Pardonnez mon retard, j'ai du bosser comme un damné cet été et j'étais jamais satisfait de mes premiers jets.
J'ai déjà écrit la fin et les événements qui suivent donc je sais où je vais mais je tenais à éviter les écueils de l'épisode original (victime de la concision inhérente à son format d'épisode) sans pour autant tomber dans l'ennui, tout en évitant de louper des éléments (j'ai déjà remarqué des oublis "mineurs" car j'avais pas assez anticipé). Par ailleurs je me suis rendu compte d'un certain nombre d'erreurs, oublis, incohérences pas forcément graves et parfaitement corrigeables, mais je peux pas demander aux lecteurs de passer leur temps à revenir 3 chapitres en arrière pour relire les passages corrigés, donc je pense plutôt que j'intégrerais les modifications (passages étendus notamment mais aussi correction orthographique) dans la version finale une fois que la fanfic dans son ensemble sera achevée, profitant au passage de vos retours pour voir là où sa pêche (passages obscurs, trop rapides, incohérences, éléments trop implicites etc) comme j'ai déjà pu corriger au fur-et-à-mesure grâce aux interventions de plusieurs lecteurs.
On arrive enfin au dur de la fanfic et j'espère que ce chapitre vous plaira.
Edit 1 : j'ai déjà un peu édité malgré ma promesse d'attendre la fin mais je sentais que la qualité baissait un peu
Chapitre 7 : Les Naufragés du Temps
USS Alabama, époque inconnue
Appuyé sur le docteur Jackson qui l'avait devancé, O'Neill achève péniblement de descendre de l'échelle. Le trio se retrouve à nouveau dans la salle des machines auxiliaire.
- Il s'est passé quoi ? On était en apesanteur à un moment. J'ai faillit m'évanouir, se plaint Altman en inspectant sa nuque endolorie.
- On a amerrit, répond Carter, première arrivée. Après avoir remonté le temps.
Le marine et ses deux subordonnés restent bouche bée.
- Amerrit ? Le vaisseau est pas censé juste changer d'époque ? Je comprends rien, fait remarquer l'un des deux autres marines, Merryweather.
- Si. La vague de l'explosion a du nous faire dévier durant la transition. On a émergé dans l'espace et on a du faire atterrir le sous-marin.
- C'est possible ça ?
- On fera un rapport complet une fois le sous-marin sécurisé, docteur, coupe le colonel. Tous les Jaffas ont-ils été éliminés ou neutralisés ?
- Aucune idée mon colonel, répond Altman. On a deux morts confirmées et un prisonnier. L'équipe d'ingé faisait état d'au moins un assaillant lorsque Sumner est arrivé sur place.
- Ok. Vous deux, allez attacher le prisonnier dans la salle des silos : je veux qu'il soit constamment surveillé, ordonne le colonel aux deux autres marines. Altman avec moi, on va vérifier si la salle du réacteur est sécurisée.
Teal'c se laisse guidé, menotté, par les deux gardes, et frôle le docteur Jackson avec lequel il échange un curieux regard.
- Vous êtes sûr que c'est une bonne idée dans votre état ? s'inquiète Altman.
- Je vous ai donnez un ordre, major. Carter, Jackson, allez voir si Strickland a besoin de vous, sinon allez vous reposez dans le quartier des équipages.
Altman s'exécute et ouvre l'écoutille de la salle du réacteur. O'Neill lui emboîte le pas, le Beretta à la main. Carnage est le seul mot qui lui permet de décrire la scène qu'il contemple. Au sol, les corps épars de plusieurs SEALs, matelots et de deux agents des forces spéciales jaffas, ou ce qui leur sert d'équivalent. Sur l'un d'eux, les traces d'arms à énergie tirées depuis une lance Ma'tok, de la main même de Sumner qui la tient encore agrippée dans un réflexe post-mortem, le corps adossé à une cloison sous un escalier. Des dizaines de douilles, du sang, des impacts de balle. Une scène de combat malmenée ensuite par les secousses de l'atterrissage. Altman se baisse pour inspecter les corps étendus au sol.
- Ce jaffa est mort, confirme Altman. Sumner l'a flingué avec sa propre lance. S'il avait manqué son tir le sous-marin se serait dépressurisé.
- ça a du être une lutte féroce, commente O'Neill. Ils ont surtout opté pour du corps-à-corps.
- Et ils se sont battus comme des lions, ajoute Altman en inspectant le coutelas encore dans la main d'un des soldats.
Derrière le réacteur, O'Neill aperçoit le docteur McKay, adossé au terminal de contrôle du réacteur principal.
- Vous allez bien doc ?
- Excusez-moi. Je souffle une seconde. Je viens à peine d'empêcher une surchauffe du réacteur. J'ai pu évacuer la chaleur grâce à l'eau de mer. On a évité un énième cataclysme.
- Tout va bien docteur, vous nous avez sauvé la mise. On aurait pas eu assez de jus avec celui de l'Exonef. Restez éveillé quand même on n'est pas tirés d'affaire.
- Jack...
L'intéressé sursaute. Un des cadavres semble reprendre vie.
- Kawalsky ! Bouge pas. T'es blessé ?
- C'était le bordel, Jack. Moi et Casey on était dans la salle quand ils sont arrivés. D'abord les Jaffas. Puis Sumner. Puis le corps-à-corps. Puis l'apesanteur. Puis... j'ai eu l'impression de tomber et d'être plaqué au plafond. En atterrissant j'ai du me casser un truc ou deux.
Il essaie, en vain, de se redresser.
- Reste-là, je vais voir si je peux trouver de l'aide. Mais bouge surtout pas. Altman, les deux jaffas sont bien morts ?
- Affirmatif, confirme le marine en inspectant le second jaffa.
- Alors vous restez ici avec Kawalsky et McKay en attendant qu'un médic puisse les inspecter. Charles, tu bouges pas et t'attends sagement qu'on vienne s'occuper de toi.
Jack quitte la salle du réacteur et se dirige vers le CIC, passant à nouveau par la salle des machines auxiliaire avant de s'engager dans l'interminable corridor de la salle des silos qui occupe à elle seule un bon tiers de la longueur du mastodonte. Sur son passage, des dizaines et des dizaines d'hommes du navire en uniforme de matelots et plusieurs soldats s'activent à évacuer des blessés, à inspecter des cadavres. C'est le chaos. Soudain un son étrange se fait entendre et le sous-marin commence à tanguer de droite à gauche, tandis que les lumières changent.
"Ici le capitaine, annonce les hauts-parleurs. Nous sommes arrivés à destination. Nous procéderons à la procédure de plongée, accrochez-vous à nouveau."
O'Neill enjambe des blessés, se colle au peu d'espace libre pour laisser passer, informe les hommes du commando Blacklight qu'il croise de la situation, se retient à ce qu'il peut alors que le sous-marin poursuit sa plongée au prix d'un sol à l'horizontalité incertaine. Parcourir quelques mètres prend plusieurs minutes.
- Doc, j'ai deux blessés en salle du réacteur, informe le colonel en s'adressant vers l'officier médical appliqué à prodiguer des soins à un homme adossé à l'un des silos.
- Et j'en ai une centaine dans tout le navire et j'ai une infirmerie grande comme un cagibi pour tout le monde.
O'Neill ne dit rien. L'infirmier souffle un instant.
- Graves comment les blessés ? demande-t-il sans lever les yeux.
- Secoués par les accélérations. L'un d'eux est retombé sur le dos. L'autre n'avait pas de trace de blessure apparente, mais il était mal en point.
- Alors ils attendront, coupe le médic. Maintenant laissez-moi j'ai du travail. Michaels la bouteille d'oxygène elle arrive ?
Le colonel comprend et reprend sa traversée laborieuse du sous-marin. Bientôt il voit les deux marines de l'équipe d'Altman aux prises avec plusieurs matelots et un SEAL, tentant de repousser l'attroupement.
- Reculez putain ! ordonne l'un d'eux, la main sur son arme.
- Il se passe quoi, ici ! hurle Jack.
- Il se passe que ces fils de pute viennent de nous massacrer ! hurle l'un des hommes d'équipage en désignant Teal'c, menotté à l'une des cloisons entre deux silos.
- C'est le seul des ennemis encore en vie. Sa survie est primordiale si on veut des renseignements. Interdiction formelle de l'approcher, ordonne Jack avant de reprendre sa route.
- J'ai pas envie de crever pour défendre ce connard, admet Merryweather.
- Moi aussi j'ai envie de le descendre, confirme le troisième marine de l'équipe d'Altman, Burns. Il a buté Sumner.
- Je sais, mais on a des ordres et on s'y tient, rappelle Altman avant de se tourner vers l'un des matelots. Maintenant reculez !
Le colonel parvient enfin au CIC, étouffant une ultime douleur du bras au moment de céder le passage à deux hommes évacuant un cadavre, l'un des officiers de la passerelle, tué par Shak'el.
- Au rapport, demande le capitaine en effectuant un salut que lui rend son homologue de l'Air Force de son seul bras valide.
- Nous avons éliminé le commando ennemi, capitaine. Quatre sont morts et nous avons réussi à capturer leur commandant. Monsieur c'est Teal'c en personne, le Primat d'Apophis.
- Y'a qui d'autre dans ce sous-marin ? Ben Laden ? Bordel mais comment ils nous ont trouvé les salauds ! s'emporte le capitaine en tapant du poing sur le terminal tactique. C'était une mission secrète, la localisation était confidentielle. Votre vaisseau magique était pas censé nous rendre furtif à tous les radars, docteur ? demande-t-il en direction de Carter.
- Je l'ignore, répond le docteur. Ils sont arrivés après le lancement des missiles qui eux ne sont pas camouflés. Mais le NID m'avait dit que le plan était sans faille : les Goa'ulds n'ont eu aucun moyen de remonter la trace des missiles, et de toute façon ils devaient être détruits avant qu'ils n'aient le temps d'analyser la moindre donnée.
- Mais pourquoi ce sous-marin en particulier ? Il y a plus d'une trentaine de sous-marins balistique à travers le monde qui ont participé à l'opération Mjolnir.
- Peut-être qu'ils ont tous été abordés de la même manière ? propose Jackson.
- Alors pourquoi leur Primat en personne a-t-il abordé le seul sous-marin camouflé ? Ils ont bien du voir qu'on était furtif non ? Vous êtes sûrs que sur Chulak ils ont pas eu le temps de laisser... je sais pas, un système de traçage discret sur la carlingue de l'Exonef ? Ou de vous implanter une puce ou un truc comme ça ?
Jackson reste de marbre.
- C'est... possible, s'étonne Carter. Nous n'avons rien trouvé de tel mais c'est possible que nous n'ayons rien vu et que l'Exonef soit tracée via une sorte de signal subspatial. En dehors de l'Exonef elle-même nous n'avons aucun radar capable de détecter les ondes subspatiales. Donc c'est bien possible qu'il y aie une sorte de dispositif discret capable d'émettre sur des fréquences précises que l'Exonef n'a pas su isoler.
