[FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Rufus Shinra
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[FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Voici le début de ma première fan-fiction Stargate.

Je préfère prévenir immédiatement : Je risque de ne pas pouvoir faire de MàJ de manière fréquente ou régulière, étant donné mon emploi du temps surchargé.


EDIT : Comme l'a suggéré Mat, je balise tout le prologue, puisqu'il contient des informations en rapport avec certains épisodes des saisons 10 de SG1 et 3 de SGA, en attendant un balisage par un admin (j'avais oublié de mettre SPOILER dans le titre).


EDIT 2 : A présent que la balise spoiler est en place dans le titre, je remets le prologue en lecture libre. Merci aux admins bienveillants ^_^ :)

EDIT 3 : Prologue totalement réécrit, et publié le Dimanche 24 février 2008

EDIT 4 : Prologue une fois de plus réécrit et publié le Vendredi 23 septembre 2011 (punaise, ça en fait, du temps !)




EDIT 4 : Le Tome II est à présent en cours de publication, et couvre logiquement la suite directe des évènements décrits dans le Tome I


Prologue :

Le général Jack O’Neill avait eu l’impression, en quelques semaines, de prendre une dizaine d’années. Derrière son regard ne se cachait plus les remarques piquantes qui lui avaient fait autant d’amis que d’ennemis, mais la lassitude d’un homme qui était en train de perdre tous ses repères. Sa démarche elle-même traduisait son état d’esprit, alourdie et presqu’hésitante. Ancien membres des forces spéciales, brièvement retraité à deux reprises, les dernières années avaient redonné un sens à sa vie, tandis que la Porte, cet artefact multimillénaire, avait été la clé de tout ce qu’il était désormais. Après avoir rencontré au fil des années ceux et celles qui devinrent sa nouvelle famille, l’officier supérieur, l’homme, était devenu la somme de ses expériences, tant heureuses que malheureuses.

Cette famille, qu’il n’aurait jamais imaginée au lendemain de la mort accidentelle de son fils et du divorce que sa déréliction suicidaire avait provoqué, était aussi improbable que disparate. Daniel Jackson, le jeune archéologue qu’il avait vu et aidé à grandir, jusqu’à devenir tacitement un fils spirituel, pacifiste convaincu qui avait, accepté de défendre ses convictions, maniant désormais les armes aussi bien qu’un soldat endurci. Samantha Carter, la femme qui lui avait ôté définitivement ses dernières pulsions destructrices et avec qui il ferait sa vie, quoi que puissent dire les règlements militaires d’une planète qu’ils avaient tous deux sauvé à maintes reprises. Teal’c, un frère qui, plus que quiconque, avait été là pour le soutenir, par sa présence comme par ses rares mots, dans une décennie d’épreuves et de combats. George Hammond, un vieux soldat dont les actions, dont il savait ignorer l’étendue, avaient toujours témoigné d’une confiance et d’un respect qu’il ne pourrait jamais repayer.

Mais cette famille n’était pas restée intacte. Trop souvent, elle avait perdu certains de ses membres, sans adieux adéquats. Et O’Neill, militaire expérimenté, savait que ces plaies à jamais ouvertes étaient le prix à payer pour ce qu’il avait pu accomplir.

Il avait perdu suffisamment d’amis alors même qu’il n’avait jamais quitté sa minuscule planète, et d’autres étaient tombés depuis, à des années-lumière de leur foyer. Et, comme tant d’autres avant lui, il avait continué à s’endurcir, son visage ne trahissant plus les émotions ressenties. Il savait qu’il avait un devoir envers les morts. Mais celui envers les vivants était plus important encore.

La douleur qu’il ressentait désormais était différente. Plus perçante. Il avait à nouveau perdu un être cher. Pas quelqu’un avec qui il partageait le quotidien. Il ne le voyait que rarement, lorsque leurs obligations à l’un et à l’autre se croisaient. L’un et l’autre avaient été séparés par le vide qui séparait les galaxies, une culture, des connaissances, et tout simplement une apparence différente. L’un et l’autre avaient cependant appris à se respecter, à apprécier ces différences qui auraient effrayé tant d’autres. Leurs personnalités, en apparence opposées, avaient au contraire trouvé dans l’autre un ami. Le général savait que ses plaisanteries auraient un goût plus amer, lui rappelant une autre de leurs victimes consentantes qui ne pourrait plus les apprécier.

Mais il ne devait continuer, pour la simple raison que ses compagnons de route, et, consciemment ou non, des milliards d’êtres dans cette galaxie, comptaient sur lui. Il lui restait encore beaucoup à faire avant de pouvoir pleurer les disparus.

Thor… pensa-t-il en se remémorant ses premières rencontres “professionnelles“ avec le frêle Asgard, à chaque fois que l’un des deux avait eu besoin de l’expertise de l’autre pour éviter une catastrophe d’ampleur galactique.
Désormais, il regrettait de ne pas avoir pu passer plus de temps avec le “petit Gris“ des légendes urbaines. Se souvenant des rares fois où celui-ci avait pu accepter des invitations personnelles sur Terre, le militaire soupira. Il eut un sourire aigre-doux en se rappelant ses réactions face à des “subtilités culturelles“ présentées par O’Neill lors de quelque journée dénuée de crise.

Journée souvent suivie par les hurlements d’un général Hammond au bord de la crise de nerfs. Celui-ci avait été trop souvent poussé à bout en découvrant la nature de ces visites culturelles alors que son commandant en second lui confirmait, l’air contrit, qu’il venait de découvrir la tolérance de la physiologie Asgard face à la bière (largement plus faible que celle des humains, à en croire l’exemple du Commandant Suprême de la Flotte), ou ses talents à une table de poker (tout aussi faibles, il pouvait en témoigner).

Son sourire disparut lorsqu’il se dit que la petite cabane dans une forêt anonyme du Minnesota ne servirait jamais plus de décor pour ces scènes étranges qu’étaient des parties de pêche impliquant plusieurs représentants d’espèces extraterrestres. O’Neill soupira.

Il n’en demeurait pas moins qu’il devrait attendre pour faire son deuil. Il n’en avait tout simplement pas le temps, alors que la situation, jusqu’alors désespérée, venait de changer brusquement. Les Asgard étaient bel et bien morts, mais ils avaient cependant laissé derrière eux un témoignage. Un héritage. Une mission, que devait accomplir la Cinquième Race.

Le déferlement qu’était l’invasion Ori ne cessait pas, et O’Neill savait très bien qu’il n’y aurait pas de miracle face à un tel ennemi. Ou que, s’il y en avait, il ne serait pas du côté des derniers résistants. Mais s’il n’y avait pas de miracles, il restait cependant une chance. Mince, désespérée, mais bien présente. Et, depuis plus de dix ans, lui et le reste du SGC n’avaient fait que ça : transformer des essais jugés impossibles par la théorie, le bon sens et les lois de la physique.

Il allait une fois de plus devoir mettre les probabilités en échec.


Moins d’une heure plus tard, ses yeux ressentirent brusquement le besoin de s’adapter alors que la luminosité ambiante venait de s’accroitre. Le général observa un instant ses alentours, son environnement étant passé de la grisaille caractéristique des parois de béton du SGC à la lumière éclatante et multicolore d’une anonyme planète de la Voie Lactée.

Par réflexe, il eut un geste vers son arme lorsque deux figures quittèrent la végétation pour se rapprocher de lui, mais s’interrompit en reconnaissant deux jaffas qu’il avait vu quelques semaines plus tôt, dans une rencontre du même acabit.

Ceux-ci l’accompagnèrent sur quelques kilomètres jusqu’à un campement, que le général n’eut aucun mal à identifier comme étant au mieux temporaire. Les stocks de nourriture étaient entreposés dans un coin, gardés en permanence, tandis qu’une fosse hâtivement creusée abritait les déchets des occupants. Sur le visage de ceux-ci, O’Neill pouvait lire de la lassitude et de la peur. Ces quelques douzaines de jaffas savaient parfaitement que leur lutte ne verrait probablement pas d’issue heureuse.

Instinctivement, il repensa aux premiers jours de la rébellion jaffa, lorsque les rares alliés aux côtés desquels il s’était personnellement battu étaient davantage persuadés d’accomplir un suicide spectaculaire plutôt que de mener un combat qui pourrait être un jour remporté.

Des années de lutte, des alliés improbables et une combinaison de facteurs imprévus avaient pourtant mis à bas l’hégémonie des parasites sur sa galaxie natale. Une pensée qui aurait dû lui remonter le moral. Mais, étant tout sauf stupide, il savait que la situation était différente, avec un adversaire bien plus avancé, à la volonté unique, et surtout à cause de la cruelle absence des Asgard. Eux seuls pouvaient protéger durablement la Terre, ce qui avait fait d’elle la forteresse ayant rendu possible tout ce qu’il avait accompli les années précédentes.

- Humain ! l’accueillit le vieux jaffa qui dirigeait le camp.
- Bra’tac, répondit simplement O’Neill.
- Par ici, dit-il en se dirigeant vers une tente anonyme, éloignée de l’imposante structure centrale, que le général identifia aussitôt comme un leurre destiné à subir la frappe initiale d’une éventuelle embuscade.

Une fois à l’intérieur, Bra’tac fit sortir les autres jaffas du QG improvisé, dans lequel plusieurs hologrammes flottaient autour d’une table. On y trouvait aussi des rapports, des cartes et d’autres objets qu’O’Neill ne pouvait reconnaitre malgré sa longue expérience.
- Quelles nouvelles de la Tau’ri ? demanda le jaffa sans préambule.
- Mauvaises. Le site Gamma a été trouvé et détruit. Les Ori attaquent directement, maintenant.
- Bien sûr, tous les autres sont tombés. Autre chose ?
- Oui… Les Asgard… ne pourront plus nous aider. Ils sont… partis.
Les regards des deux vieux soldats se croisèrent l’espace d’un instant, et Bra’tac décida de ne pas poser plus de questions à ce propos, laissant O’Neill continuer :
- Ils nous ont laissé quelque chose avant de partir.
- Nous avons besoin d’armes, O’Neill.
- Il y en a. Et elles fonctionnent contre les vaisseaux Ori.

D’un seul coup, le visage du vieux jaffa s’éclaira :
- Combien ? Est-ce que nous pouvons contre-attaquer ?
- Pas encore, soupira le général. Il n’y en a pas assez, et même Carter a du mal à comprendre comment en faire d’autres. C’est pour ça que je suis venu, Bra’tac. Nous avons besoin de temps. Nous pouvons encore gagner cette guerre, mais seulement si on peut mettre ces canons sur tous nos vaisseaux.
- Nous n’avons plus de temps, humain ! Mes derniers guerriers désertent, trahissent ! Ils ont peur des Ori. Ils voient les Prêcheurs comme de vrais dieux ! Il nous faut une victoire, maintenant, sinon vous serez tous seuls !
- Je sais ! répondit brusquement O’Neill. Je sais ! Carter a proposé un plan pour ça. Gagner une victoire contre leurs vaisseaux, et du temps.
- Comment ?
- Il y a deux ans, on nous a offert un cadeau. Piégé. Le genre qui détruit une étoile si on l’active comme on nous l’avait conseillé. Sam s’en est aperçu à temps, et on a gardé l’engin à l’abri. Elle veut qu’on s’en serve pour démolir autant de leurs vaisseaux que possible. Si on peut tous les attirer au même endroit, on les détruira tous leurs engins d’un coup, et il leur faudra du temps pour ramener des renforts. Avec de la chance, ça suffira pour que Carter et ses crâne d’œufs nous sortent plein de nouveaux canons, et après ça, on pourra leur botter le derrière ensemble comme au bon vieux temps. Il faut qu’ils croient qu’on a pris contact avec les Anciens, et que… commença-t-il en exposant le plan imaginé par Jackson et Carter.


Il avait fallu deux semaines entières pour que Bra’tac parvienne à s’assurer que les fausses informations étaient bien arrivées chez les Prêcheurs, et O’Neill avait décidé de ne pas lui demander ce qu’il avait pu en coûter pour que ceux-ci jugent leur renseignement fiable. Le vieux jaffa lui avait clairement dit que ses derniers partisans l’abandonnaient et que, incessamment sous peu, il serait incapable de coordonner les quelques rares mouvements de résistance qui subsistaient sur les planètes occupées.

Regardant la caisse métallique contenant le ZPM piégé, il ferma un instant les yeux, en adressant une prière, sans véritablement savoir à qui ou quoi, alors qu’il avait, en une dizaine d’années, détruit des mégalomanes aux prétentions divines, rencontré des êtres aux pouvoirs bien réels, expérimenté la relativité de la vie et de la mort. Mais certains comportements ne pouvaient pas le quitter facilement, et les innombrables évènements étranges qu’il avait pu observer au cours de sa vie avaient tendance à le convaincre que la logique et la rationalité n’étaient pas les seuls guides de cet univers, quoi que puisse en dire Carter.

Il n’eut pas le temps de finir sa pensée qu’un flash aveuglant l’engloutit avant de s’évanouir, l’ayant emporté avec la caisse et le chariot.


Habitué aux téléportations vers les vaisseaux indirectement sous ses ordres, le général fut trahi par ses réflexes, cherchant instinctivement ses repères habituels pendant quelques instants, avant de se rappeler qu’il n’avait pas été amené sur le pont de commandement, mais dans l’une des baies de transport. Celle-ci, relativement vaste, n’abritait qu’une fraction infime de l’activité habituellement présente, ce qui lui facilita la tâche pour reconnaître l’individu qu’il cherchait.
- Colonel, dit-il en s’approchant de l’homme en tenue de bord.
- Bienvenue à bord, général, répondit le colonel Davidson, en le saluant.
Après avoir fait de même, O’Neill désigna d’un geste le chariot qui avait été amené avec lui :
- Dites à vos hommes de préparer l’engin, je vais vous briefer sur les détails de la mission.
- Thomson, amenez ça au sas principal, dit le colonel à l’un de ses hommes, qui acquiesça aussitôt.

Les deux officiers regardèrent le membre d’équipage s’éloigner en poussant, escorté par une demi-douzaine de Marines, le générateur multimillénaire devenu arme. Une fois le groupe suffisamment éloigné, le commandant du vaisseau tourna la tête vers O’Neill :
- Vous pensez que ça va marcher ?
- C’est pas plus dingue que les autres plans de Carter, se contenta de répondre le général.
- Bien ce que je craignais… Le reste de mes officiers vous attend dans la salle de briefing aéro. Est-ce qu’on doit recevoir d’autres fichiers d’en bas ?
- Non, fit son supérieur en lui montrant un petit objet aisément reconnaissable.
- Qu’est-ce que… commença Davidson en écarquillant les yeux.
- Pas de commentaire, colonel. Apparemment, certaines huiles à Washington savent si bien tenir leurs langues qu’on a des foutus produits dérivés pour un programme secret ! Comme si on avait besoin de ce genre de problème de sécurité maintenant. Enfin, cadeau d’anniversaire de Daniel… grommela-t-il en enlevant la coiffe de la réplique de lance jaffa pour révéler un port USB. Enfin, c’est pratique.

L’autre haussa des épaules avant de continuer :
- C’est l’important. Sinon, mon second est sur la passerelle pour les derniers préparatifs…
- Je reste à bord pour toute l’opération, donc j’aurai le temps de lui expliquer le reste. De toute façon, ce n’est pas comme si j’avais autre chose à faire.

Il se retourna et embrassa un instant du regard ses environs.
- Beau commandement que vous avez, colonel.
- Je sais, mon général. Merci.
- Non, vraiment, profitez-en. Je ne devrais pas vous le dire, mais la nouvelle vient de tomber : les politiques ont décidé de jeter un os aux gars de la Marine…

Le regard de Davidson s’assombrit, celui-ci voyant de quoi voulait parler l’homme grisonnant.

- Les Daedalus sont redevenus des croiseurs, et on va les laisser à, et je cite, “un corps plus expérimenté et adapté aux spécificités de ces engins“. Ha !
- Qu’est-ce qu’ils ont comme expérience du combat spatial ?
- Il faut le leur demander. Enfin, les ordres… Bref, dès qu’on aura recommencé à respirer avec tout ça, on va leur laisser la place.
- Je vois… Dernière mission, donc ?
- Quasiment, colonel, quasiment. Essayons de terminer en beauté…
- A vos ordres, répondit celui-ci en ouvrant la porte du hangar.
- Mon général ! l’appela une voix au fond de celui-ci, le forçant à se retourner. Vous avez oublié ça !

O’Neill vit l’un des Marines se lancer dans sa direction, tendant un petit objet dans sa main.
- Je vous rejoins, colonel, fit-il, laissant l’officier avancer dans le couloir tandis que lui-même revenait dans la grande salle.

Il n’eut que le temps de faire quelques pas à l’intérieur qu’il fut rejoint par le militaire, qui lui tendit un badge d’accès.
- Merci beaucoup, caporal. J’aurais été bon pour de la paperasse si je l’avais per… commença-t-il avant d’être projeté brutalement dans les airs.

Les réflexes prirent immédiatement le dessus sur toute forme de raisonnement conscient, et l’officier commença à pivoter afin de retomber dans une position optimale. Des années durant, il avait exercé l’un des métiers les plus dangereux du monde, au vu du nombre de collègues et d’amis dont il avait prononcé les éloges funèbres. En tant que survivant, tant des opérations sur Terre qu’ailleurs, il avait non seulement appris à tomber correctement, mais aussi à réfléchir très vite.

Ce fut pour cela qu’il n’avait pas parcouru le quart du chemin le séparant du plafond qu’il se rendit compte que quelque chose posait problème. Quelque chose d’autre que le fait d’avoir été projeté dans les airs à bord d’un vaisseau de guerre en orbite autour de sa planète natale.

Il ne retombait pas.

Aussitôt, O’Neill fit une autre série de mouvements et se retrouva à se diriger les jambes les premières vers le plafond.

On a perdu la gravité artificielle ! C’est grave !

Quelques instants plus tard, le général se reçut brutalement sur la paroi métallique et parvint à s’amortir suffisamment pour attraper un support d’entretien, le tenant quelques instants avant de le lâcher. Sa trajectoire modifiée, il parvint à s’arrêter en percutant une poutre au niveau de son épaule. Grimaçant, il se mit néanmoins aussitôt dans une position de blocage et commença à observer ses environs.

Autour de lui, l’éclairage d’urgence s’était activé, les gyrophares illuminant le hangar où humains et objets volaient dans tous les sens, les premiers tentant d’éviter les seconds et de trouver un support quelconque pour se fixer. Quelques secondes plus tard, O’Neill trouva ce qu’il cherchait, et, d’une impulsion supplémentaire, se lança vers le chariot qu’il avait amené à bord. Une fois à proximité, il parvint à s’emparer de son support, et, d’un effort, évita de le renverser.

En un instant, le général retrouva ses repères, et avança avec sa charge vers une salle située dans un renfoncement de la coque, remerciant d’une pensée silencieuse le technicien qui avait jugé valable de recouvrir la caisse d’un matériau amortisseur. Incapable de freiner suffisamment, il percuta la vitre blindée de salle de contrôle du hangar, s’accrochant d’une main à la porte de celle-ci. Il lâcha cependant un léger cri lorsque le lourd chariot commença à partir dans la direction opposée et dû être retenu par son autre bras. L’officier sentit une douleur aiguë et serra des dents jusqu’à ce que sa charge fût entièrement immobilisée, flottant dans l’air. Il ouvrit alors la porte et entra dans la pièce vide, se dirigeant vers une série d’ordinateurs encore allumés.

Sur l’écran d’accueil, le général entra une combinaison de codes d’accès à usage unique, qui lui donna automatiquement le contrôle de l’ensemble des systèmes. Une brève série de commandes fit s’afficher sur les écrans un ensemble de consoles virtuelles émulant plusieurs fonctions vitales du vaisseau.

Il ne put empêcher son visage de pâlir lorsque son regard se posa sur l’affichage de l’état structurel, le noir et le rouge dominant l’ensemble des plans du croiseur, le hangar où il se trouvait étant l’une des rares sections à ne pas avoir été touchée par ce qui avait ravagé le vaisseau. Il se figea quelques instants lorsqu’une seconde lecture, plus détaillée, du rapport de dégâts, lui indiqua une dépressurisation massive de la coque, les couloirs adjacents au hangar jusqu’à l’ensemble des quartiers d’équipage étant désormais exposés au vide spatial.

O’Neill déglutit, puis reporta son attention sur une autre section du vaisseau, et ferma les yeux en voyant que la passerelle de commandement n’émettait tout simplement plus le moindre signal de statut, probablement détruite elle aussi.

Il se rendit vers l’un des téléphones de bord, situé près de la porte, et appuya sur un bouton peint d’une couleur différente de ses voisins. Aussitôt, un sifflement vint se faire entendre depuis les haut-parleurs, avant d’entendre sa voix en écho au fur et à mesure qu’il parlait :
- A tout l’équipage, ici le général O’Neill. On vient d’être touchés et la passerelle ne répond plus. Je prends le commandement. Toutes les sections, rapport d’avarie, pour le poste… 41-12. Terminé.

En quelques minutes, il eut une estimation plus précise de la situation, faisant mentalement la liste des secteurs qui ne répondaient tout simplement pas et arrivant à la même conclusion que celle donnée par les ordinateurs.

- Plus de moteurs, plus d’armes, plus de bouclier. Journée pourrie… sûrement un lundi, grommela-t-il avant de reprendre le combiné du téléphone de bord.

- Ordre à tout l’équipage. Evacuez le vaisseau si vous le pouvez. Je répète, évacuation ! O’Neill, terminé.

Il se rendit cette fois-ci devant l’une des autres consoles et regarda le terminal de communication émulé. Sans hésiter, l’ancien chef de SG-1 sélectionna la fréquence d’urgence, espérant que les antennes secondaires seraient suffisamment intactes pour transmettre son message. Une fois les réglages effectués, il se rendit sur la console voisine tout en commençant à parler :
- O’Neill à SGC. Urgence. Passez-moi Landry.

Sans attendre de réponse, il parcourut d’un regard la liste des caméras extérieures, se figeant sur l’une des rares icônes demeurées verte. Il la sélectionna, et, en voyant la scène s’afficher sur l’écran, sentit ses forces l’abandonner.

Non…

- Non… murmura-t-il à nouveau, en regardant, derrière les débris du croiseur, la surface de la Terre parcourue de cendres et de brasiers de la taille de pays, alors que, au loin, le dard caractéristique d’un vaisseau Ori venait continuer un travail de destruction presqu’absolu.

Il avait finalement échoué.

Après plus de dix ans à protéger son pays et sa planète de menaces toujours plus dangereuses, à réussir de justesse, il avait failli à son devoir. Le général venait, en quelques instants, de voir tout ce qui justifiait son être, ses sacrifices, ses actions, s’évanouir. Son masque de calme et de maîtrise apparente des situations les plus dangereuses venait de perdre toute raison d’être, et il se laissa tomber dans le siège derrière lui.

Régulièrement, un nouveau tir venait rayer de la carte une région du globe, perçant le manteau terrestre jusqu’au magma et emplissant l’atmosphère de cendres brûlantes condamnant sans merci les éventuels survivants de l’attaque.

C’est fini… pensa-t-il sombrement en se levant.

D’un pas rendu lent par l’absence de gravité, O’Neill se dirigea vers le chariot qui flottait devant la porte. Le plaquant sur le sol, il ouvrit un petit clapet derrière lequel était abrité un clavier numérique. Par des gestes lents, le général commença à entrer le code d’accès qui lui avait été fourni pour cette mission spécifique.

- Pas besoin de la balancer chez Râ, celle-ci, dit-il à voix basse en regardant l’écran lui demander d’entrer le délai du compte à rebours.

Tapant une valeur à un chiffre, il s’apprêta à valider sa sélection lorsqu’une voix familière vint se faire entendre, le figeant dans son geste.

- … que quelqu’un m’ent… ète, ici le… nel Carter, Starg… and.

Le général se redressa brusquement, et, emporté dans son élan, se vit entrainé vers le plafond. Prenant appui sur celui-ci, il retourna vers le sol, prenant prise sur les bords de la console :
- Carter ! appela-t-il. Rapport !
- … al, c’est vous ?
- Vous entends deux sur cinq, Carter. Répétez !
- Le SGC et le… détruits… al Landry tué, je suis… Qu’est-ce qui…
- Carter ! dit-il en remerciant le ciel de la seule bonne nouvelle venant éclairer le cauchemar qu’il vivait alors que son esprit tournait plus vite que jamais avant. Est-ce que vous pouvez aller au niveau moins cinquante ?
- …
- Sam ?
- … Oui, mais… dur.
- Tout le monde est mort dehors, Sam !
- …
- Allez-y. Activez le Jumper. Vous m’avez compris ? Activez le Jumper !
- … sieur, on ne peut…
- La ferme ! On va tous y passer, Sam ! C’est notre seule chance !
- … vos ordres, monsieur.
- Bonne chance, Sam.
- Mon… al. Je…
- Je sais, Sam. Je sais. Allez-y, maintenant. Vous avez une demi-heure, dit-il avant de couper la communication.

Il s’éloigna de la console sans se retourner, revenant près du chariot, tapant sur le bouton d’annulation avant d’entrer une nouvelle valeur.

Et c’est parti… pensa-t-il en voyant le compte à rebours s’afficher et commencer à défiler.

Soupirant, O’Neill referma le clapet et, d’une impulsion, s’éloigna de la bombe pour revenir dans le grand hangar, où la vingtaine de membres d’équipage avait réussi à retrouver le sol. Avec un seul bond, il se rendit près de la lourde porte d’accès, autour de laquelle étaient rassemblés plusieurs hommes et femmes. D’un regard, il vit que le panneau de contrôle de la porte avait été brisé par un débris, et il donna une tape à l’épaule d’un sous-officier essayant de forcer l’ouverture :
- Pas besoin, c’est le vide derrière.
- Mon général, c’est le seul accès pour les capsules d’évacuation !
- Appelez-moi Jack. Et pas besoin de s’inquiéter pour ça.
- Qu’est-ce qui s’est passé, monsieur ? demanda un autre.
- Jack, j’ai dit, pas “monsieur“. On s’est fait casser la figure… Les Ori ont été plus rapides que nous. On a perdu.
- Mais, la Terre…
- Plus rien, sergent. Je viens de voir dehors.
- Qu’est-ce qu’on va faire ? demanda-t-il au milieu de quelques murmures d’accablement.
- Nous, ici ? Rien. Enfin, si, on va faire un sacré feu d’artifice pour fêter ça. Carter, par contre…
- Le colonel Carter ? voulut clarifier une autre personne.
- Ouaip. Le colonel Samantha Carter. Un foutu génie comme on en voit pas deux dans sa vie. Et une femme… Ah, de toute façon, ça ne change plus rien. Vous connaissez Retour vers le Futur ?
- … Pardon ? demanda le sous-officier en regardant O’Neill, pris au dépourvu par le brusque changement de sujet.
- Vous savez ? Marty McFly, la DeLorean volante et tout.
- Euh, oui, mais… quel…
- Hé bien Carter, elle a sa DeLorean, vous savez. Cadeau d’un Doc Brown Ancien. Et elle marche.

Devant les regards surpris de son auditoire, O’Neill fut pris de son premier sourire depuis le début de l’attaque.

- Bon, on va se poser, et je vais vous raconter une histoire, d’accord ? Normalement, c’est tellement secret que le Président m’étranglerait s’il était au courant, mais bon…

Une minute plus tard, il s’était posé sur une chaise flottant à quelques centimètres du sol, au milieu des survivants du hangar :
- J’étais encore en charge du SGC, à l’époque, quand cette vieille fouine de Maybourne nous a passé un coup de fil. J’étais un peu surpris, mais bon…


Le général O’Neill était en train de décrire l’intérieur du Jumper temporel lorsque le minuteur, à quelques dizaines de mètres de lui, marqua finalement zéro. L’instant d’après, le générateur bâti des éons auparavant par les Anciens reçut une série d’impulsions calculées très précisément pour maximiser le potentiel destructif de la brusque libération d’énergie. En une fraction de seconde, une bouffée de rayons gamma se forma, surpassant tout phénomène naturel jamais observé au cours des récents voyages menés par les représentants de l’Humanité. Ces mêmes rayonnements n’étaient que les effets dérivés du dégagement initial, qui avait donné le jour à des particules n’ayant plus parcouru l’univers depuis les instants ayant suivi sa naissance. Celles-ci désintégrées, il ne restait plus qu’une indescriptible quantité d’énergie cherchant à se disperser dans l’univers environnant.

Les différents obstacles s’opposant à son libre passage ne purent rien faire pour bloquer ou détourner le torrent de radiations. Les molécules furent brisées un infime instant avant les atomes et les hadrons, transformant une sphère toujours croissante de l’espace en un plasma de particules élémentaires. Le hangar désintégré, la haute atmosphère de la Terre ne constitua qu’un piètre rempart, ne donnant à la planète qu’un imperceptible répit avant que celle-ci ne s’évanouisse dans l’éclair. Les vaisseaux assaillants, eux, furent plus chanceux, leurs boucliers hautement avancés leur évitant la destruction pendant une durée se chiffrant en microsecondes.

En quelques minutes, l’étoile centrale du système solaire fut déchirée par l’objet qui avait résidé un peu plus tôt dans un chariot abandonné à quelques mètres de l’un des derniers groupes de Terriens sur des années-lumière.








EFFET PAPILLON





Chapitre 1 : Recrutement



2 septembre 2015, Ecole Polytechnique, Terre :

Après avoir vérifié une dernière fois l’état de son uniforme, le jeune homme ouvrit la porte devant lui et entra dans la pièce. Il n’eut pas le temps de faire un geste que le capitaine assis au bureau lui demanda :
-Aspirant Banet ?
-Oui, mon capitaine, répondit-il en tendant son badge d’identification.
L’officier compara la photo de celui-ci avec le visage de son interlocuteur, avant de lui rendre son dû.
-Le général vous recevra d’ici quelques minutes. Veuillez patienter.
-Entendu, mon capitaine, répondit Carl Banet en replaçant son badge au niveau de sa poitrine.
Il se dirigea alors vers l’un des sièges prévus pour les visiteurs et s’assit, se demandant une fois de plus la raison de cette convocation. Merde, qu’est-ce que j’ai pu faire pour valoir un sermon par le Vieux en personne ?
Au bout de quelques minutes, alors qu’il passait en revue les derniers mois pour trouver la cause de sa présence, le capitaine, derrière son moniteur, fit un geste imperceptible avant de tourner la tête vers l’aspirant.
-Vous pouvez entrer, aspirant.
Celui-ci se leva et salua nerveusement son supérieur avant de frapper légèrement à la porte le séparant du bureau du général.
-Entrez, dit la voix de celui-ci.
Il s’exécuta et se mit au garde-à-vous aussitôt la porte refermée.
-Aspirant Carl Banet au rapport, mon général, dit-il.
-Repos, lui répondit-il, avant de l’inviter à s’asseoir.
Le général commandant l’Ecole était assis à son bureau et y reposait proprement un dossier. Mais si Carl n’avait jamais pu y rentrer auparavant, quelque chose lui apparaissait immédiatement comme très anormal, à savoir l’élégante femme en civil qui se tenait aux côtés de l’officier. Celle-ci semblait observer attentivement l’aspirant, qui tentait à présent de se rappeler s’il l’avait jamais vue.
-Nous parlions justement de vous, monsieur Banet. Savez-vous pour quelle raison vous êtes ici ? demanda le général.
-Non, mon général, répondit Carl, qui se posait de plus en plus de questions.
-Tant mieux, le contraire aurait été problématique, n’est-ce pas ? répliqua l’officier en jetant un regard vers la femme.
-C’est le moins que l’on puisse dire, lui répondit-elle avec un très léger sourire.
-Bien, reprit le général en reportant son attention sur l’aspirant, vous êtes ici parce que cette personne ici présente a une proposition pour vous.
-Le service pour lequel je travaille, continua la femme, recherche des individus aptes à répondre à certaines exigences et, selon votre dossier, vous faites partie de cette catégorie.
Elle prit une chemise transparente sur le bureau et la tendit, en même temps qu’un stylo, à Carl.
-Veuillez signer ces formulaires. Il s’agit de votre accréditation au niveau de sécurité requis pour notre service.
Carl ouvrit la chemise et jeta un coup d’œil à son contenu, avant de ramener son regard sur ses deux interlocuteurs.
-Sauf votre respect, mon général, de quoi s’agit-il ? Le niveau d’accréditation n’est même pas indiqué sur ces formulaires.
-Vous n’êtes pas habilité à le connaître, aspirant, répondit-il en souriant discrètement.
-Bien sûr, vous pouvez choisir de ne pas signer, et la proposition sera abandonnée. Soyez assuré que vos études et votre carrière n’en pâtiront pas.
Carl regarda une seconde fois le document dans sa main.
-De toutes façons, je suis autorisée à vous dire que vous aurez toujours la possibilité de renoncer à notre offre avec ces mêmes garanties après avoir signé ces documents, termina la femme.
Carl se tourna vers le général, qui hocha la tête en disant :
-Elle dit la vérité, aspirant. Votre place vous attendra le temps que vous preniez une décision.

Avec un léger soupir, il prit le stylo et signa les deux copies du document, avant de les remettre dans leur chemise et de tendre celle-ci à la femme.
-Excellente décision, approuva-t-elle en souriant avant de se tourner vers le directeur de l’école. A présent, si vous voulez bien nous excuser, général…
-Allez-y, répondit celui-ci. Bonne chance à vous, aspirant.
-Merci, mon général, dit Carl en se levant et se mettant au garde-à-vous.

En sortant du bureau, il demanda immédiatement à sa nouvelle guide :
-Où allons-nous ?
-Vous verrez bien, aspirant.
-….D’accord. Après tout, c’est votre service.
-Voilà, répondit-elle.
-Est-ce que vous pouvez au moins me dire pourquoi vous m’avez voulu moi plutôt que d’autres ? Je veux dire, je ne suis pas le mieux noté de l’Ecole, que ce soit en sport ou dans les matières scientifiques.
-Votre parcours académique ne représente qu’une partie des qualités recherchées. Vos supérieurs vous décrivent comme réactif, curieux, capable de prendre des décisions et chanceux. Si vous disposez en plus d’une formation à la fois scientifique et militaire, votre profil n’en est que plus intéressant pour nous.
-Euh, sûrement, répondit Carl, qui cherchait à déterminer la nature du service dans lequel on voulait le recruter.

Après quelques minutes de marche dans le bâtiment principal, elle lui fit signe de la suivre vers un escalier qui menait vers la chaufferie du sous-sol. La suivant, il s’apprêtait à lui demander où elle le menait quand il vit, derrière une porte habituellement fermée à clef, deux hommes armés qui avaient une tenue identique à celle des soldats postés sur la base, à l’exception de leur arme, qui ne correspondait à aucune de celles qu’il avait pu voir lors de sa formation militaire. S’il reconnaissait facilement des fusils d’assaut à leur aspect général, les armes provoquaient en lui un léger malaise. Il voulut interroger son guide à ce propos, mais n’en n’eût pas le temps alors qu’elle refermait la porte derrière eux, les laissant dans une petite pièce sans issue. Avant qu’il ne puisse dire un mot, elle sortit de l’une de ses poches un petit objet qu’elle lui tendit en disant :
-Prenez la balise et placez-la sur votre uniforme. On est presque arrivés.
-Attendez, répondit-il brusquement. A quoi ça rime ? Vous ne m’avez pas fait signer ces documents pour me faire visiter les chaufferies, non ? Ne me dites pas que votre QG est sous l’Ecole, quand même ?
-Faites ce que je vous dis, et je répondrai aux autres questions dans une minute, chrono. Promis.
Restant sur ses gardes, il obtempéra avec méfiance, examinant le petit objet sous tous les angles avant de le coller sur sa veste.
-Merci, dit-elle avant de prendre un autre dispositif, ressemblant à une radio. Cassie à Central, demande retour à l’académie pour deux personnes, balises standard.

Au bout de quelques secondes, Carl voulut demander une fois pour toutes des explications à la femme devant lui. Il ouvrait la bouche quand un flash blanc l’aveugla un bref instant.

