Bon, ce qui devait arriver est finalement arrivé... Le surplus d'activité scolaire et professionnelle a eu un coût, et j'ai dû faire un choix cornélien entre plusieurs activités, et parmi celles-ci se trouvaient
Effet Papillon et
Mon Petit Poney.
Alors, vous me comprenez, je ne pouvais pas renoncer à ces équidés pastels si géniaux... Je vous présente donc mes excuses pour ne pas vous avoir fait part de ma décision plus tôt, mais mon entrée en thèse a tout précipité...
Ha ! Vous auriez vu vos têtes à tous ! Nan mais oh, faut pas exagérer ! Master II terminé, thèse verrouillée, donc avenir tranquille pour trois ans. Résultat, le choix est fait : j'ai renoncé au sommeil (de toute façon, c'est pour les faibles !), donc reprise de l'écriture d'EP
et conventions MLP ! Voici les deux premiers segments du chapitre 09, et je vais commencer la rédaction des deux autres dès que possible (probablement ce soir, donc). Bonne lecture !
P.S. : n'hésitez pas à laisser un comm', hein. C'est toujours utile pour me permettre de choisir entre EP et MLP...
Chapitre 09 :
- C'est trop risqué, fit Van'Tet à voix basse. On ne peut rien faire pour eux, tu le sais aussi bien que moi. Et tu as entendu les autres gardes : si un seul de leurs prisonniers s'est enfui quand ils reviennent, tous les autres seront tués.
- On peut pas non plus rester là sans rien faire !
- Si. Et puis, demanda le jaffa, est-ce que c'est eux qui ont enlevé Bra'tac ?
- … Non. C'est une bande de civils. J'ai aucune idée de ce qu'ils font ici, en plus. C'est pas normal…
- Raison de plus pour partir ! La relève va arriver d'une seconde à l'autre et nous bloquer ici…
- Aucune chance que je la laisse ici… répondit Carl.
Van'Tet le ramena à l'écart d'Erina, puis chuchota à l'oreille du pilote :
- Ecoute, c'est très noble de vouloir secourir toutes les filles que tu croises, mais tu vas juste réussir à te faire tuer sans sauver qui que ce soit. Nous avons une mission, à moins que tu l'aies déjà oublié ?
- Non, bien sûr que non, mais…
- Tu nous as mis en danger en lui permettant de nous suivre, dit-il en désignant Erina d'un infime mouvement de tête alors qu'elle semblait figée là où elle se trouvait. On a eu beaucoup de chance que cette idiote ne nous aie pas tués tous les deux et je ne vais pas en rajouter une autre à notre groupe ! C'est bien clair ?
- Tu ne diriges pas le groupe, répondit Carl entre ses dents. Si tu veux te barrer, fais-le, mais moi, non. Je vais pas la laisser se faire descendre ou torturer. Tu parles d'Erina, dit-il haussant le ton. A ton avis, qu'est-ce qui lui serait arrivée si on l'avait laissé derrière nous ? Tu sais très bien ce que tes potes lui ont fait. Et ça, c'est juste parce qu'ils croyaient qu'elle savait quelque chose sur moi. Là, elle a descendu un jaffa, et tu voudrais que je la laisse derrière ? T'es pas mieux qu'eux !
- Ce qui lui arrive n'a aucune importance. Et c'est la même chose pour nous deux, imbécile. La seule chose qui compte, c'est d'arrêter la guerre. Combien de fois est-ce qu'il faudra que je te le répète ?
- Et t'as besoin de moi pour ça.
- De gré ou de force. Et rappelle-toi, tu n'as aucune chance de sortir d'ici vivant sans mon aide.
- Reste à démontrer. Il reste toujours les autres mercenaires. Je suis sûr qu'on pourrait trouver un arrangement.
- Bien sûr. Et qui les paierait ? Gerak, pour te récupérer ? Ou peut-être tes supérieurs, ceux qui croient que tu les as trahi et causé une guerre ? Ou bien les véritables traitres, pour effacer une piste ?
- …
- Nous sommes les seuls qui avons une raison de te laisser en vie. Essaie de réfléchir de temps en temps.