- Je suis d'accord avec le docteur Carter, intervient Jackson. Quand l'équipe de Kawalsky nous a exfiltré de la prison sur Chulak, il n'a pu laisser qu'un seul garde à l'Exonef. Des Jaffas camouflés ont très bien pu y placer un mouchard. Il nous faudrait fouiller l'Exonef à la recherche d'un tel dispositif.
- Le docteur Jackson a raison, répond Carter. Quelque chose nous a peut-être échappé.
- Si vous savez pas alors trouvez ! s'emporte le capitaine. Si on est bien sur Terre à l'époque où régnaient les Goa'ulds, alors ils pourraient détecter un tel signal et venir finir le travail.
- Et je fais comment, capitaine ? s'étonne l'ingénieure. Je met un scaphandre et je sors pour vérifier ?
- Vous faîtes comme vous voulez mais je veux savoir comment ils nous ont trouvé. Maintenant excusez-moi mais j'ai d'autres problèmes. Si vous n'êtes pas blessé, docteur Jackson, je pense que le médic va avoir besoin de vous. On a un docteur pour tout l'équipage et les blessés se comptent par dizaines.
- Je suis docteur en archéologie, pas...
- J'ai besoin de chaque personne valide.
- Je n'ai aucune compétence médicale.
- Et bin vous apprendrez.
- J'ai des compétences médicales, ajoute Carter.
- Si l'Exonef déconne il n'y aura plus personne à soigner. Le rapport passe en premier. Colonel votre bras ça peut attendre ?
- Sauf votre respect, commence Jackson, sans le colonel on ne peut ni faire voler la nef, ni se camoufler et encore moins revenir à notre époque. Vous devriez le soigner en priorité.
- Merci doc mais ça va aller, répond le colonel. Allez aider le médic.
- Très bien colonel, allez vous reposez en attendant que Freeman et Michaels puisse vous prendre en charge, confirme Strickland. On aura besoin de vous. Docteur Carter, il me faudra un briefing sur nos capacités opérationnelles, si la nef a détecté quoi que ce soit lors de l'atterrissage, si vous avez trouver la moindre preuve d'un mouchard à l'intérieur du vaisseau. Voyez si le docteur McKay est en état de vous aider. Le temps de s'occuper d'un maximum de blessés et d'avoir un rapport complet sur la situation on se retrouve à 23h, dit-il en lisant sa montre. Rompez.
Au fond, Tanith n'est pas mécontent d'avoir dévier la piste de la puce sous-cutanée, ou équivalent. Mais il sait maintenant qu'il doit laisser quelque chose pour valider la thèse du dispositif laissé sur le Chappa'ai'tak et s'en sortir. Il dispose encore de son communicateur longue portée pour envoyer les ordres à Nerthys. Mais Nerthys est mort. Il n'en a plus besoin. Il lui suffirait de le laisser quelque part dans la nef et de faire semblant de la trouver pour dénicher le coupable de tous leurs malheurs, se délivrer de tous soupçons et se prouver utile à l'équipage. Il est plus proche que jamais de la mission pour laquelle il est né : détruire et élever des empires. Mais cette fois il ne sera pas le vassal d'un maître plus grand. Ses chaînes ont été brisées quand Apophis est mort et quand il a remonté le temps. Il est désormais un électron libre. Mais il y a encore un obstacle : le Primat. Il faut trouver un moyen de l'empêcher de parler ou de les forcer à le tuer. Et une fois le Primat éliminé... son nouvel Empire.
Ha'tak de Râ, Vallée des Rois, 22h heure locale
Depuis le temps qu'il avait élu domicile dans la véritable cité mobile de l'Empereur, Thoth finissait toujours par se perdre dans l'immensité des corridors. Bien sûr ce palace était un navire de croisière, pas un vaisseau de guerre. Mais il était toujours outragé par cette insulte à la fonctionnalité que représentaient ces baies vitrées dans la salle du trône où cet espace gâché pour avoir des plafonds plus haut, quitte à sacrifier plusieurs étages où la charge utile aurait été mieux répartie. En même temps, lui, c'était un ingénieur spécialisé dans la rétro-ingénierie de technologies lantiennes. Comprendre leur technologie, créer des interfaces numériques, répliquer, construire. Il ne vivait que pour ça. Chaque défaut était d'autant plus évident pour lui. Pour un marteau tout ressemble à un clou. Pour un ingénieur, tout ressemble à une fragilité structurelle. Mais encore une fois, son statut lui permettait de se donner à coeur joie à ses activités, et son maître l'avait remercié pour son assistance cruciale durant la guerre contre Sokar en finançant outre mesure ses excentricités. En suivant Râ au lieu de Sokar, Thoth n'avait pas suivi le seigneur goa'uld le plus stable politiquement, mais le meilleur mécène. Et Râ avait su s'attacher ses talents d'expert en technologie ankueta, vitaux pour conserver un avantage technologique face à un ennemi qui avait le nombre avec lui. Mais maintenant que le régime impérial traversait une nouvelle crise et que l'ennemi extragalactique des Goa'ulds venait frapper à leurs portes, il supportait de plus en plus mal les lubbies de son nouveau maître.
Enfin, la grande portée. Les Gardes Faucons lui ouvrent la voie, et l'immense porte inutilement ouvragée coulisse pour laisser entrer le Vizir. La grande salle du trône traversée, il s'incline en signe de respect face à son seigneur lige.
- Une simple météorite, vous dîtes ? s'enquiert l'Empereur en se tournant vers son Vizir des sciences.
- Oui, mon seigneur, admet humblement le Goa'uld, le regard cloué au sol.
- Et vous ne l'avez pas détecté s'approcher d'aussi près ? se demande l'Empereur, lévitant en compagnie de ses hétaïres depuis la bulle d'antigravité où il se tient.
- Je pense qu'il s'agit de météorites issues de la Ceinture d'Astéroïdes dont la trajectoire a été perturbée par un mouvement des lunes joviennes. Un phénomène gravitationnelle improbable.
- Vous êtes sûr que ce n'était pas une attaque des Ree'tu ? Ils utilisent régulièrement cette stratégie.
- Assurément, mon seigneur. Leurs capacités hyperspatiales sont limitées et la ligne de front est à plus de 10,000 années-lumière. Mes Tel'tak n'ont détecté que des traces de glace ordinaire dans l'atmosphère et aucune trace de météore solide. De toute façon s'ils avaient envoyé des météores depuis la lisière du système solaire, les satellites interdicteurs les auraient détecté depuis longtemps.
- Et quand est-il de cette perturbation spatio-temporelle qui a précédé la chute ? Ça m'avait tout l'air d'une fenêtre d'hyperespace, propose calmement le dieu vivant aux traits androgynes, sans âge et presque angéliques, sa longue chevelure noire de jais flottant dans les airs par les effets du générateur de gravité comme s'il eu été immergé dans un liquide totalement translucide, frôlant ça et là les courtisanes dévêtues prises dans le champ d'antigravitons.
- Une fenêtre qu'aucun détecteur subspatial longue portée n'a repéré, rassure le scientifique.
- Ce pourrait-il qu'un de mes vassaux aie développé une technologie hyperspatiale furtive ?
La question qu'il redoute. En guise d'assurance, Thoth ne peut qu'afficher un grand sourire, aux dents blanches et pointues.
- Restons sérieux, mon seigneur. Vous seul disposez, en toute humilité, des meilleurs esprits. Et si c'était une attaque elle était ratée. En tout cas si elle visait bien cette pyramide.
- Par hasard, ne s'agirait-il pas de la même perturbation gravitationnelle que tu as détecté il y a cinq rotations solaires, juste avant l'arrivée de ce mystérieux Chappa'ai'tak ?
- C'est bien possible mon seigneur, peine à cacher le vizir. Il pourrait s'agir du même phénomène lié aux individus qui sont arrivés ici et qui ont tenté de mener une rébellion contre votre auguste déité dans la cité d'Abydos. Si c'est la signature d'une fenêtre d'hyperespace unique à leurs vaisseaux, peut-être s'agit-il d'une mission de secours. Cependant, j'ai déjà émis des réserves quant à cette théorie, étant donné que le Chappa'ai'tak que nous avons récupéré ne possède aucun système d'hyperpropulsion.
- Aies-tu parvenu au moindre progrès depuis que tu travailles sur ce vaisseau, par ailleurs ?
- En partie, admet enfin Thoth. Sa technologie est proche de celle de l'épave découverte sur Dakara quand vous l'avez conquise, elle est donc apparentée aux Ankuetas. Je doute cependant fortement que les individus qui ont mené la rébellion fassent partie de la défunte Alliance des Quatre, mon seigneur, comme le rapport physionomique effectuée sur le prisonnier par Marduk l'a précisé. Cependant, comme mes propres rapports en ont déjà fait état, j'ai pu perfectionner la compatibilité de l'interface digitale du Soleil Noir avec les six gemmes, d'origine ankueta également. Ces cinq dernières années nous ont fait gagné peut-être un siècle de travail sur le projet Soleil Noir, et votre avance technologique sur les autres Grands Maîtres, et je pense qu'il pourra être activé sous peu.
- Très bien, Thoth, je suis content de toi. Aies-tu parvenu à le faire voler, ce Chappa'ai'tak ?
- Je croyais qu'il était doté d'une sorte de verrou digital ou qu'il utilisait du Naquadah dans le sang, mais moi et Marduk ne sommes pas parvenus à faire activer le vaisseau au prisonnier, qui dispose pourtant de traces de Naquadah. Le prisonnier n'a cependant pas été en mesure de faire démarrer la nef.
- Etonnant. Un ancien hôte ?
- Oui. Mais le nom du goa'uld en question que j'ai réussi a arracher au prisonnier est inconnu dans les registres royaux. Je suis même remonté jusqu'à l'époque prédynastique. Marduk et moi n'avons par ailleurs pu établir aucun lien entre ces rebelles lo'taurs et les envahisseurs ree'tus. Ma première théorie était qu'il s'agissait d'un commando de mercenaires humains recrutés par l'Impératrice Ree'tu pour vous assassiner, comme leur technologie furtive et leur attaque au milieu du conflit le laissait penser. Mais nous n'avons trouvé aucun indice allant dans ce sens.
- Très bien, réfléchit Râ. Ta mission ici est terminée. J'aurais besoin de toi pour finaliser la préparation du Soleil Noir. Cesse immédiatement ce projet-là et fait déplacer le Chappa'ai'tak jusqu'à Babylone. Ordonne à Matayus de préparer une embuscade au cas où ces rebelles reviendraient, et d'en capturer plus, cette fois.
- Bien mon seigneur, s'incline le scientifique avant de quitter la spacieuse salle du trône, laissant le pharaon vaquer à ses menus plaisirs en gravité zéro.
Salle des silos de l'USS Alabama.
