Non, non, non. La marine italienne ne fait pas que de lutte contre l'immigration. C'est oublier qu'elle a participe à toutes les opérations dans la corne d'Afrique - océan indien, que ce soit dans le cadre UE ou OTAN. Certes, avec la crise migratoire, elle a concentrée sa présence en Méditerranée (ce qui est logique).
Quant au combat de haute intensité, il y en a plus eu beaucoup depuis les années 90. Oui, parce que les opérations en Lybie en 2011 (où la marine italienne a participée, btw), ce ne sont pas vraiment des opérations de haute intensité. En Syrie, c'est surtout la pression mise sur les pilotes de Rafale M qui est élevée... pour un gain plus que limité (on a de meilleurs résultats en Irak). La haute intensité, tu ne la rencontre réellement qu'en situation de guerre, lorsque l'effort de guerre se ressent.
Le budget OPEX italien est dipo, là aussi c'est un méconnaissance que je revois souvent (je voudrais bien que la Belgique ait ne fut-ce qu'1/3 de leur budget). C'est juste une question de politique :
les italiens ne veulent pas engager ni leur aviation ni leur marine dans un conflit syrien où cet appui se révélerait inutile rapport coût/résultat (et dans un contexte où les opérations en Syrie sont
illégales, ce qui pose pépin avec la constitution italienne). Ils ont été très clair quant au fait qu'ils n'engageront pas plus de moyen, c'est une perception politique (que l'on peut rejoindre ou pas) et légale dont le contraire serait difficile à vendre à l'opinion publique et aux cours. Ils aident en Irak (où le soutien est légal selon le droit international) au sol et avec un déploiment de drones.
Honnêtement, je rejoins leur position. Si je prends le cas de la Belgique, on a des avions dont l'âge commence à se faire sentir, on a investi dans le Pigeon, le budget de nos forces armées se réduit à peau de chagrin (on a mis en place une rotation de la police de l'air au Bénélux avec les néerlandais)... et on participe aux frappes. On gaspille des munitions, fatigue les pilotes, use le matériel alors qu'il n'est pas remplacé actuellement, et on gaspille de l'argent
dans un budget déjà réduit. Et les résultats au sol en Syrie sont très mauvais. Quel est l'intérêt ?
Maintenant, oui, les Italiens n'hésitent pas à subventionner leur marine. C'est certain. Elle a un caractère vital pour eux.
"L'avantage" italien sur la France en terme
budgétaire tient à plusieurs points :
- Ils ont une doctrine d'emploi de la marine adaptée à leur perception géopolitique. Ils n'engageront pas leur marine dans des opex où ce serait un gaspillage d'argent, de munitions. Ils allouent plus de temps d'entrainement
- Ils n'ont pas à maintenir une flotte à capacité nucléaire. Ce qui coûte beaucoup d'argent. Ils n'en ont pas l'intention.
- Ils n'ont pas de CATOBAR, ce qui coûte aussi bonbon. Surtout que le CdG accuse de plus en plus l'âge et que la solution d'échange se fait attendre. Les Italiens ne sont pas les Brésiliens. Ils préfèrent avoir un Cavour (et bientôt un LHD) multirôles, ce qui permet de les utiliser dans une gamme plus large.
Et ils utilisent cette marine à bon escient. En Lybie en 2011, ils avaient engagé deux ou trois frégates et destroyers (+ le Garibaldi pour la coordination, de mémoire) et le reste provenait de l'armée de l'air. Ils avaient même pas engagé la moitié de leurs éléments. Pour le Levant, ils ont été clair et net : pas d'engagement de la marine, uniquement certains éléments de l'armée de l'air et terre en Irak.
Si la France est effectivement sous-dimensionnée, la marine italienne a exactement le format nécessaire (peut-être un peu trop d'ailleurs) compte tenu de sa zone d'intérêt (Méditerrannée - mer noire - mer rouge - océan indien).
Le problème en France AMHA, c'est que les politiques tirent sur la corde.
Trop. Celui qui veut tout défendre ne défend rien. Les politiques veulent une France forte et présente en Méditerranée, dans l'Atlantique, dans l'océan indien et dans le Pacifique. Avec une flotte qui n'est juste pas adaptée au niveau de son format. Les besoins sont multiples :
- il faut plus de navires de surface pour patrouiller votre énorme ZEE
- il faut aussi renouveler votre capacité de projection,
- et investir dans la force stratégique.
Tout ça, avec un budget qui peine à suivre...
Exemple où l'on tire sur la corde (même si ça reste léger) :
http://www.opex360.com/2017/03/20/le-bpc-m...ssage-la-chine/
Qu'est-ce qu'ils en ont à carrer les Chinois... On va faire un exercice (s'il est fait) une fois ou deux, juste pour marquer le coup. Alors oui, ça envoie un bon message aux partenaires : en cas de pépin, comptez sur nous. Mais, mais...
Les marines chinoises et US sont présentes
en permanence dans la région. La présence française dans le Pacifique est réduite, et la Marine n'a pas les moyens de s'y déployer plus fortement. Les Chinois le savent. Donc, outre un exercice multinational (ce qui va être galère voire impossible à mettre en place), ils s'en carrent. Parce que dans une exercice international, pour eux, ce n'est pas le message français qu'ils reçoivent mais le
message américain + japonais/autres pays du coin ou de l'ensemble des partenaires si tu veux... mais
surtout des américains.
Si je prends l'Italie, à moins qu'il y ait une demande au niveau OTAN (et encore, j'en doute vraiment), tu ne la verras jamais participer à ce genre de "message". Ce n'est pas dans sa sphère d'intérêt. Il est extrêmement peu probable qu'ils y déploient un groupe naval ou ne fût-ce qu'un navire. Tout au plus ils participent de temps en temps à RIMPAC mais le Pacifique ne les intéresse pas et ils ne conçoivent pas un engagement dans le coin.
Quant à la Belgique, nos politiques sont assez cons pour y participer.
Il n'y a que deux erreurs que l'on puisse commettre sur le chemin de la Vérité : ne pas aller jusqu'au bout, et ne pas s'y engager.
-- Siddharta Gautama Shakyamuni
[Blackeagle]La CSB agit dans l'ombre pour éclairer le monde.
[Rufus Shinra]Elle agira dès qu'elle aura retrouvé sa lampe de poche, en fait.
[Blackeagle] Réplique collector :D