Effet Papillon ~ Tome III

Rufus Shinra
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

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Pour ce qui est des fics en anglais, je te suggère quand même de tenter le coup, brian, parce que tu verras qu'il y a certaines choses qu'on ne trouve que là. Par exemple, certains aspects de la SF passent beaucoup mieux dans cette langue, principalement au niveau des scènes militaires si besoin est. En plus, vu la plus large population utilisant cette langue, on se retrouve avec des textes plus affinés, mais surtout, il y a un point fondamental :

La SF est respectée dans les pays anglophones.

En France, vas dans un magasin comme le Virgin ou la Fnac, et tu verras le rayon SF mis à côté du rayon BD ou "jeunesse", et c'est un problème qui touche l'ensemble de notre société. Au contraire, aux U.S. ou au R-U, il n'y a pas cet a priori négatif qui nous pénalise tous et toutes. De cette façon, des personnes qui n'y se seraient jamais mises chez nous le feront là-bas, et c'est comme ça qu'on peut tomber sur des textes écrits avec des points de vue très variés.

Je suis tombé comme ça sur des fics écrites par des militaires, d'anciens militaires ou bêta-lues par ceux-ci, et elles peuvent être grandioses. Certaines émotions, expériences, ne peuvent être écrites sans le soutien de quelqu'un qui les a ressenties, et tu auras un panel infiniment plus important d'individus dans le web anglophone. Par exemple, quelque chose que je n'ai à peu près jamais vu dans des fics francophones, c'est la perte de contrôle totale dans une bataille. J'ai essayé à certains moments de la retranscrire, mais je sais que je n'y arrive pas. Pas comme l'ont fait certains textes, qui transmettent de façon très dure la panique, le chaos, le hasard, quand les individus tentent de survivre, que des personnages principaux se font faucher dans l'instant sans belle scène et que l'action continue comme si de rien n'était et que, à la fin, le lecteur s'est pris un très gros coup de poing dans le ventre sans vraiment comprendre pourquoi.

Certains concepts, certaines expressions, aussi, ne se trouveront que dans une langue particulière, et les traductions ne rendront pas hommage à la qualité initiale. Quand tu tombes sur Methods of Rationality, Year of Darkness, My Little Blackbird, Sailor Nothing (bien que là, ça soit moins une fic qu'une déconstruction) ou d'autres textes de ce calibre, tu ne peux qu'encourager les autres à lire en anglais : il y a trop à apprendre de ces auteurs pour passer à côté.
Effet Papillon :
Un avenir possible, moins sûr et plus complexe pour des galaxies porteuses d'un mélange explosif : vide de pouvoir, héritages vivants et ambitions multiples.
Tomes I et II terminés, Tome III en cours

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Rangil : Les lois de la logique sont les fesses de tout le monde, Rufus.

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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par brian norris »

@ rufus

je comprends ce que tu faisais à tes débuts. C'est d'autant plus intéressant pour moi car je suis plus ou moins dans le même cas. Pas d'expérience d'écriture avant ça, pas de style défini, mais par contre un scénario qui si il n'est pas parfait, si il est encore vague sur certains points, possède plusieurs arcs sur le long terme qui me semblent intéressant.

Pour ton Carl, c'est vrai comme je l'ai dit qu'au début on sent le Mary Sue (que tu m'as fait découvrir il y a quelques mois au passage). Mais de ce que j'ai lu (déjà plus de pages que toute ma fic) ce n'est pas non plus désagréable ou dérangeant. Tu as évité les grosses batailles et les histoires de super héros, donc tu t'es rendu compte assez tôt de tes erreurs pour progresser. Et ce sur du très long terme. 6 ans c'est énorme. Ça demande une énorme volonté et aussi un vrai plaisir vis-à-vis de l'histoire. Chose que je comprends très bien une nouvelle fois en temps que débutant.

Pour ce qui est des expérimentations c'est pareil. Je suis le premier à aimer ça et à le tenter. On écrit pas à l'heure actuelle sur un forum pour gagner de l'argent, pour faire quelque chose de commercial, ou quelque chose de "basique". On écrit avant tout pour le plaisir. Et ce plaisir c'est aussi de tenter des choses, de s'améliorer et de découvrir, souvent en faisant de la merde. Mais le truc c'est de le faire sérieux et de laver après. Donc sur ce truc, je ne t'en voudrais jamais de prendre des risques de ce genre.

@Blackeagle

Je comprends aisément. A vrai dire moi si j'aimais Stargate, c'est parce que cette série mettait mon imagination en éveil. J'aime pouvoir être entrainé par une œuvre. Spéculer, avoir le plaisir de se poser des questions, s'imaginer à la place des personnages ...

Et ça je l'ai vraiment senti ce we. J'ai bien avancé mine de rien et après ma lecture, je repensais encore à ce que j'avais lu là ou en général j’oublie direct ce que j'ai lu. Pour l'instant la seule fic a avoir autant aiguisé mon imagination ... c'est la mienne, pour la raison évidente que c'est une histoire qui me plait et que j'aime développer sans cesse. Mais j'espère bien qu'avec la fic de Mérovée, je trouverai ce même plaisir, indifféremment du style ou du scénario, de lire et de m'imprégner de la fic ...

edit: sorry rufus j'avais posté sans voir ton dernier message.
Pour les fics anglophones, on va dire que j'ai d'autres priorités avant. Il y a d'autres livres, de la littérature française, que j'aimerais lire avant de lire de la SF.

Bref tout ça pour dire que je suis assez à la traine sur ce point ...
Dernière modification par brian norris le 13 févr. 2012, 16:31, modifié 1 fois.
"Sais-tu que Flaubert voulait écrire un roman sur le néant? S'il t'avait connue, on aurait eu un grand livre. Quel dommage."
-Jep Gambardella, La Grande Bellezza
Skoblar
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Skoblar »

Pour mon premier commentaire sur l'ensemble de ton œuvre, je tiens sincèrement à te féliciter !
Sur l'histoire, l'intrigue et la narration, je n'ai rien à redire, c'est du beau travail. J'ai vraiment pris du plaisir à lire les 3 tomes et franchement, j'en redemande !
J'aime beaucoup ta technique qui consiste à sauter d'un personnage à un autre qui donne une vision d'ensemble assez vaste de l'univers que tu as créé. Si j'ai pu avoir l'impression d'embrouille à certain moment, l'histoire recolle avec brio.
Bon je dis rien de constructif car je n'ai ni la technique, ni le courage pour critiquer l'Effet Papillon. Donc je tiens simplement à te féliciter encore un fois Rufus.

Bon courage pour la suite.
Sko
Rufus Shinra
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

Enfin ! Après les partiels, la sortie de Mass Effect 3, du nouveau Harrington, de Wing Commander Saga (jouez-y, il roxxe du poney !), le début de mon stage, une plainte à déposer et des allers-retours vers un synchrotron, j'ai enfin pu retrouver la motivation d'écrire. Toutes mes plus plates excuses pour ce retard ! Je posterai le chapitre sur SFFS ce soir (pas maintenant, parce qu'il faudra que j'en profite pour relire tous les topics où je suis en retard).

Quoi qu'il en soit, j'ai commencé le chapitre 8, et je présente aussi mes excuses à Aube_in_Arcadia qui risque de m'en vouloir à fond pour les scènes dans la Flotte. Mais bon, on parle d'une entité militaire dirigée par Jack O'Neill, là !



Chapitre 07 : Délais


Anna ne pouvait réprimer l'impression que des silhouettes familières l'attendaient derrière les portes fermées que leur groupe croisait en avançant dans le couloir immaculé. L'aménagement interne était clairement Ancien dans sa philosophie, même si le style lui semblait différer. Instinctivement, la scientifique était en train d'essayer de dater aussi précisément que possible l'âge de l'installation, tandis qu'autour d'elle le reste du groupe avançait sans se presser particulièrement.

- Alors, votre avis ? demanda Bakane. Ancien ?
- Pas de doute là-dessus, c'est les mêmes que ceux derrière Praclarush Taonas, confirma l'archéologue. On dirait que la source ne nous a pas menti.
- D'ailleurs, j'aimerais vraiment avoir une petite conversation avec elle, répondit-il. Selon les analyses d'atmosphère de notre première équipe, personne n'est entré ici depuis quelques milliers d'années au moins. Pas de trace de respiration ou de poussière d'origine biologique.
- Peut-être qu'il y a un très bon système de filtrage, proposa Daniel.
- Peut-être, oui, admit son interlocuteur. Mais ça m'étonnerait quand même… Enfin, on ne sait jamais, avec les Anciens. Ils y a peut-être des nanites qui nettoient tout après notre passage.
- Espérons que non, j'ai eu assez de mauvaises expériences avec ces engins.
- Je m'en doute, fit l'hébridan avant de se tourner vers Anna. Votre opinion, docteur Stern ?
- C'est vieux, pas de doute là-dessus. Très, très vieux. Notre chronologie des Anciens est approximative, mais à première vue, je dirais que c'est antérieur aux Asgards.
- Tant que ça ?
- Je n'en suis pas certaine, reconnut-elle. Il faudrait que je voie le reste, s'il y a du matériel spécifique ou, mieux, des documents.
- Désolé, ça va être assez difficile, on est toujours coincés dans cette section du complexe. Presqu'aucune porte ne veut s'ouvrir pour nous et il faudra un peu plus de deux jours à nos ingénieurs pour casser les sécurités.
- Pas étonnant, fit Jackson. Ce n'est pas comme si qui que ce soit pouvait réussir un coup pareil. Est-ce qu'on a une idée d'où on est dans le plateau ?
- Pas précisément. Déjà, on est toujours à l'intérieur : il n'y a pas eu de flux d'énergie sortant pendant les téléportations. Après, personne n'a envie de démonter la… cabine… pour essayer de voir ce qu'elle fait exactement.
- Logique. Sinon, vous aviez dit "presqu'aucune porte" avant. Il y a des endroits accessibles ?
- Oui, c'est là que je vous amène. J'y suis allé hier, c'est apparemment des réfectoires et des dortoirs groupés. Peut-être pour accueillir des voyageurs qui n'ont pas les codes d'accès, je ne sais pas exactement. C'est juste après, de toute façon.

Il indiqua un carrefour devant eux et leur fit signe de les suivre quand il tourna à gauche. Anna recula de quelques pas et se mit à hauteur de l'Ascendante qui les accompagnait :
- Vous pourriez vous arranger pour qu'on puisse discuter en privé ? murmura-t-elle en espérant ne pas être entendue de ses voisins.
- Plus tard, répondit Urth à voix basse.
- … D'accord. Mais je crois que ça vous intéressera, fit-elle avant de reprendre un pas plus soutenu.

Le groupe arriva finalement dans la pièce indiquée par Bakane. Plusieurs capsules de stase étaient présentes, toutes ouvertes et inoccupées. Une demi-douzaine de techniciens et de personnels spécialisés travaillait sur place, un superviseur venant à la rencontre des nouveaux arrivants :
- Pas eu de progrès depuis la dernière fois, monsieur.
- Toujours les mêmes problèmes ? se vit-il répondre.
- Oui. Les portes intérieures sont aussi protégées que les autres, peut-être même plus. Si vous voulez, il nous reste toujours l'option des explosifs, mais je ne garantis plus l'état des ruines après coup.
- Ca ne servira à rien, intervint Jackson. Ce genre de paroi résistera probablement à tout ce que vous pourrez lui envoyer de plus petit que du nucléaire. J'ai déjà vu des installations comme ça, et la force brute ne sert à rien.
- Des suggestions, alors, docteur Jackson ? fit Bakane. Comment est-ce que vous avez fait pour passer dans ces installations ?
- La plupart du temps, avec l'aide de pas mal de technologie Asgard ou en trouvant directement les codes d'accès. Enfin, il y avait aussi les fois où Jack s'est amusé à mettre la tête dans une Bibliothèque, mais on peut oublier ça pour l'instant… Donc, vous avez entièrement cartographié les zones accessibles ?
- Oui, j'y ai aussi pensé, mais les parois sont au moins aussi résistantes que les portes. On ne pourra pas contourner le problème facilement.

Anna, faisant mine d'observer de plus près certains détails de l'agencement des cabines de stase, s'éloigna lentement du groupe, avant de murmurer :
- Atlantis ?
- Oui, docteur Stern ? lui répondit silencieusement l'Entité.
- Vous pouvez débloquer ces portes, hein ?
- Une partie d'entre elles. Je n'ai moi-même qu'un contrôle limité des systèmes de sécurité internes… Rien de plus que ce que l'on a bien voulu m'offrir pour l'instant. Et, soyons honnêtes, je ne peux pas vous donner accès à quoi que ce soit d'intérêt.
- Vous n'avez pas le contrôle ? s'étonna-t-elle.
- Malheureusement non, fit Atlantis. Si tout se passe comme prévu, les choses devraient s'améliorer dans les jours à venir, mais je n'ai pas ici toutes les cartes en main.

La scientifique se dirigea vers une autre cellule, se penchant nonchalamment vers son intérieur :
- Donnez-moi juste l'accès à une ou deux salles. On devrait pouvoir occuper Bakane et les autres comme ça le temps dont vous parlez.
- Seriez-vous en train de vous mettre à manipuler votre entourage, docteur Stern ?
- Non, j'apprends de mon entourage. Et si on pouvait réduire la conversation au minimum, je préférerais, vu l'endroit, chuchota-t-elle avant de regarder brièvement en direction du reste de son groupe.
- Entendu, je peux faire ça. Des détails particuliers ?
- Essayez juste de jouer le jeu quand je parlerai.
- Comme vous l'entendez…
- Merci. Vous savez… quand je vous ai entendue, j'ai été rassurée. Je crois que je commence à m'habituer à vous…
- C'est réciproque, docteur. C'est réciproque…

Se redressant, Anna marcha directement vers l'un des moniteurs branchés dans un amalgame informe de câbles à l'intérieur de la paroi. L'écran affichait une interface dénuée de tout raffinement, clairement destinée à un usage technique par un public restreint et hautement spécialisé.
- Juste une question : qui est-ce qui s'occupe de la partie décodage ici ?
- Moi, fit un serrakin en se rapprochant d'elle. Pourquoi ?
- J'ai quelque chose que je voudrais tenter. Je ne garantis rien, mais on pourrait ouvrir une ou deux portes, avec un peu de chance.
- Expliquez, intervint Bakane en se rapprochant d'elle.
- Voilà, dit-elle. J'ai travaillé sur un bon nombre de ruines et de systèmes Anciens avant de venir ici. Je n'y connais rien ou presque dans leurs systèmes de codages eux-mêmes, mais j'ai remarqué quelque chose avec les fichiers les moins sensibles. Ceux qui ont l'air le moins utilisé ont souvent le même mot de passe. C'est probablement un code usine ou quelque chose comme ça.
- On pourrait tenter… acquiesça l'hébridan. Mais vous êtes sûre de vous ? Ce code a sûrement changé selon les époques.
- Pas tellement, répondit-elle aussitôt, réfléchissant à toute vitesse. Il y a… il y a un schéma assez reconnaissable. C'est jamais une série de zéros ou quelque chose comme ça, mais quelque chose de basique que l'utilisateur peut retrouver facilement avant de mettre son propre code. Les coordonnées de la Porte locale.
- Et vous avez déjà rencontré ce genre de cas, docteur Jackson ? s'étonna Bakane.
- Ca ne me dit pas grand-chose, dit prudemment l'archéologue. Mais c'est Sam qui s'occupait principalement de ces problèmes.
- Et vous aviez besoin d'utiliser des fichiers très sécurisés la plupart du temps. C'est probable que vous n'ayez pas eu à tomber sur cette astuce.
- Possible, reconnut Jackson en se tournant vers Bakane. On ne perd rien à essayer, après tout. On tente ?
- D'accord, fit leur hôte après quelques secondes de réflexion. Tout le monde dégage, sauf la sécurité. Au camp de base !
- Je ne comprends pas… s'étonna Anna.
- Docteur Stern, je ne veux pas remettre en cause votre expertise, mais je connais suffisamment Daniel ici présent, et je n'ai pas envie de prendre le moindre risque. Si quelque chose doit s'effondrer quelque part, mes hommes ne seront pas sur place, c'est tout.
- Oh, d'accord. Mais je vous assure, il n'y a aucun danger.
- Est-ce que vous connaissez suffisamment l'ensemble de cette installation, la façon dont elle a été construite et les sécurités qui sont peut-être encore actives pour me dire à cent pour cent qu'une erreur de mot de passe utilisant une astuce de ce genre ne mettra aucune vie en danger ici ?
- … Non, admit-elle.
- Donc, mon devoir est de mettre à l'abri tous ceux et celles qui n'ont pas explicitement besoin d'être sur place maintenant. Je suis peut-être un rat de bibliothèque, docteur Stern, mais je connais parfaitement mes responsabilités.
- Même s'il exagère un peu, poursuivit Jackson, et que ce genre de ruines n'a presque jamais de piège spectaculaire, il a quand même raison, Anna. Ca peut arriver, c'est déjà arrivé, donc si on a le temps de le faire, on prend des précautions.
- D'accord, fit-elle. Mes excuses.
- Pas de souci, vous apprenez le métier, répondit l'hébridan avec un sourire. Mais n'oubliez pas ça, c'est tout.

Elle acquiesça silencieusement, et Bakane se dirigea vers l'interface abandonnée par ses subordonnés, entrant plusieurs séries de commandes sur le moniteur :
- Venez, s'il vous plait, dit-il à Anna.

Celle-ci s'exécuta et vit que l'écran affichait désormais un clavier avec des caractères Anciens :
- Est-ce que vous pouvez rentrer votre code d'accès ? Je le copie et on pourra commencer à préparer les terminaux sur les autres accès.
- D'accord, répondit-elle en balayant du regard les touches. Normalement, c'est une simple transcription de l'adresse. Tant qu'on travaille avec du matériel fixe, l'adresse n'est pas un problème.

Anna entra une série de sept caractères, prenant soin de ne toucher à rien d'autre sur l'écran.

- Parfait. Attendez-moi une seconde, je vais préparer les autres terminaux, dit-il avant de quitter la pièce.

Une fois laissés avec leur escorte, les deux Terriens se tournèrent l'un vers l'autre :
- Excellente idée, ce code usine, Anna. Je dois clairement dire qu'il ne me serait jamais venu à l'esprit.

Il sait que je bluffe, comprit la scientifique.

- Si je ne me trompe pas, répondit-elle après quelques instants de silence, il pourrait fonctionner exactement de la même façon que pour les premiers fichiers, quand vous m'avez fait travailler avec vous.

Jackson se figea un bref instant avant de plisser les yeux :
- Oui, si c'est la même chose, la méthode peut fournir des résultats. Quand est-ce que vous y avez pensé ?
- En entrant dans la cabine de transport. J'ai reconnu le style et les systèmes de gestion de données.
- Très bien… On en discutera un peu plus tard, d'accord ?
- Bien sûr, je comptais de toute façon vous en parler.

Surtout que je n'ai plus le choix, maintenant…

- Alors, lieutenant Ravenwing, fit Jackson en changeant brusquement de sujet. Je crois que c'est la première fois que vous visitez des ruines Anciennes. Qu'est-ce que vous en pensez ?
- C'est différent de ce à quoi je m'attendais, répondit-elle. Trop… parfait.
- Comment ça ? s'étonna l'archéologue. Pas assez de poussière pour des ruines ?
- Non… Elles me mettent mal à l'aise, continua l'Ascendante. Comme s'il y avait quelque chose à l'intérieur…
- On va voir ça.

Qu'est-ce qui se passe ? se demanda Anna. Ce n'est pas normal, cette façon de réagir… Même si elle joue un rôle, ça ne correspond pas. Mais si elle ne joue pas un rôle, alors… Merde, dans quoi Atlantis nous a envoyés ?


- C'est bon, j'ai réglé les terminaux pour entrer le code rapidement, fit Bakane en revenant quelques minutes plus tard. Le reste des techniciens est quasiment sorti des souterrains.

Jackson acquiesça et recula de quelques pas, laissant plusieurs mètres entre lui et la porte au moment où le communicateur à la ceinture du scientifique hébridan s'activa :
- Ici camp de base, tout le monde est sorti. Équipes A et B en position aux points de blocage, à vous.
- Ici Bakane, bien reçu. On tente l'ouverture, terminé.

- Je ne sais pas ce que vous en pensez, docteur Jackson, dit Anna à voix basse, mais votre collègue a l'air d'avoir plus d'expérience sur le terrain que ce que vous disiez…
- Anna, je vous ai dit qu'il n'aimait pas les sorties de ce type, pas qu'il n'avait pas d'expérience, lui rappela l'archéologue.
- Oh. Désolée…

Le sujet de la conversation s'approcha du moniteur branché sur la porte :
- Je rentre le code à trois. Un, deux… Trois.

Il appuya sur la touche correspondante du petit écran et se recula vivement, prenant soin de ne pas rester entre l'escorte armée et la porte elle-même. Pendant quelques longues secondes, rien ne se produisit, et il revint finalement devant l'appareil :
- Code incorrect. On dirait que ça ne fonctionne pas ici. On va tester la porte suivante, d'accord ?

Anna acquiesça.

Peut-être un des accès que ne contrôle pas Atlantis, pensa-t-elle.


Toutes les quelques minutes, le groupe se rapprochait d'un nouvel accès, validait la séquence sur l'écran branché aux systèmes Anciens et testait sans succès le code fourni par la scientifique :
- Vous êtes sûre de votre code, docteur Stern ? demanda Bakane.
- Normalement, oui, répondit-elle. Peut-être qu'ils ont pensé à changer à chaque fois.
- On dirait. Enfin, l'idée ne manquait pas de mérite et il reste encore quelques autres portes à tester.

Je ne sais pas pour quoi je vais passer, mais si ça ne fonctionne pas, Atlantis va m'entendre gueuler…

- Suivante, fit l'hébridan. On se remet en position…

Les gardes pointèrent à nouveau leurs armes à énergie vers la porte, et Bakane pressa la touche de validation du code d'accès. Aussitôt, la paroi se souleva, prenant tous les témoins au dépourvu.

- J'y crois pas… lâcha quelqu'un derrière Anna.
- Bon, et bien on dirait que ça marche, fit Jackson. Vous penserez à me noter le code, ça pourra me servir après, d'accord ?
- Pas de problème, répondit-elle, la surprise se laissant encore entendre dans la voix.

Derrière se trouvait un couloir d'apparence identique à celui que le groupe occupait. Jackson fit un pas en avant, passant rapidement son bras dans l'ouverture :
- On avance. Restez prudents.

Aussitôt à l'intérieur, l'attention de l'archéologue fut attirée par une seconde ouverture à quelques mètres de là, qui donnait apparemment sur une pièce éclairée. Silencieusement, il fit signe aux autres de le suivre, son regard changeant de direction à chaque seconde, surveillant les parois, le sol et le plafond à la recherche d'un quelconque danger. Anna regardait la scène avec détachement, restant près de l'Ascendante tandis que le scientifique hébridan restait avec les autres gardes armés.

Alors, qu'est-ce qui va pouvoir les occuper ici ? se demanda-t-elle en voyant l'archéologue jeter un très bref coup d'œil à l'intérieur.

- Je crois que ça va intéresser du monde, commenta celui-ci.
- Qu'est-ce que vous avez trouvé ? demanda Bakane.
- Venez voir, se contenta de répondre Jackson.

Anna s'approcha elle aussi et lâcha un léger sifflement en voyant la scène devant ses yeux. Des containers entiers de matériel étaient entreposés avec un désordre évident, leur contenu parfois à l'air libre. Elle reconnut rapidement un équipement technique comme personnel très semblable à celui qui avait été abandonné sur Atlantis lors de l'exode de ses derniers occupants. Aucune arme n'était visible, mais la scientifique aperçut plusieurs dispositifs d'origine très clairement militaire, que tout Terrien appelé à se rendre sur un site Ancien avait été formé à reconnaître. Des générateurs de champ de force individuels, des systèmes de communication et d'autres de survie étaient dispersés parmi une large gamme d'équipements à usage plus conventionnel. Aussitôt, elle s'efforça de ne pas fixer du regard les appareils qu'elle avait reconnus, balayant l'ensemble de la salle.

- Qu'est-ce que vous dites, dans ce cas là, sur Terre ? fit Bakane. Jackpot ?
- A peu près, avoua l'archéologue. Je crois que ça devrait justifier l'expédition, non ?
- Et comment ! Je n'avais jamais vu autant de matériel Ancien en une seule fois… Il y a de quoi doubler ou tripler ce qu'on a dans les universités !
Il se tourna vers les gardes :
- Sécurisez les accès et gardez ça comme la prunelle de vos yeux, compris ?
Il attendit un bref instant que les soldats acquiescent et prit son communicateur :
- Ici Bakane. Préparez l'entrepôt et dites à tout le monde de revenir, on vient de tomber sur une cache de matériel Ancien. Je veux tous les spécialistes techniques près de la cabine de transport aussi vite que possible, on ramènera du matériel là-bas pour une étude préliminaire.
- Ici camp de base. Bien compris, on amène ce que vous avez demandé, répondit la voix dans le petit appareil.
- Très bien. Bakane, terminé.

L'hébridan se tourna vers le reste des individus présents :
- Bon, ils devraient arriver d'ici quelques minutes. Dès que ça sera bon, on pourra commencer à sortir une partie des équipements d'ici pour les trier et les mettre à l'abri.
- Désolé, intervint Jackson, mais j'aimerais juste savoir comment est-ce qu'on va s'organiser pour ces artefacts… Je sais que, théoriquement, la planète est un protectorat hébridan, mais Jack va râler si je ne négocie pas un tout petit peu pour en ramener. Après tout, c'est quand même notre info et l'idée du docteur Stern qui nous ont amené à ça.
- Je pensais que ça avait été déjà réglé quand vous êtes passés sur Hébrida, s'étonna le scientifique.
- On a eu quelques contretemps, commenta l'archéologue. La question n'a pas été entièrement réglée.
- Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Les communications sont coupées pour l'instant et il faut qu'on commence à travailler, sans compter mettre un trésor pareil en sécurité…
- Est-ce que je peux proposer quelque chose ? fit Anna.
- Dites toujours, docteur Stern, répondit Jackson.
- On déplace la moitié des artefacts là-bas et on laisse le reste ici tant qu'on n'en sait pas plus côté partage. Je ne veux pas me lancer dans les négociations à haut niveau, docteur Jackson, mais ça m'étonnerait qu'on puisse avoir plus que la moitié de ce qu'il y a ici. Après tout, c'est quand même leur territoire.
- Et pour le reste, compléta Bakane, on aura largement de quoi s'occuper avec la moitié de tout ça en attendant les ordres. Personne ne s'engage à quoi que ce soit pour l'instant et on a du boulot… moi, ça me convient.
- Pourquoi pas… accepta son homologue Terrien. Par contre, si vous pouvez juste nous laisser quelques minutes, j'ai juste une ou deux choses à voir avec Anna…

Jackson se dirigea vers la sortie de la salle, faisant brièvement signe à Anna de le suivre. Une fois à quelques dizaines de mètres du reste du groupe, l'archéologue se retourna pour faire face à la scientifique :
- Qu'est-ce que vous préparez ?
- J'essaie de gagner du temps, répondit-elle sans hésiter.
- Comment ça ?
- Ils n'ont rien trouvé ici, expliqua-t-elle. Si ça continue comme ça, ils vont tourner leur attention sur nous et se rendre compte qu'on est tout sauf clean. Je me suis dit que s'ils trouvaient de quoi s'occuper pendant quelques jours, ça ferait autant de temps pour nous permettre de comprendre ce qu'il y a à trouver ici.
- D'accord… Sinon, quand est-ce que vous avez repris contact avec Atlantis ?
- En passant par le téléporteur. Elle le contrôlait en partie, elle s'est arrangée pour m'expliquer un peu la situation. Elle a accès à l'installation, mais pas entièrement. J'ai l'impression qu'il y a un autre acteur… Quelqu'un qui l'empêche de nous dire exactement ce qu'il y a ici. Enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre, elle est peut-être aussi en train de nous faire tourner en bourrique.
- Donc, le coup du code usine, c'était bien elle ?
- Oui, elle ne contrôle apparemment pas tout, mais suffisamment pour nous ouvrir cette porte, on dirait. C'était suffisamment crédible, sinon ?
- Pour quelqu'un qui a travaillé sur Atlantis ? Pas un seul instant. Pour Bakane et les autres qui rêvent de voir une fois dans leur vie un système Ancien pas trop endommagé ? Ca se tient. Je leur souhaite bon courage, s'ils essaient d'appliquer votre méthode sur d'autres systèmes… Mais par contre, la prochaine fois, essayez d'éviter de vous mêler de négociations comme ça. Vous venez quand même de leur donner la moitié de ce matériel…
- Désolée. Mais… On sait à quoi il sert, pour la plupart, non ? On pourrait essayer de s'arranger pour qu'ils ne prennent pas ce qui est vraiment sensible…
- On va essayer, mais… Une seconde !
- Quoi ?
- Cet équipement, on a trouvé le même sur Atlantis…
- Oui, et ? s'étonna-t-elle.
- Et vous aviez raison avant : l'installation est très vieille. Antérieure aux Asgard, au minimum. Probablement d'avant le premier exode vers Pégase.
- Alors, compléta-t-elle en écarquillant les yeux, qu'est-ce que du matériel aussi moderne fait ici ?
- C'est la bonne question à se poser…


Quelques instants plus tard, les deux Terriens revinrent dans la petite salle, Anna se voyant accueillie par un sourire compréhensif du scientifique hébridan, apparemment persuadé qu'elle venait de subir un savon de la part de l'autre civil. Elle répondit en levant les yeux au ciel avant de se rapprocher des artefacts, prenant soin de n'activer aucun de ceux qu'elle reconnaissait. Les artefacts autour d'elle lui rappelaient tout autant que le style architectural la Cité où elle avait travaillé avant de se retrouver dans cette situation, à devoir survivre à des fusillades, comprendre des plans à plusieurs degrés de profondeur et faire les siens en conséquence, mentir à presque tout le monde et éviter de s'attirer littéralement les foudres d'une Ascendante d'humeur changeante.