Ses Jaffas étaient morts. De toute évidence il était le dernier. Mais Apophis allait sans doute envoyer des renforts pour l'exfiltrer lui et le seigneur Tanith. Il devait tenir le plus longtemps possible. Non, avoir été capturé serait un déshonneur surtout pour un primat. Il devait se défaire de ses liens et mener à bout sa mission. Mais quand ? Il lui fallait juste être patient. Les humains ont besoin de dormir, et le grand nombre de blessés qu'il entend lui démontre que l'équipage qui l'entoure est affaibli, tant sur le nombre que sur ses capacités opérationnelles. Il lui suffit d'entrer en kel'no'reem une demi-douzaine d'heure puis de se jeter sur ses geôliers et les massacrer jusqu'au dernier. Mais il doit prendre son temps. Le chasseur patient attrape sa proie, lui avait enseigné maître Bra'tac durant leurs interminables parties de chasses dans les forêts enneigées de Chulak, où traquer un animal pendant une semaine n'est pas rare. C'est dans ces blizzards glacés, à l'ombre de ces conifères sombres et sur les flancs de ces chaînes de montagnes qui bordent le continent de Chu'ral qu'il était passé du stade d'orphelin en exil pleurant un père parti trop tôt à celui de plus grand des guerriers d'Apophis, sous la houlette intransigeante d'un maître spirituel et martial qui s'était substitué à une figure paternelle. Il avait dormi dans des cavernes, escalader des parois montagneuses sans le moindre équipement, manger les larves d'insectes qui pouvaient tuer un humain ordinaire par leurs toxines, juste pour en extraire quelques précieuses protéines. Au cours d'une bataille contre Cronos, son chasseur ayant été détruit, il avait dérivé seul dans l'espace pendant des jours avant que son signal de détresse ne soit détecté. Tout son être avait été forgé dans le froid et la douleur. Il s'enfonçait encore plus profondément dans sa méditation.
- Il fait quoi ce con ? se plaint Merryweather.
- J'hallucine où il médite ? Il vient à peine de flinguer la moitié de l'équipage et il médite ? ajoute Burns.
- Eh connard, on dort ? demande Merryweather en le gratifiant de tapes sur le crâne. Ça va pas se passer comme ça hein. Tout l'équipage a envie de te faire la peau. On va se relayer pour te garder éveillé et cracher dans ton repas mon pote, jusqu'à ce que tu craques. Et là on aura le droit de te distribuer des mandales à tour de rôle par légitime défonce. Heureusement que les connards comme toi sont aussi solides, sinon ça aurait pas été drôle.
- Tu comprend c'qu'ont t'dis ou faut parler en alien ? lance Burns.
- Elle est belle ta tresse, c'est ta fille qui l'a faite ? plaisante Merryweather en inspectant la tresse de cheveux unique pointant sur son crâne.
- Et n'oublie pas la barbichette, ajoute Burns en tapotant le menton du jaffa. C'est du beau travail de barbier ça !
Il reste calme, il ignore ces lo'tars qui lui mettent des gifles et s'approchent de son oreille pour l'insulter. Il sait qu'il doit maintenir l'illusion de l'ennemi vaincu, comme cette proie qui feint d'être morte pour échapper à son prédateur parti chercher ses congénères pour le festin. Être humilié par une créature aussi primitive est agaçant, mais la patience est le pilier de son éducation rigoureuse. Il rit intérieurement en s'imaginant que ces hommes-là sont l'élite de leur espèce, ce qu'ils ont produit de plus proches de ses Jaffas. Ses Jaffas qui ont su pénétrer si aisément dans leur forteresse sous-marine et les massacrer par dizaines. Décidément, conquérir la Tau'ri sera la meilleure campagne de sa carrière. Et si Apophis venait à détrôner Râ comme il le planifiait en secret, il serait à ses côtés, il serait le Primat de l'Empereur en personne. A l'heure qu'il est, le
Dem'et avait atteint le sarcophage de l'impératrice perdue Hathor quelque part au milieu du continent d'Amérique. Grâce à l'ancienne parèdre de Râ, à l'ire forgée par cinq millénaires de stase et d'exil forcé, Apophis aurait bientôt accès à tous les secrets de l'Empereur et il pourrait s'allier à elle pour le détrôner. Et ce serait lui, Teal'c, qui mènerait cette campagne. Il serait le plus grand guerrier que la galaxie ai jamais connu. Livrer à son maître le Chappa'ai'tak et les prisonniers d'importance constituera un prestige de premier plan. Le fait que ses Jaffas, parmi leurs meilleurs de l'Empire, aient perdu la vie prouvera non seulement la dangerosité de l'ennemi vaincu, ajoutant au prestige de vaincre la difficulté de la tâche accomplie, mais fera surtout de lui le seul bénéficiaire dudit prestige. Avec un équipage fatigué et décimé, son heure de gloire était à portée de main, de même que sa vengeance pour Shan'auc. Il lui suffisait de patienter. Au moindre faux pas, au moindre excès face à ses geôliers, et ce prestige lui échappait.
A mesure qu'il entre en kel'no'reem, les images de Shan'auc reviennent. Il se souvient de leurs discussions nocturnes quand il était de garde devant le temple des vestales. Il se souvient du secret qu'elle lui avait confié. Il se souvient qu'elle affirmait pouvoir communiquer avec son symbiote et lui avoir appris, sans succès. Rencontrer Tanith avait été une douche froide. Non seulement il avait perdu celle qu'il aimait, mais surtout l'"enfant" dont elle avait accouché n'avait rien de cet être charmant dont elle prétendait pouvoir entendre la voix en kel'no'reem. Il n'avait rien de Shan'auc. C'était un Goa'uld, calculateur et froid comme les autres, ne voyant dans les Jaffas que des servants idiots et sacrifiables au service d'une stratégie de promotion personnelle. Cette double révélation avait brisé quelque chose en lui. Il était perdu. Après tout, à quoi bon être le plus grand guerrier de la galaxie quand vous ne pouvez pas vaincre la mort ? Il sait qu'il regrette. Ce regret le hante. Il le sait. Il sait qu'il aurait du se laisser consumer par son hérésie jusqu'au bout et porter son corps jusqu'au sarcophage d'Apophis, la ressusciter et s'enfuir enfin par les anneaux jusqu'à la barge royale, le véhicule honoraire du Pharaon doté des meilleurs systèmes de camouflage et d'hyperespace, idéale pour fuir. Il aurait encore pu la sauver et aller vivre avec elle aux confins de l'Empire, sur un monde isolé et marginal, après lui avoir trouvé un autre symbiote. Il était en train d'y songer quand l'impensable s'était produit, quand la souillure Tau'ri avait atteint Chulak et emporter ses rêves. Mais est-ce vraiment trop tard ? Non, je m'accroche encore à des chimères, je n'accepte pas le deuil, se dit-il. Mais tout est-il vraiment comme avant ? Les discussions entre Nerthys et Apophis à propos de ce Chappa'ait'ak, les affirmations délirantes de ce "Jak'Oneel" et des siens, ce qu'il sait de sa vie. Et si voyager dans le temps était possible après tout ? Et si Shan'auc était encore là, quelque part ? Tanith avait insisté sur le fait de capturer ce "Jak'Oneel" à cause de ses capacités uniques d'activer le vaisseau temporel. Il est plus perdu que jamais. Doit-il s'accrocher à ce nouvel espoir de revoir Shan'auc ou accomplir jusqu'au bout sa mission et devenir, enfin, le plus grand guerrier de tous les Jaffas, comme il a été entraîné pendant un siècle par Bra'tac ? Il ne peut plus faire comme si de rien n'était et comme si rien n'avait changé depuis la mort de Shan'auc, depuis que son symbiote s'était avéré être encore plus égoïste et haïssable que Nerthys et depuis qu'Apophis avait avoué méconnaître la techno-sorcellerie derrière ce vaisseau temporel. A nouveau, un doute théologique avait germé en lui, et il se demandait si une fois encore il devait arracher cette pousse ou risquer de la voir donner une mauvaise herbe. Il lui faut prendre une décision. Il sait qu'il doit agir mais ne sait pas encore comment orienter son plan. Cependant, et ses années de chasse lui ont appris, on ne saisit une occasion que sur le moment. Une fois la bête partie, l'angle de tir est raté et il faut en trouver un nouveau, ce qui prend du temps et comporte des risques. C'est à ce moment-là qu'il entend quelque chose au fond de lui, une émanation, un courant de pensée, lueur encore faible dans la nuit, mais étranger au sien, qui répond à son doute. Comme s'il avait capté, un bref instant, les pensées de quelqu'un d'autre, une expérience extrasensorielle qu'il n'a jamais éprouvé. Au même moment, il sent remuer son résident dans sa poche ventral.
23h03, CIC de l'USS Alabama
- Equipage au départ de Norfolk : 224 en comptant l'unité Blacklight, l'équipage du Cigare et l'équipe du réacteur, commence à lire l'officier exécutif, Hunter Washington. Equipage à l'arrivée : 147. 67 morts dont 25 durs à cuir des forces spéciales. Et ils étaient 5, conclue-t-il en levant les yeux de la feuille qu'il pose sur le terminal tactique autour duquel les protagonistes se tiennent. Des enseignes mortes l'arme à la main pour tenter d'arrêter ces types, des équipes entières décimées.
- Et on croyait qu'on allait juste les aborder sans problème. A 60 contre 2,000, sourit Strickland.
- Même si on y était parvenu, Blacklight aurait été un désastre, admet O'Neill. Zeus était surexcité à l'idée de prendre ce vaisseau qu'il n'a pas eu le temps de considérer nos options tactiques sérieusement. Les Jaffas sont des durs à cuir. On n'en a même pas tué un seul sur Chulak, exception faite du gunship que j'ai abattu. Et c'était avec des armes aliens...
- Ce n'est pas tout. Les constellations le confirment, admet Strickland en posant sa casquette de base-ball sur le terminal tactique du CIC qui jouxtait le périscope. On est bien le 17 mars 2995 avant Jésus-Christ.
- Nos ordinateurs ne sont pas programmés pour afficher de telles dates cependant, rappelle Washington. Donc on restera sur 2006 pour coordonner les opérations à partir de maintenant.
- On devait pas remonter 5,000 ans dans le passé ? se demande Carter.
- Il n'y a pas d'an zéro en Histoire, répond nonchalamment Jackson.
- Bin si rétorque Carter en croisant les bras.
- Oui en astronomie. Mais pas en Histoire. Ça décale d'une année, se défend l'archéologue.
- Nous avons pu déterminer notre position exacte. Nous croisons actuellement au large de l'archipel des Seychelles en direction de la Mer Rouge.
- Parfait, sortons les parasoles et allons bronzer, sourit le colonel.
- Jumper disait qu'on avait pas besoin d'un troupier. Mais finalement quand la fin du monde est là et que vous devez survivre avec quelques dizaines de personnes, avoir un comique dans l'équipe ça peut mettre de l'ambiance, admet Strickland.
- A votre service, sourit le colonel.
- On a essayé toutes les fréquences, poursuit Washington. POTUS et NORAD sont muets. Et ce SG-1 aussi s'ils jamais ils émettent.
- Carter, à vous, indique le capitaine.
- McKay, Jackson et moi avons trouvé ceci, dit-elle en tendant une sorte de petite sphère opaque enveloppée d'aluminium. A vrai dire c'est Daniel qui la trouvé. Elle émet un très faible signal. Je l'ai entouré d'aluminium que j'ai trouvé dans les cuisines du mess mais vous pouvez la détruire. En revanche j'ai une plus mauvaise nouvelle : le projecteur du bouclier a été grillé durant la descente.
