Stargate : Moëbius
Publié : 09 avr. 2021, 00:58
Stargate : Moëbius
Comme son nom l'indique, cette fanfic est une réécriture de l'épisode final de la saison 8, que beaucoup dans la communauté considèrent comme la "vraie" fin de Stargate. J'ai ici tâché d'achever du mieux possible la saga originale. L'histoire est située, comme toute fanfic je suppose, dans un univers parallèle.
Dans celui-ci, Teal'c a rejeté SG-1 sur Chulak qui a ensuite du s'enfuir grâce à l'aide de "SG-2" (l'équipe de Kawalsky) pour finalement revenir sur Terre sous le feu des planeurs de la mort. Le Pentagone prépare la défense des USA face à l'attaque imminente d'Apophis. On peut donc situer cette partie comme suivant le début de l'épisode 2 de Moëbius (que je n'ai pas intégralement réécrit étant donné que tout est identique jusqu'à ce point)
Il y aura pas mal de chapitres (peut-être 12 ou 15 ?) mais comme je doute encore du découpage (et de publier si je bide) je donne juste ceux qui sont déjà écrits et en cours de corrections.
Sommaire :
Partie 1 : Le Présent
Prologue : Le calme avant la tempête
Chapitre 1 : Réunion au sommet
Chapitre 2 : Le dernier pub avant la fin du monde
Chapitre 3 : Opération Blacklight
Chapitre 4 : Bons baisers de la Terre
Chapitre 5a : Mauvais perdant 1/2
Chapitre 5b : Mauvais perdant 2/2
Partie 2 : Le Passé
Intermède 1 : Joyeux Noël
Chapitre 6 : Chute libre
Intermède 2 : Le Sarcophage
Chapitre 7 : Les Naufragés du temps
Chapitre 8 : Cicatrices
Intermède 3 : Winter Palace
Chapitre 9 : Sweet Babylon part.1 : Axis Mundi
Note : titres et chapitrage susceptibles de changer quand je scinde un chapitre trop long où insère un intermède nécessaire pour la cohérence globale
Résumé :
Revenus en catastrophe de Chulak après avoir été capturés et rejetés par Teal'c, SG-1 doit se préparer à défendre la Terre face aux représailles imminentes du pharaon courroucé et de son armada. Le docteur Carter met au point un plan audacieux pour piéger celle-ci avec la coopération conflictuelle des grandes puissantes, et SG-1 pourrait bien une nouvelle fois sauver la Terre. Mais c'est sans compter la présence de Tanith, l'espion goa'uld envoyé par Apophis pour infiltrer la Tau'ri, qui ourdit déjà ses propres plans. Des corridors étouffants de l'USS Alabama jusqu'aux sables brûlants de Gizeh et aux jardins suspendus de Babylone, SG-1 ira à la rencontre de son propre futur à travers le dédale tortueux du temps et devra tout sacrifier pour mener à bien sa dernière mission.
Prologue : Le calme avant la tempête
15 mars 2006.
Port de Norfolk, Virginie.
Abrité sous la voûte protectrice d'une cale sèche trône l'USS Alabama, véritable titan des mers né de l'ingénierie navale de la Guerre froide. À la lumière des immenses LED déployées pour le travail nocturne, des dizaines de dockers finalisent les derniers radoubs. SSBN-731 a été réquisitionné par le Pentagone pour une opération bien précise sous la supervision, entre autres, d'une ingénieure civile de la NASA jusque-là inconnue : Sam Carter. Sur la partie dorsale du sous-marin, aux deux tiers de la longueur, se dresse un système pressurisé conçu pour l'occasion. Ce hangar de pont, ou valise sèche, est arrimé horizontalement à un véhicule inconnu dont l'aspect évoque un sous-marin de poche blindé pour les commandos, en l'occurrence l'un des rares ASDS fonctionnels transféré de l'USS Greeneville situé non loin de là dans le port. Du moins c'est ce qu'on a dit aux dockers chargés de monter l'habitacle et d'adjoindre les différentes modifications nécessaires à la mission.
À l'intérieur, au milieu des gerbes d'étincelles projetées par les équipes d’ouvriers qui assurent l'étanchéité de l'habitacle relié au mastodonte par le sas vertical de la salle des machines, Sam Carter, aux côtés d’un technicien, vérifie que le nouveau réacteur nucléaire et les batteries au diesel secondaires sont capables de fournir la bonne puissance au kilowatt. Elle entoure au marqueur rouge une colonne sur l'une des feuilles que lui tend le technicien et lui rend un signe de tête en guise de confirmation.
C’est alors qu’une main sur l'épaule l'interpelle.
– Au rapport, docteur ! dit une voix masculine
– Pardon ? répond-elle en tendant l'oreille.
Le vacarme des travaux interdisant toute communication verbale, l'officier lui fait signe de monter, d’un geste vers le plafond. Elle lui emboîte le pas en baissant la tête à chaque porte avant d’emprunter l’interminable échelle menant à la surface.
– Je disais au rapport docteur, précise l'officier alors qu’il referme le sas derrière lui.
Dehors, le vent nocturne vient caresser la courbe hydrodynamique de l'alliage d'acier HY-80 du colosse reposé sur sa cale, presque avec prudence, de peur, peut-être, de tirer le léviathan d’acier de son sommeil.
– Je m'en doutais, colonel, répond-t-elle en sortant son paquet de cigarettes avant d’ajouter : Ce truc est vraiment énorme !
– Ne vous approchez pas trop du bord, prévient l’officier. Les matelots l'appellent le Cigare de Poséidon
– Je vois. Il fait calme ce soir vous ne trouvez pas ?
– Le vent est plutôt léger en effet.
– On dirait... vous savez, quand l'océan se retire d’une plage avant le raz-de-marée, murmure-t-elle au bout d'un moment de contemplation face à la marée nocturne.
– En effet, répond-t-il, mais quand on est dans un Ohio, on peut vaincre le raz-de-marée !
D’un geste rassurant, il tapote la surface de la coque, comme un maître assurant à son voisin que son chien est obéissant, mais pas trop fort pour ne pas risquer une morsure.
