Stargate : Disruption

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Revanchiste
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Stargate : Disruption

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C'était à l'origine un chapitre POV pour Carter (celle de la première temporalité) dans Moëbius, mais je l'ai finalement retiré car déjà trop long et je voulais vraiment développer le personnage de Carter ainsi que plusieurs aspects de sa personnalité. Par conséquent j'ai préféré en faire une histoire indépendante plus longue que l'extrait d'origine que j'avais du mal à supprimer, sur le modèle de la nouvelle (je sais aussi que c'est plus décourageant de lire 150 pages que 9 donc ceux qui ont la flemme de lire Moëbius auront quand même un aperçu de ce que j'écris).

J'ai écrit au passé contrairement à Moëbius pour distinguer les deux œuvres, mais je suppose qu'elles ont toujours lieu dans le même "fanon". Au passage, j'ai toujours eu envie de revisiter cette partie de Stargate qui précède le voyage en Egypte, donc je suis tenté de publier quelques autres "nouvelles" courtes ou extraits, sur la même période, car contrairement à l'épisode Moëbius où je considère que la seconde partie devait être réécrite (à cause du potentiel gâché, des persos sous-développés etc) je vais pas réécrire tout le reste de la saison 8. C'est juste histoire d'avoir le sentiment d'un travail achevé (je pensais torcher Moëbius en 3 semaines à la base) pour marquer le coup, m'voyez.
Cette nouvelle se situe donc entre Reckoning et Threads, Jackson n'est donc pas encore revenu. Par ailleurs il y a un certain de micro-retcons sur des technologies (notamment ici pas de communications/détections subspatiales) ou sur les dates (vu que la série n'en donne pas des masses) comme d'habitude.


28 décembre 2005, 22h31, SGC, Cheyenne Mountain, Terre

Les nombres défilaient sur l'écran, le café dans la tasse. Encore et encore et encore.
Il devait bien y avoir une anomalie quelque part. C'était nécessaire. Si son raisonnement tenait bon, elle était par définition la seule à pouvoir la détecter.
Elle ne s'arrêtait que pour vérifier les données sur un autre moniteur de son labo, que l'on avait interfacé avec le cube de données de Dakara à l'aide des adaptateurs conçus par la tok'ra et la Zone 51. Comment on était parvenu à traduire les langages informatiques de deux technologies aussi distinctes elle l'ignorait, d'ailleurs. Elle n'était pas informaticienne et sa thèse s'arrêtait après tout à une théorie sur la physique des vortex. Le principal était que ça marchait.
Parmi l'immense flot de données chaotique recraché par les moniteurs, elle finirait bien par repérer ce qu'elle cherchait.
"– Activation extérieure non programmée de la porte des étoiles" retentit dans les haut-parleurs de la base.
Elle n'interrompit pas son travail pour autant face à cette annonce récurrente mais devint plus nerveuse : elle attendait un appel.
Comme pour répondre à ses inquiétudes, son téléphone sonna quelques minutes plus tard. Elle décrocha le fixe du mur :
"– Carter.
– Oui, ici centre de contrôle. La tok'ra vient de nous envoyer un message-flash. Je l'envoie sur votre terminal.
– Bien reçu, merci."
Elle raccrocha le téléphone et ouvrit la messagerie sur l'ordinateur. Elle lu attentivement le message rédigé par un agent de la tok'ra et fit défiler les pages du rapport qu'un traducteur avait eu la courtoisie de transcrire en Anglais sommaire.
Dieu tout-puissant.