Le changement de décor mit Carl sur la défensive pendant qu’il cherchait à comprendre l’évènement impossible qui venait de lui arriver. Lorsque la lueur blanche avait disparu, la petite pièce du sous-sol était devenue une imposante salle grise sans aucune indication à part les deux portes et la petite fenêtre à quelques mètres de lui.

-Que s’est-il passé ? demanda-t-il quand il fut enfin en état de parler.
-Nous venons d’être téléportés sur la face cachée de la Lune, dans un complexe international qui sera, si vous le désirez, votre nouveau foyer pour les quelques années à venir, répondit-elle en anglais.
Il secoua légèrement la tête et répéta, cette fois-ci en anglais, avec un regard plus effrayé qu’avant :
-Sérieusement, où sommes-nous ?
Elle soupira légèrement, et répondit :
-Allez voir par le hublot, il est là pour ça.

Prudemment, Carl avança vers celui-ci et dut se forcer pour retenir une exclamation de surprise à la vue du spectacle qui s’offrait à lui : Le paysage désolé de la Lune s’étendait à perte de vue, et la seule chose qui perçait la nuit était un petit groupe d’hommes en combinaison spatiale qui éclairaient le côté d’un bâtiment sur lequel ils travaillaient. Plaquant ses mains sur les côtés de son visage, il attendit que sa vision s’adapte aux ténèbres omniprésentes, et commença enfin à distinguer le reste des installations. Il y avait peu de structures visibles, mais celles-ci ne ressemblaient pas aux installations spatiales qu’il avait pu voir en photo ou vidéo. Au lieu des installations modulaires squelettiques auxquelles il s’attendait, les bâtiments étaient construits en dur comme sur la Terre.
Il se retourna et demanda :
-C’est un décor, c’est çà ? Personne n’aurait pu amener autant de matériel là-haut sans qu’on ne s’en aperçoive. Et puis ces installations sont trop petites pour gaspiller autant d’espace avec une telle pièce.
-Et…comment connaissez-vous la taille de ces ‘installations’, monsieur Banet ?
-Je les ai vues par le hublot que vous m’avez désigné, et une base pour un service quelconque devrait quand même être plus grande, sans même parler de l’inutilité d’être positionnée sur la Lune.
-D’accord, Sherlock, répondit-elle avec un large sourire. Avant de vous laisser repartir, j’aurai un autre phénomène nécessitant votre sagacité, si ça ne vous dérange pas.
Sans attendre sa réponse, elle se retourna et ouvrit la plus petite des deux issues, avant de lui dire de venir.
La pièce dans laquelle ils se trouvaient désormais était recouverte d’indicateurs de danger en diverses langues.
-Vous voulez une preuve, donc ? dit la femme en s’approchant d’une porte aux rayures jaunes et noires avant de taper sur les touches d’un clavier près de la porte.
Une voix sortant d’un haut-parleur annonça :
-Identification vocale et rétinienne requise pour exécution de la commande.
-Cassandra Frasier, service Terre, répondit celle qui était à l’origine de cette requête.
-Identification acceptée. Ouverture du sas. Veuillez rester impérativement derrière la ligne jaune pendant votre sortie.
-Oui, oui…Bon, Carl, vous venez ?
Il obéit alors, et s’apprêtait à la rejoindre quand la porte à rayures s’ouvrit, dévoilant le même paysage que celui qu’il avait vu par la fenêtre et s’arrêta brusquement.
-C’est un décor, donc il n’y a pas de risque, non ? continua son guide en franchissant la porte.
Au bout de quelques secondes d’hésitation, il se dirigea vers elle et, gardant les mains en avant comme pour chercher un obstacle invisible, posa le pied sur la structure rocailleuse et repéra immédiatement la ligne jaune brillante qui formait un cercle centré sur la porte.
Il resta sans voix devant le paysage lunaire.
-Joli, hein ? demanda Cassandra.
-Co…..comm….comment est-ce possible ? On est vraiment…
-Oui, bienvenue sur la face cachée de la Lune.
-Mais….nous respirons, il n’y a pas de décompression et il ne fait pas quelques degrés au-dessus du zéro absolu ! dit-il d’une voix effrayée.
-Tant que vous restez de ce côté de la ligne jaune, ce sera le cas. Je ne connais pas tous les détails techniques, mais on a installé des champs de forces qui peuvent empêcher le départ d’une atmosphère chauffée et des rayonnements infrarouges. Alors, profitez de la vue et arrêtez de poser des questions inutiles, d’accord ?
Il voulut ramasser une petite pierre à ses pieds et faillit tomber lorsque son corps fut emporté par un élan trop important. Sa guide le rattrapa à temps.
-La gravité artificielle s’arrête à la porte, par contre.
-Ne me dites pas que vous avez ça aussi !? On nage en pleine SF, là, une base lunaire, des téléporteurs, des champs de force, de la gravité artificielle. Ca va être quoi, après, l’U.S.S. Enterprise ?
-Presque, presque, lui dit-elle avec un regard de plus en plus amusé. Enfin, rentrons, voulez-vous ? Il reste encore pas mal de choses que vous devez voir avant de décider.
-Décider quoi ? demanda-t-il alors qu’il se doutait de la réponse à venir.
-Si vous voulez rester avec nous ou rentrer sur Terre, bien sûr.







Chapitre 2 : Arrivée


Carl reprit rapidement ses esprits :
-Attendez un instant, demanda-t-il. Qu’est-ce que vous voulez de moi exactement ?
Se retournant, sa guide lui répondit simplement :
-Que vous suiviez ici une formation vous permettant d’intégrer efficacement le programme Porte des Etoiles.
-Et, c’est quoi exactement, ce…programme ? hésita-t-il.
-Le groupe international supervisant toutes les technologies obtenues lors de nos contacts des vingt dernières années avec le reste de la galaxie.
-Question stupide, réponse…
Elle lui sourit alors et reprit son chemin, suivie par le jeune homme, qui dévorait du regard son environnement. Ils étaient dans un complexe qui ne différait en presque rien d’un immeuble administratif normal, à l’exception des quelques patrouilles militaires qui semblaient en rappeler constamment le statut. Une quasi-normalité étonnante aux yeux de Carl qui, après les dix dernières minutes, n’aurait pas été surpris de croiser des astronautes aux combinaisons colorées se rendant dans leur fusée tout droit sortie d’un vieux roman de science-fiction.
Se dirigeant vers un ascenseur, Cassandra lui tendit un badge d’accès qui portait déjà sa photo.
-Gardez-le sur vous tant que nous serons à l’intérieur, lui dit-elle en affichant un air sérieux. Sans lui, vous aurez de nombreuses chances de vous faire tirer dessus à vue, en bas.
-Et ben, on dirait que la sécurité est plutôt serrée, chez vous, répondit-il en lui obéissant.
-On a eu le droit à suffisamment de tentatives d’infiltration pour ne plus prendre de risques, monsieur Banet. Et une personne non autorisée aura du mal à convaincre qui que ce soit qu’elle s’est perdue pour arriver ici.
-L’un des avantages d’être sur la Lune, je parie.
La porte de l’ascenseur s’ouvrit.
-Exactement.

Quand l’ascenseur se mit à descendre, un silence gênant s’installa lentement, alors que Carl ne savait pas quoi répondre.
-Et, comment êtes-vous rentrée dans ce…programme, si ce n’est pas indiscret ? hasarda-t-il finalement.
-J’ai été adoptée par le médecin du premier SGC, après qu’une attaque biologique ait anéanti le reste des habitants de ma planète natale.
-Je suis déso…attendez, vous ne venez pas de la Terre ? s’exclama Carl, incrédule.
-Pas le moins du monde, mais, aussi bizarre que cela semble, l’humanité était présente partout dans la Voie Lactée longtemps avant la découverte de la Porte sur Terre. Enfin, vous verrez ça en temps voulu, avec le reste de ce qui s’est passé depuis l’incident Littlefield en 45.
-La Porte ? demanda le jeune homme, alors que l’ascenseur s’immobilisait pour laisser sortir ses occupants.
-Pour être brève, un système de voyage interstellaire extraterrestre. De toute façon, vous aurez largement le temps d’en apprendre plus par la suite, donc autant en venir à l’objet de cette…visite. Voici l’académie Langford, dit-elle en englobant du geste les lieux autour d’eux. Si vous le décidez, vous pourrez passer les prochaines années ici à étudier ce qui est nécessaire pour faire partie du programme à part entière.
-Etudier quoi, exactement ?
-Ca dépendra de vos choix, bien sûr. Nous avons autant besoin ici d’officiers militaires que d’archéologues, de physiciens, de biologistes, de diplomates, d’ingénieurs ou de linguistes. Votre formation initiale va probablement vous inciter à suivre un cursus scientifique ou militaire, mais en tant que jeune recrue, vos possibilités restent largement ouvertes.
-Euh, et si j’acceptais, qu’est-ce qui m’arriverait officiellement ? Je serais ‘’effacé’’ des bases de données, vous me feriez oublier de tous ?
-Nooon, répondit-elle en prenant un air rassurant. Ce serait beaucoup trop compliqué, vu le nombre de personnes que le programme concerne. Vous aurez juste une affectation militaire officielle à un endroit éloigné des personnes qui vous connaissent, et vous pourrez rentrer fréquemment sur la Terre si vous le voulez, mais sous une certaine surveillance pour éviter les fuites.
-Vous ne restez pas en permanence sur votre base, à, je ne sais pas, défendre la Terre des menaces extraterrestres ?
-Pas en permanence, bien sûr que non. C’est un travail comme un autre, à l’exception de l’environnement, des moyens mis à notre disposition…et des responsabilités. Nous prenons tous nos week-ends, mais de manière décalée les uns des autres. Par contre, quand il y a une crise, c’est évidemment la mobilisation générale.
-Je rêve…même les organisations secrètes n’échappent pas aux 35 heures, conclut Carl.
Ignorant la remarque, Cassandra ouvrit alors une porte et fit signe à Carl de la suivre. Ils continuèrent dans un couloir et arrivèrent finalement dans un hall d’entrée imposant.
-Nous y voilà. Il reste une dernière chose que vous devez voir avant de prendre votre décision, dit-elle en indiquant de la tête un mur devant lequel plusieurs personnes semblaient rester immobiles.
Carl s’en approcha, intrigué, et put apercevoir une liste de noms qui occupait une part importante du mur.
-Ce sont… ?
-Oui, tous ceux et celles qui ont trouvé la mort dans leurs fonctions au service du Programme. Ma mère adoptive a son nom sur la seconde colonne. Le mémorial a été placé ici pour rappeler aux élèves dans quoi ils se sont engagés.

Il s’approcha du monument et le regarda en silence, ne sachant quoi penser ou dire face à celui-ci. Finalement, il revint près de son guide, qui lui dit alors :
-Maintenant, vous avez une semaine pour décider si vous restez ou non avec nous.
-Comme ça ?
-Comme ça.
Elle commença à se diriger vers l’entrée de la pièce, et Carl la rattrapa en pressant le pas.
-Pas besoin d’une semaine.
Cassandra se retourna et lui sourit :
-Bienvenue à bord.




Deux longues semaines avaient passé depuis son choix, et il les avait passées sur Terre, dans l’environnement pour lequel il avait travaillé des années, et qui lui semblait à présent dérisoire face à ce qu’on venait de lui proposer. On lui avait annoncé une mutation dans un centre d’enseignement annexe, et des rumeurs avaient circulé dans l'École quant à son éventuel recrutement par la DGSE. Il savait pertinemment que ces rumeurs étaient fausses, mais ne prit pas la peine de les démentir ou de les confirmer, se doutant qu’elles devaient faire partie de sa couverture. Enfin, un sous-officier vint lui annoncer son départ, au moment où il allait vers l’un des terrains de sport. Ne lui laissant pas la moindre marge de manœuvre, le sergent le mena jusqu’à une pièce isolée, où il lui tendit la balise de téléportation, que Carl reconnut immédiatement comme telle.
L'accrochant à son uniforme, il eut à peine le temps de commencer à fermer les yeux que le flash l'éblouit à travers ses paupières. L'endroit que ses yeux virent la seconde suivante était celui auquel il pensait sans arrêt depuis l'avoir visité une quinzaine de jours auparavant, mais avec une différence de taille. En effet, devant lui se tenait un groupe disparate d'hommes et de femmes qui semblaient tous et toutes dévorer leur environnement du regard.
-Vous attendez avec les autres, le temps qu'on vous dise où vous serez affecté, compris ? lui dit sans la moindre forme de tact le sergent qui l'avait accompagné.
-Euh, oui, répondit distraitement la nouvelle recrue en s’approchant du groupe.

-Bonjour, entendit-il quelqu’un lui dire en anglais.
Répondant de même, il s’approcha de la personne qui lui avait parlé :
-Carl Banet, étudiant, se présenta-t-il.
-Alexander Borisovich Leonov, technicien nucléaire.
-Alors, vous aussi, vous avez reçu la visite de quelqu’un qui vous a parlé de ce « Programme » avant de vous y proposer une place ?
-Non, en fait, j’ai remarqué des aberrations dans l’usine où je travaillais et j’en ai fait part à mes supérieurs, lui répondit son interlocuteur dans un anglais approximatif. Et après, on m’a envoyé quelqu’un me dire que j’avais le choix entre perdre mon boulot et ma situation ou l’accompagner pour quelque chose de mieux payé et de plus intéressant.
-Ouille. Enfin, vu ce que j’ai pu voir d’ici, on a tous les deux fait le bon choix.
-Je ne sais pas. Moi, ça me fait un peu peur, tout ça. Je travaillais dans une usine de production d’armes nucléaires, vous comprenez. Elle a été relancée il y a quelques années et en produisait de grandes quantités. Moi, je me suis rendu compte que les cargaisons d’uranium enrichi étaient presque vides. Enfin, elles contenaient bien quelque chose, mais ça n’avait aucun sens.
-Comment ça ? demanda Carl, pris d’intérêt par ce que lui disait le technicien.
-Les containers sont pesés avec des balances de précision pour détecter tout vol d’une partie de la marchandise. Mais ceux que j’ai vus avaient moins du quart du niveau normal, alors qu’ils pesaient le bon poids.
-Attendez un instant, Alexander. L’uranium est l’un des matériaux les plus denses qui soient. Alors si le container pesait le bon poids…
-Oui, son contenu…

-Un peu de calme, je vous prie, mesdames et messieurs, annonça un homme qui s’était rapproché du groupe. Son intervention mit un terme quasi-immédiat au brouhaha et il continua. Vous avez sans aucun doute des questions, mais elles viendront plus tard, rassurez-vous. Tout d’abord, je tiens à vous souhaiter la bienvenue sur l’Académie Catherine Langford. Pour ceux l’ignorant encore, nous sommes sur la face cachée de la Lune, dans un complexe international. Vous êtes ici parce que, tout d’abord vos compétences peuvent s’avérer utiles à notre « Programme », mais aussi et surtout parce que vous avez accepté de venir et de faire un saut dans l’inconnu. Et, faites-moi confiance, il ne s’agit que du premier d’une très longue série… Enfin, je vous prie de rendre vos balises de téléportation au sergent Andul, qui vous remettra vos badges d’identification. Vous serez ensuite pris en charge par un élève plus ancien qui vous amènera dans votre dortoir et vous expliquera les règles de l’Académie.
Avant de vous laisser, une dernière précision : L'Académie fonctionne sur l’horaire GMT, et il est donc 8 heures 12. Vous avez tous rendez-vous à midi dans l’amphithéâtre Littlefield pour le discours de bienvenue. Soyez à l’heure, compris ?
Les différentes personnes présentes répondirent par l’affirmative avec plus ou moins de vigueur, et l’orateur les remercia avant de les quitter, alors qu’un militaire s’approchait d’eux, procédant à l’échange des balises.
Sans s'éloigner du technicien russe, Carl observa attentivement un second groupe qui se rapprochait des nouveaux arrivants. Ceux qui, à son avis, devaient être ces "élèves", formaient un groupe aussi hétéroclite que le premier. Leur attitude décontractée contrastait avec l'impression martiale qui caractérisait le sergent venu lui fournir son passe.
A peine une minute plus tard, celui-ci s'éloigna de la salle et les élèves sensés les accueillir se rapprochèrent brusquement des recrues.
-Carl ? l'appela une femme.
-Oui ? répondit-il sans conviction.
-Carlotta Gerais, se présenta-t-elle en lui serrant la main. Je vais te montrer tout ce que tu dois savoir ici. Ça ne te dérange pas qu'on se tutoie, au moins ?
Sa "tutrice" était souriante et énergique, malgré ses cheveux blancs et les rides qui trahissaient son âge. Habillée sans fioritures, elle donnait une impression étrange à Carl, à la fois amusé et intrigué par la personne en face de lui.
-Vous...étudiez ici ? lui demanda-t-il après un instant d'hésitation.
-Il n'y a pas d'âge pour apprendre, galopin, répondit-elle avec un rire alors qu'elle l'entrainait hors du hall. Plus sérieusement, oui, je suis étudiante en biologie. Un de mes anciens thésards s'est retrouvé ici et il a suggéré mon nom. Alors je découvre les merveilles de notre galaxie, et avec un peu de chance, je pourrai même faire une ou deux découvertes intéressantes avant de finir en maison de retraite.
Elle se tut un instant en arrivant à un croisement puis lui fit signe de le suivre vers un ascenseur.
-Enfin, reprit-elle, assez parlé de moi. On t'a un peu présenté la situation, non ?
-A peine, dit le jeune homme en rentrant dans la cabine.
-Le général te fera un topo à toi et aux autres lors de son discours. Mais en gros, on est pas seuls dans l'univers, et de très loin, affirma-t-elle d'un ton léger, en appuyant sur un des boutons du panneau de sélection. Les Américains sont tombés sur un objet extraterrestre appelé Porte des Étoiles, qui permet de se balader à travers tout un réseau à l'échelle galactique. Ils ont appris à l'utiliser il y a un peu plus de vingt ans, et maintenant...on a une énorme base lunaire, des vaisseaux spatiaux, des centres de recherche et je ne sais quoi encore.
-Et qu'est-ce qu'on étudie, ici, à part la biologie ?
-Tout.
Les portes s'ouvrirent et le duo sortit avant que Carlotta ne continue :
-Alors, pour ne citer que les sujets étudiés par mes voisins, physique des vortex, cultures extraterrestres, sciences politiques, tactiques militaires, et j'en passe. Je ne crois pas qu'il y ait un sujet dont on peut se passer, en fait.
-Mais, il y a combien de personnes ici ?
-J'ai pas de chiffre précis, mais je dirais quelques dizaines de milliers. Le recrutement est de plus en plus large, en fait. Enfin, tu verras ce que je veux dire à midi, quand toute ta promo sera rassemblée pour la première fois.
La réponse donnée sur un ton à peine plus sérieux, déstabilisa le jeune homme, alors qu'il continuait à suivre sa nouvelle marraine.
-Mais, demanda-t-il brusquement, s'il y a tant de personnes que ça ici, comment ça a pu rester secret ? C'est pas croyable, une conspiration aussi grande sans fuite.
-Hé hé, lui répondit-elle doucement. Il suffit juste que les bonnes personnes marchent avec nous pour éviter presque toutes les fuites.
-Non, je veux dire, les journalistes, les politiciens, les militaires, les techn...commença-t-il avant de réaliser. Non !
-Si, si, presque toutes les personnes se rendant compte par elles-mêmes de ce qu'il se passe reçoivent leur invitation. Ensuite, vu les moyens du Programme, c'est presque impossible de réussir à diffuser l'information à grande échelle sans passer par quelqu'un au courant, qui s'arrangera donc pour mettre une...rustine.
-Mais avec Internet, et...
-Moi aussi, je pensais ça quand je suis arrivée, mais en fait, on a des gars dans presque tous les majorité des fournisseurs d'accès moteurs de recherche pour contrôler les infos.
Carlotta ouvrit une porte et lui fit signe de rentrer.
-Voici tes quartiers, Carl.
La pièce était légèrement exigüe, mais disposait néanmoins du mobilier de base, du lit au bureau, sans compter une fenêtre donnant sur un paysage marin. Sans faire attention à ses affaires déjà rangées dans l'armoire ouverte, le nouvel étudiant s'avança lentement vers celle-ci, et avança sa main jusqu'à la toucher. Il se retourna ensuite, et s'adressa à Carlotta, qui était restée sur le pas de la porte.
-Je croyais qu'on était sur la Lune...c'est un écran, c'est ça ? demanda-t-il en réalisant la nature de la "fenêtre".
-Oui, lui dit-elle, on diminue les risque de claustrophobie, et puis en plus on a un meilleur choix de paysage que sur Terre.
-OK, donc, je loge ici pour, quoi, deux ou trois ans ? Et j'ai cru comprendre que je pourrai revenir sur Terre de temps à autre, non ?
-Bien sûr, on n'est pas prisonniers ! répondit-elle avec force. Mais je crois que tu ne reviendras pas trop la première année.
-Comment ça ?
-Tout le monde cherche à en savoir autant que possible sur ce qu'on fait dans le coin. Résultat, on voit les nouveaux aux quatre coins du complexe en train de fouiner et d'admirer le premier générateur à naquadah venu comme votre Tour Eiffel.
-Générateur à quoi ?
-Laisse tomber. Tu découvriras ça le moment venu. On a quelques heures, et il faut que je te fasse faire le tour du propriétaire avant le discours...






3 ans plus tard

Jetant un coup d'œil à son uniforme, Carl franchit la porte du mess. Il adressa un bref signe de tête à la patrouille qu'il croisa dans le couloir, et reprit son chemin vers le département d'ingénierie aérospatiale. La zone dans laquelle celui-ci était situé appartenait à la section militaire de l'Académie, et il dut donc s'identifier au niveau du check-point principal. Celui-ci franchi, il décida de faire le reste du chemin à pied plutôt que de se servir du tramway interne. Il lui restait un bon quart d'heure avant le début du cours et son expérience lui disait qu'une douzaine de minutes étaient nécessaires pour atteindre à pied la salle.
Ainsi, après un peu plus de onze minutes, il arriva en vue des autres aspirants-pilotes qui se rassemblaient près de l'amphithéâtre. Les rejoignant, il n'eut pas le temps de se lancer dans les conversations que la porte s'ouvrit, invitant les élèves.
A l'intérieur de la salle se trouvait un objet métallique tubulaire de plusieurs mètres de long, que Carl et les autres aspirants reconnurent immédiatement. Le propulseur ionique était l'un des composants centraux des appareils légers terriens. Il s'assit alors au second rang et sortit son carnet de notes, tandis que l'un des ingénieurs de l'équipe de conception s'approchait des élèves pour présenter la machine complexe...


Au bout de quatre heures, le moteur avait laissé place à une version éclatée de la tuyère de sortie, présentée de manière à attirer l'attention sur les accélérateurs finaux. Après un dernier exposé sur le système d'origine Serrakin, l'orateur fit disparaître l'hologramme et invita son public à poser d'ultimes questions. Alors que certains descendirent le voir, tenant leurs notes à la main, Carl se leva et suivit la majorité du groupe vers la sortie de la pièce puis vers le tramway le menant vers la zone d'habitation.
S'il avait déjeuné avec des connaissances étudiant dans des domaines civils, il choisit de se joindre aux autres aspirants pour le dîner et, après celui-ci, resta discuter avec quelques amis, avant de repartir dans son studio.

Il se coucha une heure plus tard, ses notes revues et enregistrées dans son ordinateur, et éteignit la lumière, alors que dans la fenêtre virtuelle le Soleil achevait de se coucher sur les montagnes, dévoilant un ciel nocturne parfaitement dégagé et privé de tout éclairage parasite.
Six ans d'études pour en arriver là... Quel foutoir ! C'est clair qu'elle ne m'avait pas menti : c'était une belle opportunité, mais il y a des jours où on se demande si ça n'aurait pas été mieux de ne rien savoir. Les Jaffas, les réplicateurs, les Goa'uld, l'Alliance Luxienne, sans même parler des mercenaires de tous bords qui jonchent la Voie Lactée... Et on est sensé assurer la sécurité de tout le monde là-dedans ?
Enfin, je devrais être content des avantages, mais quand même...est-ce que ça en valait le coup ?



Le lendemain matin, 0750 GMT

De la vingtaine de personnes présentes, il n'était pas le seul militaire, mais bien le seul aspirant-pilote du lot. Sortant son ordinateur de poche, il jeta un dernier coup d'œil à la fiche qui lui avait été fournie deux jours auparavant. L'homme était un généticien dont la thèse lui promettait un avenir exceptionnel au sein de la communauté scientifique terrienne, mais surtout une place dans le Programme.
Francis Simmons..., 26 ans, université de...bah, aucune importance, désormais.
Il éteignit le petit écran et redressa la tête pour observer le petit groupe qui se renforçait après chaque téléportation. Carl sourit en reconnaissant le visage éberlué qui lui rappela sa propre réaction lorsqu'il avait fait partie de ce groupe.
Le sergent Andul le croisa, leur adressa un petit salut avant d'effacer son habituel sourire pour le remplacer par la mine renfrognée qu'il réservait aux nouveaux.

Oui, ça en vaut probablement le coup
Dernière modification par Rufus Shinra le 23 sept. 2011, 15:11, modifié 1 fois.
Effet Papillon :
Un avenir possible, moins sûr et plus complexe pour des galaxies porteuses d'un mélange explosif : vide de pouvoir, héritages vivants et ambitions multiples.
Tomes I et II terminés, Tome III en cours

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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par mat vador »

Rufus, tu devrais marquer SPOILER au début de ton premier post. ;)

j'ai lu la moitié et c'est plutôt bien pour un début, très apocalyptique. ;) l'expression peut s'améliorer, sinon je ne vois pas grand chose à dire. ta tactique au BPZ me semble être la seule viable, militairement parlant.

j'aurais aimé un sommet Humains / Jaffas / Asgards plus étoffé, par ailleurs ;)
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Villon »

J'ai lu la première partie, ca a l'air bien partie. C'est vrai qu'on aurait aimé un sommet à peu plus... ben qui ressemble plus à un sommet. A moins que ce ne soit qu'une petite rencontre.
Sinon juste une remarque:
Spoiler
Tu dis 2000GT, soit 100 fois plus puissante que les gate buster. Ce qui fait que ces dernières ont environ une puissance de 20GT, ce qui est beaucoup plus élevé que ce qui a été dit dans l'épisode Le Piège. La puissance réelle n'est "que" de quelques gigatonnes. Par contre, je me demande quel est la puissance de l'E2PZ piégé...
Une autre remarque sinon, le modulateur de phase ne devrait pas plutôt être de conception Tollan ? Ca collerait mieux avec l'univers (on ne sait pas si les Asgards savent le faire).
Riko: Is digging up archives going to change this world ?
Ura: We can understand.
Riko: It was not to understand... the green world too... and that humans destroyed that world.
I don’t want to lose more hope in reality. The archives souldn’t have been dug up in the first place. No one wants to see anymore of human stupidity. Don’t you get It ?
Ura: I got it. Even I understood. Yes... It’s something everyone understands.
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Effectivement, j'ai assez négligé le sommet, mais celui-ci ne sert qu'à replacer la situation du prologue dans son contexte, pour amener la suite :

Spoiler
La situation globale est franchement foireuse dans la saison 10, et ce prologue m'apparaît comme sa conclusion logique si il n'y a pas de tour de passe-passe scénaristique : Des sommets sans vrai espoir, des batailles perdues d'avance. Si seulement on pouvait faire quelque chose pour sauver le monde......que serait devenue la Terre si l'on modifiait cet évènement ??
Effet Papillon :
Un avenir possible, moins sûr et plus complexe pour des galaxies porteuses d'un mélange explosif : vide de pouvoir, héritages vivants et ambitions multiples.
Tomes I et II terminés, Tome III en cours

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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Voici la suite, qui devrait constituer l'un des derniers chapitre "routiniers" et préparer l'histoire principale :

Chapitre 3 :


Le vol d'entraînement l'avait déçu.

Carl s'était rapidement orienté vers un cursus militaire, et ses résultats lui avaient ouvert la voie des aspirants-pilotes. Depuis ce jour-là, il avait attendu avec impatience le moment où il pourrait enfin prendre les commandes d'un chasseur.
Puis ce jour était venu, et avec lui la déception.
L'appareil se pilotait avec une souplesse incroyable, mais alors qu'il savait théoriquement à quoi s'attendre, il avait inconsciemment espéré autre chose. Lors de ses quelques vols à proximité de la face cachée de la Lune, il s'était ennuyé. S'attendant à devoir contrôler un cheval sauvage, ce fut une bête de trait qui se révéla sa monture, l'immensité de l'espace anéantissant aussi bien que les compensateurs inertiels toute sensation de vitesse et d'accélération.
Tentant, comme tous les autres aspirants quelques manœuvres visant à être spectaculaires, le jeune pilote se lassa rapidement, venant même à se demander s'il ne s'était pas dans l'un des simulateurs. Finalement, son appareil reçut, comme tous les autres, l'ordre de revenir se poser, et il s'exécuta sans regret.

Lorsqu'il sortit enfin de l'habitacle autonome, Carl vit les autres élèves être appelés par les techniciens et ingénieurs de vol. Ceux-ci avaient sorti une table recouverte de bouteilles qui semblaient n'attendre que les arrivants. Se dirigeant sans entrain vers le groupe de plus en plus bruyant, il fut rattrapé par son instructeur.
-Banet. Qu'est-ce qui s'est passé ?
-Pardon, mon capitaine ? demanda l'intéressé.
-Vous êtes l'un des plus enthousiastes de la promo, et là, plus le moindre intérêt. Vous comprenez que je me pose des questions, non ? Donc ?
Carl s'arrêta, et prit un air ennuyé, avant de répondre :
-Ça va sûrement vous paraître étrange, monsieur, mais, dehors, j'avais plus l'impression de jouer à un jeu vidéo que de piloter un vaisseau spatial.
Le capitaine éclata de rire, et lui fit signe de se rapprocher. Lorsque son élève fut suffisamment près, il lui chuchota à l'oreille.
-Va voir la chef mécano de ma part, et dis-lui que tu voudrais avoir un peu plus de feeling sur ta machine. On est pas mal à penser comme toi, tu sais.
Se redressant avec un sourire de gratitude, Carl le remercia, avant de rejoindre la petite troupe devant eux.
N'y restant que le temps d'une ou deux brèves discussions, il s'éloigna rapidement du rassemblement et chercha du regard la femme qui dirigeait l'ensemble du personnel technique des hangars de la base. Il la trouva à côté d'une navette de transport, s'éloignant d'un autre aspirant.
-Chef ? demanda-t-il en arrivant près d'elle.
-Qu'est-ce que tu veux ? répondit brusquement son interlocutrice. Attends, laisse-moi deviner, "un peu de feeling" comme ton copain, hein ? dit-elle d'un ton ironique en montrant l'élève qui rejoignait le groupe.
-Voilà, avoua-t-il.
-T'inquiètes. Tu pourras sentir ton zinc au prochain exercice, lâcha-t-elle avec un léger sourire.
-Merci, chef, la remercia-t-il sincèrement.



Le vol suivant vint deux jours plus tard, après de nombreuses séances dans les simulateurs de vol. En se rendant sur place, Carl tomba sur un autre groupe d'élèves, qui semblait suivre la même direction que lui. Il se rapprocha de l'un d'eux et l'aborda :
-Salut.
-'lut, lui répondit brièvement le jeune homme à qui il venait de parler. Lorsque celui-ci tourna la tête et le dévisagea quelques instants, il se reprit. Désolé, j'étais en train de réfléchir à un truc.
-A quoi, si ce n'est pas indiscret ?
-Je me demandais où est-ce qu'on nous envoyait.
-Là, vous allez vers les hangars pour chasseurs et navettes, répliqua le pilote.
-Oui, merci... lui répondit l'élève en le regardant d'un air lassé. Je sais où on va dans l'Académie, c'était indiqué sur les convocations. Le problème, c'est où on va nous emmener à partir de là-bas.
-Toi et les autres, vous bossez quoi, ici ?
-Formation d'officiers pour la flotte. Et toi un pilote, hein ?
-On vous enseigne bien l'observation, hein ? répondit ironiquement Carl.
-En même temps, la tenue de vol et le casque sous le bras d'un gars qui se dirige vers les chasseurs, ça peut mettre sur la piste.
-Ouais, reprit Carl avec un léger sourire. Et donc tu ne sais pas où l'on vous amène ?
-J'ai bien des idées, mais rien d'absolument sûr. Mais personnellement, je voterais pour le Prométhée. On ne nous a rien dit, mais ce serait l'endroit le plus logique où envoyer la moitié d'une promo d'élèves-officiers.
Carl allait lui poser une autre question quand il se rendit compte qu'ils étaient à quelques mètres de leur destination.
-Bon, je crois qu'on va se séparer ici, dit-il.
-Oui...ah, attends une seconde !
-Oui ?
-Avec tout ça, je ne connais même pas ton nom !
-Carl Banet, se présenta-t-il.
-Samir Inanç, répondit l'élève-officier.
-Bon, et bien bonne chance pour la suite. Tu me diras si tu avais raison, OK ?
-D'accord.
Les deux aspirants suivirent le groupe et rentrèrent dans le hangar. Comme la dernière fois, il n'y avait qu'un seul instructeur pour faire le briefing, et celui-ci se révéla aussi succinct que le précédent, consistant principalement à dire que les ordres viendraient une fois en vol. Quelques minutes plus tard, l'appareil de Carl quitta la base, poussé par ses deux propulseurs ioniques. Son pilote était calé sur son siège, mais souriait, alors que le réglage des compensateurs inertiels lui faisaient ressentir une partie des accélérations subies par son chasseur. Il vit quelques instants plus tard sur son radar l'écho de la navette qui quittait la base, et repensa à sa discussion passée, mais vit son train de pensées interrompu par l'instructeur qui lui était assigné :
-Banet, en formation avec le reste de l'escadrille. On suit la navette Alpha 1.
-Bien compris, mon capitaine, répondit-il dans son casque avant de faire pivoter le vaisseau vers l'engin de transport.
La vitesse à laquelle se déplaçaient les divers engins s'éloignant de la base lunaire étaient suffisamment élevée pour obliger ceux-ci à conserver des distances de sécurité de plusieurs dizaines de kilomètres. Ainsi la navette que Carl voyait devant lui dans le cockpit n'était qu'une représentation informatique destinée à améliorer la clarté, et non le véritable appareil.
Réglant son pilote automatique pour suivre à vitesse constante la formation, il se détendit légèrement lorsque les propulseurs se coupèrent, laissant l'inertie jouer son rôle. Son regard s'attarda alors sur la surface de la Lune, qu'illuminait le Soleil. Surveillant d'un coin de l'œil ses instruments, le pilote s'émerveilla devant le spectacle.
-C'est pas croyable, se surprit-il à murmurer.
Un petite réaction amusée lui parvint depuis ses écouteurs :
-Joli, non ? lui dit son instructeur. Et encore, c'est rien par rapport à ce que j'ai pu voir de mon côté.
-Je m'en doute, soupira Carl avant de reprendre, Et où est-ce qu'on va, avec cette navette ?
-Surprise...mais tu le sauras bientôt.

Le jeune pilote dût patienter un quart d'heure pour avoir la réponse à sa question à portée des détecteurs de son chasseur. Avant qu'il ne puisse faire la moindre remarque, il fut contacté par l'imposant appareil.
-Ici contrôle Prométhée à tous les chasseurs. Ralentissez et branchez l'ALS. Terminé.
Carl s'exécuta, inversant la poussée des moteurs avant d'activer le système d'appontage automatique.
-On va utiliser l'ALS pendant qu'on sera à bord ? demanda-t-il à son supérieur.
-Plus dès qu'on sera sûr que tu peux rentrer dans un hangar sans démolir un chasseur hors de prix et tuer du personnel compétent. Remarque, ça vaut pour tout le monde. Donc, si tu veux enlever les roulettes, il faudra bosser dur.
-Compris.
-On verra ça.