– Je l'espère sincèrement, colonel. Je me suis pas engagée dans la NASA pour combattre des pharaons aliens.
– Moi non plus. Mais vous êtes la physicienne la plus qualifiée dans votre domaine, docteur. Enfin c'est ce qu'on dit. J'y connais pas grand-chose.
– Et quel rapport voulez-vous, colonel ?
Il du se retenir de muer une pensée perverse en blague graveleuse.
– Je vous donne les rendements en kilowatts ou en cheval-vapeur ? finit-elle.
– Le Pentagone veut juste savoir si l'exonef ne fera pas défaut, si l'opération est menée à bien comme prévu.
- C'est comme ça qu'on l'appelle maintenant ? L'exonef ?
- Eh bien… oui. Enfin c'est pas moi qui donne les noms vous savez. Je trouve que ça sonne mieux que Jumper, non ? demande-t-il d’un froncement de sourcils indiquant l’étonnement.
- Jumper sonnait très bien je trouve, défend la civile. Le docteur Jackson avait aussi proposé chrononef et kaironef dans le même genre.
- Jackson et ses néologismes… ricane-t-il. Exonef c’est très bien.
- Merde, marmonne-t-elle en agitant son briquet après plusieurs tentatives infructueuses.
L'officier en sort un de sa poche presque un peu trop vite, comme s'il feintait mal d’avoir préparé ce moment et allume sa cigarette sans ajouter un mot.
– Merci, répond-t-elle lentement après souffler un nuage de fumée et échanger un regard peut-être un peu trop long. Juste à temps oui, reprend-elle. On a remplacé le réacteur nucléaire en un temps record et établi une interface entre celui-ci et le contrôleur temporel. C'est une vraie prouesse technique vous avez. En espérant bien sûr qu'Aménophis ne nous attaque pas avant d’avoir fini.
– C’est Apophis, corrige-t-il. Et j'ose espérer vous n'avez pas sous-évalué vos résultats sur leurs capacités, docteur ?
– D'après ma double, Chulak est située à deux mille années-lumière de la Terre et...
– It's so very lonely. You're two thousand light years from home ; chantonne l'officier.
– Pardon ? s'étonne-t-elle.
– Rolling Stones ?
– Désolé, pas trop mes goûts musicaux, sourit-elle, un peu gênée.
– Moi non plus. Mais j'écoutais ça dans la voiture quand j'ai embrassé mon ex-femme pour la première fois. Un véritable voyage astral.
– Je n'en doute pas, répond timidement Carter. Chulak est donc située à environ deux mille années-lumière de la Terre, et l'autre Carter a estimé à 32,000 c la vitesse des vaisseaux goa'ulds en hyperespace.
– Ça fait beaucoup j'imagine ?
– Oui, répond-t-elle, surprise par la naïveté de son interlocuteur en matière de physique. Si on pouvait appeler ça de la physique. "Ça veut dire trois semaines de voyage minimum jusqu’au Système Solaire. C'est-à-dire jeudi soir. Ou vendredi matin qui arrive s’ils prennent le temps d’envoyer une mission de reco.
- Ce qui nous laisse encore environ deux jours pour faire connaissance avant la fin du monde."
Voyant ses yeux s’agrandir, il précise :
– Je plaisantais, docteur. Tout va marcher comme sur des roulettes, croyez-moi. Vous savez ce que disent du plan les gars de l’Alabama ?
–Non, répond-elle d’un sourire intrigué.
– Il y a le meilleur plan, il y a le bon plan, il y a le mauvais plan, il y a le plan désastreux, et il y a le plan de la Navy." compte-t-il sur ses doigts.
– Alors me voilà rassurée, colonel.
- Combien de fois devrai-je vous le rappeler, docteur ? On va tous mourir après-demain : appelez-moi Jack."
Chapitre 1 : Réunion au sommet
16 Mars 2006.
Centre de commandement unifié dans un complexe à Norfolk, Virginie.
– Notre objectif est le vaisseau-mère. Si Apophis a bien sondé l'esprit du docteur Jackson ici présent comme nous le soupçonnons, il doit croire que nos technologies exotiques sont à Cheyenne Mountain. C'est donc là en priorité qu'il fera atterrir un de ses vaisseaux. La technologie de l’exonef sera probablement sa priorité" indique le Chief of Staff. "C'est l'Opération Mjolnir : le ciel va leur tomber sur la tête. Pour rendre le piège crédible il faudra préparer au lancement la totalité de nos ICBM et faire décoller tous nos avions avant qu'ils soient cloués au sol. Ce sera bien sûr une opération conjointe à l’échelle internationale. Le bulletin donné à la presse fournira une justification dans la soirée.
– J'ai vu le film. Le vaisseau est détruit à la fin par le Président en personne, sourit O'Neill à l'adresse de Carter.
L’amiral Clark lui lance un regard noir mais ne dit mot.
– Sous réserve d’un discours galvanisant bien sûr, ajoute-il, imprudent.
– Vous venez à peine d’être réintégré, O'Neill, lui rappelle le Chief of Staff. Vous êtes peut-être une légende locale dans les paras mais cette opération n’est pas une mission secrète de la Guerre froide. Si on avait besoin d’un comique troupier pour galvaniser les soldats on se serait débrouillé pour en avoir un meilleur.
–Vous croyez ? fait mine de s’étonner O’Neill d’un sourire moqueur. Pourtant, votre tête me rappelle très clairement un épisode des Simpson où Burns...
- Colonel ? Bouclez-la, ordonne le Chief of Staff.
O’Neill serre les dents et ravale sa répartie. John P. Jumper reprend où il en était.
– Avant d'user de nos meilleures armes, nous devons tester le système d'armement mis au point par le centre de recherche de Lawrence Livermore avec l'aide du docteur Sam Carter, indique-t-il en désignant l’intéressée, qui va vous briefer sur la procédure.
Il fait un pas de côté. Le docteur se lève du premier rang de chaises pour faire face à l’assemblée. Les mains tremblantes, elle monte sur l’estrade et prend une inspiration en faisant un signe de tête à un officier qui change de diapositive. Celle-ci présente la vue en coupe d’un missile.