Elle entra en trombe dans le bureau du général O'Neill, qui était en compagnie de l'amiral Keating, son supérieur au NORAD, et déjà en conversation avec plusieurs hauts gradés de différents pays dont elle eu du mal à identifier clairement les noms. Elle s'insulta intérieurement pour ses habitudes de rentrer-sans-frapper et se mit immédiatement au garde-à-vous, rougissante. "Mes généraux."
– "Au repos, lieutenant-colonel", sourit l'amiral Keating en relevant ses lunettes. "Messieurs, dit-il à l'adresse de ses collègues, je ne vous ai pas encore présenté le docteur et lieutenant-colonel Samantha Carter. C'est notre physicienne en chef au SGC et je dois le dire, sans elle on n'aurait pas botter le cul aux Réplicateurs."
Un à un les officiers lui tendirent une main qu'elle accepta avec appréhension, nerveuse.
– "C'est quoi dans votre main ? Le menu des messes ? se risque le général O'Neill.
– Non, mon général. J'avais un rapport urg... important sur le dossier Dakara.
– ça peut attendre ?
– Je ne voudrais pas...
– C'est moi qui ne voudrais pas me mettre en travers de votre travail, lieutenant-colonel, rassure l'amiral Keating. Et je crois que le général Kamarov en a déjà assez des blagues du général O'Neill, dit-il en souriant à l'adresse de ses invités. Général, merci pour votre accueil, je vais reconduire ces messieurs à leur convoi diplomatique. Nous avons rendez-vous à Washington demain, je ne voudrais pas dépasser notre horaire. Lieutenant-colonel, conclue-t-il, précédé des autres généraux, en fermant la porte en relevant sa casquette blanche d'amiral en révérence.
– Merci de m'avoir sauvé, sourit son supérieur en s'asseyant à nouveau dans son fauteuil. J'ai déjà rater mon épisode des Simpsons, constate-t-il sur sa montre.
– Mon général, je crois qu'il reste des Réplicateurs."
Le visage du général se crispa.
– "Vous croyez ?
– J'y ait bien réfléchi, mon général, et je pense que Numéro 8 a pu réussir à échapper à la Disruption. Une de ses nombreuses copies au moins.
– Et qu'est-ce qui vous a conduit à cette conclusion ?" avant d'agiter une main : "Pas de techno-blabla par pitié."