Le cockpit virtuel fit automatiquement un zoom sur le vaisseau, l'affichant dans un sous-écran. L'aspirant détailla la coque recouverte de modules qui défiguraient le navire-école. Le vaisseau qui avait emporté le premier hyperpropulseur terrien avait en effet souffert de son statut de projet noir. Interrompu et relancé périodiquement pendant trente ans, le Prométhée était un ensemble absurde de technologies de pointe alliées à des structures et des équipements obsolètes. Inadapté au service actif, il avait rapidement été utilisé comme vaisseau d'essai, navire scientifique puis enfin navire-école. Un patchwork étrange dont les deux énormes hangars rajoutés sur les côtés de la coque et le dôme d'observation astronomique anachronique en étaient les témoins les plus flagrants.

La navette se posa en premier, suivie en cela des différents appareils qui amenaient les aspirants-pilotes et leurs instructeurs. Le chasseur de Carl vint assez tard dans l'ordre de passage, et il en profita pour observer plus attentivement l'assemblage hétéroclite dans lequel il allait passer les prochains mois, avant d'être interrompu par la manœuvre d'approche automatisée.
Il fut conduit doucement dans le hangar jusqu'à une position dédiée et, une fois sorti du cockpit, dut s'écarter pour éviter de se faire bousculer par la horde de techniciens qui se dirigeaient vers le vaisseau.
-Banet, Stanton, Scarlett, ici tout de suite ! hurla un officier à une vingtaine de mètres de lui.
Les trois intéressés se précipitèrent vers l'une des passerelles enjambant la piste et rejoignirent le groupe qui s'était formé autour de l'officier.
"Bien" dit celui-ci. "Comme je le disais, bienvenue à bord du Prométhée. Je suis le capitaine de frégate Oleg Alexandrovich Nureyev, second du navire. Vous allez rester à bord pour cinq mois, et il n'y aura pas de cadeau. Ceux qui merdent auront la chance de piloter un bureau. Au mieux." conclut-il avant de se retourner et de quitter le hangar par la porte derrière lui.
Au même moment, un officier marinier avança vers les hommes et femmes encore en combinaison de vol.
"OK les bleus. Vous avez tous un badge de sécurité. Vous pointez sur le moniteur derrière le sas, et ça vous indiquera votre cabine...ou un sas de dépressurisation, s'il y a un bug. Premier briefing dans une demi-heure, dans la salle du même nom. Tout le monde en uniforme, pas de tenue de vol. C'est tout." déclama-t-il d'un ton méprisant, avant de suivre le même chemin que le second sans laisser à quiconque la possibilité de placer un mot.
Quelques instants après la fermeture de la porte, Carl hasarda :
-Quelqu'un sait où est la salle de briefing ?
Le silence pesant qui suivit sa question ne fut interrompu qu'au bout d'une dizaine de secondes par l'un des aspirants, dont la voix venait de la porte empruntée par le comité d'accueil :
-Je crois que c'est marqué ici, mais nos piaules sont bien dispersées.
Carl vit alors la masse d'élèves commencer à s'agiter et en déduisit que les autres devaient se rapprocher de la porte avant de tenter de trouver leurs cabines respectives. Il lui était évident que le temps d'attente qui allait s'imposer au vu de sa position dans le groupe, ses chances d'arriver à l'heure à ce premier briefing étaient compromises, et il chercha du regard une autre issue au hangar. Une autre porte se trouvait effectivement à une trentaine de mètres de là, et le pilote s'en rapprocha et eut la plaisante surprise de trouver un moniteur d'information identique à ceux de l'Académie.
Le scanner biométrique l'identifia immédiatement et lui donna accès à un menu, à partir duquel Carl put facilement recueillir les informations qu'il recherchait et les transférer sur son ordinateur de poche. Suivant les instructions, il trouva facilement sa cabine, dans laquelle avaient été amassées ses uniformes et quelques indispensables. Après s'être changé et avoir pris une douche rapide, il retourna à l'ascenseur le plus proche et se mit en route vers la salle de briefing. Y arrivant avec un peu d'avance, il ne vit qu'une seule autre personne assise sur les gradins et s'installa à proximité de la jeune femme.
Celle-ci, plongée dans ses pensées, ne le remarqua pas, et il ne chercha pas à la déranger, profitant au contraire du confort étonnant de son siège.

Une autre porte s'ouvrit quelques instants plus tard, au niveau de l'estrade, et laissa passer le second et un homme que Carl identifia immédiatement par l'uniforme comme un colonel de l'aéronavale. Ils semblaient avoir une conversation animée qui prit fin aussitôt qu'ils virent les deux élèves.
-Tiens, on dirait qu'ils n'auront pas tous besoin d'un navigateur et du soutien tactique d'un AWACS pour se repérer à bord...dit le colonel avant de se tourner vers le second. Tant mieux, ça libérera du monde pour les équipes de sauvetages dont les autres auront besoin.
-Tiens, vous avez décidé de récupérer les bleus qui auront merdé, maintenant ? rétorqua l'officier, l'air amusé.
Au moins, ils ont l'air d'avoir un peu d'humour. C'est déjà ça. pensa Carl.

Il ne fallut pas une minute avant que la porte principale ne s'ouvre à nouveau, laissant passer une douzaine de personnes en ordre dispersé, et le colonel se rendit près du pupitre, laissant le second sur le côté de l'estrade. La salle se remplit alors petit à petit, et la moitié des sièges étaient occupés lorsque le chef des opérations de vol fit un geste imperceptible.
Aussitôt, la porte se referma et eut un bruit de verrouillage très audible.
-Vous expliquerez aux autres que la ponctualité n'est pas négociable à bord, dit le colonel d'un ton calme mais excluant toute discussion. Bienvenue à bord du Prométhée !
Bon, maintenant que les formalités sont remplies, voilà les faits : vous venez d'arriver en enfer. Vous n'aurez plus de sommeil régulier, les exercices seront imprévus et vous demanderont plus que ce qui peut passer par la tête d'un bleu, et aucun instructeur ne fera preuve de la moindre tolérance. Comme l'a dit Oleg, ceux qui merdent se retrouveront derrière un bureau, au mieux. On a des blessés, et parfois des morts, mais vous pourrez laisser tomber quand vous voudrez. Suffit de venir voir un des instructeurs et de le lui dire. Mais la décision sera définitive, alors faut pas avoir de regrets. Sur ce, une fois de plus, bienvenue à bord ! conclut-il avec un large sourire.
Il laissa passer quelques instants pour être sûr que chacun ait bien assimilé son petit speech, puis reprit :
-On va commencer gentiment, aujourd'hui. Il n'y aura, normalement, pas d'exercices-surprise, juste quelques cours pratiques. Ceux qui d'ici demain soir auront toujours besoin de l'ALS pour atterrir correctement dégageront. Tout le monde décolle dans une heure. Et quand je dis tout le monde, c'est aussi les retardataires qui ont intérêt à avoir de bons copains dans cette salle, parce que je ne vais pas aller les chercher pour leur répéter un briefing de vingt minutes.
Un schéma des hangars s'afficha sur l'écran derrière le colonel, qui commença alors le briefing en lui-même.

Bon, pour l'humour, on repassera...




Quatre semaines plus tard

Carl se présenta au mess, son tour d'alerte terminé. Les cernes se voyaient aisément, témoins du scramble de la nuit passée. Commandant un café, il eut pour seule réponse du distributeur une indication selon laquelle il avait dépassé son quota journalier de boissons caféinée. Soupirant, il se servit un petit déjeuner aussi consistant que possible au self et se dirigea vers Samir, qui était assis à une table en train de mâcher lentement.
-Salut, lui dit Carl aussitôt qu'il fut assis à côté de lui.
-'lut. Désolé de ne pas t'avoir prévenu hier, lui répondit l'élève-officier qui subissait un rythme de travail tout aussi éprouvant. J'étais en train de roupiller quand ils ont commencé l'exercice et j'ai à peine eu le temps de rejoindre le CIC.
-T'inquiètes, ça ira. Et puis, c'est déjà sympa de ta part de me donner un temps d'avance.
-Bah ! rétorqua le jeune homme en posant sa fourchette. Il faut bien s'entraider, non ? Comment tu t'en es sorti, cette nuit ? J'ai pas accès aux résultats individuels.
-Il semblerait que ça se soit pas trop mal passé. J'étais bien groggy pendant le "combat", mais c'est Hazard qui menait mon groupe cette fois-ci. Une vraie machine, il nous donnait des ordres à toutes vitesse, et on avait juste le temps de les exécuter, sans réfléchir. Enfin, il aurait fallu que je sois en état, conclut Carl avec un petit rire.
-Il nous fait aussi un peu flipper en salle de contrôle. Ce gars, il gère parfaitement la situation tactique, et c'est à peine s'il connait mieux que nous l'ensemble d'un engagement, soupira Samir. Enfin, l'important, c'est qu'on s'en soit bien tiré tous les deux. Après tout, on a déjà fait la première moitié, et il paraît que ça devient plus facile après.
-Dis ça à Keima, lâcha Carl.
-Qu'est-ce qui s'est passé avec lui ?
-Il s'est littéralement endormi aux commandes, et son instructeur a du reprendre les commandes. Paraît qu'il ont dû le transférer à l'infirmerie. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que le Vieux l'a retiré de la liste des pilotes.
Samir soupira lentement.
-Ouais, confirma l'aspirant-pilote.


Deux heures plus tard, Carl se rendit en salle de briefing, tel un automate, pour y recevoir avec le reste de son quart les plans de vol. Il se demandait s'il s'agirait d'une CAP autour du Prométhée ou d'un exercice plus exigeant quand son train de pensées fut brutalement interrompu par le klaxon strident de l'alarme.
Et merde, ils ne se lassent jamais ou ils veulent notre peau à tous ?, pensa-t-il en pressant le pas vers la salle de briefing, avant d'entendre l'officier de quart annoncer par les haut-parleurs :
-Ce n'est pas un foutu exercice. Tous les aspirants au poste de combat ! Et au trot !
-Qu'est-ce que...?! s'entendit dire Carl juste avant de se mettre à courir vers sa destination.
Il y arriva une poignée de minutes plus tard, trouvant une salle presque remplie d'hommes et de femmes, habillés aussi bien en tenue de vol qu'en uniforme de bord.
Quelques instants plus tard, alors que deux personnes supplémentaires entraient dans la pièce, le colonel commença :
-Bon, les satellites de détection longue portée ont repéré une fenêtre hyper près de Saturne. Le commandement pense que c'est un contrebandier qui va tenter de récupérer des marchandises de la Terre. Donc, il faut l'intercepter. Et vu qu'on est les plus proches, c'est sur nous que ça tombe, conclut-il en faisant s'afficher une carte de navigation.
Carl reconnut immédiatement la ceinture d'astéroïdes et vit la trajectoire de l'appareil-cible s'afficher.
-On a coupé les propulseurs et les émissions actives pour réduire les chances de le faire fuir, ce qui nous laisse une chance de nous approcher assez près pour utiliser les chasseurs. Tout le monde décolle, y compris les bleusailles. Que ce soit clair, continua-t-il, c'est une situation réelle, donc vous faites tout ce qu'on vous dit, sans même penser à autre chose.
Le bon point, c'est que le plan est suffisamment simple pour que vous n'ayez pas trop d'occasion de merder. On va se placer derrière les caillasses après avoir déposé des mines nucléaires à proximité. On se servira de l'EMP pour neutraliser temporairement le transport, avant de lui faire une petite démonstration aérienne pour lui faire passer l'envie de résister ou de s'enfuir. Dès que c'est fait, le Prométhée fera venir les Marines pour capturer nos nouveaux invités. Compris ?


...dès que la casse aura neutralisé la cible, on fera un saut hyperspatial tactique et on prend la relève. Ah, les gars des renseignements veulent des prisonniers à interroger, donc on reste soft, alors pas de lance-plasma, OK ?
La remarque du major déclencha une poignée de rires. Il se tourna alors vers le second groupe de militaires en tenue de combat. Ils semblaient plus hésitants, et l'officier s'adressa sèchement à eux :
-Pas d'initiative. Vous suivez les ordres, sans discuter. Avec un peu de chance, ça vous fera une occasion de voir du terrain sans y perdre un membre.
Shanti Bhosle acquiesça, à l'instar des cinq autres élèves officiers d'infanterie présents. La routine de son entraînement aux opérations de reconnaissance et de renseignement militaire venait d'être brisée par cet événement imprévu, et elle hésitait à le ranger parmi les bonnes ou les mauvaises nouvelles.
Sitôt le court briefing terminé, elle rejoignit son instructeur sur la plate-forme de décollage. Le sergent vérifia l'équipement de la jeune femme, depuis sa combinaison étanche jusqu'au fusil d'assaut, et lui fit signe que tout était en ordre. Ils se dirigèrent alors vers le reste des Marines, qui attendaient l'arrivée de la navette d'assaut. Celle-ci arriva au bout d'une dizaine de minutes, et se posa silencieusement sur le sol métallique. Si elle faisait penser aux navettes spatiales officielles de part sa forme similaire, la ressemblance s'arrêtait là, et Shanti en eut le rappel au moment où elle franchit le sas qui révélait les multiples couches de blindage du robuste appareil.
Entrant dans la cabine principale, elle fit attention de ne pas franchir le cercle jaune indiquant la zone des anneaux de transport, et se dirigea vers l'un des sièges avant de s'y harnacher. Au moment où elle commençait à se décontracter et à oublier son appréhension, sa voisine lui tapota l'épaule et lui indiqua d'un geste un groupe de câbles à proximité des sangles. L'élève prit un air désolé, et s'empressa de corriger son erreur, branchant les alimentations externes de sa combinaison avant de se caler dans le siège.
Allez, ça va bien se passer, Shanti. C'est un contrebandier à la noix, la chasse va le neutraliser, et tu n'auras qu'à accompagner les pros pour voir une vraie op'., pensa-t-elle en respirant profondément.
Quelques minutes assez calmes s'écoulèrent alors que les derniers préparatifs avant le décollage étaient faits par les techniciens autour de l'appareil, puis l'affichage de sa visière prit vie, montrant dans un coin le visage du major Tengu, qui dirigeait le groupe.
-Décollage dans trente secondes. Les chasseurs sont en position, interception dans quatre minutes, dit celui-ci.
Une très légère vibration venant des compensateurs inertiels en cours d'initialisation confirma ses dires, et l'élève-officier serra instinctivement ses mains sur son siège.
Le départ ne se fit pas sentir, et seul le signal donné par le pilote prévint les passagers qu'ils s'éloignaient à très grande vitesse du satellite naturel de la Terre.
Shanti activa alors sa radio, et se brancha sur la fréquence du reste du groupe, où une poignée de personnes bavardaient, contrastant avec le silence absolu qui régnait dans la navette.


-Contact imminent, annonça un des contrôleurs de vol du Prométhée.
Carl positionna ses mains à proximité du bouton de tir et observa attentivement l'écran qui indiquait les positions respectives de chaque appareil. Le transport Goa'uld s'approchait lentement mais sûrement des mines nucléaires, sans donner signe de les avoir repérées. Alors qu'il commençait à regretter de ne pas avoir pu se débrouiller pour prendre un café avant le décollage, son instructeur, assis dans le siège arrière, lui fit signe de se tenir prêt à la démonstration de force. Il acquiesça, puis, quelques instants plus tard, son ordinateur de bord afficha une alerte EMP, confirmant par là la détonation des mines.
-Phase 2, go ! ordonna le chef d'escadrille.
Aussitôt, Carl réactiva les propulseurs du chasseur et lança celui-ci hors de la couverture de l'astéroïde avant de prendre la direction du transport désormais privé de toute manœuvrabilité.


-OK, on vient de recevoir la confirmation, le transport est tombé dans le piège et est HS. On fait le saut dans dix secondes. Les bleus, vous restez avec la seconde et la troisième équipe, et pas d'initiative !
Un tremblement secoua discrètement le sol, lorsque le moteur de saut hyperspatial s'activa, permettant à la navette de franchir en un instant la distance la séparant de la ceinture d'astéroïdes, où se trouvait sa cible.

Le système de contrôle du chasseur alerta immédiatement son pilote lorsque l'afflux d'énergie de la fenêtre hyperspatiale fut repéré. Carl reporta aussitôt son attention, avant de se détendre en reconnaissant l'appareil des Marines, qui s'approchait rapidement du Tel'tak immobilisé par les deux détonations thermonucléaires à proximité. Puis la navette se retourna pour s'arrêter, et l'instant d'après, une lueur blanche franchit l'espace le séparant du transporteur.

Une paire de flash-bang accompagnées d'une grenade fumigène roula au centre des anneaux alors que ceux-ci finissaient de se mettre en position, et ces derniers s'activèrent, transportant les trois cylindres vers le jeu d'anneaux le plus proche. Simultanément, tous les Marines se libérèrent de leurs harnais, et une demi-douzaine d'entre eux s'avancèrent vers les anneaux.
Lorsque ceux-ci furent en position, un militaire fit un geste, et le paquetage qu'il portait sur son dos généra un champ de force entourant son équipe. Le système de transport se réactiva dans la seconde qui suivit, faisant disparaître dans un éclair de lumière le groupe de combat.

Quelques minutes plus tard, une transmission vint rompre le silence du cockpit :
-Ici le major Tengu. Nous avons pris le contrôle du transporteur et allons le ramener au SGC avec les prisonniers pour interrogatoire. Merci du coup de main. Terminé.
-Bien compris, major. On a pu en profiter pour sortir les oisillons : ces pauvres petits devaient s'ennuyer, Carl entendit le chef d'escadrille répondre sur la fréquence générale. Allez tout le monde, en formation, et retour au bercail, termina le colonel en s'adressant aux équipages des chasseurs.
L'aspirant confirma réception de l'ordre, puis coupa la radio et demanda dans l'interphone de bord :
-Quoi, c'est tout ? On rentre ?
-Tu t'attendais à quoi, répliqua sèchement l'instructeur. A une bataille contre une flotte Wraith ? Tu devrais être content, c'est pas tous les jours qu'on sort les bombes H. Et en plus on n'a pas eu de problème. Fais-moi confiance, quand tu auras un peu de bouteille, ça te semblera tout ce qu'il y a plus de satisfaisant, rajouta-t-il en redevenant plus amical.

Il y eut quelques échanges animés sur la fréquence de l'escadrille, mais le calme fut très rapidement de retour, la fatigue reprenant ses droits chez les aspirants, et le silence régna le reste du trajet de retour. Après un appontage relevant de la routine, l'ensemble des élèves-pilotes eurent droit à un débriefing étonnamment court de la part du colonel, qui ne s'attarda que sur un ou deux détails de peu d'importance avant de leur donner congé.


La douche fut une bénédiction après les deux heures passées dans une tenue de combat dont la climatisation théorique ne la rendait pas moins étouffante. La prise de contrôle avait été brève, presque trop aux yeux de Shanti, qui s'était attendu à une certaine résistance de la part de "dangereux contrebandiers". Le temps que son équipe soit transférée, tout était presque déjà fini, et son rôle s'était limité à vérifier l'absence de bombes ou de pièges dans le transport.
A cette semi-déception devait maintenant s'ajouter une probable nuit blanche, alors qu'elle sortait ses notes de cours. Sa formation militaire comportait une part considérable de cours théoriques, sensés la préparer à ce qu'elle trouverait sur le terrain, et ses résultats étaient aussi importants que son habileté au tir ou que son endurance. Elle feuilleta ses notes jusqu'à trouver l'intercalaire intitulé "xénobiologie", qu'elle posa sur son petit bureau.
C'est parti... pensa-t-elle en se servant un café noir bouillant.



Chapitre 4 :


Les deux dernières semaines avant le retour à l'Académie s'étaient révélées bien moins chargées que les six précédentes, laissant aux élèves engagés dans un cursus militaire plus de temps pour se reposer. Les exercices, toujours à l'ordre du jour, bénéficiaient désormais d'un planning connu à l'avance, et une partie d'entre eux avaient laissé la place à une nouvelle série de cours théoriques. Ainsi, l'ambiance à bord du Prométhée ne laissait plus transparaître quoi que ce soit de la tension et la fatigue des aspirants quinze jours plus tôt.
Tout du moins était-ce l'impression de Carl alors qu'il guidait son appareil pour rentrer à bord.
-Essaie de voir comment sont placés les mécanos, lui suggéra par l'interphone son instructeur, assis à la place du copilote. Si tu te ranges correctement, ça réduira d'autant leur boulot.
-D'accord, répondit le pilote sans conviction.
-Crois-moi, s'il y a une chose que tu veux absolument, c'est avoir les mécanos de ton côté. Ceux qui se la jouent avec eux, et qui se foutent de leur job, sont partis pour de sacrés problèmes dans leur carrière. J'ai vu deux ou trois gars, comme ça, qui faisaient leur numéro "d'as des as" en emmerdant tout le monde. Ils ont fini par demander leur transfert quand leurs appareils n'étaient jamais prêts, ne répondaient pas correctement, etc. Et il y avait toujours des raisons valables, faut pas croire. Mais le pilotage était devenu un enfer pour eux...Donc, compris ?
-Ouaip. De toute façon, faut jamais faire chier les sous-off' avant d'être colonel, c'est ça ?
-T'as tout compris, on dirait..., dit l'officier en prenant un air amusé. Allez, aspirant, c'est notre tour.
-Oui, mon capitaine, répondit Carl en commençant les manœuvres d'approche.

Comme après chaque sortie, l'ensemble des pilotes prirent la direction de la salle de briefing. Les discussions s'interrompirent de manière nette quand les étudiants virent que le commandant du Prométhée les y attendait.

"Avant de laisser la parole à votre chef d'escadre, je tiens à vous dire quelques mots" commença le capitaine de vaisseau en se rapprochant du pupitre. "Ces huit dernières semaines, vous avez subi, comme les promotions précédentes, un entraînement très intensif qui touche à sa fin. Dimanche matin, vous allez quitter le bord et revenir à l'Académie pour une dernière série de cours et d'entraînements avant de recevoir vos affectations. L'entraînement que vous avez reçu ici a permis de tester deux qualités qui sont indispensables aux futurs officiers-pilotes : l'endurance et un esprit d'initiative...éclairé." Il s'arrêta un instant. "Vous devez bien comprendre, tous, que la situation globale est instable. Nous sommes dans une période transitoire, sans structure générale acceptée ou imposée. Vos actions..." dit-il en regardant attentivement les aspirants, "...vos actions peuvent donc avoir des conséquences majeures et vous aurez parfois à prendre des décisions de votre propre chef, que nous devrons tous assumer. Nous pensons que ceux et celles présents ici ont les épaules assez larges pour cette tâche. Prouvez-nous que nous avons eu raison. Merci, et bonne chance."

Il laissa la place au CAG, qui le remercia et ne commença à parler qu'après le départ du commandant : "Bon, alors je ne vais pas être aussi profond que notre très cher commandant...C'est mieux qu'hier, mais il y a encore pas mal de choses à revoir si vous voulez survivre à une escarmouche quelconque contre des pirates."
Faisant s'afficher une carte tactique, le colonel entreprit de présenter aux futurs officiers les maladresses et les erreurs de jugements qu'ils avaient commises l'heure passée.



On toqua à la porte.
"Entrez !", dit Carl sans se retourner, alors qu'il classait des notes prises en cours et en débriefing.
"Alors, on n'a toujours pas fini de ranger ses affaires ? C'est pas très bien, ça." commença le nouvel arrivant d'un air faussement réprobateur.
"Tiens, Samir !" répondit l'aspirant-pilote en se retournant. "Quoi de neuf ?"
"Je voulais juste voir comment se débrouillait un pote dont je connais la légère tendance à être à la bourre, pourquoi ?"
"Fantastique...et bien ça veux dire que tu as du temps pour m'aider à ranger un ou deux trucs, non ?"
"Désolé, notre départ a été avancé, et on partira deux heures avant vous...probablement pour nous éviter d'être au même endroit qu'une bande de doux dingues dans leurs chasseurs surarmés qu'ils pilotent de manière à peine passable."
"Merci, c'est...sympa."
"Pas de quoi, je ne faisais que citer votre colonel."
"On se sent appréciés. Note, ils doivent dire plus ou moins la même chose de tous les bleus." répondit Carl.
Il referma un dossier fin et le plaça dans son sac avant de se retourner vers son interlocuteur :
"Bon, sérieusement, tu n'es pas venu pour me voir ranger mes affaires ?"
"J'ai entendu un ou deux trucs qui pourraient t'intéresser", répondit l'élève-officier, l'air entendu, avant de poursuivre, "Côté affectations, en fait. Tu es quoi, cinquième de ta promo, c'est ça ?"
"Sixième. J'ai un peu merdé ce matin."
"On s'en fout. Tu auras à peu près le choix, et je crois qu'il y a un piège à éviter pour nous, cette année."
"C'est-à-dire ?"
"Choisir les croiseurs tout le temps envoyés en patrouille anti-piraterie dans les zones frontalières. A ce qu'on m'a dit, il y a un nouvel engin qui va faire sa première sortie dans deux mois. On arrivera juste à temps pour en faire partie, si on veut."
"Quel genre ?"
"J'en sais presque rien, juste que ça pourrait être une nouvelle classe de vaisseaux. Oh, et puis une de mes sources m'a fait part de pas mal de mutations de pilotes expérimentés. Trop, en fait. M'est avis que la majorité de ta promo va servir à boucher les trous, alors que les vraies opportunités, elles, seront ailleurs... En tout cas, moi, je sais où je vais postuler", rajouta-t-il avec un clin d'œil avant de lui tendre une petite carte mémoire. "Voilà, je t'ai mis les quelques infos que j'ai reçu."
"Merci, je vais voir ça, et je te tiens au courant si on apprend un truc de notre côté", répondit Carl en empochant la lamelle plastifiée.
"OK, moi, je vais y aller parce que j'ai comme qui dirait une navette qui m'attend."
"D'accord, et encore merci."


Le retour au SGC se déroula dans une ambiance totalement différente de l'aller, causée principalement par l'absence d'un tiers des aspirants ayant participé au premier voyage.
En sortant de son appareil, Carl ne s'étonna pas de voir le chef d'escadre convoquer la promotion sur l'un des côtés du hangar, et il se dirigea vers le petit groupe, imité par les autres pilotes.
"Bon, écoutez-moi tout le monde !", annonça l'officier. "Vous avez quartier libre jusqu'à demain. En attendant, vous allez trouver dans vos baraquements quelques paperasses. C'est la liste des affectations possibles pour vous. Réfléchissez-y un peu parce qu'on ne vous redemandera pas votre avis de sitôt ! Rendez-vous demain en amphi 5 à 0700. Rompez !"
Pressé de se reposer, Carl prit directement le chemin des vestiaires, en saluant quelques connaissances au passage, avant de se rendre aux dortoirs.
Quand il arriva à destination au bout d'une vingtaine de minutes, il vit en entrant une épaisse enveloppe posée au milieu de son bureau, impossible à manquer. S'installant confortablement sur son lit, il entreprit d'ouvrir l'objet et d'examiner son contenu. Sortant une trentaine de dossiers plus ou moins épais, il parcourut rapidement les formulaires administratifs avant de s'attarder sur les quelques informations proposées sur les sites ou vaisseaux qu'il pouvait demander.
Puis, après avoir jeté un coup d'œil distrait sur des documents en rapport à une station de recherche, il prit les feuilles suivantes, et vit sur la première page un nom qui le fit réagir immédiatement.
Concordia. Tiens, tiens.
Il parcourut beaucoup plus attentivement le dossier, remarquant que si les conditions de communication et de confidentialité étaient abordées, le vaisseau lui-même n'était pas ou peu décrit, au contraire des fiches sur les croiseurs. Enfin, un autre détail lui sauta aux yeux lors de la seconde relecture.
Six places sur ce navire ? Ça, c'est vraiment bizarre...
Vérifiant à nouveau les dossiers sur les croiseurs, il tomba sur l'information recherchée, à savoir qu'ils n'offraient que deux, voire trois places à leur bord, ce qui était parfaitement cohérent avec le faible nombre d'appareils habituellement embarqués sur les navires terriens.
Plus de postes que d'habitude, et en plus il y aurait des mutations vers ce navire ? se dit Carl en repensant aux informations de Samir. Intéressant...
Il se cala dans son lit et, ouvrant l'offre de mutation vers le croiseur Bellérophon à côté de lui, entreprit de comparer les deux dossiers.

Une demi-heure plus tard, son choix était fait.


Le lendemain, après les cours de navigation, les aspirants-pilotes apprirent que les demandes d'affectation se dérouleraient l'après-midi même, et, au mess, toutes les conversations entre élèves n'eurent qu'un seul sujet.

Le système était simple : chaque élève passait à son tour, en fonction de son classement, dans le bureau d'un officier qui lui présentait les affectations disponibles, et faisait part à celui-ci de son choix. Chaque aspirant avait reçu une documentation conséquente, et le principal rôle du major Rötgens se limitait à donner un complément d'informations aux indécis.
Or, l'indécision semblait absente ce jour-là, aux yeux de Carl. Les cinq élèves ayant eu de meilleurs résultats avaient été très brefs, et son tour était venu dans les minutes suivant l'ouverture du bureau.
S'installant sur la chaise prévue à cet effet, l'aspirant attendit quelques instants, et l'officier rompit le silence, regardant un dossier : "Carl Banet, France." Il leva les yeux. "Alors, avez-vous fait votre choix ?"
"Oui monsieur", répondit Carl. "Ma préférence se porte sur le Concordia."
Le major tenta, sans succès, de camoufler un léger rire, puis se reprit :
"On dirait que les nouvelles circulent vite à bord du Prométhée. Ça doit d'ailleurs être la seule chose de rapide à son bord, n'en déplaise à son commandant."
"Excusez-moi, je ne suis pas sûr de vous suivre, monsieur.", hésita Carl.
"Il n'y a rien à comprendre, si ce n'est que toutes les têtes de promotion de la branche navale ont, sans exception, demandé à aller sur un navire à peine sorti des chantiers et donc les caractéristiques sont sensées être confidentielles. Donc, je persiste à dire que les rumeurs vont bon train", affirma-t-il avec un sourire.
"Carl ne savait pas quoi dire, et le major tapa un texte sur son clavier, en disant "Donc, aspirant Carl Banet, Concordia... Voilà, c'est fait." Il se leva, aussitôt imité par l'élève. "Bonne chance."
"Merci, monsieur", répondit Carl en sentant ses joues s'empourprer.
"Oh", signala le major avant d'ouvrir la porte de son bureau, "Le tuyau de votre ami Samir était valable."
Carl acquiesça, mal à l'aise, avant de saluer l'officier et de sortir, lâchant une minute plus tard un long soupir.



La jeune femme n'accorda que peu d'attention au soupir de l'officier qu'elle venait de croiser, et continua son chemin. En effet, toutes les pensées de Shanti étaient centrées sur l'annonce imminente des affectations.
Présentant son badge d'accès, elle passa rapidement sous un portique de sécurité, et les gardes lui permirent d'entrer dans la pièce indiquée sur le courrier adressé à tous les officiers d'infanterie en formation. Deux individus étaient présents sur une estrade, en train de discuter, tandis que l'amphithéâtre se remplissait à vue d'œil. Elle s'assit, et lorsque les derniers venus se furent installés, le plus gradé des hommes faisant face à la salle prit la parole :
"Bien, nous allons appeler les aspirants dans l'ordre du classement, et vous viendrez prendre les documents de transfert chez le sergent Sheridan", dit-il en indiquant le sous-officier à côté de lui.
Le capitaine commença à lire les noms, et Shanti vit les appelés recevoir leurs postes respectifs, dans des groupes d'assaut, des équipes de reconnaissance ou à bord des navires de la flotte. Puis son nom vint, à peu près au milieu de la liste, et elle se leva pour aller rejoindre l'estrade.
"Shanti Bhosle, équipe de reconnaissance Sierra Golf 22, sous les ordres du commandant Samuel Maltez, basée au SGC.", dit le colonel l'ayant appelé quelques secondes plus tôt, avant de poursuivre, "toutes mes félicitations."
"Merci, mon colonel", répondit-elle en le saluant, avant de revenir à sa place tandis que l'officier supérieur appelait l'élève suivant.
Finalement l'annonce des affectations ne dura qu'une dizaine de minutes, à la fin desquelles le colonel annonça le jour et l'heure de la cérémonie qui rassemblerait tous les élèves de l'Académie finissant leurs études.
Après avoir suivi les autres élèves-officiers hors de la salle, Shanti vérifia son emploi du temps sur son organizer et se rendit au cours de xéno-anthropologie avancée, où elle retrouva d'autres étudiants civils et militaires. Le cours, optionnel, correspondait à l'une des passions que le Programme avait créé en elle, et lui avait offert l'accès à une spécialisation pouvant s'avérer importante dans sa future carrière.
Une carrière qui ne prenait pas l'orientation qu'elle désirait. En effet, s'étant renseignée sur les différents groupes de reconnaissance, SG-20 à 29, elle s'était rapidement intéressée à l'un d'entre eux en particulier. L'équipe SG-25 avait constitué son objectif d'affectation, avec sa maîtrise des opérations en milieu civilisé. Mais ses résultats dans les exercices de nature plus militaire durent jouer un plus grand rôle, puisqu'elle était finalement envoyée vers SG-22, une équipe de "reconnaissance en force". Elle s'installa et, essayant d'ignorer sa déception grandissante, sortit ses notes alors que le professeur Rayner entrait dans la pièce.
Dommage. Enfin, on verra ce que ça donnera. Après tout, j'ai déjà de la chance d'être ici.


L'imposant appartement ressemblait à tous ceux de l'immeuble où il se situait, si ce n'est que personne n'y vivait et qu'aucun courrier ne finissait dans sa boîte aux lettres. Le propriétaire venait y passer quelques semaines par an lors de ses vacances à Toronto et n'avait aucun problème avec le fisc, alors on ne prêta rapidement plus attention à cet excentrique qui devait avoir de l'argent à jeter par les fenêtres.
Le fait-même qu'il prête son pied-à-terre à des personnes différentes de manière périodique renforçait cette impression, mais ne gênait pas, puisque les locataires occasionnels étaient courtois et silencieux. Quelques cambrioleurs, entendant parler de cette habitation fréquemment vide, vinrent tenter leur chance, mais, entrant par effraction, ne trouvèrent que de vieux meubles sans valeur. Tous les maraudeurs s'étant attaqués à ce lieu subissant une certaine "malchance" ultérieure dans leur profession, celui-ci fut rayé des listes officieuses des endroits où amener son matériel de serrurerie, lui garantissant une isolation voulue par ses véritables acheteurs.
Ainsi, quand une demi-douzaine de personnes apparurent dans une lumière blanche éblouissante, elles n'eurent pas à s'inquiéter de leur logement pour la poignée d'heures qu'elles passeraient à la surface de la Terre.
"Bon, une dernière fois.", dit le responsable du groupe, un quinquagénaire, "On y va dans un quart d'heure. A partir de là, vous restez à proximité de votre contact, et lui obéissez immédiatement s'il vous donne un ordre. Le premier ou la première qui tente de larguer son suiveur se fera virer du Programme, avec toutes les conséquences que vous connaissez. Compris ?"
Les trois élèves de l'Académie acquiescèrent avant d'aller jeter un coup d'œil à l'appartement.
Carl se posa sur un lit et parcourut une dernière fois le dossier le concernant, lui et sa vie officielle. Il n'aurait pas beaucoup de temps à passer au Canada, et ne risquait donc pas trop de commettre d'erreur grave, mais la prudence était reine à moins d'une semaine du vrai début de sa carrière.