- … D'accord.
- Tant mieux, commença le jaffa avant d'être interrompu par le pilote.
- Mais je vais quand même pas la laisser en plan comme ça.
- Oh non… fit Van'Tet en se rendant compte que le jeune homme devant lui allait prendre une décision qui allait tous les mettre dans le pétrin. Tu ne vas rien faire et on va repartir par là où on est venus.
- Vous… fit Erina avec une hésitation audible. Vous pourriez lui donner une arme.
- Tu vas pas t'y mettre, toi, se crispa Van'Tet en la foudroyant du regard.
- On n'a pas besoin d'elles. Elles sont trop… bruyantes… et si ils nous trouvent, elles ne… elles ne changeront rien pour nous.
- Elle a raison, acquiesça Carl. Si on a besoin d'une arme, c'est qu'on est déjà foutus, vu que tout le monde nous recherche. Je vais lui filer la mienne. En plus, ils ont sûrement déjà été fouillés, alors ça lui donnera peut-être une chance de préparer quelque chose. Attendez-moi ici.
Avant que quiconque puisse l'interpeller, il se laissa tomber sur le palier inférieur avant de se diriger vers l'une des ouvertures donnant sur les ruines.
- Ah le…, commença à jurer Van'Tet en voyant l'humain sortir par en-dessous. Reviens !
- Dans une minute !
- S'il se fait capturer, nous allons tous mourir. Et ce sera ta faute, sinistre imbécile ! cracha le jaffa en direction de la femme restée près de lui. Suis-moi !
Sans attendre de réponse d'Erina, il se lança à la poursuite de Carl, prenant le même chemin que celui-ci. Quelques secondes plus tard, il entendit la fugitive toucher le sol derrière lui, alors même qu'il avançait en s'efforçant de rester à couvert des divers pans de mur formant les ruines. Le pilote s'était plaqué contre l'un d'eux, s'approchant avec précaution de son extrémité lorsqu'il fut rejoint par son compagnon de fuite :
- Tu vas tous nous faire tuer, tu t'en rends bien compte ? grommela le jaffa.
- Oh, c'est bon… Et puis maintenant qu'on y est, demanda-t-il en voyant Erina s'approcher d'eux, tu fais le guet, d'accord ?
- Je commence à me dire que ça serait beaucoup plus simple de t'assommer et de te traîner jusqu'à mes contacts, tu sais…
- Avec toute la ville qui nous recherche ? demanda Carl en haussant des sourcils.
- Oui. Au moins, je ne chercherai pas délibérément à faire tout ce qui pourrait nous faire prendre. Allez, vas-y. On a déjà perdu assez de temps comme ça… Surtout que presque toutes nos armes sont encore là-bas.
Le regard de Cassandra fut instantanément attiré par le mouvement à une extrémité de son champ de vision. Une silhouette venait d'apparaître près d'un mur extérieur, restant dans l'ombre de celui-ci, et elle pensa aussitôt à l'arrivée de la relève de gardes avant de remarquer l'absence d'armure. Au contraire, le nouveau venu portait une tenue civile relativement commune. Son attitude, sa simple présence, cependant, étonna la jeune femme, habituée à voir les habitants de toute planète de la Nation Jaffa faire preuve d'un manque délibéré de curiosité hérité de millénaires d'oppression Goa'uld.
Elle dévisageait la figure depuis une dizaine de secondes lorsque celle-ci commença à marcher dans sa direction. Rapidement, les regards se tournèrent vers le nouvel arrivant, les divers membres de la délégation diplomatique s'étonnant de l'arrivée de l'inconnu. Certains tentèrent de l'avertir, de lui dire de ne pas rester sur place, que des gardes allaient revenir, mais l'humain n'en teint pas compte. Cassandra allait se joindre à eux lorsque la silhouette retira sa capuche et lui fit signe de venir.
Elle se figea.
C'est pas possible, laissa-t-elle son esprit conclure logiquement.
J'hallucine. Ce genre de truc ne peut pas arriver !