– On l'a surnommé Goa'uldbuster. C’est une bombe B83 modifiée. Ordonnance : 1,2 mégatonne. Ce ne sera pas suffisant pour percer le bouclier déflecteur. A peine 0.6% de sa résistance je pense, mais les Goa'ulds ne doivent peut-être pas le savoir. Le docteur Jackson n'a vu qu'une fraction de la vidéo et Apophis n'a pas pu lui soutirer cette information. Pour ça, on compte sur le modulateur à fréquence embarqué dans la proue que j'ai extrait des missiles de l'exonef. On a pu voir durant la mission sur Chulak qu’ils pouvaient passer leurs boucliers quand le colonel O’Neill a abattu une sorte de bombardier à notre poursuite. La charge de la bombe sera ensuite suffisante pour percer le blindage en Naquadah appauvri, atteindre le réacteur à fusion central et faire exploser de l’intérieur le vaisseau-mère.
La majorité de l’assemblée fait un mouvement de tête en signe d’approbation. Si elle n’ose le dire, Sam Carter est rassurée. C’est la première fois qu’elle prend la parole devant une telle assemblée et en pareilles circonstances.
– On dispose d'un nombre limité de ces modulateurs de fréquence et aucune équipe au monde n'a été capable de la mettre au point par rétro-ingé dans le temps imparti, prévient-elle, en admettant même que ce soit possible. Donc un seul B83 sera modifié. Il sera monté dans la soute du B-1 Lancer aux côtés de cinq autres B83 non modifiés afin de servir de leurres pour qu'ils sous-estiment nos capacités offensives.
Une main se lève dans l’assemblée. Sam n’ose pas intervenir mais le Chief of Staff répond à sa place d’un signe de la main. C’est visiblement un pilote dont la position dans l’assemblée et l’uniforme indiquent une appartenance à l’escadron des bombardiers.
– Pardonnez-moi docteur Carter, mais je me demande : qu’est-ce qui va pousser les Goa’ulds à laisser nos bombes approcher d’aussi près d’eux ?
Sam détecte dans son ton une inquiétude qu’il est le seul à exprimer à voix haute mais qu’il n’est pas le seul à ressentir. Elle sait donc qu’elle s’adresse à toute l’assemblée, elle comprise :
– D’après les renseignements que nous a donné l'autre Teal'c, les Goa'ulds prennent un certain plaisir au combat rapproché surtout avec des civilisations primitives comme la nôtre où ils sont sûrs d'essuyer un minimum de pertes. Nous comptons sur cet esprit jaffa pour ne pas être purement et simplement abattus par un bombardement orbital.
Cette réponse n’a pas vraiment rassuré le pilote qui déglutit. Le docteur tente de se rattraper un peu :
– Après tout, les Goa'ulds doivent divertir un peu leurs légions et leurs pilotes s'ils veulent les garder loyaux et entraînés, c’est l’une des traditions jaffas les plus ancrées. Donc ils ne devraient pas se méfier d’une planète comme la nôtre. Selon les renseignements de la vidéo que le Renseignement a analysé, les Goa’ulds ont déjà été vaincus par des gens comme nous, plusieurs fois d’ailleurs. En grande partie à cause de cette arrogance que nous allons exploiter. Mais nous avons un avantage contrairement à ce SG-1 : les Goa’ulds ne nous ont en fait jamais affrontés. Ils vont donc nous sous-estimer et faire des erreurs. Notre mission sera d’exploiter ces erreurs et de les retourner contre eux. De toute évidence, ça a déjà marché un passé proche. Si les gens de cette réalité ont pu y parvenir, je suis pleinement confiante dans nos capacités à faire de même.
Elle-même se surprend à avoir donné une réponse aussi bien amenée, et à n’avoir pas trop trébuché sur ces mots. Pour une fois. Son anxiété permanente à l’idée de demander une promotion, ou la reconnaissance de ses travaux, à son ancien directeur d’équipe à la NASA semble à présent dérisoire en comparaison du briefing qu’elle est en train de mener. Après tout, dans cette réalité parallèle, elle a sauvé la Terre à de nombreuses reprises, et ses découvertes ont permis de faire progresser l’Humanité comme jamais auparavant. Serait-elle si différente de cette autre Samantha ? A-t-elle en elle-même les mêmes ressources que cette sœur jumelle perdue pour mettre au point des plans risqués mais couronnés de succès. Elle a bien fait exploser une étoile, n’est-ce pas ?
– Les autres Goa'uldbuster, en l’occurrence des Trident modifiés par mon équipe avec la même technologie, seront déployés depuis un SSBN, au milieu de Trident conventionnels. La Royal Navy disposant également des mêmes missiles, elle participera directement à cette phase de l’opération.
– Excusez-moi M'dame, intervient un officier portant le nom MITCHELL sur son uniforme. Si les Goa'ulds sont si avancés, qu'est-ce qui les empêche de détecter ce sous-marin ?
– Car il sera protégé par le champ furtif de l'exonef... lieutenant-colonel. Il isole la majorité des signatures EM, dont la lumière, ainsi que les radiations. Il sera donc indétectable. Nous savons que l'exonef appartient à une civilisation antérieure aux Goa'ulds, et plus avancée. Il y a peu de chance qu'ils le détectent.
– Donc le succès de cette opération repose sur un pari ? s’interroge Mitchell.
– C'est tout ce que nous avons, lieutenant-colonel, défend le Chief of Staff.
– Sauf votre respect, général, cette Exonef ne pourrait-elle pas tout simplement les détruire ?