- Pardon ?
- On n'a plus de bouclier énergétique ni de camouflage optique, monsieur, admet Carter.
- Vous voulez dire qu'on est exposés ? demande O'Neill. Pourtant je l'avais activé avant de sortir.
- Heureusement qu'on a plongé entre temps, rappelle Jackson.
- Comme je l'avais prévu quand j'ai aidé à préparer l'Opération Thunderbolt, les détecteurs goa'ulds ne peuvent pas détecter les sous-marins immergés, même sans le camouflage. A vrai dire j'ai du déconnecter le réacteur de l'Exonef pour ne pas laisser d'émissions radiologiques. Donc de ce côté-là on est encore furtifs.
- Mon Dieu, la machine temporelle est endommagée ? demande le capitaine.
- Et bien... pas à proprement parlé. Le contrôleur temporel fonctionne mais il a besoin d'utiliser le bouclier pour faire des sauts... au risque d'être pulvérisé par la faille spatio-temporelle.
- Et on peut pas sauter sans ?
- Ce serait comme faire de la plongée sous-marine à plusieurs kilomètres de profondeur sans scaphandre.
- Et vous pouvez le réparer vous et McKay ?
- Je crains que nous, Monsieur. Nous avons à peine réussi à bricoler une interface pour coupler son réacteur avec le nôtre et installer un système de refroidissement externe. En admettant qu'il soit possible de construire un nouvel émetteur de bouclier, je ne dispose pas des outils ni des matières premières. Personne parmi les équipes d'ingénieurs et de physiciens que je dirigeais avec McKay n'a même réussi à comprendre comment un tel phénomène était possible. Alors de là à McGuyver une pièce rechange avec une fourchette et un peu d'alu...
- Mais si nous sommes arrivés après ce SG-1, leur propre Exonef doit être quelque part en Egypte non ? Et elle doit fonctionner ? propose Jackson.
- Ils ont raison, admet le X.O.. Sans camouflage nous sommes des cibles faciles si les Goa'ulds nous repèrent, ce qui pourrait arriver d'un moment à l'autre. Et sans capacité de voyage temporel on est condamnés, conclue Washington.
- Nous devons absolument retrouver l'Exonef, répond le capitaine. Vous pouvez la détecter ?
- Pas besoin, sourit le docteur Carter. La vidéo de SG-1 donnait des coordonnées précises. D'après eux, même Râ ne pourrait pas faire voler l'Exonef à cause du gène d'activation. J'en déduis qu'ils doivent avoir tenté vainement de l'étudier et qu'elle doit toujours se situer au même endroit puisque la mission archéologique secrète montée par le Pentagone l'a bien trouvé aux coordonnées de la vidéo. En toute logique elle n'a pas bougé.
- Avec votre permission, je pense que nous pouvons monter une expédition avec notre vaisseau encore en état de voler pour retrouver cette Exonef et exfiltrer SG-1. J'aurais besoin du docteur Jackson pour communiquer avec les locaux et remonter leur piste, affirme O'Neill.
- C'est sûr qu'on a épuisé nos Goa'uldbuster pendant l'opération, réfléchit Strickland. Si un Ha'tak nous vise depuis l'orbite on pourra pas lui faire grand chose. Si on pouvait mettre la main sur ces drones et sur le champ furtif de l'Exonef ça nous éviterait déjà de couler, surtout qu'après notre arrivée fracassante ils vont surveiller la trajectoire du météore. Récupérer l'Exonef doit être notre premier objectif et exfiltrer SG-1 notre second. Vous avez le feu vert pour préparer la mission, colonel.
- Il reste le problème de Teal'c, soulève Jackson. Vu l'état de nos défenses et le danger qu'il représente, le garder à bord est-il une bonne idée ?
O'Neill et Carter lèvent un sourcil, inhabitués à ce que Jackson présente des solutions si radicales.
- Il n'a pas tort, admet Washington. On n'a déjà pas assez de médocs pour nos hommes. Et Apophis est mort. On a remonté cinq mille ans dans le passé. Je doute que ses renseignements soient toujours, ou plutôt déjà, d'actualité.
- C'est un prisonnier, rappelle la physicienne. Il a des droits.
- A bon et on a un membre du JAG à bord pour lui lire ses droits peut-être ? sourit O'Neill.
- Circonstances extrêmes, solutions extrêmes, admet Strickland.
- Ces circonstances sont finies, capitaine, rétorque Carter.
- Vraiment ? demande Strickland. Vu ce que j'ai vu tout à l'heure, un seul de ces types peut égorger la moitié de l'équipage avec un stylo. On ne peut pas se permettre de dépenser des ressources pour le surveiller en permanence.
- Il a des droits, répète la physicienne. On parle d'une exécution.
- C'est peut-être un ami à moi dans je ne sais quelle réalité parallèle mais ce type a essayé de nous buter, Carter, rappelle O'Neill. De plus il ne me semble pas que Chulak soit inscrite aux Nations-Unies. Légalement il n'existe pas.
- Vous ne suggérez tout de même pas que...
- Je ne suggère rien du tout, Carter. Mais ce type est un danger. On va devoir le garder sous surveillance en permanence, ce dont on va avoir du mal à se permettre après nos pertes, et il nous brisera le cou à la première occasion.
- De toute façon l'équipage entier veut sa peau, et je crains que ses propres geôliers ne décident de s'en débarrasser sans ordre direct, précise Washington. Le moral de l'équipage est au plus bas, poursuit-il à voix plus basse.
- Et vous voulez galvaniser vos hommes en exécutant des prisonniers de guerre.
- Je ne décide rien, rappelle Washington, c'est le capitaine.
Strickland croise les bras et réfléchit un instant. Jamais ce dilemme ne s'est posé dans sa carrière. D'ailleurs il n'avait jamais ne serait-ce qu'envisager participer aux événements des dernières heures. Les rares fois où il avais mis les pieds dans un cinéma pour accompagner ses neveux voir un navet de luxe, il ne pouvait que plaindre l'ignorance cinématographique dont faisaient preuve les cinéastes en matière de sous-marin et d'invasion alien. Et voilà qu'il venait de vivre les deux. Et si tous ses paradigmes appris à Annapolis avaient volé en éclats ? Et si on avait à faire à un tout nouveau genre de guerre, pas seulement à l'échelle technologique ? A son époque, les Soviétiques rivaux étaient déjà déshumanisés par ses instructeurs, mais il savait pertinemment qu'il était possible de négocier avec eux. Mais qu'en est-il des Goa'ulds et des Jaffas ? On dit que retrouver sa maison cambriolée inflige aux victimes un sentiment comparé parfois, à tort ou à raison, à un viol. A une intrusion dans son intimité. Le Cigare, qu'il connaît mieux que son quartier, de même que l'équipage dont il connaît jusqu'au surnom du moindre nouveau matelot, a été arraisonné, endommagé et son équipage décimé en un claquement de doigts. Il sent comme une menace personnelle l'individu qui réside dans la salle des silos, entouré par une équipe de soldats. Comme une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, comme un meurtrier prêt à réitérer son crime. Après tout il n'y a aucun tribunal militaire ici, O'Neill à raison. On ne lui en voudrait pas s'il outrepassait la convention de Genève à une époque où les ancêtres de ses rédacteurs n'étaient probablement même pas encore en Europe.
- Je dis qu'on laisse faire, décide finalement Strickland. Il essaiera forcément de s'échapper, et ses gardes n'auront d'autre choix que d'employer la force. Un tragique accident. O'Neill, je veux un plan d'exfiltration précis pour cette opération dès que possible. Vous avez carte blanche pour choisir parmi les ressources nécessaires et mener à bien la mission. Je dois vous laisser, j'ai un second briefing.
Quittant le CIC, le trio en croise un autre composé du docteur Jackson, du docteur Freeman et du major Altman qui salue Jack. Profitant de l'arrêt du colonel dans le couloir pour laisser passer ces derniers, le docteur Carter interpelle le colonel.
- Vous ne pensiez pas ça réellement, colonel ?
- Carter...
- Je sais, il a été essayé de nous tuer. Mais on a déjà réussi à le convaincre au moins une fois.
- C'est peine perdue. Il ne nous connaît pas mais il nous hait déjà. Il n'y a rien a en tirer.
- Et si vous aviez tort ?
- Allez dire ça à ceux qui sont morts, lui répond sèchement le militaire avant de reprendre sa marche, la main sur son bras.
McKay entre le premier et rejoint le capitaine Strickland autour du terminal tactique.
- Au rapport.
- Le réacteur nucléaire n'a pas subit trop de dégâts, mais il ne faut recommencer un coup pareil. Si on m'avait prévenu, j'aurais pu stocker plus d'eau dans le réservoir externe du système de refroidissement. Dans l'espace on peut plus évacuer la chaleur.
- La température a un peu monté, mais on s'en est sorti, n'est-ce pas ? sourit le X.O.
- Un peu monté ? Vous savez l'énergie qu'il faut pour faire monter de 15 degrés une masse de 20,000 tonnes en quelques minutes ?
- Le réacteur fonctionne bien ou pas ? tranche le capitaine.
- Oui. Mieux que prévu même. Car voyez vous ce petit bijou de technologie n'a pas été conçu par n'importe qui, sourit le scientifique. J'ai anticipé de genre de problème avec l'interface avec l'Exonef de sorte à pouvoir utiliser ses panneaux radiants de la nef pour évacuer le trop-plein de chaleur, mais j'ai également pensé à mettre deux réservoirs supplémentaires de part et d'autre du système d'arrimage. Tout ça pour dire qu'il y a une certaine... élégance dans la conception.
- C'est la première chose que je me suis dites quand on atterrit dans l'espace, sourit faussement le capitaine.
McKay saisit le sarcasme et efface son sourire béat.
- Donc pas de problème de conception sur ce bijou alors ? reprend le X.O.
- A vrai dire...
Le capitaine croise les bras.
- Pendant le combat dans la salle du réacteur, un jaffa, ou un de vos hommes ne sait plus, à tirer à la lance jaffa et à endommager un des deux conduits de refroidissement principaux. On utilise toujours l'eau de mer pour évacuer la chaleur mais ça divise par deux le débit dans tous les cas.
- Et à quel point ça change nos conditions opérationnelles ?
- A votre place j'éviterais d'aller à "110%" avec la propulsion, déjà. Et si on veut fournir l'Exonef en énergie... je crains que ça soit rick-rack pour le voyage de retour, illustre-t-il d'une grimace et d'un balancement de la main.
- Qu'est-ce que vous entendez par "rick-rack", docteur ?
- Et bien, si le réacteur surchauffe trop, il risque de se rompre.
- D'exploser ? s'inquiète le docteur Freeman.
- Non, rassure McKay, ça c'est dans les films. Un réacteur nucléaire ça peut pas exploser. Par contre ça peut s'arrêter et si on manque d'énergie à fournir à l'Exonef, on risque de sortir de la bulle spatio-temporelle un peu trop tôt. A partir de là j'ignore les conséquences exactes : soit on sort de la bulle à une autre époque, avant la date prévue, soit on est broyés par la fissure spatio-temporelle générée par la Matrice temporelle.