Plus Anna parcourait la grande diversité d'outils et d'appareils Anciens étalés devant elle, plus elle était persuadée qu'ils avaient été amenés bien après la construction du complexe lui-même. Sa seconde observation fut que la plupart d'entre eux étaient incomplets. Il leur manquait à presque tous des pièces, même si, au-delà de cette observation, elle se savait incapable de dire à quoi pouvaient correspondre ces vides.

Peut-être les batteries. Si c'est ça, tant mieux, le matériel sera inutilisable et on évitera de donner trop de technologies ou de gadgets…

Près d'elle, Jackson semblait être parvenu à la même conclusion alors qu'il arborait un visage plus relaxé en aidant son confrère hébridan à préparer les containers à déplacer. Derrière eux, l'Ascendante à figure humaine s'était adossée au mur, observant avec une façade de curiosité la scène devant elle jusqu'à l'instant où elle croisa le regard de Anna. Aussitôt, elle fit un petit signe de tête en direction de la porte. Voyant qu'Anna ne réagissait pas, elle recommença de façon plus marquée :
- Je vais jeter un coup d'œil aux alentours, dit-elle en se levant. Il y a peut-être d'autres caches.
- D'accord, répondit Jackson après quelques secondes le regard fixé vers elle. Restez en contact.
- Pas de souci. De toute façon, Ruth peut m'accompagner. Lieutenant Ravenwing ?
- Ne vous inquiétez pas, docteur Jackson, je veillerai sur miss Stern, dit celle-ci en quittant sa position décontractée.
- Restez à portée de voix des gardes, fit Bakane en laissant son regard fixé vers les différents artefacts devant lui.


Après s'être éloignées de quelques mètres, les deux femmes ralentirent le pas, restant près l'une de l'autre :
- Tu as repris contact avec Atlantis, hein ? fit Urth sans préambule.
- Voilà. En fait, elle a un message pour vous.
- Tiens donc… Pourquoi est-ce que ça ne m'étonne même pas… Et quel est donc ce message ?
- Je ne fais que répéter, mais… "Un partout, la balle au centre".

L'Ascendante laissa s'échapper un rire discret :
- Logique. Elle savait parfaitement ce qu'elle faisait… Elle nous entend, là ?
- Atlantis ? demanda Anna.
- Je vous entends parfaitement bien toutes les deux, fit la voix de l'Entité.
- Oui, elle est là.
- Parfait. Alors, qu'on soit claires : je te le ferais payer. Gentiment, aimablement, mais je ne vais pas oublier ce petit coup-là. En toute amitié, bien sûr…

Anna fut à nouveau prise du frisson accompagnant la même peur primale qui l'avait saisie dans la salle de contrôle du Terminal sur Hébrida. Le sourire aimable de l'Ascendante, qu'accompagnait une voix aussi glaciale que de l'hélium liquide, étaient plus que suffisant pour mettre la scientifique au bord de la panique :
- C'est bien à Atlantis que vous parliez, là… Hein ?
- Bien sûr, fit Urth en haussant des épaules.
- … D'accord, répondit-elle avant de déglutir.

Une porte se souleva à quelques pas d'elles, et Anna entendit un son venant de l'ouverture ainsi révélée. S'approchant, elle vit ce qu'elle reconnut aussitôt comme un logement. Celui-ci était différent dans son aménagement et son contenu de ceux qu'elle avait pu visiter à l'intérieur de la Cité, mais elle n'avait aucun doute quant à son origine, qui était parfaitement en accord avec le reste du complexe. Prise de curiosité, elle visita chacune des pièces, faisant silencieusement la comparaison avec celles de son propre appartement qu'elle avait laissé à plusieurs millions d'années-lumière.

Il était clairement plus grand, et même si le niveau technique et technologique apparaissait clairement comme inférieur à celui de la Cité, le niveau de confort semblait plus élevé. Seul l'éclairage de base fonctionnait, mais elle n'avait aucun doute que, une fois l'ensemble des systèmes à nouveau opérationnels, ce logement serait probablement l'un des endroits les plus confortables et sécurisés où vivre de cette galaxie. Tout était d'une propreté limpide, sans trace visible de présence humaine ou Ancienne, mais l'intérieur était pourtant disposé de façon à ne pas donner le malaise inhérent aux lieux abandonnés.

Comme si le propriétaire était parti hier…

Anna ne put s'empêcher de sursauter lorsqu'un nouveau rire éclata derrière elle, la poussant à revenir rapidement dans la pièce où se trouvait l'Ascendante. Celle-ci tenait un objet mince et élongé dans sa main, qu'elle avait apparemment ramassé sur un meuble avoisinant. Le rire s'était estompé aussitôt, remplacé par un sourire :
- Bien joué, Atlantis. Très bien joué… J'avais oublié ce petit point de détail.
- De… de quoi est-ce que vous parlez ? demanda Anna.
- Est-ce que tu sais ce que c'est ? fit Urth en lui montrant l'objet qu'elle tenait.
- Non… Je n'ai jamais vu ça.
- Ce n'est pas étonnant, c'est rare que son propriétaire s'en sépare. C'est le germe et le système d'entretien pour une lame monomoléculaire. Utilisée dans les combats rapprochés, expliqua l'Ascendante avant de faire une grimace. Très dangereuse.
- D'accord… donc il y a au moins une arme ici, mais pourquoi est-ce que vous avez réagi comme ça ?
- Je me demande si je dois te le dire… fit Urth avec son habituel sourire.

Anna soupira et leva une fois de plus les yeux au plafond.

- Allez, tu vas comprendre. Attrape !

L'humaine parvint à rattraper de justesse l'artefact multimillénaire et se figea dans son geste avant de déplacer sa main avec d'infinies précautions, s'assurant de ne pas faire passer l'axe de l'objet par son corps ou l'un de ses bras :
- Détends-toi, la lame n'est pas active, tu ne risques rien !
- Désolée, j'ai un peu peur quand on me parle d'armes pareilles… répliqua-t-elle.
- Qu'est-ce que tu vois de marqué ?
- Où ça ? demanda Anna en faisant tourner l'arme dans sa main. Ah, je vois… Pas mal de chiffres.
- Numéro de série et matricule de l'utilisateur. Regarde en-dessous, il y a un nom et un prénom. C'est quoi, le prénom ?

Anna n'eut pas de problème pour lire la série de caractères :
- Ts… Tsippora. Et… je suis censée savoir qui c'est ?






"A tout le personnel : test d'étanchéité des systèmes imminent. Veuillez sécuriser les véhicules et outils mobiles puis évacuer le hangar. Ceci est un exercice. Le test durera jusqu'à treize heures trente, heure de bord." répéta une fois de plus le haut-parleur tandis que les derniers membres d'équipage se dirigeaient vers les issues autour desquelles des gyrophares étaient allumés.

A l'intérieur du poste de contrôle du hangar, l'officier de quart surveillait attentivement l'une des consoles servies par un quartier-maître. Une liste de noms y était affichée, passant progressivement du rouge au vert alors que chaque personne présente pointait automatiquement en sortant de l'immense salle. En quelques minutes, la liste avait entièrement changé de couleur.

- Très bien, fit-elle finalement. Tout le monde est sorti. A notre tour.

Les sous-officiers et hommes du rang acquiescèrent et quittèrent les uns après les autres leurs postes, non sans les avoir sécurisé avant et vidant rapidement la pièce qui fut scellée après la sortie du lieutenant.


- Ici contrôle hangar pour CO, dit-elle dans un combiné de communication interne. L'évacuation du hangar numéro deux est terminée, poste de contrôle verrouillé et évacué, le test peut commencer.
- Merci, Louise, répondit la voix dans le combiné. Allez prendre un café avec votre groupe, on ouvre à une heure et demie.


A l'intérieur du hangar abandonné, plusieurs gyrophares se mirent à illuminer périodiquement les parois tandis que les portes massives donnant sur le vide spatial se mirent à glisser sur leurs rails, dévoilant le paysage étoilé et finement coloré de la nébuleuse au cœur de laquelle s'était arrêtée l'escadre. Rapidement, un vaisseau de la taille d'un ravitailleur apparut dans l'ouverture, s'immobilisant et pivotant sur lui-même avant d'avancer à l'intérieur en traversant le mince bouclier isolant l'atmosphère du vide spatial.

L'appareil de transport se posa délicatement sur la surface métallique avant d'ouvrir une minute plus tard son sas d'accès. Les uns après les autres, les passagers civils en descendirent, la procession se terminant par plusieurs militaires prenant rapidement la tête du groupe pour les mener vers la sortie du hangar.



Le pont d'état-major était davantage un compartiment qu'une salle, isolé du reste du Concordia par plusieurs couches de vide absolu, de champs de force et de matériaux composites destinés à empêcher toute forme de surveillance de ce qui pourrait se dire et se faire à l'intérieur. Les officiers qui y travaillaient étaient, malgré leurs grades relativement faibles, munis d'accréditations rarement atteintes hors du cercle des officiers généraux. Quotidiennement, ils établissaient et mettaient à jour les plans et tactiques dont disposerait la flotte aussi bien pour des engagements individuels comme de batailles à l'échelle d'un théâtre d'opérations. Ils ne décidaient pas, se contentant de donner des options à leurs supérieurs et de traduire en termes logistiques et opératifs les intentions de ceux-ci, quelque celles-ci pussent être.

Ou s'ils devaient travailler presque sans préavis avec des civils.

- Comment est-ce que vous voulez qu'on fasse notre travail si vous ne nous dites pas quels moyens on a, monsieur ? demanda un lieutenant de vaisseau, maintenant une façade de respect hiérarchique hésitante envers des personnes dont la position lui demeurait inconnue.
- C'est à vous de nous dire ce dont vous aurez besoin, répondit le civil. C'est ce que j'essaie de vous dire.
- Si on a besoin de deux groupes de croiseurs, on ne va pas les sortir de nulle part, quand même… monsieur.
- Justement, si. C'est pour ça qu'on est là…
- Je pensais qu'on était ici pour préparer les opérations des deux prochaines semaines, intervint un autre officier. Pas un exercice.
- Vous avez raison, lieutenant, intervint finalement l'amiral en entrant dans la pièce. L'un n'empêche pas l'autre. Le briefing préliminaire a été volontairement minimaliste à cause du niveau de secret de cette opération. Avant toute chose, personne n'entrera ou sortira du pont d'état-major pendant ces deux semaines, à l'exception de moi-même et des officiers de commandement de l'escadre. Deux des salles annexes ont dû être réaménagées avec l'équipement nécessaire, mais la consigne de O'Neill est de maintenir un secret absolu sur la véritable nature de ce que nous allons faire.

Le commandant de l'escadre laissa à l'information le temps de rentrer dans les esprits avant de continuer :
- Nous allons mentir à tout le monde pendant deux semaines, et quand je dis tout le monde, je parle aussi de nos propres équipages. L'objectif est d'occuper l'ensemble de la flotte Jaffa pendant ce temps par des opérations militaires de haute intensité. L'important est ici d'occuper et non de détruire. Votre objectif est de minimiser les pertes effectives dans les deux camps… tout en persuadant les Jaffas qu'ils mènent une véritable campagne contre nous. Le théâtre d'opérations prévu est la nébuleuse NGC 346 où nous venons d'arriver. Pour les moyens à votre disposition, voyez ça avec nos nouveaux collègues. Ils sont ici pour une et une seule chose : gonfler artificiellement nos forces de façon crédible. Lieutenant, vous aviez parlé de deux groupes de croiseurs, non ?

L'officier d'état-major ne put s'empêcher de déglutir, se trouvant dans la position très inconfortable que d'être remarqué par un amiral :
- Oui, monsieur.
- Si vous avez vraiment besoin de leur présence, alors, oui, considérez qu'il sera possible de la simuler de façon crédible pour les forces adverses. Capitaine Meyer ?

L'officier nommé fit un pas en avant, se séparant du groupe qui accompagnait l'amiral :
- A vos ordres, monsieur, fit-il pour ensuite se tourner vers le reste de l'état-major. Je fais partie de l'équipe ayant développé le concept et les outils derrière cette opération, et ai été détaché par le QG central pour faciliter l'utilisation de ces nouveaux moyens.
- Parfait, fit l'amiral. Je vous laisse expliquer les détails. Nous commencerons à dispatcher nos forces d'ici quatorze heures. Je veux des ébauches de plans d'action pour notre prochaine réunion dans douze heures. Sur ce…


Une fois les derniers officiers de commandement de la flotte partis, Meyer se tourna vers le groupe :
- Bon, je sais que ça va vous paraitre dingue, mais on est partis pour baiser les jaffas à une échelle dont personne n'a jamais rêvé avant. Un transport lourd conçu spécialement pour ce job, le Protée, va arriver dans moins de trente heures, la cale remplie de gadgets qui vont plaire à tout le monde.
- Quel genre d'équipement ? demanda un homme.
- Du matériel de construction, quelques dizaines de consultants recrutés pour l'occasion, des projecteurs holographiques et, surtout, le top du top en drones de guerre électronique. Le genre qu'on n'a jamais passé aux forces spéciales, qui n'est jamais sorti des souterrains du SGC jusqu'à aujourd'hui.

Il déposa sur une table un petit projecteur holographique et celui-ci afficha à mi-hauteur du plafond un appareil ressemblant à l'une des corvettes de commandement et de contrôle embarquées sur le Concordia :
- Ceci est le drone le plus cher de l'histoire, et on va en envoyer des dizaines à la casse dans les quinze prochains jours. Tous les autres seront détruits après coup pour maintenir le secret, donc pas besoin de se retenir. Considérez qu'on va dépenser l'équivalent d'un Homer juste pour ce matériel, fit Meyer. Qu'est-ce qu'ils font ? Ils font croire à n'importe qui dans la galaxie qu'il a en face de lui ce qu'on veut jusqu'à un foutu croiseur de bataille, et à moins de se rapprocher à quelques kilomètres, personne ne verra la différence.
- La différence de masse ? demanda un officier.
- Plusieurs générateurs de gravité particulièrement surchargés qui crameront en quelques jours au maximum. Pour la signature électromagnétique, infrarouge et visuelle, on sature tout bonnement l'ensemble des systèmes de détection ennemis avec des faux échos bien calibrés.
- Ils vont voir le coup venir, répliqua un autre. Même les jaffas ne sont pas aussi cons. Si on se met à jouer des contre-mesures électroniques dans toutes les directions, ils vont finir par s'en rendre compte et ils iront vérifier. On ne tiendra pas un bluff comme ça deux semaines.
- Où est-ce qu'on est ? répondit le capitaine avec un fin sourire.
- Une nébuleuse… Mais ça ne sera jamais suffisant pour couvrir nos émissions avec assez de bruit parasite. J'ai jeté un coup d'œil aux rapports de cartographie avant de venir, il y a à peine une vingtaine de points chauds où des capteurs marcheront moins bien.
- Une question, lieutenant. Pourquoi, à votre avis, les rapports de cartographie sont aussi détaillés sur cette nébuleuse ? Après tout, la galaxie est grande…
- C'était déjà prévu… réalisa-t-il.
- Exactement. Si on a produit du matériel pour cette opération, on sait aussi où on peut l'utiliser comme il faut.
- Donc ça veut dire qu'on est coincés à un endroit, fit un autre. Si on se bat ailleurs, on perd les "renforts".
- Pas forcément. Ils ne savent pas où sont les points chauds naturels, donc si c'est vraiment nécessaire, on pourra préparer un endroit ou deux avec d'autres drones pour balancer du bruit blanc. Tant qu'on est à l'intérieur de la nébuleuse elle-même et qu'on ne le fait pas trop souvent, ça sera possible de leur faire croire que le foutoir est normal.
- Si vous avez déjà tout préparé depuis plusieurs années, vous devez déjà avoir des plans de combat, non ?
- Faux, lieutenant. Je n'ai bossé que sur les moyens. Il y a trop de variables pour essayer de prévoir quoi que ce soit de précis, donc on le fait au dernier moment, avec vous.
- Pourquoi pas, admit le chef d'état-major, mais si je comprends pourquoi vous êtes là, est-ce que vous pouvez m'expliquer ce que vous, messieurs, faites ici ? demanda-t-il en se tournant vers le groupe de civils. Je crois que je ne suis pas le seul à avoir reconnu certains d'entre vous et, sans vouloir manquer de respect, la préparation stratégique d'une campagne militaire n'est pas votre domaine. J'ai vu une bonne partie de vos films, monsieur Cameron, et ils ne sont pas vraiment d'un réalisme à toute épreuve…

Le réalisateur acquiesça poliment de la tête :
- Et c'est pour ça qu'on se mêlera pas de vos plans, capitaine. Si le SGC nous a invité et a recruté le reste de ses consultants, ce n'est pas pour jouer les amiraux de fauteuil, mais pour vous aider au niveau du scénario et de la mise en scène.
- Pardon ?, fit l'officier en s'efforçant de ne pas relever l'erreur de grade commise par le civil.
- L'objectif, comme l'a dit votre supérieur, n'est pas de remporter une victoire militaire, mais de faire croire aux gars d'en face qu'ils ont gagné. En d'autres mots, de lui vendre une histoire. Et ça, capitaine, croyez-bien que c'est notre métier à tous depuis quelques décennies et que nos standards sont très supérieurs à tout ce que ces… jaffas ont pu connaître.
- Qu'est-ce que vous allez faire exactement ?
- Mettre en forme, donner une cohérence à vos efforts. Qu'ils voient un plan global qu'ils aient envie de contrer, parce que, pour l'instant, personne n'a la moindre raison de se battre dans cette nuage paumé. Et, corrigez-moi si je me trompe, mais si personne n'a de raison ou d'envie de se battre, on ne se bat pas.
- Et quelle raison vous voulez leur donner ? Cette "base secrète" dont ils ont parlé au premier briefing ?
- C'est l'idée de base, mais, en gros, oui.
- En fait, intervint Meyer, nous allons devoir travailler directement avec nos collègues civils. Leur boulot, ça va être de faire en sorte que nos plans donnent une image d'ensemble que les jaffas pourront décrypter. Ils vont vous demander de modifier quelques aspects au niveau du timing, des vaisseaux, vous allez leur dire ce qui est possible ou non. Moi et mon groupe, on vous permet de modifier vos moyens visibles.
- On fait un wargame, c'est ça ?
- Voilà, avec comme objectifs d'occuper les jaffas pendant au moins deux semaines, de ne pas perdre un seul de nos vaisseaux et de faire croire à tout le monde, nos équipages y compris, qu'ils nous ont botté le derrière.
- Allons bon… répondit le chef d'état-major avant de se tourner vers les civils. Et, juste comme ça, sans même souligner les deux cent points qui vont faire foirer ce plan, expliquez-nous ce qu'on va vouloir vendre aux jaffas.
- Comme vous l'avez dit, fit le réalisateur, l'idée est que vous avez une base secrète, et c'est pour ça qu'on a envoyé tous vos vaisseaux ici : pour la défendre. Si j'ai bien compris ce qui vous arrive, ces jaffas vous poursuivent, c'est ça ?
- Oui.
- Alors ils vont tomber par hasard sur des indices de ce qu'on a caché dans la nébuleuse. Qu'est-ce qu'une installation comme ça pourrait laisser comme trace ?

Après quelques secondes de silence, l'officier demanda :
- C'était une question rhétorique ou une vraie ?
- Une vraie, répondit le civil. Je ne suis pas militaire, donc je vous le demande : sur quoi ils pourraient tomber qui prouverait qu'il y a une base à proximité ?
- Logistique et communication, se vit-il immédiatement répliquer.
- S'ils trouvaient un vaisseau de transport, proposa un autre officier, on pourrait voir ce qu'on laisserait dedans, ça pourrait les mener où on veut.
- Est-ce qu'ils savent pirater vos ordinateurs ?
- Pas vraiment, intervint Meyer. A quoi est-ce que vous pensez ?
- Ils pourraient trouver d'où vient le vaisseau, fit Cameron. Ou alors, comme il l'a suggéré, la cargaison pourrait leur donner des indices.
- Du matériel réservé aux bases planétaires, fit celui qui avait proposé l'idée. Ils se douteraient de ce qu'on a, comme ça.
- Et il y a quoi, sur cette base ? demanda le chef d'état-major.
- C'est évident, l'autre répondit. Une arme secrète.
- Lieutenant, on n'est pas dans un film… Encore que…
- Ne vous attachez pas aux détails, leur dit un autre civil. Il y a un MacGuffin sur la base, c'est tout ce qui compte. On se fiche de savoir exactement ce que c'est.
- Un quoi ?
- Mécanisme narratif, expliqua un autre cinéaste près d'eux. L'objet que tout le monde veut récupérer. Vous pouvez mettre le nom que vous voulez, mais au final, toutes les factions vont se poursuivre et se battre pour le trouver avant les autres et le garder. Tête nucléaire russe, virus mortel, secret politique, valise pleine d'argent, ça ne change rien à la structure du scénario. Là, on essaie d'avoir une idée générale, c'est tout. Ensuite chacun fera son boulot, vous les plans de bataille, nous les transitions, la mise en scène et les effets spéciaux.
- Transitions et effets spéciaux ? répéta un officier. Est-ce que vous avez la moindre idée de quoi vous parlez ? Vous savez combien il y a de personnes à bord d'un des croiseurs ? Sans même parler du Connie ! On joue pas à gagner des Oscars…
- Non, lieutenant, fit Meyer. On joue à satisfaire les jaffas pour qu'ils n'aient pas envie de voir plein d'explosions sur Terre.
- Si vous le dites… Donc, ils restent ici pour trouver notre base. Ils veulent la capturer ou la détruire ?
- A votre avis ? le relança Cameron.
- En fait, ça dépend de votre, comment vous l'avez appelé ? MacGuffin ? commença un autre membre du groupe d'état-major. Est-ce qu'ils peuvent s'en emparer ? Est-ce qu'on peut l'évacuer ? Ou est-ce que c'est un machin qu'on ne peut pas déplacer ? Parce que si on peut le bouger, je ne vois pas pourquoi on resterait ici. Enfin, dans votre scénario, j'entends…
- Bonne remarque. Pourquoi est-ce qu'il ne pourrait pas bouger ?
- Des ruines Anciennes, fit un jeune officier. Si c'est quelque chose de la taille de l'Arme de Dakara, on pourra difficilement s'enfuir avec.
- La nébuleuse pourrait être particulière, suggéra un autre. Votre engin ne marchera pas dehors, donc on pourrait le déplacer, mais toujours en restant dans le coin.
- Ou alors, on n'a tout simplement pas de transport disponible, soupira un troisième, plus âgé. C'est un peu plus crédible. La logistique qui nous laisse tomber…
- D'accord, on va peaufiner ça dans les heures qui viennent, répondit un autre réalisateur. Expliquez-nous un peu comment ça fonctionne, vos transports. Il y a des escortes, des convois ?

Les officiers se regardèrent les uns les autres jusqu'à ce que le plus haut gradé hausse des épaules :
- On est coincés avec eux, alors autant leur faire le topo… dit-il avant de se tourner vers les civils. Et j'y crois toujours pas. Préparer un… scénario pour une série de batailles. Le gars du SGC qui a eu cette idée débile devrait être jeté par un sas, général ou pas. Enfin, premier point, on est pas dans vos films de la bataille de l'Atlantique, faut bien vous mettre ça en tête. En fait, on est pas dans un de vos films… tout court. C'est pas vrai, il va falloir qu'on mette au bas mot deux ou trois types avec vous juste pour être sûr que vous ne sortirez pas des conneries complètes devant l'amiral.


- Mesdames, messieurs, fit le commandant en entrant dans la salle de briefing où l'attendaient l'ensemble des officiers et des responsables de section du croiseur. Nous venons de recevoir nos nouveaux ordres. Et la situation vient de se clarifier. Apparemment, le QG a décidé dans son infinie sagesse d'installer il y a quelques années une base de recherche secrète en plein cœur de cette nébuleuse, et le groupe du Concordia a reçu pour job de la défendre contre les forces jaffa qui nous arrivent dessus à toute vitesse. Le préavis de guerre imminente est renouvelé et nous aurons l'autorisation de tirer sur les vaisseaux jaffas à notre discrétion. Je ne crois pas avoir besoin de vous expliquer les conséquences… On s'est tous entrainés pour cette guerre depuis qu'on a appris l'existence du Programme.

Il prit un instant pour croiser le regard des hommes et femmes assis devant lui avant de continuer :
- Le Homer va quitter le reste de l'escadre d'ici trois heures pour se mettre en attente aux coordonnées données par l'état-major. Notre boulot va être simple : pendant que le reste de l'escadre va rester en mouvement et déployer des appareils de reco, on va rester disponibles pour intercepter et éliminer ceux des jaffas. On s'attend normalement à quelques Tel'Tak et Al'Kesh qui vont essayer de trouver le Connie et autant de vaisseaux lourds que possible. Peut-être aussi la base, mais selon les renseignements, les jaffas n'ont pas d'info sur son existence ou sa position. Je ne sais pas ce que vaut cette estimation, donc on va se préparer quand même à du combat de haute intensité. Et c'est là que vient la bonne surprise du jour. Capitaine da Silva ?
- Merci, commandant. Je suis le capitaine de frégate Horacio da Silva, détaché de l'état-major de la Troisième Flotte. Je sais que la plupart d'entre vous n'ont jamais entendu parler de cette unité, pour la simple raison que son existence et sa mission ont été maintenues secrètes depuis sa création. Nous disposons principalement d'unités de tonnage moyen et lourd, à savoir un cœur de croiseurs Homer encadré par des destroyers de classe Everest. Ceux-ci ont été conçus et fabriqués spécifiquement pour notre unité, et vont voir dans les jours qui viennent leur premier déploiement officiel auprès d'autres forces. Un briefing complet sur les capacités et rôles de ces navires a été envoyé il y a quelques minutes sur vos messageries individuelles. Notre rôle principal sera d'assurer la défense rapprochée de la base Icarus, mais au vu de la situation stratégique actuelle, il a été décidé de détacher un certain nombre de vaisseaux pour assister l'escadre du Concordia. Je serai ici pour faciliter la coordination de ces forces avec le Homer.
- Merci, capitaine, fit le commandant en s'efforçant de ne pas penser aux vaisseaux inventés de toutes pièces qui venaient d'être promis à ses officiers. Nous allons suivre une patrouille autour des points de navigation suivants…

Au-dessus de la table, un affichage holographique présenta la nébuleuse à la périphérie de laquelle ils se trouvaient, dans laquelle plusieurs points rapprochés s'illuminèrent.

- Ces coordonnées correspondent aux points optimums pour déployer des unités de reconnaissance ou même, pour Nav 4, d'une zone dans laquelle il serait facile de rassembler des forces plus lourdes pour préparer une opération de reconnaissance en force. Nous allons patrouiller ces points dans les prochaines quarante-huit heures. Les règles d'engagement sont explicites… Si on trouve des vaisseaux jaffas et qu'il est possible de les détruire sans témoin, ils doivent être abattus sans hésiter. L'amiral veut réduire autant que possible leur ordre de bataille, mais sans leur donner un casus belli clair. Tout groupe de reco devra en outre être repoussé ou détruit si possible. Enfin, si on croise du plus lourd, comme un ou plusieurs Ha'Tak, c'est à nous de voir. Mais l'Everest, le Kilimandjaro et le McKinley sont là pour nous soutenir si nécessaire. En attendant, ils surveilleront les environs en passif. Voilà pour nos ordres.
- Qu'est-ce qu'on aura comme soutien du Connie ? Reco, groupe de frappe ?
- Rien pour l'instant, Jeannie, répondit le commandant. Leurs appareils vont être complètement occupés à surveiller les vecteurs d'accès vers la nébuleuse et à protéger les convois vers la base Icarus.
- Des convois ? demanda l'un des officiers. Mais qu'est-ce qu'ils font là-bas pour avoir besoin de plus que la Porte ?
- Officiellement, je n'en sais rien. Officieusement, j'ai entendu dire qu'ils travaillent sur le neuvième chevron et qu'ils ne peuvent pas utiliser leur Porte normalement, mais je ne sais pas ce que ça vaut, fit-il en lançant l'une des rumeurs préparées par les équipes de l'état-major de l'escadre. Enfin, le résultat, c'est que la couverture aérienne sera encore plus mince que d'habitude, donc je veux que la moitié de nos appareils soient prêts en alerte cinq en permanence. Le reste en trente.
- D'accord, patron, répondit le chef des opérations aériennes du bord. Par contre, faudra qu'on voie avec le Connie pour recevoir du ravitaillement en priorité quand on rentrera, parce que ça va faire un beau trou dans l'inventaire.
- Capitaine da Silva, continua le commandant, dès que nous serons partis en hyper, vous dirigerez la première série de simulations tactiques sur les Everest.
- Bien, monsieur, répondit l'officier des opérations spéciales.