Le Chief of Staff fait un signe de tête à Carter afin qu'elle développe ce point :
– L’Exonef ne contient plus qu’un nombre limité de ces drones. De plus nous avons déjà eu du mal à survivre à un seul escadron de planeurs jaffas. Étant donné ce qui est arrivé au bombardier qui nous poursuivait sur Chulak, Apophis sera sur le qui-vive et cherchera à tout prix à s’emparer de ce vaisseau ou à le détruire s’il le menace trop. C’est pourquoi il ne faut pas montrer toutes nos cartes dès le début et lui faire croire qu’il est à Cheyenne Mountain comme il doit le supposer, sinon il ne se risquera pas à envoyer ses vaisseaux dans l’atmosphère. Si on tente une mission hors atmosphère, l’Exonef sera seule, et devrait face à plusieurs Ha’tak ainsi qu'à la chasse qu'ils déploieront. Les escadrons de chasseurs qu’Apophis aura le temps d’envoyer contre elle obligeront le pilote, en l’occurrence le colonel O’Neill, à envoyer ses derniers drones pour se défendre et il ne sera donc plus en mesure d’éliminer les vaisseaux. En bref cette exonef est notre meilleur atout mais il faut le décupler si on veut en tirer profit et ne pas foncer tête baissée. Enfin, souffle-t-elle après cette longue prise de parole, nous ignorons si l’ordonnance d’un seul drone sera suffisante pour venir à bout d’un Ha’tak c'est pourquoi nous additionnons les capacités offensives d'une nuke avec les capacités furtives d'un drone.
– C'est un pari risqué, mais c'est la seule solution, conclue Jumper. Si vous avez un meilleur plan que le docteur Carter pour repousser une invasion alien, nous sommes toute ouïe, ajoute le Chief of Staff.
L’officier-pilote se tait et se redresse sur son siège. Carter inspire une nouvelle fois et reprend.
– Si le test se passe bien, on envoie tout dans la minute pour ne pas laisser le temps à Apophis de comprendre la manœuvre et de replier stratégiquement ses unités, mais on ne peut pas envoyer d'un seul coup et la bombe et les SLBM modifiés à cause de l'éloignement probable des vaisseaux et du risque de perdre tous les drones simultanément si le premier test échoue. Vous n'aurez donc qu'un seul essaie pour valider la suite de l'opération.
– Merci docteur, reprend le général Jumper. C'est donc le lieutenant-colonel Mitchell que vous avez entendu à l’instant qui pilotera le B-1 dans une mission conjointe entre le 9e Escadron de Bombardiers et le 27e Escadron de Chasseurs. Une escorte composée de douze F-16 et de six des tous derniers Raptor sortis le mois dernier accompagneront le bombardier. L'escorte sera minimale étant donné que la priorité d'Apophis sera d'annihiler la majorité de notre aviation et de nos sites de lancement de missiles jugés trop dangereux avant de tenter un atterrissage et de déployer la chasse. Il s'agira donc de ne pas trop attirer l'attention. Cependant, les missiles perce-boucliers étant des atouts primordiaux, ils devront être protégés de la défense de point des Ha'tak à tout prix, c'est pourquoi il faudra lancer tous nos missiles camouflés et leurres dans un ordre précis à ce moment-là pour faire barrage. C'est un sous-marin nucléaire profitant du camouflage avancé, et dont le nom et la localisation restent confidentiels et connus seulement de Zeus, qui se chargera d'envoyer les Trident modifiés.
– Si mes calculs sont exacts, étant donné que l'exonef a détecté les sauts en hyperespace de la flotte goa’uld quelques secondes avant de passer la porte des étoiles depuis Chulak, et connaissant leur vitesse de croisière, on peut estimer qu'ils arriveront probablement demain jeudi vers 18h57, ajoute Carter. C'est-à-dire dans... vingt-deux heures, précise-t-elle en regardant sa montre.
Elle revient à sa place à droite de O’Neill au premier rang. Il la rassure sur sa performante d’un signe de tête. John P. Jumper, lui, a bien compris bien que si seuls deux pilotes sont intervenus dans l’assemblée, tous ici présents peinent à masquer leur inquiétude... non, leur terreur, face au danger mortel qui les attend. Peut-être que ce casse-pied de O’Neill n’a pas tout à faire tort, et qu’il faut un peu galvaniser les hommes.
– Vos officiers supérieurs ont chacun reçu des consignes stricts pour les horaires de décollage et les procédures en cas de rencontre avec les chasseurs aliens, commence-t-il. Je tiens à préciser que cette mission sera sans doute possible la plus importante de vos carrières. Vous vous êtes entraînés pour ça. Vous êtes les meilleurs : c’est pourquoi vous avez été mobilisés pour cette opération. Je sais bien que repousser E.T. ne faisait pas partie du formulaire de recrutement et qu’on vous demande peut-être l’impossible, mais nous sommes dos au mur. Nous ne pouvons pas fuir. Je ne peux forcer personne à participer à une telle mission, car les risques sont impossibles à calculer. Si vous souhaitez quitter cette opération, le commandement a décidé de ne vous en tenir rigueur, et votre poste sera remplacé. Par contre c’est maintenant ou jamais.
Des regards à droite et à gauche cherchent un éventuel démissionnaire. En vain. Jumper affiche sa satisfaction d’un mouvement de tête et d’un sourire.
– Très bien alors. Allons envoyer des nukes magiques dans le cul de Toutankhamon et montrer à ces aliens comment on fait les choses sur Terre !
– HOURRA ! s’écrit en chœur l’assemblée.
– Rompez !
Les officiers et civils présents dans la salle se lèvent et se dispersent peu à peu. Jumper se rapproche de l’amiral Clark.
– Je dois rejoindre Zeus à la Maison-Blanche pour finir de planifier l'opération avec le Joint Chief of Staff et nos homologues internationaux. Bonne chance de votre côté, souhaite-t-il en effectuant un salut militaire.
– Bonne chance à nous tous, lui répond l'amiral en lui rendant son salut.
Au dernier rang de chaises de la salle, le docteur Jackson, toujours assis, les bras croisés, s'autorise un sourire. Les tests psychologiques intensifs qu'il a subit n'ont rien détecté d'anormal. Heureusement que ces imbéciles n'ont pas pensé à effectuer une radio. Ou peut-être les quatre heures de vidéo venues du passé n'ont-elles pas mentionné l'existence d’espions tels que lui tant cette information était inutile pour la mission temporelle. Peu importe à présent.