- Vous venez, oui ? dit le jeune homme à une dizaine de mètres d'elle, alors qu'elle remarquait de façon détachée que le reste de la délégation n'avait pas encore réalisée la complète absurdité de la situation.
Elle courut vers le pilote, son esprit travaillant à toute vitesse pour prendre en compte toutes les implications de sa soudaine apparition. Arrivée près de lui, elle le fit reculer vers le mur, ignorant les avertissements lancés par les autres diplomates, inquiets de ce développement inattendu dont ils n'avaient pas encore saisi toute la mesure :
- Lieutenant Banet, murmura-t-elle. Qu'est-ce que vous faites ici ? Est-ce que vous avez la moindre idée de ce que vous avez causé ?
- Un peu, mademoiselle Frasier, répondit-il en se pinçant les lèvres. Mais c'est à vous que je dois demander…
- Répondez à mes questions, lieutenant. Vous l'avez sûrement entendu, on n'a pas beaucoup de temps avant que les autres reviennent. Les Jaffas vous accusent d'avoir participé à l'enlèvement de Bra'tac et sont sur le point de nous déclarer la guerre. Vos supérieurs disent que vous avez trahi votre unité, tué un officier supérieur…
- C'est eux ! l'interrompit Carl. Ils nous ont baisé tous les deux. Ils l'ont assassiné et m'ont laissé sur place pour porter le chapeau !
- Est-ce que vous avez… commença-t-elle avant d'être coupée par une voix puissante derrière elle.
- Eloignez-vous de cet homme, mademoiselle !
Cassandra tourna la tête un instant et vit le chef de la délégation, entouré de ses assistants, se rapprocher d'eux deux :
- Vous ne le reconnaissez pas ? C'est le criminel que nous sommes venus…
- La ferme, abruti, riposta-t-elle dans l'instant.
- Ca suffit ! cria le quinquagénaire. Nous sommes peut-être loin de la Terre, mais vous allez…
- Tango-Papa-Alpha-Romeo-Romeo-Foxtrot-Charlie-Mike-Charlie.
- Quoi ?
- Bordel, vous faites attention à vos mémos entre deux réceptions ? C'est le code d'autorité Alpha pour cette semaine ! Je travaille sous l'autorité directe du général Carter et de O'Neill en personne, alors vous allez être bien gentil, fermer votre foutu clapet et aller de l'autre côté de ces ruines voir si j'y suis. Monsieur.
- Vous… vous entendrez…
- Dites ça à O'Neill si ça vous amuse quand on rentrera. Maintenant, barrez-vous, j'ai un job à faire ! conclut-elle avant de reporter son attention sur Carl. Donc, lieutenant Banet… Est-ce que vous avez la moindre preuve de ce que vous avancez ?
- Euh… non. Enfin, à part mes souvenirs. Mais on peut les extraire, non ?
- Et les modifier aussi, rajouta-t-elle. Autre chose de plus concret ? Sam, Jack et quelques autres sont prêts à vous croire. C'est pour ça que je suis ici, mais il faut me donner un peu plus.
- Euh… oh merde, j'avais pas prévu ça, moi. Désolé, je pensais pas que vous étiez un super agent secret…
- Pas si secret que ça, on dirait. Pourquoi est-ce que vous êtes venu, d'abord, si vous ne le saviez pas ?
- Je vous avais reconnu, alors j'ai voulu vous donner un coup de main. Et…
- Attendez, on reprend depuis le début. Qu'est-ce que vous faites ici, déjà ? On nous a dit que vous aviez été capturé…
- Il s'attire tous les ennuis possibles et imaginables, répondit la voix de Van'Tet derrière le mur, faisant sursauter Cassandra.
- Qui est là ? demanda-t-elle.
- Van'Tet, dit celui-ci en sortant de sa cachette. Un des agents de maître Bra'tac. J'accompagne cet imbécile depuis notre évasion, et il ne m'a pas rendu la vie facile, croyez-moi.
- Mais qu'est-ce qui se passe ? répéta Cassandra en faisant passer son regard rapidement de l'un à l'autre. Qu'est-ce qu'il fait là ?
