La suite tant attendue de la fanfic qui tient en haleine le forum depuis deux mois est enfin là

Vous aurez notez dans le chapitre quelques retcons, notamment le nom du conseiller d'Apophis qui change pour une raison qui sera expliquée plus tard bien sûr
C'est l'équivalent de 26 pages mais j'en avais marre de scinder les chapitres, promis le suivant sera très court
N'oubliez pas que c'est une œuvre de fiction semi humoristique, donc vous emportez pas si y'a un passage que vous jugez polémique à un moment donné sur un certain Etat du Moyen-Orient

J'ai essayé de rendre le pavé plus digeste par des intermèdes d'approfondissement psychologique pour éviter de faire trop d'exposition dans les dialogues, mais si jamais vous lâchez la lecture trop vite dites-le moi en essayant de cerner les problèmes avec pourquoi pas une proposition de correction sur un dialogue ou un passage en particulier qui vous semble inutilement précis ou au contraire trop flou
Mauvais perdant 2/2
– Monsieur, reprend l'officier radar du QG présidentiel, les satellites viennent de détecter Khéops 1. Il est en orbite géostationnaire. Les images satellites confirment qu'il est endommagé mais que son orbite est stable indique-t-il, images satellites, assez floues au goût du Président, à l'appui.
– Bon travail, répond le Président d'une tape amicale à l'épaule. Bon travail à tous, confirme-t-il à l'adresse de toute la salle de guerre.
Dieu tout puissant c'est inespéré. Les astres s'alignent. Seuls les Etats-Unis ont accès à un vaisseau-pyramide intact. Kinsey n'en revient pas. Il va enfin entrer dans l'Histoire. Il voit déjà son nom figurer dans les livres d'Histoire comme l'homme le plus influent de tous les temps, l'homme qui aurait fait des Etats-Unis une puissance mondiale... non interplanétaire. Un Blue Beam en décors réels. Plus personne n'oserait questionner l'hégémonie américaine. Un miracle. C'était un miracle.
– Difficile de dire si y'a encore quelqu'un de vivant là-dedans, commente Jumper.
– Quelqu'un a bien du activer cette manœuvre d'évasion, répond Landry.
– Pour autant qu'on sache c'était peut-être une procédure automatique du vaisseau en cas de dégâts ou de danger trop important, répond Barrett.
– Une autre de vos visions divinatoires ?
– Simple intuition. Ils ont beau imprimé leur décorum sur tout ce qu'ils peuvent il doit bien rester du fonctionnel quelque part en dessous sinon d'autres que nous les auraient déjà battus à travers le cosmos. La Carter de la caméra a parlé de plus d'un millier de planètes visitées par SG-1 seul dont certaines plus avancées que nous. C'était un gros coup de chance étant donné notre niveau technologique mais on comptait là-dessus. Mes PsyOps ont déterminé que parier sur leur égo mégalomane et feindre une faiblesse technologique était notre meilleure carte à jouer.
– Parce-que c'est un jeu pour vous ? Lui répond sèchement Jumper.
Décidément je peux pas blairer les costards-cravate qui squattent le Pentagone, conclue mentalement le militaire.
– Le plus vieux du monde. Quand tu es fort feint d'être faible, quand tu es faible feint d'être fort, répond à son tour Barrett. Encore une victoire pour les Etats-Unis et le monde entier pour une fois. J'espère que nos services de renseignements n'y sont pas pour rien, se félicite-il.
– Oui, merci d'avoir oublié de surveiller les Russes et les Chinois, répond Landry avant de poursuivre, incisif. Et ce plan est celui du docteur Carter, votre petit profilage n'est qu'un détail.
Le Président s'approche de la console de communication avec les sous-marins et active la liaison radio avec l'USS Alabama.
– Bon boulot, capitaine Strickland, félicite-t-il en affichant un sourire de plus en plus grand. Le vaisseau ennemi est immobilisé.
– Merci monsieur, répond l'officier via le micro. C'était un honneur de déclencher le feu d'artifice, et merci d'avoir payé la facture.
– Deux des cinq missiles modifiés que vous avez lancé ont atteint leur cible. Le Bélize nous remercie officiellement pour l'assistance militaire. Et félicitation à vous, docteur Carter. Sans vous toute cette opération n'aurait pas été poissible. Je peux vous assurer que vous allez diriger la NASA, et plus vite que prévu !
– Je ne sais pas monsieur, je ne pense pas que...
– Etant donné le travail fourni par vous et le docteur McKay ces trois dernières semaines sur l'Exonef et le Stargate, vous serez promu chefs de département à la Maison-Blanche sur ces questions et auraient tout le temps d'étudier la technologie alien. La NASA va connaître une nouvelle ère de gloire !
– Merci. Monsieur, se rattrape-t-elle, rougissante.
Vraiment inespéré. Venait-elle juste, par son plan bien mené, de sauver la Terre d'une invasion alien ? Peut-être qu'elle n'avait rien à envier à sa jumelle parfaite qui faisait exploser des soleils après tout. Elle ressentait déjà la pression accumulée qui l'avait tenue en haleine durant ces minutes interminables dans ce sous-marin exigu, à suer à grosses gouttes, se relâcher peu à peu et la soulager d'un fardeau que son pouls n'avait jamais eu à supporter, plus encore que les entraînements pour la mission Intrépide dont les candidats devaient être annoncés en avril. Mais quel intérêt, à présent, de voler dans une navette spatiale capable d'effectuer seulement quelques manoeuvres orbitales simples, maintenant qu'elle avait un vaisseau spatial sorti tout droit d'un comics et une galaxie entière peuplée de civilisations avancées à explorer ? Un instant, le ciel gris se dégagea pour laisser passer quelques rayons de soleil bienvenus.
– Très bien. Colonel O'Neill, capitaine Strickland : vous pouvez procéder à la phase 3. La Chine et la Russie ne tarderont pas à se battre pour l'épave de Taïwan, Israël et l'Egypte pour celle de Gizeh, et la France et l'Angleterre pour celle des Pays-Bas. Ce n'est qu'une question de temps. Nous avons l'avantage, pour le moment.
Carter se raidit et dévisage le poste de communication.
– C'est pourquoi nous devons nous emparer de Khéops 1 au plus vite. Par chance il n'a pas été détruit et il survole notre espace aérospatial à une altitude d'environ quatre cent kilomètres. Cependant, nous ne pouvons garantir qu'il soit totalement pressurisé, que les SEALs n'oublient pas l'oxygène. O'Neill, Strickland, je vous ordonne de prendre le contrôle de ce vaisseau et de le réclamer au nom des Etats-Unis d'Amérique, est-ce bien clair, messieurs ? S'il y a bien des survivants hauts placés, notamment Apophis, vous avez ordre de les capturer et de le ramener jusqu'à Cheyenne Mountain. On le fera sans doute juger à La Haye après histoire de contenter l'ONU, donc éviter de trop le cogner au visage. C'est aujourd'hui que la Destinée manifeste des Etats-Unis nous a une fois de plus été révélée et que celle de notre espèce toute entière s'écrit dans la Grande Histoire de l'univers ! Que Dieu vous préserve ! [ZIP] Qu'est-ce qu'il se passe, demande Kinsey au milieu de l'euphorie après avoir coupé la liaison radio sur demande du Secrétaire d'Etat à la Défense. Attendez un instant, indique-t-il au centre de contrôle de l'Alabama en réactivant un instant le canal radio.
– Regardez, insiste Landry en désignant la console de l'officier radar
– Je ne comprend pas monsieur, affirme l'officier radar. J'ai suivi la trajectoire d'un vaisseau. Il a la même forme et vélocité que les vaisseaux goa'ulds.
– De quoi parlez-vous ? Un autre Ha'tak ? demande Kinsey.
– Non Monsieur, il fait la taille d'une navette spatiale. Un peu plus même. Au bas mot 600 tonnes. Mais il a atteint Mach 39 en 14 secondes !
– Aucun pilote ne peut survivre à ça. Un drone ? Suggère Jumper.
– Un de ces gunships goa'ulds plutôt ? propose Landry
– Qui n'a pas activé son camouflage optique ? s'étonne Jumper. Je demande à nos alliés de le descendre ?
– C'est trop tard monsieur, répond l'officier radar. Il a atteint la vitesse d'échappement il y a 6 minutes. Il a rejoint Khéops 1. C'est une trajectoire que j'ai reconstitué après avoir vu qu'un des vaisseaux aliens manquait à l'appel après le combat.
– Merde, Apophis va sans doute s'en servir pour échapper, se plaint Kinsey.
– Ce n'est pas pour ça que j'ai contacté le Secrétaire Landry, indique l'officier. Je n'ai pas triangulé sa trajectoire à partir des données des satellites mais du radar de l'Exonef : voyez par vous-même, il n'émet aucune signature énergétique à cause de sa forme anguleuse ou de la composition de sa coque je pense. En revanche il aurait décollé depuis...
– Baïkonour ? s'étonne Kinsey en suivant le doigt de l'officier radar sur son propre ordinateur.
– Peut-être que les Goa'ulds ont juste récupéré un truc à eux que les Russes ont trouvé avant de se barrer avec, propose Barrett.
– Vous êtes encore là vous ? demande Kinsey.