- Heureusement que c'est pas dans les films, sourit le capitaine. Vous pouvez le réparer ?
- Vous trouvez que j'ai la coiffure de McGuyver ? demande le docteur en inspectant sa ligne de cheveux plus reculée qu'il ne voudrait. Bien sûr que je peux, se rattrape-t-il. Le truc c'est que je dois déconnecter le second réservoir.
- Et ?
- Et je peux pas le faire de l'intérieur sinon ça va inonder la salle du réacteur avec de l'eau de mer. Je dois donc sortir pour déconnecter le second réservoir, bloquer la valve, revenir à l'intérieur pour souder un second tuyau puis ressortir.
- Et quoi ? sourit Washington. Vous avez peur d'être tout mouillé ?
- Non, c'est juste qu'à cette profondeur, la pression interne des valves ne pourra pas lutter contre celle des infiltrations d'eau. Il faut être émergés pour faire ses réparations.
- On repassera pour l'élégance dans la conception, commente Washington.
- J'avais quinze jours pour concevoir l'ensemble du dispositif, rappelle McKay. C'est déjà un miracle qu'on aie pu finir les travaux à temps. J'ai dormi 4 heures par nuit pour tenir les délais.
- Ce n'est pas une option tant que l'Exonef ne sera pas réparée ou qu'on aura pas mis la main sur la seconde, tranche le capitaine. Sans camouflage on se fait abattre depuis l'orbite. Ces réparations attendront le retour de la mission du colonel O'Neill. Altman, vous avez aussi de mauvaises nouvelles ou vous allez faire semblant que tout va bien histoire de m'emmerder ?
- Non, capitaine, répond le major. Tous les Jaffas sont confirmés K.I.A. et Teal'c est prisonnier. J'ai affecté trois hommes en permanence à sa surveillance avec rotations toutes les 6 heures.
- On peut s'attendre à d'autres Jaffas planqués dans le vaisseau ? demande le X.O.
- Peu probable. Mes hommes et ceux du MARSOC ont fouillé chaque recoin. On a même inspecté les silos de missiles nucléaires vides qu'ils ont utilisés pour nous aborder. Rien à signaler. Ils étaient bien cinq.
- Ces informations se recoupent avec ce que le sonar a détecté 4 minutes avant leur abordage, précise Washington au capitaine. Cinq signatures qu'on prenait pour des poissons ou des mammifères marins.
- On repassera pour la précision, sourit McKay.
- A oui, je suis sûr que si vous les aviez conçu, les sonars pourraient détecter le poids, l'âge et la nationalité de chaque banc de poisson qui passe à proximité du Cigare.
- A leur décharge, je crois que les Jaffas ont utilisé des sortes d'hydrojets répartis sur leur combi que j'ai pris la liberté d'inspecter en attendant qu'on vienne me soigner.
- C'est sûr que cet ongle tordu était une priorité, souffle le docteur Freeman.
- J'en ai besoin pour travailler, de mon pouce, répond McKay. Toujours est-il que c'est une technologie remarquablement simple et avancée en même temps. C'est le Saint Graal de la technologie sous-marine.
- A cause de son caractère silencieux ? demande Washington.
- Exactement. Peut-être même qu'avec un peu de boulot je pourrais leur piquer cette technologie et modifier un sous-marin.
- Vous pourriez faire ça ? s'étonne le capitaine en décroisant les bras.
- Si j'avais encore mon équipe de Norfolk, oui. Avec les cinq dispositifs que j'ai a disposition, on aurait pas assez de débit pour faire avancer l'Alabama de façon significative.
- Pourrait-on les utiliser ? demande Altman. Pour nos hommes je veux dire, précise le major. Si on voulait infiltrer les bases ennemies par exemple.
- En dehors de celle du prisonnier, toutes les autres sont irréversiblement endommagées. Et de plus je doute qu'ils aient les mêmes technologies cinq mille ans dans le passé. Donc infiltrer une base ennemie en portant des armures volées ça aussi c'est du cinéma, souffle McKay.
- Très bien tous les deux, maintenant j'aimerais entendre le rapport du docteur Freeman, intervient le capitaine.
- Mon premier bilan est définitif en terme de morts et de blessés, commence le docteur. Mais on va commencer à manquer de place pour stocker les sacs mortuaires. J'ai déjà commencé à installer une morgue dans le premier étage de la salle des silos, mais si on ne repart pas dans le futur avant quelques jours, on va avoir des problèmes.
- On peut pas les enterrer sur une île pas loin ? demande Altman.
- Et altérer encore plus le futur ? s'étonne McKay.
- Après tout ce qu'on a fait, et ce que ce SG-1 a causé ?
- Marcher sur un insecte peut changer le futur, lieutenant.
- C'est major, précise l'intéressé. Vous savez pas lire les insignes ?
- Calmez-vous tous les deux, intervient à nouveau le capitaine. Combien de temps avant qu'il ne faille enterrer les sacs mortuaires ?
- Je n'irais pas au-delà de cinq jours.
- Très bien, réfléchit le capitaine. Je consulterais à nouveau les docteurs Carter et McKay, et vous mêmes, si, et lorsque, ce délais sera atteint. En attendant on les laisse là où ils sont. Merci pour vos rapports messieurs. Vous pouvez retournez à vos postes.
Vallée des Rois, Ha'tak de Râ, 00h20 heure locale
Thoth s'approche du perron qui permet de contempler la scène de mastaba, où s'entraînent jour et nuit les prétoriens et la garde palatine. Au milieu il distingue très clairement le Primat, Matayus, affublé à l'image de son maître d'une longue chevelure noire de jais et d'yeux perçants, quoique que bien plus grand et massif que celui-ci. Face à lui, dans une arène délimitée par la lumière orangée d'un champ de force, une douzaine des prisonniers rebelles capturés lors de la récente rébellion, kopeshs à la main. Le Jaffa propulse le premier à oser charger pour lui faire accomplir un tour et le renvoyer vers les autres assaillants, avant de bloquer
in extremis la lame de l'un d'eux en interceptant le poignée de son porteur. D'un autre bras il étrangle l'un des gladiateurs improvisés et l'écrase violemment au sol, avant d'achever le premier avec sa propre épée qu'il fait jongler sur elle-même et propulse vers un autre rebelle. Les survivants laissent tomber leurs armes et tentent de fuir, mais les champs de force les repoussent. Le jaffa ramasse la kopesh, enfoncée dans le torse d'un des rebelles, et s'approche des autres qu'il massacre impitoyablement. Même Thoth est dérangé par ce spectacle.
- Jaffa, Kree ! Ordonne le Goa'uld, descendu jusqu'à l'arène dont les champs de force se désactivent, laissant choir, pour la plus grande surprise du vizir scientifique, un cadavre jusque-là retenu par la barrière. Matayus, je vois que vous êtes arrivés.
- J'ai été rappelé du front pour mater une nouvelle rébellion ?
- En effet. Il se pourrait que les mêmes fauteurs de trouble qui ont incité la rébellion de la cité d'Abydos il y a six mois soient de retour. Avec des renforts cette fois. La vie de l'Empereur est en danger immédiat, et il ne s'agit pas de Ree'tus. Pourtant il se pourrait qu'ils aient accès à des camouflages optiques, donc votre expérience de combat sur le front pourra nous être utile.
Le Jaffa ouvre un grand sourire en nettoyant sa kopesh ensanglantée.
- Je commençais déjà à m'ennuyer avec ceux-là.
- L'Empereur veut que tu prépares une embuscade à l'endroit-même où se trouvait le Chappa'ai'tak, que je viens de déplacer. Ce site sera le premier qu'ils visiteront pour remonter la piste jusqu'à leurs alliés. J'ai laissé en place les installations d'isolation que j'avais fait installé au-dessus du vaisseau pour l'étudier en toute sécurité, tu es donc libre de placer des troupes à l'intérieur, mais je te conseillerais plutôt une approche d'encerclement furtive.
- Je procéderais comme bon me semble, se défend le Jaffa. Si l'Empereur les veut, il les aura.
- Et ne les laisse pas s'enfuir cette fois, tu n'as ramené qu'un seul prisonnier d'importance la dernière fois, le menu fretin que tu exécutes dans les arènes par plaisir n'a aucun renseignement de valeur.
Salle des machines auxiliaires, USS Alabama, 00h25 heure locale
- Pour percer l'armure des Jaffas ? Le lance-grenade du caporal Harrisson a fait son effet, bien que l'utiliser dans un environnement pressurisé était totalement irresponsable, conclue Altman. Ou leurs propres lances, si vos hommes savent s'en servir. Sumner en a flingué un avec. Elles manquent de précision mais elles balancent autant d'énergie qu'un RPG. D'après le docteur Carter il s'agirait d'une sorte de "canon-rail à plasma", un truc tout droit sorti de
Halo.
- Peu importe, on a plus puissant que les MP5 ?
- L'armurerie sert pour des opérations d'assassinat ou d'exfiltration, mon colonel, pas pour assiéger une ville. Je sais que vous êtes familier avec les opérations sous couverture, mais après l'échec de celle sur Chulak, on pu avoir accès à du matos un peu plus lourd. On a un Denel NTW-20. Avec une douzaine de balles. Zeus a par ailleurs autorisé l'usage de balles creuses en vue de l'abordage.
- De l'antichar et de l'anti-matériel pour niquer de l'infanterie ? s'étonne le caporal Price, des Navy SEALs.
- Oui, les Jaffas sont des tanks mobiles, affirme Kawalsky, assis contre le mur. En revanche sur Chulak y'avait aussi une milice sans armure. Par centaines. Ils avaient pas de croix sur le bide donc je présume que c'étaient bien des humains normaux. Sans doute des pauvres bougres utilisés comme chair à canon par les Jaffas. Bien plus faciles à neutraliser. Mais ça craint surtout si tombe à nouveau sur une patrouille comme celle qui nous a grillé sur Chulak : ce sera des jaffas et surtout les véhicules antigravs qu'ils utilisent et l'appui aérien dont ils bénéficieront. Et on a pas de Stinger ni de drones pour les abattre cette fois.
- Mais on a l'Exonef. On se débrouillera, affirme O'Neill avant de se tourner vers le reste de l'escouade assemblée dans la salle des machines auxiliaires. Pour le menu fretin vous gardez le 5.56 et le 9 mm. Pour les Jaffas vous avez le lance-grenade et le 20 mm. On a un bon tireur d'élite ici ?
- Ford est notre meilleur sniper, affirme Altman.
- Harrisson a bien visé aussi ! ajoute Price.
- Oui mais il est instable, hors de question dit Altman.
- S'il sait se servir d'un lance-grenade comme ça on le prend, dit O'Neill. Si on se fait griller par les Jaffas et qu'il faut se frayer un chemin il vaut mieux l'avoir avec nous. Par contre surveillez-le bien pour éviter qu'il fasse tout capoter. Il est où d'ailleurs ?
- Je l'ai assigné à l'assistance médical, admet Altman.