- Il était avec les mercenaires de cette Mal quelque chose… commença Carl.
- Vala Mal'Doran ?
- Continue, cracha Van'Tet en direction du pilote. Dis-lui tout ce que je fais, maintenant. Ils ne vous apprennent pas à vous taire, chez vous ?
- Oh merde, désolé.
- Les mercenaires de Vala sont impliqués dans le coup ? demanda Cassandra, dont l'esprit fonctionnait à plein régime pour assimiler la succession de révélations. Ils ont été accusés d'avoir commandité l'enlèvement. Dites-moi que c'est faux…
- Ils n'ont rien à voir, confirma Van'Tet en jetant un autre regard incendiaire vers Carl. Enfin, si, ils se sont fait rouler eux aussi. Quelqu'un les a lancés sur Dakara pour faire une diversion. Ils ne savaient pas que maître Bra'tac allait être enlevé. Autrement, j'aurais agi bien avant… Ecoutez, je connais des personnes sur cette planète qui pourront le mettre à l'abri et lui faire passer les barrages. Nous avons le même objectif que vous : retrouver Bra'tac, ceux qui l'ont enlevé et empêcher cette guerre. Mais ce serait beaucoup plus simple s'il arrêtait de vouloir jouer au héros.
Il se tourna vers Carl :
- Donne-lui l'arme, et ensuite, on y va, fit-il avant de reporter son attention sur Cassandra. Bonne chance, sauf si vous voulez sacrifier vos compatriotes pour nous accompagner.
- Non, je vais voir ce que je peux faire de mon côté. Au moins faire remonter les informations. Mais ne partez pas tout de suite, je dois en savoir autant que possible.
- On ne peut pas rester, insista le jaffa.
- Ecoutez, Van'Tet… C'est ça ? dit-elle avant de voir son interlocuteur acquiescer brièvement. Je peux vous mettre en contact avec O'Neill. Directement.
- Vous le connaissez ? demanda-t-il, la surprise visible sur son visage.
- Personnellement, et il me fait confiance. Si vous me donnez ce que vous avez, je peux vous aider, et lui aussi, sans passer par les canaux diplomatiques habituels.
- … Faites vite, dit-il avant de s'écarter légèrement pour surveiller les alentours alors que le pilote tendit un pistolet à la jeune femme.
- Lieutenant ? demanda-t-elle.
- J'ai été recruté par cette unité spéciale…
- La TF 8492, je sais.
- Bref, ils m'ont fait tout un cinéma pour m'écarter de façon bien visible du
Concordia et me ramener sur Terre. Jamais vu un truc aussi compliqué, ils peuvent pas nous transférer normalement ?
- Non. Selon mes infos, ils sont plongés dans les opérations les plus noires, il ne faut absolument aucun lien clair avec la Terre. Une unité d'élite…
- Mais pourquoi est-ce qu'ils m'ont choisi moi, alors ? Il y a des pilotes cent fois meilleurs que moi, sûrement plein qui ont une formation de combat au sol et j'en passe.
- C'est un des problèmes qui a attiré notre attention. Continuez, qu'est-ce qui s'est passé quand vous êtes arrivé ?
- Ils m'ont traité comme un auxiliaire de base, toujours à garder la couverture. On bossait depuis un Ha'Tak réaménagé. Remora m'a plus ou moins pris sous mon aile pendant que je m'intégrais, elle m'a montré les trucs à savoir…
- Remora ?
- Une des infiltrées du groupe, je bossais avec elle pendant les quelques ops. On a fait quelques opérations, apparemment pour préparer le terrain en cas de guerre avec les jaffas. Quand on a dû se poser sur une planète quelques heures, c'est là que, justement, elle a récupéré ce matos chez un trafiquant.
Il indiqua son arme et le sac contenant munitions et matériel d'entretien, reprenant après avoir vu Cassandra acquiescer :
- Je sais pas exactement ce qui se passait, pourquoi précisément on faisait tel ou tel truc. Bon, c'est clair, on faisait de la manipulation en douce, de la reco sur des bases jaffa, mais après, j'avais pas de vision générale.