Son Maître attendait avec impatience ces renseignements.
Comme son nom l'indique, cette fanfic est une réécriture de l'épisode final de la saison 8, que beaucoup dans la communauté considèrent comme la "vraie" fin de Stargate. J'ai ici tâché d'achever du mieux possible la saga originale. L'histoire est située, comme toute fanfic je suppose, dans un univers parallèle.
Dans celui-ci, Teal'c a rejeté SG-1 sur Chulak qui a ensuite du s'enfuir grâce à l'aide de "SG-2" (l'équipe de Kawalsky) pour finalement revenir sur Terre sous le feu des planeurs de la mort. Le Pentagone prépare la défense des USA face à l'attaque imminente d'Apophis. On peut donc situer cette partie comme suivant le début de l'épisode 2 de Moëbius (que je n'ai pas intégralement réécrit étant donné que tout est identique jusqu'à ce point)
Il y aura pas mal de chapitres (peut-être 12 ou 15 ?) mais comme je doute encore du découpage (et de publier si je bide) je donne juste ceux qui sont déjà écrits et en cours de corrections.
Sommaire :
Partie 1 : Le Présent
Prologue : Le calme avant la tempête
Chapitre 1 : Réunion au sommet
Chapitre 2 : Le dernier pub avant la fin du monde
Chapitre 3 : Opération Blacklight
Chapitre 4 : Bons baisers de la Terre
Chapitre 5a : Mauvais perdant 1/2
Chapitre 5b : Mauvais perdant 2/2
Partie 2 : Le Passé
Intermède 1 : Joyeux Noël
Chapitre 6 : Chute libre
Intermède 2 : Le Sarcophage
Chapitre 7 : Les Naufragés du temps
Chapitre 8 : Cicatrices
Intermède 3 : Winter Palace
Chapitre 9 : Sweet Babylon part.1 : Axis Mundi
Note : titres et chapitrage susceptibles de changer quand je scinde un chapitre trop long où insère un intermède nécessaire pour la cohérence globale
Résumé :
Revenus en catastrophe de Chulak après avoir été capturés et rejetés par Teal'c, SG-1 doit se préparer à défendre la Terre face aux représailles imminentes du pharaon courroucé et de son armada. Le docteur Carter met au point un plan audacieux pour piéger celle-ci avec la coopération conflictuelle des grandes puissantes, et SG-1 pourrait bien une nouvelle fois sauver la Terre. Mais c'est sans compter la présence de Tanith, l'espion goa'uld envoyé par Apophis pour infiltrer la Tau'ri, qui ourdit déjà ses propres plans. Des corridors étouffants de l'USS Alabama jusqu'aux sables brûlants de Gizeh et aux jardins suspendus de Babylone, SG-1 ira à la rencontre de son propre futur à travers le dédale tortueux du temps et devra tout sacrifier pour mener à bien sa dernière mission.
Prologue : Le calme avant la tempête
15 mars 2006.
Port de Norfolk, Virginie.
Abrité sous la voûte protectrice d'une cale sèche trône l'USS Alabama, véritable titan des mers né de l'ingénierie navale de la Guerre froide. À la lumière des immenses LED déployées pour le travail nocturne, des dizaines de dockers finalisent les derniers radoubs. SSBN-731 a été réquisitionné par le Pentagone pour une opération bien précise sous la supervision, entre autres, d'une ingénieure civile de la NASA jusque-là inconnue : Sam Carter. Sur la partie dorsale du sous-marin, aux deux tiers de la longueur, se dresse un système pressurisé conçu pour l'occasion. Ce hangar de pont, ou valise sèche, est arrimé horizontalement à un véhicule inconnu dont l'aspect évoque un sous-marin de poche blindé pour les commandos, en l'occurrence l'un des rares ASDS fonctionnels transféré de l'USS Greeneville situé non loin de là dans le port. Du moins c'est ce qu'on a dit aux dockers chargés de monter l'habitacle et d'adjoindre les différentes modifications nécessaires à la mission.
À l'intérieur, au milieu des gerbes d'étincelles projetées par les équipes d’ouvriers qui assurent l'étanchéité de l'habitacle relié au mastodonte par le sas vertical de la salle des machines, Sam Carter, aux côtés d’un technicien, vérifie que le nouveau réacteur nucléaire et les batteries au diesel secondaires sont capables de fournir la bonne puissance au kilowatt. Elle entoure au marqueur rouge une colonne sur l'une des feuilles que lui tend le technicien et lui rend un signe de tête en guise de confirmation.
C’est alors qu’une main sur l'épaule l'interpelle.
– Au rapport, docteur ! dit une voix masculine
– Pardon ? répond-elle en tendant l'oreille.
Le vacarme des travaux interdisant toute communication verbale, l'officier lui fait signe de monter, d’un geste vers le plafond. Elle lui emboîte le pas en baissant la tête à chaque porte avant d’emprunter l’interminable échelle menant à la surface.
– Je disais au rapport docteur, précise l'officier alors qu’il referme le sas derrière lui.
Dehors, le vent nocturne vient caresser la courbe hydrodynamique de l'alliage d'acier HY-80 du colosse reposé sur sa cale, presque avec prudence, de peur, peut-être, de tirer le léviathan d’acier de son sommeil.
– Je m'en doutais, colonel, répond-t-elle en sortant son paquet de cigarettes avant d’ajouter : Ce truc est vraiment énorme !
– Ne vous approchez pas trop du bord, prévient l’officier. Les matelots l'appellent le Cigare de Poséidon
– Je vois. Il fait calme ce soir vous ne trouvez pas ?
– Le vent est plutôt léger en effet.
– On dirait... vous savez, quand l'océan se retire d’une plage avant le raz-de-marée, murmure-t-elle au bout d'un moment de contemplation face à la marée nocturne.
– En effet, répond-t-il, mais quand on est dans un Ohio, on peut vaincre le raz-de-marée !
D’un geste rassurant, il tapote la surface de la coque, comme un maître assurant à son voisin que son chien est obéissant, mais pas trop fort pour ne pas risquer une morsure.