– J'en doute fort, répond Landry. Les Russes avaient une escadrille à moins de 40 km. Des Sukhoi-27 et un Tupolev-160. Cependant ils étaient loin des théâtres d'opération et aucun missile n'a été tiré. Ils n'ont même pas tenté de l'intercepter. S'il s'est pointé au-dessus de leur cosmodrome et à la vue directe de leur surveillance optique, ils n'auraient pas pu le louper.
– Donc quoi ? Les Goa'ulds collaborent avec les Russes ? sourit Barrett en pensant à une plaisanterie. Je suis désolé de ne pas être du côté de la conspiration alien cette fois mais...
– Qu'est-ce que c'est que ce truc ? s'étonne Kinsey en plissant les sourcils avant de réfléchir un instant. Passez-moi la Fédération de Russie.
19h47, CIC, USS Alabama
– Qu'est-ce qu'il se passe ? demande Strickland à son officier de liaison.
– On a un problème en salle des silos. On a deux morts.
– Pardon ? Il se passe quoi exactement ?
– On l'ignore encore. Mais il y a une marre d'eau au sol. Pourtant aucune fissure n'a été constatée, aucune trace de balle. L'équipe de relève a trouvé deux enseignes de l'équipe de maintenance des silos.
– Morts comment ? Noyés ?
– Un instant, répond l'officier de liaison en appuyant sur le micro de son casque. Pouvez-vous précisez la nature des blessures, enseigne ? Négatif monsieur. Il n'y a pas de sang dans l'eau. On dirait... que les blessures ont été cautérisées. Un combat au chalumeau ? Propose l'officier en plissant le front.
Strickland réfléchit un moment. Qui aurait bien pu faire ça ? Et surtout où iraient-ils ? Il se tourne finalement vers son homologue de l'Air Force.
– ça vous dit quelque chose, colonel ?
– Oh que oui, répond l'intéressé.
– Vous avez des Jaffas à bord, confirme le docteur Carter.
Le capitaine décroise les bras et décroche le téléphone.
– Prévenez Everett et Sumner et dites-leur de déployer leurs hommes de la poupe à la proue : on a des intrus à bord.
Plusieurs étages sous le CIC, dans les mess, les forces spéciales de la Navy et des Marines étaient encore en train de s'équiper en attente de la mission d'abordage.
– On suspend la mission temporairement, annonce Sumner. Y'a des intrus à bord !
– Les Russes ? demande l'un des Navy SEALs assis à l'une des tables à manger et affairé à monter son MP5.
– Pourquoi toujours les Russes ? Non là on sait rien, apparemment les blessures ressemblent à rien de connu, peut-être des armes à énergie dirigée.
– Les fameux Jaffas de Chulak ? C'est pas nous qui sommes censés les aborder ?
– Aucune idée. Durant la bataille en Mer de Chine la flotte russe a utilisée une sorte d'arme à énergie dirigée contre un vaisseau alien... et l'a coulé ! Donc on est dans le flou.
– C'est une blague ? S'étonne un des SEALs. Y'a des Spetsnaz à bord qui se baladent avec des trucs pareils du coup ?
– Aucune idée. A vous d'le savoir. En tout cas ils devaient pas s'attendre à tomber sur des mecs comme vous j'espère, répond son officier supérieur en souriant. Y'a pas une minute à perdre. La cale sèche, le CIC et le réacteur seront leurs cibles principales. Escouade Iridium, au CIC. Escouades Cobalt et Titane, vous descendez jusqu'à la salle des silos et vous remontez jusqu'à la salle des machines. Escouades Platine et Mercure avec moi, on passe par les quartiers de l'équipage. Escouades Tantale et Palladium vous vous barricadez à l'entrée du silo avec l'Exonef. S'ils mettent la main sur le vaisseau le plan tombe à l'eau.
Aussitôt équipés, les commandos se dispersent et se déploient dans le sous-marin.
19h48, Cheyenne Mountain
L'écran principal change à nouveau sur le bunker russe.
– Je vois que vous avez détecter mon vaisseau, annonce, triomphant, le président russe Mikhailov. J'attendais votre appel depuis deux minutes à vrai dire, admet-il en inspectant sa montre. J'ai toujours un ou deux coups d'avance sur vous décidément.
– Votre vaisseau ? demande Kinsey, incrédule. Vous êtes parvenu à aborder un vaisseau goa'uld ?
– Vous me prenez pour qui, Kinsey ? Vous croyez que votre petit manège pour vider nos arsenaux nucléaires et vous emparer du Ha'tak m'ont échappé ? D'après mes analystes radars, certains de vos sous-marins n'ont même pas tiré la moitié de leur ordonnance nucléaire. Je me doutais bien que vous comptiez aborder le vaisseau avec l'Exonef et vous en emparer.
– Pardon ? Vous vous méprenez... je... Vous avez abordé un des vaisseaux ennemis en plein vol ?
– Nous ne l'avons pas pris au cours de la bataille, il était dans nos hangars depuis des années.
Barrett, Landry et Kinsey tirent des visages incrédules.
– Des ouvriers égyptiens l'ont trouvé durant les années 30, poursuit Mikhailov. Nasser l'a échangé avec Bulganin contre une protection militaire à long-terme en 56, dans le cas où la France ou le Royaume-Uni décideraient d'occuper le pays. Nous l'avons gardé depuis cette époque et tenté de le maîtriser. Il a ensuite été conservé dans le cadre d'un accord avec le Kazakhstan en 91. C'est d'ailleurs grâce au travail de l'un de vos citoyens, un certain docteur Jackson, que nous avons pu lire la plupart des instructions du vaisseau. En perçant ses secrets nous avons pu mettre au point des armes à énergie adaptée à la fréquence des boucliers extraterrestres. Voyez-vous, bien avant qu'Apophis ne choisisse de venir sur Terre, nous savions qu'il existait ici-même des technologies aliens et que vos services de renseignements étaient au courant... même si nous avons tenté plusieurs fois d'y accéder. En vain je dois dire.
– Je peux vous assurer que ce que vos agents vous ont dit est faux,
Ivan. Les Etats-Unis ne détiennent aucune technologie alien, c'est absurde. Nous ne comptions absolument pas nous emparer du vaisseau ennemi, il a survécu par accident...
– C'est bien pratique,
Robert. J'en ai vu des menteurs dans ma carrière mais vous êtes décidément le pire. A l'heure où je vous parle, l'
Alkonost, comme nous l'avons baptisé, a à son bord un peloton entier de Spetsnaz et une équipe de scientifiques formés à l'étude de la technologie alien. D'ici quelques instants ils vont réclamer le Ha'tak au nom de la Fédération de Russie et mettre fin préventivement à toute tentative de la part de l'Amérique d'imposer une tyrannie mondiale. Ils devraient déjà avoir arraisonner le vaisseau alien et atteint son centre de commande. Je vous conseille de le torpiller avec tout ce qu'il vous reste tant que vous le pouvez encore,
Bob, déclare-t-il souriant avant de raccrocher d'un signe de tête à son propre officier de communication.
– Attendez Iv.... LE FILS DE PUTE ! Hurle Kinsey dans la salle de guerre. BARRETT ?! VOUS ETES VIRE ! Passez-moi Strickland ! Capitaine ? Accélérez Blacklight et abordez le Ha'tak immédiatement !
– Le docteur McKay est encore en train de procéder au détachement de l'Exonef avec le fuselage, et il nous faudra... 15 minutes pour embarquer tout le monde. Je dois aussi vous informez que nous sommes compromis...
– Je m'en branle capitaine ! Les Russes viennent d'envoyer leur propre commando à bord du vaisseau !
– Pardon ? demande le docteur Carter. Avec Soyuz ?
– Ils ont mis la main sur un machin goa'uld trouvé en Egypte. Peu importe, accélérez le déploiement et reprenez ce vaisseau au plus vite.
Il se tourne vers les officiers de liaison avec les sous-marins nucléaires et les bases de lancement.
– On peut les détruire de là où on est ?
– Négatif monsieur, la portée maximale des ogives est d'une centaine de kilomètres d'altitude. Ils sont bien trop haut et n'auront pas assez de carburant ou d'inertie pour viser juste surtout avec la trajectoire erratique du Ha'tak.
Merde je fais quoi ? Je tente de l'aborder ou je le détruit ? Je pourrais demander aux SEALs de la flotte du Pacifique d'aborder le Kirov et de retourner leur propre machin contre eux... Dans les deux cas je dois détruire ce putain de navire. Je suis sûr Clark va dire non à une opération pareille. A tous les coups ça va déclencher une guerre. Chier, j'étais à deux doigts de tirer les marrons du feu sans une égratignure. Merde je fais comment ?
– MERDE ! Landry, Jumper, une solution en attendant ?
– On peut... négocier ? propose Landry.
– Et voir les Ruskoffs mettre la main sur notre vaisseau ?! Je vais tous devoir vous virer pour entendre quelque chose d'intelligent ?
– Monsieur ? Se risque l'un des officiers de la salle de guerre.
– QUOI ENCORE ? s'emporte Kinsey.
– Une colonne de chars israéliens partis de Beersheba a traversé la frontière avec l'Egypte et se dirige vers la vallée des Rois. Mubarak a déployé l'armée à Gizeh pour réclamer ce qu'il reste du Ha'tak qui s'est posé en catastrophe sur la grande pyramide. Leur propre réseau de défense a repéré les chars israéliens et ils préparent des batteries de SSM.