- Très bien vous le brieferez de ma part et l'assignerez à l'équipe. Les règles d'engagement sont claires : vous ne tirez qu'en dernier recours pour ne pas griller votre couverture, et que si vous êtes sûr de votre coup et si vous ne donnez pas l'alerte ou la position de l'équipe. On fait ça en douceur. Le matos lourd c'est uniquement en cas de problème majeur, ou si j'en donne l'ordre explicite. Sinon on fait profil bas. Etant donné qu'on a plus le camouflage ni le bouclier on va devoir la jouer serrée. Il fera nuit dans la Vallée des Rois dans 5 heures. Si vous voulez dormir un peu avant c'est maintenant. Je ferais atterrir l'Exonef à 150 mètres du point de rendez-vous, pour déployer les équipes Platine et Iridum. Je resterais ensuite en appui aérien rapproché mais je n'ai plus de drones, on devra donc garder à bord plusieurs tireurs, c'est-à-dire la troisième équipe, Cobalt, et ouvrir la soute. Par chance, l'Exonef est un ADAV silencieux et sans turbulence, avec une stabilité de vol qui filerait une demi-molle à tous les pilotes d'hélicos que je connais. C'est donc une plate-forme de tir idéale. Y'en a qui ont déjà effectué des opérations secrètes au Moyen-Orient ici ?
Toutes les mains se lèvent.
- Très bien, alors vous connaissez la chanson mieux que moi. Départ donc à... 5h30 du matin heure du Cigare et donc 3h30 du matin heure d'Egypte.
On entend toutes les montres se synchroniser dans la salle durant la pause que marque le colonel.
- L'
Alabama se dirige actuellement vers le Golfe d'Aden pour nous donner une longueur d'avance et faciliter notre mission à l'aller comme au retour. Des questions ?
- Quel sera le callsign de l'Exonef durant la mission ? demande Price, bras croisés.
O'Neill hésite.
- A la base c'était Blacklight-1 mais du coup la mission a changé. Des suggestions ?
- La Cigarette de Poséidon ! lance une voix.
- Dagger-1 ! propose un autre.
- Blue Leader c'est mieux !
- Tie fighter ?
- Millenium Falcon !
- J'aime bien, admet O'Neill. Mais trop long.
- Black Phoenix ?
- Vendu pour Phoenix. Rompez.
Puis il se tourne vers Kawalsky.
- T'es sûr que ça va aller Charlie ? T'as été bien secoué tout à l'heure.
- T'inquiète pas colonel, ça s'est remis, affirme Kawalsky. Rien de cassé, a dit le médic.
- J'aurais préféré confier l'escouade à quelqu'un d'autre.
- Tout le monde est plus ou moins blessé, et j'ai le plus d'expérience au sol pour s'occuper des Jaffas.
- T'as le plus d'expérience pour te faire capturer aussi, sourit Jack.
- C'est qui qui s'est enfuit de sa cellule en premier et qui a sorti l'autre de la sienne quand on était au Chulakistan ? sourit le major.
- Je sais je sais, t'as pu t'en sortir parce que Ferretti a réussi à ouvrir les portes entre deux patrouilles, puis vous avez retrouvé votre matos dans la pièce d'à côté. Un coup de chance.
- C'est les coups de chance qui font les succès de nos opérations, colonel, pas les plans bien précis qu'on fait avant. Depuis cette mission au Panama on devrait le savoir non ? Vous allez où colonel ?
- Me soulager d'un doute, lui répond Jack en quittant la salle.
- Burns, Merryweather, je dois m'entretenir avec le prisonnier.
- C'est vous qui voyez mais apparemment il médite, sourit l'intéressé.
- Mais ça tête résiste très bien aux baffes, sourit Burns.
- Faites une pause, je prends le relais pour lui donner des gifles, sourit Jack aux sentinelles. Vous méditez vraiment ? demande O'Neill au jaffa accroupi devant lui.
En guise de réponse, un mur de silence.
- Bon, je venais aux nouvelles. Vous serez ravi d'apprendre que votre plan de conquête mondiale a échoué et qu'Apophis est mort.
- Economisez votre salive, lo'taur, car je n'avalerais aucun de vos mensonges.
- Je vois. Comment va Rya'c ? demande Jack en s'adossant à la cloison à côté de lui.
- Vous espérez m'énerver et obtenir de moi une réaction violente pour justifier mon exécution, je me trompe ?
- Vous avez trop d'idées derrière la tête, Teal'c. J'essaie juste de vous sauver.
- Non, vous essayez de vous sauver vous-même,
Oneel. Vu votre importance, vous resterez peut-être en vie un peu plus longtemps que les autres. Mais je me contenterais d'exécuter tous les autres en contrepartie.
- C'est beau de rêver. Dans quelques heures j'apporterais la preuve de ce que j'avance.
- D'autres mensonges plus élaborés je suppose.
- Apparemment, vous et moi, on est les meilleurs amis du monde dans une réalité parallèle. C'est fou comme un petit changement dans le continuum espace-temps et tout fout le camp.
Le Jaffa reste de marbre, les yeux fermés.
- La queue de cheval c'est pourquoi ?
- Il m'étonne que vous vous soyez à ce point renseigné sur moi mais si peu sur mon peuple, surtout avant une mission d'assassinat aussi ratée que la votre.
- On n'essayait pas d'assassiner Apophis, on essayait de vous exfiltrer, vous.
- Plus un officier Jaffa gagne de bataille, plus il peut se permettre de laisser pousser tout ou partie de sa chevelure ou de sa barbe en signe d'autorité. Les officiers vaincus ont en général le déshonneur de devoir se raser le crâne. Avant leur exécution par retrait du symbiote bien sûr.
- Alors vous pouvez faire chauffer la tondeuse, car vous êtes vaincu.
- Je ne fais que me reposer, corrige Teal'c. J'ai pu juger de la médiocrité de vos forces spéciales, je préfère donc vous laissez vous remettre un peu en forme avant la deuxième partie.
- Y'aura pas de revanche, Teal'c, souffle le colonel. Apophis a posé sa quinte flush, mais l'Oncle Sam a sorti une quinte royale de sa manche. Vous avez perdu et maintenant on récupère toute la mise.
Le Jaffa lui rend un haussement de sourcil perplexe.
- Dans ce genre de conflit, je présume que c'est celui qui triche le mieux qui s'en sort. Désolé si ça entre en contradiction avec votre code d'honneur. Désolé pour vos hommes au passage.
Le Jaffa ferme à nouveau les yeux et se remet en position de méditation.
- Bon, je vois que vous préférez jouer au "roi du silence", donc je vous laisse jouer tout seul, annonce Jack en se levant. Les gardes aussi ont envie de jouer un peu. Vous me direz quand vous serez lassés.
Exonef, arrimée à sa calle sèche
Depuis la calle sèche qui surplombait la salle des machines auxiliaires, elle avait entendu le briefing du colonel O'Neill avant de se remettre à travailler sur la matrice temporelle, travail passionnant dont elle avait été empêché pendant les dernières semaines, passées à travailler sur l'interface mécanique et numérique entre l'Exonef et l'Alabama. A présent il fallait s'assurer que la matrice n'était plus connectée et qu'on ne risquait plus de changer le continuum sur un coup de tête. Mais elle a beau inspecter en boucle chacun des cristaux de stockage de données, interpréter chaque flux d'informations, elle ne peut se sortir de la tête que l'
autre aurait fait mieux, ou qu'elle aurait déjà trouvé une solution miracle. Et le moment qu'elle redoutait réellement allait arriver. Quand le Président avait refusé la mission de voyage temporel au profit d'une défense de la Terre, dont il espérait tirer les marrons du feu "avec l'aide de Dieu", ses espoirs de connaître cette autre s'étaient envolé. Mais à présent sa Terre a elle était carbonisée, un cratère de mille kilomètres à la place du Mid-West. Dans quelques heures elle allait rencontrer sa double, sa jumelle. Celle qu'elle aurait pu être si les circonstances avaient été différentes. Elle avait même hésité à couper sa longue chevelure pour imiter sa sœur, mais avait bien senti que Jack et Daniel lui en tiendraient rigueur et qu'ils ne la prendraient plus au sérieux si elle se lançait dans ce qu'on aurait pu qualifier d'auto-cosplay. Du reste elle ne portait ni arme, et pas même de gilet pare-balle ou d'uniforme de terrain, juste cette espèce de tenue de camouflage bleu marine étrange qu'on avait donné aux techniciens. Était-on censé se camoufler dans des forêts sous-marines avec ça ? se dit-elle en inspectant la chemise de l'uniforme. Je parie qu'elle est plus athlétique que moi. Et dire que j'avais fait des efforts pour
Intrépide. Ai-je vraiment besoin de lui ressembler en tout point pour faire le même genre de folies qui feraient friser le peu de cheveux restant de mes anciens professeurs de physique ? D'ailleurs, le lieutenant colonel Carter de la vidéo a-t-elle réellement accompli les miracles dont elle était créditée ? Après tout c'est ce Jack qui a prétendu en souriant qu'elle avait fait exploser une étoile ou deux. Pourquoi aurait-il exagéré ça ? Toutes ces questions se bousculaient à mesure qu'elle se focalisait sur Jack. Je n'y connais pas grand chose à l'armée mais je sais que les relations dans une même hiérarchie sont interdites. Impossible. En revanche Jackson est aussi un civil dans cette réalité. Mon Dieu est-ce que j'ai fini avec lui ? Ce serait... bizarre.
Elle entend soudain quelqu'un monter à l'échelle, et reconnaît à la lenteur de l'individu qui n'escalade jamais la barre suivante sans avoir deux pieds sur la précédente qu'il s'agit d'un blessé. Elle aperçoit enfin le colonel qui rejoint dans un grognement la claustrophobie du cylindre blindé qui sert de calle sèche. Elle remarque que son bras démis est désormais supporté par un bandeau plus élaboré.
- Vous dormez toujours pas, Carter ?
- Euh, j'ai du travail colonel. Et je me sentais pas de le laisser attendre après avoir passé des semaines occupée sur plus urgent.
- Je comprends. Vous y comprenez quelque chose à ce machin ? demande-t-il en fronçant les sourcils.
- Je crois, répond Carter. Je pense que c'est un cyclotron. C'est un accélérateur de particule, et je suis stupéfaite par sa taille compacte, corrige-t-elle face au plissement des yeux de son interlocuteur. On en fabrique... fabriquait un sur Terre, en France. Il ne devait pas être opérationnel avant quelques années.
- Et ça fait quoi ?
- Je pense que sa fait entrer en collisions des particules de Naquadah à des vitesses proches de la lumière qui percent le continuum espace-temps pour former un trou noir. Ensuite la matrice en extrait un flux ordonné de graviton pour bouger l'Exonef dans l'espace. La seule question que je me pose c'est comment l'ordinateur de la matrice temporelle arrive à calculer le point d'arrivée. Il faudrait un immeuble de la taille de l'Empire State Building en unités centrales pour calculer ça... et ça prendrait un bon million d'années. On a affaire à une technologie qui dépasse la notre de dizaines de milliers d'années, colonel.
Le colonel fait semblant de comprendre et de s'intéresser à la conversation pour combler le vide :
- Et c'est quoi un graviton ?
- C'est une particule subatomique. Théorique. Enfin maintenant elle l'est plus. C'est la particule qui véhicule la gravité.