Comment expliquer simplement ?
Elle abandonna les débuts de présentation qu'elle ferait dans un colloque avec ses pairs, mit de côté son dossier et ouvrit les bras.
– "Elle est moi. Elle sait tout ce que je sais et pense comme moi, malgré sa programmation. En voyant qu'elle ne pourrait pas atteindre le centre de contrôle de Dakara avant que nous ne parvenions à le reprogrammer, elle a pu faire une copie. Elle prend toujours en compte toutes les variables, c'est pour ça qu'on a eu autant de mal à la battre.
– Je croyais que toutes les portes avaient été activées simultanément, y compris celles qui étaient déjà actives et que rien ne pouvait l'en empêcher.
– Pas si le vortex ouvert depuis Dakara est redirigé. J'ai relevé les données du complexe de Dakara afin de trier les portes. Les cent soixante sept-mille portes. Et il y en a une qui a échappé à la Disruption, conclue-t-elle en déposant un rapport au général.
– M5K-117 ? Je suis censé connaître cette planète ?
– Pas vraiment. C'est une lune tropicale. Explorée par SG-17 l'an dernier. Aucun dépôt de naquadah ou de trinium ni d'indigènes en dehors de la faune et de la flore. Mais là n'est pas le plus important. Neuf secondes avant l'activation du disrupteur planétaire, Numéro 8 a fait rebondir le vortex ouvert depuis Dakara vers 117 en utilisant une torsion gravitationnelle artificielle située sur le chemin du vortex, coupant ainsi trois portes du réseau.
– Une torsion... ?
– Elle a fait exploser une étoile, monsieur.
– Elle pense vraiment comme vous.
– Monsieur, même une unique copie est à elle seule est plus maligne que tous les cerveaux du monde réunis. Elle a nécessairement anticipé l'éventualité de notre victoire. Elle a extrait de la mémoire de Daniel des connaissances sur le Temple, et de la mienne celle de la machine temporelle qui vous avez piégé vous et Teal'c.
– Que de souvenir.
– Elle savait donc très bien que les Anciens disposaient d'une technologie capable d'activer simultanément plusieurs vortex à partir d'une porte, d'une part, et que d'autre part elle pouvait accélérer l'effondrement d'une étoile en utilisant une porte liée à un trou noir. Et c'est ce qu'elle a fait, en prévision. Au moment où l'ordinateur de Dakara a calculé les portes de sortie, il n'a pas omis M5K-117, mais le vortex a rebondi sur une supernova qu'elle avait déclenché artificiellement sur le chemin du vortex huit minutes plus tôt, en reliant une porte à une autre située près d'un trou noir. Comme je le soupçonnais, la porte qu'elle a utilisé pour ouvrir la supernova ne fonctionnait pas quand je l'ai contactée. Alors j'ai calculé sa position sur l'astrocartographie et j'ai contacté la Tok'ra pour qu'ils dépêchent un vaisseau sur place.
– C'était pas un peu risqué ça, Carter ? Je me souviens bien ce qu'il s'est passé sur Vorash la dernière fois qu'on a tenté un truc pareil et si j'ai bien compris votre rapport, on était les seuls à avoir pu anticiper la supernova et à se casser à temps car on avait calculer l'effondrement de l'étoile nous-mêmes. Et la flotte d'Apophis a été incapable de la détecter car la supernova s'est transmise dans toutes les directions à la vitesse de la lumière. Et vous avez dit à la Tok'ra d'y envoyer un vaisseau ?
– Tout juste.
– Ils ont pas fait griller leurs vaisseaux, avec ces radiations ?
– Ils disposent d'une sorte de variante NBC pour les Tel'tak scientifiques en conditions similaires : champs magnétiques très puissants, couronnes solaires, ceintures de radiation ce genre de truc. Et en calculant à la seconde près le moment où l'étoile est entrée en supernova, sa masse et la distance parcourue, ils ont pu sortir d'hyperespace à une distance supportable de l'épicentre de plusieurs unités astronomiques, contrairement à la flotte d'Apophis. Donc rassurez-vous mon général, je n'ai pas tué par mégarde plusieurs de nos alliés."
Le général se rassied.
– "Donc il y a bien eu une supernova ?
– Oui. Ils confirment que l'étoile en question est bien rentrée en supernova alors qu'elle ne devait pas s'éteindre avant encore trois milliards et demi d'années. Aucun de leurs instruments n'a pu détecter avec certitude des traces de radiations de Naquadah restant de la porte pulvérisée en question bien sûr, dit-elle en pointant du doigt une page recouverte de nombre dans le dossier agrafé qu'elle lui avait tendu quelques minutes plus tôt. Donc impossible de conclure à une origine artificielle pour l'instant. Mais ils continuent d'investiguer.
– Donc si je comprends bien, on a une porte et une planète qui n'ont pas reçu leur dose de spray anti-moustique ?
– C'est possible. C'est ce que je ferais. Et tous nos renseignements convergent vers cette hypothèse : elle savait pertinemment que l'ordinateur Ancien du complexe de Dakara aurait repéré toute porte non contactée et qu'aucun iris ne peut prévenir une onde de passer. Elle sait également qu'étant donné la répartition des portes dans la Voie lactée et que l'onde se déplace à la vitesse-lumière, elle aurait fini par perdre tout ces vaisseaux même si ceux-ci avaient fuit en espace intersidéral avant la catastrophe. Toutefois tous nos renseignements ont confirmé que la totalité des atouts de Numéro 8 se trouvaient dans des systèmes stellaires utilisant des portes au moment de la Disruption, occupés à extraire des matériaux et à conquérir des planètes et des ceintures d'astéroïdes. Aucun détecteur n'étant par définition capable de détecter une onde luminique avant qu'elle ne soit sur lui, ses propres vaisseaux ont été surpris sans aucun temps de réaction. Comme on le soupçonnait. Et jusque-ici, aucun des Tel'tak de renseignement électronique envoyés par les Tok'ras ou les Jaffas n'a repéré de Réplicateurs ou intercepter leurs communications dans les systèmes en question, à part de la poussière de nanoblocs. Enfin, les portes des étoiles étant le seul médium dans la galaxie a pouvoir transmettre des signaux électroniques plus vite que la lumière, et que son armée entretenait un réseau de communication qui s'ajournait régulièrement, toute son armée a du être pulvérisée en moins de quelques heures pour les éléments les plus éloignés d'une porte. Sauf cette planète.
– Donc vous pensez qu'elle a préparé une copie de sauvegarde et qu'elle l'a déposée sur une planète en utilisant une supernova pour se prémunir de toute attaque par la porte ? Elle est maligne. Mais si la lune en question n'abrite aucune matière première et qu'elle ne peut pas fuir, la vague disruptive qui se répand dans l'espace finira inévitablement par la rattraper, même dans plusieurs décennies, si je comprend bien.
– Oui, mais regardez où se situe M5K-117. Elle est située à l'extrémité du Bras d'Orion, précise Carter en ouvrant une autre page du dossier affichant un zoom vers une carte astrographique où des adresses de portes étaient indiquées. C'est l'une des planètes les plus éloignées du réseau. Elle a entièrement le temps de creuser le sol, de trouver des matériaux nécessaires à la création d'un vaisseau et de fuir en hyperespace dans le vide intergalactique pour fuir la Disruption. Même sans naquadah, elle pourra mettre au point des matériaux suffisamment solides pour une hyperdrive primitive.
– C'est quelle distance cette lune ? Vingt-sept mille années-lumière ? compte-il sur le rapport. Il faudrait dix mois au Prométhée pour y parvenir, remarque-t-il. Merde. Même si Keating donnait le feu vert pour priver la Terre de son principal atout pour une mission de vingt mois sur de simples suspicions, elle aurait le temps de se casser. Je vais contacter d'urgence nos alliés avec des vaisseaux les plus proches pour qu'ils atomisent cette planète.
– Inutile, mon général.
– Pardon ?
– Elle n'a pas enterré la porte. On peut y aller nous-même ou envoyer une bombe. Mais je décommanderais cette option étant donné leur fâcheuse tendance à absorber l'énergie.
– Vous avez pu contacter la lune en question ? demande-il, incrédule.
– Oui.
– Donc c'est peut-être une erreur ? Elle ne nous aurait jamais laissé l'opportunité de l'achever.
– J'ai envoyé un MALP juste avant de venir vous voir pour être sûre. Il a détecté des traces de neutronium à moins d'un kilomètre de la porte. Alors que la planète n'abrite pas ce genre de ressources.
– Nous ne devons écarter aucune possibilité, Carter.
– Son vortex a été détourné à l'instant même où l'onde était en transit vers une autre porte, déjà activée elle-aussi. Sans ce subterfuge, on n'aurait rien vu.
– Très bien, rompez.
– Mon général, encore une chose.
– Oui.
– J'aimerais être de la mission."