Qu'ils aillent se faire foutre ! Fallait pas filer de vaisseau alien aux Ruskoffs, tien !
– Ils vont encore recommencer putain, se plaint-il. Dites à CENTCOM de laisser faire.
Au fond, Landry comprend que la véritable bataille commence et que
Mjolnir n'était que l'éclair, bref et aveuglant au point de lui faire croire qu'une paix mondiale était possible et que tous les peuples allaient oublier leurs haines pour s'unir, avant le tonnerre qui allait faire trembler le monde. Ils venaient de vaincre une flotte entière d'une puissance galactique grâce à la coordination sans précédent de toute une chaîne de commandement unissant les agences de renseignement, les départements de recherche, les états-majors, les médias... tout ça pour finir réduits en poussière par leurs propres bombes. Et avec les arsenaux nucléaires presque vides, cette guerre allait être beaucoup plus longue et beaucoup plus sanguinaire encore. Tu parles d'une victoire !
19h50, Amùn'eth
Au rythme silencieux de l'éclairage dysfonctionnel des néons intégrés au sol comme aux murs, deux colonnes de soldats en combinaisons étanches, le fusil à la main, s'avancent dans les couloirs endommagés du vaisseau alien. Au sol, des corps et parfois des parties du plafond effondrées.
– Quelle direction ? demande le chef de la troupe.
– Essayons cette porte, suggère le colonel.
– Le terminal est hors d'état, confesse le docteur Markova après un deuxième essai. Pourtant la combinaison d'ouverture est la même sur toutes les portes.
– Vassily, ordonne le chef d'équipe.
Le soldat laisse tomber son fusil, retenu par la bandoullière, et procède à l'ouverture de la porte à l'aide d'un pied de biche accroché à sa ceinture. Plus efficace que prévu, la manoeuvre ouvre trop grand la porte qui emporte Vassily par l'inertie de son ultime mouvement au pied de biche. Il est saisi par la main invisible de l'apesenteur qui le mène vers le néant de l'espace. Il tente vainement de se rattraper à quelque chose où d'inverser sa course mais rien n'y fait, et il finit par échapper à la protection du bouclier énergétique qui couvrait une immense faille dans la coque. A la lumière vacillante de la torche de sa Kalashnikov, le malheureux Spetsnaz est emporté par l'inertie de son propre mouvement et s'éloigne du vaisseau à vitesse constante.
–
Blyat ! s'écrie Zhoukov au milieu des autres protestations de son unité.
– Ne vous en fait pas colonel, le vaisseau semble avoir un bouclier d'urgence de rétention atmosphérique, mais les plaques gravitiques sont désactivées derrière la porte. On va devoir faire le tour. Si le code ne marche pas ça doit être une fermeture automatique en cas de rupture de la coque. N'ouvrons jamais de force un sas à l'avenir, prévient le docteur.
– L'autre porte fonctionne ? demande Zhoukov à l'autre colonne de soldats.
Le chef d'équipe utilise la séquence habituelle d'ouverture de porte. Elle fonctionne. Derrière, une intersection entre quatre couloirs.
– Regardez, docteur, indique l'officier de la seconde colonne. Le même symbole que dans l'Alkonost.
Le docteur entre dans la pièce et regarde les deux cercles concentriques gravés dans le sol.
– Alors docteur ? s'enquiert le colonel Zhoukov.
– Ce sont bien des anneaux de transfert, confirme l'ingénieure en caressant de la main la plate-forme d'anneaux avant de se lever pour inspecter la tablette murale.
Elle qui avait passé les quinze dernières années à inspecter l'Alkonost de fond en comble, à comprendre ses moindres systèmes, à relire en boucle les traductions hésitantes d'un archéologue américain réprouvé par la communauté académique, et qui avait accepté de travailler, à son insu, pour les renseignements russes au début des années 90 avant de couper les ponts avec la Russie en découvrant les manipulations dont il était l'objet de la part de la charmante espionne qu'on lui avait assignée, elle qui avait réussi à faire voler la barque des anciens astronautes, elle sentait ici qu'elle était à sa place. Cette fois ce n'était plus un vaisseau de la taille d'une navette spatiale qu'elle pouvait inspecter, mais une véritable ville volante aussi haute qu'un gratte-ciel et trois fois plus large encore : il y en avait pour toute une vie, non pour plusieurs vies de travail. Dès que son supérieur au cosmodrome, le général Sarkalov, et le haut commandement lui en auraient donner l'ordre, elle pourrait poursuivre davantage ses recherches sur le Ha'tak, sur ses secrets et faire progresser l'humanité. Elle était partagée entre trouver le réacteur principal, inspecter les systèmes d'armement, étudier les générateurs à gravité, manipuler les systèmes de contrôle... non, consulter les banques de données ! Il devait y en avoir pour des terabits d'informations sur la galaxie, sur ces fameux Goa'ulds et les autres mondes. Pour fournir les quantités d'énergie suffisante pour soulever une masse de 5 à 10 mégatonnes à la vitesse d'échappement sans avoir recours à du carburant liquide à haute densité énergétique, le Ha'tak devait avoir une sorte de tokamak interne assez puissant pour alimenter la Terre en énergie pour des millénaires. Cette semi-épave était une prouesse technologique telle que, en admettant que les principes physiques qui sous-tendent ces technologies soient universels comme le suppose la physique, il aurait fallut un millénaire à la Terre pour l'égaler au gré de tentatives, d'erreurs, de découvertes faites au hasard, d'échecs mortels, de projets proprement pharaoniques s'étalant sur des générations de physiciens et d'ingénieurs se transmettant le relais d'une épopée dont ils ne verraient pas la fin de leur vivant. Le futur était à porter de main, celle qui carressait, ici, une plate-forme de téléportation dont le principe lui échappait encore. Quel miracle physique permettait de désassembler et de réassembler les mollécules ? D'autant plus que, malgré la similitude des consoles murales, dont les symboles avaient quelque peu évolué mais dont les parentés généalogiques permettaient de retracer la fonction, ce vaisseau était bien plus récent que l'
Alkonost de plusieurs millénaires. Ce qui signifiait une technologie peut être plus avancée et des systèmes moins archaïques et donc plus fonctionnels que ceux sur lesquels elle et ses équipes s'étaient abîmés les yeux et les nerfs durant des années, avançant parfois lentement, parfois à coup de percées dues à des années de réflexion et d'analyse comme à des accidents purs et simples, comme la fois où l'existence même du bouclier fut révélée par le tir d'une Kalashnikov et d'un verre de vodka de trop, souvent au rythme fluctuant des budgets alloués à son étude. Ceux-ci avaient connu un creux pendant plusieurs années au début des années 90 après plusieurs années d'abandon faute de progrès avant que le président Mikhailov n'investisse considérablement plus de moyens à la fin des années 90 en la nommant à la tête des recherches et que les percées faites en 1994 aient permis à son équipe d'activer et de comprendre plusieurs des systèmes-clefs et de répliquer un canon à énergie dirigée qui venait de faire ses preuves. Mais il y avait bien plus que ce qu'elle n'aurait jamais pu découvrir et développer avec le vaisseau trouvé cinquante auparavant. C'était comme rentrer dans la boutique de jouets les poches pleines de billets après être restée devant la vitrine pendant toute son enfance et ne plus savoir où donner de la tête. Elle était cet âne de Buridan qui allait mourir avant d'avoir inspecter la moindre des merveilles que promettait cette semi-épave.
– Alors docteur ? s'enquiert une nouvelle fois le colonel. Ces symboles, ça vous dit quelque chose ?
– Oui. Je cherchais le point d'arrivée des anneaux. Ce symbole avec l'oeil signifie l'oeil du vaisseau, donc le CIC je pense, au moins son étage. Il est similaire à celui de l'Alkonost indique-t-elle, le cahier à ma main.
– J'en sais rien. J'envoie un éclaireur.
– Comme vous voulez.
– Vallarin, ordonne Zoukhov, vous partez en éclaireur.
Son subordonné obéit et prend place au milieu de la plate-forme tandis que le docteur active la séquence. Le soldat disparaît dans le flash. Elle sourit. Les anneaux fonctionnent... en espérant que le major n'atterrisse pas dans l'espace cette fois.
– Ici Vallarin, dit une voix sur le canal radio, pour le plus grand soulagement du docteur, je suis en vie, l'air est respirable ici. J'aperçois un individu dans une sorte de salle de contrôle. Merde il m'a vu !
– Très bien on y va ! ordonne Zhoukov en se positionnant le premier. Six par six. Markova vous viendrez avec le dernier groupe.
Le docteur n'a pas le temps de protester ou d'acquiescer que, les soldats en place sur la plate-forme, elle expire ce qu'elle allait dire et active à nouveau les symboles.
19h51, USS Alabama, salle des silos
– Ici Colbat-1, on est dans la salle des silos direction salle du réacteur.
La colonne de Navy SEALs se faufile entre les silos lance-missiles pour atteindre l'écoutille située au bout de la pièce où elle se sépare en plusieurs trinômes partant dans plusieurs directions. Une fois les soldats partis, et en profitant du boucan habituel d'un sous-marin, l'écoutille de l'un des silos s'ouvre à nouveau derrière eux. Le second du Primat en sort.
Décidément, ces Tau'ri sont vraiment idiots.
– Ici Shak'el, la voie jusqu'au Pel'tak est dégagée.