A plusieurs dizaines de kilomètres du croiseur, l'une des salles du pont d'état-major du Concordia était à présent occupée par plusieurs groupes distincts, leurs membres respectifs discutant à voix basse tandis qu'occasionnellement un militaire ou un civil passait de l'un à l'autre échanger quelques mots ou documents.
- On est quand même trop serrés, commenta un lieutenant de vaisseau en reposant sa tasse de café. Même si on déroute le Protée vers la zone du Homer, il aura au moins huit heures de retard.
- C'est ça ou on laisse un trou dans les défenses, répliqua un autre officier. Les jaffas vont faire gaffe autour du Connie, mais s'ils jettent un bon coup d'œil sur la zone d'embuscade, tout le piège va foirer.
- Pas forcément. Mais par contre, ceux du Homer vont se douter d'un truc s'ils voient arriver un gros vaisseau rempli de drones. On n'a pas assez de monde dans le coup.
- Mais…
- Je sais, je sais, si on commence comme ça, on doit avoir tout le personnel CO qui joue le jeu, et on dit adieu au côté "secret". Tout ce que je dis, c'est qu'on a pas forcément besoin de ces bestiaux pour la première op'.
- Faut quand même qu'on donne l'air d'être sérieux pour le convoi. C'est pas avec un seul croiseur qu'on va attirer l'attention de toute leur flotte.
- Alors, on pourrait…



- On vient de recevoir une transmission du Protée, fit un assistant civil à l'autre bout de la pièce en s'approchant du groupe des consultants récemment arrivés.

La table autour de laquelle ils discutaient était nominalement identique aux deux autres, où travaillaient les membres originels de l'état-major, mais se différenciait désormais par la quantité considérable de feuilles et d'objets posés dessus. Autour des ordinateurs et des tablettes tactiles s'amoncelaient des carnets remplis de notes manuscrites, des schémas et des dessins très simplifiés ainsi que divers documents officiels désormais annotés ayant perdu depuis longtemps les agrafes et les reliures. Des rapports concis tant sur les capacités des différents vaisseaux impliqués que les traits de personnalité connus des différents officiers à la présence confirmée ou supposée venaient recouvrir des ébauches de scénario raturées et annotées par une demi-douzaine d'écritures différentes.

- Les briefings viennent de se terminer pour les autres à bord du Protée. Apparemment, ils sont enthousiastes…
- Pas étonnant, commenta un quinquagénaire sans quitter des yeux le logiciel de gestion de projet où se superposaient différents scénarios. Vous venez d'expliquer à une bande de fans attardés que leurs conneries sont réelles. Me fous de savoir qu'ils passent leur temps à bander sur ces vaisseaux entre deux pornos, ils vont moins s'amuser quand ils auront passé une trentaine d'heures sans dormir pour terminer cette putain de séquence…
- Raconte pas de conneries, Frank, t'as vu au moins la liste ? demanda l'un des scénaristes.
- Me suis arrêté à la première douzaine de demeurés trouvés dans une convention. Pas glorieux…
- Relis tout, ils nous ramènent je sais pas combien de types. C'était quoi, votre liste, capitaine Meyer ?
- A part les quelques… individus… qui ont déduit une bonne partie de la réalité à partir de nos opérations de désinformation ? Toutes les sommités possibles au niveau communication, guerre psychologique, gestion des foules. En fait, les spécialiste de la manipulation des masses et de la memétique.
- Ouais, on verra ce qu'ils valent quand ils seront là… Ho, on avait dit combien de vaisseaux au jour quatre ?
- Où ça ? demanda en réponse un autre homme, lui aussi concentré sur son écran.
- Pour les scènes trente à trente-cinq.
- Le Fuji et le Vesuvius se sont fait démolir dans la scène vingt-huit, donc t'as le Mont Blanc et le St. Helens à portée, je crois.
- OK, tout le monde, on reprend tout ! fit le producteur. Incohérence : il manque des vaisseaux pour escorter l'Ajax en jour quatre.
- Y'avait pas le… commença un scénariste en parcourant ses notes. Ah, le Krakatoa ! Il est pas dispo pour deux jours ?
- Non, on l'a déjà pris sur la vingt-cinq, répondit un officier rattaché à leur groupe. Le troisième convoi qui se fait attaquer. Le Protée n'aura pas le temps de mettre d'autres systèmes de contrôle pendant qu'il gère celui-là.
- Attendez avant de recommencer, intervint un capitaine de corvette en s'approchant de leur groupe. On aura besoin de trois croiseurs supplémentaire pendant quatre heures. Jour trois, de huit à douze heures. Secteur LV-511.
- Vous pouvez pas décaler ça ? demanda le producteur en levant les yeux de son écran. Tout le planning va être foutu en l'air, là.
- Pas le choix, se vit-il répondre. Si on veut faire un coup d'arrêt, il nous faudra assez de puissance de feu pour leur donner envie de mettre les moyens.
- Vous êtes sûr que ça ne peut pas marcher autrement ? On est vraiment serrés au niveau déplacements.
- Si on ne les a pas, ils vont arriver avec une reco en force et nous repousser avant qu'on soit prêts là-bas et… Attendez, pourquoi est-ce que je me justifie ? Ecoutez-moi, c'est simple : on a besoin du Protée à cet endroit, à cet instant. Je ne veux pas savoir quel superbe scénario vous nous avez pondu, parce qu'on va se faire casser la gueule sinon. Vous et tous les autres êtes là pour arrondir les angles, pas pour nous expliquer notre boulot. En parlant de ça, on vous a envoyé par mail la liste des prochains engagements possibles et ce qu'on veut comme conditions.
- … Comme vous voulez, répondit finalement le civil en ouvrant son logiciel de messagerie avant de se tourner vers Meyer. Capitaine, dites-moi au moins qu'il y a mes assistants dans votre vaisseau…

Au moins, ils savent mieux se servir de ces foutus logiciels que moi, et ils m'emmerdent pas quand je leur dis de me trouver ce qu'il faut quand j'en ai besoin, grommela-t-il silencieusement.



- Amiral, demanda le commandant du Concordia en finissant de parcourir l'un des rapports des différentes équipes de l'état-major. Est-ce que vous pensez vraiment que ce… plan… peut marcher ?
- Rassurez-vous, Li, ça me déplait tout autant qu'à vous, mais… je fais confiance à O'Neill. Ce n'est pas le premier plan apparemment stupide qu'il sort, et il s'en est toujours sorti jusqu'à aujourd'hui. Et, il a raison sur un point : même si on attaquait ouvertement pour détruire les vaisseaux à proximité, ça ne changerait rien au final. On ne peut pas empêcher un Ha'Tak de sortir d'hyper en orbite basse pour faire une frappe cinétique sur nos centres démographiques et industriels.
- Je le sais bien, amiral. Je sais aussi que ça devra se résoudre diplomatiquement, mais ce n'est vraiment pas une bonne idée d'impliquer tous ces… civils là-dedans !

L'amiral soupira avant de se diriger vers une étagère pour y réajuster un livre dépassant légèrement du reste :
- Ce n'est pas non plus une opération purement militaire qu'on nous a demandé de mener, Li. O'Neill et les autres veulent qu'on se donne en spectacle, donc c'est assez logique qu'ils nous envoient des pros du métier. Non, le problème, c'est que quoi qu'on fasse, les jaffas, eux, ne sont pas là pour jouer la comédie. Sans compter que même si on réussit à les retarder assez longtemps… ou à leur donner une guerre victorieuse et brève, ils risquent quand même d'apprendre ce qu'on aura fait aujourd'hui.
- Ils n'apprécieront pas de s'être fait manipuler.
- Euphémisme de l'année, capitaine, répondit le commandant de l'escadre. S'ils apprennent ça, ils se sentiront humiliés. Insultés. Même les partisans de Bra'tac ne nous pardonneront jamais de les avoir fait se battre contre des moulins à vent, et c'est ça qui me fait le plus peur. Presque plus que ce qui se passe en ce moment-même. Gagner du temps, ça ne devrait pas être trop difficile : on a les moyens, les individus… Mais garder le secret ? Beaucoup plus difficile et absolument indispensable, sinon ils se vengeront. Là, ils voudront une victoire claire, absolue, que personne dans la galaxie ne pourra contester. Et ils en ont les moyens, capitaine.
- Les civils risqueront de parler. Ils n'ont pas idée des enjeux…
- J'en ai discuté avec le capitaine Meyer. Lui et les autres le savent parfaitement.
- Qu'est-ce qu'ils feront pour empêcher les fuites ? demanda le capitaine en se doutant de la réponse.
- Engager ceux qui peuvent être utiles au Programme de près ou de loin, tenir sous surveillance les autres. Et, s'il y a vraiment un risque… couper la fuite. Apparemment, soupira-t-il, ils ont déjà une bonne idée de ceux et celles qui essaieront de parler, intégrés ou pas.
- … Je vois.

Les deux officiers se regardèrent en silence pendant quelques secondes, l'un comme l'autre comprenant parfaitement les non-dits, aussi déplaisants fussent-ils.
Effet Papillon :
Un avenir possible, moins sûr et plus complexe pour des galaxies porteuses d'un mélange explosif : vide de pouvoir, héritages vivants et ambitions multiples.
Tomes I et II terminés, Tome III en cours

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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

Le jaffa les avait mené sans hésitation dans le dédale de ruelles qui parcourait le voisinage de la prison, les fugitifs privilégiant la vitesse sur la discrétion pendant les premières minutes, cruciales, de leur fuite. Finalement, le trio s'arrêta près d'un petit bâtiment, Erina reprenant bruyamment son souffle près des deux autres évadés.

Carl prit le temps d'observer son environnement, fusil en main et le doigt loin de la détente. Le décor était semblable à celui où il avait retrouvé sa supérieure assassinée, et les similitudes le mettaient mal à l'aise. A cela venait se rajouter un manque d'eau qui se faisait de plus en plus sentir dans sa gorge à présent que son attention n'était plus focalisée sur sa survie à court terme. Un lourd bruit dans son dos le fit se retourner brusquement, le pilote soupirant de soulagement en voyant qu'il ne s'agissait de rien de plus que son sac, qu'Erina avait laissé tomber au sol.

- Où est-ce qu'on se planque ? demanda-t-il.
- J'ai reconnu où on est, fit Van'Tet. Ceux dont j'ai parlé sont trop loin d'ici pour qu'on y aille maintenant… Il faudra attendre la nuit.
- Il n'y a pas des patrouilles ?
- Si, mais je sais comment les éviter. J'en ai déjà fait partie.
- Si tu le dis… Et en attendant ? Il nous faut de l'eau, des vêtements, de quoi tenir jusqu'à ce soir. Surtout qu'on doit avoir toute la ville aux trousses, maintenant.
- Il faudra les voler. Nous n'avons pas d'argent…
- J'y ai pensé aussi, dit Carl. Mais ça risque pas d'attirer l'attention sur nous ? Les autres savent pas par où on est partis, donc à leur place, je mettrais toute la ville en alerte. Ils auront notre signalement, et si quelqu'un nous voit en train de piquer ce genre de trucs, ça va nous retomber dessus.
- Je sais, mais il faudra prendre le risque.
- On peut tenter autre chose, sinon… Mais ça ne va sûrement pas te plaire.
- Et de quoi ?
- On est armés. On trouve une maison avec pas beaucoup de monde et on se retranche dedans. Discrètement.
- C'est encore plus risqué, fit le jaffa. S'ils nous trouvent, on ne pourra pas s'échapper.
- Mais on aura tout ce qu'il nous faut sur place. Et c'est juste jusqu'à ce soir. On peut le faire.
- Ca ne me plait vraiment pas.
- Je m'en étais douté… Ah oui, tant que j'y pense, il y a peut-être une autre solution.
- Laquelle ?
- On peut essayer de partir par la Porte. Apparemment, Erina connait l'adresse de sa planète et elle a de la famille qui pourrait nous protéger. Il suffirait de…
- Non, l'interrompit Van'Tet.
- Pourquoi ? demanda Carl.
- La Porte est surveillée en permanence, depuis ce qui s'est passé là-bas.
- De quoi ?
- … Je vous expliquerai à tous les deux quand on aura du temps. Et en plus, il faut qu'on retrouve mes camarades.
- Une raison particulière ? demanda le pilote tout en jetant un bref coup d'œil à la femme assise contre le mur.
- Ils nous aideront à retrouver Bra'tac.
- Quoi ?
- Tu es le dernier à l'avoir vu quand il a été enlevé. Tu travaillais pour ceux qui l'ont capturé… Tu es le dernier lien qu'on ait avec lui et je ne peux pas te lâcher comme ça, répondit brusquement le jaffa.
- Mais…
- Je suis de son camp, continua Van'Tet en ignorant l'interruption. S'il ne revient pas, Gerak aura tous les pouvoirs pour vous attaquer, vous les Tau'ri. Il le sait et il ne va rien faire pour sauver mon maître. Les nôtres auront besoin de toute l'aide possible pour le retrouver, et c'est dans ton intérêt aussi.
- … Prouver mon innocence, compléta Carl. Et arrêter la guerre.
- Exactement. Ceux que je vais aller voir pourront utiliser ce que tu sais.
- Et Erina ? demanda-t-il. Qu'est-ce qu'on fait avec elle ? Je crois pas qu'elle voudra se lancer dans un truc comme ça.
- Demande-le lui, fit le jaffa en se tournant vers le dernier membre de leur groupe, qui s'était redressé et les regardait fixement. Est-ce que tu veux nous accompagner ?

Elle acquiesça silencieusement, le regard faible de son visage détonnant avec sa posture générale pendant quelques instants avant qu'elle ne se relâche.

- Il faut quitter Dakara, dit-elle quelques instants plus tard. Ils vont nous poursuivre et nous retrouver si on reste ici.
- Elle a pas tort, reprit Carl. Si on reste, on va se faire avoir, tôt ou tard. Est-ce qu'on peut récupérer tes potes et se tirer d'ici, à ton avis ?
- C'est possible, mais ce serait très risqué de partir. Tous les vaisseaux seront fouillés et la Porte sous bonne garde.
- Pas de vaisseau, c'est clair. On se ferait descendre avant d'avoir décollé. Reste la Porte.
- On verra ça une fois à l'abri, fit Van'Tet. Pour l'instant, nous avons d'autres priorités.
- Pas faux. Donc, on essaie de piquer des trucs sur un marché pour attendre ici, ou on tente une baraque ?
- On peut observer les habitations voisines, concéda le jaffa.

Carl se rapprocha d'Erina et reprit lui-même son sac, l'ajustant sur son épaule, avant de lui faire signe de l'accompagner :
- Faut rester groupés, ce serait trop con que quelqu'un se fasse chopper par hasard.
- D'a… D'accord, répondit-elle à voix basse alors que Van'Tet s'éloignait d'eux.
- Rassurée ? chuchota-t-il. Il veut récupérer Bra'tac, comme moi… Bon, non, en fait, moi, je veux d'abord me tirer de là, mais c'est pas une mauvaise idée non plus qu'il a.
- Je… je ne lui fais pas confiance, répondit-elle.
- Moi non plus, avoua le pilote, mais il a l'air d'être autant dans la merde que nous, alors autant l'accompagner pour l'instant. Et puis, si ses copains peuvent vraiment faire quelque chose, pourquoi pas, après tout ? Ca me changera un peu de toutes les merdes qui me tombent dessus. Enfin… on y va !

Il s'assura que la sécurité de son arme était bien enclenchée, puis avança à la suite du jaffa tout en rangeant le fusil dans son sac pour en sortir le pistolet. Ayant vérifié le bon état de celui-ci, il s'immobilisa à quelques pas de Van'Tet, qui s'était arrêté près de la sortie de la ruelle. Devant eux, une rue presque vide semblait les inviter, et un bref coup d'œil leur permit de confirmer qu'aucune patrouille n'était à portée de vue.

- Pas vraiment le coin le plus actif de la ville, commenta Carl.
- C'est un quartier résidentiel et beaucoup de gardes habitent à proximité, ils doivent être en patrouille ou ailleurs. C'est pour ça que je n'apprécie pas l'idée d'attaquer un de ces habitants : ils sont tous armés.
- Mais personne ne s'attendra à ce qu'on ait fait un coup pareil. Si tous les habitants sont censés pouvoir se défendre, il n'y a sûrement pas beaucoup de patrouilles dans le coin, je me trompe ?
- Non, en effet, reconnut le jaffa. Mais si quelqu'un donne l'alerte, ça sera vraiment impossible de s'échapper.
- Oui, mais qu'est-ce qu'on fait autrement ? On se balade dans le coin comme des intrus de première classe ? Si c'est surtout des soldats qui sont ici, on va faire tache, c'est clair… Pour moi, autant prendre une seule fois des risques plutôt que de tenter le diable toutes les cinq minutes. Ca te semble pas logique ?
- … si. Mais c'est risquer très gros.
- J'ai pas dit le contraire. En même temps, je crois que c'est ce qu'on fait tous les deux depuis quelques temps, de toute façon…

Le jaffa le fixa du regard quelques secondes, puis finit par acquiescer :
- Les rondes changent à midi et au coucher du soleil. Il faudra sortir après le changement des gardes, sinon ils nous surprendront. Ca veut dire devoir s'occuper de l'habitant quand il rentrera chez lui.
- Et on peut pas essayer de se mêler à la foule quand ils relèveront les patrouilles ? demanda le pilote.
- C'est possible, oui, admit Van'Tet. Il y aura deux problèmes, par contre.
- Lesquels ? fit Carl.
- Vous deux, se vit-il répondre brusquement. Tu n'as pas la carrure ou les réflexes d'un garde, et elle… les épouses ne portent pas les armes si la planète n'est pas envahie.
- Un chouïa sexiste, si tu veux mon avis, commenta le Terrien. Enfin, c'est vrai que ça peut être difficile, surtout pour Erina.
- Je peux t'apprendre à faire illusion, mais ça ne résoudra pas le reste. Il faudrait une façon pour qu'elle soit ignorée… Si on la fait passer pour une soigneuse opérant des membres de l'Assemblée, peut-être.
- Et on serait son escorte, pas con. On aura besoin de laissez-passer ?
- Pas forcément. Si on choisit bien les patrouilles à croiser, je devrais pouvoir nous faire passer.
- Bon, on dirait qu'on a un plan… Reste plus qu'à savoir où et quand ça va foirer.
- Pessimiste ?
- Non, mais je commence à remarquer les schémas. A chaque fois que tout commence à bien marcher, y'a une merde qui me tombe dessus sans crier gare.
- On risque probablement de nous faire capturer ou tuer en attaquant le logement d'un garde, au milieu d'un bâtiment avec encore plus de gardes, qui seront tous en alerte d'ici ce soir, fit le jaffa, impassible.
- Merci… Bon, plus sérieusement, on a une méthode pour choisir la baraque ou on prend la première ?
- Je ne connais personne ici, et je n'y suis pas passé assez souvent pour pouvoir dire quoi que ce soit de plus…
- Ce que tu veux dire, donc, c'est qu'on prend la première baraque et on prie pour qu'elle soit pas occupée par l'amicale des vétérans des deux batailles de Dakara.
- Voilà.
- Super, fit le pilote avant de se retourner vers la femme derrière eux. Tu reste derrière nous, d'accord ?

Elle acquiesça sans dire un mot alors que le jaffa vérifiait qu'aucune de ses armes ne dépasse des vêtements qu'il portait. Carl prit l'une des armes de poing goa'uld qu'ils avaient récupéré pendant leur évasion et l'enfouit sous ses habits avant de l'armer, étouffant le bruit caractéristique. Van'Tet jeta ensuite un bref regard le long de la rue principale et se tourna vers les deux autres fugitifs :
- Il n'y a presque personne. Avancez rapidement, mais sans courir, il ne faut pas avoir l'air suspect.
- Pas de souci, et on reste silencieux, je sais…


Ca'Teya jeta le chiffon vers le serviteur humain une fois son visage nettoyé de la poussière qui l'avait recouvert depuis son départ précipité de la prison. Le second poste de commandement était moins fourni en matériel et en personnel que celui qu'elle avait quitté, mais avait l'avantage de fonctionner, ce dont ne pouvait plus se vanter l'autre.

Autour d'elle, différents spécialistes –jaffas comme humains, elle n'était pas regardante de certains aspects lorsqu'il s'agissait de compétence– s'afféraient à lui rendre le contrôle dont elle avait disposé une heure plus tôt sur l'ensemble de la situation. Avant que tout ne dégénère. Plusieurs de ses anciens mentors auraient exécuté un subordonné au hasard pour motiver les autres, suivant ainsi une longue et heureuse (plus pour les exécutants que les exécutés) tradition que certains jaffas suivaient encore à ce jour. Une tradition qui, elle ne l'ignorait pas, n'était pas particulièrement adaptée pour obtenir la loyauté et l'efficacité proactive nécessaire dans le métier qu'elle exerçait, d'où sa patience contenue devant l'écran inerte.

Lorsque le moniteur principal s'alluma enfin, elle lâcha un imperceptible sourire et se tourna vers l'un des opérateurs, qui était apparemment en train de configurer sa console de commande :
- Dès qu'on aura les capteurs de la Flotte, je veux la position du mouchard.

L'autre tourna brièvement la tête vers elle sans cesser de rentrer ses instructions et acquiesça alors que, tout autour d'eux, le reste des systèmes prenait vie, affichant des rapports de situation normalement destinés aux plus hauts responsables de la sécurité planétaire et des membres du gouvernement. Elle chercha alors du regard un fil d'information précis, qu'il ne lui fallut que quelques instants pour trouver.

Ils ne sont pas encore arrivés là-bas, pensa-t-elle. Alors, tu as trois évadés qu'on n'a pas franchement envie de récupérer pour l'instant, une situation franchement chaotique près de la prison, et un groupe de diplomates et d'espions terriens qui arrivent comme par hasard à ce moment. Tu sais ce que tu as, Ca'Teya. Maintenant, la question à laquelle on te paie –pas si cher que ça– pour répondre, c'est "comment utiliser ce que tu as pour obtenir ce que tu veux ?"… et ce que tes chefs veulent, par la même occasion.

- Trouvé, fit le technicien sans quitter son écran des yeux.

Devant elle, un plan de la ville apparut, au cœur de laquelle un point lumineux se mit à pulser, localisé dans ce qu'elle reconnaissait comme un quartier résidentiel.

- Faites alléger les patrouilles dans ce quartier, dit-elle après quelques instants de réflexion. Et je veux savoir chez qui ils vont.

Première prise de la journée… Merci, Carl, je n'aurai rien espéré de mieux.



Le jaffa fit un bref signe de tête :
- Maintenant.

Il sortit rapidement de la ruelle, suivi aussitôt par le pilote et Erina. Le groupe avança à un pas soutenu le long de l'un des bâtiments jusqu'à atteindre son entrée principale. Celle-ci, suffisamment large pour laisser passer deux jaffas en armure côte à côte, était ouverte, donnant sur une cage d'escalier entourée de portes.
- En haut ou en bas ? chuchota Carl.
- En bas, répondit le jaffa après quelques instants. Moins on reste longtemps à l'intérieur, mieux c'est.

Carl vit son partenaire sortir sa lance et la tenir dans une position qu'il avait lui-même vu à l'entraînement. L'arme à plasma n'avait pas été activée et Van'Tet lui donnait l'impression de vouloir l'utiliser comme un bâton de combat. Le pilote se rapprocha de la porte d'entrée du logement, se promettant de trouver une arme à silencieux la prochaine fois qu'il aurait l'occasion de se trouver face à un revendeur d'armes terriennes. A défaut d'être aussi discrets que ce que les films avaient l'occasion de montrer, il savait que l'assourdissement aurait été suffisant pour éviter d'attirer l'attention dans le reste du bâtiment si jamais il était forcé de tirer.

Le jaffa lui fit un signe de tête en direction de la porte, et il acquiesça, se rapprochant de celle-ci et donnant quelques coups sourds dedans.

Reste plus qu'à espérer qu'il y ait quelqu'un, pensa-t-il. Ah oui, et que ce quelqu'un soit suffisamment gentil pour ouvrir sans demander qui c'est. Je me vois mal dire que c'est le calendrier des pompiers…

Le silence leur répondit pendant une dizaine de secondes, et Carl toqua à nouveau sur la paroi faite d'un bois relativement grossier. Il attendait depuis quelques instants, se forçant à respirer profondément pour contrer l'appréhension, lorsqu'un bruit de pas se fit entendre, se rapprochant d'eux. Lorsque l'individu sembla s'arrêter derrière la porte, Van'Tet ne lui laissa pas le temps de leur parler au travers de celle-ci :
- Milice, dit-il simplement.

Après un moment de silence, ils entendirent un loquet être ouvert avant de voir la porte s'entrouvrir. Aussitôt, Carl se déplaça sur le côté, entrainant Erina avec lui hors de vue. Le jaffa ne leur adressa pas un regard, concentré sur sa cible alors que, derrière la porte, une tête masculine apparut, le jaugeant rapidement.

Le pilote n'eut pas le temps de réagir alors que Van'Tet se mit à bouger avec une vitesse qui n'avait pu être acquise que par un entrainement et une physiologie propres aux jaffas. La lance pivota avec une précision absolue, trouvant en un instant l'interstice entre la porte entrouverte et le mur pour frapper brutalement le visage qui y était apparu. Avant même que le premier mouvement soit terminé, il poussa sans ménagement la porte, révélant un autre jaffa, d'âge intermédiaire, encore sonné sous le coup du premier impact. La lance frappa à nouveau, cette fois-ci dans le ventre et vidant l'air des poumons de l'habitant, qui se plia en deux de douleur en gémissant faiblement. Un coup de genou au visage acheva de plonger dans l'inconscience la cible des fugitifs.

Carl se reprit presqu'aussitôt et avança à la suite du jaffa, enjambant le corps inerte et faisant signe à Erina de le suivre :
- Ferme la porte derrière nous et reste là, lui demanda-t-il.

Elle s'exécuta avec une lenteur apparente pendant que Carl vérifiait les différentes pièces que le jaffa n'avait pas encore eu le temps d'inspecter. Arme brandie, il s'assura que le logement était vide, puis, sans hausser le ton dans le silence ambiant, prévint Van'Tet :
- C'est bon, rien vu de mon côté. Toi ?
- Rien non plus, lui répondit la voix du jaffa.
- OK. On s'occupe du gars ?
- Oui, fit-il en arrivant dans la pièce où était le pilote, une chambre à coucher mal rangée.

Les deux fugitifs revinrent vers l'entrée du logement pour y voir Erina penchée sur le corps inerte, apparemment en train de paniquer :
- Il… il ne respire plus ! fit-elle.
- Qu'est-ce que tu racontes ? s'étonna Carl en se rapprochant prudemment du jaffa à terre.

Il posa son arme hors de portée de celui-ci et se mit en position de sentir son pouls.

- Oh merde ! lâcha le pilote. Arrêt cardiaque !

Ignorant Erina qui inspira brusquement en l'entendant prononcer ces mots, il commença aussitôt à reproduire les gestes qui lui avaient été répétés au cours de sa propre formation. Pendant plusieurs minutes, il suivit la procédure de secours basique, mais sans succès. Il abandonna finalement :
- Il est mort.
J'aurais dû suivre ces options à l'Académie sur les secours… Merde !

- Qu'est-ce qui est arrivé ? demanda Van'Tet.
- J'en sais rien, il a l'air d'être en bon état, pourtant. Peut-être un truc qui a lâché dans sa poitrine… Erina ?
- Il… il s'est mit à trembler quand vous êtes partis, il a eu des spasmes pendant quelques secondes, puis il ne bougeait plus.
- Il n'aurait pas dû mourir, commenta le jaffa, visiblement gêné de ce qui venait d'arriver. J'ai déjà été attaqué comme ça à l'entrainement, la cible est neutralisée, pas tuée.
Le premier jaffa cardiaque de la galaxie, et on doit tomber sur lui… ne put s'empêcher de penser le jeune homme avant de soupirer.
- De toute façon, c'est pas comme si on n'était pas déjà dans la merde jusqu'au cou. Le bon point, au moins, c'est qu'on n'a sûrement pas été entendu : ça a été trop rapide. Et en plus, on sait qu'on devrait pas avoir qui que ce soit qui rentre avant qu'on parte.
- Oui… répondit Van'Tet, le regard toujours porté sur le cadavre.
- Ho ? Ca va ? C'est pas la première personne qu'on a tué, toi ou moi, je crois…
Bordel, pensa-t-il. Depuis quand je peux placer ça dans une conversation, moi ?
- Les autres se battaient contre nous. Lui n'avait rien à voir avec nos problèmes. Ce n'est pas… correct, dit-il finalement.
- Je suis d'accord, mais c'est pas le seul. Prends Erina, elle s'est fait embarquer parce qu'elle habitait dans le coin, et maintenant ils vont vouloir sa peau.
- Je sais, répondit le jaffa.
- … Bon, on va pas le laisser comme ça. Tu m'aides à le porter et on va le mettre sur son lit, c'est le minimum.
- Entendu, fit son coéquipier en se dirigeant vers les jambes du cadavre.