- Normal, vu votre grade.
- Oui… Enfin, c'est là qu'on a dû aller sur Dakara. En théorie, on devait libérer un groupe capturé par la faction de Gerak. Un truc pas trop compliqué, apparemment. En tout cas, pour ma partie du job. Avec Remora, on devait surveiller des chemins d'accès vers le point d'extraction pendant que les autres faisaient le job et ramenaient tout le monde vers les transports. C'est là que tout a merdé. Un type est venu et l'a fait m'appeler. Il l'a abattue juste avant que j'arrive… C'était un de nos agents à nous et il allait me descendre à son tour. J'ai eu un coup de bol et j'ai pu m'enfuir.
- Vous savez qui était celui qui l'a tuée ?
- Je ne me souviens plus exactement de son nom. Mais je le reconnaîtrais sans problème.
- Parfait. Ensuite ?
- J'ai essayé de rejoindre les autres. Je suis tombé directement sur le patron. Au début, il a fait comme s'il avait gobé l'histoire de l'autre enfoiré, mais dans le merdier, j'ai renversé la caisse qu'ils transportaient. Il y avait un corps à l'intérieur. C'était Bra'tac.
- Vous en êtes sûr, lieutenant ?
- Aux dernières nouvelles, il n'y a que deux jaffas qui portent une marque de prima d'Apophis, non ?
- Oui.
- Et il était blanc, donc je crois que ça limite un peu les possibilités.
- D'accord ? Ensuite ?
- Le patron m'a tiré un coup de zat, et quand je me suis réveillé, j'étais chez les jaffas. Ils m'ont accusé d'être un espion, celui qui a tout organisé. Ils ont retrouvé mon matériel, le corps de Remora, Erina aussi…, fit-il en indiquant la femme qui était arrivée près de la position du jaffa.
- Qu'est-ce qu'elle a à voir dans tout ça, d'ailleurs ?
- Elle ? Rien du tout. C'est une civile qui habitait près du coin qu'on surveillait, et ils l'ont embarquée en pensant qu'elle nous avait aidé.
- Reparlez-moi de la TF 8492. Plus tôt, vous avez dit qu'ils vous avaient trahi. Vous pensez qu'il y a plus de monde que l'assassin de cette "Remora" ?
- Oui. Le patron, et probablement une bonne partie de nos agents. Ils doivent bosser pour quelqu'un d'autre, pas de doute. On a aucune raison d'enlever Bra'tac, au contraire ! Et puis, la façon dont il m'a parlé en m'annonçant que j'allais être le traître dans cette histoire… je suis certain qu'il savait exactement ce qui se passait.
- Lieutenant, cette accusation est très grave. Vous êtes…
- Ecoutez, croyez ce que vous voulez, mais ne venez pas m'expliquer que je risque de me foutre dans la merde. J'ai la moitié de la planète au cul, et ça parce que l'autre moitié est occupée à se faire ces mercenaires à la noix. J'ai dû tuer pas mal de monde et franchement, je suis pas sûr de survivre à toutes ces conneries, alors, s'il vous plaît, non.
- Comme vous voulez… Donc, comment vous vous en êtes sorti, exactement ? Le jaffa et les mercenaires, c'est ça ?
- Pas exactement. Il y a eu un accident, et Erina en a profité. Elle s'est retrouvée à neutraliser nos deux gardes et on s'est enfui. C'est là qu'on est tombés sur les mercenaires, ils avaient réussi à s'échapper en même temps et on s'est en quelque sorte incrustés, avec Van'Tet pour nous surveiller.
- Un vrai coup de chance, remarqua Cassandra d'une voix aussi neutre que possible.
- On peut dire ça. Enfin, le résultat, c'est qu'on a été séparés avant de sortir. Maintenant, on essaie de retrouver ses potes, ils auraient de quoi nous cacher et nous faire partir d'ici. Si on peut s'en tirer, on va essayer de voir pour…
Il fut interrompu par le bruit caractéristique d'un dard de plasma s'abattant sur un mur à quelques dizaines de mètres de lui.