La cérémonie officielle devait se dérouler quelques jours plus tard, lorsqu'aucune des universités civiles et militaires associées au Programme ne remettait ses diplômes.
Les divers étudiants de l'Académie bénéficiaient d'une couverture officielle leur donnant une place dans des haut-lieux éducatifs terriens, dont une poignée de membres connaissait l'existence de la Porte. En contrepartie d'une compensation financière et de l'accès à certaines technologies, ces facultés accueillaient quelques élèves "virtuels". A la fin de leurs études, ceux-ci recevaient alors un diplôme officiel en rapport à leur cursus.
Carl était donc venu recevoir un master de physique, dont les options étaient centrées sur les technologies aérospatiales, comme l'indiquaient les notes sur la feuille qu'il lisait.
Puis, il reposa brusquement le papier et se dirigea vers la fenêtre, et, lentement, en ouvrit les battants puis les volets. D'un geste hésitant, il tendit le bras à travers vers la rue, s'attendant inconsciemment à rentrer en contact avec l'écran qui lui servait de fenêtre artificielle là-haut. Au bout de quelques secondes, il recula, pour aller chercher une chaise et la ramener. S'assoyant dessus, il se détendit, admirant la lente course des nuages.
Bizarre, comme n'importe quoi peut être magnifique si on en est privé assez longtemps. se dit-il, en se surprenant à trouver des formes dans les masses de vapeur d'eau. Puis il tourna la tête et se mit à regarder l'activité de la rue, isolant tel ou tel passant qui semblait plus ou moins pressé.
Son attention se centra sur un homme, trentenaire, qui courait derrière un bus, et il lui sembla croiser son regard lorsque l'individu abandonna la poursuite.
Voilà à quoi tu aurais pu ressembler, Carl. Et ça ne t'aurait probablement pas si déplu que ça. Tu n'aurais jamais rien su de la Porte, des vaisseaux...Une vie normale.
Il se redressa et ferma la fenêtre, avant de se diriger vers la porte de sa chambre.
Mais c'est trop tard pour une vie normale, maintenant.





La navette de transport filait silencieusement derrière la Lune, se rapprochant avec lenteur de sa destination. A l'intérieur, une quarantaine d'hommes et femmes, tous en uniforme, étaient assis et discutaient ensemble. Le ton des conversations reflétait l'impatience qui animait les officiers nouvellement promus sur le point de découvrir leur premier navire. Aux six pilotes s'étaient ajoutés des officiers de pont, des Marines, des ingénieurs et des astrophysiciens qui avaient choisi le Concordia à la fin de leur cursus.
Chacun connaissait l'heure d'arrivée prévue, et au fur et à mesure que celle-ci approchait, la tension augmentait imperceptiblement, jusqu'au moment critique où la voix du pilote se fit entendre :
"Attention, ici le commandant de bord. Nous sommes en approche finale du Concordia, veuillez mettre vos ceintures et ne pas les retirer jusqu'à mon signal. Merci."
Voilà...On y est, se dit le sous-lieutenant Carl Banet.





EDIT :
Alors, à présent, on revient aux premières versions des chapitres. Bonne lecture à tous et à toutes.
Dernière modification par Rufus Shinra le 11 sept. 2009, 17:24, modifié 1 fois.
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par mat vador »

voilà une FanFic agréable, intéressante et bien menée :) j'apprécie beaucoup ces différents développements que tu fais.

l'académie Catherine Langford sur la Lune, le dock spatial, les cours et les affectations, wha ça c'est de l'idée. :) il pourrait n'y avoir que ça dans la Fic, j'aimerais quand même ;) un mélange de "2001, l'Odyssée de l'Espace" et de "Starship Troopers" qui rend très bien.

ça a un côté émouvant, les premiers pas en solitaire de l'Humanité dans cet univers hostile!

Rothman est sensé être mort tu sais, ou alors c'est une résultante du voyage temporel? c'est assez déstabilisant d'ailleurs, ce saut de l'apocalypse jusqu'à cette Terre en plein essor. reviens-y vite. ;)

j'espère voir (lire?) Teal'c et Jackson en chair et en os :) et revoir cette Cassandra adulte...

bémol: tu devrais développer l'état d'esprit de ceux qui abandonnent une maison et des gens sur Terre pour prendre un croiseur comme "nouvelle maison", en secret en plus. :ninja:
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

OK, je vais essayer de voir pour inclure au long de la fic cet "état d'esprit".
Autrement, vu que je vais essayer de voir les différents points de vue avec les différents personnages, Atlantis devrait aussi intervenir, et donc Jackson. Pour ce qui est de Teal'c, je ne sais pas encore.

Pour ce qui est de Rothman, effectivement, je me suis trompé. J'avais oublié cet épisode-là. En conséquence de quoi, je vais un peu modifier le passage. Merci.

Pour ce qui est de Cassie, on devrait la revoir, à mon avis.

Beaucoup de points sont au conditionnel car le scénario n'est pas encore totalement fixé. C'est aussi pourquoi j'apprécie les interventions, celà me permet de corriger mes erreurs et d'améliorer certains points ^_^.
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Chapitre 05 : Réunion de familles


Dire que Samantha Carter était une femme occupée était un euphémisme du même ordre de grandeur que “le cœur d’une étoile est chaud“. Depuis son départ de SG-1, un an après la bataille de l’Antarctique, elle avait dû affronter les conséquences de ses huit ans de pérégrinations dans la Voie Lactée et la galaxie d’Ida : une administration que l’on ne pouvait fuir, même en quittant la Terre.

Son poste dans la Zone 51 n’avait été que temporaire, la militaire en elle rechignant à se contenter d’un poste scientifique, alors même qu’étaient mis à sa disposition les meilleures équipes, le meilleur matériel et des fonds pour ainsi dire illimités.

La mort du directeur de la défense planétaire, le général Hammond, avait été, pour elle et le reste des compagnons de la première heure, un évènement doublement tragique. Tout d’abord, les membres fondateurs du commando le plus célèbre de la galaxie avaient regretté la mort d’un ami qui les avait soutenus jour après jour, parfois en prenant des risques incompatibles avec son poste. Mais les conséquences étaient plus qu’émotionnelles, alors que la direction du programme allait logiquement échoir à des politiciens que Carter savaient incapables de l’assumer.

Moins d’une demi-heure après la fin de la cérémonie, les trois membres terriens du groupe avaient accepté de jouer le jeu politique, mettant un trait final à leur carrière sur le terrain au profit d’un bureau.

La scientifique ne regrettait pas sa décision, alors qu’entrait dans son bureau une figure familière. L’homme, aux cheveux grisonnants, lui apportait une série de dossiers qu’elle allait parcourir rapidement, sachant qu’elle pourrait les signer sans passer des heures à les étudier. Après tout, celui qui les avait préparés était l’une des rares personnes qui avait toute sa confiance.
-Merci, Walter, dit-elle avec un léger sourire au sous-officier qui était le plus ancien membre du SGC encore en service.
-De rien, madame. Le service du budget voudrait une réponse urgente pour les demandes d’investissement. Il parait qu’ils sont un peu à court au niveau réserves, alors…
-…alors plus tôt on leur dit ce qu’il nous faut cette année, plus tôt ils pourront demander l’argent à l’ONU, l’interrompit-elle, habituée à cette échéance annuelle. Je fais ça, ne vous inquiétez pas, adjudant.
Le sous-officier se mit au garde-à-vous puis ressortit du bureau.

Elle commençait à parcourir le dossier indiqué par son secrétaire quand le téléphone se mit à sonner. Après un bref coup d’œil sur l’écran indiquant le nom de son correspondant, elle soupira et décrocha le combiné :
-Allô ?
-Carter ! Au secours !
-Désolé, Jack, je ne peux pas vous aider…
-Par pitié ! Vous êtes mon seul espoir ! Vous devez avoir une équation, un programme, un machin, je ne sais pas, moi… !
Elle haussa les épaules avant de répondre :
-Quoi que je fasse, ça ne pourra pas être parfait. Au moins, si c’est vous qui proposez une solution, vous pourrez la défendre et on vous écoutera.
-Carter ! Je ne suis pas fait pour ce genre de trucs.
-Et moi, alors… Demandez à Daniel, ou bien à un de vos assistants…

-…vos assistants, entendit Jack O’Neill, dont les espoirs se brisaient en de microscopiques morceaux.
-Bon, je me débrouillerai, répondit-il, dépité.
-Encore désolée.
Merci du coup de main, Sam, fulmina-t-il silencieusement en raccrochant. Ohhhh, hé hé !
Le responsable de la diplomatie terrienne eut un large sourire en envisageant son idée soudaine sous toutes les coutures. Ses assistants lui demandaient depuis des semaines des informations sur les relations entre les différents diplomates et représentants commerciaux qu’allait accueillir la Terre dans les prochains jours, puisqu’il était malgré lui l’un des seuls individus à avoir une vision à peu près globale des relations entre les différentes puissances de la galaxie.
Mais après cette conversation, il venait d’avoir un début de solution au cauchemar qui le hantait :
Il savait parfaitement qui allait être assise à côté du représentant Unas.

La Terre, malgré son arrivée mouvementée sur la scène galactique, manquait cruellement de beaucoup de produits et de technologies nécessaires à sa sécurité et à son alignement sur le niveau technique des autres forces en présence. Ce qui était un inconvénient majeur, alors que, les Goa’uld retirés de l’équation, de plus en plus de vaisseaux capables de raser des planètes entières finissaient leur chemin chez des particuliers aux tendances agressives reconnues.
Plus que jamais, la course aux technologies aliens était d’actualité pour l’une des planètes les plus peuplées de la galaxie, et une solution s’était imposée : le commerce.
Les Etats-Unis, puis, lors des différentes réformes du Programme, la Terre, avaient établi des relations diplomatiques avec différentes civilisations qui avaient toutes ou presque fait des choix particulièrement différents au cours de leur évolution. La principale particularité de la Terre reposait dans sa structure industrielle extrêmement lourde, que n’approchaient que des puissances comme Hébrida ou, dans une moindre mesure, Langara.

Et il revenait à Jack O’Neill, le terrien le plus respecté de la galaxie, de gérer, entre autres, les accords commerciaux qui fournissaient à sa planète d’origine les minerais, composants et technologies nécessaires à sa survie immédiate. Si l’ancien militaire avait d’abord cru n’être qu’une figure de proue devant une administration colossale, il avait rapidement déchanté, ses assistants et conseillers manifestant leur ignorance complète de l’équilibre des forces et des manières de penser de leurs interlocuteurs. A contrecœur, le nouveau secrétaire aux affaires extérieures avait alors pris le taureau par les cornes, comme à son habitude.

Avec des résultats étonnamment bons.

Le commerce, qui s’était initialement limité aux coordonnées issues du cartouche puis de l’accident qui avait précipité le premier contact avec les Asgard, avait alors connu une brusque expansion sous son égide.
D’où le mal de crâne de l’ancien chef de SG-1, qui organisait aussi bien que possible une nouvelle rencontre entre les différents partenaires économiques de la Terre.

Marre, pensait-il penché sur ses dossiers. Les Tok’râ ne voudront pas être à côté d’Aris Boch depuis qu’il nous aide pour le vaccin anti-symbiote, je ne peux pas laisser les Jaffa et les Pangaran ensemble ou ils me signeront un accord dans le dos sur la trétonine, Jonas va forcément vouloir se mettre à côté de moi pour que je lui raconte les différents ops d’il y a quinze ans…
Inconsciemment, il chercha du regard son P-90, que son assistant avait mis sous clé pour éviter un nouvel incident diplomatique. Certes, il fallait bien que quelqu'un abatte cet émissaire Eurondan kamikaze, mais il aurait été préférable que le quelqu'un en question ne soit pas le chef de la diplomatie terrienne.

Bien que l’incident en question ait ôté toute peur de l’avenir à une industrie de l’armement terrienne qui ne savait désormais plus où donner de la tête.

Au final, l’ancien chef de SG-1, s’il reconnaissait l’utilité de son travail, n’en était pas moins exaspéré par les détails dont il devait constamment s’occuper. Entre les différentes tribus dont il fallait apprendre le protocole pour avoir une chance de pouvoir installer une mine sur leur territoire, les modifications de dernière minute aux accords établis, les objections bureaucratiques… il en avait tout simplement marre.
A moins d’une journée du début de la conférence, il devait encore faire une dernière vérification des salles qui allaient accueillir les émissaires étrangers, spécifier avec le service de renseignements les sujets prioritaires à surveiller dans les conversations et les transmissions diplomatiques, confirmer la présence des membres du Conseil de Sécurité Planétaire à la cérémonie finale…

Son ordinateur lui signala l’arrivée d’un nouveau courrier prioritaire, qu’il ouvrit, non sans maudire une nouvelle fois le cauchemar administratif de son activité quotidienne. Le rapport joint n’était qu’une simple mise à jour d’informations qu’il avait déjà, mais dont on pensait qu’il aimerait connaître tous les détails.
Mais qu’est-ce que j’en ai à faire, que les terres sacrées de…, il se rapprocha pour mieux lire P4S-653 abritent les dernières ruines tévintides connues ? Même Daniel s’en fout !
Il balaya rapidement le texte, ne s’arrêtant que sur des passages qui pouvaient lui être utile pendant les négociations, mémorisant les thématiques couvertes par les bases de données goa’uld convoitées par les jaffa, ignorant les détails en provenance d’espions et de scientifiques qui avaient manifestement trop de temps sur les bras.

Jack O’Neill lâcha un très long soupir en s’appuyant dans son fauteuil dont le confort était probablement le seul avantage inhérent à son travail. Il lorgna alors son téléphone, et appela la seule personne sur qui il savait pouvoir compter.



L’ambassadeur jaffa en poste sur Terre leva un sourcil en entendant la sonnerie particulière que lui avait installé son ancien compagnon d’armes pour lui notifier un appel. Sa séance de méditation en pleine nature, bien que n’ayant plus d’importance médicale pour lui, restait l’un des rares plaisirs que pouvait lui procurer Dakara.
Isolé des questions pressantes, des crises menaçant sa patrie d’origine ou d’adoption, il trouvait enfin la sérénité. Une sérénité qui l’empêchait de détailler à son interlocuteur son opinion sur cet appel.
-Bonjour, O’Neill, dit-il, imperturbable, après avoir accepté la communication et ainsi mis fin au générique de cette série dont son ami semblait friand.
-Teal’c ! dit-il d’un air trop enjoué pour être honnête. Quoi de neuf ?
Intérieurement, le jaffa hésitait entre s’offenser d’être ainsi dérangé pour une conversation aussi triviale ou se sentir honoré de la débauche d’énergie dépensée par le Terrien pour cet appel.

Son métier lui intima de choisir la seconde option.

-La situation reste inchangée ici, O’Neill. Gerak persévère dans sa volonté d’autonomie absolue pour les armes personnelles. L’accord de vente me semble fortement compromis, si j’en crois l’état des débats.
-Oh. Bon, et bien…

Après quelques échanges sur un ton plus léger, suivis d’un refus aussi posé que catégorique de participer de près ou de loin à l’organisation de la conférence à laquelle il n’éprouvait aucun plaisir à assister, le jaffa mit poliment fin à la conversation, et éteignit son téléphone avant de le ranger, maugréant sur le jour maudit où il avait accepté cet artefact maléfique.

L’ambassadeur avait de nombreux problèmes à résoudre, et la diplomatie était probablement l’un des moins importants. Il était une figure universellement reconnue auprès de ses semblables, et, après avoir vu de ses yeux le cauchemar politique que devenait progressivement la jeune nation jaffa, avait fait son possible pour avoir le moins à faire avec le gouvernement. Le poste qu’il occupait lui permettait de conserver une influence sur l’orientation de la nouvelle puissance sans pour autant être aussi exposé que son vieux mentor, qui était forcé de côtoyer quotidiennement les intrigues de palais.
Bra’tac, pour avoir survécu jusqu’à son âge dans le système goa’uld, avait appris cet art, dont le besoin s’était vu décupler par ses opinions personnelles sur ses employeurs. Il semblait alors logique qu’il prenne en charge la lutte contre les conservateurs de Gerak.

Pourtant, malgré la confiance qu’il avait en son maître d’armes, Teal’c ne parvenait que difficilement à évacuer de son esprit les différents problèmes que connaissaient la nation Jaffa : manque de compétences techniques, attachement à des traditions dénuées de sens, absence de stratégie globale, difficulté d’adaptation du jaffa moyen à la nouvelle situation, ressentiment face à la Terre…
Son travail ne concernait que ce dernier point, mais il n’arrivait pas pour autant à accepter pleinement le fait qu’il fallait faire confiance à d’autres pour protéger d’elle-même la nation dont il avait rêvé des années durant.

Il trembla un bref instant, pris d’un vertige causé par la faim. Le passage des larves goa’uld à la trétonine se rappelait ainsi à lui, lorsqu’il oubliait que le produit, s’il remplaçait les fonctions immunitaires offertes par le symbiote, l’avait privé de nombre des attributs offerts par la créature, tel le métabolisme optimisé ou le plus faible besoin en sommeil.

L’un des premiers à connaître ce changement fondamental après une blessure grave, il en avait subi un manque de confiance en lui qui avait failli coûter la vie à son fils en plus de la sienne. Et la vérité s’était douloureusement imposée : s’il avait souffert, il avait cependant une très forte volonté, alors l’effet sur ses semblables devait être largement pire, sans compter le fait que ces derniers, contrairement à lui, ne bénéficieraient probablement pas d’une occasion de se reprendre en main.

La trétonine leur avait fait troquer l’esclavagisme contre une dépendance assortie d’une névrose.

Et Teal’c savait que son peuple avait gagné au change.



Très loin de là, une personne était cependant impatiente de voir débuter la conférence organisée par ses alliés terriens. Jonas Quinn, secrétaire général de l’Institut de Coopération Planétaire Langaran, faisait les cent pas dans son bureau, son regard ne s’attardant même plus sur la vue spectaculaire qu’offrait la baie vitrée de son bureau.
La mégapole autour de l’immeuble de l’ICPL était en constante expansion, les élites de la planète venant y trouver un emploi à la hauteur de leurs compétences et ambitions. Depuis l’attaque d’Anubis, la situation internationale avait changé, la guerre froide, un temps réchauffée, ayant laissé place à une coopération fonctionnelle, quoique moins qu’idéale.
Poussé à ce poste par les représentants des trois grandes puissances, l’ancien scientifique avait construit pas à pas le nouvel organisme, s’inspirant de l’ONU terrienne en essayant d’éviter ses travers. Le résultat, loin de correspondre à son rêve d’une planète unifiée, lui convenait sensiblement en ce sens où il avait réussi à éviter de générer de nouvelles tensions autour des avancées que promettaient la Porte… et leur relation spéciale avec la Terre.

La planète bleue était pour lui comme une seconde patrie, l’ayant accueillie et traité comme l’un des siens pendant son exil. Le fait qu’elle représente l’une des puissances les moins agressives et les plus éthiques de la Voie Lactée avait fini de le convaincre de faire signer entre les deux mondes un traité d’alliance, où chacun trouvait son compte.
En effet, Langara partageait son monopole du naquadriah, le plus énergétique des carburants de fission qui soit, en échange d’une protection contre les éventuels agresseurs et des partenariats scientifiques et commerciaux toujours plus larges.

L’introduction d’une poignée d’ordinateurs sur la planète avait révolutionné la société, qui commençait à développer les machines-outils les plus avancées que lui permettait son état technique. Et Jonas savait que d’ici une dizaine d’années se construiraient des usines capables de développer de manière autonome des équipements de qualité terrienne.
L’accord qu’il avait conclu sur ces plans apparemment obsolètes était sa plus grande fierté, puisqu’ils permettaient à sa planète de gagner des décennies d’ingénierie sans pour autant développer une dépendance face à son nouvel allié.

Il respectait la Terre, et particulièrement certains terriens, mais son objectif fondamental était d’assurer un avenir à sa planète, ses lectures lui ayant appris le sort des civilisations échangeant des ressources naturelles contre des technologies qu’elles ne savaient pas reproduire.

Non, on n’aura pas de réseau informatique avant mes vieux jours… mais Langara restera Langara, se dit-il en réfléchissant au rapport qui lui avait été fourni par son assistante. Et puis, Jack est avec moi là-dessus.
Il signa le document, confirmant la quantité de pétrole brut qui serait mise à disposition pour exportation. Bien que disposant de ressources limitées en or noir, la petite planète disposait d’une capacité d’exportation toujours croissante, grâce à ses investissements massifs dans les technologies nucléaires et à son niveau technique relativement faible. La ressource était vendue à la Terre en échange d’une part des plastiques produits, mais aussi à d’autres planètes qui voulaient se lancer dans leur révolution industrielle, espérant reproduire par elles-mêmes le miracle terrien.
Par ces ventes, Langara obtenait des ressources supplémentaires, dont la Terre ignorait encore l’existence, tout comme le réseau diplomatique qui se formait étape par étape. La mémoire photographique dont il bénéficiait avait été une ressource majeure dans une galaxie où presque toutes les bases de données d’adresses avaient disparu avec les Goa’uld.

Après tout, ça ne peut pas être mauvais pour Jack d’avoir des alliés plus puissants que prévus, se dit-il avant de reprendre sa réflexion.



Les apparences sont trompeuses.

Tel était l’un des credo de la Tok’Râ, dont les activités clandestines avaient été tout aussi importantes que les coups d’éclat de leurs alliés terriens dans la chute des Goa’uld. Ce principe se vérifiait ainsi partout, depuis les actions jusqu’aux individus eux-mêmes. La jeune femme n’était qu’une apparence, doublement trompeuse. Une première fois par Anise, le symbiote qu’elle abritait, qui partageait avec son hôtesse un esprit vieux de plusieurs siècles et rompu à la manipulation sous toutes ses formes. Une seconde par la nature de ce partage, que peu d’individus en-dehors de l’organisation parvenaient à comprendre.
L’être connu sous le nom de Freya était multiple, tenant à la fois de la femme, relativement jeune selon les critères utilisés communément pour les hôtes, comme du symbiote, bien plus âgé et expérimenté, dont la personnalité-même portait les traces de ses précédents compagnons.

Dans le jeu que jouaient la poignée d’enfants d’Egéria, la préparation, le maintien des apparences et l’exécution parfaite étaient les seuls obstacles entre un combat désespéré et la victoire finale. Cette leçon, Anise l’avait apprise, comme le démontrait son âge.

D’où son appréhension face à ce qui se préparait. Elle allait devoir, avec son hôtesse, agir à découvert, face à des personnes dont elle ignorait l’étendue des connaissances, sur un terrain qui n’était pas le sien, et qui, pour la plupart, avaient une saine méfiance d’elle. Elle connaissait les organisateurs de la conférence, ainsi que la plupart des ambassadeurs, et savait ceux-ci dignes de confiance, mais son expérience lui hurlait de ne pas se mettre dans une situation non contrôlée.

-Ne t’inquiète pas, Ani’… On sera dans l’endroit le plus protégé de la galaxie, avec des personnes qui ont besoin de nos services, et qui le savent, pensa Freya.
-Et l’endroit le plus sûr, c’est celui que personne ne connait. Aucune forteresse n’est à l’abri, je l’ai prouvé personnellement, répondit le vieux symbiote.
-A en choisir une, autant qu’elle soit gérée par les Terriens. Au moins, ils font preuve d’un peu de compétence…
-Hmpf. De toute façon, ce sont les négociations elles-mêmes qui me posent problème.
-Qui t’effraient, dis-le honnêtement, Anise.
-… Oui. Ils n’ont plus besoin de nous. La trétonine de notre propre mère leur donne tous les avantages médicaux que nous avons, et leurs renseignements vont nous dépasser, tôt ou tard. Ils ont plus de moyens, plus d’agents…
-Ne panique pas, vieille amie. Nous retomberons encore sur nos pattes, tu verras.
-Je ne sais pas, Freya, je ne sais vraiment pas. Nous n’avions jamais envisagé que le conflit puisse se terminer aussi vite. Il y aurait dû avoir nos agents partout dans les nouvelles structures. Ce système, cette galaxie… n’a pas de place pour un vieux réseau d’espions ne connaissant qu’un ennemi.
-Les règles ont changé, oui, répondit Freya. Et alors ? C’est juste une nouvelle menace. Nous allons faire comme avant : nous adapter, rester cachés et attendre le bon moment pour reprendre des forces. C’est toi-même qui me l’a appris, Ani’ : tout n’est que passager, mais la Tok’Râ reste, attend son heure, et surgit au moment opportun.
-As-tu une idée ?
-Pas pour l’instant, mais j’ai beaucoup de naïveté très rassurante, par contre.

La jeune femme sourit, les deux êtres s’accordant sur cette émotion après l’échange silencieux qui venait de se réaliser à la vitesse de la pensée, avant de se diriger vers l’anneau laissé par les Anciens.


Lorsqu’elle se rematérialisa après avoir franchi la Porte, la représentante de la Tok’Râ eut un mouvement de recul instinctif, causé par le spectacle désolé qui s’étendait à perte de vue. Les cratères, éclairés par le Soleil dans un jeu d’ombres spectaculaire, ornaient le sol de la face cachée de l’astre lunaire où la seule surface régulière était sous ses pieds. Se reprenant, elle avança d’un pas rapide mais non pressé le long de la seule zone praticable, étrange avenue éclairée par le halo du bouclier atmosphérique, vers la première protubérance dépassant du paysage. La Porte se désactiva, ôtant son éclat à la surface presque déserte de la Lune, où une seule silhouette se déplaçait dans un silence quasi-absolu, s’éloignant de l’artefact déposé à l’extérieur du complexe terrien.
Sans y penser, elle balaya du regard son environnement, à la recherche des postes défensifs que les Terriens devaient forcément avoir dans la zone qui entourait leur Porte. Son esprit s’attarda sur le champ de force jaune-orangé qui fluctuait légèrement autour de son chemin.
-Il faut au moins reconnaître qu’ils savent impressionner les visiteurs, pensa Freya.
-Effectivement, c’est une manière bien plus élégante de montrer leurs capacités qu’une simple forteresse surarmée, réplica Anise. Pas d’ornements vulgaires, juste le vide sur simple pression d’un bouton. A certains moments, je me dis que nous aurions dû leur demander beaucoup plus pour les cristaux de tunnels, vu ce qu’ils en ont fait.
Le duo avait déjà eu l’occasion de visiter une partie des installations creusées dans les roches lunaires, et les informations, tant officielles qu’officieuses, que la Tok’Râ avaient recueillies, n’indiquaient rien moins qu’une forteresse.

Une forteresse dont la construction avait été rendue aisée par les cristaux que les Terriens avaient achetés par vaisseaux entiers.

Le tumulus, qui marquait la destination de la femme marchant sur la surface lunaire, s’ouvrit pour dévoiler une plate-forme où l’attendait Jack O’Neill. Elle le voyait comme l’un des rares humains qui, non content de ne pas avoir beaucoup à apprendre des Tok’Râ, avait redoublé d’efforts pour assimiler tout ce que son alliance avec eux pouvait lui enseigner.

-Vous n’avez pas pris une ride, dit-il d’un faux air de badinage quand elle arriva à sa hauteur.
-Merci, répondit Freya, tandis que son symbiote peinait à décrypter le visage de l’homme en face de son hôtesse, pour savoir s’il faisait une référence subtile à son vieillissement retardé, à son absence d’émotions faciales, à l’un des multiples plans qu’ourdissait dans l’ombre l’ancestrale organisation secrète, ou s’il faisait juste preuve de galanterie.

La conférence avait commencé au moment où elle avait posé le pied sur la plaque, et O’Neill avait frappé fort, comme le voulait sa réputation de diplomate hors-pair.


A moins que les dix mille ans de complots, d’espionnage et de danger omniprésent n'aient, comme le prétendait la rumeur, rendus les Tok’Râ légèrement plus paranoïaques que la normale… surtout quand leur adversaire diplomatique du jour avait tendance à user de toutes ses armes rhétoriques au moment opportun. Ce qui, dans le cas de ses relations avec la Tok’Râ, correspondait à mimer le mot “Khalan“ chaque fois que les négociations tournaient à son désavantage. Un autre diplomate aurait peut-être eu la délicatesse de ne pas évoquer cet embarrassant épisode.

C'était sans doute pour cela que les Terriens n'avaient pas choisi un autre diplomate.




Les cinq jours de la conférence furent, l'un dans l'autre, à la fois aussi pénibles et profitables que O'Neill l'avait prévu.
Dernière modification par Rufus Shinra le 24 mars 2010, 23:27, modifié 1 fois.
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Il s'agit ici de la réécriture du chapitre 6.


Chapitre 06 : Sol

Au bout de plusieurs jours, Carl n’arrivait toujours pas à prendre complètement conscience de l’étendue du vaisseau qui lui servait désormais de foyer. Passant une grande partie de son temps libre à explorer les coursives du mastodonte qui reposait à proximité de la Lune, le jeune pilote se rendait péniblement compte qu’il lui faudrait probablement plus d’une semaine pour découvrir le reste des zones du Concordia qui lui étaient accessibles.
Son groupe avait été accueilli par un homme dont il avait vu le nom et le visage dans ses cours sur l’histoire du Programme. Le général Mitchell, qui dirigeait apparemment l’ensemble de l’aviation embarquée du navire et de ses escorteurs, était, à en croire ses instructeurs, une légende en soi, pilote ayant pris un temps la tête du commando le plus respecté de la galaxie avant de retourner vers les cockpits. Il était, selon les rumeurs, l’un des principaux artisans du premier vaisseau entièrement dédié au combat par chasseurs interposés, et avait refusé des postes plus prestigieux pour être à bord de l’engin.

Carl le comprenait parfaitement, et ne pouvait qu’approuver une telle décision, alors qu’il marchait dans l’un des multiples hangars. Ce dernier, grand hall grisâtre, abritait une quarantaine d’appareils d’apparence semblable, les uns arrimés au fond de leurs baies individuelles, les autres entourés de techniciens et d’ingénieurs s’affairant à leur maintenance. Il reconnut son chasseur d’un coup d’œil, bête étranges dont l’un des moignons d’aile était examiné par un groupe d’hommes et de femmes aux tenues colorées. Pris d’une brève inquiétude, il s’arrêta brusquement avant de reprendre son chemin, se rappelant ce que ses instructeurs lui avaient dit et répété, qu’il devait avoir confiance en ces professionnels, sans quoi il ne pourrait jamais dormir. Passant devant le petit appareil, il prit quelques instants pour discuter avec les mécaniciens avant de repartir vers sa destination, l’hôpital principal.

Plus encore que pour les derniers porte-avions qui croisaient sur les océans terriens, le Concordia était une véritable ville, dont l’autonomie ne devait pas pouvoir être prise en défaut dans ses missions. Celles-ci, depuis que la Terre n’était plus sur le qui-vive d’une nouvelle attaque Goa’uld, s’étaient fortement élargies, passant du combat pur au traditionnel rôle politique et diplomatique qui incombait aux marines militaires. Ainsi, le porte-astronefs se doublait d’un énorme navire de transport apte à ravitailler ses escorteurs ou à donner à la Terre une capacité logistique que n’offrait pas le réseau de Portes.


Quelques dizaines de mètres plus haut, le centre de commandement du navire, le CIC, était pour la première fois de son histoire entièrement rempli, alors que commençaient les ultimes préparatifs de départ. Les différents opérateurs surveillaient leurs consoles respectives, sachant que le vol inaugural du nouveau vaisseau-amiral de la jeune flotte terrienne se devait d’être absolument parfait, aussi bien pour des questions de fierté que pour le prestige-même de leur planète auprès des autres puissances.

A proximité de la cuve holographique où flottaient la Lune et les différents contacts fournis par les détecteurs voisins, le capitaine de vaisseau Li Ha Tran suivait avec appréhension le cours des évènements. Vétéran des forces sous-marines chinoises, il avait fait partie du premier contingent envoyé dans le Programme par son pays, affecté à l’un des croiseurs de seconde génération qui composaient le gros des forces spatiales.
Sa promotion à ce poste était, il le savait, partiellement due au jeu politique qui perdurait entre les membres du Conseil de Sécurité, mais pas uniquement, loin de là. Sa compétence avait été prouvée suffisamment souvent au cours de ses affectations pour se voir offrir un commandement, quand, après huit mois à peine à la tête du Ulysse, il avait été rappelé sur Terre.
Ayant craint une disgrâce politique, il n’avait compris que récemment la raison de sa mutation à la tête du premier porte-avions chinois, sur lequel il avait passé plusieurs années. Celui-ci lui avait permis de se familiariser avec le vaisseau dont le commandement venait de lui échoir.
Le Concordia lui semblait être une improbable fusion de ses différents commandements : sous-marinier dans l’âme, il s’était adapté sans mal aux contraintes particulières des vaisseaux spatiaux, tandis que le Sun Tzu lui avait appris à voir les problèmes tactiques sous un angle indirect.
Pour autant, sa tâche était complexe, puisque c’était à lui, comme aux autres officiers de commandement à bord du navire, le général Mitchell et l’amiral Wulfe, d’établir les premiers éléments d’une doctrine aussi nouvelle que son vaisseau.

Les appareils individuels, historiquement les parents pauvres du combat spatial sous l’ère Goa’uld, avaient connu un bond quantique en terme de capacités lorsque les Terriens, ignorants de l’évidente inutilité du chasseur contre le croiseur, s’étaient mis en tête de faire du premier une arme mortelle contre le second. Pressés par la nécessité, les scientifiques et ingénieurs des premières années du Programme avaient dû trouver une solution pour faire des deux uniques chasseurs goa’uld récupérés une arme défensive pouvant mettre à mal des vaisseaux faisant plusieurs milliers de fois leur taille.

Le résultat avait été un bricolage impliquant des générateurs de boucliers volés, des idées aberrantes, de nombreuses nuits blanches et de l’huile de coude. Les premiers missiles anti-vaisseaux terriens, surnommés “torpilles“, étaient lourds, peu manœuvrables et nécessitaient des conditions de tir aussi idéales qu’inatteignables pour franchir les boucliers des Ha’Tak d’Apophis. L’évolution était tout de même de nature à bouleverser la guerre spatiale comme les porte-avions avaient à leur époque détrônés les cuirassés. Et c’était à lui, premier capitaine du premier vaisseau construit autour de ce concept, que revenait la responsabilité d’en démontrer la validité.

-Rapport ingénierie, demanda-t-il en se tournant vers une section du CIC.
-Générateurs 1 à 11 activés, alimentation électrique optimale, lui répondit le lieutenant en charge du groupe d’opérateurs. Les propulseurs ont commencé leur cycle d’activation et se sont synchronisés avec les compensateurs inertiels.
-Très bien, continuez les préparatifs. Activation des propulseurs à onze heures cinquante-huit.
Il balaya du regard les emplacements des multiples caméras du CIC, sachant parfaitement que les regards des principales autorités politiques et militaires de sa planète natale allaient peser sur lui tout au long des manœuvres inaugurales du nouvel appareil. Chacun de ses gestes, chacune de ses paroles, serait enregistrés, et seul le professionnalisme pouvait y transparaitre.


Tout le personnel navigant de l’escadre embarquée était réuni dans une salle de briefing pour la première fois remplie. Carl, situé sur l’un des côtés, suivait avec attention le briefing donné par Mitchell.
-A midi pile, le Connie va décoller, et on va faire la même chose. L’escadron Reaper entamera son vol acrobatique, tous les autres resteront en formation aux positions prévues, sauf Nova, qui restera en alerte 5 pendant toute la cérémonie. A T plus cinq minutes, tout les appareils en vol se remettront en formation de parade jusqu’à T plus quinze, où les escorteurs nous rejoindront. Ensuite, si personne n’a fait le con, on rentre au bercail et on profite d’une semaine de tourisme.
Un hologramme s’afficha, montrant la Lune en orbite et les vaisseaux à proximité du point de Lagrange dans son ombre.
-Vous avez les cartes de navigation dans vos PDA et dans les ordinateurs de vol, reprit-il. Comme d’hab’, interdiction absolue de sortir du cône d’ombre lunaire. Je n’ai pas envie qu’un abruti d’astronome amateur prenne une photo d’un de mes pilotes, alors gardez le calque de navigation dans les cockpits. La répartition pour les CAP de la semaine est affichée à la sortie. Je veux tout le monde dans les cockpits à H moins dix. Rompez.