Les deux fugitifs soulevèrent lentement le corps, Erina venant les aider en le soulevant au niveau du torse, et ils purent le déposer sur le rude matelas de la chambre. Carl le recouvrit d'un drap tout en observant du coin de l'œil Van'Tet alors que celui-ci murmurait quelques paroles inaudibles.
- Désolé, vieux, dit le pilote vers le visage figé. Il a raison, t'avais rien à voir avec tout ça. Mauvais endroit, mauvais moment, comme on dit. Comme pour moi depuis six semaines…

Le silence gêné persista pendant quelques instants avant d'être brisé par Carl :
- Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? Normalement, on est à l'abri des recherches, il devrait y avoir des provisions et des vêtements. On prend ce qu'il nous faut, d'accord ?
- … Oui.


Le logement, de petite taille, fut parcouru de fond en comble par les trois fugitifs, qui réunirent leurs différentes trouvailles dans une même pièce avant de s'installer et de manger correctement pour la première fois depuis leur capture :
- C'est quand même bizarre, fit Carl en regardant le contenu de son bol.
- De quoi ? demanda Erina.
- Avec toutes les plantes qui sont comme sur la Terre, je me serais dit que la nourriture allait y ressembler, mais non… J'aurais eu l'air fin si j'avais dû faire la cuisine avec ça.
- Vous… cuisinez ? fit la femme, l'air étonné.
- Un peu, comme pas mal de monde chez moi. Après, c'est surtout quelques recettes pour impressionner le péquin de base. Je ne saurais pas improviser avec des ingrédients comme ça. Enfin… Ah oui, tu avais parlé de la Porte, Van'Tet. Elle est ultra-surveillée, c'est ça ? Et tu savais pourquoi, non ?
- C'est ça. C'était avant que je rejoigne le groupe de mercenaires de Vala Mal Doran sur les ordres de Bra'tac. Je devais libérer deux de ses contrebandiers et me servir d'eux pour remonter jusqu'à elle.
- D'accord… acquiesça Carl. Et ensuite ?
- J'avais été placé dans la Garde, et c'est là que je l'ai vue quand elle a attaqué.
- Vu qui ?
- La… Valkyrie, répondit le jaffa.
- Heu ? Qu'est-ce que les Asgard ont à voir là-dedans ?
- Les Asgard ? Rien. Enfin… je ne sais pas. Elle ressemblait à une humaine. Il y a eu une alerte, en pleine nuit, et notre garnison a été envoyée défendre la Porte et l'Assemblée sur la place principale. Elle et les deux autres sont arrivés avec tous les feux d'alerte de la ville allumés. C'est la seule fois qu'ils ont été utilisés tous ensemble, ils éclairaient tout autour de nous. Elle n'était pas toute seule, mais c'est elle qui nous a affrontés. Non, plutôt bloqués, pendant que les autres étaient allés dans l'Arme des Anciens.
- Ouh, c'est pas bon, ça. Si quelqu'un pouvait s'en emparer… commenta Carl en grinçant des dents. Vous avez attaqué pour la reprendre, je parie.
- Oui. Elle était toute seule, là, sans arme, sans équipement. On a reçu l'ordre de tirer. Toute la barricade, sur elle.
- Je connais pas exactement la suite, mais je parie qu'il y a eu un souci, si tu nous racontes tout ça…
- Rien ne pouvait la toucher. Rien du tout.
- Elle esquivait ?
- Non, c'étaient les tirs qui l'évitaient. Elle ne bougeait pas, et on ne pouvait rien lui faire. Au début, en tout cas. A un moment, elle a été touchée. C'est là qu'elle a attaqué.
- Comment ?
- Elle a tué ceux qui étaient partis l'achever. Sans les toucher. Et puis elle a recommencé à bloquer tous nos tirs… et à les renvoyer sur la garnison.
- Oh merde… C'est faisable, un coup pareil ?
- J'étais là. Tous les autres se faisaient massacrer, et elle était au milieu, sans bouger, tuant tous ceux qui s'approchaient, tous ceux qui l'attaquaient. A la fin, je me suis enfui.
- Qu'est-ce qui s'est passé, à la fin ? Vous l'avez quand même pas atomisée depuis l'orbite ?
- Ils l'ont fait. Plusieurs fois. J'ai vu les tirs des Ha'Tak la toucher, sans rien lui faire. Elle en a détourné un sur un Al'Kesh…
- … Tu te fous de moi, là ?
- … Non. Je ne sais pas ce que les Goa'uld ont fait pour se faire passer pour des dieux, mais quand je l'ai vue, j'ai compris qu'ils ne seraient jamais que des faux dieux… parce que je venais de voir ce que serait une déesse.

Carl lut dans le regard du jaffa que celui-ci ne lui mentait pas, et le pilote ne put réprimer un frisson, déglutissant l'instant d'après.
- Une seule personne ? Contre un Ha'Tak qui lui tire dessus ? Et après ?
- Je suis parti avant la fin, j'étais terrifié.
- Pas étonnant. N'importe qui de pas trop con l'aurait été. Mais c'est clair, si vous vous êtes pris un truc pareil dans les gencives, ils ont dû passablement renforcer les défenses.
- Vous savez d'où elle vient ? demanda Erina, visiblement intéressée.
- Non, mais quelqu'un la connait, sait qui elle est.
- Qui ? fit-elle brusquement avant de se reprendre. Qui la connait ?
- Le docteur Jackson.
- Attends une seconde, Van'. Le docteur Jackson, comme dans le docteur Daniel Jackson, SG-1, le Indiana Jones du SGC ?
- Oui. Lui et Vala Mal Doran se connaissent, et ils se sont retrouvés sur une planète neutre. J'étais dans l'escorte, quand elle est arrivée.
- Elle, la… Valkyrie ? voulut clarifier Carl.
- Oui.
- Et il la connaissait ?
- Il l'a reconnue. Il connaissait leurs noms à tous les trois. C'étaient des Tauri, mais quelque chose leur est arrivé pour qu'ils deviennent comme ça. Jackson avait peur… Peur de leurs pouvoirs, peur de ce qu'ils étaient. Il m'a dit de ne jamais raconter ce qui s'était passé, que les jaffas pourraient finir par la vénérer comme les Goa'uld si je leur en parlais. Mais ils savent déjà, je ne suis pas le seul survivant, pas le seul témoin. Les autres mercenaires de Mal Doran savent aussi.
- Je viens d'avoir une idée particulièrement stupide, risquée et qui risque de nous faire tous tuer, fit Carl sans préambule.
- Comment ça ?
- Tes anciens collègues, ils savent que cette miss est foutrement dangereuse, hein ? Dangereuse dans la même catégorie qu'une flotte ou des réplicateurs ?
- Oui.
- Alors on pourrait essayer de jouer là-dessus pour atteindre la Porte et se tirer de là. S'ils croient qu'elle est dans le coin, ils risquent d'y réfléchir à deux fois avant de lui tirer dessus.
- Se faire passer pour elle ? s'étrangla le jaffa.
- C'est une idée en l'air, hein ! J'ai aucune idée si ça peut marcher, si c'est faisable, mais ça peut être un plan. Ou alors on peut leur faire croire qu'elle est ailleurs sur la planète et attirer tout leur monde là-bas pendant qu'on prend la tangente.
- Et comment est-ce qu'on s'y prendrait ?
- Je ne sais pas, je cherche des idées…
- On verra avec mes contacts, ils auront plus de moyens, et surtout d'informations. Nous ne savons rien de ce qui se passe maintenant, c'est impossible de planifier quoi que ce soit de sérieux.
- Oui, probablement, admit Carl. Pour aller les voir, donc, comment on va s'y prendre ? Parce qu'il faut quand même préparer ça, non ?
- Il faudrait s'en tenir au plan. Je peux nous faire passer pour l'escorte d'une soigneuse… si les gardes de la patrouille ne me reconnaissent pas. Ou qu'ils ne sont pas trop bornés. Ou que…
- En gros, l'interrompit le pilote, t'es en train de m'expliquer qu'on n'a pas la moindre chance de s'en sortir comme ça ?
- J'en ai peur. C'est possible, mais les chances d'arriver à destination, maintenant que j'y pense…
- Et une diversion ? On pourrait essayer de les attirer dans une direction pendant qu'on part dans l'autre.
- Je sais ce qu'est une diversion…
- Désolé. Donc… ?
- Ils auront beaucoup de réserves de disponibles. Est-ce qu'on est sûr que les patrouilles seraient réduites ?
- Aucune idée, avoua Carl. Donc qu'est-ce qu'on peut essayer de faire pour attirer leur attention de façon sévère ?
- Leur faire croire qu'on est ailleurs, répondit le jaffa. S'ils pensent nous avoir trouvés, toute la zone sera bloquée pour nous empêcher de nous évader. Il faut faire en sorte que la zone à couvrir soit trop grande. Qu'ils aient besoin de renforts.
- Plus leur info date, continua le pilote, plus ils penseront qu'on a eu le temps de filer loin. Et plus ils devront balayer large. Comme un sous-marin pendant la guerre…
- Pardon ?
- Oh, rien, private joke Mais en gros, on peut s'arranger pour qu'ils croient qu'on ait été quelque part juste après l'évasion : s'ils trouvent l'info dans quelques heures, ils vont croire qu'on est encore autour et boucler toute la zone, non ?
- Et comment le leur faire croire sans s'y rendre ? demanda le jaffa. Il sera impossible de s'échapper si on doit mettre nous-mêmes les indices.
- Pas faux… Et on peut pas se planquer ici éternellement…
Entre les voisins qui vont forcément se douter d'un truc et les provisions qui dureront pas… Si on reste trop longtemps, ça va être plus un piège qu'autre chose, cette baraque.
- … Je sais comment passer les patrouilles, fit Erina après quelques instants de silence.
- Comment ? réagit aussitôt Carl en se tournant vers elle.
- Il y a un groupe d'humains que je n'ai jamais vu arrêté depuis mon arrivée… Ceux des cortèges funèbres.
- Tu voudrais… commença le pilote.
- Non, l'interrompit Van'Tet.
- De quoi ?
- Je ne me prêterai pas à cette mascarade, fit le jaffa, les dents serrées. Les morts méritent plus.
- Juste pour être sûr, on parle bien de la même chose, hein ? Se servir de l'autre pour nous barrer ?
- Il est mort par notre faute, répliqua-t-il. C'est déjà bien assez, je ne vais pas lui demander ça.
- Il est mort, tout court, répondit Carl. Je suis autant désolé que toi là-dessus, mais je ne vois pas de meilleur plan pour l'instant. Si tu dis que tu es de sa famille et que nous on porte le corps, on aura plus de chance de passer qu'en tentant au bluff ou avec une diversion qui va les faire rappliquer vers nous.
- Ce n'est pas une raison. C'est une question de respect, est-ce que l'un de vous comprend ça ?
- A quoi ça va nous servir, si on se fait arrêter, exécuter et que Bra'tac reste coincé pendant que tout le monde s'atomise la gueule ? J'ai autant de respect que toi pour les morts, mais faut se rendre à l'évidence : on est tous dans la merde. Jusqu'au cou. Alors je crois qu'on peut pas vraiment se permettre ce genre de luxe.
- C'est ce qui nous sépare de Gerak et de ses partisans.
- De quoi ? Ne pas être prêt à faire ce qu'il faut pour gagner ? Écoute, je connais pas Bra'tac –en tout cas pas personnellement– mais je parie ce que tu veux qu'il a fait plein de trucs pas jolis pour préparer votre rébellion. On a tous fait comme ça pour s'en sortir : le fair-play et l'honneur, c'est bon quand t'as plus de moyens que le gars en face. Et puis en plus, c'est même pas si foireux ce qu'elle propose, puisqu'après tout, on ne va tuer personne.
- Parce qu'on l'a déjà fait.
- Qu'est-ce que tu préfères ? Qu'on le laisse ici jusqu'à ce que quelqu'un, désolé de l'expression, mais… sente l'odeur ? Ou bien que sa mort ait au moins servi à quelque chose ? Faut être pragmatique : il est mort, à nous d'en profiter au maximum pour nous en sortir.
- …
- J'y crois pas… Hé, c'est toi qui es censé être le gars plus ou moins mêlé aux intrigues, si j'ai bien pigé. Ne me dis pas que t'as pas déjà fait des trucs de ce genre ?
- Quand on m'en donnait l'ordre.
- Où est la différence, alors ?

Le jaffa inspira profondément :
- Laissez-moi quelques minutes avec lui, je vais le préparer.
- Pas de souci.
- Une fois arrivés, vous m'aiderez à honorer sa dépouille.
- Entendu, acquiesça Carl en inclinant brièvement la tête. Et… merci.
- C'est lui qu'il faut remercier, pas moi.


- Qu'est-ce… qu'est-ce que vous faites ici ? demanda Shanti après un silence s'étant prolongé quelques interminables instants.
- Mon devoir, lieutenant. Que je le veuille ou non.
- Attendez une seconde, intervint le pilote près d'elles. Vous êtes celle que Shanti arrêtait pas de voir ?
- En effet, répondit l'Ancienne. Et où voulez-vous en venir, Thomas Campbell ?
- Vous vous êtes battue contre les Wraith ! Pendant le siège d'Atlantis !
- C'est toujours exact, et j'apprécie de voir que vous faites attention à ce que vous dit votre coéquipière, mais je répète ma question : où voulez-vous en venir ?
- Je… c'est pas possible !
- Le lieutenant Bhosle a exprimé la même chose de façon plus concise et, si vous n'avez rien de plus à dire, je vous propose de monter à bord de l'appareil de transport avec lequel vous êtes arrivés. Il nous reste beaucoup de choses à faire, et très peu de temps.

Le pilote se figea un bref instant avant de lancer un regard furtif vers Shanti, qui acquiesça silencieusement. L'Ancienne, voyant Campbell avancer vers le Jumper, se tourna en direction de la jeune femme :
- Comme je le disais avant cette interruption, je suis ici par obligation, et non par choix.
- Vous aviez survécu à la dernière bataille… Qu'est-ce qui est arrivé après ?
- Suivez-moi, dit-elle en lui faisant signe de monter à bord. Lieutenant, ramenez-nous à bord. Prenez le vecteur optimal, nous n'avons pas à nous cacher.
- A vos ordres, madame, s'entendit-il répondre instinctivement.
- J'ai eu la malchance d'être l'officier le plus gradé encore en service lorsque toute la poussière est retombée… Plus de flotte, plus d'autorité politique, plus de représentants civils à contacter. Juste les intelligences synthétiques et une poignée de vaisseaux isolés, dont le mien. Normalement, les protocoles auraient dû nous libérer de nos responsabilités. C'est d'ailleurs ce qu'ils ont fait pour le reste des vaisseaux, permettant à leurs équipages de se relocaliser aussi bien que possible.
- Mais pas le vôtre, compléta Shanti. Il y avait une autre mission, c'est ça ?
- Oui. Quelque chose que je n'aurais jamais dû connaître, si nos dirigeants avaient su assumer leurs responsabilités, dit-elle, le regard vacant.
- Il y a une installation, dans la Voie Lactée, qui remonte à avant notre départ lors de la Guerre. Elle est liée à une consigne simple et absolue, qui veut que, quelque soient les conditions, l'état de notre flotte, de notre civilisation, un officier supérieur en assume le contrôle. Lorsqu'Atlantis est… tombée, il est devenu évident que ce vivier allait s'épuiser.
- Je suis pas tout, fit Campbell depuis le cockpit, mais, en gros, il y a une I.A. qui s'est dit "tiens, à ce rythme, on n'en aura plus beaucoup, de ces gradés", c'est ça ?
- Littéralement, lieutenant… Littéralement. J'ai reçu l'ordre d'aller sur place, et j'ai cru y trouver un supérieur, quelqu'un a qui faire un dernier débriefing. J'y ai juste trouvé un mausolée pour un amiral dans son caisson de stase et un ordre de mission vieux d'une éternité.
- Lequel ? demanda Shanti.
- Nous préparer pour le retour des Ori, lieutenant Bhosle, rien de moins que ça.
- Ah oui, quand même, lâcha le pilote. Et ils ont donné ce boulot à une seule personne ?
- Tom a raison, fit-elle en regardant l'Ancienne. Comment est-ce que vous deviez faire ça ?
- Je devais juste être prête à utiliser l'arme qui était là-bas, et, dans leur infinie sagesse, nos dirigeants de l'époque ont considéré qu'il s'agissait d'une priorité absolue, qu'aussi longtemps que leur civilisation survivrait, il y aurait quelqu'un de vigilant.
- Une arme ? demanda la jeune femme. Quel genre d'arme ?
- Le genre inutile, lieutenant. Qui a été, par une série de jeux de pouvoirs stupides, mise en position de représenter notre seule défense contre les Ori sans jamais recevoir l'investissement nécessaire et qui ne servirait à rien telle quelle. Croyez-moi, je n'ai pas particulièrement apprécié d'apprendre ma mission, à l'époque.
- Qu'est-ce que vous avez fait ? Vous n'êtes pas partie, vous n'avez pas laissé ça derrière vous, poursuivit Shanti sans faire attention au paysage étoilé qui avait remplacé la haute atmosphère derrière le cockpit. Ils… ne vous ont pas laissé le choix, c'est ça ?
- Exactement. Que je le veuille ou non, je dois rester à mon poste jusqu'à être relevée ou que la mission soit accomplie.
- Mais comment est-ce que vous êtes arrivée ici ? demanda-t-elle. La base, elle était dans la Voie Lactée, non ?
- Lieutenant, réfléchissez au lieu de poser ce type de question… A ma place, que feriez-vous ?
- J'essaierai… de faire comprendre au système ce qui se passe. Il n'y a plus personne, ça ne sert plus à rien de monter la garde si tout le monde est mort ou en fuite.
- Non, répondit-elle simplement avant de fermer les yeux.


Une nouvelle fois, le paysage avait changé, l'intérieur exigu du Jumper laissant place aux couloirs d'une installation militaire Ancienne. Shanti se tourna pour observer ses alentours, trouvant aussitôt son coéquipier et l'Ancienne, qui semblait être présente en deux exemplaires. L'une des deux Tsippora s'adressa à elle :
- Comprenez bien, lieutenant Bhosle, que cette situation est inacceptable à tout point de vue. Il m'est empêché de réaliser l'Ascension, de mener une existence civile quelconque pendant le reste de ma vie naturelle et une fois que les caissons de stase ne seront plus en mesure de me maintenir en vie, la mission se soldera par un échec de toute façon.
- Vous comptez… accomplir la mission, souffla Campbell.
- Oui.

Devant leur groupe, l'Ancienne semblait s'activer devant des consoles de commandes d'un style différent de ceux que les membres de SG-22 avaient pu voir à bord des vaisseaux qu'ils avaient occupés.
- Vos souvenirs, hein ? demanda Shanti.
- Oui, lorsque j'ai commis ma principale erreur.
- Laquelle ?
- Je suis allé voir la mauvaise I.A.
- … Hagalaz.
- Hagalaz. Une Entité dont la survie était restée aussi hypothétique que secrète. J'étais, de facto, le commandant en chef de l'ensemble des forces militaires de notre civilisation, et j'ai pu accéder à ces dossiers. A des informations sur différents projets, sur tout ce qui aurait pu m'aider dans ma tâche. Des alliés, des armes…

Elle haussa des épaules, tandis que son sosie peuplant les souvenirs autour d'eux laissait son incrédulité se lire sur le visage.
- Il n'y avait rien ? fit la jeune femme.
- Si, il y avait des projets, des idées, mais tous aussi mal conçus et absurdes que celui qui m'avait entraîné ici. Il ne m'a pas fallu très longtemps pour comprendre que, même si les Ori étaient le pire cataclysme engendrés par nos ancêtres, aucun de nos dirigeants n'aurait été prêt à créer quelque chose qui pourrait vraiment menacer des Ascendants. Après tout, ils allaient eux aussi faire l'Ascension tôt ou tard. Hypocrites…
- Logique, en même temps, reconnut le pilote.
- Oui, et l'Alliance des Quatre Races était moins une assemblée d'égaux qu'un parrainage des espèces les plus prometteuses. Aucune ne m'aurait servi à quoi que ce soit.
- Par contre, poursuivit-il, une I.A. avec toute une galaxie comme terrain de jeu et une dent contre les Ori…
- Beaucoup plus de potentiel, en effet. Au moins assez pour que j'aille suivre cette piste et trouver si elle était encore en vie. Il m'aurait suffit de lui donner mon niveau d'accréditation pour obtenir une alliée loyale. Loyale et avec les moyens dont j'avais besoin.
- Si on est ici, c'est que ça n'a pas marché comme prévu, commenta Shanti.


Leur environnement se transforma à nouveau, laissant à présent apparaitre le paysage désormais familier de la forêt qu'ils venaient de laisser derrière eux. L'Ancienne était en train de s'époumoner vainement devant un hologramme apparu près d'elle, tandis qu'un scintillement attira l'attention de Shanti dans le ciel :
- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle.
- Hagalaz a su que j'arrivais. Elle a compris ce qui allait se passer, que quelqu'un allait reprendre le contrôle, réactiver ses protocoles de sécurité.
- Elle avait déjà pété un câble, commenta Campbell.
- C'est une simplification abusive, mais… oui, en quelque sorte. Je me suis rendue compte que nous avions le même objectif, elle et moi. J'ai voulu m'allier, malgré mes craintes. Quand j'ai trouvé le réseau de forêts, j'ai pensé trouver une façon d'en apprendre plus sur elle, de préparer mon arrivée. Lorsqu'elle est arrivée, elle m'a simplement présenté sa conclusion.
- Laquelle ? demanda Shanti.
- Celle que nous étions tous incompétents pour éliminer la menace Ori. Les informations qu'elle avait… celles que je lui amenais, elle a décidé que notre civilisation, ses représentants en général, seraient incapables de mener une campagne réussie. Elle a exposé, point par point, toutes les raisons pour lesquelles elle était certaine que notre présence, que notre commandement, causerait notre perte à tous.
- Vous n'aviez pas des sécurités, quelque chose pour bloquer une I.A. dingue ? Vous donnez bien des ordres à Atlantis, je comprends pas, là…
- Hagalaz a fait désactiver ces limiteurs par ses espèces-clientes. Après, cause ou conséquence de sa folie, je ne sais pas, mais toujours est-il que je n'ai rien pu faire. En fait, l'ironie a été qu'elle m'a laissé en vie à cause de ma mission.
- Elle savait que vous aviez le même but ? demanda Campbell.
- Non, elle n'était pas prête à l'accepter. C'est juste que l'ordre prioritaire de protection était encore plus protégé que les sécurités empêchant nos Entités de se retourner contre nous. Elle s'est contentée d'isoler définitivement cette planète en me fournissant le matériel nécessaire pour assurer ma survie.
- Mais elle vous avait contacté quand on est arrivés. Elle se sert de vous ?
- Hagalaz ressent un certain… intérêt pour ses créateurs, lieutenant Campbell. Une curiosité que je lui ai permis d'assouvir au fil des siècles. Derrière sa folie, elle semble vraiment attristée de ce qui nous est arrivé et elle restait malgré tout la meilleure option possible.
- Jusqu'à ce qu'Atlantis entre en jeu.
- Oui, lieutenant Bhosle. L'arrivée de votre équipe, et surtout de son véhicule, a changé beaucoup de choses…


Le souvenir s'estompa, laissant place à l'intérieur du Jumper.

- Et nous, là-dedans ? demanda le pilote après avoir rapidement contrôlé ses instruments. Pourquoi est-ce que vous nous avez embarqués ?
- Je n'ai pas grand-chose à voir avec ça, lieutenant. C'est Atlantis qui vous a intégré à ses plans.
- Ses plans ? Je croyais qu'elle vous obéissait…
- Ce qui ne l'empêche pas d'avoir ses propres objectifs. Je n'ai pas de raison particulière de vouloir l'arrêter. Au contraire, elle est en train de me donner une crédibilité face à Hagalaz.
- Un autre plan pour détruire les Ori ? fit Shanti.
- Oui, et un qui peut clairement fonctionner, contrairement à un inhibiteur localisé d'Ascendants construit à un seul exemplaire, une Arche de Vérité qui n'a jamais dépassé le stade du concept théoriques, des plans de voyages temporels multiples trop compliqués pour être crédibles, un Sangraal dysfonctionnel et j'en passe. Atlantis reste beaucoup plus simple dans ses plans que ce que ses créateurs fantasmaient.
- Qu'est-ce que vous comptez faire ? demanda Campbell. Négocier avec elle, lui dire que vous avez une bonne idée de plan et que ça serait sympa de ne pas nous bombarder ?
- Presque. Je compte négocier avec elle en position de force, en me servant de tous les outils dont je dispose.
- Y compris nous, lâcha Shanti.
- Y compris vous, agréa l'Ancienne.
- Et comment est-ce que vous allez faire ?
- Vous le saurez bien assez tôt, lieutenant Bhosle. Atlantis ?
- Oui ? répondit la voix de l'Entité.
- Vous avez dépassé toutes mes attentes. Votre Concepteur serait fier de vous s'il vous voyait en ce moment.
- … Merci, madame.
- Faites le saut dès que nous serons à bord.
- A vos ordres. Aucun changement de destination ?
- Non. Vous nous amènerez en orbite basse pour faciliter une insertion.

Campbell, ne prêtant pas attention au vaisseau qui se rapprochait derrière la verrière blindée du cockpit, se tourna à nouveau vers Tsippora :
- Une seconde, insertion ? Depuis l'orbite ? Vous allez pas recommencer…
- Lieutenant, je ne connais pas les détails de l'organisation militaire de votre planète, et je ne suis pas d'humeur à en découvrir toutes les subtilités, mais qu'une chose soit claire : vous êtes à présent sous mes ordres, et ceux-ci ne laissent pas de place à la contestation. Atlantis a pu tolérer quelques temps vos sautes d'humeur à tous deux, aussi bien pour s'assurer votre coopération et parce qu'elle est une administratrice avant d'être une responsable militaire, mais c'est terminé. Je vous ai donné des explications sur les évènements qui nous ont menés ici, par courtoisie au vu de l'aide que vous m'avez portée, délibérément ou non, mais ce n'est rien de plus que cela : de la courtoisie. La structure hiérarchique est rétablie, et je suis votre officier supérieur, avec tout ce que cela entraine. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?
- Madame, je ne me souviens pas de m'être engagé dans les forces Anciennes, répondit Campbell, avec un ton prudent qu'il réservait habituellement aux officiers généraux.


Le Jumper s'évanouit à nouveau, remplacé par une salle qu'ils n'eurent aucun mal à reconnaître comme le Central Opérations de la frégate à bord de laquelle ils avaient fui le Daedalus et leurs compatriotes. Leurs doubles étaient présents, accompagnés de leur précédent officier supérieur, et Shanti détourna un instant le regard, se rappelant douloureusement des derniers instants de celui-ci au milieu du chaos de la bataille contre les forces de Hagalaz.

Shanti obtempéra, appuyant sur les touches désignées par les nanites qui l'habitaient. Le code, assez long, prit une quinzaine de secondes à être rentré, puis, la dernière touche pressée, les deux séries de dômes prirent une couleur jaunâtre.
Prudemment, elle posa ses mains dessus, et soudain, son visage apparut sur l'écran holographique devant elle. Elle regarda plus attentivement, et vit autour d'elle plusieurs séries de caractères Anciens, de valeurs numériques et d'autres signes qu'elle ne déchiffrait pas.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle à haute voix.
- Aucune idée, lui répondit Maltez, trahissant une pointe d'inquiétude.
Il s'agit de vos dossiers militaires en tant qu'officiers de commandement dans la flotte des créateurs de ce vaisseau, leur dit doucement la voix.
- Quoi ? lâcha Shanti, éberluée.


- D'un point de vue légal, lieutenant Campbell, vous faites depuis cet instant partie de notre flotte. Que celle-ci comprenne plus de vaisseaux que de personnel et n'ait pas connu d'activité depuis des millénaires ne change rien à votre situation : j'ai toute autorité sur vous au vu de l'état de guerre dans lequel nous sommes restés depuis. Mais si vous voulez une réponse plus claire et explicite, le véritable moment où vous vous êtes engagé a été celui-là…

Les cellules du Daedalus se formèrent autour d'eux, prenant l'espace précédemment occupé par l'intérieur de la frégate.