– Je l'espère sincèrement, colonel. Je me suis pas engagée dans la NASA pour combattre des pharaons aliens.
– Moi non plus. Mais vous êtes la physicienne la plus qualifiée dans votre domaine, docteur. Enfin c'est ce qu'on dit. J'y connais pas grand-chose.
– Et quel rapport voulez-vous, colonel ?
Il du se retenir de muer une pensée perverse en blague graveleuse.
– Je vous donne les rendements en kilowatts ou en cheval-vapeur ? finit-elle.
– Le Pentagone veut juste savoir si l'exonef ne fera pas défaut, si l'opération est menée à bien comme prévu.
- C'est comme ça qu'on l'appelle maintenant ? L'exonef ?
- Eh bien… oui. Enfin c'est pas moi qui donne les noms vous savez. Je trouve que ça sonne mieux que Jumper, non ? demande-t-il d’un froncement de sourcils indiquant l’étonnement.
- Jumper sonnait très bien je trouve, défend la civile. Le docteur Jackson avait aussi proposé chrononef et kaironef dans le même genre.
- Jackson et ses néologismes… ricane-t-il. Exonef c’est très bien.
- Merde, marmonne-t-elle en agitant son briquet après plusieurs tentatives infructueuses.
L'officier en sort un de sa poche presque un peu trop vite, comme s'il feintait mal d’avoir préparé ce moment et allume sa cigarette sans ajouter un mot.
– Merci, répond-t-elle lentement après souffler un nuage de fumée et échanger un regard peut-être un peu trop long. Juste à temps oui, reprend-elle. On a remplacé le réacteur nucléaire en un temps record et établi une interface entre celui-ci et le contrôleur temporel. C'est une vraie prouesse technique vous avez. En espérant bien sûr qu'Aménophis ne nous attaque pas avant d’avoir fini.
– C’est Apophis, corrige-t-il. Et j'ose espérer vous n'avez pas sous-évalué vos résultats sur leurs capacités, docteur ?
– D'après ma double, Chulak est située à deux mille années-lumière de la Terre et...
– It's so very lonely. You're two thousand light years from home ; chantonne l'officier.
– Pardon ? s'étonne-t-elle.
– Rolling Stones ?
– Désolé, pas trop mes goûts musicaux, sourit-elle, un peu gênée.
– Moi non plus. Mais j'écoutais ça dans la voiture quand j'ai embrassé mon ex-femme pour la première fois. Un véritable voyage astral.
– Je n'en doute pas, répond timidement Carter. Chulak est donc située à environ deux mille années-lumière de la Terre, et l'autre Carter a estimé à 32,000 c la vitesse des vaisseaux goa'ulds en hyperespace.
– Ça fait beaucoup j'imagine ?
– Oui, répond-t-elle, surprise par la naïveté de son interlocuteur en matière de physique. Si on pouvait appeler ça de la physique. "Ça veut dire trois semaines de voyage minimum jusqu’au Système Solaire. C'est-à-dire jeudi soir. Ou vendredi matin qui arrive s’ils prennent le temps d’envoyer une mission de reco.
- Ce qui nous laisse encore environ deux jours pour faire connaissance avant la fin du monde."
Voyant ses yeux s’agrandir, il précise :
– Je plaisantais, docteur. Tout va marcher comme sur des roulettes, croyez-moi. Vous savez ce que disent du plan les gars de l’Alabama ?
–Non, répond-elle d’un sourire intrigué.
– Il y a le meilleur plan, il y a le bon plan, il y a le mauvais plan, il y a le plan désastreux, et il y a le plan de la Navy." compte-t-il sur ses doigts.
– Alors me voilà rassurée, colonel.
- Combien de fois devrai-je vous le rappeler, docteur ? On va tous mourir après-demain : appelez-moi Jack."
Chapitre 1 : Réunion au sommet
16 Mars 2006.
Centre de commandement unifié dans un complexe à Norfolk, Virginie.
– Notre objectif est le vaisseau-mère. Si Apophis a bien sondé l'esprit du docteur Jackson ici présent comme nous le soupçonnons, il doit croire que nos technologies exotiques sont à Cheyenne Mountain. C'est donc là en priorité qu'il fera atterrir un de ses vaisseaux. La technologie de l’exonef sera probablement sa priorité" indique le Chief of Staff. "C'est l'Opération Mjolnir : le ciel va leur tomber sur la tête. Pour rendre le piège crédible il faudra préparer au lancement la totalité de nos ICBM et faire décoller tous nos avions avant qu'ils soient cloués au sol. Ce sera bien sûr une opération conjointe à l’échelle internationale. Le bulletin donné à la presse fournira une justification dans la soirée.
– J'ai vu le film. Le vaisseau est détruit à la fin par le Président en personne, sourit O'Neill à l'adresse de Carter.
L’amiral Clark lui lance un regard noir mais ne dit mot.
– Sous réserve d’un discours galvanisant bien sûr, ajoute-il, imprudent.
– Vous venez à peine d’être réintégré, O'Neill, lui rappelle le Chief of Staff. Vous êtes peut-être une légende locale dans les paras mais cette opération n’est pas une mission secrète de la Guerre froide. Si on avait besoin d’un comique troupier pour galvaniser les soldats on se serait débrouillé pour en avoir un meilleur.
–Vous croyez ? fait mine de s’étonner O’Neill d’un sourire moqueur. Pourtant, votre tête me rappelle très clairement un épisode des Simpson où Burns...
- Colonel ? Bouclez-la, ordonne le Chief of Staff.
O’Neill serre les dents et ravale sa répartie. John P. Jumper reprend où il en était.
– Avant d'user de nos meilleures armes, nous devons tester le système d'armement mis au point par le centre de recherche de Lawrence Livermore avec l'aide du docteur Sam Carter, indique-t-il en désignant l’intéressée, qui va vous briefer sur la procédure.
Il fait un pas de côté. Le docteur se lève du premier rang de chaises pour faire face à l’assemblée. Les mains tremblantes, elle monte sur l’estrade et prend une inspiration en faisant un signe de tête à un officier qui change de diapositive. Celle-ci présente la vue en coupe d’un missile.