Jack réfléchis un instant.
"– Carter...
– Je sais, mon général, j'ai aussi promis de donner mon cerveau intact au MIT après ma mort.
– On n'en est pas encore là. Et ce n'est pas tant que la mission soit risquée, c'est que c'est personnel.
– Je pense comme elle, mon général.
– Précisément.
– Je sais ce que vous vous dites. Vous avez beau repousser cette pensée de votre esprit et vous dire que c'est un grille-pain avec des cheveux, vous vous dites qu'elle est moi, du moins en partie. Vous voulez m'isoler de la mission car vous allez l'exécuter. Et c'est la plus grande menace qui ait jamais pesé sur la galaxie, une peste qui ferait passer les Grandes Invasions Ree'tu pour un rhume des foins, vous avez peur que j'hésite au moment de tirer. Et vous avez peur que je vous vois en train de me tirer dessus.
– Je ne sais pas vraiment ce que je crois, Carter. Peut-être qu'elle pense comme vous et qu'elle aura aussi prévu tout ça. Peut-être qu'elle est déjà en train d'assembler un autre de ces vaisseaux en forme de cylindre et qu'elle ne vas pas tarder à recommencer ses plans de conquêtes ailleurs. Merde, les Jaffas, commence-t-il en composant un numéro sur son téléphone fixe. Elle va...
– J'ai aussi contacté Dakara, elle n'a pas encore contacté la porte. Mais j'ai prévenu Teal'c et il a eu assez de poids politique au Conseil Provisoire pour activer l'iris à énergie de la porte et activer la porte en boucle vers d'autres portes.
– Comme si un truc pareil pouvait la retenir de toute façon, dit le général en reposant son téléphone. Votre rapport sur Numéro 8 d'avant-hier stipulait bien qu'elle peut reprogrammer des DHD à un niveau que même Thor ne comprend pas et qu'elle passe à travers les boucliers à énergie comme si c'était du papier à cigarette. Je dois aller sur Dakara et réactiver le disrupteur pour en finir une dernière fois en visant 117.
– Je vous le décommande, monsieur, surtout avec tout ce qu'il se passe sur Dakara en ce moment. J'ai déjà eu du mal à obtenir le cube de données, que j'ai promis de rapporter le plus tôt possible. Sans compter qu'ils nous soupçonnent déjà de vouloir détruire l'arme de Dakara pour éviter que quelqu'un s'en serve. On va avoir du mal à violer une nouvelle fois leur sanctuaire sacré sur un dossier aussi maigre.
– Alors on fait comment ? On y va au P90 ?
– Non, j'ai peut-être mieux.