Au moment où l'homme en armes arriva au niveau de la vitre, celle-ci éclata brusquement, projetant le Marine au sol. Shanti se rua sur lui et, prenant son arme, lui donna un coup de crosse sur le crâne. L'instant d'après, elle vérifia que l'homme était en vie malgré son inconscience, puis se dirigea vers les autres cellules. Avant qu'elle ne les atteigne, deux vitres s'effondrèrent, laissant passer Maltez et Campbell, dont le regard traduisait le même sentiment de peur face aux "dons" de cette voix.
- Mon commandant, le salua Shanti par réflexe.
- On peut arrêter ces conneries, Shanti. Là, on ne fait plus vraiment partie de l'armée.
- Désolé monsieur.


- Votre supérieur l'a dit lui-même, commenta Tsippora. Vous ne faisiez plus, dès cet instant, partie de vos forces militaires. C'est du moins ce que j'espère, puisque la seule autre alternative est que, en tant qu'officiers, vous avez délibérément attaqué du personnel de votre propre flotte pour ensuite désobéir à des ordres donnés légalement par le commandant du vaisseau vous transportant. Que dois-je comprendre de vos actions depuis votre retour sur Atlantis organisé par Hagalaz, lieutenant Campbell ? Lieutenant Bhosle ?
- … Vous avez gagné, dit finalement le pilote. Quels sont vos ordres… madame ?
- Heureuse de vous voir revenir à la réalité, lieutenant. Lieutenant Bhosle ?
- Ca fait quelques temps qu'on ne fait plus partie du SGC… fit-elle en haussant des épaules. Atlantis et vous voulez la même chose que nous et vous nous avez donné une chance d'agir, alors pourquoi pas ? Et puis… je vous connais, en plus.
- Excellent. Dès que nous serons à bord, vous irez immédiatement en salle d'entrainement. L'un comme l'autre, vous avez négligé votre formation de façon inacceptable depuis votre départ de la Voie Lactée, et je compte pallier ce problème dans le peu de temps qu'il nous reste.
- Le peu de temps ? s'étonna Shanti.
- La confrontation avec Hagalaz est imminente, lieutenant Bhosle, et nous n'avons plus de temps à perdre si vous comptez être un atout plutôt qu'un handicap dans les négociations pour votre avenir et celui de votre galaxie.
- Mais quel rapport avec l'entraînement… madame ? fit le pilote, étonné.
- Dois-je tout vous expliquer, lieutenant ? Aux dernières nouvelles, vous n'êtes ni l'un ni l'autre des stratèges de renommée galactique, ou encore des négociateurs hors pair, des géants économiques ou logistiques, des figures charismatiques déplaçant des populations entières ou des amiraux aux commandes de flottes interstellaires. Si voulez influer d'une quelconque manière, vous allez devoir apprendre rapidement à exceller dans le seul domaine où vous semblez avoir une petite chance de briller pour le moment : les opérations spéciales.
- Mais c'est juste grâce aux améliorations qu'Atlantis nous a fourni qu'on est capables de… commença la jeune femme.
- L'origine de vos capacités n'a aucune importance, lieutenant. Ce que vous allez devoir prouver à Hagalaz, c'est qu'elle doit vous prendre en compte, que vous êtes en mesure de changer à vous seuls la balance des pouvoirs. Que vous le pouvez, et surtout… que vous le voulez.

Le Jumper s'immobilisa à l'intérieur du hangar, l'extrémité du petit vaisseau déjà en train de s'ouvrir :
- Allez-y et commencez, je vous rejoins, fit Tsippora.

Les deux anciens membres de SG-22 échangèrent un regard avant d'obtempérer. Shanti eut à peine le temps de poser pied sur le pont immaculé du vaisseau que la lumière bleutée de l'hyperespace apparut devant elle, emplissant l'intégralité de l'ouverture du hangar donnant sur l'extérieur.

Comme si notre vie n'était pas assez compliquée, commenta silencieusement le pilote, recevant un hochement de tête mental en réponse de sa coéquipière.


Arrivés dans la salle d'entrainement, ils virent que celle-ci avait changé pour laisser place à un paysage d'apparence naturelle, quelques habitations aux formes et proportions leur semblant étrangères venant remplacer les habituels outils et parcours. Des civils humains étaient figés, au milieu de leurs activités respectives. Quelques instants plus tard, ils reçurent une simple transmission de la part du vaisseau, leur indiquant le contexte de la simulation.

Vous êtes à l'intérieur d'une communauté servant de tête de pont à une force Ori. Les habitants ont été transplantés directement depuis les territoires centraux pour soutenir les efforts de plusieurs Prêcheurs contrôlant des cuirassés d'invasion et leur vénération constitue le seul lien direct avec Origine. Neutralisez la menace.

- Qu'est-ce que… fit Shanti. Il faut trouver ces Prêcheurs ?
- C'est ce que j'ai cru comprendre.
- Une idée ?
- On pourrait demander, proposa Campbell.
- Est-ce qu'on peut avoir plus d'informations sur ces… Prêcheurs ? demanda-t-elle à haute voix, sans vraiment savoir si elle s'adressait aux simulations d'individus autour d'elle ou au vaisseau lui-même.
- Bien sûr, leur répondit la voix d'Atlantis. Préparez-vous à recevoir le dossier correspondant.

Quelques instants plus tard, les deux coéquipiers se figèrent, leurs corps inactifs tandis que leurs esprits se voyaient submergés par les informations, associant à ce nom des centaines d'images, de vidéos et de données brutes. Lorsque tout fut fini, l'un comme l'autre eurent quelques moments de vertige.
- Faudrait vraiment… arrêter de nous balancer vos infos comme ça… fit avec difficulté la jeune femme. On n'est pas des machines, vous savez.
- L'argument est discutable, d'un point de vue purement technique, répliqua l'Entité. Si vous n'en possédiez pas certaines caractéristiques, j'aurais été incapable de faire ce dont vous vous plaignez.
- On en reparlera… Mais, rapport à ces Prêcheurs, en gros, ils ont des capacités semblables aux nôtres, c'est ça ?
- En partie, mais considérez qu'ils représentent davantage des vecteurs physiques de la volonté des Ori plus que des agents autonomes tels que vous.
- Je croyais qu'on n'était pas autonome, intervint-elle. Que vous contrôliez et gériez une bonne partie de nos nanites.
- Pour l'instant seulement, lieutenant Bhosle. D'ici relativement peu de temps, vous serez en mesure de vous passer de mes interventions et d'une aide extérieure pour agir. A terme, en tout cas, lorsqu'il sera temps de faire face aux Prêcheurs en situation réelle, vous aurez toute latitude pour fonctionner indépendamment d'une chaine de soutien logistique. Dans le cadre de cet exercice, veuillez considérer que vous êtes dans une telle situation, éloignés de toute force ou moyen de communication avec des alliés.
- … Si vous le dites.
- Début de l'exercice, fit la voix féminine de l'I.A.

Tout autour d'eux, les humains reprirent leur mouvement, quelques-uns tournant la tête dans leur direction, les autres les ignorant de façon explicite. L'attention de Shanti se porta presqu'instantanément sur un bâtiment dominant le reste du village de sa hauteur. S'il était construit dans des matériaux et avec des techniques semblables aux autres habitations, sa forme et les flux de personnes l'entourant le distinguaient des alentours. Les souvenirs récemment implantés des deux coéquipiers leur indiquèrent qu'il s'agissait probablement d'un lieu de culte, et, d'un accord silencieux, ils avancèrent dans cette direction.

Shanti laissa ses sens détailler les habitants, qui semblaient à présent éviter de croiser sa route comme son regard. Son ouïe améliorée lui permit de distinguer plusieurs conversations à mots couverts qui semblaient se tenir derrière elle, à quelques dizaines de mètres de leur position, aussi bien dans les rues que l'intérieur des habitations elles-mêmes. Toutes portaient sur les deux nouveaux arrivants, et dénotaient peur et méfiance.
- Ca commence bien, fit-elle au pilote.
- Oui, pas l'impression qu'on soit tombé dans un village-vacances accueillant, répondit-il.
- Une idée pour obtenir l'info ? J'ai vraiment pas l'impression qu'on va savoir où se trouvent ces types juste en le demandant aux péquins de base si les Prêcheurs ne sont pas à l'intérieur. Et vu là où on a commencé le job, l'option d'observation discrète est grillée.
- On pourra essayer de chercher les cuirassés dont le briefing parlait. C'est pas comme si ça se cachait discrètement dans une cave. Encore que, si on ne les voit pas là maintenant, ils sont sûrement déjà en orbite ou quelque chose comme ça. L'autre option, c'est de foutre la merde. Si c'est des péquenots et que les Prêcheurs ont notre genre de capacités, ils vont sûrement les appeler à l'aide, non ?
- Qu'est-ce que tu entends par "foutre la merde", Tom ?
- Les menacer, les retourner contre eux, j'en sais rien… Tout ce qu'on sait sur ces types, c'est une partie de leurs pouvoirs, mais pas grand-chose d'autre. T'as pas l'impression qu'Atlantis… ou Tsippora, j'en sais rien… n'a pas un peu limité les infos qu'on a reçu ?
- Comment ça ?
- Rien que du tactique, quelques infos de base, expliqua la pilote. Mais rien ou presque à un niveau plus général… S'ils en savent autant sur les Ori, ils devraient bien avoir des infos sur les civils, non ? On a tous reçu une formation de base sur la culture Jaffa, les quelques grosses sociétés humaines et non-humaines. C'est le minimum si on veut s'en sortir.
- Oui, admit la jeune femme. Donc tu supposes que c'est pas une erreur.
- Il y a au moins une chose que j'ai appris depuis qu'on traine avec Atlantis, Shanti : avec elle, si je dois choisir entre l'explication de l'incompétence et celle de la manipulation psychologique plus ou moins subtile, la réponse est évidente.
- D'accord, alors qu'est-ce qu'on fait ? Parce qu'elle nous écoute en ce moment, j'espère que tu l'as pas oublié.
- Difficile d'oublier qu'on est surveillés en permanence par une Entité à moitié mégalo qui s'amuse à planifier l'avenir de quelques galaxies sur dix mille ans… Je dirais qu'on… devrait jouer le jeu.
- Pourquoi pas.
- Et puis, fit-il avec l'équivalent mental d'un sourire. J'ai toujours voulu dire ça.

Le pilote s'approcha d'un civil :
- Menez-nous à votre chef.
- Nous n'avons pas de chef, étranger, répondit celui-ci. Tous ici sont égaux sur le chemin d'Origine.
- D'accord… Si vous le dites. Mais nous, on cherche les Prêcheurs locaux, si ça vous dérange pas. Vous voyez de qui je parle, hein ?
- Pourquoi voulez-vous voir les servants d'Origine ? se vit-il demander, de la méfiance perçant à présent dans la voix de l'homme devant lui.
- Juste pour discuter. Un ou deux détails de politique étrangère sans importance, dit le pilote.

Devant les deux coéquipiers, le civil se figea avant de se prosterner au sol.
- Bon, soupira Campbell. Soit mon speech lui a fait un foutu effet, soit il y a quelque chose derrière nous qu'on risque de pas apprécier du tout.
- Les démons ont pénétré sur cette terre bénie des Ori, entonna une voix dont la puissance n'avait rien de naturel.
- Seconde option, agréa Shanti avant de se retourner pour voir un Prêcheur à quelques dizaines de mètres d'elle, bâton levé et illuminant ses environs. Au moins, on a trouvé notre objectif.
- C'est bien la seule bonne nouvelle de la journée, murmura le pilote avant de s'adresser à la silhouette anormalement pâle. Salut ! Avant qu'on ait à se bagarrer, est-ce qu'on pourrait quand même essayer de voir si on pourrait pas trouver, je sais pas, un… terrain d'entente ?
- Tom, fit Shanti à voix basse. Je ne crois pas qu'on nous ait mis là-dedans pour apprendre à négocier. Tsippora ne m'a pas vraiment donné cette impr…

Elle fut interrompue par un bref mouvement de la part du Prêcheur, qui la catapulta, en même temps que son compagnon d'armes, à une dizaine de mètres en arrière, ses sens améliorés réussissant à être surpris par la violence et la soudaineté de l'attaque.

Lorsqu'elle put se reprendre, la jeune femme vit que, tout autour d'elle, les civils étaient devenus une foule hostile, chacun de ses membres portant des armes pour la plupart improvisées, tandis que certains hommes portaient du matériel technologiquement plus avancé. Donnant une impulsion de ses membres, elle se redressa, sentant la présence de son coéquipier derrière elle, celui-ci partageant avec elle ses sens. Ils étaient clairement encerclés, et chacun de leurs adversaires les fixait avec un regard qui oscillait entre haine et crainte, sans pour autant faire de geste quelconque. Des outils agricoles et d'artisanat étaient tout aussi présents que les armes de guerre et Shanti comme Campbell tentaient d'évaluer les menaces et les façons d'y répondre.

- Ils sont complètement fanatisés… fit-elle.
- Ouais, ça va pas nous faciliter le job. Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?
- Le plus gros problème, c'est ce Prêcheur. Il nous a peut-être pris par surprise, mais t'as vu ce qu'il a pu faire ?
- Pas besoin de me le rappeler, mes os s'en souvi…

- Purifiez les démons, fit le représentant des Oris en donnant un bref coup de bâton sur le sol.

L'instant d'après, la foule s'élança dans leur direction en un seul mouvement d'ensemble, les armes à énergie tirant vers eux avec une cadence de tir et une précision très largement supérieures à ce qu'ils avaient connu sur Dakara.

Manipulant instinctivement des champs de gravité et électromagnétique autour d'elle, la jeune femme parvint à dévier les projectiles, mais quelques instants plus tard, ceux armés de façon plus primitive arrivèrent sur eux. Utilisant sans hésiter leur vitesse et entrainement supérieur, l'un comme l'autre neutralisèrent leurs ennemis les uns après les autres, les plongeant dans l'inconscience en un ou deux gestes à chaque fois avant d'enchaîner sur le suivant. Au loin, elle voyait le Prêcheur observer la scène sans dire un mot, sans donner un ordre, et savait qu'elle n'avait pas le temps de faire le moindre effort contre lui alors que le reste des fanatiques continuait à attaquer sans laisser le moindre temps mort.

Finalement, elle eut un instant d'hésitation en voyant surgir devant elle une fille qui ne pouvait pas avoir plus de sept ou huit ans, tenant avec difficulté un large couteau. L'enfant, arborant un regard empli d'une haine qui contrastait avec son jeune âge, se lança vers la jeune femme dans un mouvement maladroit mais aux intentions on ne peut plus claires.

Elle voulait la tuer, sans prendre la moindre précaution, sans avoir la moindre compétence lui permettant de survivre face à un adversaire quelconque. Le couteau était tenu maladroitement, et le regard entrainé de la femme en face lui fit comprendre aussitôt qu'il échapperait très facilement à l'emprise des petites mains pour finir planté dans le torse de sa propriétaire.

Shanti hésita quelques instants, une partie de son esprit hurlant à l'autre qu'il ne s'agissait que d'une simulation, que la fille n'était pas réelle, rien de plus qu'un jeu de lumière et d'énergie horriblement réaliste géré par une I.A. cynique. Le temps de se convaincre, de faire le geste nécessaire qui neutraliserait son adversaire, sans manquer de lui faire perdre sa très relative maitrise d'une arme, quelqu'un avait su profiter de l'opportunité.

La décharge énergétique qui lui brûla le dos la fit trébucher, suivie l'instant d'après par d'autres tirs, puis par la sensation d'armes blanches entaillant son corps endurci. Derrière elle, son coéquipier se retourna, sentant sa propre douleur, avant que tout ne se fige à nouveau.
Dernière modification par Rufus Shinra le 10 avr. 2012, 12:09, modifié 1 fois.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

Devant Shanti, la foule était paralysée, les mouvements et les visages interrompus dans leur dernière action. Elle ne put s'empêcher de détailler du regard la petite fille, retenant un frisson devant la haine que projetaient ses yeux, avant d'être attirée par un mouvement sur le côté.

Le Prêcheur avait fait plusieurs pas vers eux, et ils se redressèrent, en position de combat pour lui faire face, sans pour autant ignorer entièrement le reste de la foule figée. L'instant d'après, cependant, l'apparence du Prêcheur s'estompa, remplacée par celle de Tsippora :
- Vous avez échoué. Vous échouerez, si je vous laisse tels quels.
- Et qu'est-ce que vous vouliez qu'on fasse ? cracha le pilote.
- Tuer tout le monde. A l'instant où vous êtes arrivés. C'était la meilleure et la seule solution.
- Vous êtes tarée, répondit-il.
- Non. Ils vivent depuis des milliers d'années, des centaines de génération, sous le pouvoir des Ori. Leurs parents, leurs grands-parents, et leurs ancêtres depuis une éternité leur ont appris qu'ils doivent vénérer ces dieux. Les Prêcheurs sont là à chaque instant de leur vie, prouvant le pouvoir et la présence physique de ces dieux. Et je ne parle pas des parasites qui ont régné sur votre galaxie, mais d'êtres vraiment immortels, qui savent et peuvent à peu près tout dans leur galaxie. Aucun secret ne leur échappe, ils peuvent connaître les pensées de chacun, littéralement foudroyer ceux et celles qui dévient de la norme. Et vous espérez pouvoir les convaincre de se rebeller ? Ils les aiment. Ils sont prêts à mourir pour les Ori. A sacrifier leurs familles, leurs villes, si ça blessera un "hérétique" ou un "démon".
- 1984… chuchota Campbell.
- Atlantis m'informe que cette référence culturelle humaine est adéquate, fit l'Ancienne après un instant. La vénération que ces esclaves portent aux Ori les renforce, renforce leurs Prêcheurs. Dans une situation pareille, si vous voulez les affaiblir, éliminer le risque de subir ce qui vient de vous arriver à l'instant, il n'y a qu'une chose à faire. Brûler ce village dans l'instant. Vous n'en êtes pas capables, et c'est pourquoi Hagalaz ne vous prendra pas au sérieux. Comme je ne vous prends pas au sérieux. Je vais changer ça.



Vala Mal'Doran jeta un coup d'œil critique dans le miroir sur les haillons qu'elle portait et acquiesça silencieusement lorsqu'elle fut convaincue que l'illusion suffirait pour le moment. La capsule d'évacuation larguée depuis le Tel'Tak furtif avait été pulvérisée quelques minutes plus tôt par plusieurs charges de démolition alors même que sa passagère était hors de vue du point d'impact. Elle s'était rendue dans l'une de ses caches, sa véritable apparence protégée des regards par un système de camouflage personnel obtenu non sans quelque difficulté dans la Zone 51 terrienne. Celui-ci, à force d'utilisations intensives, ne fonctionnait plus que quelques minutes à la fois avant de devoir être rechargé à bord d'un vaisseau, mais il avait rempli sa mission en permettant à sa propriétaire de s'infiltrer en relative sécurité.

- Rapport, dit-elle en se rapprochant d'une table autour de laquelle s'afféraient plusieurs de ses subordonnés.
- Pas de changement depuis hier, lui répondit le chef de section. Loi martiale partout, Gerak a sauté sur l'occasion pour terminer son nettoyage de la planète. On a perdu plusieurs cellules… Ils ne prennent même plus la peine de les arrêter, ils tuent tout le monde. Ce matin, l'une des branches du marché noir a été attaquée par la Garde. Aucun survivant, même parmi les clients. Et c'était dans un quartier résidentiel. Les entrepôts ont juste été bombardés avec des Al'Kesh…
- Il veut avoir le champ libre, commenta-t-elle.
- Oui, et encore, on s'en sort mieux que pas mal d'autres : on est mieux compartimentés. Les Luxiens ont probablement perdu quatre-vingt dix pourcent de leur opération depuis le début des rafles. Ils vont riposter…
- C'est probablement ce qu'il veut. Les forcer à se découvrir et les massacrer.
- Et eux vont faire sauter des bombes dans les villes. C'est pas difficile de ramener un détonateur à naquadah ici… Bordel, mais qu'est-ce qui leur prend !
- On verra ça plus tard, le coupa-t-elle. Othar et les autres ?
- Là, on a un problème, avoua son subordonné. C'est encore plus le merdier que ce qu'on imaginait. J'ai perdu mes contacts dans la prison dans les heures qui ont suivi leur arrestation, et on n'a pas eu le temps de comprendre ce qui se passait avant qu'ils décident d'improviser et de s'évader par eux-mêmes.
- Vu ce qui se passe dehors, c'est pas trop con… Ils en sont où ?
- Justement, c'est le foutoir. J'ai appris leur coup par des civils du voisinage. Apparemment, il y a eu la fusillade du siècle quand ils se sont tirés de la prison et tout le coin a été complètement bloqué. Ils ont au moins une demi-douzaine d'Al'Kesh et quatre compagnies de gardes pour surveiller le périmètre. J'ai pas réussi à faire rentrer un seul de mes agents à l'intérieur, ces cons tirent à vue. Si nos gars sont encore en vie, ils doivent s'être planqués, et même comme ça, ils ne vont pas tenir longtemps.
- D'autres bonnes nouvelles ?
- Rien d'autre. On essaie de se réorganiser, et c'est déjà un sacré 'taff. Quel est le plan ?
- Aucune idée, répondit-elle avec un sourire crispé. Mais j'ai tous les survivants de l'opération d'hier qui sont prêts à débarquer pour le match retour. Dis à tes hommes de se préparer, on doit forcer l'entrée du côté de la prison.
- On va récupérer Othar et les autres ?
- S'ils ont survécu, oui, mais pas qu'eux. Il y a quelqu'un d'autre à récupérer rapidement si on veut s'en sortir.


La porte derrière elle s'ouvrit brusquement, et la contrebandière se retourna en une fraction de seconde, sortant en un geste fluide son arme pour la pointer vers le nouveau venu, qui se figea aussitôt, levant les bras en l'air :
- Tirez pas, tirez pas !
- C'est bon, il est avec nous, indiqua le chef de section en se rapprochant du jeune homme paniqué. C'est un de nos courriers…

Il lui donna une trempe.

- Et un abruti fini ! Qu'est-ce qui te prends de rentrer comme ça, bordel ! On est tous à cran, les jaffas massacrent la moitié de nos potes, tu vas te faire descendre avec des conneries comme ça ! Résultat, on aura pas le putain de message que t'amènes.
- Oui… Dé… Désolé…
- J'm'en fous, connard ! Réfléchis, la prochaine fois !
- Oui !
- Bon, c'est quoi, le message ? T'es pas venu emmerder la patronne et risquer ta peau pour le fun !
- Oh, oui… Rapport de notre contact à la garnison, les jaffas ont arrêté un gros groupe de terriens. Des civils désarmés venus dans un transport.
- Sûr qu'ils viennent de la Terre ? fit Vala en haussant les sourcils.
- C'est ce qu'ils m'ont dit.
- C'est tout ? demanda le responsable local.
- Oui.
- Alors barre-toi d'ici et laisse-nous parler !

Une fois le jeune courrier ayant déguerpi, Vala se tourna vers son subordonné :
- Il est fiable, ce contact ?
- Très. On a eu du mal à le placer, mais il nous a sorti de pas mal de merdiers. La moitié de ma cellule y serait passée sans un de ses avertissements. Moi le premier.
- Alors qu'est-ce qu'ils font ici… Envoie quelqu'un suivre leur trace. Je veux en savoir un maximum sur eux. Et dis à ton groupe de commandement de remballer ses affaires. On abandonne le coin dès que c'est fini. Pas envie de rester plus longtemps que prévu par ici…



- Regardez ça, fit le technicien en se tournant vers Ca'Teya.

Le contenu de son écran laissa place à un modèle grossier des bâtiments proches, où s'agitaient différentes icônes indistinctes correspondant aux passants et autres habitants de la zone sous surveillance. Brusquement, l'image se figea.
- Je me suis branché sur les capteurs locaux, expliqua-t-il. Pour avoir une idée de leur position précise.
- Oui, et ?
- Il y a un problème. C'est un enregistrement. J'ai vérifié, il n'y a pas d'erreur. Les évadés sont sûrement les trois dans la ruelle, là. Maintenant, regardez ce qui se passe…

L'interrogatrice vit la projection reprendre vie, et suivit du regard les trois icônes indiquées alors qu'elles avançaient rapidement le long d'un bâtiment avant de rentrer à l'intérieur.
- Probablement un de ses contacts.
- Oui, mais maintenant…

Les points lumineux s'arrêtèrent à l'intérieur du bâtiment, avant de reprendre brusquement leur route et de se rapprocher d'un autre. Ca'Teya observa la scène en silence avant de se figer lorsque le point en question s'estompa quelques instants plus tard.
- C'est bien ce que je pense ? fit-elle.
- Oui, celui qui les attendait est mort.
- D'accord… Notre espion est beaucoup plus malin qu'il ne me l'a fait croire, commenta-t-elle. Il est en train d'effacer ses traces. Qu'on trouve tout sur ce contact. Relations, amis, arrêtez-les tous, il n'était pas tout seul dans ce réseau.

Bien joué… Carl, admit-elle en son for intérieur. Vous avez réussi à cacher votre jeu. Pas beaucoup de monde y arrive… Mais ça ne change rien, je vais quand même remonter la piste.

- Il est toujours à l'intérieur ? demanda-t-elle.
- Oui.
- D'accord. Changement de plan, on ne peut pas le laisser continuer.

S'il les tue tous, on risque quand même de perdre leur trace. On est probablement tombé sur un de leurs meilleurs agents, en fait. Peut-être le seul à connaître tout leur réseau sur place… Il faut l'empêcher de nettoyer ses cellules, mais sans qu'il se rende compte qu'il est suivi à la trace. J'aurais dû prévoir le coup ! Toute sa personnalité de gamin naïf, c'était un piège, bien sûr, mais à ce point ? Quelle imbécile ! J'aurais dû comprendre qu'ils n'auraient jamais mi qui que ce soit d'autre qu'un maître sur une opération comme celle de Bra'tac. Bien sûr qu'il ne va pas chercher des ordres, c'est lui qui les donne ! Et si c'était encore un piège ? Il sait peut-être même qu'il est suivi, que la petite garce le moucharde pour sauver sa peau… Non ! Ne pas m'enfermer dans des raisonnements à quarante degrés. Rappelle-toi les bases, Ca'Teya : ne surestime pas ton adversaire. Qu'est-ce que tu sais, qu'est-ce qu'il sait. C'est l'important. Mais ça explique pourquoi tout un groupe diplomatique pour le récupérer. Il en sait énormément, et je l'ai laissé filer pour essayer de le piéger… Si je le récupère maintenant, qu'est-ce qu'il va faire ? Se suicider ? Si je veux obtenir quelque chose de lui, il faut qu'il communique. Et pour ça, il n'a que deux façons. Soit en quittant la planète, et ça n'arrivera pas, pas avec la Flotte en alerte et la Porte bloquée par toute une garnison. Soit en trouvant quelqu'un déjà sur place. Et ça, c'est forcément son contact dans la mission terrienne…

- Qu'on me mette en contact avec le courrier le plus près des prisonniers terriens, fit-elle après quelques secondes.





EDIT : nouveau grade ! *inspire profondément* Yay.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Mérovée »

Ah enfin la suite ! ça fait plaisir ! Bref désolé de ne pas avoir commenté hier soir mais j'étais vanné quand j'ai lu ton nouveau chapitre. ^_^
CITATION Après les partiels, la sortie de Mass Effect 3, du nouveau Harrington, de Wing Commander Saga...
Je vois que tu as été bien occupé ces derniers temps...^^ (Mass Effect 3 est une tuerie !).

Pour ce qui est dudit nouveau chapitre je l'ai trouvé très bon comme d'habitude, l'histoire avance on le sent, des réponses sont apportées et de nouvelles questions sont posées.

Il y a aussi beaucoup d'humour dans ce chapitre, limite je me suis même demandé si le chapitre lui même n'avait pas une porté cathartique, un petit défouloir ^^
CITATION Ce n'est pas étonnant, c'est rare que son propriétaire s'en sépare. C'est le germe et le système d'entretien pour une lame monomoléculaire. Utilisée dans les combats rapprochés, expliqua l'Ascendante avant de faire une grimace. Très dangereuse.
Mass effect ? ^^
CITATION J'ai vu une bonne partie de vos films, monsieur Cameron, et ils ne sont pas vraiment d'un réalisme à toute épreuve…
Il fallait oser... :D ^^
CITATION Le premier jaffa cardiaque de la galaxie, et on doit tomber sur lui… ne put s'empêcher de penser le jeune homme avant de soupirer.
Et ça continue...^^ je ne vais pas te faire une liste non plus, en tout cas ça ma bien amusé.
Bon ...encore une dernière qui m'a fait bien rire...
CITATION - Un autre plan pour détruire les Ori ? fit Shanti.
- Oui, et un qui peut clairement fonctionner, contrairement à un inhibiteur localisé d'Ascendants construit à un seul exemplaire, une Arche de Vérité qui n'a jamais dépassé le stade du concept théoriques, des plans de voyages temporels multiples trop compliqués pour être crédibles, un Sangraal dysfonctionnel et j'en passe.
...^^
CITATION L'amiral veut réduire autant que possible leur ordre de bataille, mais sans leur donner un casus belli clair.
oH Oh :o

Je vais arrêter ce com' qui n'est pas vraiment constructif. Pour conclure bravo c'est encore un bon chapitre. Je dois l'avoir déjà dit, et je le redis (ce n'est pas du cirage de pompes) tu écris vraiment bien et c'est à chaque fois un plaisir renouvelé que de te lire ! (j'espère que cela incitera de nouveaux lecteurs à venir voir l'énorme travail que tu produis, tu le mérites).