- Maintenant, fit Ca'Teya dans son communicateur renforcé, tandis qu'elle ne quittait pas des yeux la rencontre entre l'espion et son contact.
- Vous êtes tarée, patronne, commenta Othar en s'agrippant à l'une des poignées intérieures du véhicule.
- C'est le business, répondit-elle. Jamais louper une opportunité.
- Jusqu'au jour où on se fera tuer parce qu'on vise trop gros. On aurait dû se barrer tout de suite.
- Trop tard pour revenir là-dessus, fit Vala en vérifiant son arme.
Derrière elle, le canonnier du véhicule continuait à tirer, oubliant toute précision alors que les cahots de la route irrégulière menaçaient de lui faire perdre se prise sur l'arme. Près du conducteur à sa gauche, l'écran de l'ordinateur de navigation indiquait la position approximative du groupe de prisonniers terriens, et, voyant que les deux points se rapprochaient rapidement, elle prit sa radio :
- On arrive, rejoignez-nous maintenant !
Quelques instants plus tôt, Cassandra, suivie de Carl, s'était plaquée contre le mur et vit le peloton en armure arriver.
- J'y crois pas… c'est quoi ça, maintenant… murmura-t-elle avant de se tourner vers le trio de fugitifs. Banet, Van'Tet, tenez la position, empêchez les jaffas de se rapprocher, il faut éviter qu'ils puissent prendre des otages. Erina, vous venez avec moi, on va surveiller le reste des accès.
- A vos ordres, répondit Carl en reprenant son fusil d'assaut du sac, quelques chargeurs posés précipitamment près de lui.
La jeune femme vit la fugitive prendre un air hésitant, et s'empara finalement de son poignet. Dans un réflexe rapide, Erina se dégagea aussitôt et croisa le regard de Cassandra :
- Suis-moi ! dit cette dernière avant de hurler en direction des civils. Tout le monde à terre, on est attaqués !
Désolée, ma petite, mais j'ai pas le droit de louper une occasion pareille, pensa-t-elle.
Et puis, de toute façon, je suis grillée et c'est pas ces abrutis qui vont savoir tenir leur langue.
Arrivant derrière un mur, elle se retourna, tournant le dos à Erina :
- On va surveiller par ici, fit-elle en sortant sans bruit son pistolet.
Elle verrouilla d'un geste le cran de sécurité pour empêcher l'arme de tirer avant de commencer à se retourner :
- On va faire ça gentiment, dit-elle en prenant l'arme par le canon et entamant un large geste.
Seuls ses réflexes acquis après une formation intensive, due aussi bien à sa famille adoptive qu'à son choix de carrière, lui permirent d'éviter le coup de poing lancé sans avertissement vers sa gorge. Elle roula sur le côté et se heurta l'épaule contre la paroi, retenant un grognement de douleur :
- Logique… murmura-t-elle alors que les premiers tirs du fusil d'assaut fusèrent.
- Ce n'était pas très gentil non plus de ta part, fit Erina avec un sourire en laissant tomber un petit objet. Enfin, ça veut dire que je n'aurai pas besoin d'avoir de regrets à te tuer.
- Pour qui est-ce que tu travailles ? demanda la jeune femme avant de jeter un bref coup d'œil dans la direction où son pistolet était tombé.
Sans prendre la peine de répondre, son adversaire profita de l'ouverture et s'élança vers elle, poings en avant. Cassandra se laissa tomber au sol en essayant de faire tomber la jeune femme d'un vif mouvement de jambe, pour voir celle-ci sauter par-dessus et se retourner alors que l'espionne se redressa d'un geste. Sans un mot, elle fusa vers Erina et, d'une feinte, parvint à placer un coup de coude qui fut détourné au dernier moment par cette dernière. En se dégageant, la jeune femme ressentit néanmoins une vive douleur au poignet, et un regard rapide lui indiqua qu'elle saignait d'une petite plaie.
Reportant instantanément son attention sur Erina, elle vit celle-ci arborer un sourire prédateur, apparemment plus relaxée dans sa posture :
- A ton avis ? demanda celle-ci.