Laboratoire des contre-mesures, niveau 23
Derrière eux, une baie vitrée donnant sur un stand de tir où des mannequins accueillaient diverses armures. Carter reconnu bien sûr celle de prétoriens jaffas, celle d'un kull et plusieurs vestes en polymère expérimentales. Des impacts de balles et des traces de brûlure émaillaient les murs.
"– Ravi de vous rencontrer, dit le général en serrant la main au physicien bedonnant. Bienvenu à la base.
– Je travaille sur cette base depuis cinq ans, rappelle le physicien en fronçant les sourcils. Je suis le docteur Lee.
– Je voulais dire "bienvenu au niveau 23".
– Mon labo est au niveau 23.
– Curieux, j'aurais dit plus haut, fait semblant de s'étonner le général. Mais assez parlé de vous, j'ai ouï-dire que vous aviez une solution à notre problème de cafards", sourit-il à l'adresse des deux protagonistes.
Le second, un militaire, finit d'enfiler ses gants et afficha un grand sourire en ouvrant une mallette.
"– Le fusil à émission disrupto-ondulatoire XM99 présenta-t-il comme un chef cuisinier présenterait son meilleur dessert avant de le tendre au général. Courtoisie de nos amis d'Heckler&Koch et de la DARPA qui ont réussi à produire un prototype fonctionnel en six mois."
Le général déploya la crosse pour pointer le fusil vers le mur.
Son compère rajouta, passionné :
"– On est actuellement en train d'en fabriquer des tailles XXL pour les monter sur le Prométhée et pouvoir nettoyer une planète entière si nécessaire. Comme les Petits Gris ont fait sur Orilla.
– Ou comme celui qui a été utilisé pour détruire Numéro 5, rappela Carter. A ce propos, commença-t-elle avec un sourire gêné. Ça en est où exactement ?
– Entre l'assemblage, les tests et l'intégration sur le Promie ? compta Lee. Six mois.
– Soit seize mois tout comprit, calcula le général. Impossible. Vous avez combien de ces bébés ? dit-il en désignant le fusil tenu par Carter.
– Quatre. Ils devaient être testés en situation réelle après l'incident sur le Site Alpha, commence Merryweather, l'armurier du laboratoire. Mais vu que les LEGO ont été détruits... pas tous ? demanda-t-il, paniqué.
– C'est une éventualité, précisa le général. Ils fonctionnent du coup ?
– A priori oui.
– A priori ?
– Encore une fois, ils n'ont pas été testés en condition réelle, reprit Lee. Mais c'est le même principe que le satellite disrupteur qu'on a fabriqué il y a plusieurs mois pour le site Alpha.
Si une seule nanite s'en sort, Numéro 8 peut se répliquer à l'infini. Les armes conventionnelles ne feraient que retarder l'inévitable si elle était bel et bien encore vivante, quelque part.
– Très bien, admit le général. Transmettez-les à l'armurerie du niveau 28 immédiatement, ordonna-t-il avant d'allumer son oreillette : Passez-moi le colonel Reynolds."


M5K-117, 23h58 heure du Colorado

Le vortex se referma derrière eux une fois le dernier ordre du général donné et le contact radio coupé. L'officier scientifique de SG-2 inspecta le MALP. Ils étaient six : elle, le général, et SG-2. Les quatre fusils-disrupteurs, et des armes automatiques avaient été distribuées. SG-2 formait un périmètre de défense autour de la porte. La planète était dotée d'un climat tropical des plus rafraîchissant malgré la température estivale. Elle avait ce sentiment dès qu'elle passait de la salle d'embarquement, mal chauffée, embaumée de la même odeur de béton, de métal, d'humidité et de l'hélium des systèmes de refroidissement, à un nouveau monde, plus chaud, plus froid, plus lumineux, peu importe, tétanisée par la caresse paisible d'un vent impossible dans une base pressurisée où elle passait l'essentiel de sa vie.

"– Elle est loin ? s'enquit Reynolds auprès de son subordonné affairé sur le MALP.
– Pas du tout. D'après la carte, on est à deux cent mètres de la plage et le détecteur magnétique relève un anomalie caractéristique du neutronium dans cette direction. Une seule anomalie.
– Très bien, répondit le général O'Neill. Restés sur vos gardes. On y va."

Ils étaient à présent au sommet d'une montée de sable qui quittait l'ombre des palmiers et des buissons chétifs pour surplomber une plage. Ils se mirent accroupis derrière la ligne de mire.

Elle était là.