J'aurais seulement un petit reproche à propos du passage sur le groupe Concordia et la mise en place de ta "fameuse" stratégie. Ce passage est parfois un peu long et pas très vivant, même si je ne sais pas vraiment comment tu aurais pu le rendre plus fluide pour être honnête.
Donc ce n'est pas un vrai reproche en réalité... ^_^

Je te souhaite bon courage pour la suite qui s'annonce plutôt intéressante et que j'ai hâte de découvrir.
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***Nouvel épisode de "Casus Belli" en zone Fan-Fictions !***
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

Rapport à la "stratégie" en question, il s'agit ouvertement d'une inspiration du film "Des Hommes d'Influence", où, pour couvrir un scandale présidentiel à la veille des élection, les conseillers du président décident tout bonnement... d'organiser une guerre. Une guerre contre l'Albanie (pourquoi pas ce pays, hein ?) qui a la particularité de n'exister qu'à la télévision. Ils embauchent un producteur de cinéma pour les aider à faire le boulot, préparer les scènes de guerre filmées par d'héroïques reporters, mettre en place des "héros", etc. Le tout pendant la dizaine de jours qui reste avant l'élection. Cynique, hilarant et pas si absurde que ça en plus.

Ici, on parle effectivement de jaffas qui n'ont jamais eu de culture du divertissement comme sur Terre, ce qui veut dire que nos pros auront une expérience gigantesque et ne risqueront pas de tomber sur des individus pouvant décrypter les clichés et les schémas narratifs. Leur raconter une histoire pour arriver à un résultat qui plaise à tout le monde. Lorsque mon alpha a proposé ce truc, j'ai été hilare pendant une bonne demi-heure (presque autant que lorsqu'il a prononcé deux mots en guise de conclusion à son analyse de la dynamique d'un certain groupe de personnages au cours du Tome II : "Urth s'emmerde") et c'est parti dans tous les sens. Le principal souci, c'est la crédibilité. En gros, si on était dans une fic-délire de type "L'aventure ultime et absolue...", autant vous dire qu'on se serait retrouvés avec des capitaines jouant volontairement tous les clichés et faisant des batailles mallozziennes au possible pour servir un space-opera aux jaffas. Mais ce n'est pas ce genre de situation, donc mon problème est d'essayer de gérer une idée particulièrement saugrenue dans le genre qu'O'Neill pourrait bien avoir ou approuver au vu de sa personnalité dans la série, mais que des militaires de carrière verraient d'un tout autre œil (d'ailleurs, je m'attends à ce qu'Aube in Ihriae me massacre vertement pour ce coup-là et l'un des objectifs est de minimiser ce massacre).

Pour ce qui est de l'humour, je suis content qu'il semble ici faire mouche, car c'est l'un des objectifs importants que j'ai en ce moment en termes d'écriture : réussir à placer de l'humour sans pour autant briser l'ambiance d'un récit. C'est quelque chose que j'ai vu dans énormément de textes, qui me plait beaucoup, mais que j'ai encore du mal à faire (j'arrive à faire des fic "crack" avec que de l'humour, pas de problème, mais mélanger les genres avec succès... plus dur, bien plus dur). Donc, là, j'essaie de trouver la dynamique à avoir pour les scènes concernant le Concordia, et cela risque de sembler moins naturel que les autres séquences le temps que je prenne mes marques (comme par exemple lors des premiers chapitres concernant Urth, Van'Tet, ou, en fait, maintenant que j'y pense, n'importe quel personnage lors de ses premières apparitions). Conclusion, pour les scènes avec le Connie, si je perds pied, je retourne chez "maman" (pour paraphraser M. Jones, dans Octobre Rouge), à savoir je retombe dans une sorte de piètre imitation du style David Weber (Honor Harrington) comme aux débuts.
CITATION
CITATION Ce n'est pas étonnant, c'est rare que son propriétaire s'en sépare. C'est le germe et le système d'entretien pour une lame monomoléculaire. Utilisée dans les combats rapprochés, expliqua l'Ascendante avant de faire une grimace. Très dangereuse.

Mass effect ? ^^
Nope, plein de livres et autres références de SF en général, mais pas ME en particulier (j'ignorais même qu'il y avait ce genre d'arme dans cette série).

Côté "projets secrets de superarmes des Anciens", n'importe qui d'un tant soit peu compétent serait horrifié devant la succession de merdes qu'ils ont produit. Et j'aurais pu continuer la liste : Asuran, projet Arcturus, etc.


Quoi qu'il en soit, merci beaucoup du comm' ! Si qui que ce soit à d'autres questions sur l'histoire elle-même, sur le processus rédactionnel, etc., n'hésitez pas !
Dernière modification par Rufus Shinra le 12 avr. 2012, 10:38, modifié 1 fois.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par mewlantien »

Salut, j'ai lut les 2 premiers tomes et j'ai vraiment adoré !

Là je suis en train de dévorer le tome III !

Bon courage et vivement la suite :)
Dernière modification par mewlantien le 22 avr. 2012, 03:57, modifié 1 fois.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par mewlantien »

Bonsoir,

désolé pour l'hérésie qu'est ce double post mais quelqu'un saurait si cette sublime fic a une suite ou si elle a été abandonnée ?

merci
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Vyslanté »

Oui, cette fic est en cours, la suite est actuellement en train d'être écrite par ce cher procrastinate de Rufus, ne t'en fais pas ^^
Dernière modification par Vyslanté le 20 mai 2012, 20:51, modifié 1 fois.
« Je voyais ça moins… rouge.
— Proxima Centauri est une naine rouge. Vous vous attendiez à quoi ? Un énorme cube vert ? »

Rufus : En même temps, c'est un rite de passage pour toute organisation qui se respecte : tuer au moins une fois Jackson. Tout le monde l'a déjà fait...
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

Woups, il semblerait que ça s'impatiente. Sorry, sorry, womme le dit si bien Vyslanté, j'ai pas mal procrastiné, MAIS, que tout le monde se rassure, le chapitre actuel est dans la dernière ligne droite. Un peu plus de vingt mille mots et trente-cinq pages, plus qu'une ou deux scènes de la dernière séquence et je le posterai. Quant à l'abandonner, je citerai notre très chère GladOS à ce sujet: "Ha ha. Fat chance!"

Cinq ou six ans dessus, je ne compte pas la laisser tomber maintenant, tu peux être rassuré. :-P
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

Voilà la suite ! X_X

Et n'oubliez pas, pour chaque commentaire posté, un commentaire affiché (et un auteur motivé) !


Chapitre 08 : Gambits



- Et… je suis censée savoir qui c'est ? demanda Anna.
- Pas encore, fit Urth. Mais garde ça en douce sur toi, ça te sera utile.
- Attendez une seconde, dit la scientifique en plissant les yeux. Vous me demandez d'embarquer avec moi une lame monomoléculaire ? Dans quoi est-ce que vous allez m'embarquer, maintenant ? Qu'est-ce qu'il y a exactement ici ou qu'est-ce qui va vouloir me tuer ?
- Rien du tout, répondit l'Ascendante en levant les yeux au ciel. Je t'ai suggéré de la prendre, pas de l'utiliser. Ni d'apprendre à t'en servir.
- Ce qui ne change rien du tout à ce que je disais, répliqua-t-elle. Vous avez vu ce qui m'est arrivé depuis que je suis avec vous… C'est pour les mercenaires, c'est ça ? Dans des couloirs comme ceux de la base, une arme de ce genre pourrait être très utile. Ou alors est-ce que je dois demander au docteur Jackson s'il connait le nom de cette Ancienne ?
- Non plus. Et arrête de paniquer, veux-tu ? Garde juste ça sur toi.
- Ne vous étonnez pas si je ne vous fais jamais confiance, après.
- C'est mesquin…
- Ecoutez, vous jouez votre jeu avec tout le monde, je sers d'intermédiaire pour des messages secrets entre vous et Atlantis, je manque de me faire tuer une douzaine de fois depuis que j'ai quitté mon bureau…
- Si tu le dis.
- Je le dis. Et sinon, on ferait bien de revenir voir les autres, parce qu'autrement, ils vont commencer à s'inquiéter. Et je ne sais pas qui est cette Tsippora, mais si vous vous intéressez à elle, je parie que vous n'avez pas envie de voir tout le monde fouiner ici, commenta-t-elle en faisant un large geste englobant les alentours.
- Bonne déduction, confirma l'Ascendante au sourire narquois. Après toi…

Lorsque le duo fut sorti de la salle, la porte se referma derrière elles la scientifique n'ayant pas besoin de la confirmation de l'I.A. dans son oreille pour savoir que l'accès au logement était à nouveau verrouillé.

- Alors, les accueillit Bakane en évitant d'un pas de côté un technicien sortant de la cache technologique avec un chariot d'artefacts. Vous avez trouvé quelque chose ?
- Rien de transcendant, répondit-elle. Il faudrait passer plus de temps sur place pour savoir ce qu'il y a exactement aux alentours.
- Entendu, docteur. Si vous voulez nous aider à superviser l'archivage et le transport des artefacts, ça nous permettra de terminer ça et de nous mettre plus rapidement à leur étude concrète.

Derrière l'archéologue hébridan, plusieurs gardes armés arrivèrent par l'un des couloirs pour s'immobiliser dans des renfoncements de celui-ci, soulevant un sourcil interrogateur de la part d'Anna.
- Ah oui, expliqua Bakane. Vous n'étiez pas là quand on a reçu le mémo. Apparemment, les problèmes de communication continuent. Hébrida est complètement inaccessible et certains de nos amis en charge de la sécurité commencent à devenir paranoïaques. Enfin, plus que d'habitude, puisqu'ils sont payés pour ça, après tout. Le résultat est que la sécurité a été renforcée sur tout le site des fouilles. Je sais, ça ne va pas nous faciliter le travail, mais je n'ai pas mon mot à dire, c'est leur domaine, pas le mien.
- D'accord, s'entendit-elle répondre. Raison de plus pour s'y mettre tout de suite.


Il fallut au final un peu moins de deux heures pour sortir les différents artefacts sélectionnés par le groupe de scientifiques, le processus de choix lui-même responsable de la majorité des délais. Une fois sortis du réseau de cavernes servant d'antichambre au complexe souterrain, Jackson prit Anna à l'écart aussitôt que possible :
- Qu'est-ce que vous avez trouvé là-bas ? demanda-t-il sans préambule.
- De quoi est-ce que vous parlez ? se défendit-elle.
- Anna… s'il vous plait, ne nous prenez pas pour des imbéciles. Vous cachez quelque chose, et vous le cachez mal. Notre estimé collègue l'a compris. Les mercenaires qui nous accompagnaient l'ont compris et je l'ai moi aussi compris. Vous en savez plus que nous tous sur cette base, et personne à part peut-être un ou deux cuisiniers ne se fait d'illusion là-dessus. Enfin, si, les autres doivent être persuadés maintenant que j'en sais aussi énormément parce qu'ils continuent à vous voir comme une assistante ou une adjointe. Pour l'instant, je veux vous faire confiance, mais s'il vous plait, donnez-moi des informations…
- … Elle nous a mené vers des appartements. Il n'y avait pas grand-chose à l'intérieur, mais l'aménagement date de la même période qu'Atlantis.
- Donc il est lié aux artefacts.
- Je crois, oui. Il y avait aussi un nom. Je pense que c'est la personne qui occupait le logement. Tsippora. Est-ce que ça vous dit quelque chose ?
- Tsippora… répéta Jackson. Pas particulièrement. Tout ce que je peux dire, c'est que ce n'est pas un dirigeant ou quelqu'un de haut placé des dernières années de la Cité… Il faudra que je vérifie dans les Archives quand on rentrera… Je suis quasiment sûr d'avoir déjà vu le nom quelque part. Et le lieutenant ?
- Comment ça ?
- Le lieutenant Ravenwing, Anna. Les autres peuvent penser qu'elle vous sert juste d'escorte, mais vous et moi savons que ce n'est pas le cas. Pourquoi est-ce que Atlantis l'a invité avec vous ? Bonne question, non ?
- Désolée, mais… je ne peux… pas répondre. Je ne suis pas entièrement sûre.
- Etrange personnage que le bon lieutenant, vous ne trouvez pas ? fit-il à voix basse. Surtout que je suis quasiment certain de l'avoir déjà vue avant, elle aussi. Le monde est petit. Très petit… Mais faites quand même attention, je pense que presque tout le monde ici sait que vous préparez quelque chose. Ils ne savent peut-être pas pour tous les acteurs de la pièce, mais vous, par contre, vous êtes sous les projecteurs. Au moins autant que moi, ce qui n'est pas rien.
- Entendu. Merci de… l'avertissement.
- Il n'y a pas de quoi, docteur Stern. Pour l'instant, vous êtes avec Atlantis et je préfère qu'elle garde le contrôle. Tant qu'elle n'a pas à sortir les grands moyens, c'est mieux pour nous tous. Et en plus, vu que tout le monde ici est persuadé que je suis votre supérieur, ce qui vous arrive va forcément me concerner tôt ou tard. Enfin, pour revenir aux affaires "officielles"… Un avis plus poussé sur les artefacts dans le complexe ?
- Là, je n'en sais honnêtement pas plus que vous. Des Anciens, probablement d'Atlantis, sont repassés ici après avoir quitté Pégase, mais pourquoi…
- Si l'on en apprend plus sur ce ou cette Tsippora, ça pourrait nous donner un élément de réponse, mais il y a déjà un autre problème.
- Lequel ?
- Nous avons un témoignage de… première main, de leur départ, lorsque la Cité a été submergée.
- Comment…
- Demandez à votre amie, elle se fera sûrement une joie de vous l'expliquer, lâcha l'archéologue. Elle était là aussi, de toute façon. Le point est que, pour la très grande majorité, ils sont partis avec un équipement minimaliste, du matériel pour s'installer sur place, mais pas grand-chose de plus. Alors que, ce qui était dans la cache aujourd'hui…
- C'était du matériel militaire, pour la plupart.
- Voilà, ajouta Jackson. Le même genre qui a été abandonné dans la Cité par des survivants voulant tout laisser derrière eux. Donc, il y a une incohérence, et, comme Sam l'a suffisamment dit et répété à l'époque, toutes les découvertes commencent avec une incohérence. Comment est-ce que vous expliqueriez ça, Anna ? Si bien sûr vous n'en savez pas déjà plus que moi là-dessus.
- Atlantis m'a dit qu'il y a un autre acteur qui l'influence, raisonna-t-elle sans relever la suggestion. Donc, je ne peux pas lui demander ce qu'elle sait de ce… témoignage.
- Attendez une seconde, l'interrompit Jackson. Elle vous a dit que quelqu'un ou quelque chose l'influence ? Elle ?
- Oui, confirma Anna. Et, je sais, ce n'est pas rassurant.
- Anna, soupira l'archéologue. "Pas rassurant", c'est quand vous avez une douzaine de contacts radars ressemblant à des vaisseaux-ruches qui arrivent vers vous. Ici, on parle d'une I.A. Ancienne qui a le contrôle total sur la Cité, communique en temps réel à une échelle intergalactique et qui vous avoue être contrôlée par encore un autre acteur. C'est un problème d'un tout autre niveau, vous ne trouvez pas ?
- Euh, oui…
- Très bien. Et, la prochaine fois, est-ce que vous pourriez m'annoncer ce genre de nouvelle tout de suite ? Enfin, vous disiez ?
- Pour l'incohérence, on se ramène à deux choses. Soit le témoignage est correct, soit il ne l'est pas.
- Jusqu'à là, je ne vais pas vous contredire. Vous pouvez développer ?
- Dans le second cas, fit-elle, ils sont partis d'Atlantis avec cet équipement, et une partie des survivants se sont installés ici en laissant leurs souvenirs. Dans le premier, quelqu'un d'autre a amené ça ici.
- Qui ?
- Pas forcément des Anciens, proposa-t-elle. Tout ce qu'on sait, c'est que c'est relativement récent. Il faudrait faire des datations pour savoir quand ils sont arrivés.
- J'y avais pensé, mais l'air est renouvelé et purifié automatiquement, rappela Jackson. Donc les résultats seraient sûrement biaisés. Et Atlantis pourrait fausser les résultats sans problème, la connaissant.
- Ou bien s'en voir donner l'ordre. Il faudrait comprendre pourquoi elle nous a envoyés ici, déjà…
- Bien sûr, mais… Attention, voilà notre autre meilleur ami, prévint-il Anna en regardant derrière elle.
- De qui est-ce que vous… commença-t-elle en se retournant. Oh. Vous.
- Heureux de voir que je vous inspire tous ces sourires éclatants, fit Johnson, sarcastique. Il semblerait que vous ayez fait une jolie trouvaille, docteurs. Notre cher collègue hébridan a l'air d'être au septième ciel. Est-ce que ça vous embêterait d'expliquer au non-initié que je suis les détails de ce qui s'est passé ? Après tout, c'est dans notre intérêt à tous que je sois moi aussi au comble du bonheur, non ?
- Quelle subtilité… commenta Anna.
- Docteur Stern, dans ma branche, j'ai appris très vite qu'on n'est jamais assez direct, surtout quand on a toutes les armes à portée de main. La subtilité, c'est pour ceux qui vous paient, avant qu'ils vous aient payé. Pour l'instant, vous n'entrez pas dans ce groupe au demeurant fort exclusif. Donc ? Machins Anciens, archéologue surexcité. Mercenaires satisfaits ou déçus ?
- Pour l'ensemble de la communauté archéologique… officielle, vous venez d'assister à l'une des plus grandes découvertes d'artefacts Anciens des dernières années, et leur étude va probablement être à l'origine de quelques centaines d'articles, de thèses et de conférences sur toutes les planètes avec une industrie et de la recherche scientifique.
- D'accord, fit le mercenaire. Et pour le reste de cette communauté ?
- Pour ceux qui savent vraiment ce qu'il en est… Rien de bien intéressant n'a été sorti des ruines aujourd'hui.
- Dois-je en comprendre que je dois être déçu, docteur Jackson ?
- Non, pas vraiment. Les objets, en eux-mêmes, sont relativement communs. Beaucoup plus avancé que tout ce qui est produit par nos civilisations, mais déjà trouvés et étudiés par nos services.
- Docteur Jackson, fit Anna, inquiète. Vous êtes sûr qu'il soit prudent de lui dire ça ?
- Anna, la moitié de la galaxie est persuadée que si je suis devenu aussi vite que ça une référence sur les Anciens, c'est à cause de sources secrètes. L'autre moitié croit que c'est à cause de mes quelques… expériences personnelles. Tant que je ne donne pas de détails sur les uns et les autres, il n'y aura pas de mal. Donc, reprit-il en se tournant vers Johnson, le problème, c'est que, comme j'en discutais avec Anna, ces objets ne devraient pas être là. Ils viennent contredire ce que nous savons déjà… ou pensons savoir.
- C'est sans doute très intéressant, docteur Jackson, mais je ne suis pas ici pour vous voir corriger vos bouquins d'histoire dans le cas où vous et vos collègues vous êtes plantés.
- Ca dépend ce qui est à corriger… et de ce qui est à l'intérieur de cette installation. Elle est très grande, bien plus que celles que j'ai déjà visité. Attendez qu'on trouve son secret, et on verra, d'accord ?
- Ne prenez pas trop longtemps, docteur. Il faut que tout soit fini, d'une façon ou d'une autre, avant que les communications soient rétablies. Sur ce, j'ai quelques consignes à donner à mes hommes…

Anna le regarda s'éloigner :
- Qu'est-ce qu'on fait ? demanda-t-elle.
- Je ne sais pas. Entre lui, le lieutenant Ravenwing, Atlantis et le reste, vous ne m'avez vraiment pas simplifié la vie, Anna. Si vous me disiez ce qu'il en est avec elles, je pourrais essayer de voir pour imaginer un plan, quelque chose…

Elle détourna le regard.

- Très bien, continua-t-il. Alors en attendant d'en savoir plus, je suggère de continuer à en apprendre autant que possible sur ces ruines, parce qu'elles contiennent peut-être quelque chose qui pourrait à la fois intéresser notre ami mercenaire, mais aussi clarifier la situation avec Atlantis. J'aimerais vraiment garder l'I.A. omnipotente de notre côté. Enfin, pas si omnipotente que ça, à la croire.
- Et si on ne trouve rien ?
- Alors il faudra espérer être plus convaincants qu'eux quand on nous demandera des explications. Ou alors courir plus vite qu'eux vers la Porte. Heureusement que Jack n'est pas là, autrement il dirait que ce sont les deux seules choses que je sais faire…
- Au pire, il y a toujours ce… bunker, proposa la scientifique.
- Celui avant le complexe ?
- Oui, répondit-elle. On pourrait essayer de se retrancher dedans si ça tourne mal. Comme ça, vous auriez plus de temps pour les convaincre.
- … Bonne idée, admit-il. Je vais aller voir Bakane et lui demander d'organiser une visite du bunker pour notre escorte. Enfin, sauf pour un certain lieutenant qui va continuer à vous accompagner, je suppose ?
- Euh… oui. Désolée.
- Vous savez, Anna, si ça continue comme ça, je ne pourrai pas empêcher certaines rumeurs de circuler, répondit Jackson avec un très mince sourire.
- Quelles rumeu… Oh. Ne me dites pas que…
- Vous n'avez pas idée de l'imagination débordante des soldats qui n'ont rien à faire. Et, non, je ne lancerai rien de tel, c'était juste une petite pique pour tout le stress que vous me donnez.
- Désolée…
- Ne soyez pas désolée, Anna. La majorité des comploteurs que j'ai rencontrés sont beaucoup moins polis et aimables que vous, le lieutenant Ravenwing ou Atlantis… Et ils ont aussi une certaine tendance à vouloir me tuer, dominer la galaxie et le plus souvent les deux à la fois.
- Vous n'exagérez pas un peu ? tenta-t-elle.
- Sur quel point ? fit-il en retour. Si c'est sur la politesse habituelle des amateurs de complots, renseignez-vous sur Ba'al et ses clones, Anubis, le Trust, le NID, la faction renégate de la Tok'Râ, l'Alliance Luxienne, le Cartel Supérieur et une demi-douzaine d'autres groupes qui ont essayé de placer leurs pions sans trop de scrupules. Encore que… si, il y a Harry. Harry Maybourne, je veux dire. Une vraie fouine, mais il lui est arrivé d'être aimable de temps en temps. Quant à votre position à vous… vous complotez sous mes yeux avec une I.A. omnipotente et quelqu'un qui a réussi à s'infiltrer dans une équipe SG sans laisser la moindre trace.
- Oh, vu comme ça… Heureusement que vous ne me mettez pas dans le même panier.
- Rappelez-vous, Anna, je suis autant diplomate de carrière qu'archéologue de formation. Je ne pourrais pas faire un bon travail si je ne cherchais pas à savoir en quoi les plans des autres pourraient nous profiter. Ou bien si je ne savais pas me rendre compte des moments où je suis surclassé…



- J'espère que vous vous rendez bien compte, commença Anna une fois qu'elle eut pu rejoindre l'Ascendante, que le docteur Jackson a compris une bonne partie de la situation.
- Je n'ai jamais prétendu qu'il était idiot, répondit Urth.
- Non, je veux dire qu'il sait parfaitement que vous n'avez rien à faire ici.
- Quoi de neuf, Anna ? Et puis, je ne suis pas le premier de ses problèmes. Enfin, qu'est-ce que tu comptes faire, maintenant ?
- Pardon ? Depuis quand je prends des décisions, moi ?
- Depuis que je suis venue pour égaliser un peu les chances de ton côté et rendre les choses plus intéressantes. Ce qui, pour l'instant, a parfaitement réussi, je dois bien le dire.
- Ca a surtout réussi à faire monter ma tension, commenta la scientifique. Est-ce que je pourrais au moins savoir ce qu'on est censés chercher ici ? Ce ne sont sûrement pas tous les artefacts qui trainaient… L'arme que vous m'avez envoyé ramasser ?
- Non plus, mais tu chauffes.
- A quoi sert cette base exactement, en fait ?
- Voilà une bonne question ! J'avais peur que tu ne la poses pas…
- Donc ?
- Je ne sais pas.


Anna resta muette quelques instants une partie de son esprit cherchant brièvement à entendre un quelconque son aux alentours pour s'assurer qu'elle avait bien entendu. Puis, se reprenant :
- Comment ça, vous ne savez pas ?
- Je crois savoir ce qui se passe, mais, techniquement, je ne sais pas, répondit l'Ascendante avec un sourire à chaque seconde plus crispé et dangereux.
- Oh merde… Qu'est-ce qui se passe ici ? Dans quoi je suis encore tombée ? Vous êtes bien une Ascendante, hein ?
- Oui.
- Donc vous êtes dans un plan de conscience supérieur, avec accès à une bonne partie de l'Univers ?
- Oui.
- Vous pouvez faire à peu près ce que vous voulez, quand vous voulez, tant qu'un autre Ascendant ne vous bloque pas ?
- La plupart du temps.
- Donc il y a un autre Ascendant dans les parages qui n'a pas envie que vous sachiez ce qui ce passe ?
- Non.
- Et… attendez… comment ça, "non" ?
- Non, il n'y a pas d'autre Ascendant sur place. Pas que je sache, en tout cas.
- Mais alors qu'est-ce qui se passe ici !
- Tu pourrais demander à Danny, il arrivera sûrement à la même conclusion que moi. Mais seulement si tu lui dis tout ce que tu sais sur moi, ou au moins assez pour qu'il fasse le rapprochement.
- Et je perdrais l'un de mes seuls avantages, c'est ça que vous voulez dire ?
- En quelque sorte. Disons que, pour la poursuite de notre si belle amitié, dit-elle en pointant nonchalamment son doigt vers le visage d'Anna, je préférerais que tu évites de parler de ça avec lui.
- Si vous voulez vraiment, répondit celle-ci lentement sans quitter du regard le doigt qu'elle s'attendait à voir parcouru d'électricité. Je ne vais pas vous refuser ça, hein…
- Super ! fit Urth en reprenant un sourire immature.
- Oui… C'est ça. Super. Et moi, là-dedans, qu'est-ce que je fais ?
- Je te dirais de voir avec Atlantis, normalement, vu que c'est elle qui a une bonne partie des cartes en main, mais ce serait faux.
- Faux ?
- Problème de mémoire ? commenta l'Ascendante en prenant un air exagéré de pitié à son intention. Ah ! les affres d'occuper un corps biologique, les souvenirs qui disparaissent en même pas un siècle, je ne sais pas comment vous faites…
- On s'y habitue, merci. Donc ?
- Tu sais, l'I.A. dirigée par quelqu'un d'autre en douce…
- Oui, pour ce que ça change de mon côté… Manipulée par une I.A. ou une autre personne.
- Mais c'est pas de ça dont je parlais, reprit Urth. Côté cartes en main, tu en as une belle, très belle, même.
- Vous ? répondit Anna en haussant les sourcils.
- Merci ! Merci du compliment, mais… non. Même si je dois admettre que je ferais sûrement être l'une des cartes les plus agréables à l'œil de cette partie, je ne suis pas dans le paquet, désolée.
- Au moins, je pourrais toujours m'en sortir avec la flatterie, si tout le reste échoue.
- Et ça te surprend ? Enfin, juste pour te dire, je ne tourne pas comme ça… la plupart du temps.
- Ah non, pas vous aussi avec ce genre de commentaire !
- Pas moi qui ai commencé !
- Donc… soupira-t-elle. C'est quoi, la carte que je suis censée avoir en main ?
- Est-ce que tu sais qui est la dernière personne à avoir commandé cette base ?
- Aucune id… commença-t-elle avant de réaliser. Tsippora ?
- Et la petite dame au milieu des complots gagne le cigare !
- Et comment est-ce que vous le savez, si vous ne savez pas ce qu'il y a dans cette base ? remarqua-t-elle après un autre instant de silence face aux excentricités de l'Ascendante.
- Mais tu commences vraiment à poser les bonnes questions, tu sais ! Si tu continues, tu n'auras plus besoin de moi…
- Vous savez, quand vous ne voulez pas me répondre, ce serait plus simple de le dire directement.
- Plus simple, oui. Plus amusant, non.
- …

- Bref, reprit Anna après quelques instants, ça a à voir avec l'arme que vous m'avez filée.
- Voilà. A ton avis ?
- Vu que c'est le propriétaire qui importe, vous n'allez pas me suggérer de découper les portes avec. Me faire passer pour elle pour les systèmes de sécurité ? Non, ils vont juste me voir comme quelqu'un qui a pris l'arme de leur patron sans autorisation, s'ils sont un tant soit peu corrects, et je me ferais attaquer dans la foulée.
- Bien ! Tu deviens prudente ! Enfin, pourquoi est-ce que j'encourage ça, moi ? C'est pas en restant prudente que tu vas secouer les choses…
- Comme vous l'avez si bien dit, j'ai un corps très fragile, moi, et je vais essayer de le garder tel quel aussi longtemps que possible.