– On l'a surnommé Goa'uldbuster. C’est une bombe B83 modifiée. Ordonnance : 1,2 mégatonne. Ce ne sera pas suffisant pour percer le bouclier déflecteur. A peine 0.6% de sa résistance je pense, mais les Goa'ulds ne doivent peut-être pas le savoir. Le docteur Jackson n'a vu qu'une fraction de la vidéo et Apophis n'a pas pu lui soutirer cette information. Pour ça, on compte sur le modulateur à fréquence embarqué dans la proue que j'ai extrait des missiles de l'exonef. On a pu voir durant la mission sur Chulak qu’ils pouvaient passer leurs boucliers quand le colonel O’Neill a abattu une sorte de bombardier à notre poursuite. La charge de la bombe sera ensuite suffisante pour percer le blindage en Naquadah appauvri, atteindre le réacteur à fusion central et faire exploser de l’intérieur le vaisseau-mère.
La majorité de l’assemblée fait un mouvement de tête en signe d’approbation. Si elle n’ose le dire, Sam Carter est rassurée. C’est la première fois qu’elle prend la parole devant une telle assemblée et en pareilles circonstances.
– On dispose d'un nombre limité de ces modulateurs de fréquence et aucune équipe au monde n'a été capable de la mettre au point par rétro-ingé dans le temps imparti, prévient-elle, en admettant même que ce soit possible. Donc un seul B83 sera modifié. Il sera monté dans la soute du B-1 Lancer aux côtés de cinq autres B83 non modifiés afin de servir de leurres pour qu'ils sous-estiment nos capacités offensives.
Une main se lève dans l’assemblée. Sam n’ose pas intervenir mais le Chief of Staff répond à sa place d’un signe de la main. C’est visiblement un pilote dont la position dans l’assemblée et l’uniforme indiquent une appartenance à l’escadron des bombardiers.
– Pardonnez-moi docteur Carter, mais je me demande : qu’est-ce qui va pousser les Goa’ulds à laisser nos bombes approcher d’aussi près d’eux ?
Sam détecte dans son ton une inquiétude qu’il est le seul à exprimer à voix haute mais qu’il n’est pas le seul à ressentir. Elle sait donc qu’elle s’adresse à toute l’assemblée, elle comprise :
– D’après les renseignements que nous a donné l'autre Teal'c, les Goa'ulds prennent un certain plaisir au combat rapproché surtout avec des civilisations primitives comme la nôtre où ils sont sûrs d'essuyer un minimum de pertes. Nous comptons sur cet esprit jaffa pour ne pas être purement et simplement abattus par un bombardement orbital.
Cette réponse n’a pas vraiment rassuré le pilote qui déglutit. Le docteur tente de se rattraper un peu :
– Après tout, les Goa'ulds doivent divertir un peu leurs légions et leurs pilotes s'ils veulent les garder loyaux et entraînés, c’est l’une des traditions jaffas les plus ancrées. Donc ils ne devraient pas se méfier d’une planète comme la nôtre. Selon les renseignements de la vidéo que le Renseignement a analysé, les Goa’ulds ont déjà été vaincus par des gens comme nous, plusieurs fois d’ailleurs. En grande partie à cause de cette arrogance que nous allons exploiter. Mais nous avons un avantage contrairement à ce SG-1 : les Goa’ulds ne nous ont en fait jamais affrontés. Ils vont donc nous sous-estimer et faire des erreurs. Notre mission sera d’exploiter ces erreurs et de les retourner contre eux. De toute évidence, ça a déjà marché un passé proche. Si les gens de cette réalité ont pu y parvenir, je suis pleinement confiante dans nos capacités à faire de même.
Elle-même se surprend à avoir donné une réponse aussi bien amenée, et à n’avoir pas trop trébuché sur ces mots. Pour une fois. Son anxiété permanente à l’idée de demander une promotion, ou la reconnaissance de ses travaux, à son ancien directeur d’équipe à la NASA semble à présent dérisoire en comparaison du briefing qu’elle est en train de mener. Après tout, dans cette réalité parallèle, elle a sauvé la Terre à de nombreuses reprises, et ses découvertes ont permis de faire progresser l’Humanité comme jamais auparavant. Serait-elle si différente de cette autre Samantha ? A-t-elle en elle-même les mêmes ressources que cette sœur jumelle perdue pour mettre au point des plans risqués mais couronnés de succès. Elle a bien fait exploser une étoile, n’est-ce pas ?
– Les autres Goa'uldbuster, en l’occurrence des Trident modifiés par mon équipe avec la même technologie, seront déployés depuis un SSBN, au milieu de Trident conventionnels. La Royal Navy disposant également des mêmes missiles, elle participera directement à cette phase de l’opération.
– Excusez-moi M'dame, intervient un officier portant le nom MITCHELL sur son uniforme. Si les Goa'ulds sont si avancés, qu'est-ce qui les empêche de détecter ce sous-marin ?
– Car il sera protégé par le champ furtif de l'exonef... lieutenant-colonel. Il isole la majorité des signatures EM, dont la lumière, ainsi que les radiations. Il sera donc indétectable. Nous savons que l'exonef appartient à une civilisation antérieure aux Goa'ulds, et plus avancée. Il y a peu de chance qu'ils le détectent.
– Donc le succès de cette opération repose sur un pari ? s’interroge Mitchell.
– C'est tout ce que nous avons, lieutenant-colonel, défend le Chief of Staff.
– Sauf votre respect, général, cette Exonef ne pourrait-elle pas tout simplement les détruire ?