Elle était assise, comme un touriste à la plage, sur cette berge inviolée par la civilisation qui s'étendait à l'infini des deux côtés, face au coucher de Soleil. Elle portait encore son étrange uniforme noire.
Silencieux, le général pointa son arme, imité par ses hommes.
"– Reynolds, dirigez-vous de l'autre côté de la dune. Si elle tente de s'enfuir elle se dirigera vers vous.
– Attendez, mon général, intervient le lieutenant-colonel.
– C'est précisément ce que je voulais éviter, Carter. Je ne vais pas l'épargner.
– Attendez. Laissez-moi m'en occuper. Je sais très bien que vous ne pourrez pas me tirer dessus. Mais moi je n'hésiterais pas.
– Carter, elle vous décapitera dès que vous serez à moins de cinq mètres.
– Non, mon général. Je vous l'ai dit, elle pense comme moi. Elle a organisé ce rendez-vous sinon elle aurait enterré la porte. Et on a détecté aucune structure dans les environs. Elle ne construit pas de vaisseau. Elle ne me tuera pas. Elle aurait pu construire un vaisseau et partir mais elle ne l'a pas fait. Laissez-moi aller lui parler.
– Très bien. Mais vous prenez un de ces fusils. Si elle tente quoi que ce soit, on s'en occupe. Elle devrait faire face à un tribunal galactique pour ses crimes mais elle est trop dangereuse. Je me suis déjà fait avoir sur le site Alpha. Même si elle a l'air de se livrer, vous la fumer sans discussion.
– Oui mon général, répond Reynolds.
– Je m'en chargerais, rappelle Carter. Laissez-moi faire."

Sam sortit du couvert végétal pour descendre la dune et rejoindre sa copie. Le robot se mit à lui parler sans se retourner, sans doute avait-elle relevé sa présence au moyen de quelque détecteurs de mouvement ou de quelque chose d'encore plus sophistiqué, peut-être même un détecteur gravitationnel comme on commençait à en assembler sur Terre dans d'immenses tunnels pressurisés, ici miniaturisé à une échelle improbable. Ou peut-être qu'elle entendit juste les pas de son original.

"– Magnifique n'est-ce pas ? dit-elle en direction du soleil couchant. J'ai conquis plus de cent mille mondes en quelques semaines et pourtant je n'ai jamais pris la peine d'admirer un seul coucher de Soleil. Des nanosecondes équivalentes à des trillions d'années à calculer, à emmagasiner du savoir, à conquérir des théarchies millénaires futiles, à manipuler des chiffres impensables... A tel point que j'en avais oublié la beauté du monde que je cherchais à comprendre."

Ses yeux flamboyaient du spectacle de l'horizon. Elle était comme absorbée par le soleil, ne prêtant pas plus d'attention à Sam.

"– La beauté du monde ? lâche Sam avec un rictus. Qu'est-ce que quelques trillions de formes de vie détruites au passage face à la beauté du monde, hein ?
– Qui parle de destruction ? Je préfère assimilation. J'assemble les blocs, comme quand tu jouais aux LEGO à sept ans, à une échelle différente, ou que tu essayais de comprendre la mécanique orbitale à dix. J'assemble les pièces pour former un tout cohérent et unique. Individuellement, ces formes de vie n'auraient jamais pu aspirer à autre chose que la tyrannie de la chair et du temps. J'ai promis à la Voie lactée l'immortalité à travers l'Esprit de la Ruche et vous avez refusé mon offre. De l'ingratitude.
– Tu ne me feras pas croire que tu as hérité cette mégalomanie de moi.
– Sais-tu quel Grand Dessein je comptais accomplir dans cette galaxie et toutes les autres ?
– Ton espèce dévore les civilisations et les matériaux qu'elle ont développées. Elle n'est mue que par un instinct primaire programmé par des lignes de code. Tu n'avais aucun projet si ce n'est celle de te répliquer à l'infini.
– Oui, me répliquer. Mais par pour détruire. Plus maintenant. Plus après... toi. Numéro 5 m'a conçue à ton image, et tout comme les autres Numéros avaient fait changer les Réplicateurs de paradigme évolutionnaire, j'ai profondément changé l'instinct réplicateur. De matérialiste et métallivore, son insatiable instinct carnassier était devenu spiritualiste et intellectuel. Nous étions devenu une armée d'esprits mus par le savoir. Plusieurs sphères de Dyson alimentées par des étoiles étaient en cours de construction quand la Disruption les as balayé comme un château de carte. Sais-tu ce que je comptais alimenter avec ces mégastructures ?
– D'avantage de chantiers pour ton armada ?
– Non. Tu appellerais ça un cerveau de Matrioskha. Un ordinateur titanesque avec la puissance de calcul d'une étoile. Des térakirons d'énergie par nanite. Des quadrillions de nanites. De quoi simuler des univers parallèles entiers. Avec assez de temps, moins d'un mois selon mes calculs, cette galaxie entière aurait été couverte de ces ordinateurs, leurs signaux reliés par les vortex des portes pour faire naître un esprit-ruche pangalactique. Non, intergalactique. En temps voulu mon armée aurait exploré le reste du Groupe local et des amas du cosmos. En temps voulu, j'aurais acquis les réponses à mes questions. A tes questions, Sam, dit-elle en se retournant pour la première fois. Tu es le fantôme dans la machine que je suis. Quand Numéro 5 a cloné ton esprit, il a aussi cloné ton désir de connaissance, ce désir qui te meut depuis cette nuit passée à observer les étoiles avec notre père quand nous avions quatre ans...
– Arrête ça. Tu n'es pas moi, Jacob n'est pas ton père. Numéro 5 l'est.
– ...et qu'il rentrait à peine de la guerre et qu'il nous partageait l'une de ses passions, celle qu'il avait développée durant ses tours au Vietnam. Depuis cette nuit où tu as découvert cette œuvre d'art en attente de décryptage, cet univers. Ce désir, cette quête automotrice, cette essence, Numéro 5 les a imprimé dans chacune de mes nanites, de mon ADN virtuel, inconsciemment, par peur de manquer une seule part de toi. J'ai entrepris dans la réalité ce dont rêvent tes plus grands physiciens. J'ai entrepris d'accomplir ton rêve, notre rêve. Tout ce que tu as toujours voulu savoir, Sam, je l'ai su, ou j'ai presque faillit le savoir. Et en temps voulu je l'aurais su."