Une heure plus tard, le cockpit opaque se refermait sur l’habitacle, enfermant ses deux passagers dans une brève obscurité, pendant l’instant précédant l’activation des écrans tout autour d’eux. Carl vit le hangar apparaitre autour de lui, les formes familières annotées automatiquement par l’ordinateur de contrôle. Il eut à peine le temps de fixer son harnais que la nacelle vibra, soulevée par un plateau.
En une poignée de secondes, le module de pilotage et de survie fut amené au niveau du chasseur, s’y verrouillant avec un bruit sourd.
-Connexion confirmée. Tous mes systèmes fonctionnent, dit le copilote.
-D’accord, pareil chez moi, répondit Carl avant d’appuyer sur un bouton de son tableau de bord. Contrôle, ici Halcyon, tout est paré.
“Bien compris, Halcyon. Restez en attente,“ répondit une voix dans les haut-parleurs.
-Alors ? lui demanda son copilote, qu’il avait rencontré pour la première fois à son arrivée à bord. Pas trop stressé de passer devant tous les gradés ?
-Un peu, mais bon, ça va juste être un vol en formation ? Je ne vois pas ce qui pourrait…
-Stop !
-Quoi, demanda-t-il en se retournant.
-Ne prononce jamais ce genre de phrase, ça attire les emmerdes comme pas possible.
-Hmm…, si tu le dis.
“Halcyon, ici contrôle. Vous avez le feu vert, dirigez-vous vers la catapulte 6. Terminé.“
-Bien compris, contrôle. Terminé, répondit-il avant de couper la communication. C’est parti…

Un homme arriva en face du chasseur et se tourna vers l’engin d’un noir mat avant de lui faire signe d’avancer.

Obéissant avec précision aux commandes de son pilote, l’intercepteur sortit lentement de sa zone d’entretien, pour rouler vers l’un des couloirs d’accès aux baies de lancement.




Sans concertation, tous les nouveaux membres d’équipage du Concordia s’étaient retrouvés dans les heures suivant la fin de la cérémonie à la proue du vaisseau. Celle-ci abritait l’un des rares postes d’observation du navire de guerre, bulle de polymères transparents rajoutée par-dessus la coque externe. Les rares conversations qui se tenaient étaient chuchotées dans la semi-obscurité, alors que la vue qu’offrait la vitre panoramique était dévorée en silence par les techniciens, pilotes, infirmiers, cuisiniers, administrateurs et autres militaires pour qui le porte-astronefs représentait un rêve qui écrasait tout ce dont ils avaient jamais pu rêver.
Carl faisait partie de cette foule béate, reconnaissant telle ou telle constellation dans la nuit étoilée, ne remarquant plus les discrètes fluctuations du bouclier qui assurait sa sécurité. Il avait déjà été sur la Lune, dans l’espace, et même aux commandes de son propre appareil, lors de sa formation ou encore de la cérémonie qui venait de s’achever plus tôt. Mais rien n’atteignait le sentiment de plénitude, de perfection, qui le submergeait à présent.
Les points qu’il voyait, planètes proches et étoiles lointaines, étaient sa prochaine destination comme pouvait l’être une ville sur une carte.
Vénus dans six heures, Mars demain… merde… comment… comment est-ce que j’ai fait pour vivre avant ? pensait-il, comme les hommes et femmes autour de lui.

Regardant autour de lui, il ne vit que des regards de personnes qui ne savaient toujours pas si elles vivaient un rêve ou bien si les années passées à l’Académie étaient bien réelles. Le jeune homme reconnaissait ces émotions facilement, les ressentant aussi.

Puis, d’un coup, le charme se brisa quand son attention fut attirée par un point brillant traversant son champ de vision comme une étoile filante. Il devina l’une des patrouilles de la CAP, qui devait probablement rentrer à bord pour se faire relever, et la vision lui rappela brutalement que là où il était, tout était loin de n’être qu’ordre et beauté. La Terre elle-même n’avait survécu que parce qu’elle avait eu beaucoup de chance, et son statut privilégié était, il le savait, loin d’être assuré. Cette Histoire, qu’il avait étudié avec fascination pendant les quelques années à l’Académie, il la voyait tout autour de lui désormais. L’officier en charge de l’aviation embarquée avait mené l’assaut lors de la bataille de l’Antarctique et avait été à la tête de la mission de renseignements qui avait permis la défaite de Ba’a lors de la troisième bataille de Dakara. Son copilote avait pris part à une escarmouche contre des vaisseaux Wraith lors de son séjour sur Atlantis. Chacun ou presque avait son histoire, et Carl avait l’impression d’avoir été brusquement plongé dans un film de science-fiction transposant la seconde guerre mondiale dans l’espace.
Sauf qu’il n’y avait pas d’Ennemi à vaincre. Juste une foule d’individus avec des intérêts très variés et des moyens colossaux.

En silence, il se retourna et rentra dans le sas menant à l’intérieur du vaisseau, qui croisait en propulsion conventionnelle dans le système solaire, loin de tous les regards.



-Bienvenue en enfer, annonça posément le major en charge des nouveaux, indiquant l’hologramme de Vénus qui flottait dans la salle de briefing.
La planète n’était la jumelle de la Terre que dans le sens le plus large et le moins précis possible du terme, son atmosphère habitant régulièrement les cauchemars de tous les concepteurs de combinaisons en milieu hostile qui travaillaient pour le Programme.
-Ce genre d’endroit, c’est la merde. La merde parce que si vous vous éjectez, vous ne survivrez pas plus de quelques minutes, le temps que les filtres de la combinaison soient bouffés. La merde, parce que si vous rentrez à bord, vous prendrez une cinquantaine de coups de pied au derrière de la part de techniciens qui vont passer leur semaine à réparer votre chasseur. La merde, parce que les engins Goa’uld et assimilés volent sans problème dans ce genre de purée de pois.
Il laissa les informations être assimilées avant de continuer.
-Le bon point, c’est qu’on a les SWACS.
L’hologramme bascula sur un vaisseau anguleux, d’une taille légèrement plus grosse qu’un Tel’Tak.
-En plus de vous fournir des bons capteurs, un contrôle de tir et une propulsion hyper, ces jolies bêtes ont un bouclier atmosphérique. Un vrai. Traduction pour vous, aujourd’hui, vous allez tous passer au moins six heures dans l’atmosphère de Vénus pour quelques exercices de poursuite de cible, avec l’un de ces gentils engins. Si vous restez à moins de cent mètres en permanence, vous aurez le droit au filtrage et ça ira. Si vous sortez de la bulle… je me ferai une joie d’aider nos amis du service de maintenance à vous apprendre le respect du matériel.

Carl se redressa dans son siège, suivant le briefing, alors que le major donnait les détails des engagements simulés qui allaient prendre place dans l’atmosphère corrosive, entrecoupant ses explications d’exemples tirés de ses propres expériences dans des conditions similaires.
-Je sais que vous avez déjà fait quelques vols en atmosphères, mais jamais dans ces conditions, alors écoutez-moi bien. Vos chasseurs ne sont pas prévus pour voler dans ce genre de merdier. Les contrôles sont prévus pour simuler ceux que vous auriez dans un vrai avion, mais c’est juste ça : une impression. Ca veut dire que vous devrez faire gaffe. Les manœuvres de retournement sont possibles, mais pas aussi vite que dans le vide, sans ça la carlingue se cassera en deux. Pas de raccourcis, faites ce que vous avez appris à l’entraînement, et on évitera d’avoir des morts dans la première semaine. Les cinq meilleurs aujourd’hui commenceront leur formation sur le Wyvern, l’escadron atmosphérique a besoin de viande fraiche.
Il conclut en laissant une représentation du chasseur atmosphérique remplacer la corvette de contrôle dans la cuve holographique. Carl avait aperçu la douzaine de chasseurs dans l’un des hangars. Au contraire de son appareil, les Wyvern avaient de vraies ailes, à géométrie variable, et des entrées d’air. Leur forme élancée était, pour l’œil averti, un croisement entre les différents chasseurs les plus modernes de la fin du XXème siècle. Absolument inutile dans le vide, il était cependant conçu pour écraser toute opposition à l’intérieur d’une atmosphère respirable, qu’il soit lancé depuis le Concordia ou bien depuis le SGC, ses ailes repliées lui permettant de franchir la Porte.
Pourtant, s’il correspondait en apparence au fantasme de tous les pilotes, Carl n’arrivait pas à l’apprécier, le considérant comme trop limité de par sa fonction-même. Le jeune homme pouvait faire avec son chasseur des manœuvres totalement impossibles pour un appareil atmosphérique, avait une souplesse de contrôle que seul le vide pouvait offrir et, tout simplement, ne pouvait plus se passer du paysage que lui offraient les étoiles.


De retour d’un vol éprouvant dans l’atmosphère dense de Vénus, les différents pilotes suivirent tous le même chemin en sortant des vestiaires, celui d’une des salles de détente qui, en quelques jours, avait été plébiscitée par l’ensemble du personnel navigant. La pièce, devenue de facto une annexe réservée aux pilotes et aux opérateurs des appareils hébergés par le Concordia, était d’une taille étonnamment grande pour un vaisseau de guerre. Une poignée d’écrans venaient amener les informations de la semaine, dans un programme qui se résumait à un montage de journaux télévisés de différentes chaînes d’envergure planétaire. Carl, par réflexe, regarda rapidement les premiers titres, et, voyant qu’ils parlaient toujours de la crise pétrolière qui légitimait la transition énergétique en cours depuis quelques années déjà, reporta son attention sur la foule.

Les tables étaient pour la plupart occupées, et le jeune pilote remarqua rapidement que les nouveaux tels que lui avaient tendance à rester ensemble, tout comme les vétérans. Ceux-ci constituaient l’écrasante majorité des pilotes, apparemment mutés depuis les divers croiseurs identiques à ceux qui escortaient le vaisseau. Il s’était rendu compte les premiers jours que si l’ambiance était bonne, ses supérieurs avaient tendance, lors de leur temps de repos, à rester dans des groupes fermés. A en juger par les propos qu’il avait pu entendre au détour d’une conversation, la plupart des chefs d’escadrons, et leurs seconds, avaient servi sur le Prométhée avant sa retraite comme vaisseau-école.
Ca devait être quelque chose, d’aller au combat dans un vaisseau aussi bizarre… se dit-il en repensant à l’engin qui avait servi de navire-amiral à la Terre, où des radars du début de la guerre froide côtoyaient des ordinateurs de navigation recyclés du programme Apollo, le tout armé avec les derniers modèles de missiles et de canons.

Instinctivement, il tourna la tête vers l’un des murs où étaient suspendues des photos des divers vaisseaux terriens, et regarda celles du Prométhée. Une grande partie des clichés avaient été pris depuis les appareils embarqués, lors des voyages de l’ancêtre des croiseurs actuels, lorsqu’il avait fait la première exploration exhaustive du système solaire, quelques mois après la bataille de Dakara.

L’équipage d’alors s’était offert, avec la bénédiction du colonel Carter, un voyage à la motivation plus touristique que scientifique près de chacun des astres notables proches de la Terre. Depuis, dans la mesure du possible, chaque vaisseau commençait sa vie par ce même trajet, un rituel que ne regrettait absolument pas Carl.

Deux jours plus tard, la salle d’observation était à nouveau remplie, avec une foule identique à celle du premier jour, alors que Jupiter grossissait à l’œil nu, quittant la voute céleste pour s’imposer dans sa majesté aux nouveaux arrivants et, par caméras interposées, à une grande partie du reste de l’équipage.

Le cap avait été calculé de manière à arriver face au gigantesque ouragan qui marquait la géante gazeuse, et l’effet n’en était que plus spectaculaire, alors que le mastodonte, soudain devenu nain insignifiant, commençait à s’insérer en orbite au-dessus d’Europe.
Les différentes personnes présentes étaient divisées entre celles qui continuaient à fixer la sphère de gaz qui aurait pu donner naissance à une seconde étoile et celles qui admiraient la lune de glace qui s’étendait désormais à quelques centaines de kilomètres sous leurs pieds.


Carl, lui, profitait déjà de la vue que lui offrait l’écran qui constituait la quasi-totalité du cockpit, où se superposaient images extérieures et informations tactiques. Lone Wolf, son chef de groupe, avait profité de la présence voisine d’une sonde lancée depuis la Terre quelques années auparavant pour réaliser une série d’exercices d’attaque.

A quelques dizaines de minutes-lumière de là, le personnel de la NASA se voyait offrir une nouvelle raison de s’agacer, alors que les capteurs particulièrement sensibles du module devaient être désactivés pour ne pas être irrémédiablement endommagés par l’afflux d’énergie des radars et lasers de détection utilisés par les vaisseaux voisins. Sans compter les infimes modifications qu’allait connaitre la trajectoire balistique de l’engin, perturbée par les masses voisines, erreurs qui alimentaient des pseudo-débats sur les corrections à appliquer à la mécanique newtonienne et relativiste, débats qui étaient autant d’heures supplémentaires pour les agences spatiales terriennes.

-Carl, dit son chef de groupe par laser de communication, à ton tour. Approche rapide, glissade Shelton et manœuvres évasives.
-Bien compris, capitaine, répondit le pilote, en activant d’un geste son ordinateur de visée.
Exécutant les tâches habituellement réservées au copilote, il rentra la brève série de commandes indiquant à son chasseur de faire pivoter la tourelle frontale vers sa cible. Celle-ci était à présent entièrement modélisée et analysée par le balayage de lasers qui, en combat, pouvaient être utilisés pour ôter automatiquement et définitivement la vision à tout appareil utilisant encore un cockpit transparent, une fois que leurs pilotes étaient reconnus par les optiques du chasseur terrien.
En une fraction de seconde, la structure interne de la cible fut traitée par un logiciel spécialisé, qui en détermina les forces et faiblesses structurelles, et ajusta en conséquence l’angle du canon rotatif et l’énergie affectée à ses accélérateurs électromagnétiques.
D’une pression, le pilote décocha une rafale simulée, alors que son appareil, en vol balistique modifié par une série d’impulsions aléatoires de ses propulseurs de manœuvre, esquivait les tirs qui seraient venus d’une vraie cible.
La palette de senseurs et d’ordinateurs décréta moins d’une minute plus tard la destruction aussi virtuelle qu’intégrale de la sonde, alors que son bourreau ne l’avait pas approché à moins d’une centaine de kilomètres et reprenait déjà sa place dans la formation à laquelle il appartenait.


Une voix se détacha du murmure qui parcourait continuellement le CIC du porte-astronef :
-Réception d’une transmission Flash en provenance du SGC, annonça le responsable des communications. Le commandant se rapprocha du pupitre de l’homme, alors que le message était imprimé.
-Confirmez la réception, quartier-maître, dit-il en prenant la feuille.
Le quadragénaire se mit à lire le message, et fronça les sourcils. Il prit son communicateur et appuya sur l’un des boutons de raccourci, qui envoya un message préenregistré à une liste de contacts.
-Bon, et bien on peut dire adieu à la balade, murmura-t-il avant de se diriger vers l’un des micros et de le régler sur le réseau général.


Au moment où Carl franchit entra dans la salle, la sonnerie du haut-parleur se mit à retentir au travers du vaisseau, suivi d’un appel :
-Attention, attention. Nous sommes en alerte orange. Tout le personnel à son poste, je répète, tout le personnel à son poste. Ceci n’est pas un exercice. Les officiers navigants sont appelés en salle de briefing numéro deux pour onze heures zéro-zéro. Préparez-vous pour un saut hyperspatial dans quinze minutes.
-Et merde… lâcha le jeune pilote en se retournant, avant de se diriger d’un pas rapide vers la destination indiquée par l’annonceur.
Derrière lui, le mess se vidait rapidement, alors que le voyage inaugural du Concordia s’achevait plus tôt que prévu, comme pour la majorité des vaisseaux terriens avant lui.


L’alerte ne sonnait pas, mais tout le monde autour de lui agissait comme. L’amiral Wulfe, qui avait le commandement de l’escadre en vue de sa première patrouille, à but diplomatique, était sorti de sa cabine quelques secondes à peine après avoir reçu le message préenregistré. Les matelots comme les officiers s’écartaient sur son passage, lui donnant un salut bref sans s’arrêter, auquel il n’avait pas le temps de répondre. A moins d’une minute de ses quartiers se trouvait l’un des ascenseurs qui parcouraient le navire de part en part. Celui-ci, cependant, avait sur son bouton d’appel un scanner biométrique particulièrement précis, qui identifia l’officier le plus haut gradé du vaisseau en une fraction de seconde, appelant la cabine l’instant après que Wulfe eut appuyé sur le dit-bouton.

Il arriva alors rapidement à sa destination, le poste d’état-major. La salle, de grande taille, comprenait une copie simplifiée du CIC, qui permettait à l’officier en poste de suivre les mouvements de son vaisseau-amiral, mais aussi un réseau d’alcôves entourant une cuve holographique sensée représenter la situation tactique ou stratégique sur laquelle les décisions devaient être prises.
-Amiral sur le pont, aboya l’officier de quart, une femme d’une trentaine d’années spécialiste des tactiques militaires jaffa.
-Repos, dit-il brusquement avant de se rendre vers son pupitre.
S’identifiant par empreinte biométrique, il vit que le commandant lui avait envoyé une copie du message qui avait justifié l’agitation à bord. Il le parcourut, puis se retourna vers l’officier de quart.
-Susan, préparez-moi les cartes du secteur…, commença-t-il en reportant son regard sur la partie du message référençant sa destination. Du secteur Sierra-Mike-Charlie huit-deux-huit. Avec un rapport rapide des forces en présence.
-Bien monsieur, répondit-elle en se dirigeant vers l’un des ordinateurs.
Il parcourait depuis quelques minutes les annexes au document, photos et rapports, quand l’ascenseur s’ouvrit à nouveau, laissant entrer une demi-douzaine d’officiers, dont certains terminaient apparemment de fermer leur uniforme.
-Très bien, tout le monde, leur dit-il alors qu’ils s’approchaient. Nous venons de recevoir notre première mission. Le SGC est tombé lors d’une de ses missions de reconnaissance sur une situation anormale. Apparemment, plusieurs planètes ont subi une attaque nucléaire intensive dans ce secteur du Petit Nuage de Magellan.
Rentrant une série de commandes sur l’écran tactile, il fit s’afficher dans la cuve les cartes qui venaient de lui être fournies par le lieutenant qui balayait les archives sur l’état politique et militaire du secteur.
-Cela va être une opération conjointe entre le SGC et nous. Nous allons fournir un soutien logistique et nos capacités de surveillance en espace profond pour déterminer l’origine de ces attaques. Comme indiqué, nous partons en hyper dans moins de dix minutes. Inoue, les stocks sont-ils opérationnels ?
-Oui monsieur, répondit le lieutenant qui supervisait pour l’état-major les aspects logistiques de la flotte. Nous avons de quoi tenir plusieurs jours de combat intensif si nécessaire, et six mois de navigation autonome.

Son moniteur émit un petit son, accompagné d’une fenêtre indiquant un appel et son origine.
-Je vous ai envoyé un mémo avec notre destination prévue. Occupez-vous d’organiser l’escadre, réunion dans trente minutes, conclut-il en appuyant sur l’écran pour accepter la communication.
Le visage de Mitchell apparut sur l’écran, l’agitation du CIC se poursuivant derrière lui.
-Vous avez reçu le message, amiral ? Qu’est-ce qu’il se passe ?
-Aucune idée, Shaft, répondit-il en utilisant le nom de guerre de son CAG. J’ai eu la même chose que vous. De toute façon, je vais demander une communication avec Carter dès qu’on sera sur place. En attendant, préparez vos pilotes, je vais faire stopper l’escadre deux années-lumière avant le point prévu pour pouvoir dispatcher une patrouille pour préparer notre arrivée.
-Pas de problème, monsieur. Je vais donner les ordres.

Sans un mot de plus, le pilote mit fin à la communication et se rendit dans la pièce voisine, qui abritait la salle de contrôle qui lui permettait de coordonner les efforts des appareils embarqués par tous les vaisseaux de l’escadre. Son second, le colonel Ethelbert, était occupé à rassembler les dernières informations sur l’état des chasseurs en vol et dans les hangars, alors que les contrôleurs géraient la série d’appontages, suivant les quelques engins sur une série d’affichages ésotériques que seuls les initiés pouvaient comprendre.
-Zach, dit-il en se rapprochant de son second, des problèmes ?
-Non, monsieur, dit l’officier supérieur en se retournant. Un ou deux retards, mais tous les appareils devraient être rentrés avec assez de marge pour être tranquilles.
-Très bien, on va en salle de briefing, alors. Oh, et puis, tant qu’on y est, jette un coup d’œil à ça, dit-il en lui tendant une copie du message. Ca va t’amuser.

L’officier britannique ne fut pas amusé.
Dernière modification par Rufus Shinra le 09 avr. 2010, 21:54, modifié 1 fois.
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Chapitre 07 : Appréhensions

Le SGC était un endroit étonnamment paisible, une fois que l’on apprenait à intégrer son activité incessante à la routine. Pour Shanti Bhosle, toute nouvelle recrue de l’équipe SG-22, la transition était loin d’être terminée, alors qu’elle s’habituait progressivement à cet environnement qu’elle voyait pour la première fois en tant que membre à part entière de la base lunaire.
Appartenant à l’une des équipes qui étaient le fer de lance de la puissance diplomatique et militaire terrienne, les responsabilités pesaient d’autant plus sur elle qu’une part considérable du travail réalisé par la base enterrée consistait à permettre à ces groupes de remplir leurs missions.

La structure offerte par le réseau de Portes était en effet défavorable aux attaques frontales, puisque les assaillants devaient passer par un goulet d’étranglement aisément défendable. Une telle situation s’était cependant révélée facilement exploitable par toute puissance à l’approche plus subtile, pour qui il était bien moins intéressant de mourir pour ses idéaux que de faire le nécessaire pour que ses ennemis meurent pour leurs idéaux. Les actions des premières unités SG avaient démontré de manière spectaculaire la validité du concept de commando dans la lutte contre les forces Goa’uld, et les équipes s’étaient multipliées pour répondre aux besoins croissant de la Terre en termes de renseignements et d’opérations politiquement incorrectes. La jeune femme faisait partie d’une équipe de reconnaissance en force, dont la mission était de recueillir les renseignements, bien le plus précieux qui soit, tout en restant capable de neutraliser par ses propres moyens d’éventuelles unités de patrouille.

Rentrant dans l’un des ascenseurs, elle sélectionna l’étage où était la salle de briefing indiquée dans le message que les membres de l’équipe avaient reçu quelques heures plus tôt, et patienta avant de pouvoir ressortir. Le couloir devant elle menait aux salles de contrôle d’où la base militaire pouvait gérer le soutien qu’elle fournissait au besoin à ses commandos en mission.

Elle tourna à l’une des intersections et reconnut, devant l’une des salles de briefing, le trio qui constituait avec elle SG-22. Sa seconde famille, avec qui elle allait commencer sa première véritable mission de terrain, et avec cette dernière viendrait un privilège qui justifiait à lui seul de participer au Programme. En effet, lorsque, pour la première fois, la Porte avait été utilisée avec un DHD et non son ridicule équivalent humain, un effet secondaire s’était manifesté, qui avait infiniment facilité le travail des équipes d’exploration. Lors de sa première rematérialisation, l’organisme du voyageur se voyait légèrement modifier par le système de contrôle Ancien, qui insérait dans son système cérébral une série de modifications qui permettait une compréhension instinctive des langues parlées par suffisamment d’autres voyageurs du Réseau. Le phénomène s’était manifesté initialement chez l’équipe SG-1, qui avait préféré garder le silence à ce sujet. Le colonel Jack O’Neill, connaissant l’efficacité et l’expérience du seul civil à avoir jamais passé la Porte, ne désirait pas donner à ses supérieurs une raison de l’évincer du Programme, ce en quoi il fut rapidement imité par les autres membres du SGC.

Les supérieurs en question eurent vent de l’affaire, lorsque la fille d’un membre de SG-6 présenta l’exceptionnelle compréhension des langues offerte par l’artefact Ancien. Mais à ce moment-là, le docteur Jackson s’était révélé être, comme le reste de SG-1, l’un des piliers du Programme, et, par la même occasion, de la survie de la Terre elle-même.

La jeune femme s’arrêta devant Samuel Maltez, l’officier en charge de son équipe, et, avec un stress visible, elle le salua. Il lui rendit son salut avant de répondre :
-Bonjour, lieutenant. Prête ?
-Ou… oui, monsieur.
-Tant mieux, répondit-il avec un léger sourire rassurant avant d’indiquer la porte voisine. On y va.

Le groupe entra dans la pièce, où les attendaient un petit groupe d’officiers, apparemment dirigés par un colonel.

Après que les quatre arrivants se soient installés, le colonel commença à parler :
-Il y a douze heures, une de nos sondes automatiques est arrivée, après son passage par la Porte, dans une zone fortement irradiée. Selon les premières analyses, l’atmosphère contient une forte densité de radioéléments produits par des armes nucléaires radiologiques.
L’un de ses assistants afficha sur l’écran une photo accompagnée de graphes indiquant la composition de l’atmosphère et mettant en valeur les éléments en question.
-SG-18, continua-t-il, a procédé à une reconnaissance des zones proches de la Porte, et, à l’aide de drones, a confirmé que la zone dangereuse s’étale sur au moins cent vingt kilomètres de manière uniforme. Deux heures plus tard, une seconde mission d’exploration, équipée de moyens lourds, a effectué une surveillance orbitale indiquant que l’ensemble de la planète P8H-451 a été rendue inapte à la vie par une ou plusieurs armes radiologique de forte puissance.
Il laissa le groupe absorber l’information, alors qu’une nouvelle série d’images s’affichait derrière lui, indiquant les niveaux de radiation sur l’ensemble de l’astre désormais stérilisé.
-Huit heures plus tard, un MALP envoyé sur une planète d’un secteur voisin dans le Petit Nuage de Magellan nous a rapporté des mesures similaires au premier. Cependant, il a repéré à quelques dizaines de kilomètres de la Porte des signes de civilisation. Votre mission sera de vous rendre sur place et de procéder à une reconnaissance tactique avant de prélever des échantillons d’air, de sol et d’eau. Mêmes règles que d’habitude pour les artefacts : vous signalez, localisez, prenez en photo, et on voit ce qu’on fait au débriefing, mais, consigne standard, on ne touche rien. L’opération a une durée estimée de deux heures.
Le lieutenant Campbell, pilote formé à l’utilisation des Jumper et des appareils Goa’uld qu’une équipe comme la leur pouvait être amenée à “obtenir“ en mission, demanda, après autorisation du colonel :
-Est-ce qu’on a des traces de survivants ?
-Rien pour l’instant, lieutenant. Les techniciens reconfigurent un satellite de surveillance pour avoir une vision globale de la situation. On en saura plus dans un ou deux jours, mais pour l’instant, SG-22 sera notre principale source d’informations sur ce qui s’est passé là-bas. Si vous trouvez quelqu’un, prévenez la base dès que possible, on enverra une équipe de sauvetage les aider à revenir à la Porte sans risque si ce sont des autochtones.
-Et, demanda Vernil, le spécialiste en démolition de l’équipe, si nous tombons sur les auteurs de l’attaque ?
-Rassemblez des informations si possible, mais la priorité est de retourner au SGC sans vous faire repérer.
-D’accord, mon colonel, conclut Maltez. Qu’est-ce qu’on a comme soutien en cas de problème ?
-Si vous avez besoin d’un soutien aérien, on peut vous envoyer un drone d’attaque, mais rien de plus, dit-il en faisant référence aux avions sans pilote qui constituaient le système de combat le plus réactif du SGC. Nous n’avons aucune idée de ce qui a causé cette catastrophe, et le commandement préfèrerait que nos propres capacités restent floues pour un éventuel agresseur. D’autres questions ?
Voyant l’ensemble du groupe répondre par la négative, le colonel reprit :
-Départ depuis le hangar cinq dans une heure, j’ai fait transférer les données de navigation dans les ordinateurs de vos combinaisons et de votre véhicule. Rompez.

Aussitôt qu’ils furent sortis de la salle de briefing, les membres de l’équipe se tournèrent vers leur supérieur.
-Mon commandant, hésita Shanti, qu’est-ce que vous pensez que ça peut être ?
-Je n’en sais pas plus que vous, lieutenant, répondit l’intéressé. Je n’ai été prévenu qu’il y a quelques heures à peine, et on ne m’a pas dit grand-chose de plus qu’au briefing.
-Une attaque comme ça, quand même, dit Campbell, il n’y a pas grand-monde qui peut la faire.
-Franchement, je ne sais pas. Ca pourrait être le Trust qui refait surface pour une raison obscure, un Goa’uld en manque de génocide, la soi-disant “Alliance“ Luxienne qui fait des tests, ou quelque chose d’autre. Le problème, lieutenant, répondit-il en prenant un air las, c’est qu’il y a beaucoup de monde qui a l’état d’esprit et les moyens pour faire ce genre de saloperies. Tout ce qu’on peut faire, c’est récupérer les échantillons et voir si quelqu’un est resté derrière.
-Fantastique, lâcha Vernil. Une fois de plus, on est envoyés dans un coin ultra-dangereux, sans la moindre info, et sans soutien, c’est bien ça ?
-On a tous signé pour ça, alors faut pas se plaindre, répliqua le commandant. Allez, on n’a pas beaucoup de temps pour se préparer, alors au boulot.

Le second SGC avait été conçu dès les premiers plans pour être aussi difficile que possible à investir. Sa Porte donnait sur le vide spatial, était lourdement défendue, et chaque niveau pouvait être scellé de manière très aisée. De trop nombreuses personnes s’étaient fait inutilement tuer par la faute d’une configuration défensive absurde qui était due au statut même de la base de Cheyenne Mountain : un centre de commandement et non pas une base sur un front potentiellement ouvert à des envahisseurs extraterrestres.

La nouvelle installation, au contraire, tenait du bunker, chaque couloir abritant dans ses murs des systèmes de défense mortels et non-mortels, tandis que des râteliers d’armes étaient régulièrement disposés dans les étages.
Cependant, au sein de ce bunker se trouvaient plusieurs forteresses, parmi lesquelles l’arsenal. Celui-ci était, si l’on exceptait les vaisseaux de guerre en patrouille, la troisième puissance nucléaire mondiale à lui tout seul, tandis que ses réserves conventionnelles auraient fait honneur à l’Armée Rouge.

Ainsi, malgré leur statut particulier, les quatre membres de l’équipe SG-22 durent passer par plusieurs séries de contrôles d’identité biométrique, sous la surveillance de gardes pour lesquels le recours à la force était moins une recommandation qu’un mode de vie.

Une fois arrivés dans l’une des salles réservées à l’infanterie, un sergent particulièrement méfiant vérifia leurs ordres de mission avant de sortir des stocks le matériel demandé, à savoir une série de combinaisons autonomes et des armes suffisamment coûteuses et dangereuses pour ne pas être présentes dans les râteliers de sécurité.

Une fois équipé, le groupe fut conduit par ascenseur dans l’un des étages les plus proches de la surface, niveaux qui servaient à la fois de hangars, zones de quarantaine et de barrière physique face à d’éventuelles attaques spatiales. Le hangar qui avait été désigné au cours du briefing s’étendait sur des centaines de mètres, abritant des dizaines de véhicules militaires en tous genres avec une poignée d’emplacement libres, tandis que sur les côtés, des baies de réparation contenaient une paire de chars aux tourelles soutenues par des treuils alors que des techniciens travaillaient sur leurs systèmes.

Pianotant une série de commandes sur l’écran tactile de son ordinateur de poche, Maltez fit s’allumer une ligne au sol, qui indiquait aux arrivants le chemin à suivre vers leur destination. Cette dernière se révéla être un hummer de taille respectable, le véhicule standard de l’infanterie. Il était constitué d’un 4x4 sur le toit duquel était monté un petit canon automatique, alors que la coque et les portes présentaient des angles rarement vus sur des voitures, mais optimisés pour minimiser les effets des projectiles. Le véhicule originel s’était vu offrir un bien plus grand volume intérieur depuis l’installation de condensateurs à haute capacité alimentant un moteur électrique hébridan fabriqué sous licence.



Shanti prit place dans le véhicule, imitée par les trois militaires qu’elle accompagnait, avant d’être conduits par Campbell à l’une des extrémités du hangar, où un sas commençait à s’ouvrir, entre plusieurs gyrophares prévenant du danger de la zone révélée.

-Contrôle, ici Sierra-Golf 22, dit Maltez par radio une fois la porte passée. Sommes en position, sas numéro cinq. Demandons autorisation de départ.
“Bien compris, Sierra-Golf 22, ouverture du sas et activation imminente de la Porte. Bonne chance. Terminé.“

Devant le pare-brise, une seconde série de gyrophares illumina la salle emplie par l’ultime avertissement des klaxons, alors que le vide se faisait rapidement autour du véhicule. Progressivement, l’intensité du son s’estompa, pour disparaitre finalement, laissant les seules lumières jaunes balayer périodiquement les parois. Ces dernières disparurent quelques instants plus tard, plongeant les quatre humains dans l’obscurité avant qu’un faisceau de lumière ne vienne percer depuis la sortie principale du sas, qui s’abaissait rapidement.
Brusquement, Campbell fit accélérer le véhicule, qui se retrouva aussitôt sur la surface rugueuse de la Lune, avant de tourner pour faire face à la Porte, encore inactive. Shanti se figea dans sa combinaison, embrassant du regard le paysage gris illuminé par le Soleil. Son entrainement lui avait permis de fouler ce sol à de nombreuses reprises, mais elle avait l’impression que celui-ci était différent à présent qu’elle l’observait dans ce mélange de calme et d’anxiété qui précédait son premier passage par la Porte.

Son fil de pensée fut interrompu par cette dernière, qui projeta une lueur bleutée sur les roches voisines, alors que le vortex se stabilisait.
-C’est parti, Tom, lâcha Maltez alors que le pilote faisait franchir à la voiture la distance la séparant de l’artefact Ancien.

La jeune femme déglutit en fixant du regard la somme d’aberrations quantiques qui prenait l’apparence d’une surface liquide verticale. Son esprit s’attarda sur ce qu’elle avait entendu à propos du transport, la dématérialisation, le transfert, leurs implications métaphysiques qui avaient été depuis longtemps refoulées par les membres du SGC, comme tant d’autres parts de la connaissance et des croyances humaines que le Programme s’était amusé à piétiner, écraser, broyer, jeter dans un volcan et finalement abandonner aux côtés des explications divines aux phénomènes naturels.

Quand Shanti se vit à quelques mètres de l’objet qui allait, selon certaines interprétations, la tuer, ces pensées resurgirent de leur tombe dans un nuage pyroclastique d’émotions contradictoires, parmi lesquelles prédominait une peur primale d’un inconnu qui venait enfin de prendre forme.

L’instant d’après, les concepts d’émotion, de sens, de raison, s’évanouirent dans un déferlement de sensations qui n’avaient aucun sens, alors qu’elle touchait des lumières qui venaient se briser sur des sons multicolores, ses fragments d’esprit s’entrechoquant dans un cataclysme silencieux avant de brusquement revenir à la normale, l’intérieur du véhicule apparaissant devant ses yeux.

Elle se prit la tête entre les mains, cherchant sans succès à rassembler ses souvenirs du voyage interstellaire. Son voisin fit un geste pour la retenir par l’épaule, alors que la voiture freinait puis s’arrêtait.
Maltez se retourna :
-Ca va, lieutenant ?
-Je… qu’est-ce que…, commença-t-elle à dire, confuse.
-Tout va bien, ça nous fait tous la même chose, la première fois. Vous allez voir, vous allez vous y habituer.
-Comment pouvez-vous ? demanda-t-elle, l’esprit un peu plus clair. On ne peut pas…
-Si, si, on peut, dit Vernil. Les souvenirs disparaissent rapidement. Le truc, c’est d’essayer de penser à autre chose, et ça passe assez vite.

Sentant sa nausée s’estomper, elle eut une pensée mauvaise contre les règles de sécurité qui empêchaient les militaires en formation de franchir la Porte, règles qui lui avaient réservé cette expérience pour sa première vraie mission, arrivée bien trop tôt après son affectation.

Quelques instants plus tard, elle sentit la voiture redémarrer pour prendre la direction indiquée sur l’écran près du conducteur. Voyant qu’elle pouvait bénéficier d’un instant de répit, la jeune femme se cala sur la banquette arrière, respirant profondément pour faire disparaitre les dernières traces de son malaise.