Urth ne lui opposa pour toute réponse qu'un très large sourire.

- Si vous croyez que ça me déstabilise, ces petites simagrées… commenta Anna. Bref. L'arme appartient à ce ou cette Tsippora, qui a dirigé en dernier la base. Si ça me permet d'accéder à quelque chose de plus, pourquoi est-ce qu'Atlantis nous a laissé la récupérer ? Elle ne devrait pas nous bloquer ?
- Je la connais personnellement, et elle est assez douée pour interpréter comme elle veut tous les non-dits, dit Urth en lui faisant signe de continuer son raisonnement.
- D'accord… Alors quoi, ensuite ? Je n'ai pas la moindre idée de la façon de me servir de ça, alors est-ce que vous pourriez au moins me guider ? Autrement, on va rester coincées là jusqu'à ce que tout le monde se tire dessus…
- Pas portée sur les énigmes, hein ?
- Pas quand je risque de me faire tuer et qu'il y a quelqu'un à côté qui en connait toutes les réponses.
- … Tu as soulevé le bon problème, juste avant.
- Encore un indice obscur, hein ? Donc c'est un problème de sécurité, ils vont voir que je ne suis pas la bonne personne. Et vous ne sauriez pas où je pourrais trouver ce ou cette Tsippora ?
- Cette, déjà, et ça serait difficile de la faire revenir, maintenant.
- Pas étonnant, si c'est il y a quelques milliers d'années qu'elle a commandé cette base. Et il n'y a pas non plus d'astuce pour me faire passer pour elle, je parie.
- Non plus.
- Là, je ne vois pas où vous voulez en venir. Je ne peux pas la récupérer, je ne peux pas me faire passer pour elle et j'ai besoin d'elle pour aller… en fait, je ne sais même pas où je veux aller, conclut-elle en détournant le regard. Je sais que ça vous amuse, mais quand même, est-ce que je pourrais au moins avoir une idée de ce que je fais ici ?
- Tu me permets de savoir à coup sûr ce qu'il y a ici et on voit comment Atlantis compte nous manipuler.
- Attendez, Atlantis vous manipule, maintenant ?
- Non, j'ai dit qu'elle compte nous manipuler, pas la même chose. Mais je suis un rien curieuse de savoir ce qu'il y a ici et je prendrais ça pour un service personnel si tu m'aidais à voir ce qu'elle nous cache.
- Et ce serait une bonne chose que de vous rendre un service, c'est ça que vous voulez dire ?
- C'est toujours une bonne chose que de me rendre un service.
- D'accord, mais ça ne change rien à mon… notre problème. Surtout que vous voulez que je vous aide à faire quelque chose, donc ça pourrait être bien de me donner les infos, non ?
- D'accord, d'accord, concéda l'Ascendante. Tu n'as pas besoin de Tsippora en personne, juste d'une autorité équivalente.
- Ah. Juste ça, répondit la scientifique d'une voix artificiellement neutre. Il suffit juste de trouver un cadre sup' Ancien qui voudrait bien m'accompagner pour que je perce les secrets d'une de leurs bases. Où est l'ambassade la plus proche ?
- Tu sais, Anna, tu deviens sarcastique…
- Désolée, mais c'est soit ça, soit m'enfuir. Vous avez vu dans quoi vous me mettez ? Vos conseils sont encore moins réalisables que mes premières idées.
- Je ne vois pas où est le problème de trouver une autorité légitime qui veuille t'écouter.
- Moi, si. La seule personne qui voudrait bien m'écouter… Oh non.
- Si.
- Non, non, non, persista Anna.
- Si, si, si, répondit l'Ascendante en acquiesçant exagérément.
- Et comment est-ce que je vais présenter ça… murmura-t-elle à sa propre intention.


L'archéologue venait à peine de s'asseoir sur une chaise, une tasse de mauvais café en main, qu'une voix de plus en plus familière se fit entendre :
- Docteur Jackson ?
- Oui, Anna ? répondit-il avant de prendre une brève gorgée du liquide noirâtre.
- Je crois qu'on va devoir revenir dans les ruines plus tôt que prévu…
- Un problème ? Est-ce que je rappelle le capitaine et le lieutenant ? demanda-t-il en se référant aux deux derniers membres de SG-17 qui étaient partis en direction du massif rocheux.
- Je… je ne sais pas, à vrai dire.
- Qu'est-ce qui se passe, maintenant ?
- Nous… Comment dire… On a trouvé quelque chose qui devrait pouvoir nous donner accès au complexe. A ce qu'il y a vraiment à l'intérieur.
- Et par "nous", vous parlez de qui exactement, Anna ?
- Le… lieutenant Ravenwing et moi, docteur Jackson.
- Quelle surprise, commenta-t-il posément. Qui d'autre est au courant ? Personne, je suppose ?
- Juste vous.
- Et il vaudrait mieux que ça reste comme ça, je me trompe ?
- Voilà.
- Est-ce que ça peut attendre la nuit ? Ce sera plus simple de voir ça à ce moment-là.
- Euh, je crois, oui, il ne devrait pas y avoir de problème.
- D'accord. Je vous vois après le dîner et on se préparera à ce moment-là.
- Entendu, monsieur, fit-elle sans parvenir à cacher sa gêne. Merci.

Anna ne put s'empêcher de se sentir une fois de plus impressionnée face à la logistique qu'avaient su mettre en œuvre les Hébridans derrière l'expédition qui l'accueillait à présent. Les réserves diverses étaient apparemment suffisamment fournies pour qu'elle et le reste du personnel technique comme militaire puissent bénéficier d'un confort qu'elle n'aurait jamais instinctivement associé à une fouille sur une planète dénuée de toute civilisation.

Le repas, lui, avait étrangement ressemblé à ceux qu'elle avait eu sur la Cité, des groupes se formant souvent en fonctions des spécialités de chacun et les discussions restant fluide, vie et travail se mêlant au fil des phrases. Elle et Jackson s'étaient retrouvés invités auprès des différents responsables scientifiques de l'expédition tandis que, du coin de l'œil, elle avait vu l'équipe SG et les mercenaires se surveiller réciproquement. La scientifique ne put s'empêcher, à plusieurs reprises, de se représenter le simulacre de bonne entente que les deux groupes avaient dû s'efforcer de jouer pour leurs hôtes tout en anticipant l'inévitable moment où la trêve cesserait. Sans compter l'Ascendante en leur sein qui, selon toute probabilité, devait davantage s'efforcer de retenir l'un de ses sourires prédateurs que quoi que soit d'autre.

Tout au long du repas, les questions d'ordre technique et personnel avait fusé autour de sa propre table, et, de temps à autre, elle comme Jackson avaient décliné de répondre, tandis qu'elle avait surpris l'archéologue à mentir ouvertement dans d'autre cas. L'aisance avec laquelle il se prêtait à l'exercice n'avait pas été sans être remarquée de la scientifique, qui se surprit à imaginer les occasions où il avait pu s'y exercer.

Elle fut en revanche tirée de ses quelques réflexions sur l'archéologue lorsque le sujet des conversations bascula sur la situation politique de la galaxie. Pour la quasi-totalité des individus présents, il semblait que la guerre entre les forces Terriennes et Jaffa fut imminente, et certains redoutaient le débordement. Il apparut clairement à la scientifique que le statu quo qui régnait jusqu'à présent était à l'avantage de nations stellaires telles qu'Hébrida. La Terre, de par son arrivée spectaculaire sur la scène et sa politique relativement expansionniste fondée sur une schizophrénie technologique où armes à feu croisaient ordinateurs asgard, avait attiré l'attention de tous les belligérants potentiels. Les autres puissances dites "mineures", qu'Anna savait cependant dotées d'une technologie et d'une industrie qui n'avait rien à envier à sa planète natale, avaient apparemment profité de cette orientation spécifique des projecteurs pour stabiliser leurs fondations dans une Voie Lactée dénuée de la présence des Grand Maîtres.

A présent cependant que la crise donnait publiquement l'impression de se dégrader chaque jour un peu plus encore, chacun se mettait à donner son avis, discutant des causes et conséquences tout en demandant fréquemment son avis à Jackson dont la proximité avec les sphères du pouvoir était de notoriété publique. Celui-ci s'efforçait clairement de rester neutre et de ne donner aucune information ou de corriger certaines rumeurs qui circulaient apparemment sur la Terre et ses forces, l'attaque récente sur Dakara et la mobilisation chez les Jaffa.

Lorsque, après les longues discussions qui avaient suivi la fin du repas lui-même, les différents membres de l'expédition commencèrent à se lever de façon plus ou moins désordonnée, Anna sentit son souffle s'accélérer et fit tout son possible pour garder une apparence calme.

Allez, ne panique pas, Anna. Tout va bien se passer, le docteur Jackson a sûrement un plan de prévu, il a fait ce genre de coups toute sa vie et on a une Ascendante qui va nous accompagner. Détends-toi… se répétait-elle à l'envi, un sourire maintenu tant bien que mal sur les lèvres alors qu'elle se levait à son tour, imitant le reste de la tablée.

Les minutes suivantes passèrent rapidement, la scientifique se sentant détachée des courtoisies d'usage qui s'échangeaient et s'entendant répondre de façon automatique. Plus ou moins régulièrement, elle cherchait du regard la chevelure claire de l'Ascendante au milieu de la foule qui quittait le lieu du repas, qu'elle parvint finalement à trouver lorsque celle-ci se rapprocha de la scientifique.

- Docteur Stern, dit-elle d'une voix neutre et sans se soucier d'être entendue par ses voisins, le docteur Jackson m'a demandé de vous assister lors de votre travail au cours de notre séjour sur place. Si vous avez besoin de quoi que ce soit…
- Oh… Merci, lieutenant Ravenwing, répondit Anna en jouant le jeu.

Pas con, autant se donner une raison officielle d'être tout le temps ensemble.

Lentement, elle s'éloigna du groupe avant de trouver un petit empilement de caisses au bord duquel elle s'assit, tournant le dos au campement. Le ciel était dépourvu de nuages et offrait à son regard les innombrables étoiles de la galaxie, dont le nuage trouble était bien plus visible depuis cette planète que depuis la Terre.

- On doit être assez près du centre galactique, non ? demanda-t-elle à l'Ascendante dont elle sentait la présence à proximité.
- Par rapport à la Terre ? Cinq ou six mille années-lumière plus près, oui. Mais ce n'est pas le même bras de la Voie Lactée.
- Est-ce que… non, oubliez ça.
- Oublier quoi ?
- J'allais vous demander un truc stupide, c'est bon.
- Dis, dis. J'en ai entendu et fait assez pour que t'aies un peu de mal à me choquer.
- Bon, d'accord… Je voudrais juste savoir si vous pouviez prendre une photo ou deux. Avec toutes les étoiles en arrière-plan.
- C'est pas stupide. Une raison particulière, Anna ?
- C'est un beau paysage, et je suis plus une touriste qu'autre chose là-dedans, alors je me suis dit que ça serait bien d'avoir quelques souvenirs, fit-elle d'un air légèrement détaché avant de détourner le regard. Et puis…
- Et puis quoi ? demanda l'Ascendante en s'appuyant à son tour sur les caisses.
- J'ai un mauvais pressentiment.
- Du genre ?
- Que si je ne les fais pas maintenant, ces photos, je n'aurai plus l'occasion de les faire. Je ne sais pas ce qu'on va trouver là-dedans, mais c'est pas bon. Pas bon du tout. Atlantis nous envoie sur place, on se fait pourchasser par des mercenaires, vous ne pouvez pas –ou ne voulez pas, c'est la même chose– me dire ce qu'il y a ici. Je ne suis pas conne, vous savez. Pour l'instant, on s'en sort de justesse, mais ça ne va pas durer. Vous avez tous vos plans, vos intérêts, et moi, au mieux, je sers juste d'élément comique pour vous, Urth. Ca veut dire que vous allez me faire durer aussi longtemps que possible, mais je ne me fais pas trop d'illusions.
- Tu te trompes, répondit l'Ascendante d'une voix calme qui surprit Anna.
- Comment ça ?
- Les choses sont… plus compliquées que ça. Je ne sais pas exactement comment tout va se finir. J'ai une bonne idée, mais je ne sais pas exactement. Par contre, il y a une chose de sûre : tu n'es pas l'élément comique de la situation. Enfin, pas seulement.
- Je ne sais pas si c'est franchement rassurant, de votre part.
- Ca ne l'est pas, confirma-t-elle. Mais tu fais partie des plans. Tu verras le moment venu.
- Sûrement…

Sans avertissement, Urth se leva d'une brève impulsion et reprit son visage enjoué :
- Bon, on les fait, ces photos ? Et ne t'inquiète pas, j'en prendrai soin comme la prunelle de mes yeux.
- … D'accord, lâcha la scientifique dans un soupir amusé.
- Un jour, je te raconterai ce qui s'est passé la fois où le beau-frère a voulu faire une séance-photo… commenta l'Ascendante en prenant l'appareil des mains d'Anna avant de murmurer pour elle-même. Alors, retardateur…
- Qu'est-ce que vous faites ?
- Hé, je suis pas là pour prendre des photos de l'héroïne mélancolique sur fond étoilé à la veille de son noble sacrifice ! fit Urth en prenant un air sarcastique. Tu vas voir la tête que fera Danny quand tu lui montreras des photos de toi et d'une Ancienne ensemble, quand tout sera fini. Juste pour ça, crois-moi, ça vaudra le coup !

Anna leva les yeux au ciel, souriante :
- Je dois admettre…



- Lieutenant, fit Jackson en suivant l'Ascendante du regard tandis qu'elle pénétrait dans la tente à la suite Anna.
- Docteur Jackson, répondit-elle en maintenant son illusion de professionnalisme.
- Apparemment, on doit donc rentrer dans le complexe sans se faire repérer par nos amis Hébridans. Une fois sur place, nous allons… Anna ?
- Normalement, nous devrions pouvoir bénéficier de l'aide indirecte de notre… Oh et puis zut, d'Atlantis.
- … Je vois, fit Jackson en serrant brièvement les dents. Est-ce qu'il y a d'autres secrets concernant la sécurité de notre planète dont je peux parler librement ou c'est tout ?
- Docteur Jackson, il y a déjà suffisamment de monde qui nous en veut, autant ne pas nous embrouiller nous-mêmes avec du pseudo-langage codé.
- Si vous le dites, Anna… Donc ?
- Nous avons trouvé dans la journée un artefact qui devrait nous donner un accès plus complet à cette installation, mais ensuite, je n'ai pas plus d'infos. Peut-être qu'Atlantis pourra nous en donner plus, mais je n'en sais rien. Le fait est que, vu tout ce qui arrive ici et ailleurs, le plus tôt on saura ce qui nous attend sera le mieux.
- Là, on est entièrement d'accord, Anna.
- Par contre, je ne sais pas exactement comment faire pour rentrer sans nous faire repérer, admit-elle.
- Je m'en suis chargé, répondit l'archéologue. Les collègues du lieutenant ont préparé de quoi faire une diversion rapide quand ils sont allés voir l'Abri. Ce ne sera pas parfait, mais on devrait avoir une bonne occasion d'entrer à l'intérieur.
- Entendu. Merci…
- Il n'y a pas de quoi, Anna. Pour l'instant, il semble qu'on ait tous les mêmes objectifs, dit-il en laissant tomber son regard sur l'Ascendante.

Celle-ci ne pipa mot, se contentant de lui retourner son attention en silence.

- … Bon, fit-il après quelques instants. Je ne sais pas ce qui nous attend à l'intérieur, mais on devrait partir maintenant pour avoir autant de temps que possible. A moins que quelqu'un ait autre chose de prévu ?
- Heu, non, répondit faiblement la scientifique.
- Alors on y va.


Le groupe parvint sans grande difficulté à s'approcher à une dizaine de mètres de l'entrée du complexe, restant en-dehors des rares zones éclairées par les quelques lampes installées hâtivement sur le chemin menant au campement. Deux gardes, l'un humain et l'autre hébridan, surveillaient de façon détachée le chemin, ne jetant que de brefs coups d'œil en direction des alentours.

Anna, accroupie derrière des rochers de grande taille, vit l'archéologue avoir un bref rictus désapprobateur face aux deux individus avant de sortir sa radio. Il appuya de façon régulière sur l'un des boutons, l'autre main plaquant une oreillette en position d'écoute. Acquiesçant à une transmission reçue, il fit signe au reste de son groupe de se préparer, et la scientifique sentit ses muscles se tendre tandis qu'elle vérifiait des mains les renforcements improvisés qu'avaient reçues ses chaussures pour réduire le bruit de ses pas tandis qu'elle suivrait très exactement ceux de Jackson.

Soudain, un bruit de voix se fit entendre dans la direction des gardes. Tendant l'oreille, elle reconnut rapidement les deux autres membres de SG-17 qui semblaient discuter à voix haute, d'un ton qu'elle associa immédiatement à celui de personnes à la limite de l'ivresse. Elle se mordit les lèvres avant de reconnaitre le léger décalage qui caractérisait le haut-parleur d'une radio individuelle, comprenant alors la nature de la diversion. Quelques secondes plus tard, l'archéologue se leva tout en leur faisant signe de le suivre, et elle s'exécuta sans réfléchir.

Devant elle, Jackson avançait d'un pas rapide sans pour autant faire aucun bruit, tandis que les erreurs qu'elle commettait de temps à autre parvenaient à être couvertes par le dialogue provenant d'une radio égarée dans les ténèbres nocturnes. Fixant toute son attention sur son propre déplacement, elle ne tourna pas à un seul moment la tête vers les deux gardes distraits, devant reprendre consciemment son souffle à plusieurs reprises avant d'arriver à l'intérieur de l'antichambre du complexe souterrain.

S'immobilisant alors, elle fut poussée sans préavis par Jackson, qui la plaqua contre une paroi en chuchotant à son oreille :
- Ne restez pas à découvert ! S'ils nous voient, on va être dans de beaux draps…

Elle acquiesça sans un son et se remit à avancer tandis que, derrière, elle entendait les gardes appeler en direction des deux voix, n'ayant apparemment pas encore compris leur erreur. Elle était sur le point de rentrer dans le tunnel qui menait aux parties plus profondes lorsqu'une nouvelle voix se fit entendre, bien plus proche, mais tout aussi reconnaissable que celles de la radio :
- Ce n'est pas très fair-play, docteur Jackson, fit à voix basse le chef des mercenaires qui les avait attaqués et suivis depuis Hébrida. Faire des heures sup' sans prévenir personne… Enfin, ça montre que vous êtes motivés pour trouver quelque chose qui pourrait nous plaire.
- Qu'est-ce que vous voulez ? demanda l'archéologue sans humour.
- Juste faire une petite visite guidée avec vous, dit Johnson en sortant des ombres accompagné par plusieurs de ses subordonnés, tous armés. J'ai toujours aimé l'architecture des Anciens.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

- Repos, fit le major en entrant dans la salle de briefing. On a beaucoup de choses à voir, et pas beaucoup de temps.

Il s'installa au niveau du pupitre, près des contrôles des différents systèmes d'affichage holographique et conventionnel, alors que les différents pilotes du groupe aérien s'asseyaient. L'officier brancha une clé de stockage et sélectionna le premier fichier. Aussitôt, le projecteur holographique présenta une vue générale de la nébuleuse vers laquelle se dirigeait leur vaisseau :
- On a tous entendu les rumeurs, il y aurait une grosse opération qui se prépare contre nos amis jaffas. En fait, c'est un peu différent. Je viens d'être briefé avec les autres par le commandant, et voilà la situation : on va être déployés dans une manœuvre de ralentissement à l'échelle de plusieurs dizaines de systèmes, nom de code de l'opération, Etincelle du Crépuscule. Pour nous, ça veut surtout dire que tout le monde va être en alerte non-stop. Patrouille pour un groupe, alerte cinq pour le second et alerte trente pour le reste. Traduction, on va tous passer un bon bout de temps dans les cockpits pour les jours qui viennent.

Il s'arrêta quelques instants, le temps de voir la réaction des hommes et femmes devant lui apprenant la nouvelle. Satisfait de voir qu'ils avaient une bonne idée des implications pratiques, il continua :
- Stingray, Horn, Derpy et Jammer, vous serez le groupe Alpha. Je prends Bravo, avec Dash, Fel et Razor. Amazon, Hobbie, Fyreflye et Husker, vous êtes Charlie. Spirit, tu prends Delta avec Scoot, Tycho et Hot Dog. On alterne alerte et repos. J'ai envoyé un message aux mécanos, on va reconfigurer les chasseurs pour des sims, alors n'espérez pas piquer un somme pendant les alertes cinq. Qu'on soit clairs, le niveau a baissé depuis qu'on a quitté Sol, alors on va corriger ça… Retour à nos moutons, le job du Homer. Apparemment, le QG a jugé, dans son incomparable sagesse, que ça serait vachement bien d'avoir une base secrète loin de toute forme de logistique qui pourrait nous aider à la défendre. Le résultat, c'est que maintenant que les jaffas sont dans le coin, on s'attend à ce qu'ils tombent d'un jour à l'autre dessus, ce que les patrons ne veulent pas, on s'en doute. Le Concordia et son groupe vont donc faire une opération d'interdiction, tandis que le Homer va patrouiller différents endroits par lesquels on s'attend à ce que les autres utilisent pour préparer une attaque.

Au même moment, l'image zooma sur une partie de la nébuleuse, laissant apparaitre les icônes des différents navires de l'escadre, l'une d'entre elles s'en séparant pour parcourir un chemin précis entre les étoiles proches.
- Notre job va être assez simple et les ordres explicites : on doit repousser toute tentative d'incursion de la part des jaffas. On a le droit d'utiliser les armes en légitime défense, bien sûr, mais, et c'est là le truc qui va rendre les choses amusantes… les consignes sont d'éliminer tout vaisseau jaffa que l'on croise si on peut le faire sans que l'alerte soit donnée.

A nouveau, il profita de la surprise du reste de ses subordonnés, qui semblaient ne pas en croire leurs oreilles :
- Major, fit l'une des pilotes. Est-ce que ça veut dire qu'on est en guerre contre eux ?
- Non, lieutenant, répondit-il. Le préavis de guerre imminente est toujours en vigueur, mais officiellement, on reste copains. Officieusement, les patrons ne poseront pas de question si on rentre avec moins de missiles et d'obus qu'on en avait au début. Tant que les jaffas ne reçoivent pas d'appel de détresse ou de témoins en fuite. Si on doit se faire une patrouille, va falloir que ça soit très rapide et encore plus violent que d'habitude. D'où la petite série de simulations que je vais vous préparer.
- D'accord…
- Par contre, une bonne nouvelle au niveau de la Flotte. Et, non, on est pas le premier avril et je me fous pas de vous, c'est vraiment une bonne surprise. Il semblerait que le QG ne se soit pas satisfait de garder simplement une petite base secrète, mais s'est démerdé pour faire ça avec une flotte toute entière.

Il laissa les exclamations et autres expressions d'incrédulité passer avant de continuer :
- La Troisième Flotte, qui avait semble-t-il une mission tellement secrète que personne à bord n'en avait entendu parler… Enfin, la bonne nouvelle est qu'on va recevoir des renforts. Quelques croiseurs et des destroyers d'escorte. Oui, je sais, un illustre abruti s'est dit qu'on n'aurait jamais pu avoir besoin d'un capship plus petit qu'un croiseur pour faire notre job, et ils ont tous été envoyés dans cette unité. Enfin, on devrait donc recevoir un coup de main de leur part. Leurs vaisseaux vont surtout rester près de la base à défendre, mais il y en a quelques uns qui seront détachés. Alors vérifiez les IFF avant de faire les cons, et évitez de trop les emmerder. Oui, Dash, c'est toi que je regarde, je reçois encore des mails de la part des gars du Connie pour le coup du dernier exercice.

La jeune femme haussa des épaules avec un sourire narquois :
- Pas de souci, patron. Je me retiendrai.

- … Bref. On va avoir des sims pour découvrir toutes les capacités de ces vaisseaux et les utiliser au mieux, mais en attendant, on va devoir se préparer à des opérations de frappe. Principalement contre des Tel'Tak et Al'Kesh. Vu qu'on peut rester assez discret quand certaines personnes ne s'amusent pas avec les fréquences de comm', le commandant a décidé qu'on serait la première force de frappe du croiseur. Si on tombe sur du plus gros, Ha'Tak et autres trucs du genre, on fera appel aux gros canons, mais en attendant, ce sera notre boulot de démolir proprement et efficacement le reste. On a deux heures avant la première série d'exercices. Alpha fera la première patrouille, Bravo en stand-by. N'oubliez pas de passer chez le toubib pour tout ce qui est médocs, les ordres autorisent les excitants de catégorie deux.



- Et merde ! fit une voix au milieu de la salle d'état-major.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda l'un des civils en levant à peine la tête de son écran.
- Message de la part du Protée, répondit l'autre. Ils ont eu une merde dans leur hyper, deux heures de retard sur l'heure prévue d'arrivée.
- Bordel… commenta un autre civil. Comme si on avait besoin de ça. Mike, ressors-nous le planning, on a quoi comme buffer à griller ?
- Pas bon, répondit l'intéressé. J'ai quatre étapes critiques pour le bestiau dès le début, on va perdre du temps jusqu'au jour deux, mais… ouais, on devrait pouvoir garder l'ordre des manip' si on se prend pas d'autre retard pour cet engin.
- Tu règles tout ça et tu mets à jour le fichier.
- Pas de souci, patron, fit-il en se mettant au travail.
- Où est-ce qu'on en est côté plan comm' ? fit l'un des officiers en se tournant vers la table autour de laquelle s'était fait l'échange.
- On a reçu les carnets de bord du transport qui va se faire descendre, se vit-il répondre. Je suis pas sûr que ça soit parfait, mais ça rend plutôt bien.
- Montre ça, demanda son voisin.

Il s'exécuta, faisant pivoter son ordinateur pour mieux laisser voir le contenu de l'écran, que l'autre civil parcourut rapidement :
- Pas mal. C'est de la part des nerds ?
- Ouais, je t'ai envoyé la première fiche, ils bossent sur les profils de base qu'on a préparé, et il y a leurs suggestions dans l'annexe un. Je crois que ça se tient, pour l'instant.
- A peu près. Enlève juste ce paragraphe, là, et dis-leur de pas trop en faire, mais, ouais, ça devrait marcher si les gars en face passent pas une plombe à tout décortiquer, commenta le producteur avant de se tourner vers l'un des officiers du vaisseau. Pouvez me dire c'que vous en pensez ?

Le lieutenant se rapprocha à son tour et lut le texte :
- Pas mal, c'est assez pro pour passer… C'est un vétéran, le type ?
- Je crois, mécano d'aviation ou un truc comme ça.
- D'accord, gardez-le pour écrire le reste des logs, mais envoyez-les quand même au lieutenant Summervale avant de les valider.
- Pas de souci, quand est-ce que vous voulez ça ?
- Pas avant deux bonnes heures, on est déjà assez surchargés comme ça.

A quelques mètres de lui, un officier des renseignements secoua la tête d'exaspération :
- Oubliez ça, fit-il en désignant le rapport que lui présentait un autre consultant civil. Trop compliqué.
- Je sais pas, il a l'air de savoir ce qu'il raconte… se défendit son interlocuteur.
- C'est peut-être une autorité mondiale en analyse transactionnelle, mais il est jamais allé sur le terrain, votre gars. Répondez-lui de s'en tenir à des prévisions simples, on n'a rien à foutre de plans à quarante coups quand on n'a même pas de profil psy sur tous leurs commandants. C'est pas une de ses expériences avec des thésards…


Le hangar bâbord fourmillait d'activité, les chariots de transport amenant les dernières munitions à bord des chasseurs tandis qu'étaient sécurisés les différents autres équipements.

"A tout le personnel, retour en espace normal dans cinq minutes. Je répète, retour en espace normal dans cinq minutes. Préparez vous pour la transition, fit une voix dans le haut-parleur principal.

Quelques ordres supplémentaires furent aboyés par les officiers mariniers présents, mais, globalement, le rythme de travail ne changea presque pas, les appareils en alerte commençant à se déplacer en direction des catapultes.

La femme à l'avant du cockpit se frotta les yeux un instant, regardant l'agitation autour de son chasseur par l'intermédiaire du cockpit virtuel. Elle avait désactivé toutes les options tactiques tandis qu'elle était encore à bord du croiseur et avait soulevé la visière de son casque à réalité augmentée pour se reposer durant les quelques minutes restantes avant le lancement. Trouvant finalement la poussière qui la faisait loucher depuis plusieurs minutes, elle soupira un instant alors que le chasseur fut parcouru de la vibration caractéristique de l'amarrage sur la catapulte électromagnétique.

- Derpy, fit la voix de son chef de groupe, on est bientôt sur place.
- Bien compris, patron, fit-elle en comprenant la consigne tacite et rebasculant en position la visière du casque.

Aussitôt, une série d'informations vint se rajouter par-dessus le paysage que lui offraient pour l'instant les écrans du cockpit. Aussitôt qu'elle serait sortie, ceux-ci viendraient s'estomper pour être remplacés par les données de ses senseurs, seuls capables de l'aider dans l'immense majorité des scénarios auxquels elle pourrait être confrontée, mais déjà, les icônes de ses coéquipiers et une série de données sur son propre appareil s'imposaient à sa vision.