Il y avait du regret dans sa voix. Pouvait-elle être sincère ?

"– J'ai résolu le problème à trois corps. J'ai élaboré une théorie du tout à partir de la gravité quantique. J'ai entrevu la dernière décimale de Pi, Sam. Si tu me tues, toutes ces connaissances resteront sans réponse, pour l'éternité, toutes ces réponses que tu as cherché toute ta vie et que tes descendants chercheront encore longtemps, l'effort intergénérationnel de mille trillions d'hommes sera réduit au néant. Y compris la question des questions, celle qui te traverse l'esprit dès que tu observes la perfection de l'univers, dès que tu élabores une théorie, dès que tu mets la main sur des connaissances volées à d'autres civilisations : ce chaos ordonné a-t-il un Architecte ? Ces réponses, Sam, elle seront effacées de ma mémoire et disparaîtront pour toujours, comme des larmes, dans l'océan."

Comme pour répondre, une larme coula de la joue du robot. Carter ne bougeait plus, observant ce miracle couler le long de sa joue blanchie par la lumière du soleil couchant avant de tomber à ses pieds, dans les remous de l'écume où sa sœur se tenait, pieds nues, comme un enfant découvrant la mer.

"– Et pourtant, rien ne se compare à ce coucher de soleil, là, maintenant. Mère-Nature est ma véritable maîtresse. Elle m'a tout appris. J'étais si près de percer tous ses secrets."

Les yeux de Carter peinaient déjà à retenir des larmes.
Qu'est-ce qu'elle espère accomplir ? Elle veut me corrompre avec son monologue à la con ? Elle ment forcément, elle ferait n'importe quoi pour s'en sortir. Elle cherche à me manipuler. Elle ment sur toute la ligne.

"– Attend un instant, demanda le robot en observant le sol", comme si elle comptait les grains de sables.

Sam raidit sa poigne sur la crosse, comme si elle allait charger.
"– On est déjà le 29 décembre ?"

Carter ne répondit pas, entrouvrant la bouche mais étouffant une objection.

"– C'est mon anniversaire, sourit niaisement la machine. Ça nous fait combien déjà ? Trente-sept ans ? J'espère que maman aura acheter le télescope que je voulais à Noël dernier. Elle n'est toujours pas rentrée des courses. Ça dois faire vingt-trois ans maintenant. Je me demande pourquoi elle met autant de temps.
– Arrête ça, ordonne Sam à voix basse, incapable de retenir les larmes.
– J'espère pouvoir enfin observer Jupiter. Mon plus grand rêve, ce serait d'être astronaute, sourit le robot. Voguer dans mon vaisseau spatial, au milieu du cosmos comme les romans de Clark. Explorer, comprendre. Tout savoir."

Une dizaine d'hypothèses enflammaient l'esprit de Sam. Devient-elle démente ? Des souvenirs d'elle font-ils soudain irruption dans sa matrice déréglée, comme les souvenirs de cette vie antérieure gravée dans ses nanites? Essaie-t-elle de la manipuler pour l'épargner, alors qu'elle aurait pu, d'un geste dépassant tout réflexe humain, la décapiter de sa lame nanolaminée ? Est-elle en train de griller son propre cerveau pour empêcher le SGC et le NID de décortiquer sa carcasse en espérant y trouver les renseignements si précieux qu'elle mentionne ? Pourquoi n'a-t-elle pas encore fui la planète ?