Ca y est. Je suis partie. Sur une autre planète. Même hors de la Voie Lactée. Et je…
Son attention fut attirée par les trois hommes à bord, dont les regards étaient tous dirigés vers l’écran, dont l’affichage avait changé, la carte laissant place à un graphe et à des jauges, toutes dans les zones rouges.

-Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda-t-elle finalement.
-C’est le taux de radiations, répondit Vernil en détournant son visage pour le reporter sur le terrain rocailleux où le véhicule avançait avec quelques cahots.

Elle n’eut pas besoin de plus d’indications. Ouvrir sa combinaison la conduirait à la mort, sans rémission. L’air autour de la voiture était pur, transparent, identique à celui des innombrables planètes habitables desservies par le Réseau, à l’exception d’une proportion colossale d’atomes radioactifs détectés et enregistrés méthodiquement par les capteurs.
Mais elle ne prit réellement conscience des faits décrits par l’écran que lorsque le sol changea sous les pneus, en même temps que le paysage derrière les vitres. L’équipe venait de quitter le versant de montagne pour arriver dans une plaine.

Dans ce qui avait été une plaine.

Les arbres autour d’eux avaient dépéris, alors que le reste de la végétation se réduisait à quelques îlots d’herbe isolés.
Elle se rendit compte au bout de quelques secondes que sa mâchoire tremblait inconsciemment. La plaine était moribonde, les dernières traces de sa flore s’évanouissant sous ses yeux. Son regard s’attarda sur des détails de la scène, passant d’une souche à un tumulus, tandis que les autres membres de l’équipe gardaient le silence, sous leurs combinaisons.

-Vous avez déjà vu quelque chose comme ça ? demanda-t-elle finalement.
-Pas à l’échelle d’une planète, répondit Maltez. Mais, autrement, oui. On tombe de temps en temps sur des coins où les Goa’uld ont voulu faire un exemple. Là, si c’est vraiment toute la planète qui est touchée, c’est différent.
-Mais… à quoi est-ce que ça peut serv… commença-t-elle avant d’être interrompue.
-Lieutenant, on est dans la réalité, pas dans un conte. Il y a plein de types dans cette galaxie qui balancent des armées ou des bombardements orbitaux n’importe où juste parce qu’ils peuvent le faire. Pas pour une raison précise ou un grand Plan, juste comme ça. Et, avant que vous ne me posiez la question, on fait ce qu’on peut pour retrouver ces malades, mais on a assez de mal à nous protéger nous-mêmes pour commencer à se la jouer justiciers de la Voie Lactée.
-Les Goa'uld voulaient des esclaves et des ressources, les Wraiths récoltent des humains, les Aschens infiltraient les mondes... mais eux n'ont fait que détruire.
-Ou pas, lieutenant, vu ce qu'ils ont laissé, on aura du mal à savoir si il y avait quelque chose ici qu'ils voulaient.



Un signal sonore de l’ordinateur de base vint interrompre l’officier, et tous reportèrent leur attention sur l’écran.
-Bingo, lâcha Campbell. Le radar a repéré des structures artificielles à quelques kilomètres. On y va, commandant ?
-C’est pour ça qu’on est là, Tom.

Shanti s’était retournée vers la vitre blindée, derrière laquelle le paysage continuait de défiler.
Ce n’est pas une armée ou un de ces bombardements orbitaux… c’est… non… c’est comme si quelqu’un était juste passé pour détruire tout ce qui vit sur cette planète. Même pas pour démontrer sa force, non. Pas de cratères, pas de cendres, juste… la mort, pensa-t-elle alors qu’autour de la voiture s’étendait une forêt à l’air lugubre, les arbres dépéris ayant pris une couleur rousse.

Lorsque la voiture sortit de la forêt irradiée, elle se tourna vers l’avant au moment où Campbell dit :
-Ouille. Je crois qu’on a trouvé les locaux…

Devant le groupe se trouvait un village abandonné, dont les bâtiments, en pierre et en bois, n’avaient apparemment que peu subi l’usure du temps. Shanti compris ce qui avait attiré le commentaire du pilote, lorsque ses yeux se posèrent sur un squelette partiellement décomposé qui reposait sur le côté d’une maison.

-On sort, dit Maltez.
Sans un mot, les deux hommes sortirent du véhicule, prenant leurs armes accrochées aux portières.
-Bhosle, continua l’officier alors que Shanti imitait ses partenaires, restez avec Tom. On prend des photos, des mesures, mais ne touchez à rien, compris ?
-A vos ordres, monsieur, répondit-elle, son entraînement reprenant le dessus.

L’instant d’après, elle surveillait son environnement, à la recherche d’un quelconque mouvement synonyme de danger ou d’un improbable survivant dans l’enfer radioactif qui avait recouvert le village. Campbell s’approcha d’elle, restant dans son champ de vision, et lui fit signe d’avancer. La jeune femme s’adapta rapidement au poids supplémentaire de la caméra ajoutée au bout de son arme, et suivit le pilote, filmant son environnement au fur et à mesure qu’elle observait les bâtiments.

Son partenaire se mit à côté d’un mur et lui fit signe d’approcher. Elle obéit et se plaqua contre la paroi de pierre, faisant attention à ne pas endommager sa tenue hermétique. En silence, Campbell lui indiqua de se tenir prête à rentrer dans la maison en même temps que lui.
Au signal du pilote, le duo bascula dans la pièce faiblement éclairée, la balayant rapidement avec leurs lampes-torches.
Merde… pensa Campbell en voyant une demi-douzaine de corps étendus au sol ou sur des meubles primitifs. Certains, de petite taille, lui firent comprendre qu’il se trouvait probablement devant une famille.
Il se tourna vers Shanti, et vit que malgré les émotions lisibles sur son visage, la jeune femme continuait son travail de recherche.
-Commandant, dit-il dans la radio intégrée de sa combinaison, ici Campbell. On a trouvé d’autres corps. Même état que le premier, pas de traces de survivants.
-Pareil ici, lui répondit Maltez. Essayez de voir si vous trouvez des livres, quelque chose qui pourrait nous en apprendre plus sur eux… Et Shanti, elle tient le coup ?
-Ca va, pour l’instant, même si elle aurait probablement préféré autre chose pour sa première sortie.
-Il y a plein de choses qu’on aurait tous préféré, Tom… Maltez, terminé.

Une fois la maison entièrement filmée et explorée, le duo en sortit pour continuer sa mission. Shanti suivit lentement le pilote, son esprit revenant sans cesse aux squelettes qui jonchaient le sol poussiéreux de l’habitation qu’elle venait de quitter. Elle se déplaçait sans s’en rendre compte, son corps suivant l’entraînement alors que les images restaient imprimées devant ses yeux.
Le bâtiment suivant, de plus grande taille et ayant une apparence que Campbell qualifia d’officielle, était vide de corps. Maltez et Vernil les y rejoignirent lorsque la jeune femme signala avoir trouvé des armes. Elle les attendait devant une série de hallebardes que côtoyait une poignée de lances Goa’uld à l’âge apparent lorsque le reste de l’équipe entra dans l’armurerie.
-Excellent, dit Maltez. Ca va intéresser du monde à la maison, ça. Ces pauvres bougres connaissaient la Porte…
-Mais ils n’ont pas filé par là, pourtant, remarqua Campbell.
-Pas tous, en tout cas, précisa Vernil.
-Hmm, ça sera aux équipes suivantes de dire ça. Tom, laisse une balise ici.
-Déjà fait, répondit le pilote en indiquant un petit dispositif posé à proximité du groupe.
-Parfait. On se partage le bâtiment. S’il y a des armes, il y a probablement des registres. On se retrouve dans un quart d’heure devant l’entrée principale.

Les quatre militaires se dispersèrent une fois que Maltez eut défini les zones de recherche de chacun. Shanti, affectée au premier étage, commença à avancer lentement dans les couloirs entre une série de torches éteintes accrochées aux parois en bois. Ignorant les légers craquements du plancher sous ses pas, elle ouvrit avec prudence la première porte se présentant à elle.
Reconnaissant aussitôt une cuisine malgré sa différence technique notable avec celles qu’elle avait pu voir auparavant, Shanti avança avec prudence. Elle contourna les bacs d’eau croupie et la nourriture à peine reconnaissable avant de s’immobiliser devant un parchemin en mauvais état, non loin d’un corps. La jeune femme prit quelques secondes pour filmer l’objet de plusieurs angles différents, en détournant le regard de la dépouille, la première qu’elle avait croisé dans le bâtiment.

Ne trouvant rien dans les autres pièces, elle rebroussa chemin, se guidant sur le plan qu’avait tracé automatiquement l’un des écrans de sa visière, et attendit quelques minutes à l’extérieur le temps que le reste de SG-22 l’y retrouve.

-Rien de votre côté, Bhosle ? demanda Maltez en voyant Shanti devant lui.
-Un parchemin, quelques objets d’arts, rien d’autre, monsieur.
-Très bien. Vernil est tombé sur un tas de documents pour les groupes suivants. On pose les systèmes de surveillance, et on rentre.

Elle observa d’un air absent le pilote installer et lancer le petit drone de surveillance avant de s’asseoir elle-même à l’arrière du véhicule militaire.

Sur le trajet du retour, elle resta le regard perdu dans la forêt rouge que la voiture traversait.
-Personne n’a eu de problème avec les caméras ? demanda Maltez.
-Non, répondirent simultanément Campbell et Vernil.
-Lieutenant ? lança Maltez après quelques secondes.
-Euh, pas de problème, monsieur, répondit-elle, confuse.
-Sinon, vous pensez que c’est qui, pour faire ce genre de saleté ? demanda Campbell, sans quitter les yeux du volant.
-N’importe qui avec un vaisseau, beaucoup trop de temps sur les bras et qui s’ennuie, répondit Maltez. J’espère juste qu’on pourra le retrouver, j’aurai un ou deux mots à lui dire.
Le commandant se retourna distraitement vers Shanti :
-Pour vous, Bhosle, ça peut être qui ?

Voyant qu’elle ne répondait pas, il se tourna vers Campbell :
-Garez-vous, lieutenant. Maintenant.
Le pilote s’exécuta, et Maltez reporta son attention sur Shanti :
-Bhosle, sortez, dit-il avant de lui-même sortir du véhicule.
Il attendit que la jeune femme soit dehors, et lui dit :
-Bon, lieutenant, on va mettre les choses au point. Ce genre de trucs qu’on a eu aujourd’hui, c’est pas joli. C’est un foutu crime, on est tous d’accord. Mais vous faites partie d’une équipe SG, à savoir la première ligne de défense de la Terre, alors vous allez vous comportez en tant que telle. Vous auriez sûrement voulu tomber sur autre chose pour votre première mission, ne pas vous prendre ça, tout ça… J’en ai pas grand-chose à cirer, parce que si vous merdez, c’est toute mon équipe qui merde, lieutenant ! C’est compris ?
-Ou… oui, mon commandant.
-Est-ce que vous avez ce qu’il faut pour faire partie de mon équipe, lieutenant ?
-… Oui.
-Alors remontez en voiture !

Maltez soupira intérieurement en voyant Shanti rembarquer. Il savait parfaitement que le nouveau membre de l’équipe subissait un baptême particulièrement éprouvant au sein de son équipe, mais son rôle en tant que chef exigeait qu’il fasse de celle-ci un outil fonctionnel pour ses supérieurs. Pour ça, il devait régler les problèmes rapidement, ou, dans ce cas, éviter que le lieutenant Bhosle ne devienne un problème. Soit elle accepterait les réalités du terrain, soit il lui trouverait une autre affectation.

Le chemin du retour se passa sans autre incident, et le véhicule s’arrêta devant la Porte.
-Bhosle, allez activer le DHD, dit Maltez.
-Entendu, monsieur, répondit-elle aussitôt, d’une voix très légèrement plus assurée que lors de la “conversation“.

Elle se rendit devant l’artefact, et y rentra la série de symboles qui avaient été gravés dans sa mémoire tout au long de sa formation, symboles sans lesquels elle pouvait se retrouver perdue dans la Voie Lactée.
Inspirant profondément, elle confirma l’adresse et eut un léger mouvement de recul en voyant le vortex se former devant ses yeux.

D’un pas rapide, elle retourna dans le véhicule, qui démarra aussitôt et franchit la Porte, Maltez ayant envoyé le code d’identification de l’équipe alors qu’elle refermait la portière. Par réflexe, Shanti ferma les yeux en entrant dans le vortex. Lorsqu’elle en sortit, son attention fut attirée par l’obscurité qui venait de remplacer le paysage qu’elle avait parcouru ces dernières heures.

Sa nausée avait déjà disparu quand elle sentit le véhicule s’arrêter.
-Contrôle, ici Sierra-Golf 22, dit Maltez dans sa radio. Avons véhicule et combinaisons lourdement contaminés. Rien d’autre à signaler. En attente d’instructions. A vous.
“Sierra-Golf 22, ici Contrôle,“ entendit-elle en réponse. “Rendez-vous au hangar six et suivez les équipes de décontamination. Terminé.“

Le paysage lunaire lui semblait paradoxalement plus accueillant que celui qu’elle venait de quitter, malgré l’absence d’atmosphère, mais n’en profita pas alors que Campbell les conduisait dans un tunnel menant au complexe de hangars. Après être passés dans un sas, le véhicule s’arrêta, entouré par un groupe en tenues aux couleurs vives, dont deux d’entre eux portaient de longs tuyaux d’arrosage. Les quatre membres de l’équipe furent invités à sortir et à rentrer dans un autre sas où se trouvait une série de douches qui les arrosèrent violemment pendant plusieurs minutes, sous la surveillance d’une équipe médicale. Finalement, ils furent dirigés vers des vestiaires individuels où ils purent retirer leurs tenues protectrices.

En quittant sa combinaison à présent décontaminée, elle se dirigea d’un pas calme vers un lavabo. La jeune femme se regarda quelques instants devant le miroir situé au-dessus de celui-ci avant de relâcher quelques larmes, qu’elle sécha aussitôt.

Sa première mission n’était pas ce qu’elle avait attendu. Et elle savait que Maltez avait eu raison.
Entièrement raison.
Dernière modification par Rufus Shinra le 10 oct. 2010, 17:07, modifié 1 fois.
Effet Papillon :
Un avenir possible, moins sûr et plus complexe pour des galaxies porteuses d'un mélange explosif : vide de pouvoir, héritages vivants et ambitions multiples.
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Chapitre 08 : Chaos, confusion, complots

La politique, à l’instar de la bureaucratie, est l’un des dénominateurs communs à la quasi-totalité des civilisations rassemblant plus d’une dizaine de personnes entre elles. Le gouvernement qui était apparu après la victoire de la révolte Jaffa ne faisait pas exception. Les héros avaient connu leur heure de gloire, puis la réalité avait repris ses droits, alors que les anciens soldats se retrouvaient brusquement propulsés dans un rôle pour lequel aucun d’entre eux n’était formé. La structure de gouvernement Goa’uld, purement féodale, avait concentré les outils de pouvoir et de gestion entre les mains d’une poignée d’esclaves de haut rang, qui restaient en permanence près de leur seigneur. L’offensive des réplicateurs, en décapitant l’hydre Goa’uld, avait aussi détruit l’ensemble de ce corps d’administrateurs dont les enseignements se transmettaient par l’apprentissage individuel plus que par une formation conventionnelle.
Sans compter les difficultés inhérentes au fait de vouloir inconsciemment singer et faire accepter le seul système qui puisse les rassurer, étant le seul qu'ils aient jamais connu : une société d'origine Goa'uld dont la finalité avait été, des millénaires durant, l'édification du confort personnel de celui ou celle assis au sommet de la pyramide. Ceci, de manière d'autant plus absurde que presque aucun leader politique Jaffa ne souhaitait sincèrement voir sa propre personne servie ainsi. Mais les enfants copient souvent leurs parents, le viscéral prenant à terme autant de traits définitifs que l’intellect et ici, l'éducation n'avait pas été des plus saines.

Finalement, les forces vives de la civilisation Jaffa (et de certaines cultures d'ex-esclaves Humains) étaient désormais tournées vers elle-même, et non plus vers la félicité des faux dieux d'antan, et il y avait là un inestimable progrès. Cependant, des habitudes prises depuis la nuit des temps ne pouvaient s'effacer simplement parce qu'elles étaient devenues absurdes dans ce nouveau contexte.

Ainsi, les jaffas avaient hérité d’une part considérable de la Voie Lactée, mais ignoraient entièrement l’étendue des territoires qu’ils devaient administrer, les figures importantes à contacter, les ressources disponibles et nécessaires. Ils ne savaient que la taille de leur armée et de leur flotte. Le système qu’ils venaient de quitter avait mis l’accent sur une administration localisée et très réduite, servant les seuls besoins du seigneur local. Les jaffas avaient, au cours des siècles, constitués leurs propres organisations à l’échelle des garnisons pour subvenir aux aspects de leur vie dont leurs maîtres se désintéressaient, coopératives militaires assurant la distribution des miettes laissées par les Goa’uld. Cette culture millénaire, adaptée au rôle d’exécutants, avait brusquement découvert les joies de la gestion, de la logistique à l’échelle interstellaire et de l’ensemble des tâches anonymes qui avaient été effectuées jusqu’alors par les esclaves humains.
De groupements planétaires (et même parfois moins vastes) où ils ne géraient que les aspects que les Goa'ulds n'attribuaient pas aux humains ou à eux-mêmes, les Jaffas devaient désormais composer une force interstellaire où ils étaient en charge de tout, une force dans laquelle chacune des anciennes localités devait trouver sa place harmonieusement, en dépit de ses caractéristiques propres.

Dans les places Goa'ulds les plus centrales, les Jaffas s'étaient toujours cantonnés aux fonctions militaires, policières, et de prêtrise, laissant aux humains les autres tâches tandis que leur espèce se confondait avec leur fonction martiale. Et aujourd'hui, la Nation libre se retrouvait confrontée à un problème neuf, celui de la séparation du travail. Les Jaffas ne voulant plus vivre qu'entre eux, il leur fallait apprendre, à proportions sensiblement égales de citoyens comparativement à l'avant vague Répliquante, à continuer de faire ce qu'ils avaient toujours fait, tout en commençant à remplacer les humains exilés dans les tâches dont eux, avaient l'habitude. Et ce n'était pas les quelques rares Jaffas transformés en marchands ou en mécaniciens par les aléas de la vie et du système, ni le faible nombre d'habitants des mondes Jaffas éloignés, comme Chulak, à être formé aux affaires civiles locales en l'absence d'humains, ni encore les ex-clercs des temples Goa'ulds, désormais des poids morts auxquels il fallait trouver de nouvelles tâches, qui allaient pallier seuls cette absolue nécessité. A moins, bien sûr, de ne pas chasser les humains, mais cela posait alors un souci d'un tout autre ordre, idéologique.

Ce fut le chaos. Complet, absolu et sans élément stabilisateur, amplifié par la méfiance envers les non-jaffa présents partout sur leur territoire, avec qui la cohabitation était au mieux houleuse. Les anciens esclaves, au statut social inférieur à celui des Jaffa sous le joug Goa’uld, avaient décidé de ne pas rester les bras croisés, mettant en valeur leur mainmise quasi-absolue sur les compétences techniques et administratives. En avait alors résulté des conflits raciaux de plus ou moins grande ampleur, se terminant selon les cas par des accords pacifiques, des exodes massifs ou des bains de sang. Pour les détracteurs des Jaffas, cette frénésie était d'autant plus insensée que Dakara ne savait pas comment pallier l'enseignement et la tenue de ces autres fonctions, sans recourrir aux qualifiés Humains et aliens.

Mais avec le chaos viennent, comme dans tout changement, les opportunités, les risques élevés qui peuvent rapporter plus gros encore. Pendant que les anciens compagnons d’armes se déchiraient dans les ruines de Dakara pour savoir comment organiser la nouvelle Nation Jaffa dont le pouvoir réel n’allait pas loin au-delà de la planète-capitale, le reste de la galaxie faisait avancer ses pions.

Les Terriens, alliés historiques des Jaffas, nouèrent autant d’alliances et de protectorats que possible avec les planètes à population humaine, héritant tacitement du rôle des Asgard et exploitant enfin leur programme d’exploration pour avoir les ressources nécessaires à leur entrée en scène. En parallèle, la Tok’Râ et ses milliers d’années d’expérience dans le Jeu des influences politiques et des coups bas, s’isola à nouveau, ne gardant que des relations diplomatiques avec ses anciens alliés. Simultanément, les Oannes, absents depuis des millénaires de la scène galactique, avaient commencé à louer un accès aux rares planètes océaniques sous contrôle Jaffa, soulageant la nouvelle nation d’une partie de la pression exercée par ses nouvelles responsabilités. Malgré cela, de nombreux Jaffas des partis les plus vindicatifs s'inquiétèrent de la vente pure et simple de parcelles abyssales, signe, selon eux, du délitement de la première puissance de l'espace galactique (du moins sur le papier). Les Hébridans, eux, furent plus pragmatiques, et surent reconnaître la situation pour ce qu’elle était, une chance inouïe. Ils rachetèrent donc tout simplement la majorité des systèmes stellaires voisins aux Jaffas.

Sans hésiter à exploiter la situation critique et le besoin en ressources et en technologies des nouveaux venus.

Puis, une fois les grandes puissances stellaires servies, 99,9 % des habitants de la Voie Lactée continuèrent de subir les contrecoups de la chute d’un système qui, à défaut d’être agréable à vivre, leur fournissait une certaine protection et une stabilité relative.
Vinrent alors d’autres opportunistes, qui n’eurent pas besoin de comprendre dans ses détails subtils la situation générale pour en profiter et se tirer au-dessus de la masse. Tous les jaffas n’avaient pas été membres de la rébellion, et n’avaient pas pris contact immédiatement avec le nouveau gouvernement central. Certains avaient encore quelques vaisseaux de guerre, en entretien ou en réparation durant l’offensive-éclair des réplicateurs, et brusquement, ces vaisseaux en rade étaient devenus la principale force présente dans les secteurs isolés des territoires Goa’uld.
Certains aventuriers, ou “gentilshommes de fortunes“, comme ils se seraient appelés auparavant sur Terre, saisirent leur chance et, par la corruption ou la force, mirent la main sur les immenses Ha’Tak qui autrefois pullulaient dans la Voie Lactée.

Et personne n’apprit le détournement de vaisseaux par dizaines, de chantiers spatiaux entiers, lorsque les archives de ceux-ci avaient péri avec le reste du système et que leurs équipages n’avaient plus la volonté ou la possibilité de se rallier à la jeune Nation Jaffa.

Après les vaisseaux, ce furent des planètes entières qui décidèrent de tenter leur chance toutes seules, payant des spécialistes pour effacer les dernières traces de leur existence dans les bases de données Jaffa, et devenant des ports francs, pour le meilleur comme pour, souvent, le pire. Un travail largement simplifié par la nature profondément décentralisée du système Goa’uld.

Et, pendant ce temps, sur Dakara, les anciens frères d’armes se déchiraient devant leurs pairs, évitant la guerre civile par chance plus qu’autre chose pour, au bout de quelques années, réussir enfin à stabiliser leur situation interne. Il avait fallu pour cela qu’ils réalisent qu’une nouvelle puissance était apparue de nulle part, créée par le vide de pouvoir qu’ils avaient eux-mêmes causé. L’Alliance Luxienne, syndicat de mercenaires, de pirates et de trafiquants en tous genres, avait pris le contrôle de centaines de mondes qui appartenaient théoriquement aux Jaffas, et ces derniers ne pouvaient rien faire, leur puissance militaire suffisant à peine à policer les territoires encore sous leur contrôle.


Que les choses changent était de nature à rassurer Bra’tac, mais ce soulagement était compromis quand son esprit se reportait sur les individus qui étaient aux commandes de ces changements. Le vieux jaffa avait combattu, intrigué, préparé et organisé l’insurrection aux heures les plus sombres, quand la victoire tenait plus du rêve destiné aux générations futures que d’une possibilité concrète. Il avait littéralement fondé cette rébellion, seul pendant des années avant d’accepter, avec difficulté, la nécessité d’avoir des compagnons d’armes pour renverser un empire dispersé d’un bout à l’autre de la Voie Lactée.

Après tout, il fut un temps où l’ensemble des forces de la rébellion Jaffa, c’était lui et sa lance.

Il avait eu un rôle dans presque toutes les actions qui avaient rendu ce rêve réalisable, reconnaissant les Terriens pour ce qu’ils étaient : des alliés d’opportunité qui pouvaient fournir l’élément le plus important pour une rébellion, à savoir une base arrière. En sauvant à plusieurs reprises leur planète, il avait assuré à son camp un soutien logistique, des zones de repli, des armes et des renseignements en quantité suffisante pour faire la différence.

Mais à présent qu’il avait réalisé son rêve, il luttait chaque instant pour le préserver, non pas des ennemis extérieurs, mais bien de ses propres compatriotes.

Comme lui, l’ensemble des dirigeants de la Nation Jaffa s’étaient illustrés par des faits d’armes, par leur rôle dans la rébellion fondatrice. Il lui était à présent douloureusement évident que les compétences étaient loin d’être les mêmes entre la conduite d’une armée et celle d’un Etat. En tout cas d’un Etat qui fonctionne sans revenir au système Goa’uld si honni.

Cette révélation, Bra’tac l’avait eu rapidement lorsqu’il vit apparaitre dans le Conseil, fondé au lendemain de la bataille, un mouvement agressif, se revendiquant de traditions guerrières et militaires. Celles-ci, prétendaient leurs tenants, étaient le fondement même de la société Jaffa – ce qui n'était pas faux au demeurant, mais restait pragmatiquement incompatible avec une reconversion en état-nation viable et entier – et la Nation éponyme devait les mettre en avant. L’ancien prima d’Apophis s’était ce jour-là résigné à ne pas prendre le repos qu’il avait mérité depuis des années. Se lançant dans la mêlée politique, il avait fondé son propre courant d’opposition, dont il était toujours la figure de proue.

Le chantage avait remplacé les déclarations de guerre, les accords officieux avaient mis sa lance au placard, et, après trop d’années à jouer au Jeu, il se sentait presque honteux de réussir à tenir le rythme imposé par son adversaire, Gerak.

Se rendant au siège de l’Assemblée, il fut tiré de ses pensées par un garde de son escorte se raclant la gorge. Les murs décrépits autour de lui le firent repenser quelques instants à son assistant, qui se rendait dans l’un des quartiers pauvres de la ville en perpétuelle croissance. Cette partie de la cité, construite dans les semaines suivant la victoire jaffa, était, pour utiliser les termes humains, un bidonville. Hébergeant des jaffas de toutes origines qui avaient cru à une prospérité immédiate, les esclaves vivant comme les maîtres. Ces foules, prêtes à abandonner leur passé militaire et à offrir leur labeur pour réaliser et vivre ce rêve, avaient mis quelques années avant de comprendre.

Bra’tac, au début, avait tenté de diriger les moyens nécessaires pour aider ces classes défavorisées, à qui Dakara devait ses origines. Puis, avec reluctance, il avait accepté que les priorités fussent autres, qu’il fallait des ressources pour les autres mondes, pour former les techniciens, les marchands, trop rares dans une population dont les valeurs se limitaient aux vertus militaires et à une foi désormais obsolète et haïe.

A quelques centaines de mètres de là, un jaffa rentra dans l’un des bâtiments déjà délabrés, construits en urgence avec des matériaux inadaptés ainsi que des ouvriers et architectes jaffas qui avaient tenté de compenser l’inexpérience et l’incompétence par l’enthousiasme.

- Il est là, l’accueillit à voix basse l’habitant d’un appartement en lui ouvrant sa porte.
-Merci, Melchior, répondit-il au jeune jaffa.

La pièce principale, simplement meublée et encore plus faiblement décorée, était de petite taille, et la table en occupait la majorité. L’assistant de Bra’tac s’assit devant le Jaffa qui semblait l’attendre.

-Tek’ma’té, dit sobrement le vieil homme en face de lui.
-Tek’ma’té, Fra’lir, répondit-il. Que pensez-vous de mon message ?
-La proposition est intéressante, et mes pairs trouvent qu’elle mérite réflexion. Mais vous connaissez notre objectif. Ce que vous nous app…
-Ce que je t’offre est largement supérieur à tout ce que tu peux rêver au vu de ta présence dans l’Assemblée, Fra’lir. Le parti autonomiste est en chute libre, depuis que notre nation fonctionne enfin correctement. Aux prochaines élections, ton parti ne sera plus qu’un vestige du passé, sans aucun pouvoir. Tu le sais, je le sais. Sauf… sauf si tu t’associes à nous. Tu auras les concessions promises, et nous resterons associés pour te permettre de garder tes sièges.
-…
-Et avant de faire une bourde, dis-toi que Gerak ne peut absolument pas supporter l’existence des autonomistes, qui sont une insulte à sa vision d’une Nation Jaffa, et je cite, “forte, indépendante et respectueuse de ses traditions“. Il est peut-être opposé à maître Bra’tac, mais il le respecte. Vous tous, les indépendantistes, il vous méprise totalement : vous voulez détruire ce pourquoi ses frères d’armes se sont battus et morts. Si tu ne t’allies pas au parti de Maître Bra’tac, combien de temps crois-tu que tu tiendras face à sa haine ?
-Vous vous battez tous pour des futilités, répondit le politicien. Il n’y a plus de menace, nous avons détruit les faux dieux, les Terriens sont nos alliés, tout le monde sait que les quelques difficultés de communication se résorberaient vite avec la fin de notre arrogance militaire et vous voulez construire des vaisseaux alors que nos frères meurent de faim sur…
-… sur les planètes isolées, on sait, Fra’lir, on sait, répondit-il en jaugeant parfaitement son insolence pour excéder son interlocuteur, qu’il savait en situation de faiblesse. Pas besoin de me ressortir ton discours habituel, autrement, je te répondrai une fois de plus, comme Maître Bra’tac, qu’avant de mourir de faim, ils se font tuer ou pire par les pirates de l’Alliance Luxienne.
-Des pirates ! Ecrasez-les, puisque vous entretenez une flotte.

L’assistant soupira en se prenant la tête entre les mains. Membre de la première génération à avoir passé sa jeunesse dans les coulisses du pouvoir, il ressentait un mélange de pitié et d’exaspération face à ceux de ses aînés qui s’accrochaient à un discours bancal lors des véritables négociations.

Pourtant, il devrait comprendre sa place, vu que c’est moi qui vient le voir, et pas Maître Bra’tac… se dit-il avant de reprendre.
-Bon, que ce soit clair : l’abolition de l’unité Jaffa, elle ne viendra pas. Tout simplement parce que le peuple ne la veut pas et que tout le monde commence à profiter de la puissance centrale. Certaines des propositions de ton parti sont tolérables, et nous sommes prêts à les soutenir… en échange de votre loyauté à tous face à Gerak. Pour les problèmes mineurs, faites ce que vous voulez, mais pour les questions de sécurité, de diplomatie, vous suivez Maître Bra’tac ou vous perdrez tout.
-C’est de la manipulation !
-Non, du chantage. Mais ça ne change rien.
Il se leva, avant de terminer :
-Il nous faut une réponse pour ce soir. Ensuite, nous serons forcés de lancer une campagne un peu plus… agressive… contre votre parti.



La journée de travail du petit groupe de jaffas qui détenait un véritable pouvoir au sein de leur nation était semblable, quelque soit leur idéologie : réveil, rapport des évènements de la nuit dernière par leurs adjoints, présence aux débats, réunion secrète et complots, déjeuner, poursuite des débats, blocage aussi légal que déloyal/énervement face au blocage adverse, fin des débats, tractations privées, compromis, réunion secrètes et complots, dîner, coucher. Le rythme de vie des décideurs s’était rapidement stabilisé sur cet emploi du temps, ceux ne le suivant pas disparaissant rapidement du système.

Bra’tac, qui avait à regret mis de côté une partie de ses scrupules pour mieux servir l’idéal qu’il défendait, en était donc à sa seconde réunion secrète de la journée. La discussion portait, une fois n’est pas coutume, sur un groupe d’individus dont la routine impliquait plus de discours impulsifs et mal préparés que de planification politique.

-Je viens de recevoir la réponse de Fra’lir, maître Bra’tac. Il nous explique en onze dialectes différents que nous devrions aller loger chez Sok’ar, mais il accepte notre proposition.
-Enfin ce vieux simplet se plie à la réalité ! Est-ce qu’il a posé des conditions ?
-Aucune, maître. Je crois qu’il va abandonner l’idée d’un espace Jaffa désuni et d’une flotte dispersée. Ces deux points font clairement partie des sujets sur lesquels il doit nous suivre sans poser de question. Mais il va sûrement vouloir notre soutien sur ce concept d’assemblée pour les artisans.
-Cette folie a assez duré, et ils vont de toute façon perdre leurs sièges aux prochaines élections… Dis-lui que nous accepterons de défendre son idée devant l’Assemblée… dans les grandes lignes.
-Très bien.

Il s’inclina et quitta la pièce.

Le parti que Bra’tac venait de phagocyter s’était formé il y a une poignée d’années, lorsque, pour l’observateur inexpérimenté, la Voie Lactée était devenu un havre de paix. Pour certains jaffas, la vie en communautés telle qu’ils l’avaient connue, chaque ville, chaque planète s’administrant tout seule, était un idéal vers lequel il fallait revenir. Ils avaient accueilli la chute des Goa’uld, pour la simple raison que les exécutions arbitraires s’en étaient vues diminuées, mais voyaient d’un œil ô combien critique l’apparition d’un gouvernement central qui, selon eux, allait s’introduire dans leur vie quotidienne. L'inexpérience de leur espèce en matière de gestion interstellaire globalisée était, de leur avis, de nature à desservir certains vieux mondes Jaffas, forts de pratiques locales qui leur convenaient depuis des siècles et des siècles. Après tout, du temps des dieux, les flux démographiques Jaffas d'un monde à l'autre étaient pour ainsi dire nuls. Et aujourd'hui, il aurait fallu, de manière totalement artificielle, provoquer ces échanges et faire croire aux différentes communautés jaffas qu'elles avaient quoi que se soit à voir ensemble ?
Foutaises selon Bra'tac et les siens, mais aussi pour le camp de Gerak : l'histoire ne pouvait se figer sur commande, et eux avaient la conviction que l'ancien modèle local Jaffa n'était pas adapté à la pérennité future de leur civilisation. Sans même considérer les menaces militaires et politiques toujours plus nombreuses dans cette galaxie particulièrement chaotique.
Sur certains aspects, le parti autonomiste allait jusqu’à affirmer que la Nation Jaffa était plus intrusive que les Goa’uld ne l’avaient été. D’abord tournés en dérisions, les garants de cette opinion s’étaient vite montrés dérangeants tant pour Bra’tac que Gerak et la poignée de jaffas qui avaient fait de la haute politique leur occupation première.
Faisant appel aux peurs des citoyens les plus… simples de la population, ils avaient défendu un système d’alliances ponctuelles de planètes indépendantes avec leurs milices locales pouvant s’unir le cas échéant. Si n’importe quel militaire ou amateur de la doctrine du combat spatial pouvait faire une liste conséquente des raisons prouvant l’absurdité de l’idée, l’électorat visé n’avait pas tous les outils nécessaires pour bénéficier de ce bon sens… si tant est qu’il en eût.

Jusqu’à peu, Bra’tac avait craint qu’il n’en soit de même pour les représentants élus, qu’ils se lancent dans une bataille rangée perdue d’avance depuis que les grands partis avaient décidé de retirer cette épine du pied de leur nation. Sur ce point, le vieux jaffa avait suivi le conseil de Gerak, donné lors de leur réunion secrète hebdomadaire, lorsque les petits partis s’étaient révélés être dérangeants pour les deux acteurs principaux de la vie politique de Dakara. Le conseil de son rival avait été avisé, et il l’avait écouté, répondant à la démagogie par plus de démagogie, donnant aux électeurs des avantages minimes, mais visibles et réguliers, qui ne lui coûtaient que peu de capital politique tout en minant la base des adversaires communs. L’accord informel passé quelques mois plus tôt avait offert les autonomistes à Bra’tac, ce dernier laissant les radicaux se faire digérer par la masse des traditionnalistes.