Salle des machines auxilliaire 2
Dans les couloirs exigus du sous-marins, un trinôme de Navy SEALs mené par le colonel Sumner se fraie un chemin, légèrement recroquevillés.
– Ici Sumner, deux autres victimes, dit-il à voix basse à la radio. Mêmes blessures. On continue.
Soudain des cris retentissent dans la salle du réacteur.
– On cours ! ordonne-t-il à son unité.
– Ici McKay ! On se fait tirer dessus dans la salle du réacteur ! hurle l'ingénieur à l'officier de liaison du CIC. Faites quelque chose !
Sumner, en tête de file, ouvre l'écoutille. Aussitôt, le soldat qui s'apprêtait à rentrer dans la pièce est projeté en arrière sous la force du tir qu'il a subit depuis l'intérieur de la salle du réacteur.
– FUCK ! Barney ! Barney !
L'autre soldat se met immédiatement à couvert de l'autre côté de l'ouverture de la porte et inspecte d'un coup d'oeil foudroyant si son champ de tir est dégagé.
– Ici Sumner, deux hostiles repérés dans le vaisseau. Ils ne sont pas Russes ! Un homme à terre !
– Tenez bon, Sumner, plusieurs hommes convergent vers la salle du réacteur, lui répond Strickland au micro. Non non non, O'Neill, on a besoin de vous à l'Exonef. Vous êtes trop précieux pour risquer votre peau ! s'emporte Strickland une fois la radio éteinte. N'insistez plus et attendez qu'on puisse lancer
Blacklight.
Le colonel O'Neill expire son exaspération et ne répond pas au capitaine Strickland. Soudain on entend le son inhabituel des armes à énergie derrière la porte du CIC ainsi que de brèves rafales de MP5.
– Bordel il se passe quoi ? S'emporte Strickland.
– Ils sont juste derrière la porte ! répond O'Neill en sortant son Beretta.
– Et les sentinelles ? Comment ils ont fait pour éviter Sumner et Everett ?
– Tous à couvert ! ordonne O'Neill. Vous avez des armes ici ?
– Vous plaisantez ? répond le capitaine en appuyant sur le micro du haut-parleur : Ennemis en salle du réacteur et au CIC. Sécurité compromise. Le personnel non combattant est prier de s'isoler pour laisser manoeuvrer le personnel combattant. Ne laissez pas l'ennemi s'approche de l'Exonef.
– Docteur, derrière moi, ordonne-t-il à Carter qui restait figée, pétrifiée par la peur, et qui s'adosse à l'officier sonar lui aussi abrité derrière la console.
19h52, pel'tak de l'Amùn'eth
Etonné par l'activation des anneaux de transfert, Apophis voit apparaître une étrange silhouette couverte d'un ample vêtement grisâtre et d'un masque relié à une bombonne d'oxygène montée sur le dos lui donnant un curieux aspect éléphantesque. Intrigué par le soldat, il ne voit pas le pointeur laser qui vise son thorax. Le tau'ri hurle quelque chose dans sa langue, qu'il a du mal à saisir. Le pharaon se rue sur la tablette de la porte. Le soldat met à exécution ses sommations et tire une seule balle qui le touche, ricochant sur son bouclier personnel mais destinée à atteindre son épaule. Alors que la porte se ferme, il peut entrevoir les anneaux s'activer et une escouade entière de soldats accoutrés de la même manière rejoindre le premier. Il ouvre en vitesse le tableau de contrôle et le détruit à coup de zat. Bientôt, le son des tentatives répétées d'activer la console murale de l'autre côté laisse place à celui de tentatives d'ouverture manuelle de la porte du pel'tak. Quelques instants plus tard, c'étaient les géysers d'étincelles émanant de deux sources différentes, longeant les stries diagonales de la quadruple porte hermétique, qui menaçaient de le déloger. S'il fut étonné que la technologie tau'ri, qui n'avait pas encore connu, de toute évidence, la révolution nanotechnologique ayant permis aux Goa'ulds de concevoir des matières comprimées à un niveau moléculaire bien plus résistantes que les alliages conventionnels, soit capable de mettre au point des chalumeaux pouvant percer les sas goa'ulds fais des ces mêmes matières, il se souvient qu'ils avaient mis la main sur un vaisseau ayant appartenu au regretté félon Osiris et donc qu'ils devaient avoir eu le loisir de le disséquer avant de l'utiliser. Ou peut-être Nerthys était-il encore derrière comme il le soupçonnait, incapable de concevoir autrement comment un peuple si primitif avait pu contrarier ses plans et mettre à mal sa flotte. Non, c'était presque blasphématoire de prêter à ce bétail humain un plan aussi complexe. Et si la mission tau'ri sur Chulak, sa capture, son interrogatoire et son évasion étaient programmées depuis le départ pour en arriver là ? Jusqu'où son ancien conseiller avaient-ils anticipés ses mouvements ?
Les étincelles convergeaient inexorablement. En d'autres termes ce n'était plus qu'une question de minutes avant qu'ils disloquent la porte, qu'ils entrent et qu'ils ne contrarient définitivement ses derniers plans. Il n'a plus une minute à perdre. L'ennemi est aux portes. Il est là pour le capturer et lui prendre son vaisseau. L'humiliation qui l'attend n'a aucun précédent connu depuis le sort réservé par Râ aux conjurés durant la conspiration d'Osiris survenue des millénaires plus tôt, alors qu'il venait à peine de prendre son hôte actuel, la leçon de vie qu'il avait intégré dès sa nouvelle incarnation. Que ce soit les primitifs qui l'assiégeaient ou Nerthys, ou encore l'Empereur en personne s'il venait à apprendre sa défaite, ce qui était presque certain si ce même Nerthys avait usé de la porte d'Abydos pour rejoindre Chulak plus vite et revenir avec le reste de sa flotte, son destin était de choir encore plus bas. Alors autant accélérer cette chute et la diriger soi-même jusqu'au coeur de son ennemi pour laver son honneur. Au bord du goufre, il comprend plus que jamais sa mission et se résout à écarter toute possibilité d'évasion. Il cesse de temporiser, et saisit la manette rouge du gouvernail des deux mains pour incliner cette fois horizontalement le Ha'tak, la pointe en direction de la la Terre, à l'aide du reste de l'énergie des propulseurs correctionnels. Il envoie ensuite l'énergie des générateurs de secours vers ce qu'il reste des plaques gravitiques ventrales qui se mettent à briller, occasionant ici et là de petites explosions secondaires.
– Colonel Zhoukov ici Alkonost-1. Le vaisseau est en train d'effectuer une manoeuvre.
– Plus vite que ça ! ordonne le colonel à ses hommes affairés à ouvrir la porte.
19h53, CIC de l'USS Alabama
L'écoutille blindée cède sous les tirs à plasma. Au milieu de la fumée provoquée par le tir, l'ennemi apparaît. Il est grand, un peu trop pour passer la porte convenablement, mais une fois relevé dans la salle de contrôle il est impressionnant. Ses yeux sont rouges et brillants. Sa peau est faite de métal. Sa tête est celle d'un serpent. Ou d'une raie manta, difficile à dire. A sa main, une sorte de lance semblable aux grandes haches honorifiques égyptiennes à double tranchant, terminée cette fois en obus, tel un roseau de métal. O'Neil et Carter sont les seuls à reconnaître la créature mais pour le personnel du CIC c'est une fantastique apparition.
Soudain, articulant de sa voix d'outre-tombe aux résonnances métalliques, le prétorien s'exprime dans une langue inconnue puis un anglais parfait, comme si le traducteur de l'exoscaphandre filtrait les expressions à traduire.
– Kree, Tau'ri. Donnez-moi la femelle tau'ri dénommée Carter et le mâle appelé O'Neill et vous aurez la vie sauve.
Au fond, Shak'el sait que cette mission est trop importante pour juste massacrer à vu les Tau'ri et que le pharaon en personne veut ces individus. Il sait que s'il en tue un par accident, son maître Teal'c devra l'exécuter immédiatement comme c'était déjà arrivé dans ce genre de mission.
Les intéressés, accroupis derrière une console, se tournent vers Strickland, peut-être curieux de savoir si le capitaine allait négocier pour sauver l'équipage.
– Ici le capitaine Clarence Strickland. US Navy. Vous venez d'arraisonner un sous-marin nucléaire des Etats-Unis...
– Si tu veux la vie sauve, donne-moi les fugitifs.
– On est à quelle distance de la coque déjà, ici ? demande O'Neill à voix basse à son hôte.
– Quelques bonnes couches, acquiesce le capitaine d'une grimace.
O'Neill lui rend son signe de tête avant de bondir ensemble, 9mm en main et de bombarder l'individu. Les chargeurs vides, le garde-serpent inspecte son armure intacte.
Toujours aussi primitifs, constate-t-il intérieurement avant d'abattre sa lance et de viser le capitaine qui évite de peu les tirs.