- Ah.
- Chaque force fondamentale a sa propre particule, comme pour l'électromagnétisme par exemple.
- Et c'est quoi dans ce cas, le magnéton ?
Elle étouffe un rire.
- Non, le photon.
Le colonel fronce des sourcils.
- Donc le champ magnétique terrestre c'est des photons ? Pourtant il est invisible non ?
- Colonel, la majorité du spectre électromagnétique est invisible. On ne peut en voir qu'une faible portion, et la lumière visible n'est que cette portion. Mais c'est en réalité un kaléidoscope immense.
- Je vois.
Un nouveau blanc.
- Bon je vous laisse, je dois me changer pour la mission, dit-il en se dirigeant vers le cockpit.
- Vous voulez de l'aide ? lâche-t-elle sans savoir trop pourquoi. Si vous avez du mal avec votre bras, se rattrape-t-elle en contenant difficilement son rougissement. Il faudrait pas que vous vous fassiez encore plus mal au bras, vu que vous êtes le seul à pouvoir utiliser la nef, sourit-elle maladroitement.
17 mars 2995 av JC, 5h30 heure locale, USS Alabama
Les six énormes pattes mécaniques laissent s'échapper leur prisonnière et l'Exonef prend son envol avant d'émerger de l'eau et de poursuivre son approche des côtes africaines à une vitesse subsonique, en rase-motte au-dessus de la mer. Un sous-marin capable de lancer un aéronef, vieux rêve de stratège et un tout aussi vieux cauchemar d'ingénieur remontant aux tentatives françaises et japonaises de la dernière grande guerre, l'Alabama était à bien des égards un vaisseau en avance sur son époque. En comparaison de ce que l'aéronef qu'il peut arrimer à sa cale sèche rétractile est capable d'offrir d'un point de vue tactique, comme technologique, à savoir camouflage, bouclier, munitions téléguidées passe-muraille, capacité d'insertion extra-atmosphérique, voire interplanétaire, et même voyage temporel, les autres technologies du sous-marin, y compris son réacteur nucléaire dernier cri avec son encombrant système de refroidissement, font figures d'outils préhistoriques. Car c'est bien une technologie, et la physique qui la sous-tend, en avance de plusieurs millénaires qui coexiste avec celle d'un sous-marin déjà âgé d'un quart de siècle. Du point de vue des concepteurs disparus de l'Exonef, c'était une grenade à fragmentation propulsée par une fronde, Genghis Khan sur une moto, une baliste fixée sous le fuselage d'un avion de chasse, un anachronisme curieux pour les uns, hérétique pour d'autres, permis par une ingéniosité que se partageaient une poignée d'esprits situé au sommet du génie humain et qui voguaient à présent dans leur chimère aquatique.
- Ici O'Neill. ETA 40 minutes.
- Autant que ça ? se plaint Harrisson.
- C'est presque 2,000 bornes à parcourir, rappelle Altman.
- J'croyais qu'on avait un vaisseau magique, ajoute Price.
- Si on va trop vite on se fera détecter, précise Carter, se tenant debout face au contrôleur temporel. Le Naquadah absorbe l'énergie et la chaleur mieux qu'aucun matériaux donc il nous offre une protection radar. Mais sans le camouflage actif on perd en furtivité.
- Donc on vole près du niveau de la mer pour passer sous les radars, ajoute Kawalsky, toujours debout dans la soute remplie à son maximum.
- Ouais, j'le savais, se défend Harrisson en se redressant sur son siège.
- T'inquiète pas, le rassure Price d'une tape sur l'épaule, on aura l'occasion de venger nos morts.
Carter débranche l'ordinateur du contrôleur temporel et rejoint la cabine. Jackson dort sur l'un des sièges. Elle prend place sur le siège passager avant.
- C'est beau hein, s'émerveille-t-elle de la nuit océanique.
- Oui. L'ivresse de la vitesse et de l'altitude, on doit avoir ça en commun.
- On est encore dans l'océan ?
- Non, on vient de passer le Golfe d'Aden. Au rapport ?
- Le contrôleur temporel est totalement déconnecté du reste de l'appareil, donc vous n'avez pas à "retenir vos pensées" ou je ne sais quoi.
Soudain Carter et O'Neill sont dérangés par un bruit venant de la soute et, reconnaissant le thème de la Chevauchée des Walkyries, tournent leur regard vers la soute. L'un des membres de l'équipe Platine commence à fredonner de plus en plus fort. Peu-à-peu la soute commence à l'imiter.
- Je leur demande d'arrêter car ça risque d'alerter les Goa'ulds ? demande Jack à Carter.
- Non, aucun risque. La coque absorbe mieux le son que celle du sous-marin.
Peu-à-peu, Jack et Samantha se joignent à la chorale, réveillant Jackson.
- Alors c'est ça votre registre ? demande le colonel en référence à leur discussion nocturne de l'avant-veille.
- Si on veut, sourit l'intéressée.
Gizeh, Egypte, au même moment
Couché sur le remblais de sable surplombant le site du Jumper, devenu, à présent, un laboratoire mobile monté en plein désert par les Goa'ulds pour étudier le derelict, l'observateur, vêtu de robes du désert à la couleur de la nuit, saisi son talkie-walkie, dérangé lui aussi par cette musique anachronique. Il active sa radio sur un autre canal :
- Han Solo à Luke : t'entend ça ?
- Ici Luke, de quoi ? lui répond son supérieur depuis sa position dans un village voisin de la cité de Gizeh.
- Sur la radio. Met le canal 5.
- Le canal 5 ? s'étonne "Luke". Mais personne ne... C'est la musique d'
Apocalypse Now !
- C'est la
Chevauchée des Walkyries, Luke. Ils sont enfin arrivés, ils sont là.
- Tu peux les contacter ?
- J'essaie. Je comprend pas. Ils répondent pas.
Dans le Jumper, le soldat qui a activé par erreur son talkie-walkie sur le mauvais canal n'entend pas les appels répétés de "Han Solo", absorbé par le chœur qui se joue dans le vaisseau insonorisé.
- Appelle Chewy immédiatement, ordonne son supérieur en se levant de sa chaise. Ils ne sont pas au courant que les Goa'ulds ont déplacé le Jumper. Va vite te chercher un flingue.
Solo laisse choir ses jumelles sur leur bandoulière, se lève en quatrième vitesse de sa position et démarre une course effrénée jusqu'au village qui lui sert de base arrière.
Enfin arrivés à destination, O'Neill calme le jeu :
- On y est les gars, je survole la zone.
L'Exonef effectue un balayage radar à haute altitude autour du site :
- Je détecte une sorte de structure, dit-il enfin en affichant une représentation holographique sur l'écran. Mais je ne vois pas l'Exonef de SG-1 sur le radar. Je passe sur le rayon X... Le plafond doit être composé d'un élément lourd comme du plomb, je distingue rien à l'intérieur.
- Les Goa'ulds ont du tenté de l'étudier, répond Carter. C'est une sorte de "sarcophage" qui sert à isoler un lieu, en général contre les germes dans les laboratoires, et accessoirement des caméras et des radars ennemis. C'est comme ça qu'on planquait des morceaux entiers de navettes spatiales pendant la Guerre froide pour éviter l'espionnage soviétique.
- Et ça a marché ? demande Jackson.
- Pas vraiment, les Russes ont construit un copycat bon marché appelé Buran qui n'a jamais volé, sourit-elle.
- Combien d'hostiles ? demande enfin Kawalsky, debout à l'entrée du cockpit.
- Six. Répartis entre la structure et l'enceinte extérieure. Je n'ai pas pu confirmer la présence du vaisseau à l'intérieur, mais si celui qu'on a actuellement nous est parvenus et qu'ils ont mis des gardes c'est qu'il est encore là, estime le colonel.
- Très bien, répond Kawalsky avant de se tourner vers les soldats entassés dans la soute : la mission est simple : vous vous déployez, vous éliminez les cibles et vous sécurisez l'Exonef. Le colonel fera ensuite atterrir celui-là dans le camp, une fois nettoyé, on montera tous à bord du second et on détruira le premier avec du C4 depuis l'intérieur, pour éviter que les Goa'ulds s'emparent quand même de celui-là.
L'Exonef quitte sa trajectoire de survol circulaire et se stabilise au-dessus d'une dune derrière le remblais de sable du camp.
- Ici O'Neill. Nous y sommes. Escouades Iridum et Platine à vous de jouer.
La rampe déployée, les deux équipes émergent silencieusement de la nef en file indienne.
USS Alabama, salle des silos, au même moment
- Tu penses qu'on va rentrer dans combien de temps ? demande Merryweather à son collège de garde.
- Aucune idée, mais j'ai hâte, ça va faire bizarre de revenir à notre époque avant la catastrophe.
- C'est vrai ça, si on remonte à avant l'impact. Attend, ça veut dire que si on remonte, mettons, quelques heures ou quelques semaines avant Thunderbolt, y'aura déjà les nous du futur non ?
- C'est pas faux ça... Donc on sera en double ? Et ma famille ? Oh merde on fait quoi ?
Merryweather n'a pas le temps de lui donner ses propres conjectures que son collège est agrippé par le prisonnier, visiblement défait de l'une de ses menottes attachée à la cloison, et qui le maintient comme bouclier humain avant de le projeter vers lui. Dans la tourmente il agrippe le troisième garde et le cogne contre la paroi d'un des silos dont il ouvre l'écoutille pour s'y engouffrer.
- Ici Palladium, on a une urgence en salle des silos, hurle Merryweather dans sa radio.
Au CIC, le X.O. tend son talkie-walkie au capitaine.
- Il se passe quoi encore ? demande le capitaine.
- Le prisonnier monsieur, il a défait ses liens et s'est barricadé dans l'un des silos à missile.
- Laissez-le faire, Palladium, ordonne le capitaine. C'est quel silo ?
- Le 7B, monsieur, répond Merryweather par la radio.
- Washington ?
- Ce silo est vide, il a servi à lancer un missile balistique tout à l'heure.
- Très bien, ouvrez la trappe de lancement.
- A vos ordres.
Dans le silo, Teal'c est rapidement submergé. Il s'accroche pour supporter le changement de pression. Il ferme les yeux et se concentre. Dans la salle des silos, les soldats et marins s'en donnent à cœur joie et applaudissent, tapant frénétiquement sur la paroi du silo 7B en guise d'adieu à leur invité.
- Il peut survivre ? s'enquiert Strickland.
- A 160 mètres de profondeur ? sourit Washington. Si la température le congèle pas, la pression va le tuer.
Dans le silo, Teal'c est soumis aux effets de la pression, de l'obscurité et de la température inhérentes à ces profondeurs. Il se baisse sur ses appuis et se propulse pour quitter le silo et tenter de rejoindre la surface.
- Je l'ai sur le sonar, annonce l'officier de détection.
Le capitaine et son X.O. se penche sur le sonar à leur tour.
- Vous pensez qu'il est encore en vie ?
- Ses poumons ont déjà du éclater sous la pression.
- A moins qu'il ne les aie vidé avant, rappelle le capitaine.
- A ce moment-là je doute qu'il n'ai assez d'oxygène. Impossible de survivre. Juste une agonie.