-Quelles sont les nouvelles de l’Installation ? demanda Bra’tac une fois l’assistant parti.
-Nous recevons des rapports réguliers de nos agents sur place, répondit Bi’Nar, le maître espion du parti mené par le vieux jaffa. Il n’y a pas de grande nouveauté là-bas. Elle est toujours paranoïaque et persuadée de tout ce que Men’Dal lui a raconté.
-Et lui ?
-Il joue son propre jeu. Pour qui, c’est difficile à dire, mais plusieurs agents à nous et même à Gerak se sont faits tuer : il la manipule, et joue avec sa paranoïa pour qu’elle se débarrasse d’eux.
-Ne peut-on pas le rappeler, ou même l’éliminer ? demanda un membre récemment admis dans le cercle rapproché de Bra’tac.
-Non, répondit ce dernier. La situation est trop fragile, et il est l’un des piliers de l’Installation. Sans lui, tout s’écroulera. Mais il sait que ça ne durera pas, et qu’il se fera forcément rattraper. Bi’Nar, trouve ce qu’il fait, et vite. S’il a un plan et qu’il ne travaille pas pour Gerak, alors quelqu’un d’autre sait pour l’Installation.
-Gerak a déjà sacrifié des jaffas pour nous pousser à la faute, nota l’espion.
-Pas pour ça. L’Installation est encore plus importante pour lui que pour nous, et ces exécutions menacent de faire tomber la mascarade.

L’Installation était probablement l’un des seuls aspects majeurs sur lesquels les traditionnalistes et les progressistes s’accordaient, ayant fondé en secret la base. Stratégique en tous points, elle était la pierre angulaire de la politique de développement technologique Jaffa, les projets menés en son sein devant donner à la Nation Jaffa, sinon une supériorité technique, un maintien du statu quo.

-Les Tauri, suggéra Bi’Nar. Ils ont des bons renseignements, ils pourraient mener ce genre d’opération… mais pas avec quelqu’un d’aussi important que Men’Dal.
-Oui, si O’Neill voulait avoir un agent, il le mettrait à un poste de base, sans importance…
-Où personne ne viendrait le chercher, compléta l’espion, je sais. Et c’est pourquoi tous les postes de ce type sont occupés par mes agents et ceux de Gerak.
-Combien de temps sera-t-elle encore nécessaire ? demanda Bra’tac sans transition.
-Pour connaître tous ses secrets, au moins une génération. Mais même pour apprendre les bases dans ce qu’elle sait, il nous faudra une dizaine d’années. Nous ne pourrons pas agir avant sans perte définitive.
-Ils agiront avant… Men’Dal et Gerak… Nous devrons être là pour ramasser ce qui peut l’être. En attendant, Bi’Nar, dis à tes agents de se concentrer sur Men’Dal. Il faut savoir s’il travaille pour Gerak ou pour quelqu’un d’autre.
-… Entendu, maître Bra’tac.


Une fois la réunion terminée, le chef du parti progressiste s’isola dans une petite pièce, aux issues surveillées par ses gardes du corps. Délicatement, il sortit de l’une de ses poches intérieures une pochette plate, qu’il ouvrit sur la table voisine, révélant une série de fioles remplies d’un liquide verdâtre à côté d’un petit module métallique. Il sortit l’une des fioles renforcées et la vissa sur le bloc cylindrique.
Puis, d’un geste que les années avaient imprimées dans son inconscient, il plaqua l’injecteur contre son bras, et eut une moue imperceptible lorsqu’une partie du liquide fut propulsée dans son système sanguin.

Son regard s’attarda sur la trousse et ses récipients pleins de trétonine. Ce sérum avait été aussi important que les armes et les alliés pour la rébellion Jaffa. En faisant de l’indépendance face aux larves une possibilité tangible, le produit Pangaran avait terminé l’œuvre commencée par la paire de jaffas idéalistes et leurs frères d’armes Tauri. Il avait même été indirectement responsable de la victoire de ces mêmes Tauri face à Anubis lui-même, puisque, au moment crucial, il avait fait échouer l’espion de ce dernier dans sa mission de sabotage.

Mais l’influence stratégique de cette drogue ne s’était pas arrêtée avec la prise de Dakara, un an après la bataille qui avait mis à bas Anubis en orbite terrestre. Celle-ci était un palliatif idéal aux larves goa’uld, mais présentait un effet secondaire potentiellement dévastateur : son utilisateur était condamné à la consommer régulièrement sous peine de souffrir d’une immunodéficience à l’issue fatale. Et ce problème devenait critique avec l’approvisionnement, insuffisant pour subvenir aux besoins de l’ensemble de la population.

Le procédé de fabrication était connu, rendu public par les Terriens comme preuve de bonne foi, une fois les droits achetés aux inventeurs du produit. Mais le constituant de base était devenu une denrée rare dans la Voie Lactée, les larves goa’uld ayant presque totalement disparu de la circulation. La nation Jaffa en possédait, tout comme les autres puissances, mais dans une quantité infiniment plus faible, ne maitrisant pas l’ensemble des techniques biomédicales nécessaires pour s’assurer un élevage industriel.

La tragédie avait été que nombre de membres de la rébellion avaient choisi d’entamer le traitement, comme symbole de leur rejet définitif de l’oppresseur symbiotique, avant que la pénurie ne se fasse connaître, les tauri et leurs alliés n’ayant pas encore réalisé les difficultés de production de la trétonine. Ces utilisateurs s’étaient révélés trop nombreux pour la quantité disponible, malgré les efforts de rationnement.


Ainsi, la nation Jaffa n’ayant pu sécuriser qu’une quantité négligeable et surtout non remplaçable de larves, son élite politique et militaire s’était retrouvée dans un état de dépendance qui ne pouvait qu’influer sur les relations politiques et commerciales avec les producteurs du précieux liquide.

Après tout, personne ne voulait revivre les mois ayant suivi l'épuisement des stocks. Au beau milieu des efforts d'organisation de la jeune Nation, celle-ci avait perdu des milliers de vétérans de la rébellion, paralysés ou tués par des maladies opportunistes qui frappaient les jaffas pour la première fois en plusieurs millénaires.

Bra’tac regarda longuement les ampoules, sachant parfaitement le prix que payaient à présent les jaffas pour s’être libérés de la symbiose qui les avait maintenu en esclavage. Ils étaient à présent sous le joug de l’instrument de leur libération.

Un paradoxe de plus dans une nation qui n’en manquait pas.
Dernière modification par Rufus Shinra le 27 avr. 2010, 23:47, modifié 1 fois.
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Cette fan-fiction n'a pas été abandonnée, alors, si certaines personnes ne la suivaient qu'ici, et pas sur le forum où elle était postée, je vais envoyer les deux chapitres suivants, puis la suite périodiquement, jusqu'au 16 (chapitre en cours)


ECIT 1 : Aussi, le prologue a été complètement réécrit, pour être cohérent avec la Saison 10 de SG1, et par conséquent, le premier post a été édité, et je suggère aux anciens comme aux nouveaux lecteurs d'y jeter un coup d'oeil.

Au passage, mes remerciements à Mat Vador, Artheval_Pe, marpire, Skay 39, webkev, sapho, bibiche, et aux bêta-lecteurs pour leurs commentaires tout au long de la fic, qui m'ont aidé à voir le texte selon différents points de vue, pour m'aider à améliorer mon style. Sans vous, je me serais probablement arrêté. Encore un grand merci.


N'hésitez pas à poster des commentaires, je m'efforce, dans la mesure du possible, de les prendre en compte pour les chapitres suivants.


EDIT 2 : suite à la réécriture de quelques chapitres, le chapitre 9 a été supprimé. Les chapitres 5 à 8 réécrits n'ont plus grand-chose à voir avec les versions originelles (et tant mieux, vu la piètre qualité de ces dernières), mais je n'avais pas trop d'idée pour ce qui pourrait se mettre dans un chapitre 9. Considérez ça comme une possibilité ouverte. N'hésitez pas à poster des idées de contenu ou de point de vue qui pourrait être développé dans ce "chapitre-fantôme", et je le rédigerai éventuellement. Ça peut concerner la Terre, l'univers SG tel qu'il est devenu, un ou plusieurs personnages, etc, etc.








Chapitre 10 : Stargate Lunar Command, publié originellement le Dimanche 22 Avril 2007





4 heures plus tard, l’équipe SG-22 était revenue à la porte avec son véhicule tout-terrain, et, après la procédure standard d’identification, était prête à franchir la Porte. Le commandant Maltez fit un rapport préliminaire :

-SGC, ici SG-22. On a les échantillons. Sinon, préparez une équipe de décontamination pour notre matériel et nos armures. C’est un cauchemar, ici. Les indicateurs montrent plus de 25000 REM, alors que l’on est à plus de 50 kilomètres de la zone présumée d’explosion. Probabilité de rencontrer le moindre survivant inexistantes.

-Ici le SGC, entendit-il dans les haut-parleurs de son armure. Message bien reçu. Veuillez patientez, nous dépressurisons l’accès à la porte et préparons l’équipe de décontamination. Avez-vous du personnel touché par les radiations, SG-22 ?

-Négatif, SGC. Les capteurs internes des armures affichent une absence complète de radiations provenant de l’extérieur. Et personne n’a présenté de signes de contamination, s’empressa-t-il de dire, sachant que même si la première vérification était faite par les machines, tout le monde préférait avoir aussi l’avis des hommes et femmes des équipes avant de prendre un risque.





Quelques minutes plus tard, ils franchirent dans leur véhicule léger la Porte, et se retrouvèrent presque instantanément sur la face cachée de la Lune, leurs armures exposées au vide complet, alors que le tunnel d’accès au SGC finissait de se rétracter. Ils furent ensuite rejoints par une équipe en scaphandres de protections lourds qui les amenèrent vers la zone de décontamination pour mettre dans un endroit isolé du reste de la base leur matériel à présent hautement radioactif et les téléporter hors de leurs armures directement dans l’hôpital du SGC.

Une inspection médicale poussée plus tard, un lieutenant entra dans la section où ils se trouvaient :

-Commandant Maltez ?, dit le jeune officier.

-Oui, que puis-je pour vous, Max ?

-La générale voudrait vous voir, vous et votre équipe dans en salle n°2 d’ici vingt minutes pour le débriefing de la mission sur P8X-511.

-Compris, on y sera. Si notre gentil docteur nous autorise à sortir, répondit-il en regardant le docteur Linda Stafford, qui se retourna pour lui répondre :

-Le gentil docteur vous autorise à aller voir la générale, Sam, tant que vous revenez pour la seconde batterie de vérifications d’ici 6 heures……







-Avez-vous une idée de ce qui s’est passé, commandant ?

La lieutenant-générale Samantha Carter était assise et regardait le chef de l’équipe SG-22, qui présentait les photographies tridimensionnelles qu’avait pris son équipe sur P8X-511. Celui-ci commença alors à parler :

-Pour le moment, tout porte à croire qu’ils ont reçu une ogive nucléaire au moins mégatonnique. En raison du niveau de radiations absolument phénoménal, nous n’avons pas pu nous rapprocher à moins d’une dizaine de kilomètres. Nous avons effectué la majorité des prélèvements et des prises de vue dans un village situé à une quarantaine de kilomètres du point d’impact présumé.

-Y avait-il quoi que ce soit pouvant expliquer l’origine de l’explosion ? demanda Carter, intriguée.

-Justement, dans les quelques demeures laissées à peu près intactes, le niveau de technologie correspondait à notre XVIème siècle. En tout cas, rien de s’approchant de près ou de loin aux technologies pouvant mener à des armes lourdes comme celle qui les a anéanti. En conséquence de quoi, il n’y a que deux possibilités qui me viennent à l’esprit. Soit ce village était composé uniquement de personnes réfractaires au progrès, soit……

-Il s’agit d’une frappe orbitale, compléta la générale. En revanche, quelque chose m’étonne, commandant.

-Quoi donc, madame ?

-Vous aviez dit lorsque vous aviez activé la Porte que le taux de radiations était supérieur à 25000 REM, là où vous étiez, à environ 50 kilomètres du point d’explosion. Ceci est absolument gigantesque, même après une explosion de forte puissance.

-Je m’en rends compte, madame, mais c’est ce que les détecteurs du véhicule et de nos armures indiquaient.

-Je ne remettais pas en question votre parole, commandant, c’est juste que……

Quelqu’un toqua à la porte de la salle.

-Entrez, dit la générale, voyant un scientifique s’approcher avec une chemise cartonnée.

-Il s’agit du rapport préliminaire des analyses effectuées sur le matériel de SG-22, madame, comme vous nous l’aviez demandé.

-Merci, José. Contactez-moi dès que vous aurez les résultats complets des analyses.

-Entendu, madame, dit le scientifique avant de se retirer de la salle où se déroulait le débriefing.


La générale jeta un coup d’œil au rapport, puis le tendit à Shanti en disant :

-Je pense que cela devrait vous intéresser, lieutenant, en temps qu’officier scientifique de l’équipe.

La jeune Indienne inspira bruyamment lorsqu’elle arriva au milieu de la feuille, son teint devenant blême.

-Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Maltez en regardant à la fois Shanti et Carter.

-Nos équipements, répondit faiblement Shanti, avaient été recouverts par une quantité importante de Strontium 89.

4 paires d’yeux se tournèrent vers elle, avec un regard exprimant l'incompréhension des autres membres de l'équipe, tandis que la générale acquiesça d’un léger mouvement de tête :

-Je pense que vous pouvez expliquer la signification de ceci, lieutenant Bhosle.

La jeune femme répondit alors :

-Une ogive thermonucléaire dopée avec une telle quantité de Strontium va disperser un nuage d’une radioactivité extrêmement intense sur une zone s’étalant sur plus d’un millier de kilomètres, rendant toute vie impossible sur cette zone, et dévastant la biosphère sur tout le reste de la planète. Et ceci pour plusieurs milliers d’années. Quiconque dans les 2000 kilomètres de l’explosion aura une espérance de vie inférieure à une semaine : Humains, animaux et végétaux. Le reste des êtres vivants de cette planète sera rapidement contaminé par le nuage en expansion et, au bout d’au maximum une année, toute vie à l’exception des grands fonds océaniques se sera éteinte. C’était un scénario-catastrophe à l’Académie, conclut-elle calmement.




Le silence se fit dans la salle, lorsque les 6 personnes présentes explorèrent l’idée que quelqu’un, dans le Petit Nuage de Magellan, venait de détruire une planète……


Le complexe souterrain était faiblement éclairé à cette heure-ci, seul signe d’une nuit dans un complexe sans porte ni fenêtre dont une partie du personnel était toujours réveillée. Au milieu de l’un de ces couloirs parcouru quotidiennement par les plus brillants scientifiques terriens et ceux et celles assurant le programme d’exploration, une jeune femme avançait calmement.
Il s’agissait de sa première mission, avec une équipe chevronnée dont l’un des membres venait d’être muté dans les commandos de la Flotte. Et le premier corps céleste situé hors du système solaire sur lequel elle avait posé les pieds n’était plus qu’un rocher radioactif.
A quoi aurait ressemblé le premier contact des habitants de cette planète avec des extraplanétaires ? Se seraient-ils enfuis à la vue de ces commandos en armure de combat qui sortaient de l’Anneau ? Auraient-ils attaqué son équipe, ou alors les auraient-ils accueillis à bras ouverts ?

Elle ne le saurait jamais, désormais.

L’un des cadavres atrocement mutilé qu’elle avait vu parmi les habitations avait une sorte de bijou autour de ce qui lui servait autrefois son cou.
Sûrement avaient-ils une culture artistique importante, des siècles d’histoire qui auraient fasciné tous les anthropologues du SGC.
Tout cela avait été effacé par une main inconnue. A présent, ce ne seraient plus des anthropologues et des ethnologues qui viendraient sur cette planète, mais des unités de démolition, pour en sceller l’accès.

Certaines équipes faisaient de temps en temps ce genre de découvertes, elle le savait, on le lui avait dit à l’Académie. Elle avait vu les photos de civilisations qui s’étaient autodétruites où qui avaient été victimes d’un événement extérieur.
Les instructeurs leur avaient dit que malgré cela, rien ne pourrait les préparer au spectacle de désolation qui pourrait attendre l’un ou l’autre des aspirants après la promotion.

Ils l’avaient dit.

Sans s’en apercevoir, elle était revenue dans sa chambre. Elle s’effondra sur son lit, et, chose qui ne lui était pas arrivé depuis la mort de sa mère 5 ans auparavant, elle pleura.


Ils avaient eu raison.







Une semaine avait passé depuis la mission sur P8X-511 et, imperceptiblement, la manière dont le complexe vivait s’était modifiée : réorganisation des priorités, déprogrammation de certaines missions au profit d’autres, augmentation du rythme de celles-ci.
Quelque chose se produisait, et personne ne semblait savoir de quoi il s’agissait exactement.

Shanti s’aperçut de ce phénomène 2 jours plus tard, lorsqu’au mess, l’ambiance était plus tendue. Ce mardi-là, comme tous les autres mardis, les ordres de missions préliminaires étaient envoyés à tous les membres des équipes SG, avec les heures des briefings spécifiques. Elle n’avait pas remarqué quoi que ce soit de particulier dans le document qu’elle avait reçu, sinon que l’une des quatre missions à laquelle SG-22 était affectée se déroulerait à nouveau dans le Petit Nuage de Magellan.

Ce fut au mess qu’elle apprit que presque toutes les équipes de reconnaissance avaient eu quatre affectations pour la semaine, alors que normalement, une équipe SG n’est affectée qu’à deux sorties hebdomadaires.
Très rapidement, les rumeurs commencèrent à circuler, tant au niveau des équipes SG que des personnels de soutien affectés au SGC. Un tel rythme d'opérations n'avait plus eu lieu depuis la chute de l'empire Goa'uld, à quelques rares exceptions, telles la guerre entre les Jaffas et l'alliance Luxienne, ou encore la découverte de la flotte secrète de Ba'al.


Cependant, ces rumeurs faiblirent assez vite, puisque les différentes équipes SG étaient fortement sollicitées, et n'avaient que peu d'occasions d'échanger leurs points de vue sur la situation courante. Puis, le lundi suivant, lorsque le lieutenant Bhosle arriva pour prendre son petit-déjeuner dans le mess, elle découvrit un attroupement autour d’une table, où étaient visiblement assis les membres d’une équipe SG qui venait de rentrer de mission.

C’est en s’approchant qu’elle découvrit la nouvelle : Une nouvelle planète avait été anéantie par des armes au Strontium. Et à nouveau, les restes trouvés par SG-7 montraient que l’attaque avait été récente.

Abasourdie par la nouvelle, elle resta plusieurs minutes à écouter une description qui lui rappelait douloureusement une scène qu’elle avait vue la semaine précédente.

C’est alors que vint la seconde nouvelle, qui mit réellement fin aux derniers doutes qu’avaient les hommes et femmes présents dans la pièce. Celui qui fut ouvrit la parole suffisamment fort pour couvrir les questions posées à l’équipes fraîchement rentrée dit :

-Le Concordia et toute son escadre viennent de partir pour le Petit Nuage de Magellan.


Le Concordia. Le navire le plus récent et théoriquement le plus puissant de toute la Flotte venait d’être envoyé là où les catastrophes se produisaient, à peine 1 mois après sa sortie des chantiers orbitaux, et avant sa mise en service officielle au sein des Forces Terriennes.....







6 heures plus tard, SG-22 était à nouveau dans la salle de briefing. Le briefing était mené par la générale en personne, ce qui, pour toutes les personnes présentes, témoignait de l’importance de celui-ci, vu le nombre de briefing qui se déroulaient alors.
La générale afficha sur le projecteur holographique une carte d’un système stellaire, dont la seule différence avec les millions d’autres de la Voie Lactée était le nom de code qui lui était donné, et qui s’affichait en haut de la projection : P8X-511.

-Ceci, mesdames et messieurs, est, comme vous l’aurez vu, P8X-511. Dès votre débriefing de la semaine dernière, nous avons envoyé des sondes pour retrouver des indices du passage des vaisseaux qui seraient à l’origine de ce carnage. Les sondes n’ont trouvé qu’un seul objet, et ont envoyé un message subspatial avant de se faire attaquer et détruire par le dit-objet.

Elle attendit quelques secondes, alors que l’animation se mettait en route, montrant le trajet des sondes jusqu’à l’objet.

-L’objet, dont nous n’avons pu déterminer l’origine exacte, est, selon les mesures reçues, bâti autour d’un émetteur.

-Sait-on ce qu’il émet ?, demanda Shanti

-J’allais y venir, lieutenant, si vous me laissez finir. Les ondes qu’il émet ont été identifiées par la délégation Asgard d'Atlantis. L’émetteur serait en fait un système capable d'influer sur la dimension qu'occupent les êtres élevés, et qui pourrait inhiber leurs facultés, qu'elles soient de déplacement, de communication, ainsi que leurs possibilités d'agir sur notre dimension.

Elle fit apparaître près des images de l'objet, le plan d'un autre objet, de forme légèrement ressemblante.

-Voici, continua-t-elle, le plan d'une arme altéranne de la base de données d'Atlantis. Il s'agit, selon les fichiers de son dossier, d'un projet remontant à une guerre civile qu'avait subi leur peuple, avant de quitter la Voie Lactée, et visant à empêcher les dissidents ayant fait l'Ascension de soutenir leurs équivalents humains. L'opinion des membres, tant humains qu'asgards d'Atlantis, est qu'il s'agit d'une copie de cette arme, mais d'origine non-altéranne, comme le montre certains détails extérieurs.
Mais le point le plus important sur ces appareils n'est, pour le moment, pas dans leur utilité, mais dans le fait qu'ils soient arrivés au moins plusieurs heures avant les attaques radiologiques. L'avis actuel est qu'il s'agirait d'une manière de s'assurer la non-intervention des Anciens dans cette galaxie.

-Les agresseurs voudraient empêcher les êtres évolués d'intervenir contre ces attaques ?, coupa le lieutenant Campbell. Sauf votre respect, mon général, ce serait stupide. Je veux dire, ils connaissent suffisamment les Anciens pour avoir récupéré et complété une de leurs armes top secrète, mais ils ignoreraient tout de leur politique de l'autruche généralisée ?

Carter acquiesça en même temps que les autres :
-Je suis d'accord avec vous, lieutenant, mais, quelque soit la véritable raison du déploiement de cette "balise", il reste au moins quelque chose de sûr : elle est un signe avant-coureur d'une attaque nucléaire massive par une espèce non identifiée, et disposant clairement d'un niveau technologique très avancé.
C'est pourquoi nous avons modifié plusieurs de nos sondes pour détecter les émissions caractéristiques de ces balises, et de nous prévenir le cas échéant.

Une carte du Nuage de Magellan s'afficha, dans lequel clignotaient plusieurs points rouges.

-Nous avons placé ces sondes sur les différentes planètes du réseau de portes présentes dans le Petit Nuage de Magellan, et, il y a maintenant une heure, une balise est apparue sur celle-ci : P8X-626.

L'hologramme se centra sur l'un des points, et agrandit l'image pour montrer un système stellaire.

-Nos estimations suggèrent que les vaisseaux inconnus devraient arriver d'ici une cinquantaine de minutes pour lancer leur attaque. La planète étant inhabitée, elle devrait parfaitement convenir à une opération de reconnaissance.
Vous partirez dans l'un des Jumpers sur P8X-626. A ce moment-là, vous déplacerez la Porte en orbite, afin d'éviter un ensevelissement consécutif à l'attaque. Puis, occulteurs activés, vous attendrez l'arrivée du ou des vaisseaux de combat, et en effectuerez un scan complet. Interdiction formelle d'engager un vaisseau ou un projectile, sauf si celui-ci est lancé contre vous. Des questions ?

Bhosle demanda alors :
-Est-ce que l'hyperpropulseur du Jumper a une autonomie suffisante pour rallier un système proche si d'aventure la Porte est rendue inutilisable ?

-Oui, il y a deux systèmes voisins accessibles par Jumper, et le groupe du Concordia sera à portée de communications subspatiales de ce système d'ici deux jours. Donc, même en cas de défaillance, vous devriez pouvoir leur demander de l'aide.


Après être sorti de la salle de briefing, Campbell s'adressa à Shanti :
-Dix dollars qu'on va trouver un énième Ba'al, qui aura, je ne sais comment, mit la main sur une cache d'armes anciennes.
-Ba'al ? Naaaan !, dit ironiquement Maltez. Ce type est trop occupé à se shooter au Kassa en regrettant de s'être demandé ce que valait son dernier Ha'Tak face à un Homère pour faire quoi que ce soit qui puisse attirer notre attention, même dans un trou aussi perdu que là où on va.
-Alors qui ?, répondit l'ethnologue-archéologue-parieur invétéré.
-Je pencherai plutôt pour Anubis, dit calmement la dernière recrue de l'équipe.
-Anubis ?, dit Maltez. Il est mort et enterré depuis plus de dix ans, lui !
-Pas mort, selon le professeur Jackson, répondit-elle. Il parait qu'il a commis des crimes qui dégoutèrent même les Grand Maîtres. En plus, je ne vois pas qui d'autre, à part nous, les Asgards et les Nox, pourrait avoir accès à des appareils comme cette balise anti-Anciens.
-Je reconnais que je vois mal les Nox se mettre à anéantir méthodiquement chaque planète, habitée ou non, de cette galaxie, dit le sous-lieutenant Vernil, en montant dans le Jumper situé à l'intérieur de l'un des hangars du SGC, entre d'autres vaisseaux utilitaires. Je suis l'avis de Shanti, dix dollars sur Anubis.


Une dizaine de minutes plus tard, le petit vaisseau quitta le système stellaire sous forme d'un amas de molécules contenu dans un vortex plus ou moins stable (chacun préférant oublier le "plus ou moins") reliant deux artefacts laissés depuis quelques centaines de milliers d'années sans véritable entretien sur des planètes situées à des centaines de milliers d'années-lumière l'une de l'autre, pour se rematérialiser quelques secondes plus tard sur une planète qui ne verrait jamais de forme de vie évoluée se développer à sa surface.
Dernière modification par Rufus Shinra le 25 nov. 2010, 00:43, modifié 1 fois.
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Artheval_Pe »

Le style est clair et efficace, tu vas droit au but, tu décris les faits de manière rigoureuse. Les dialogues sont plutot bien écrits dans les relations entre les personnages, totalement convainquants dès que ça touche les affaire militaires. Il n'y a pas d'incohérences, l'histoire est vraisemblable, les personnages réagissent rationnellement, le scénario est bien mené et en dévoile assez au fur et à mesure tout en gardant une part de Mystère.

Bref, une fanfic qui apparait pour l'instant comme très bonne (et je ne dis pas ça souvent ici), qui a un potentiel énorme et qui est dans l'ensemble très bien écrite. Les descriptions sont courtes mais adaptées à un rythme rapide qui permet de s'immerger dans la narration.

Bref, continue comme ça, j'attends la suite avec impatience. :)
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Etant donné que je viens de poster le chapitre 17, je poste ici le chapitre suivant :


Bonne lecture
Partie IV : Atlantis


Chapitre 11, publié originellement le Vendredi 1er Juin 2007






Une journée de plus commença sur la cité flottante, alors que, dans toute la ville, physiciens, archéologues, biologistes et autres scientifiques quittaient leurs logements pour continuer la colossale tâche qu'était l'analyse de l'héritage altéran.
Tandis que la relative paix dans la Voie Lactée avait permis d'affecter des forces de défenses importantes à l'une des dernières grandes reliques de la civilisation à l'origine des Portes, la vie quotidienne d'Atlantis changea en quelques années du tout au tout, passant d'une situation peu enviable de tête de pont dans une galaxie dominée par des forces hostiles à celle, plus intéressante, de forteresse surdéfendue.
Cette transition s'effectua d'autant plus vite que, avec l'arrivée constante de nouveaux personnels, les découvertes, tant civiles que militaires commencèrent à se manifester, et, l'utilité de nanomachines écostabilisatrices ou de modulateurs de phase pour missiles n'ayant pas à être démontrée, la base de données (et la cité autour de celle-ci) fut tout naturellement considérée comme un atout inestimable, méritant une défense digne de ce qualificatif.

Et pour continuer cette entreprise profitable, le personnel se voyait régulièrement renforcé par des scientifiques ayant fait une percée par le propres moyens, des spécialistes dont le domaine de prédilection s'avère tout à coup être intéressant, au vu d'un nouveau fichier récupéré, ou tout simplement des étudiants très prometteurs.
Anna Stern faisait partie de cette dernière catégorie, et avait désormais un appartement spacieux avec vue sur la mer, comme la grande majorité du personnel de la cité depuis que la cité avait vu ses différents quartiers réactivés, avec les systèmes de transports, de détente et tout ce qui constituait une ville.




-......Anna....... Anna ?...... Tu m'écoutes ?
-Hein, que disais-tu ?, demanda la jeune femme, en quittant brusquement son petit-déjeuner du regard, suivi rapidement d'un "Désolé" au moment où elle se rendit compte que son interlocuteur pouvait bien avoir été en train de lui parler depuis une bonne minute sans qu'elle ne se soit rendue compte de quoi que ce soit avant que celui-ci ne hausse le ton.
-Je te demandais si çà t'intéresserait de passer le week-end avec nous, sur le continent. On organise une petite randonnée.
Sans qu'elle ne prenne le temps de réfléchir, la réponse vint à ses lèvres :
-Désolé, Johann, mais il me reste encore un truc à boucler en urgence pour la semaine prochaine.

Son interlocuteur ne dit mot pendant quelques secondes, à la fin desquelles l'anthropologue pensa qu'elle pourrait continuer son repas. Alors qu'elle allait reprendre son repas, la voix de Johann Schmidt se fit plus sévère :
-Je ne te comprends vraiment pas. Tu es à des millions d'années-lumière de chez toi, sur une planète différente, et pourtant, tu t'obstines, depuis que tu es arrivée, à te confiner dans ton bureau, à ne faire que bosser sans relâche.
-J'aime ce que je fais, voilà tout, répondit-elle, d'un ton défensif, à la limite de l'excuse.
-Et alors ? Cà ne t'empêche pas de prendre un moment de détente, quand même. Tu bosses jour et nuit, ou presque. On ne te dira pas que c'est mal, mais il faut savoir rester raisonnable, et prendre un peu de repos.
Donc, tu es sûre, pour ce week-end ?
-Evidemment que oui. Je dois absolument finir ce compte-rendu pour lundi.

Cette fois-ci, le silence de Johann dura jusqu'à la fin du repas matinal, n'étant interrompu que par un "Bonne journée" plus diplomatique que sincère, où l'agacement transparaissait.


Le remords causé par son refus dura quelques heures, jusqu'à ce qu'elle soit suffisamment plongée dans son travail pour ne plus penser à autre chose.

Après tout, en quoi une "randonnée" en forêt pouvait avoir la moindre priorité sur l'étude de l'un des dossiers traitant des différents contacts extraterrestres que les précédents habitants de la Cité avait fait. Son travail était de recenser et de trier ces rapports, pour éventuellement en tirer des informations dignes d'intérêt, qui pourraient être enfin à l'origine de missions d'explorations vers les civilisations qu'elle aurait choisies.
Chaque dossier était archivé de la même manière, et présentait une structure commune avec tous les autres, témoin éternel d'un phénomène développé durant les derniers siècles sur Terre : la bureaucratie.
Elle devait alors trier ces contacts à partir d'une date, d'une adresse, et de commentaires agrémentés de données brutes, ce qui n'était souvent pas facile.
En effet, les commentaires avaient tendance à être laconiques au point qu'elle se disait que si la Terre avait été dans ces fichiers, son commentaire aurait été "Inoffensive", voire "Pratiquement inoffensive".

Après tout, pouvait-elle se dire, si les civilisations rencontrées étaient dignes d'intérêt à leurs yeux, elles ne seraient pas fichés dans un dossier intitulé "Civilisations à faible niveau de développement".



Son travail était interminable, vu que le dossier recensait la grande majorité des espèces douées de conscience d'une demi-douzaine de galaxies, le tout sur une durée de plusieurs millénaires. Cà ne l'avait pas empêché de se promettre de terminer et de renvoyer un premier rapport consistant avant ce lundi, quitte à rater des opportunités intéressantes.



Tout le monde était parti depuis une bonne demi-heure de la bibliothèque atlante, lorsqu'elle examina l'un des derniers dossiers de sa journée.
Une civilisation basée principalement sur la chasse et la cueillette, qui commençait à peine à se tourner vers le sédentarisme lors du passage de l'appareil de reconnaissance altéran.
Rien de bien particulier. Vu la date du rapport, leur civilisation a sûrement disparu. De toute façon, ils ne sont ni dans la Voie Lactée, ni sur Pégase, donc, on oubl......Hein, qu'est-ce que c'est que çà ?
En bas à droite des commentaires figurait un lien vers un autre dossier, intitulé "Civilisation contaminée".

Elle toucha l'écran, pour aboutir sur une fenêtre demandant l'entrée d'un mot de passe.
Procédure standard de cryptage. Donc, procédure standard de décryptage., pensa-t-elle en activant le briseur de code fourni à tous les scientifiques dans ces occasions : un système efficace, mais adapté uniquement aux bases de données de conception altéranes, pour empêcher toute intrusion dans les systèmes militaires des installations Terriennes.

Malgré son efficacité, le système avait un défaut, sa lenteur : il lui fallait dix minutes pour briser les systèmes qui bloquaient habituellement le travail des scientifiques, et jusqu'à une demi-heure pour les systèmes militaires.
Ainsi, Anna partit en direction de l'une des cafétérias, après avoir lancé le système.


La cafétéria en question, malgré l'heure tardive, n'était pas vide, loin de là, et une dizaine de personnes était assises, en train de boire un café ou de manger un repas. Une tasse de café dans une main, et des commentaires pour lesquels elle n'arrivait pas à se décider dans l'autre, elle s'installa à une table.

La feuille de papier informatisé afficha le premier des commentaires, qu'elle se mit à relire, en cherchant des détails qui pourraient justifier une expédition.
Elle put trier certains des dossiers, d'autres non, et s'apprêta à relire celui qui avait mené au mot de passe, lorsqu'elle vit quelqu'un s'asseoir devant elle.

-Je savais que je te trouverais ici, l'aborda Johann, d'une voix amusée. Alors, que fais-tu aussi loin de ton bureau, cette fois ?
Sans relever l'ironie de son collègue, la jeune anthropologue répondit, d'un air détaché :
-Un code d'accès inconnu sur l'un de mes fichiers. Rien de grave.
-Un de tes faaaaaascinants rapports de contact protégé par un mot de passe ?, dit-il en baillant volontairement.
-Pas le dossier lui-même. Juste un lien vers un autre fichier. Regardes, dit-elle, en lui donnant la feuille sur laquelle elle venait de faire s'afficher le rapport.
Il prit quelques minutes pour le lire, prenant rapidement un air soucieux, puis releva la tête :
-C'est bien ce que je craignais.
-De quoi ?, demanda-t-elle, inquiète de son regard soudain devenu sérieux.
-Les Anciens avaient vraiment du temps à perdre !!, lui dit-il en redevenant de bonne humeur. Attends, tu crois vraiment être tombée sur un "dossier noir" atlante ? Je te parie dix dollars que ta "contamination" n'est qu'une vulgaire grippe qui a empêché les explorateurs de se poser.

Regardant l'heure sur l'horloge de la cafétéria, Anna se leva :
-Si tu es si intéressé, viens voir de quoi il s'agit.

La prenant au mot, Johann se leva à son tour, et, après avoir payé les consommations, le duo se mit à se diriger vers la bibliothèque.