- Quoi ? fit Cassandra sans baisser sa garde.
- Tu me demandais pour qui je travaille. Donc, à ton avis ?
- Les jaffas. Ou la 8492. L'un ou l'autre.
- L'un
et l'autre serait un peu mieux… fit Erina en inclinant légèrement la tête, sans prêter attention à l'échange de tirs derrière elle et aux cris paniqués des diplomates terriens. Mais mauvais quand même.
- Pourquoi est-ce que tu as envie de parler, maintenant ?
- Ah ! La bonne question. Parce que tu es déjà morte.
- Quoi…
Erina agita légèrement ses doigts, et la jeune femme remarqua aussitôt les ongles longs et fins, qui n'avaient pas leur place chez une humaine habitant Dakara. Son regard se porta alors sur son poignet, où une goutte de sang perlait désormais. Un vertige la prit à cet instant :
- Poison…
- Pas de chance, mais au moins, c'est assez humain, répondit-elle avec un sourire délicat. D'abord, tu vas t'endormir bien gentiment, et ensuite, apoptose rapide de ton système cardiovasculaire. Tu vois de quoi je parle ?
Elle avait du mal à tenir sur ses jambes, se concentrant pour rester éveillée malgré la fatigue qui s'emparait d'elle :
- Mort… programmée… des cellu… cellules.
- Super ! J'adore bosser avec des Terriens. Au moins, ils ont une chance de comprendre les termes techniques. Tu verrais avec les jaffas. Ils ne savent même pas ce qu'est une cellule, alors leur expliquer ce qui leur arrive… Ils ne pourraient pas apprécier un cours rapide de génétique.
- Géné…
- Oui. Si tu avais la moindre idée du boulot derrière cette petite merveille pour qu'elle tue aussi vite et sans bavure. Enfin, je ne vais pas non plus partir dans tous ces détails alors qu'il ne te reste pas si longtemps que ça, hein ?
Cassandra se laissa tomber à genoux, le côté reposant sur un fragment de mur alors que le fusil de Carl cessa un instant de tirer, le pilote rechargeant probablement son arme. La vision trouble, la jeune femme aperçut son pistolet à moins de deux mètres d'elle, et glissa dans sa direction. A côté d'elle, Erina l'observait en gardant son sourire.
- Tu sais, commenta-t-elle. Au fond, c'est quelqu'un de bien, le gamin. Il aurait sûrement mérité mieux, mais bon, pas de chance, c'est tombé sur lui. N'empêche, je crois pas qu'il ait jamais eu autant de personnes qui s'intéressent à lui de toute sa vie.
Sans faire attention à la voix, Cassandra bougea péniblement ses membres pour essayer d'atteindre l'arme. Erina, elle, fit un pas en avant, l'air désinvolte :
- Tout le monde le veut, maintenant. Entre ceux qui se servent de lui comme d'un pion et… qu'est-ce que je raconte ?
Tout le monde se sert de lui comme d'un pion. Mais il faut dire que c'est un des plus beaux que j'ai jamais vu. Les jaffas qui arrivent, ils sont là pour lui, parce qu'ils croient que c'est un super-espion qui a tout organisé. L'autre jaffa, il le veut pour récupérer son maître. Toi, tu le veux pour comprendre ce foutoir.
- Et… haleta-t-elle. Toi… ?
- Moi ? Je veux juste qu'il me suive.
Cassandra, restant éveillée par la seule force de sa volonté, se rapprocha encore de l'arme, le monde tournant autour d'elle sans répit :
- Il va me suivre, et une certaine unité va le suivre, lui. Il faut retrouver et éliminer ce fichu traître, hein ? Après tout, il en sait beaucoup sur l'unité la plus secrète du SGC. Et puis, si cette unité en profite pour faire quelques opérations en douce, ça ne posera pas de problème, hein ? De toute façon, vu que leurs supérieurs n'en sauront rien… Enfin, assez discuté. J'ai un pigeon à sortir de là. Le jaffa peut encore servir… sûrement. On verra.