- Tant mieux, ça soulagera l'équipage.
Mais Teal'c lutte. Il a déjà abordé des vaisseaux ennemis et effectué des opérations militaires extra-véhiculaires. Il sait qu'il devait vider ses poumons avant tout changement brusque de pression et se mettre en kel'no'reem pour stocker de l'oxygène dans le sang et ralentir son rythme cardiaque. Il dérive lentement vers la surface de l'eau, pareille à un cadavre emporté par la marée. Dans la salle des silos, l'équipage se réjouit de savoir leur meurtrier agonisant quelque part dans une eau glacée et sans lumière.
Plateau de Gizeh, blacksite goa'uld de Thoth, semblable à un chapiteau d'architecture goa'uld déployé au-dessus du site de l'Exonef.
Kawalsky, qui mène l'escouade Platine, pénètre le premier dans la structure centrale. Sans un bruit, lui et ses hommes cagoulés, le fusil à la main, se succèdent. La dernière porte. L'Exonef originale doit être derrière. Il fait signe à ses hommes de trainer le corps du jaffa qu'ils ont poignardé par surprise quelques instants auparavant pour en extraire le bracelet électronique et déverrouiller la porte. Mais Kawalsky n'a pas le temps de souffler qu'il reconnaît immédiatement l'objet sphérique qui trône au centre de la salle, et qu'il a déjà vu Chulak.
- A TERRE !
La grenade de choc inonde la pièce d'une surcharge énergétique aveuglante et paralysante que les soldats, à peine prévenus, peinent à éviter.
- C'est une embuscade ! hurle le major en se relevant, la main sur le coccyx.
Dehors, il entend les tirs d'arme à énergie jaffa et les tirs de riposte de l'escouade Iridium, restée autour de l'enceinte pour sécuriser le site.
- Ils sortent d'où putain ? hurle le caporal Price de l'escouade Iridium.
- Y'en a partout ! lui répond un autre membre de l'équipe par la radio. Ramirez est mort !
Plus loin au sud du camp fortifié, Eddy Price distingue face à lui l'inquiétante silhouette d'un jaffa portant le même genre de casque zoocéphale que ceux qu'il a rencontré sur l'
Alabama, cette fois à l'effigie d'un faucon. Mais contrairement aux hommes-serpents de l'Alabama, celui-ci semble acclimaté au désert et ne possède pas d'armure. En guise de protection, une sorte de cape ou de manteau à la couleur imitant celle du sable et qui semble composée d'hexagones enchâssés les uns dans les autres miroitant à des degrés divers. Son adversaire jette par terre l'étrange étoffe, que Price assimile à une quelconque protection furtive ou balistique fait d'une matière inconnue, en signe de défi. Il lève son fusil et met le jaffa en joue qui se jette à son tour au sol derrière l'un des murs de l'enceinte, évitant la première rafale au coup-par-coup. Price se met à couvert à son tour de l'autre côté du mur et jauge son adversaire en tendant l'oreille.
- Il se passe quoi en bas ? demande O'Neill.
- Y'a du mouvement. Des Jaffas embusqués, lui répond le lieutenant Swofford, jumelles infrarouge dans les mains.
A plat ventre à sa gauche dans la soute ouverte de l'Exonef, qui lévite au-dessus du sable en dehors de l'enceinte, le major Ford tend son sniper vers le camp.
- Je comprend pas colonel, reprend Swofford, les jumelles arrivaient pas à les voir avant qu'ils arrivent. Ils doivent avoir une sorte de camouflage ou quelque chose comme ça.
- A toutes les escouades, vous avez autorisation de tirer à l'antimatériel, annonce O'Neill sur le même canal radio.
- Harrisson ? Autorisation de tirer, annonce le major Altman à son coéquipier. Mais vise bien, on a des alliés dans la zone. On y va en binôme, je te couvre le temps que tu acquiers la cible. T'es prêt ?
Adossé à Altman derrière un mur, Harrisson ouvre un grand sourire et dégaine le lance-grenade fixé à son M4 pour viser l'un des jaffas, appuyé par son coéquipier qui occupe l'assaillant par une série de courtes rafales.
- Prend ça, Toutankhamon !
La grenade ricoche sur le mur et implose une seconde après, projetant le jaffa.
Mais depuis l'Exonef, acquérir une cible se révèle plus difficile :
- J'arrive pas à avoir une visée claire, se plaint Ford, maniant le gigantesque fusil de sniper lourd.
- Moi non plus, ajoute l'un des marines, équipé cette fois d'un calibre plus humble.
Au sol, Price entend une autre rafale sourde de fusil-mitrailleur disposant comme lui d'un silencieux, suivie d'un hurlement étouffé. Chargeant de l'autre côté du mur pour venir en aide à son coéquipier, il ne trouve que celui-ci, empalé sur une sorte d'épée recourbée par le jaffa à tête de faucon et soulevé en l'air tel un épouvantail. Pointant à nouveau son arme, il tente d'abattre la créature qui utilise son camarade comme un bouclier humain en le soulevant à une main, tandis que de l'autre il abat son immense kopesh vers lui, lui retirant son arme principale. Continuant sa marche arrière, Price se rabat immédiatement sur son Beretta pour viser son ennemi, hésitant à tirer sur son propre coéquipier. Le Jaffa le projette soudain sur lui. Price tente de se relever pour attraper son pistolet tandis que son ennemi se rapproche, l'épée à la main.
- Iridium et Platine sont en mauvaise posture, ajoute Swofford. Attendez, y'a un là-bas qui va se faire descendre.
- Je l'ai, répond Ford en fermant un oeil.
Soudain, un énorme détonation, semblable aux armes lance-plasma des jaffas, projette le Garde Faucon en arrière.
- Cible abattue, annonce Ford sans le moindre signe d'excitation. Mais c'est pas moi ?! Swofford ?
- Attendez, j'en vois d'autres qui arrivent au sud.
- D'autres Jaffas ?
- Non. Ils n'ont pas les camouflages. Mais l'un d'eux à une arme à énergie jaffa. Je déconseille de tirer sur cet individu non identifié. Je crois qu'il vient de sauver l'un de nos hommes.
Price soulève le corps de son camarade et vérifie son pouls.
- Il est mort, lui annonce l'une des figures encapuchonnées qui vient de le sauver en l'aidant à se relever.
Parmi ses sauveurs, Price compte une demi-douzaine d'individus vêtus de noir et équipés de lances jaffas, et même d'un P90. Un autre Jaffa est abattu.
- Donne-moi ta radio, lui ordonne la figure encapuchonnée qui vient de le secourir.
Price obéit sans poser de question. L'homme passe sur le canal général, 4.
- A toutes les unités au sol, les Jaffas cernent votre position. Votre soutien aérien risque d'être abattu. Je recommande une retraite tactique vers un point situé à deux kilomètres au sud.
- Identifiez-vous, demande O'Neill depuis le cockpit de l'Exonef.
- Ici le général Jack O'Neill de l'Air Force. Obéissez à mes ordres si vous voulez vivre.
Dans le cockpit, le trio se dévisage.
- Bien reçu, général, répond le colonel une seconde après.
- Escouades au sol, rejoignez mes hommes au sud-est de votre position. Nous battons en retraite en direction du village. Soutien aérien rapproché, maintenez votre altitude et couvrez-nous.
Les survivants des escouades Iridum et Platine rejoignent peu-à-peu leurs sauveurs encapuchonnés, munis de lances, et battent en retraite en suivant leur chemin d'arrivée. Depuis le point de vue de la soute de l'Exonef, les marines de l'escouade Cobalt profitent de l'absence d'unités alliées sur le campement semi-fortifié pour donner un tir de soutien au coup-par-coup sur les derniers Jaffas embusqués. L'Exonef manque de peu plusieurs salves de plasma tirées en représailles. Au sol, la petite troupe, bientôt libérée du tir de couverture, abritée par la nuit, peut désormais accélérer le pas, quittant l'instabilité du sable pour la dureté d'un sol rocailleux plus solide et facile à parcourir. En moins d'une dizaine de minutes, les soldats exténués ont parcouru au moins deux kilomètres. Enfin, une lueur derrière un remblais de sable annonce la proximité d'un village.
Au même moment, sur une plage de la Corne d'Afrique
Le cadavre apparent du jaffa échoue sur la plage, illuminé dans la nuit par le clair de Lune. Contre toute attente, le Jaffa est vivant. Teal'c se relève péniblement et tente de contacter son Al'kesh depuis le communicateur intégré à son bracelet, sans réponse. Il retombe dans l'eau. Soudain, son regard perdu sur le plafond céleste remarque quelque chose d'étrange. Durant les trois semaines de voyage jusqu'à la Tau'ri, il a étudié en profondeur des cartes cosmographiques sous forme d'hologrammes pour identifier la bonne étoile dans le bon système et retrouver le "Premier Monde", perdu dans les légendes. Aussitôt arrivés dans le Système Solaire, les ordinateurs du vaisseau confirmaient la précision des calculs et la concordance des cartes stellaires. Il connaît les constellations visibles depuis la Terre par coeur après tant de temps passés à les étudier pour trianguler correctement l'étoile et corriger des millénaires de dérive stellaire. Pourtant, celles qu'il a sous les yeux sont légèrement différentes, assez pour le faire douter. Sur quel rivage a-t-il échoué ?
Village de pêcheurs bordant le Nil, Vallée des Rois
L'Exonef atterrit silencieusement au milieu du village. Sans qu'un seul mot soit prononcé, une quinzaine de figure encapuchonnées similaires à leurs sauveurs émerge des tentes et se rassemble autour en tendant un immense textile déployé à bout de bras avant d'être fixé au sol. En moins d'une minute, une grande tente communale est montée comme si elle avait toujours été là. Suivant les instructions radio de son bienfaiteur, O'Neill ouvre la rampe et sort de l'Exonef, accompagné de Carter, Jackson et des cinq soldats de l'équipe Cobalt pour s'engouffrer sous une autre tente.
La première troupe, dirigée par Altman et Kawalsky et guidée par les six individus armés et vêtus de noir, y pénètre. Dedans, deux de ces miliciens, à défaut d'un meilleur qualificatif, soulèvent des tapis pour dévoiler une trappe qu'ils ouvrent immédiatement. L'un des membres du commando de secours est le premier à s'engouffrer, suivit des survivants de l'
Alabama. L'opération se fait vite et dans le silence, rien d'étranger à l'entraînement ou à l'expérience de ces unités spéciales. Le colonel O'Neill est l'avant-dernier à descendre, avec l'assistance de Jackson à cause de son bras qui l'appuie jusqu'au pied de l'échelle. Derrière lui, l'un des figures encapuchonnées ferme la marche en faisant un signe aux villageois depuis le rebord de la trappe. Au-dessus de leur tête, la trappe est aussitôt refermée, et on entend le bruit sourd des tapis remis à leur place. Dans la cave sombre, des torches sont allumées par leurs hôtes. Le chef des individus, arrivé le dernier, fait tomber son capuchon et Jack fait désormais face à son double, affublé d'une cicatrice de brûlure sur le visage.
"- Bordel, vous en avez mis du temps !"