Les cloisons sont touchées et le danger de rupture de la coque extérieure est cette fois bien supérieure à celle des balles de Beretta. O'Neill contourne la console qui lui sert d'abri de fortune et bondit sur le flanc droit du jaffa pour bloquer le mouvement de la lance, profitant du volume de son adversaire et de l'exiguïté pour le contraindre au-corps-à-corps. Une lutte s'engage et le jaffa a de toute évidence l'avantage jusqu'à ce que le pilote et l'officier de communication se jettent à leur tour sur lui, agrippant également la Ma'tok ou les épaules afin de le faire tomber. Le jaffa commence à plier face à la force des trois hommes réunis. D'un mouvement de coude le jaffa se défait du colonel O'Neill, lève la lance pour donner un coup de crosse au pilote, le projetant en arrière contre la cloison, et profite enfin de sa liberté de mouvement pour tuer l'un des pilotes qui s'effondre sur la table. Le Jaffa s'avance et s'approche de Carter, agenouillée derrière un terminal.
– Ici Shak'el, j'ai trouvé le CIC du submersible ainsi que les cibles.
– Bien reçu, lui répond son officier supérieur. Fais émerger le vaisseau pour procéder à l'exfiltration aérienne.
Teal'c coupe la communication locale avec son second et fais signe au prétorien qui l'accompagne de s'arrêter, faisant route vers les quartiers d'équipage, avant d'activer la radio sur toute l'escouade.
– Kree. On exfiltre l'espion et on se tire avec le Chappa'ai'tac tau'ri arrimé à la coque avec les fugitifs que Shak'el a capturé. Avar'ac a indiqué une résistance trop importante devant le sas qui mène à la nef pour passer sans risquer de l'endommager. On utilisera les fugitifs comme otages. Faites attention à qui vous tuez maintenant.
Teal'c rentre le premier dans le quartier des équipages.
–
Kesh'et! Peste son subordonné. Ils peuvent pas faire plus exigus comme vaisseau ? précise-t-il en inspectant l'espace encore plus confiné que le reste du sous-marins dans lequel son supérieur vent de s'engouffrer.
Soudain il sent une rafale de projectiles s'abattre sur son armure et le faire reculer. Dans le couloir, un groupe de soldats tau'ri le tient en joue et le bombarde. Il lève sa lance et tire dans le groupe, abattant l'un des soldats. Les autres se regroupent de part et d'autre. L'un d'eux se lève et pointe un lance-grenadeq fixé à son fusil d'assaut en direction du jaffa :
– Vous foutez quoi Harrisson ? lui hurle le colonel Everett.
– A couvert ! répond l'intéressé en tirant le projectile qui quitte le tube lance-grenade pour atteindre le jaffa et exploser au niveau du thorax, le faisant tomber au sol dans un nuage de fumée.
– BORDEL DE MERDE ON EST EN ESPACE CONFINE ABRUTI ! Hurle le colonel Everett en l'agrippant, une fois relevé. ON AURAIT PU TOUS Y PASSER !
– ça va, ça a pas percer la coque, rassure le capitaine Ferretti.
– On a eu de la chance oui ! Castleman, renvoyez-moi cet abruti au CIC avec l'escouade Iridium, je veux plus le voir, ordonne-t-il à son second avant de sortir son Beretta, son chargeur de fusil étant vide, pour mettre en joue ce qu'il restait du jaffa.
– On l'a eu alors ? demande Castleman en lui en emboîtant le pas.
Son supérieur inspecte le cadavre du jaffa, la grenade ayant percé son armure et endommagé le masque. A l'intérieur, un visage, étonnement juvénile pour un jaffa allant sur ses cent ans.
– Bordel on dirait vraiment des êtres humains en-dessous, confirme Castleman à son tour.
Sans qu'il n'y comprenne rien, Castleman est touchée d'un décharge de plasma tirée depuis l'intérieur des quartiers d'équipage et projette Everett sur le côté, dans sa chute. Les deux autres marines du commando répliquent contre le jaffa retranché qui les tue les uns après l'autre, en un éclair. Le colonel se relève et se jette sur son adversaire, visant le masque du jaffa à bout portant avec son Beretta. D'un geste de la lance, Teal'c lui jette son arme des mains avant de le soulever de la main droite. Il ouvre son casque et expose son visage.
– La plupart des primitifs que j'affronte quotidiennement fuient au simple son de mes armes. Mais de temps à autre il y a un imbécile ou un héros à contresens dans la mêlée, prêt à en découdre avec mes jaffas. Je vois que vous avez réussi à avoir l'un des miens, vous devez être parmi les plus forts de votre peuple. Alors lequel est-ce que tu es, toi ? Héros ou imbécile ?
– Sans doute un peu des deux, sourit Everett en tentant de poignarder son adversaire sous l'épaule avec son couteau.
Son geste est arrêté in extremis par le jaffa qui laisse choir sa lance contre la cloison et lève un sourcil :
– Plus imbécile tout de même, sourit le jaffa en tordant le bras de son adversaire qui lutte jusqu'au bout. Mais tu as mon respect, admet-il avant de lui briser le cou et de le laisser tomber au sol.
19h54, Pel'tak de l'Amùn'eth
La porte du pel'tak finit par s'ouvrir à moitié et les Spetsnaz investissent le pel'tak un par un. Gantelet à la main, Apophis défend son poste et projette les assaillants avec l'onde gravitique émise par son kara-kesh. Les autres restent à couvert derrière la porte entrouverte, et arrosent le pharaon au coup-par-coup tandis que les mains des autres sont occupées à agrandir l'ouverture en poussant les portes coulissantes.
– On fait comment pour percer un bouclier comme ça, docteur ? demande le colonel au docteur Markova en changeant de chargeur, accroupie elle-aussi derrière la cloison du couloir menant au pel'tak.
– Comme on l'a compris au nouvel an 99 lorsque les gardes de sécurité ont décidé de faire la fête dans le hangar, le bouclier de l'
Alkonost est conçu pour arrêter toute particule allant au-delà de trente mètres par seconde par rapport à lui. C'est une constante du champ de force.
– Très bien, répond le colonel en souriant.
– Colonel, les balles de vos fusils vont à vingt fois cette vitesse, prévient-elle.
– J'ai bien compris, répond son interlocuteur avant de sortir son couteau de chasse.
Il se lève, s'approche, et le lance à la moitié de la vitesse maximale autorisée. Le couteau traverse le champ de force de la même manière que l'oxygène qui l'entoure et lui permet de respirer et atterrit dans la main du pharaon qui se tord de douleur. Le kara-kesh endommagé, le bouclier du pharaon finit par céder et le colonel en profite pour abattre son adversaire d'une balle dans l'épaule. Il chute bruyamment au sol, mis en joue par le reste du commando. Zhoukov écrase le bras du Grand Maître qui tentait d'attraper une lance Mat'ok.
– Svetlana ! Arrêtez le vaisseau immédiatement ! ordonne-t-il à l'ingénieure qui se rue dans la pièce sous l'escorte d'un trinôme de Spetznas attentif à vérifier que les autres cadavres de jaffas éparpillés dans la salle en sont bien.
Elle retire son casque et le pose au sol avant d'inspecter la console centrale, celle que défendait en priorité le pharaon.
– Colonel... Il a...
Zhoukov contemple avec horreur la console endommagée par des tirs d'arme à énergie, sans doute la lance Ma'tok qu'il allait saisir.
– Merde.
– Combien de temps pour prendre le contrôle du vaisseau ?
– Je ne sais pas, la console était intacte sur l'
Alkonost. Il l'a saboté !
– Et les autres consoles ?
La scientifique jette un coup d'oeil.
– Non, rien. Je ne comprend pas, il semble qu'il faille une clef d'activation comme pour un sous-marin nucléaire. Et je ne sais pas où est la propulsion là-dedans !
– Colonel, prévient le pilote de l'
Alkonost sur la radio, le Kremlin veut savoir pourquoi le vaisseau est en train de tomber sur Terre.
Zhoukov est pris de court.
– Quels sont vos ordres ? demande le sergent Vallarin, qui commence lui-aussi à paniquer.
– Déverrouille le système ! ordonne-t-il à Apophis qui commence à jubiler de rire, étendu au sol. Svetlana les autres consoles ça avance ? Puis il se tourne à nouveau sur le Goa'uld vaincu. Tu comprends quand je parle
suka blyat ? Comment on déverrouille le système ?!
19h55, USS Alabama
O'Neill se relève et attaque le jaffa par derrière alors qu'il mettait en joue le docteur Carter avec son zat.
– BARREZ-VOUS ! Hurle-t-il en faisant signe à la civile de quitter le CIC, occupé à ralentir le jaffa.
– Toi, tu commence à m'énerver, lui répond Shak'el en ouvrant son casque pour le dévisager au moment-même où il interceptait son poing au vol dans un réflexe surhumain. Apophis ne m'en voudra pas si je te brise un ou deux membres, hein ?
O'Neill est terrifié par la force que lui oppose son adversaire. Il avait beau aller sur ses 53 ans il n'avait jamais eu à faire à une telle force de la nature, et pourtant des brutes qui étalaient son escouade au bras de fer, il en avait connu au fil des opérations. Il comprenait qu'il avait à faire à des surhommes et que le corps-à-corps avec ceux de son espèce était sans doute une idée pire que de compromettre la coque avec des armes à feu. Shak'el sent que son adversaire faiblit, et, lentement, commence à lui tordre le bras, sa force surhumaine couplée aux servo-moteurs miniatures de sa combinaison. Il met finalement son adversaire à genoux jusqu'à ce qu'un ignoble craquement ne vienne mettre un terme aux velléités martiales du colonel, effondré au sol, se tenant le bras et laissant échapper un râle de douleur qu'il n'avait que rarement entendu.