Le Chief of Staff fait un signe de tête à Carter afin qu'elle développe ce point :
– L’Exonef ne contient plus qu’un nombre limité de ces drones. De plus nous avons déjà eu du mal à survivre à un seul escadron de planeurs jaffas. Étant donné ce qui est arrivé au bombardier qui nous poursuivait sur Chulak, Apophis sera sur le qui-vive et cherchera à tout prix à s’emparer de ce vaisseau ou à le détruire s’il le menace trop. C’est pourquoi il ne faut pas montrer toutes nos cartes dès le début et lui faire croire qu’il est à Cheyenne Mountain comme il doit le supposer, sinon il ne se risquera pas à envoyer ses vaisseaux dans l’atmosphère. Si on tente une mission hors atmosphère, l’Exonef sera seule, et devrait face à plusieurs Ha’tak ainsi qu'à la chasse qu'ils déploieront. Les escadrons de chasseurs qu’Apophis aura le temps d’envoyer contre elle obligeront le pilote, en l’occurrence le colonel O’Neill, à envoyer ses derniers drones pour se défendre et il ne sera donc plus en mesure d’éliminer les vaisseaux. En bref cette exonef est notre meilleur atout mais il faut le décupler si on veut en tirer profit et ne pas foncer tête baissée. Enfin, souffle-t-elle après cette longue prise de parole, nous ignorons si l’ordonnance d’un seul drone sera suffisante pour venir à bout d’un Ha’tak c'est pourquoi nous additionnons les capacités offensives d'une nuke avec les capacités furtives d'un drone.
– C'est un pari risqué, mais c'est la seule solution, conclue Jumper. Si vous avez un meilleur plan que le docteur Carter pour repousser une invasion alien, nous sommes toute ouïe, ajoute le Chief of Staff.
L’officier-pilote se tait et se redresse sur son siège. Carter inspire une nouvelle fois et reprend.
– Si le test se passe bien, on envoie tout dans la minute pour ne pas laisser le temps à Apophis de comprendre la manœuvre et de replier stratégiquement ses unités, mais on ne peut pas envoyer d'un seul coup et la bombe et les SLBM modifiés à cause de l'éloignement probable des vaisseaux et du risque de perdre tous les drones simultanément si le premier test échoue. Vous n'aurez donc qu'un seul essaie pour valider la suite de l'opération.
– Merci docteur, reprend le général Jumper. C'est donc le lieutenant-colonel Mitchell que vous avez entendu à l’instant qui pilotera le B-1 dans une mission conjointe entre le 9e Escadron de Bombardiers et le 27e Escadron de Chasseurs. Une escorte composée de douze F-16 et de six des tous derniers Raptor sortis le mois dernier accompagneront le bombardier. L'escorte sera minimale étant donné que la priorité d'Apophis sera d'annihiler la majorité de notre aviation et de nos sites de lancement de missiles jugés trop dangereux avant de tenter un atterrissage et de déployer la chasse. Il s'agira donc de ne pas trop attirer l'attention. Cependant, les missiles perce-boucliers étant des atouts primordiaux, ils devront être protégés de la défense de point des Ha'tak à tout prix, c'est pourquoi il faudra lancer tous nos missiles camouflés et leurres dans un ordre précis à ce moment-là pour faire barrage. C'est un sous-marin nucléaire profitant du camouflage avancé, et dont le nom et la localisation restent confidentiels et connus seulement de Zeus, qui se chargera d'envoyer les Trident modifiés.
– Si mes calculs sont exacts, étant donné que l'exonef a détecté les sauts en hyperespace de la flotte goa’uld quelques secondes avant de passer la porte des étoiles depuis Chulak, et connaissant leur vitesse de croisière, on peut estimer qu'ils arriveront probablement demain jeudi vers 18h57, ajoute Carter. C'est-à-dire dans... vingt-deux heures, précise-t-elle en regardant sa montre.
Elle revient à sa place à droite de O’Neill au premier rang. Il la rassure sur sa performante d’un signe de tête. John P. Jumper, lui, a bien compris bien que si seuls deux pilotes sont intervenus dans l’assemblée, tous ici présents peinent à masquer leur inquiétude... non, leur terreur, face au danger mortel qui les attend. Peut-être que ce casse-pied de O’Neill n’a pas tout à faire tort, et qu’il faut un peu galvaniser les hommes.
– Vos officiers supérieurs ont chacun reçu des consignes stricts pour les horaires de décollage et les procédures en cas de rencontre avec les chasseurs aliens, commence-t-il. Je tiens à préciser que cette mission sera sans doute possible la plus importante de vos carrières. Vous vous êtes entraînés pour ça. Vous êtes les meilleurs : c’est pourquoi vous avez été mobilisés pour cette opération. Je sais bien que repousser E.T. ne faisait pas partie du formulaire de recrutement et qu’on vous demande peut-être l’impossible, mais nous sommes dos au mur. Nous ne pouvons pas fuir. Je ne peux forcer personne à participer à une telle mission, car les risques sont impossibles à calculer. Si vous souhaitez quitter cette opération, le commandement a décidé de ne vous en tenir rigueur, et votre poste sera remplacé. Par contre c’est maintenant ou jamais.
Des regards à droite et à gauche cherchent un éventuel démissionnaire. En vain. Jumper affiche sa satisfaction d’un mouvement de tête et d’un sourire.
– Très bien alors. Allons envoyer des nukes magiques dans le cul de Toutankhamon et montrer à ces aliens comment on fait les choses sur Terre !
– HOURRA ! s’écrit en chœur l’assemblée.
– Rompez !
Les officiers et civils présents dans la salle se lèvent et se dispersent peu à peu. Jumper se rapproche de l’amiral Clark.
– Je dois rejoindre Zeus à la Maison-Blanche pour finir de planifier l'opération avec le Joint Chief of Staff et nos homologues internationaux. Bonne chance de votre côté, souhaite-t-il en effectuant un salut militaire.
– Bonne chance à nous tous, lui répond l'amiral en lui rendant son salut.
Au dernier rang de chaises de la salle, le docteur Jackson, toujours assis, les bras croisés, s'autorise un sourire. Les tests psychologiques intensifs qu'il a subit n'ont rien détecté d'anormal. Heureusement que ces imbéciles n'ont pas pensé à effectuer une radio. Ou peut-être les quatre heures de vidéo venues du passé n'ont-elles pas mentionné l'existence d’espions tels que lui tant cette information était inutile pour la mission temporelle. Peu importe à présent.
Son Maître attendait avec impatience ces renseignements.