspectaient l'autre côté du réacteur. Un cadavre y était effectivement adossé.
C'est un homme dans la trentaine, peut-être plus, dont le sang a gelé au sol depuis une blessure à l'abdomen.

– Il s'est passé quoi ici ? s'exclame Krupps.
– C'est les Ruskoffs c'est sûr, répond Ackermann en serrant la poigne sur le tuyau de canalisation ayant servi quelques minutes plus tôt de levier artisanal pour débloquer l'écoutille.
– Dit pas de conneries ça doit faire des années qu'il est mort. C'est peut-être du à une bactérie dans l'air ou à des radiations, heureusement qu'on a mis les combis.
– Quelles radiations ? Je détecte rien. Et il saigne à un seul endroit. Un irradié ça ressemble pas à ça hein, affirme Ackerman en braquant sa torche de façon erratique, à la recherche d'une menace.
– Dans le froid c'est difficile à déterminer, rappelle Murk. C'est peut-être un membre de l'équipage original qui a disparu avec le prototype ?

Demeurant muet, Barrett fouille les poches de l'individu en question jusqu'à tomber sur un badge inséré dans la doublure de sa veste. Un badge frappé du sceau du NID. Malgré le calme et la contenance qu'il se donne, son cœur est sur le point d'exploser. Le Cabinet et l'Antiquaire ont déjà envoyé un autre agent avant lui ? S'il est mort par balle c'est le KGB, ou alors...

– Il vous ressemble un peu lâche Krupps après avoir dévisagé le corps.
– Pas faux, confirme Ackerman.
– Vous le connaissiez ? ajoute Murk.
– C'est... secret-défense, lâche enfin Rayleigh Barrett en ouvrant le badge révélant le nom de son propriétaire :
BARRETT.
J'arrête ici le dérapage
avant que Zap et Chupeto
ne se retrouvent dans les parages
et ne me collent des avertos. biggrin.gif

[I]24/09/2015[/I]
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