– Eh connard,
Kree ça ! hurle à l'attention du jaffa une voix féminine.
Le jaffa se retourne en souriant mais ses réflexes pourtant olympiques ne lui permettent pas contracter son casque assez rapidement : une rafale de MP5 lui traverse le crâne et il s'effondre à son tour à côté de son avant-dernier adversaire. La coutume jaffa et goa'uld de vouloir à tout prix annoncer son triomphe en personne devait réellement leur coûter leur victoire, ce jour-là. Carter lâche le fusil-mitrailleur encore fumant et s'adosse à son tour contre la cloison, haletante. Le capitaine Strickland aide O'Neill à se relever et inspecte sa blessure. Au loin d'autres bruits de pas. Le capitaine ramasse à toute vitesse le MP5 que Carter avait emprunté au cadavre d'une des sentinelles postées devant le CIC et la pointe en direction de la porte, un genoux à terre et l'oeil sur le viseur, bien décidé à défendre son poste jusqu'au bout. Mais c'est bientôt la silhouette rassurante des marines du colonel Everett qu'il reconnaît, pour son plus grand soulagement et celui des survivants. Il relâche l'air inspiré pour le tir, met la sécurité, se relève et effectue un salut militaire à destination du chef de file.
– Major Altman, lui répond ce dernier en lui rendant son salut. Vous avez des pertes ?
– Oui, trois morts et trois blessés dont deux de vos hommes confirme le capitaine en donnant son arme à l'une des enseignes du CIC qui monte la garde aux côtés des renforts.
– On a eu des tirs en salle du réacteur également, des nouvelles ? Demande le capitaine.
– Négatif. Mon équipe devait rejoindre la salle du réacteur avant que le colonel Everett ne réponde à votre appel. On a fait aussi vite qu'on a pu.
– Ne vous en faites pas, major.
L'un des hommes qui accompagne le major Altman le rejoint à son tour :
– Corrin ? Toujours pas de réponse de Dillon. Tu penses qu'ils ont eu des emmerdes ? s'inquiète l'autre marine.
– C'est peut-être l'équipement de ces jaffas, dit-il à l'adresse du cadavre, qui provoque des interférences avec nos radios ?
– Non, elles fonctionnent, confirme son subordonné à distance en utilisant la sienne pour communiquer, l'écho de sa voix arrivant à l'oreillette de son supérieur.
– Merde, faut qu'on y retourne.
– On peut pas abandonner le CIC, on a reçu un ordre, major.
Quartier de l'équipage
Le cadavre du colonel Everett s'effondre bruyamment au sol. Teal'c rétracte son casque et retourne dans la pièce d'où il était sorti, le zat à la main. Il avance prudemment dans l'ombre, ses optiques rougeoyantes détectant les formes de vie à proximité. Il relève l'un des draps et voit une enseigne, terrifiée, qu'il dévisage avant de lui asséner une décharge électrique.
– Arrêtez, je suis là, indique finalement une voix. Vous en avez mis du temps, se plaint-elle avant de sortir d'un des lits.
Le docteur Jackson se dresse face au colosse de métal confiné entre les rangées de lits suspendus.
– J'ai fait au plus vite, seigneur Tanith, s'incline maladroitement le jaffa dans l'exiguïté du lieu. Mes Jaffas doivent se regrouper en ce moment-même au Chappa'ai'tac qui intriguait le Pharaon. Je vais vous exfiltrer personnellement. Restez bien derrière moi si vous ne voulez pas prendre une balle perdue.
– Un instant, jaffa. D'après les renseignements que j'ai pu glaner, il semble qu'il faille bel et bien un gène spécial pour activer cette nef. Nous aurons besoin du tau'ri appelé Jack O'Neill pour ça.
– J'ai déjà donné l'ordre à l'un de mes Jaffas de le capturer, mon Seigneur.
– Hmmm, pas si stupide que ça pour un Jaffa finalement, lui répond sans pitié le goa'uld. Qu'est-ce que vous attendez ? On y va !
Teal'c dévisage un instant le goa'uld dans la pénombre comme s'il s'attendait à quelque remerciement pour les risques que lui et son équipe d'assaut ont pris pour l'exfiltrer. Il ravale sa fierté avant de se retourner pour mener la marche, la tête toujours baissée à cause de ce plafond trop bas. Cet espace confiné commence décidément à lui monter à la tête.
Malgré les années d'endoctrinement subies, il espérait toujours, naïvement peut-être, que la personnalité du jaffa qui avait autrefois incubé le goa'uld qui le suivait à présent avait déteint sur la sienne. Il croyait retrouver en lui une sorte d'enfant perdu qu'il aurait du avoir avec la prêtresse jaffa si leurs devoirs respectifs ne les avait pas séparés. Mais la désillusion fut violente. Tanith était comme son maître Nerthys et le maître de celui-ci. Il avait échangé la prêtresse contre cet espion sans pitié. Un amour encore plus difficile à tenir depuis la mort de sa première femme. Mais le célibat des prêtresses était une règle sacrée, et les vestales jaffas étaient destinées à "accoucher" symboliquement de goa'ulds des castes supérieures, sortes de mères-porteuses hiératiques. La tradition était pourtant si cruelle qu'une vestale ne pouvait porter de symbiote qu'une seule et unique fois...
Il se souvient encore lorsque, quelques semaines plus tôt sur Chulak, la venue des Tau'ri avait requis, pour la première fois en plusieurs années, l'incarnation d'un symbiote à destination des services de renseignement de Nerthys, c'est-à-dire parmi les progénitures les plus loyales et les plus malignes de l'ancienne reine d'Apophis, désormais défunte, et incubées dans la poche symbiotique des vestales. Il se souvient lorsque, une fois la cérémonie achevée, il avait vu le docteur Jackson sortir de la pièce du rituel se pavanant sur le marbre sacré du sol comme s'il possédait le palais d'Apophis alors qu'il y était rentré de force sous la garde de plusieurs jaffas et que le goa'uld en question n'était "éveillé" que depuis moins d'une minute à peine. Il se souvient être rentré dans la pièce du rituel une fois Nerthys et ses espions partis. Sur l'autel de pierre était étendue sa bien aimée, une dague rituelle enfoncée dans son ventre de sa main même, de sorte à prouver symboliquement la stérilité de la mère-porteuse une fois l'accouchement divin accompli. Il se souvient avoir demandé aux gardes de quitter la pièce. Il se souvient avoir caresser d'une main le bras sans vie de sa bien aimée. Il se souvient enfin d'être tombé à genoux et d'avoir pleurer sur son corps étendu. Les derniers mois, l'idée de s'enfuir avec elle avait pourtant occupé ses pensées et perturbé ses kel'no'rim. Il savait qu'un tel blasphème se serait soldé par une chasse à l'homme pour le couple enfuit et qu'ils auraient servi d'exemples une fois capturés ou tués, comme en témoignaient les hérésies sodanes et hak'tyls. Mais cet idylle de quelques jours n'aurait-il pas comblé en lui un siècle de solitude et fait de lui une figure tragique pour l'éternité ? Il l'avait vu passer plusieurs fois dans les couloirs du palais ou dans les rues, et n'avait osé, malgré la force de ses sentiments, proposer une entreprise aussi risquée au gré de leurs interactions. Peut-être que si ces Tau'ri n'avaient pas mis les pieds sur Chulak, un tel sacrifice pour les espions de Nerthys n'aurait pas été nécessaire avant un certain temps, un temps imparti avant l'inévitable rituel qui lui aurait permit de concevoir un meilleur plan d'évasion avec la prêtresse. Mais c'était trop tard. La tau'ri avait souillé de sa présence impure sa planète natale et la dague sacrificielle avait emporté sa bien-aimé dans la tombe à tout jamais. Il ne l'a reverrait plus. Shan'auc.
19h56, salle de guerre/QG présidentiel de Cheyenne Mountain
– Qu'est-ce que vous ne comprenez pas encore ? S'exclame Kinsey.
– C'est Khéops 1. Goa'uldbuster 5 avait atteint la partie ventrale du vaisseau juste avant qu'il ne se téléporte. L'ogive n'a pas touché les réacteurs ascensionnels, juste le hangar tribord, provoquant une réaction en chaîne jusqu'à la pyramide, mais rien qui n'indique qu'il devrait retomber comme ça. Ça déjoue les calculs de trajectoire établis à l'instant !
– C'est normal : sa chute est contrôlée, fait remarquer Jumper. Oh merde il fait comme Thunderbolt.
– Pardon ? s'exclame Landry. Abattez-le !
– Nous n'avons plus d'ICBM à portée, répond l'officier. Leur défense de point et leurs boucliers ont absorbé la totalité de nos ressources durant l'opération de couverture des Goa'uldbusters. Mais plusieurs sous-marins ont encore une partie de leur arsenal. Je les contacte immédiatement pour initier les lancements.
– Ils ont encore un bouclier ? ajoute Landry.
– Non. Ou alors un truc secondaire anti-frictions. Leur coque a été percée de l'intérieur. Je me demande d'ailleurs ce qui empêche le vaisseau d'être disloqué. Il a atteint une orbite de 358 km et a commencé à accélérer à près de 9 g !
– Quand s'écrasera-t-il ?
– Moins de 3 minutes.