-......Tu me dois dix dollars.
-Comment çà, j'ai perdu le pari ?
-Cà, j'en suis à peu près certaine, Jo. lui dit Anna en souriant à moitié.
Il regarda brièvement l'écran, avant de répondre :
-Pour l'instant, tu ne m'as pas prouvé qu'il ne s'agit pas d'un truc banal, et étant donné ce que je vois ici, tu auras du mal à me le démontrer, mais, je t'en prie, essaies.
-Bien, dit-elle, en souriant d'une manière pour le moins inquiétante. Je suis partie du bureau vers 20 heures 45, comme peuvent en témoigner les rapports d'activité de la bibliothèque.
-Et ?
-Quelle heure est-il ?
-Presque 22 heures, pourq..............oh non !
Devant son exclamation, elle ne put s'empêcher de continuer son raisonnement :
-Donc, un programme si performant qu'il peut briser des systèmes de cryptages militaires en une demi-heure n'arrive pas à me donner accès à la destination de ce lien en plus d'une heure. Je ne sais pas pour toi, mais j'ai comme qui dirait des doutes quant à ton hypothèse d'un évènement sans importance....
-Bon, et bien que fait-on, maintenant, on attend qu'il ait fini de déchiffrer ton truc ?
-Non, répondit-elle en coupant le programme. Maintenant, on prévient le conseil de commandement, on va prendre du café, et on se prépare à une nuit blanche..............et toi, en particulier, tu me passes ces dix dollars.
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

EDIT : Ouuuups, j'ai posté le même chapitre à nouveau.

Désolé, désolé (et merci à Arth de me l'avoir signalé)




Chapitre 12 : Questions……et réponses, posté originellement le lundi 12 Novembre 2007



Quartier Scientifique, Médiathèque Kepler, Atlantis

A la différence de nombreuses facultés et universités de la Voie Lactée (qu’elles soient Terriennes ou non), la section de recherche de la base d’Atlantis est connue pour sa rapidité de réaction, pour la bonne raison que sans elle, la dite-base, alors simple cité, aurait été réduite en ses plus petits éléments constitutifs par les différents réfractaires à l’installation de Terriens dans Pégase.

Ainsi, quand une nouvelle venue déniche quelque chose d’étrange, elle se voit nommée coordinatrice de projet dans les 12 heures, au lieu d’être mise dans la file d’attente des projets de thèses et autres demandes de financement.

Evidemment, si l’on s’appelle Mc Kay ou Zelenka, ce système présente des avantages, mais pour les êtres humains, il a un « léger » défaut :

-Par où est-ce que je commence ?
Le chuchotement mi-apeuré, mi-excité fit sourire Johann, qui voyait une de ses amies devoir diriger le travail d’une dizaine de scientifiques ayant pour certains passé plusieurs années sur Atlantis.
-A mon avis, tu écoutes ce que te dit ce Nathan, pour commencer.

Parfaitement conscient de la difficulté de répartir le travail parmi ses subordonnés lorsque l’on est « le seul scientifique valable à deux millions d’années-lumière à la ronde », Mc Kay assigna au groupe, en plus des cryptographes et autres spécialistes, Nathan Ritter, dont la spécialité était de centraliser les efforts pour obtenir un groupe à peu près cohérent.

Se tournant vers le « vrai » coordinateur, elle répéta :
-Donc, par où est-ce qu’il faudrait commencer ?
-Pour l’instant, il semble que nous ayons deux problèmes : le code, et ce qu’il protège, d’accord ?
-Peut-être, mais tant que le code lui-même ne sera pas brisé, on ne pourra rien faire, si ce n’est spéculer sur le contenu de ces fichiers, non ?, demanda Anna.
-Et bien, je propose que nous cherchions dans les fichiers déjà accessibles des informations sur ce que pourraient contenir les fichiers qui nous intéressent.
-Il a raison, Anna. On ne peut pas vraiment faire autre chose tant que les codes d’accès ne sont pas déchiffrés.


Les différents spécialistes et autres scientifiques étaient en train de discuter dans l’une des salles d’une médiathèque réaménagée en centre de recherche lorsque le trio arriva :

-Bonjour, mesdames, messieurs.

Vous avez tous reçu un topo de la situation actuelle, donc vous en savez au moins autant que moi sur l’objet de nos recherches. Le décryptage du système de sécurité entourant les fichiers nous concernant est désormais une priorité militaire maximale, donc nous devrions, avec un peu de chance, avoir des résultats probants assez rapidement. Mais pour le moment, nous allons devoir nous contenter des fichiers accessibles. Il est probable que les détails sur la nature de cette « contamination » soient encore hors d’atteinte, mais il devrait être possible de la replacer dans un contexte historique, voire militaire. Donc, on rassemble tout ce que l’on peut sur la période et les emplacements des évènements en question, et on s’occupe ensuite de voir si les documents y étant relatifs peuvent éclairer notre lanterne.

L’un des historiens fit signe qu’il avait une question :
-Quel est notre niveau d’accréditation pour les recherches ?

-Nous avons accès au niveau Delta pour les sections historiques et politiques, Charlie pour le bio-médical et Echo pour le militaire. Si qui que ce soit à besoin d’un accès exceptionnel a un fichier donné, parlez-en à Nathan et à moi-même, et nous verrons ce que nous pouvons faire.
D’autres questions ?

Nul ne répondit.

-Bien, alors, au travail, dit Anna, avant de se diriger vers l’un des moniteurs où l’attendaient plus d’informations que n’en contenait l’intégralité d’Internet sur Terre.





Bureau du gouverneur Weir, Atlantis

Le directeur du département scientifique de la base toqua à la porte.
-Entrez, Rodney.

-Nous avons un problème, dit sans préambule Mc Kay.
-Que se passe-t-il ?
-Il y a quelques heures, une de nos analystes est tombée sur des fichiers cryptés d’une manière jusqu’alors inconnue. Nous avons commencé à décrypter, et pour l’instant, nous avons réussi à retranscrire une très faible partie des données, mais regardez sur quoi nous sommes tombés, lui dit-il en tendant une clé de stockage.

Il fallut quelques secondes au dispositif pour être opérationnel, puis l’écran afficha un seul fichier texte, qu’Elizabeth Weir ouvrit immédiatement avant de le parcourir. Au bout d’une vingtaine de secondes, son regard revint sur Rodney Mc Kay.

-Est-il possible qu’il y ait la moindre erreur de traduction ?
-Quasiment impossible. Les fichiers surcryptés font bien référence aux « Ori ».
-Qui d’autre a vu ce fichier ?
-Deux techniciens et un traducteur, mais aucun n’a la moindre idée de ce dont il s’agit.
-Je m’en doute. Il ne doit pas y avoir plus d’une vingtaine de personnes ayant le niveau d’accréditation suffisant.
-J’ai mis le décryptage en priorité absolue pour les ordinateurs quantiques. Envoie-t-on un rapport sur Terre ?
-Oui, et en transmission directionnelle par la Porte. Sécurité maximale, niveau d’accréditation Ultra.

Mc Kay se retourna pour partir lorsqu’un message fut annoncé par le haut-parleur dans le bureau :
« Docteurs Mc Kay et Weir. Votre présence est requise en salle d’embarquement. Réception d’un message FLASH. »
Weir pressa un bouton :
-Nous arrivons.


Les deux plus hauts responsables civils se virent rejoints par quelques officiers hauts gradés dans la salle d’embarquement. Un officier des communications les laissa entrer dans la cellule de crise.
Devant chaque chaise se trouvait une feuille apparemment blanche, qui se recouvrit de caractères lorsque l’un des dirigeants de la base y apposait sa signature :


****FLASH****

DE : COMMANDEMENT CENTRAL TERRE
A : COMMANDEMENT CENTRAL PEGASE
OBJET : DEFCON 2

1 : LE CROISEUR LANCE-MISSILES BELLEROPHON (BBG-08) A ETE DETRUIT IL Y A 5 HEURES PAR FORCES INCONNUES, PRESUMEES HOSTILES, LORS D’UNE ACTION DE RECONNAISSANCE EN FORCE DANS LE SECEUR 2,11,-5 DU PETIT NUAGE DE MAGELLAN.

2 : TOUTES LES FORCES ARMEES TERRIENNES SONT PAR LA PRESENTE EN ETAT D’ALERTE RENFORCE DEFCON 2.

3 : REGLES D’ENGAGEMENT BAKER EN ACTION : AUTORISATION DE TIR ACCORDEE SUR TOUT APPAREIL PRESENTANT DES INTENTIONS HOSTILES VERIFIEES OU PRESUMEES.

4 : AUTORISATION DE DEPLOIEMENT DES ARMEMENTS DE TRANCHE B,D,E ET DES ARMEMENTS NUCLEAIRES TACTIQUES EN ENVIRONNEMENT NON, REPETE, NON, PLANETAIRE.

****FIN****

Si une grande partie des personnes présentes dans la salle s'interrogaient sur les conséquences de ce message sur la situation de la Terre et d'Atlantis, deux civils étaient encore plus préoccupés.
Après tout, quoi de plus normal, puisqu'il y a plusieurs années, ils avaient, comme quelques rares autres personnes, lu un avertissement décrivant comment la Terre et toutes les autres civilisations de la Voie Lactée s'étaient faits détruire par ces "Ori".....



Chapitre suivant : La chimère
Dernière modification par Rufus Shinra le 20 mars 2008, 18:42, modifié 1 fois.
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Voici un nouveau chapitre. N'hésitez pas à poster des commentaires.



Chapitre 13 : La chimère, originellement posté le Jeudi 10 Janvier 2008

Approximativement 5 heures auparavant, dans le Petit Nuage de Magellan




Le croiseur terrien n’était qu’un point insignifiant par rapport à la planète autour de laquelle il orbitait. A l’intérieur du navire, quelques centaines d’hommes et femmes attendaient, patiemment, depuis une heure.
Lorsque les sondes de P8X-626 avaient lancé l’alerte, le Bellérophon avait initialement été détaché du groupe de combat pour surveiller le dispositif étranger en action. Puis, quelques minutes après son arrivée dans le système, une transmission du SGC l’avait informé d’une mission de reconnaissance. Le Jumper aurait à recueillir des informations sur les vaisseaux qui allaient arriver d’une minute à l’autre, tandis que le croiseur devrait évaluer ses capacités défensives en tentant de protéger la planète.
Le commandant Andersen avait reçu en même temps un rapport détaillé sur les offensives radiologiques, alors que son équipage s’installait aux postes de combat.



Le Jumper était bien arrivé, et avait déplacé la Porte en orbite, laissant la planète entre elle et l’arme inconnue, puis s’était placé à quelques centaines de kilomètres du Bellérophon.





De toutes les batteries de détecteurs dont disposait le vaisseau terrien, seuls les capteurs passifs étaient utilisés, tandis que des drones de reconnaissance s’éloignaient dans toutes les directions, attendant l’ordre de s’activer.



Le second-maître Beaumont surveillait les écrans lui donnant les informations en provenance des différents détecteurs d’ondes gravitationnelles, lorsqu’une petite tache apparut, rapidement suivie de nombreuses valeurs numériques.
Après avoir lu et interprété les informations affichées, il appuya sur l’interphone :
« CO, de Scanners. J’ai une anomalie gravitationnelle, fenêtre hyperspatiale probable, à 800000 km au-dessus de l’écliptique, cap un-un-cinq à deux point un millions de kilomètres. »


« Bien compris », répondit Andersen, avant de se tourner vers son chef-canonnier : « Préparez-moi une solution de tir. »


« CO », reprit la voix de Beaumont, « Fin de l’anomalie. J’ai une masse de un point cinq millions de tonnes en accélération vers nous, à quatre cent vingt g. »



Le commandant acquiesça puis dit :
« Activez les drones, et dites aux gars du Jumper qu’ils peuvent aller renifler notre copain. Naomi, faites décoller les chasseurs en couverture anti-missile rapprochée. »

Au moment où son second, Naomi Ayse, allait répondre, le second maître se fit à nouveau entendre :
« Second contact repéré. Accélération quatre mi......Vampire ! Vampire ! Missile en approche ! Accélération quatre mille cinq cent g ! »
« Acquisition du projectile en approche. Il sera à portée de tir d’ici trois minutes si son accélération reste constante. », dit le chef canonnier, en train de se pencher sur l’une des consoles du CIC.


Andersen jeta un coup d’œil à la carte centrale, et observa les deux points rouges se séparer, loin encore de la sphère bleue représentant la portée d’interception du Bellérophon.
« Transmettez à la flotte : Attaque en cours, commençons opérations. Lancez les intercepteurs sitôt à portée de tir. »
Il observa rapidement le CIC, et s’attarda sur l’un des écrans muraux, qui représentait plusieurs coupes du croiseur. Plusieurs indicateurs clignotèrent au niveau des hangars, indiquant le décollage imminent des appareils, dont la mission serait strictement défensive.

La vitesse du missile se stabilisa à environ cinq mille km/s, et il fallut attendre encore cinq minutes avant que le vaisseau ne puisse se mettre à tirer.



La solution de tir ayant été calculée aussitôt que le missile eût stoppé d’accélérer, les ordinateurs du système d’autodéfense ouvrirent le feu sitôt que le projectile fut à portée de tir efficace.
Quatre petits missiles décollèrent du croiseur, et, sous la poussée de leurs propulseurs ioniques rapides, se stabilisèrent sur une trajectoire d’interception.




« Interception de la cible 1001 dans 10 secondes. »
La quasi-totalité des hommes et femmes présents dans le central se tournèrent pour regarder la cuve holographique où les symboles verts se rapprochaient du point rouge, pour se superposer et disparaître.







« Ils l’ont eu. »

Bien qu’elle sache que chacun avait assisté à l’interception sur les scanners, Shanti n’avait pu s’empêcher de l’exprimer à voix haute, comme pour se persuader qu’avec un peu de chance, elle n’assisterait pas à un nouveau cataclysme.


Le petit appareil se dirigeait à présent vers l’appareil inconnu, théoriquement protégé par son système de camouflage.

« Tu reçois quelque chose ? », demanda Campbell, que le pilotage en ligne droite dans le vide ne semblait pas fasciner outre mesure.
« Rien de plus que la signature gravitationnelle, et quelques légers rayonnements EM. »

Au bout de quelques minutes, les écrans des senseurs commencèrent à déverser leurs informations devant Shanti :

« J’ai les premières infos : Il ne semble pas y avoir de bouclier autour du vaisseau, mais je repère en revanche des perturbations mineures au niveau du vaisseau lui-même. »

« Montrez çà, lieutenant. », dit Maltez, avant de s’approcher de sa subordonnée.

« Voilà. » Elle montra une représentation du vaisseau. « Les capteurs n’arrivent pas à donner une valeur fixe à la masse du vaisseau, et la position de son centre de gravité se déplace de manière irrégulière, et… »

Elle fut coupée par une alarme, qui se déclencha au moment ou une douzaine de petits objets quittèrent le vaisseau et furent détectés.

« J’ai un solution de tir avec les drones, commandant. Dois-je ouvrir le feu sur le vaisseau ou les projectiles ? », dit Campbell, qui assistait à la même scène depuis le cockpit.


Alors que Maltez s’apprêtait à lui dire de ne rien faire, les projectiles disparurent en autant de flashs, à une faible distance de leur lanceur.






« Vampire ! Vampire ! Lancements multiples. Données identiques. Onze projectiles en approche ! », dit Beaumont, alors que les détecteurs du Bellérophon lui indiquaient la présence de ces nouveaux appareils.


« Visent-ils la planète ? », demanda Andersen.

« Atten..négatif ! Ils sont pour nous ! Onze missiles sur une trajectoire d’interception ! »

Le commandant se tourna vers le timonier :
« Vitesse d’urgence ! Levez le bouclier ! Commencez les manœuvres dilatoires et lancez les leurres. »

La voix de Beaumont se fit à nouveau entendre dans le CIC :

« Détection de fenêtres hyperpatiales au niveau des missiles. »



Quelques secondes plus tard, alors que le croiseur s’éloignait à toute vitesse de sa position d’attente, des nuages de gaz apparurent de nulle part, pour être, une seconde plus tard, au cœur d’une réaction impliquant l'annihilation de plusieurs tonnes d’antimatière.


L’un des projectiles réapparut à très faible distance du croiseur, qui fut noyé dans l'énergie libérée par la réaction, et seul le bouclier de conception Asgard empêcha sa destruction complète.




Au milieu du CIC, plongé dans le noir après l'explosion, Andersen reprit conscience au bout de quelques secondes. Il se releva dans l'obscurité la plus complète, et, alors qu’il cherchait l’une des lampes de poche accrochées aux murs, vit tout d’un coup l’éclairage de secours se remettre à fonctionner, révélant le chaos dans le centre de commandement du vaisseau.

Une bonne partie des présents étaient blessés ou morts à la suite de collisions contre les consoles.
Il jeta un coup d’œil au tableau d’affichage des dégâts pour voir les propulseurs signaler leur incapacité complète, les boucliers totalement disparus et de nombreuses sections du navires endommagées ou exposées au vide spatial.

Alors que certains blessés gémissaient, ceux qui le pouvaient se dirigeaient vers les postes critiques pour reprendre le contrôle du croiseur.


Le second-maître Beaumont avait eu de la chance et n’avait eu que quelques égratignures. Il se replaça devant ses écrans.
Sa voix se fit entendre à nouveau au-dessus du brouhaha ambiant :

« Vampire ! Vampire ! Lancement détecté ! »

Andersen se jeta sur un bouton clignotant au mur, le pressa, et vit sa couleur passer du rouge au vert, signalant la réussite de l’éjection des boites noires.


Quelques secondes plus tard, un projectile réapparut dans la section ingénierie du vaisseau, et détona, réduisant le croiseur à un amas de particules.







« Oh merde ! »
Maltez avait résumé les pensées de toutes les personnes présentes dans le Jumper lorsque les détecteurs avaient affiché l’explosion du Bellérophon.

Il se reprit rapidement, et se tourna vers Shanti, alors qu’un missile redécollait en direction de la planète, dont le sort semblait à présent scellé.
« Est-ce qu’on a eu les infos qu’on voulait ? »
« A peu près, la masse semble se stabilis….Oh non, elle change à nouveau ! »
« Encore ? »
« Non, maintenant, elle augmente à toute vitesse ! Les capteurs indiquent que l’appareil est dix fois plus lourd qu’avant de tirer. Et çà continue de plus en plus vite. »
« Campbell, on dégage de là. Ramenez-nous à la Porte. »

« Commandant, je crois qu’on a un problème…. », lui répondit le pilote.
« Quoi encore ? »



« Il y a un problème avec les systèmes de contrôle du Jumper. », coupa Campbell. « Il est attiré par le vaisseau. »





Deux lueurs illuminèrent une dernière fois le système dévasté.

Une bombe radiologique explosa à haute altitude au-dessus de la seule planète habitable de P8X-626, quelque secondes avant que le navire, à présent aussi massif qu’une étoile, ne disparaisse, laissant derrière lui le vide et un nuage de débris.
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Chapitre 14 : Déjà vu, originellement posté le Samedi 9 Février 2008






Le SGC lunaire était construit, comme son prédécesseur, en un ensemble de niveaux souterrains. Une trentaine de kilomètres sous la surface se trouvait le centre de commandement solaire, qui recoupait les informations transmises depuis les sondes et les stations réparties à travers tout le système.

Puis, deux kilomètres en-dessous, se trouvait le souterrain 201. Comparé aux autres niveaux, il était minuscule, mais renfermait l’une des zones les plus sécurisées qui soient, invisible même aux détecteurs asgard.

Et le cœur de ce niveau était une salle de réunion de taille respectable, dans laquelle seules vingt-cinq personnes avaient jamais pu pénétrer.




Une demi-douzaine de personnes entrèrent dans celle-ci.


Lorsque chacun fut installé, Carter procéda aux salutations d’usage, puis invita les deux voyageurs en provenance d’Atlantis à commencer leur briefing. Chacune des personnes présentes dans la pièce avait un niveau d’accréditation dont l’existence même était l’un des secrets les mieux gardés au sein de l’administration spéciale des Nations Unies.



Le docteur Weir commença à parler :

-Comme vous le savez, nous avons découvert il y a environ 15 ans, un appareil de transport altéran permettant le voyage dans le temps. Cet appareil, que nous n’avons jamais utilisé à cette fin, est pourtant la cause d’évènements majeurs dans notre réalité, tels que la survie de l’expédition Atlantis.

Ce système, que nous pensions ne jamais voir servir, avec la destruction de l’empire Goa’uld, fut pourtant utilisé en 2005.

Le véhicule temporel, qui semble avoir été lourdement endommagé, est arrivé quelques mois après l’établissement du système d’identification. Il contenait une très grande quantité d’informations, ainsi qu’une passagère.

-Moi, coupa Carter. Enfin, mon double de cette réalité, qui, semble-t-il était mourante des suites d’une attaque sur la Terre. Enfin, reprenez, s’il vous plaît, docteur Weir.

-Merci. En effet, nous avons trouvé le lieutenant-colonel Samantha Carter, gravement blessée, dans le véhicule, avec son code d’identification temporel noté à côté d’elle, ainsi qu’un disque dur accompagné d’instructions.


-Que s’était-il passé ?, s’enquit la directrice de l’administration spéciale.


-Il semblerait que, quelques mois après l’arrivée du véhicule, nous allions trouver une cache remplie d’artefacts altérans, dont l’un, un appareil de communication transgalactique, allait nous faire découvrir d’un peuple dénommé les Ori.
Selon les informations très détaillées du colonel Carter, il s’agirait du résultat d’un schisme chez les altérans, entre les partisans d’un non-interventionnisme après l’ascension et ceux d’une utilisation plus....effective des pouvoirs conférés par celle-ci. Il en résulta une guerre, dont l’issue fut la destruction quasi-complète des espèces vivantes de notre galaxie, par le biais d’une arme bactériologique Ori, qui n’immunisaient que les fidèles de leur culte, Origine.

-Bon Dieu, une guerre bactériologique à l’échelle d’une galaxie..... chuchota l’un des responsables présents.

-En tout cas, le dispositif de Dakara fut construit, semble-t-il, pour réimplanter la vie anéantie par cette arme.

-Et, que se passa-t-il après le contact ?

-Les Ori ont lancé une offensive, une croisade, pour être plus précis. Tout d’abord avec leurs agents, nommés les Prêcheurs, raffermissant les peuples à l’aide de démonstrations de force utilisant, entre autres, leur arme biologique. La nation Jaffa faillit, d’ailleurs, se convertir en masse, alors que la Terre fut victime de cette arme.

-C’est pour cela qu’elle est revenue ?

-Non, les fichiers mentionnent un vaccin et le procédé de fabrication, ainsi que la survie de la Terre. Il semble qu’après cette offensive, la Terre avait réussi à reprendre l’initiative et à lutter contre ces agents, mais quelques mois plus tard, ils réussirent à fabriquer dans notre galaxie une Porte des Etoiles géante, d’où sortit une flotte qui put anéantir une armada combinée terrienne, jaffa et asgard en quelques minutes.

-C’est à partir de là que tout à dérapé, intervint Carter. Il semblerait que la nation Jaffa ait été attaquée directement et vaincue, puis ce fut le tour de la Terre, selon les bribes de données que nous avons trouvé dans une clé USB accompagnant le disque dur.

-Donc, si nous sommes encore là, actuellement, c’est que....

-Nous n’avons pas pris contact avec ces Ori, effectivement, madame.

-Mais pourquoi nous en parler maintenant ?, demanda la directrice. Est-ce que vous pensez que les vaisseaux qui ont détruit ce croiseur sont Ori ?

-Pas vraiment. Nous avons pu récupérer deux des boites noires du Bellérophon et commencer à les analyser, mais cela ne correspond pas vraiment aux informations que nous avons eu par le lieutenant-colonel Carter. Les Ori n’utilisent pas d’armes nucléaires, à ce que nous savons d'eux.

Elle prit une gorgée d’eau, et continua.
-Les recherches sur Atlantis viennent en fait de trouver un fichier extrêmement protégé, que nous commençons à peine à déchiffrer, et qui semble être resté invisible jusqu’au début des attaques. Pour l’instant, nous n’avons pas encore accès à son contenu complet, mais nous y avons trouvé le terme « Ori ».
Pour l’instant, nous ignorons si les agresseurs sont Ori, mais il est possible qu’ils aient un rapport avec les évènements actuels.



-Donc, si j'ai bien compris, repris la responsable, nous nous trouvons face à une, voire deux forces ennemies d'un niveau technologique comparable ou supérieur aux Anciens, ayant pour hobby des exterminations au niveau galactique ?

-En résumé....oui, voilà la situation.

-Bien. Je vous remercie pour votre exposé, mesdames. Je transmettrai ces informations au Conseil de Sécurité.

Elle prit une pause, puis dit :
-Général Carter, avez-vous des recommandations à soumettre au Conseil pour faire face à cette crise ?

-Et bien, il me semblerait approprié d'avertir immédiatement nos différents alliés, ainsi que la Nation Jaffa, en leur expliquant la situation actuelle dans le Petit Nuage de Magellan, qu'ils puissent se préparer à une éventuelle frappe. Ensuite, pour ce qui nous concerne spécifiquement, le minimum serait de faire passer les forces de réserve planétaire en DEFCON 3, puisque une attaque ennemie nous laisserait un temps de réaction inférieur à cinq minutes.



La responsable de l'administration spéciale fit mine de réfléchir quelques secondes, puis acquiesça :

-Entendu. Je soumettrai vos recommandations. Encore merci, dit-elle, avant de se lever, en cela suivie par ses collègues.




Samantha Carter attendit que la porte de la salle fût fermée pour s'adresser à Weir :
-Elizabeth, si vous avez la moindre info supplémentaire, j'aimerais être prévenue immédiatement.
-Entendu. Ne vous inquiétez pas, j'ai mis mes meilleurs éléments dessus.
-....
-Est-ce qu'ils se rendent compte à quel point la situation est grave ?
-Probablement pas, autrement, nous ne perdrions pas autant de temps avec ces procédures....
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par CM punk »

je ne comprends pas tout mais c'est bien.meme si il y a un manque d'action a mon gout.
l'histoire se déroule en 2020 selon les dates dans le dernier chapitre.
vivement la suite
Rufus Shinra
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Il n'y aura pas énormément d'action dans cette fic (peut-être à la fin, et encore, je n'en suis pas sûr (voir ma signature))

Elle est plus orientée sur les autres aspects de Stargate, à savoir la découverte plus ou moins violente d'autres civilisations et modes de pensée, l'héritage des Anciens à travers Atlantis et les conséquences à moyen et long terme des évènements des saisons 1 à 8 de SG1, le tout à travers plusieurs points de vue lors d'une crise majeure.

Merci d'avoir pris le temps de poster un commentaire, je tente de prendre au maximum en compte les opinions des lecteurs (j'ai ainsi des points de vue supplémentaires sur le texte, par rapport aux idées que j'ai pour la suite).
Dernière modification par Rufus Shinra le 09 avr. 2008, 13:54, modifié 1 fois.
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Re: [FANFIC] Effet Papillon ~ Tome I

Message non lu par Rufus Shinra »

Chapitre 15 : Concorde....et discorde, publié originellement le Lundi 11 Février 2008


22 heures plus tard


Système FT-957

Les quatre chasseurs et le ravitailleur volaient en formation, propulseurs coupés. Le silence avait suivi une demi-heure de discussion entre les pilotes, et chacun était perdu dans ses pensées et le vide affiché par les détecteurs.
La formation était en vol serré, centrée autour du ravitailleur, de la taille d'un petit transport, qui servait en même temps d'appareil de détection avancée et de contrôle pour les chasseurs.

L'alerte générale avait été déclenchée quelques heures plus tôt dans l'ensemble des appareils de la flotte. Mais, cette fois-ci, cela n'avait rien à voir avec un exercice.

Carl regarda dans son cockpit virtuel les missiles sous les embryons d'ailes de son chasseur. Deux de ses fusées étaient noires mat, tandis que les autres avaient une tête sensiblement plus large que le reste du corps, peinte en jaune à rayures noires, et il repensa à son parcours.

Punaise, il y a 6 ans, j'étais un gars standard, étudiant pour devenir ingénieur, et maintenant, je pilote un super-chasseur bourré de missiles nucléaires hors de la Voie Lactée.....Engagez-vous, qu'ils disaient, vous verrez du paysage , pensa-t-il avant de régler son affichage pour afficher la Voie Lactée, toujours aussi magnifique, qui l'aida à se détendre, et à repenser aux dernières heures.


Le CAG les avait tous convoqués en salle de briefing lors de l'alerte, où ils apprirent la disparition du Bellérophon. Les patrouilles avaient alors été renforcées en nombre, en fréquence.
Son groupe était le second dans les rotations, et il avait eu le temps de chercher d'autres informations avant le briefing spécifique. Et pour les infos, il s'avait où chercher : au CIC.

"Samir, tu peux venir un instant ?", lui demanda-t-il, une dizaine de minutes après la fin de la réunion d'urgence, alors que son ami sortait de la salle de contrôle pour quelque raison.

"Pas le temps. Si c'est important, suis-moi, je dois aller récupérer des paperasses chez l'amiral. Les codes PAL, pour être précis."

"Quoi ?", dit Carl tout haut, avant de se reprendre et de chuchoter, "Ils sortent les charges nucléaires ?"
"Tu n'es pas au courant ? On a perdu un croiseur, démoli en quelques minutes, et la Terre vient de nous faire passer en DEFCON 2."
"Comment ça, démoli ? Au briefing, le CAG a juste dit qu'il avait disparu."
"Ouais, ben on a retrouvé les boites noires", dit Samir, en continuant à avancer dans les coursives, "et on m'a montré les enregistrements de l'engagement. A ce que j'en ai vu, il s'en semble que l'on soit dans...."
"Mouais, j'ai compris. Et....on sait qui a fait ça ?"
"On ne m'a rien dit à ce sujet, et je n'ais aucune idée de mon côté. L'attaque ne ressemble à rien de connu, mais un conseil, fais gaffe dehors, parce que qui qu'ils soient, ils ne plaisantent pas."

Ils étaient à présent près des quartiers des officiers généraux.

"Tu ferais mieux de t'éclipser, à moins d'avoir un laissez-passer pour amadouer ces deux là.", dit-il en pointant de la tête les deux gardes à l'entrée de la cabine de l'amiral.
"OK, merci, vieux."
"T'inquiètes."



Il avait vu, par la suite, les techniciens sortir les ogives nucléaires, sous la surveillance des Marines. Puis, juste avant le décollage, il reçut dans les banques de données une série de codes d'activation, signifiant qu'il avait désormais entre ses mains le pouvoir de ravager un pays entier.


Un cri dans son casque le fit revenir à la réalité.
"Contact ! Fenêtre hyperspatiale ! Distance 56200 km", aboya le contrôleur radar du ravitailleur, un instant avant que les informations ne s'affichent dans son cockpit virtuel.

"Ici Lone Wolf. Bravo 2, avec moi, on va voir ce que c'est. Bravo 3 et 4, vous restez en arrière et nous couvrez."
"Compris", répondit Carl à son leader, avant de s'engager avec lui sur une trajectoire d'interception, propulseurs activés.

La fenêtre avait disparu, laissant place à un contact radar clair, qui fut rapidement analysé et identifié par l'IA de son chasseur.
"Lone Wolf", dit Carl, "transport Goa'uld classe Tel'tak II. Pas d'IFF. Qu'est ce que l'on fait ? Sommations d'usage ?"
"Je m'en charge.", répondit-il

La voix du chef de groupe se fit entendre sur la fréquence de communication d'urgence reconnue dans la Voie Lactée :
"Tel-tak inconnu, vous entrez dans l'espace de contrôle du groupe spatial terrien du Concordia. Veuillez vous identifier et vous immobiliser sur le champ, ou nous ouvrons le feu. Toute tentative de fuite sera interprétée comme une action hostile et sera traitée en tant que telle."
"Bien compris, chasseurs Tau'ri.", répondit le pilote du transport, dont le visage s'afficha à droite de l'écran affichant plusieurs vues du transporteur. "Je m'appelle Rya'c, fils de Teal'c, et je viens représenter la nation Jaffa auprès de vos forces."

Le transport commença alors à ralentir, et Carl vit son canonnier retirer son pouce du bouton de tir des missiles.
"Allons bon", dit ce dernier, "dans quoi est-ce qu'on s'est mis ?"
"Sais pas", répondit Carl, "mais ce qui est sûr, c'est qu'on est dedans jusqu'au cou...."

Alors que le reste de l'escadron termina sa patrouille normalement, les deux chasseurs et le transporteur revinrent rapidement vers le porte-astronefs, où le transport fût dirigé vers une baie d'appontage différente.







La baie avait été désertée par les techniciens et les contrôleurs de vol, laissant un petit groupe de personnes y entrer, escorté par un groupe de Marines.
Un homme sortit de l'une des coursives et se dirigea en courant vers le groupe. Les Marines firent mine de pointer leurs armes sur lui, avant de le reconnaître et de le saluer.

"Ah, Mitchell. Heureux de voir que vous avez pu nous rejoindre", dit l'amiral Wulfe.
"Désolé du retard, amiral.", répondit-il. "Je suis venu aussi vite que possible et je n'ai pas eu le temps de me faire informer de la situation."
"Une de vos patrouilles vient d'intercepter un transport Jaffa et le ramène à bord. Il semblerait que ce soit Rya'c qui le pilote, et il demande à monter à bord en tant que représentant de la nation Jaffa. Nous avons eu l'autorisation de l'accueillir de la part du SGC."
"Les Jaffas se joignent à la fête ?", demanda Mitchell
"Il semblerait. Le SGC vient de nous avertir qu'ils les ont mis au courant des attaques, et que nous pouvons nous attendre à l'arrivée prochaine d'un de leurs groupes de combat dans le secteur."
Mitchell soupira :
"Il ne manquait plus que ça...."




Le transport traversa le champ de force pour atterrir délicatement sur le sol, au moment où les Marines formaient une garde d'honneur derrière les principaux officiers du navire.

Le Jaffa sortit du vaisseau, s'arrêta quelques minutes pour regarder autour de lui, puis avança en direction du petit groupe.

-Général Mitchell. C'est un plaisir de vous revoir, malgré les circonstances.
-De même pour moi, Rya'c.
-Bienvenue à bord du Concordia, lui dit le commandant du navire. Je suis le capitaine de vaisseau Ha Tran, et voici l'amiral Wulfe, qui commande notre flotte.
-Bienvenue à bord, dit l'amiral.
-Merci de votre accueil, messieurs.
Il regarda à nouveau autour de lui.
-Votre navire est réellement impressionnant, messieurs, mais je crains que ce ne soit pas l'objet de ma visite. Il semble que nous ayons un problème commun, selon votre message....





Le dernier à rentrer, Mitchell ferma la porte du quartier des V.I.P., et vint s'asseoir à la table où venaient de s'installer les officiers généraux, les commandants des navires de la flotte, le second du Concordia et une partie de l'état-major.
A la surprise des commandants des différents vaisseaux, ce fut Mitchell et non Wulfe qui débuta la réunion :
-Alors, quel est la position officielle de la Nation Jaffa sur la crise actuelle ?
-Toujours aussi direct, général Mitchell. Enfin, je préfère ce style à celui qui prédomine actuellement sur Dakara.
-Toujours des problèmes avec la faction de Gerak ?
-En effet. Votre communication n'a fait que renforcer sa position au sein du Conseil. Nous avons de plus en plus de mal à faire face à ses arguments en faveur d'une politique d'expansion agressive, justifiée soit par cette menace, soit par une tentative d'intimidation de votre part, pour reprendre les termes de Gerak.
-Je pensais que les factions modérées étaient majoritaires au sein de votre Conseil, intervint Wulfe.
-Oui, mais leur position s'effrite, entre les escarmouches avec l'alliance luxienne et cette menace dont vous nous avez averti. La preuve en est mon arrivée.
-Comment çà ?, demanda le chef d'état-major de l'amiral. N'est-ce pas plutôt un signe du soutien des partisans de Bra'tac ?
-Au contraire, amiral. Ma venue a, comme vous le pensiez, un objectif politique, mais pas celui qui nous serait à tous favorables. Il semble que j'ai été écarté de la scène publique, pour permettre un renforcement de la position des factions extrémistes.
-Ce qui signifie pour nous ?, demanda pragmatiquement Mitchell
-Ce qui signifie, général, que si je n'ai désormais plus beaucoup de certitudes quant à l'attitude de mes frères et sœurs face à cette situation, je pense que les idées des bellicistes vont prendre beaucoup de poids dans la politique extérieure de notre Nation......
Dernière modification par Rufus Shinra le 22 nov. 2009, 13:03, modifié 1 fois.
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