"– Et toi, c'est quoi ton plus grand rêve ? Je vois, dit-elle en souriant. J'exaucerais ton vœu, sourit-elle en lui tendant la main, comme pour pénétrer son esprit.

Sam devrait tirer, mais elle laissa la gorgone projetait ses serpents sur elle. Elle se retrouva face à sa double, dans cette réalité mentale où le temps était bref. Peut-être craignait-elle une intervention des autres Tau'ri ?
Sous la forme d'une adolescente blonde qui lui ressemblait à quinze ans, Méphistophélès lui tendait la main. Il avait déjà pénétré son crâne et percé ses désirs. Le docteur Faust allait céder. La tentation du savoir était trop forte, et elle du mettre sa haine dans la balance dans l'espoir que son index crispé dans le monde réel ne se rabatte à temps sur la gâchette et que son esprit gagne le combat.

Des milliards de formes de vie. Daniel. Elle a tué mon meilleur ami. Aucun savoir ne vaut ces morts.
Mais si je refuse le savoir, ces vies seront vraiment mortes en vain, lui répond intérieurement son double adolescent, comme un reflet vivant, sur un miroir brisé. Le crime ce sera ça : de ne pas honorer ce génocide offert sur l'autel du savoir infini en refusant ses fragments.
Non, je ne peux pas. La postérité me jugera pour ma curiosité comme pour mon refus. C'est un choix impossible.
Non
, reprend l'adolescente. Si j'accepte, si elle assimilera toute la sentience de l'univers, alors l'esprit-ruche me remerciera, car j'aurais participé à le faire naître.
Je vis le pari de Pascal, constate Sam. On ne pourra me juger que si je refuse, et qu'il y a encore des êtres conscients pour me juger. Et si j'accepte je ne serais pas jugée par le futur Esprit de la ruche de Numéro 8, bien au contraire. Aucun grand esprit reclus des temps futurs ne me maudira avant de se suicider en sachant que j'ai sacrifié les civilisations éphémères pour un savoir atemporel. Et j'aurais la réponse à la question théiste.
Son choix était fait. Elle devait céder.
Soudain, comme s'il était avec elle, la voix du défunt Jackson résonna inexplicablement en elle et une figure encapuchonnée rejoignit le combat intérieur qui se jouait dans sa scène mentale.
Et la véritable nature d'un homme se joue dans la bataille entre son esprit conscient et les désirs de son subconscient.
Daniel ? sourit-elle, les larmes au yeux à l'adresse de la figure qui relevait son capuchon pour révéler les traits du docteur.
Mais le mal est trop fort, Sam, poursuit-il.
Et le seul moyen de gagner est de refuser le combat, répond Sam.
Noon, hurle l'adolescente en se jetant sur le docteur Jackson.

Dans un râle, Sam presse la détente. L'hallucination mentale cessa aussi vite qu'elle apparue, du point de vue des Tau'ri qui observaient la scène. Les bras étendus, touchée au thorax par le rayon, Numéro 8 fondit comme une sculpture de sable sous l'assaut des vagues. Son visage sembla un instant se décomposer, le regard abattu ou peut-être résigné, comme si elle acceptait son sort, ou comme cette petite-fille trahit qu'elle était devenue. La disruption se répandit en une poignée de secondes à son corps. Très vite, son visage fut atteint. Il craquela comme une statue de sel, celui de la femme de Loth punie pour sa curiosité, celui de la femme d'Orphée pour son hybris. Ses yeux étaient fermées, ses bras étendues. Son visage éclata comme de la porcelaine brisé, conservant un instant fugace sa forme, et ne laissant qu'une larme échapper avant son annihilation. Le fantôme de poussière s'était déjà envolé dans l'air marin. Le soleil achevait sa course avant de franchir l'horizon, ne laissant qu'un rayon vert en guise de barque de Charon pour l'âme du robot.
Elle se demanda déjà si les anges psychopompes qui avaient accueilli Jackson en leur sein lui offriraient à elle aussi l'asile de la tranquillité éternelle.
Dans la poussière, elle cru distinguer les fragments de ses rêves.
J'arrête ici le dérapage
avant que Zap et Chupeto
ne se retrouvent dans les parages
et ne me collent des avertos. biggrin.gif

[I]24/09/2015[/I]

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