– Lancez immédiatement tout ce qu'il reste dans l'arsenal en visant le point optimal de sa trajectoire, ordonne landry.
– Recalcul de la trajectoire en cours, confirme l'un des officiers tandis qu'un logiciel simulait en trois dimensions le point d'impact à partir d'une trajectoire reconstituée selon plusieurs axes.
– Un vaisseau de cette taille ? Ça ne suffira pas, répond Jumper.
– Faite comme il dit, ordonne Kinsey. Repassez-moi Strickland.
USS Alabama, 19h57
Carter lève les yeux vers O'Neill auquel un bandeau de fortune est confectionné par l'un des marines en premiers soins.
– Vous... vous allez bien ? demande-t-elle.
– Merci, grâce à vous. Juste une bonne... entorse, ment-il, l'os sorti jusqu'au coude. C'était courageux ce que vous avez fait là, lui répond le militaire.
– Merci, répond-t-elle timidement en séchant ses larmes.
– Pleurez pas, docteur. Ce connard allait tous nous flinguer. Si vous l'aviez pas descendu le reste de l'équipage serait peut-être mort.
Elle hoche la tête sans répondre. O'Neill fait signe au marine de l'aider à se relever, au prix de grands efforts avant de rejoindre le docteur Carter.
– Vous savez c'est pas facile de tuer quelqu'un. Votre CV indique pourtant plusieurs sorties durant la Guerre du Golfe.
– J'ai effectué des survols de renseignement mais j'ai jamais engagé le combat, dit-elle en séchant son nez et ses larmes avec la manche de sa chemise. Dès la fin de l'opération je suis partie dans le civil. J'adore voler. Mais pas appuyer sur une gâchette.
– Vous avez bien fait, docteur.
L'expérience avait été traumatisante. Elle était mitigée par des sentiments contraires : avait-elle une fois de plus prouvé que cette Sam Carter héroïque de la caméra, qui avait visiblement troqué ses lunettes pour des lentilles et ses hésitations pour de l'éloquence, sommeillait bel et bien en elle et qu'elle était capable de la réveiller et de faire face à des situations extrêmes elle aussi ? Pour attirer son attention et avoir une ligne de mire sur son visage elle avait même sorti un
one-liner improvisé tout droit sorti de film des années 80... Pourtant, une fois la rafale tirée, elle savait qu'elle ne pouvait pas la faire revenir dans le chargeur et que le jaffa était bien mort. C'était peut-être un alien mais l'un d'eux n'était-il pas devenu leur allié dans cette réalité ? Était-elle une criminelle ? Non pas qu'elle risquait la moindre accusation juridique pour avoir porter secours à ses camarades et repousser un ennemi, sûrement pas. Pour ça elle recevrait sans aucun doute une médaille supplémentaire et Kinsey ne manquerait pas de le mentionner pour participer à édifier un mythe autour d'elle, quitte à lui demander de retirer ses lunettes et de prendre des cours d'élocution avant toute interview histoire de créer un véritable personnage à l'image de sa jumelle temporelle. Ça, elle l'avait bien compris quand elle avait rencontré le président en personne et qu'elle avait lu sur son visage la déception de ne pas avoir à faire à la femme de la vidéo. C'est surtout qu'elle avait au fond d'elle la sensation étrange qui suit ce baptême du feu, cette bataille de la raison pour comprendre et juger. Mais le sentiment le plus paradoxal qui torturait son esprit c'était qu'elle l'avait rapprochée un peu plus de ce colonel à la blague facile qui se tenait à ses côtés. Utilisait-il son humour et son sourire pour dissimuler des plaies similaires ? Tout un coup elle comprenait davantage cet homme et son aversion pour les militaires de terrain en général se diluait peu-à-peu. C'était comme si malgré elle, elle était entrait un peu plus dans son monde.
– Ici Strickland, nous venons de repousser une tentative d'abordage jaffa à bord de l'
Alabama.
– C'est toujours pas le moment, Clarence, dépêchez-vous de lancer
Blacklight ! s'impatience Kinsey.
– Le colonel O'Neill est blessé...
– Si vous faites rien le Ha'tak va s'écraser et sans doute tuer plein de gens, capitaine ! Ne discutez pas et envoyer O'Neill et les SEALs immédiatement.
Carter se lève brusquement, accompagné du colonel O'Neill.
– Je pensais que Khéops devait rester en orbite pour au moins plusieurs jours ? Les Russes vont le détruire ? Ça n'a aucun sens, fait remarquer Carter.
– Sensé ou pas ça change rien, docteur ! Le vaisseau est bel et bien en chute libre et il accélère !
– On... on a pu détruire le système de décélération antigrav par accident, suggère Carter.
– Par accident ? s'emporte Kinsey. C'était votre plan, docteur !
– Sauf votre respect, tente O'Neill, si le vaisseau n'a pas d'accélération continue c'est qu'il y a quelqu'un à bord.
– Oui, les Russes, rappelle Kinsey. Je me demande bien à quoi ils jouent d'ailleurs. Attendez un instant.
19h59, Pel'tak de l'Amaùn'eth
– On fait quoi putain ! hurle Vallarin.
– On la ferme et on attend que Markova trouve le mot de passe, lui rétorque son supérieur.
Le docteur tente plusieurs combinaison sur le clavier de la console. Son niveau de stress dépasse possiblement tout ce qu'elle a déjà ressenti dans sa vie et décuplé encore.
– Moi je me casse ! Hurle l'un des Spetsnaz en se ruant vers les anneaux de transfert avant d'être abattu d'une rafale dans le dos par Zhoukov.
– Le premier qui déserte je l'expédie en enfer directement, rappelle le colonel.
Le rire du goa'uld s'intensifie encore.
– Allez ! Hurle Zhoukov en rouant de coup le pharaon. Tu vas cracher le morceau oui ou merde ?!
Les autres Spetsnaz continuent de paniquer, de s'éloigner du bord.
– Ici Alkonost-1, on quitte le vaisseau !
– Revenez ici, bande de traîtres ! hurle le colonel à bout de voix.
– C'est trop tard, répond Markova, les larmes aux yeux.
19h59, QG présidentiel de Cheyenne Mountain
– La vitesse de chute du vaisseau accélère, confirme l'officier radar.
– Il y a sans l'ombre d'un doute quelqu'un dedans en train de manœuvrer pour accélérer l'épave le plus vite possible et accumuler de l'énergie cinétique, conclue Jumper. Peu importe ce qui est en dessous ça va faire mal.
– Docteur Carter, on est sur quel genre de collision ? hurle le président Kinsey sur la liaison radio.
– Avec une masse estimée à cinq à dix mégatonnes et sa vitesse au moment de l'impact compte tenu de son accélération... on peut s'attendre à une explosion de l'ordre de deux ou trois mille gigatonnes... Monsieur. corrige-t-elle. C'est un Yucatan 2.0.
– Dieu tout puissant, répond Kinsey qui regarde autour de lui, éperdu.
– Monsieur, NORAD estime le lieu d'impact à... ALERTE GENERAL CHEYENNE MOUNTAIN ! EVAC D'URGENCE EVAC D'URGENCE ! s'emporte l'officier radar. A une accélération constante, l'impact aura lieu dans 45 secondes !
– DITES AUX BLACKHAWK D'ATTERRIR IMMEDITAMENT ! ordonne Landry. ON EVACUE !
– ON N'A PAS LE TEMPS ! répond Kinsey en repoussant le bras de Landry qui l'amenait vers le couloir.
– Monsieur, ce n'est pas un hasard qu'Apophis vous vise. Compte tenu de la présence de la porte et de la densité énergétique maximale que peut accumuler le Naquadah avant d'entrer en fission... l'explosion va être amplifiée par dix. La planète est condamnée.
Kinsey repousse ses gardes-du-corps entrés en vitesse dans la pièce et se rapproche du micro de communication avec l'
Alabama : Ici Zeus. Colonel O'Neill, Capitaine Strickland. Vous avez pour ordre d'utiliser la machine temporelle et de tout faire pour descendre ce fils de pute avant qu'il ne vienne jusque-ici !
– Monsieur, l'Exonef ne peut pas sauter plus de 200 ans en arrière ou en avant... objecte le docteur Carter avant d'être interrompue :
– Je m'en branle, docteur ! Vous vous démerdez pour le fumer même si vous devez remonter à cro-magnon puis vous revenez ! s'emporte le président.
– A vos ordres ! s'exécutent Strickland et O'Neill.
– Moins de 30 secondes ! hurle l'officier radio de l'
Alabama, encore ensanglanté après le combat en remettant son casque audio.
– ON PLONGE ! ordonne le capitaine. Vous avez entendu, vous deux ? demande Strickland en se tournant vers Carter et O'Neill. Major Altman vous les escortez jusqu'à l'Exonef. AU PAS DE COURSE.
Le colonel, soutenu par le docteur, et les trois marines se ruent au pas de course vers la cale sèche de l'Exonef.
– Il fait quoi là ? demande Carter dans la course.
– Quand un Goa'uld perd la partie d'échecs, il renverse la table et retourne l'échiquier, répond O'Neill, qui peine à avancer et se cogne le coude dans l'entrebâillement de l'écoutille alors qu'il tente de combler le mouvement de balancier du sous-marin en train de prendre de la profondeur, muant un hurlement en un râle sourd. C'est décidément une journée de merde.