La jeune femme s'effondra finalement :
- Tu sais, c'est pas de ta faute. Si tu dois en vouloir à quelqu'un, c'est à tes parents et à leurs ancêtres. Un génome aussi vulnérable, c'est un crime, mais bon, c'est le lot des humains et des jaffas. Allez… bonne nuit.
Vérifiant que sa victime était inconsciente, elle s'empara de l'arme, en retira le chargeur, puis la balle chargée dans la culasse avant de la reposer au sol. Ecrasant du pied le traqueur que lui avait fourni Ca'Teya, elle retourna vers le duo, qui avait apparemment de plus en plus de mal à trouver une accalmie dans les tirs pour riposter. Arrivée accroupie, elle fit, d'une voix tremblante :
- Elle dit… elle dit de partir.
- Je suis d'accord, fit le jaffa. C'était une erreur de rester sur place, ils vont nous encercler !
- … On la laisse derrière ?
- Ils… reprit Erina… ils doivent savoir que c'est nous. Si on part tout seuls, ils ne tueront… ils ne tueront pas les autres.
- On n'a pas le choix, acquiesça Van'Tet. Si on reste, on se fera tuer ou capturer, et on ne peut pas les prendre tous avec nous.
Carl ferma un instant les yeux :
- D'accord.
- Elle va s'en sortir, le rassura son compagnon de fuite. Elle a l'air expérimentée, et j'ai entendu beaucoup de choses sur votre "O'Neill". Il ne prendrait pas comme agent une femme incompétente. Mais maintenant, il faut fuir, sans quoi tout n'aura servi à rien.
- D'accord. Je vais lui dire qu'on se tire.
- Non ! répondit brusquement Erina. Elle est en train de se préparer, il ne faut pas perdre de temps.
- Se préparer ?
- Elle doit… cacher votre arme.
- Oh, répondit le jeune homme. Par où est-ce qu'on va ?
- Par… commença Erina avant d'être interrompue par une large explosion dans la rue.
- Bordel, c'est quoi ça !
- Sûrement un Planeur, fit Van'Tet. Il va revenir et ajuster son tir. Il faut y aller ! Maintenant !
Le pilote quitta son abri et se lança aussi vite que possible dans les ruines adjacentes, tandis que d'autres explosions venaient secouer la rue, projetant des jaffas dans les airs. Ceux-ci commençaient à peine à se réorganiser, prenant position près des ruines qui entouraient apparemment les prisonniers, lorsque la mercenaire aux cheveux noirs de jais serra du poing :
- Et merde ! cracha-t-elle. Pas d'armes lourdes, on veut pas descendre les gars qu'on vient récupérer.
L'homme derrière elle obtempéra tandis que le véhicule, suivi du reste de la colonne, fit une embardée, manquant de renverser les remorques tractées. A l'instant d'après, les mercenaires se jetèrent au sol, prenant pour abri les coques renforcées près d'eux.
- Feu à volonté ! aboya-t-elle en se postant près du bloc moteur et tirant à son tour vers les positions adverses, son esprit remarquant rapidement que les prisonniers eux-mêmes étaient déjà couchés à terre, certains ayant même eu le réflexe de se cacher partiellement derrière des blocs de pierre.
Depuis sa position, Ca'Teya était partagée entre la colère et le respect. L'espion terrien, qu'elle n'avait pas quitté du regard, avait réussi à la doubler de façon magistrale, se servant du groupe de mercenaires pour faire sortir son contact sans attirer l'attention sur celle-ci en particulier. Elle était persuadée qu'il savait pour son propre plan, le traqueur qu'elle avait fourni à l'imbécile ayant cessé d'émettre à présent que leur petit groupe s'éloignait d'un pas rapide du chaos de la bataille.
Il m'a manipulée. Du début jusqu'à la fin, j'ai joué son jeu, et maintenant, il va terminer sa mission, alors que mes renforts sont occupés avec ces saletés de mercenaires !
Elle ramassa son matériel et quitta son abri sans un regard en arrière, décidée à en terminer par elle-même, sans subtilité ni machination.