A l'extérieur, l'antenne de communication disparaît à mesure que le vaisseau s'enfonce dans la mer comme le mât d'une épave sombrant définitivement.
19h59:59s
Soudain la colère divine s'abat sur Kinsey : l'impact cinétique qui touche Cheyenne Mountain libère une déflagration équivalente à quarante mille fois ce que les Soviétiques avaient envoyé de plus puissant en Nouvelle-Zemble au début des années 60. S'y ajoute le Naquadah de la porte des étoiles quelques instants plus tard qui entrent en fission et amplifie la bulle de plasma qui cherche à s'étendre dans toutes les directions. Aux premières loges de l'Armageddon, juché sur sa colline de conifères, Stryker 1 ne demeure qu'une seconde et demi pour assister au feu d'artifice avant d'être annihilé avec le reste de la forêt. Les montagnes éclatent comme des châteaux de sable, des morceaux entier de plaques continentales se déchirent et propagent jusque sous terre l'énergie cinétique de l'
Amùn'eth et explosive de la porte qui cherchent à tout prix à se transmettre sous toutes les formes possibles, de la convection à la radiation. Depuis l'espace, c'est un disque de lumière dévorant patiemment tout ce qu'il l'entoure qu'observe, impuissant, l'équipage de l'
Alkonost sorti in-extremis de l'épave en déréliction quelques secondes plus tôt.
20h00, CIC de l'USS Alabama
Le contact fut immédiatement rompu avec le bunker présidentiel qui n'a pas du survivre longtemps à l'impact. Le capitaine Strickland eu un mouvement de recul face au grésillement du canal radio et tente de contenir sa panique du mieux qu'il peut face à ses hommes.
– Salle des machines, pleine charge, aboie Clarence via le haut-parleur. 110%
Mickaelson étouffe le micro pour lui confier :
– A cette magnitude d'explosion, 2 km/h de plus ne feront aucune différence.
– Je sais.
Salle des silos
– Il s'est passé quoi ici ? demande Altman en ouvrant la marche. Bordel c'est lui ! Indique-t-il à voix basse.
– Il se passe quoi ? On n'a pas le temps, proteste O'Neill sur le même ton.
– Un jaffa. Et y'a un civil avec lui, le docteur Jameson je crois.
– C'est Jackson, corrige Carter.
– Il est retenu en otage ?
– Je sais pas je l'ai vu une seconde. Platine-3 à Cobalt, me recevez-vous ?
– I... ici le docteur Rodney McKay. Il est mort... il...
– Calmez-vous docteur, combien de membres de l'équipe sont avec vous ?
– Au... aucun. Ils sont morts. Le jaffa aussi, ils l'ont tué il y a cinq minutes.
Altman réprime une grimace. Merde ils ont eu Sumner les salopards !
– Très bien docteur, barricadez-vous, on arrive indique-t-il avant de couper la radio. La salle du réacteur est sécurisée mais Cobalt y est passé, on continue sur le sas de la cale sèche.
O'Neill et Carter se poussent, difficilement, pour laisser passer le marine qui fermait la marche. Le trio s'engage à pas feutrés, fusil en main, dans la salle auxiliaire située entre celle des silos, qui occupe à elle seule un bon tiers du vaisseau, et celle du réacteur. Les trois hommes profitent de l'espace offert par cette salle pour se jeter sur le jaffa, qui pousse Jackson derrière lui. Dans la mêlée, il lâche son zat qui glisse au sol. O'Neill tente de l'attraper mais se heurte à la lutte acharnée entre le jaffa et les marines de l'escouade Platine pour l'immobiliser. C'est Carter qui le ramasse et lui envoie. Il le tient en l'air et tente de viser en direction de l'intrus. S'il sait depuis Chulak qu'elle n'est pas létale, il sait aussi que l'armure du jaffa pourrait en absorber plus que les marines et qu'il se retrouverait seul, un bras cassé, face à l'adversaire.
– Bougez-vous ! Hurle-t-il aux marines avant d'envoyer une première charge.
Teal'c utilise l'un des marines comme bouclier pour absorber le premier tir avant de se diriger vers O'Neill qui réplique par une seconde salve immédiatement. Il recule mais n'est pas encore à terre. O'Neill envoie une troisième décharge absorbée également par l'exoscaphandre blindé du jaffa qui recule davantage. Le colonel recommence encore jusqu'à ce que le Jaffa, appuyé sur la hampe de sa lance Ma'tok, finisse par tomber au sol.
– Immobilisez-le et enlever lui son armure au plus vite, ordonne O'Neill avant de donner le zat à l'autre marine et de ramasser les lunettes du docteur Jackson tombée durant le combat.
– ça va doc ?
Jackson regarde autour de lui, ébouriffé et le regard éperdu avant d'accepter le seul bras valide tendu par le colonel.
– Euh... oui. Merci colonel. Je suis désolé. Everett et son escouade n'ont pas survécu, confesse-t-il.
– Ces fils de pute vont le payer cher, éructe Altman.
– C'est le Primat d'Apophis, Zeus le veut en vie, ordonne O'Neill en baissant la main armée d'un Beretta qu'Altman pointait vers la nuque du jaffa.
– On doit aller à l'Exonef tout de suite ! annonce Carter à l'archéologue. Y'a pas une seconde à perdre.
Le colonel tente une difficile ascension sur l'échelle, ne pouvant aider ses pieds que d'une seule main. Il est moite de sang et de sueur, et il sent que la douleur de son bras peut le faire s'évanouir à tout instant. Mais ce n'est pas le moment.
– Qu'est-ce qu'il se passe ? demande le docteur Jackson.
– On a réussi à repousser les Goa'ulds, mais le vaisseau-mère a disparu en hyperespace avant de revenir et de se crasher sur Terre à une vitesse relativiste.
Les yeux du docteur Jackson s'écarquillent.
– Le Président en personne nous a dit de remonter le temps pour empêcher l'apocalypse.
– Bordel aidez-moi ! hurle O'Neill, bloqué dans son ascension.
Jackson se presse pour le suivre sur l'échelle, verrouiller ses jambes sur les barreaux et s'aider de ses bras pour soulever les pas du militaire, suivi ensuite de Carter. Cette laborieuse étape passée, le trio est désormais dans la cale sèche et entre, exténué, dans le Jumper.
– Colonel, plus que trente secondes, hurle le capitaine Strickland à l'oreillette.
– Si le bouclier de l'Exonef est actif et étendu au vaisseau, il peut absorber l'explosion non ? demande O'Neill à Carter.
– Une explosion de cette taille ? J'en doute fort colonel, s'inquiète Carter.
– Même avec l'eau ?
– Peu probable.
– 21 secondes colonel ! tente Strickland, la sueur perlant à grosses goûtes sur son front. A tout l'équipage préparez-vous à l'impact ! Accrochez vous à ce que vous avez.
– Scotty, envoyez le jus ! hurle O'Neill à l'oreillette de Carter.
– C'est Rodney ! répond l'intéressé.
– Pinaillez pas Scotty, envoyez tout ce que vous avez à l'Exonef. Quelle époque ?! demande précipitamment O'Neill à l'adresse de ses camarades.
– Quoi ?! s'étonne Carter.
– Quelle époque ?!
– SG-1 saura quoi faire, se risque le docteur Jackson. C'est eux qui nous envoyé ici ! Ils doivent savoir mieux que quiconque quoi faire pour régler les choses.
– Mais Kinsey ne nous a pas dit de... commence Carter.
– C'est quand déjà ça ? demande le colonel.
– 5... ss.. s ! 5,000 ans dans le passé, répond-t-elle à toute vitesse.
Sans un mot il ferme les yeux, se concentre. Son bras droit, fortement endommagé, est également appuyé sur la console télépathique, tenu par Jackson pour éviter qu'elle ne tombe. L'occulteur permute sur le bouclier de contraction spatio-temporelle que le Jumper projette à présent sur une bulle de 200 m de longueur abritant l'
Alabama. On entend le rythme cardiaque du contrôleur temporel s'emballer et accumuler de l'énergie.
Le Cigare de Poséidon donne tout ce qu'il a pour échapper à l'onde de choc mais le différentiel de vitesse est trop important. Le léviathan de fer semble avoir trouvé un phénomène qui le dépasse encore, comme ces tyrannosaures, autrefois les prédateurs apex de leur écosystème, qui devaient fuir comme des chiens battus face à l'imminence apocalyptique d'une éruption volcanique colossale ou d'un crash de météorite. Mais ce n'est pas suffisant et il subit une secousse qui le projette plus vite que les turbines ne le permettent. Dans un flash lumineux, le vaisseau disparaît, échappant de peu à la vague de destruction totale qui balaie l'océan d'un raz-de-marée de plusieurs dizaines de mètres de hauteur.
– On y est ? demande l'archéologue.
– COLONEL ! hurle Strickland dans l'oreillette. On est en apesanteur ici !
Il remarque alors l'étonnement sur les figures de Carter et Jackson qui fixent le hublot.
– MERDE MERDE MERDE !
Il s'empresse de réacter le bouclier énergétique autour du sous-marin. Celui-ci était enrobé d'une bulle d'eau capturée par le bouclier lors de la téléportation spatio-temporelle, se figeant rapidement en calotte de glace. L'
USS Alabama dérive alors dans le vide spatial, tournant sur lui-même dans la spirale infernale de sa propre inertie.