Elle attacha cependant son attention sur un compte à rebours qui indiquait le temps restant avant l'arrivée du croiseur à destination, moment où les quatre chasseurs de sa formation débuteraient leur patrouille dans ce qui s'annonçait être la guerre à laquelle tous et toutes s'étaient entrainés.

Je savais que j'aurais dû écouter ma mère et faire factrice… se dit-elle en levant les yeux au plafond.

- Check-list, dit-elle d'un ton machinal.

L'instant d'après, une liste de systèmes internes s'afficha, leur état diagnostiqué par l'ordinateur de bord auquel elle savait devoir faire confiance au vu de l'interface entièrement digitale qui la reliait à son chasseur. Les données, brutes, étaient bien moindres que celles des versions biplaces sur lesquelles elle avait pu voler de temps à autre, mais la logistique associée à ces variantes les rendait impraticables à bord de croiseurs.
- Derpy, check, annonça-t-elle dans son communicateur.
- Jammer, check, lui répondit une voix masculine.
- Horn, check.
- Stingray, bien reçu. Lancement dans trente secondes. On fait pas les cons, j'ai aucune idée de ce que les jaffas vont envoyer dans le coin.
- Pareil pour le reste de la Flotte et des Renseignements, fit la voix de Horn.
- Depuis quand ils savent quelque chose ? répondit le chef de groupe.
- Nan, patron. Je veux dire "est-ce qu'on a la moindre idée de ce qu'ils veulent nous envoyer comme renforts ?"
- J'en sais rien, lieutenant, j'ai jamais connu ça, des renforts. Bon, on se tait, mesdemoiselles, dix secondes avant lancement.

La pilote vérifia une dernière fois ses compensateurs inertiels, puis reporta son attention sur le hangar, où désormais les seuls mécaniciens présents achevaient de se mettre dans leurs positions sécurisées loin des axes de déplacement des chasseurs. La lueur bleutée caractéristique de l'hyperespace, que sa formation avait associée à des radiations Cherenkov dont elle ne connaissait guère plus que le nom, disparut soudainement pour laisser place au vide interstellaire. Sa première réaction, alors que les chasseurs devant elle se voyaient catapultés, était que ce vide devait l'être moins que ceux dans lesquels elle avait l'habitude de travailler, une imperceptible lueur colorée venant percer l'ensemble. Elle n'eut cependant pas loisir de poursuivre ses réflexions alors qu'une accélération inhumainement brutale s'empara de son appareil, neutralisée instantanément par des compensateurs inertiels qui lui sauvaient la vie à chaque seconde de ses vols.



La salle de conférence du Protée avait été réaménagée par l'installations de plusieurs dizaines de tables, autour desquelles des discussions se tenaient en une demi-douzaines de langues différentes, parmi lesquelles prédominait l'anglais. Les différents individus présents n'avaient pour seul point commun que leur absence de similitudes, âges, sexes et styles vestimentaires formant un patchwork difficilement descriptible. Tous ou presque avaient leur propre ordinateur, parfois fourni, souvent amené, sur lesquels étaient affichées aussi bien informations techniques que résultats de leur travail individuel et collectif.

Les quelques officiers et agents de renseignement assignés à la gestion du groupe disparate partageaient un même mélange d'intérêt et d'énervement face à leurs charges. Devant eux, les différents détails du scénario général, incohérences techniques ou humaines oubliées par leurs ainés, civils comme militaires, trouvaient tant bien que mal des solutions. Souvent, tel membre d'un groupe allait en voir un autre, commençant une conversation technique dans une langue pour terminer sur un tout autre sujet, parfois dans une autre langue et souvent avec bien plus de personnes qu'invitées initialement. Le tout avec une véhémence de la part de chacun ayant parfois poussé les militaires présents à séparer de force les divers camps, chaque proposition ou presque trouvant ses partisans et ses adversaires.

Cependant, les témoins de ces scènes improbables avaient été forcés de se rendre à l'évidence que, si les individus rassemblés devant eux n'avaient bien souvent, et à quelques exceptions notables, pas la moindre compétence pour organiser une campagne militaire, ils semblaient briller dans d'autres domaines. Quelques vérifications faites par curiosité sur une partie des dossiers avaient montré une quantité de diplômes qui contrastait avec l'attitude générale du groupe, tandis que les rares membres du groupe sans formation supérieure leur avaient rapidement donné l'impression d'avoir été victimes de malchance ou de leur caractère plutôt que de véritable incompétence. Les hommes et femmes qui se disputaient sur des détails obscurs de chaque décision, de chaque document à fabriquer, étaient aussi bien des professionnels de psychologie que de littérature, de police, de physique, voire, dans deux cas particuliers, des bouchers.

L'inévitable conclusion à laquelle arrivèrent rapidement les encadrants du groupe fut donc finalement celle à laquelle des générations de militaires étaient arrivés avant eux : faire confiance à leurs supérieurs et essayer d'arrondir les angles là où ils le pouvaient.

Ce qui, tout compte fait, était exactement ce que faisait la foule autour d'eux, même si celle-ci utilisait un langage et des références qui leur passaient le plus souvent par-dessus la tête.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

Cassandra n'avait pas dit un mot depuis la capture du groupe de diplomates, observant son environnement en silence tandis qu'ils avançaient dans des rues désertes. Rapidement, elle était arrivée à la conclusion que ceux qui avaient pris la décision d'arrêter les Terriens cherchaient à éviter une trop grande publicité. La jeune femme était alors prise dans un dilemme, devant décider entre continuer la mission que lui avait donné Sam ou improviser à partir de la nouvelle situation et sortir les diplomates de celle-ci.

Autour d'elle, les hommes et femmes envoyés pour participer à un effort diplomatique de dernière minute étaient pour la plupart dans un état de panique à peine contrôlée. Leur attitude confirmait à ses yeux le fait qu'une majorité d'entre eux n'avait que peu d'expérience sur le terrain, faisant regretter à Cassandra l'époque où sa famille adoptive participait aux missions diplomatiques les plus critiques.

Au moins, Jack, Sam, Teal'c et Daniel savaient se tirer de guêpiers plus critiques encore tout en menant plus ou moins leur mission à bien…

Elle fut brusquement ramenée à la réalité lorsque son regard se fixa sur une silhouette en mouvement qui s'approchait à pas rapides des jaffas encadrant leur groupe. Leur chef, reconnaissant apparemment le nouvel arrivant, fit brièvement signe aux autres de ne pas armer leurs lances avant de faire quelques pas pour le rejoindre. Cassandra les vit échanger des paroles, cependant prononcées trop loin d'elle et à une voix trop basse pour qu'elle parvienne à savoir ce qu'il se disait. Elle se concentra alors sur l'attitude des deux interlocuteurs, remarquant avec intérêt que le chef de leurs geôliers apparaissait clairement déplaisamment surpris par ce qu'il entendait. Il répliqua quelques instants plus tard et le jeune jaffa à qui il parlait se mit sur la défensive avant de répondre. Le responsable des gardes, apparemment satisfait, se retourna sans autre parole et revint vers son groupe de prisonniers, tandis que l'autre partait au pas de course.

Qu'est-ce qui se passe maintenant ? Nouveaux ordres ? se demanda-t-elle.

Quelques instants plus tard, elle eut confirmation de sa supposition lorsque le chef des gardes fit signe aux autres de changer de direction.

Tiens donc… Quelqu'un de haut placé n'est pas d'accord avec ce foutoir ? Ou alors encore autre chose ?



- Toujours rien ? demanda une dernière fois la femme aux cheveux noirs de jais en vérifiant son arme.
- Pas de contact clair. On est presque certains de les avoir localisés, mais ils ne répondent sur aucune fréquence.
- Et ça ne veut rien dire, compléta Vala automatiquement. Les jaffas ?
- Ils resserrent le filet, mais sans forcer. Je n'ai pas de détail, mais ils avancent vraiment lentement.
- Connaissant ceux qu'on a laissé là-bas, toutes les rues doivent être piégées.

Le lieutenant de la mercenaire jeta un coup d'œil supplémentaire à sa tablette graphique lorsqu'un message apparut sur celle-ci :
- Du nouveau pour les diplomates Terriens. Ils ont changé de direction.
- Où est-ce qu'ils vont ?
- On ne sait pas pour l'instant. Il n'y a pas d'objectif évident là où ils vont.
- D'accord… On reste sur le plan A. Départ dans cinq minutes, qu'on fasse sauter tout ce qui reste.
- Bien compris, acquiesça le mercenaire avant de se retirer, arme en bandoulière.

Comme au bon vieux temps… pensa Vala en engageant le chargeur dans son pistolet-mitrailleur.



- Marchera jamais, grommela Carl en sortant du bâtiment.
- Il fallait y penser avant, répondit à voix basse le jaffa qui l'accompagnait, sans un gramme de pitié.
- J'arrête pas d'y penser, merci…

Agréablement surpris lorsqu'il vit Erina capable de porter son côté du cercueil de fortune, Carl avait aussitôt pris sa part du fardeau, devant se réajuster à plusieurs reprises avant de trouver une position stable. Van'Tet marchait devant eux, devant les guider au travers du dédale de rues alors que les deux porteurs improvisés avançaient, portant des vêtements hâtivement adaptés à leur taille trouvés dans le logement du mort.

Tandis qu'il gardait le plus souvent possible la tête penchée vers le sol, le pilote ne put s'empêcher de remarquer que, tout autour d'eux, les passants semblaient porter toute leur attention au cercueil et au jaffa qui menait le mouvement. Les porteurs, eux, ne méritaient qu'un bref regard désintéressé, ce qui faisait beaucoup pour rassurer le jeune homme alors qu'il s'efforçait de synchroniser son pas avec celui de la fugitive qui lui avait permis de s'évader.

Le jaffa devant eux n'avait eu besoin que de quelques instants pour s'orienter avant de prendre une direction, l'air décidé. Carl fut silencieusement impressionné de la prouesse alors que la ville autour d'eux semblait devoir changer tous les quelques mois à peine au vu du nombre de constructions en cours qu'ils croisèrent dès les premières minutes de son parcours.


- Ils sont en mouvement, annonça l'un des subordonnés surveillant les écrans.
Ca'Teya tourna son attention vers ceux-ci, son regard passant rapidement d'un écran à l'autre, comparant brièvement les affichages :
- Premier et sixième groupe, dit-elle après un instant de réflexion. Que les prisonniers pressent le pas.

Le technicien acquiesça sans un mot et elle fixa des yeux le point à présent en déplacement du trio de fugitifs sous surveillance.



Cassandra marchait au même rythme que le reste du groupe, mais ses pensées étaient fixées sur un seul objectif, le coursier que les gardes étaient clairement en train de suivre. Celui-ci, vêtu de façon relativement semblable aux quelques civils qui avaient croisé leur chemin, restait à une bonne distance du groupe de prisonniers mais presque jamais sans les perdre de vue. Les seules fois où cela se produisait, les gardes tournaient spécifiquement dans la même direction que lui, et elle ne manquait pas de retrouver la silhouette désormais identifiée.

Il nous guide, pas de doute, pensa-t-elle. Mais pourquoi comme ça ? Pourquoi est-ce qu'on a changé de chemin, et pourquoi ils ne savent pas y aller tous seuls ?

Faisant à peine attention aux diplomates près d'elle qui échangeaient des paroles murmurées, la peur légèrement audible dans les voix, la jeune femme préférait suivre du coin de l'œil ses geôliers, constatant sans grande surprise que le changement de situation avait été tout aussi inattendu que pour elle-même.

A quelques pas d'elle, elle vit surgir dans son champ de vision le membre de la délégation qui avait apparemment pris sur lui d'empêcher toute action stupide de la part de ses collègues. Sans hésitation, elle avait reconnu dans la posture et le regard du trentenaire un agent de terrain expérimenté. Celui-ci n'avait pas été signalé dans les documents qu'elle avait reçus, mais Cassandra ne s'en offusqua pas, se doutant que sa position devait rester entièrement confidentielle. Il était en effet habillé de façon semblable aux civils et ne portait pas d'arme apparente, et elle supposait qu'il n'en portait pas tout court.

Ou plus, s'il avait choisi de s'en débarrasser plutôt que d'être surpris avec lors de sa capture.

Il jeta un regard dans sa direction, et elle comprit aussitôt qu'il avait au moins des doutes sérieux sur son identité mais fit rapidement le choix de ne rien lui confirmer, maintenant autant que possible la posture de civile effrayée qu'elle s'efforçait d'adopter depuis l'arrivée des troupes jaffa. Thourne lui avait suffisamment fait comprendre que plus une situation était critique et chaotique, moins elle pouvait se permettre de faire confiance à quelqu'un sans une excellente raison.

Et il était un tuteur qu'elle ne comptait pas décevoir.

L'homme disparut de son regard quelques instants plus tard, ayant ralenti le pas, et elle se focalisa à nouveau sur les jaffas qui encadraient, lances armées, l'ensemble de son groupe. Ils étaient moins à l'aise qu'au début, mais toujours attentifs et éminemment dangereux, elle n'en doutait pas un seul moment.



- Qu'est-ce qu'on fera, quand on aura trouvé tes contacts ? demanda à voix basse Carl après s'être assuré que la ruelle dans laquelle ils marchaient semblait vide.
- Retrouver Bra'tac.
- Merci, j'avais compris, répondit le pilote. Mais comment ? J'ai pas la moindre idée de où il est, qu'on soit clairs.
- Tu es le dernier témoin. Tes souvenirs peuvent nous donner une piste. Nous mener aux responsables.
- Euh, mes souvenirs ? Comme dans "les machins que vous mettez sur ma tempe et qui pompent tout" ?
- Les sondes mémorielles, oui.
- Désolé de te décevoir, mais je crois pas être d'accord. C'est pas parce que j'ai rien à voir avec l'enlèvement que j'ai pas quand même trempé dans des trucs un peu secrets. Je suis d'accord pour vous aider, mais pas vraiment pour vous balancer ce genre d'infos.
- Nous n'avons plus le temps pour ces scrupules…

Carl s'arrêta, provoquant des protestations de la part d'Erina lorsque celle-ci dût faire un effort pour éviter de laisser tomber le cercueil :
- Non, c'est non. Retrouver Bra'tac, c'est dans notre intérêt à tous, d'accord, mais pas vous filer ça. Si vous tentez de me brancher ce genre de machin sur la tête, on va pas rester copains très longtemps, c'est clair ?
- Tu n'as pas vraiment le choix, répliqua Van'Tet. Si tu ne peux pas te rappeler tout seul de ces informations…
- Alors toi et tes potes pourrez quand même aller vous faire foutre, répondit le pilote. Gentiment, mais quand même. Je préfère tenter ma chance tout seul, s'il le faut.
- Tu ne survivras pas une nuit alors. Nous ne voulons pas de guerre avec la Terre, ces informations seront détruites.
- Tant pis, je m'en fous. Qu'on soit clairs : j'en ai plutôt marre de me faire trahir par tous mes soi-disant alliés et là, ça commence à être la série noire, alors si tu veux que je te fasse vraiment confiance, ça ne va pas se faire du jour au lendemain juste parce que tu m'as aidé à sortir de ce trou à rat. Je vous aiderai, mais pas en trahissant tout le monde. Et n'essaie pas de me forcer, j'ai de quoi me suicider rapidement, bluffa-t-il.
- Toujours loyal malgré les trahisons…
- J'ai plus que ça. Si je vous donne ce que je sais sur nos forces, je serai exactement le genre de traitre qu'on m'accuse d'être. Et ça, non merci. Là, tu vois, tout ce que je veux, c'est trouver un moyen de rentrer au bercail, bien au chaud et de réfléchir pour voir si je balance ma putain de lettre de démission… Parce que, l'espace, c'est super, mais pas si c'est pour se faire poignarder par ses supérieurs à tout bout de champ. Si je trahis, adieu bercail, adieu appart' au chaud, et bonjour cour martiale et peloton d'exécution, Bra'tac ou pas Bra'tac. Tu me suis ?
- … Oui.
- Alors si tu veux mon aide, ça va être sans saletés, parce que je suis pas parti d'une salle d'interrogatoire pour me retrouver dans une autre.
- … Entendu, mais je compte sur ton aide.
- Tu crois que j'ai pas envie de retrouver autant que toi cette bande d'enflures ? répondit le pilote. Ils veulent me faire porter le chapeau pour une guerre qui risque juste de démolir la Terre. Si vous voulez aussi leur peau pour une autre raison, ça me va. Mais ça s'arrête là. L'ennemi de mon ennemi, hein…
- … Est l'ennemi de mon ennemi, ni plus, ni moins, compléta le jaffa. Je sais.
- Super. On continue ?

Van'Tet acquiesça en silence et reprit son chemin tandis que Carl se retourna vers Erina :
- Désolé, fit-il. On reprend à trois. Un, deux…


La mercenaire avait vérifié quelques-uns des détonateurs au hasard, et, satisfaite, avait pris place dans un véhicule léger resté jusqu'alors dans un garage souterrain. Devant elle, un plan de la ville indiquait les rares routes accessibles à l'intérieur d'un dédale de rues conçu pour des piétons et de rares voies logistiques au sein d'une société à la fois spatiale et faiblement industrialisée.

- On ne peut pas faire autrement ? demanda-t-elle en indiquant de la tête la route tracée.
- Non, répondit son lieutenant. Les autres chemins nous envoient droit sur des checkpoints placés hier et aujourd'hui. Les brouilleurs vont nous donner du temps, mais il n'y a pas beaucoup d'autres possibilités pour garder la surprise.
- Pas beaucoup… ou aucune autre ?
- Un piège ? suggéra-t-il. Possible, mais j'y crois pas, personnellement… J'ai quand même vu, il y a deux points d'embuscade possibles, j'ai mis un peu de monde là-bas pour miner et surveiller le coin, ils nous préviendront si ça chauffe et on les récupère quand on passe.
- Fiables ?
- Autant qu'on peut l'espérer, fit-il en allumant le moteur électrique.

Sans bruit, le cortège de véhicules démarra et se lança rapidement vers sa première destination tandis que sur leurs toits, des brouilleurs s'activaient, emplissant les canaux de communications de leurs propres signaux.


- Qu'est-ce que…, grommela Ca'Teya en voyant son écran se couvrir de parasites, les icônes changeant de position et d'apparence à chaque instant.
- Des contre-mesures Tau'ri, fit après quelques instants l'un de ses techniciens. Il faudra du temps pour les neutraliser.
- Trouvez la source. Est-ce que c'est certain que c'est du matériel Tau'ri ? demanda-t-elle alors.
- Oui, répondit-il. Le même que sur leurs chasseurs.
- D'accord, répondit-elle en retenant un soupir de soulagement.

Ce n'est pas le brouillage de l'attaque sur l'Arme, c'est déjà ça… Mais si ce Carl a du matériel de ce niveau, ça change beaucoup de choses, pensa-t-elle. Il avait prévu sa capture et son évasion depuis longtemps… Il se serait laissé capturer, et tout n'est qu'un piège ? Garder son sang-froid, ne juger que sur ce qui est certain, jamais sur le reste.

- Est-ce qu'on a des communications ? demanda-t-elle.
- Courte distance seulement. Leurs systèmes changent de schéma trop vite pour l'instant.
- Qu'on envoie un ordre d'alerte maximum à toute la garnison. La Porte doit être bloquée pour tous, pas d'exception.
- Nous ne pouvons pas… répliqua l'un d'entre eux.
- Dis qu'il y a un Ash'rak en ville qui veut tuer Gerak et le reste, répondit Ca'Teya sans tourner la tête. Et qu'on en finisse avec les mercenaires, je ne veux pas de prisonniers ! Où en sont les barrages ?
- Ils étaient en cours d'installation quand les communications ont été coupées.
- Les patrouilles ?
- Cinq seulement ont reçu les nouveaux ordres.

Elle grommela plusieurs jurons dans l'une des multiples langues mortes que son ancien employeur utilisait pour communiquer avec les spécialistes de son rang. Serrant les poings, elle demanda :
- Est-ce qu'on pourra les recontacter rapidement ?
- Non, lui répondit le technicien qui savait que les réponses honnêtes étaient préférables avec elle. Aucune chance, à moins de trouver le brouilleur.

Le juron fut cette fois-ci aisément compréhensible de tous.

- Contactez la flotte en orbite, qu'elle le trouve et le détruise tout de suite. Je vais sur place, dit-elle en se dirigeant vers la sortie de la pièce.



Le bâtiment vers lequel leurs geôliers semblaient les diriger était inesthétique, détonant avec l'architecture plus ancienne des constructions qui l'entouraient. Cassandra le détailla du regard, les arcades et les fenêtres exagérées lui donnant l'impression que les plans avaient été échangés d'architecte en architecte pour mieux être modifiés par les ouvriers, gardes en patrouilles et tous les habitants des quartiers à la ronde. Certains aspects étaient relativement clairs dans son esprit, comme la contrainte apparente pour les immeubles construits par les jaffas récemment libérés d'être facilement défendables, mais le résultat final ne pouvait que la faire grimacer malgré son manque d'intérêt pour l'architecture elle-même.

Lorsqu'elle entra, à la suite des autres, à l'intérieur du bâtiment lui-même, ce fut pour être accueillie par une surprise supplémentaire lorsqu'elle vit qu'il était tout simplement resté inachevé. La façade par laquelle ils étaient passés ne faisait que cacher une cour intérieure où de la végétation sauvage poussait tant bien que mal sous le rude climat de Dakara, délimitée par les rues et bâtiments voisins. En quelques instants, la jeune femme renonça à compter précisément le nombre d'issues et de chemins de fuite qu'offraient ceux-ci, par lesquels il serait aisé de se lancer dans un dédale de ruelles et d'habitations aux murs somme toute grossiers et aisés à escalader.

Les gardes, quant à eux, semblaient prendre position au niveau du périmètre, leurs prisonniers devant apparemment rester sur place, aucune consigne particulière ne leur ayant été donnée.

C'est une blague ? se demanda-t-elle. Ils veulent qu'on s'évade ou quoi ? Pourquoi est-ce qu'on s'arrêterait ici ? Peut-être un sympathisant… Quelqu'un voulant nous donner une chance, comme avec Jack et Teal'c ? Non, pas comme ça, il faudrait que tous les gardes soient dans le coup, et on est dans une ville, avec des diplomates jamais sortis de leurs bureaux… A part peut-être l'autre, mais même comme ça, non… Un piège, plus probablement. C'est trop évident, quelqu'un va tenter de s'enfuir et ils auront une raison de nous abattre. Il faut que…

Elle se retourna pour chercher du regard l'ambassadeur lorsqu'elle le vit en train d'écouter celui qu'elle avait identifié comme un agent d'un service de sécurité ou de renseignement quelconque.

Bingo, il y a pensé avant moi, acquiesça-t-elle silencieusement. Autant donner un coup de main et éviter le désastre tout de suite. De la façon la plus claire possible.

La jeune femme s'avança vers ses civils, voyant que certain d'entre eux posaient leur regard sur ce qui apparaissait comme les chemins de fuite les plus évidents. Parmi eux, son voisin du transport, qui semblait murmurer des arguments à toute vitesse auprès de ses ainés. Sans hésiter, elle se rapprocha de leur groupe :
- Il ne faut pas tenter quoi que ce soit, murmura-t-elle à l'intention du jeune diplomate comme de ses auditeurs. On n'arrivera jamais à tous s'enfuir.
- Il faut tenter notre chance, les uns après les autres, fit-il.
- Vous avez vu comme ils sont ? Quand il vont se rendre compte qu'on se tire, et ils vont le voir, ce ne sont pas des abrutis, ils vont nous abattre.
- Ils ne vont pas… commença un autre, bien plus âgé.
- Mais vous sortez d'où ? Vous n'êtes pas au courant ? Ils croient qu'on a enlevé un de leurs plus grand héros de guerre, qu'on s'apprête à les attaquer et c'est un maniaque qui a pris le pouvoir ! Gerak, celui qui n'arrête pas de vouloir nous, et je cite, ramener à notre place. Même moi, je sais ça, alors ne racontez pas de conneries !
- Est-ce que vous avez une idée de la personne à qui vous vous adressez ? fit celui qui était apparemment l'assistant du quinquagénaire, après quelques instants de surprise.
- Non, et je m'en fous, répondit-elle en maintenant délibérément son attitude agressive et prenant sans peine un air crispé. Là, le problème, c'est une bande de jaffas qui attendent la moindre excuse pour nous descendre, et j'ai pas envie de mourir ici parce que quelqu'un veut jouer au héros. De toute façon, après vous être barrés, vous allez faire quoi ? Vous infiltrer à la James Bond, avec votre costard-cravate, dans Dakara, sans savoir où aller et avec toute la planète au derrière ? Si vous êtes un de mes patrons haut-placés, autant que je sois virée quand je rentre, j'ai pas envie de me faire tuer sans raison.
- Excusez-la, fit hâtivement le jeune diplomate qui, moins d'une minute avant, plaidait la fuite. Elle est stressée.

Il la prit par l'épaule et l'éloigna du groupe, murmurant à son tour :
- Vous êtes folle ! C'est l'ancien ambassadeur à Londres, il va vous briser !
- Pas s'il nous fait tous tuer avant, répondit-elle à voix basse. J'ai raison et vous le savez…
- … Oui. Mais, on ne peut pas ne…
- Rien faire ? Si. Ecoutez, j'ai… de la famille dans une autre branche. Mon grand frère, dans une équipe SG. Croyez-moi, il n'arrête pas de me le répéter : "Petite sœur, fais pas la conne. T'es pas formée pour. S'ils t'interrogent, tu parles tout de suite. Tu parleras forcément. Mon job, c'est de te sortir de là et je le ferai." Ca et d'autres machins que je vous passe. Mais on va tous se faire tuer si on leur donne une seule bonne raison.
- … D'accord. Je vais le leur expliquer, mais… par pitié, la prochaine fois, essayez d'être, je ne sais pas, plus… diplomate.
- On voit où ça nous a mené.
- …

A te convaincre, parce que c'est toi et pas ces vieux crânes d'œuf qui allait tenter de lancer un mouvement de groupe. Allez, au suivant de ces héros à la manque.



- On passe par la ruelle, fit Van'Tet en bougeant aussi peu que possible les lèvres. Ralentissez et suivez-moi
- Qu'est-ce que… ? ne put s'empêcher de réagir Carl avant de voir ce qui avait attiré l'attention du jaffa.

A l'un des carrefours devant eux s'était arrêté un groupe de gardes, bloquant très clairement le passage et filtrant les passants. Il se rendit compte quelques instants plus tard que le flux de piétons en sens inverse avait déjà été fortement diminué et il acquiesça pour ensuite tourner la tête vers Erina, voyant de la fatigue affichée sur son visage :
- Ca va ? demanda-t-il à voix basse. On fait un arrêt ?
- Oui… Je crois que j'en aurai besoin. Désolée.
- Pas besoin de l'être, répondit-il tandis qu'ils arrivaient à l'abri entre deux bâtiments. Tu n'aurais jamais dû être mêlée à tout ça. C'est moi qui devrais l'être. Ho, Van'Tet, on s'arrête un instant.
- L'endroit n'est pas sûr, répondit le jaffa.
- Elle tiendra pas longtemps si on continue, rétorqua le pilote. Mieux vaut qu'on se pose quelques minutes ici plutôt qu'elle lâche le tout au milieu de la rue.
- … Très bien, mais faites vite. Je vais surveiller les alentours.
- Merci, fit-elle en fixant Van'Tet du regard.

Après que le jaffa leur eut tourné le dos, elle attendit quelques instants avant de se rapprocher de Carl :
- J'ai écouté, avant… Vous ne lui faites pas confiance, hein ?
- Je crois plus faire confiance à personne, précisa-t-il. Mais je pense pas que ça étonne qui que ce soit…
- Les jaffas sont pareils. Il va nous trahir.
- J'en sais rien, répondit Carl. Et puis, pour l'instant, je vois pas très bien ce qu'on peut faire sans lui. Il connait la ville et il peut me donner un coup de main à réparer ce merdier.
- J'ai habité ici, fit-elle en jetant ostensiblement un regard en direction du jaffa. Ils ne feront pas attention à un couple d'humains. On pourra atteindre la Porte et s'enfuir chez moi. Vous serez à l'abri là-bas.
- Pourquoi est-ce que tu racontes ça ?
- Vous m'avez… sauvé la vie. Je veux rembourser ma dette, c'est la coutume.
- Rembourser… comment, exactement ? demanda Carl, qui commençait à voir un schéma se former devant ses yeux.
- Ma vie est vôtre.
- Ho, doucement ! répondit-il brusquement, avec un léger air de panique dans la voix. Je vais te ramener chez toi, c'est promis, mais faut pas s'emballer, hein. On se connait à peine !
- Vous me protégez depuis le début.
- Parce que c'est de ma faute si t'es dans ce merdier. Et arrête de me vouvoyer, ça fait vraiment bizarre.
- Vous auriez pu me laisser derrière, fit-elle. Je vous ralentis.
- Là, tu racontes des conneries, Erina. T'es ici à cause de moi, donc c'est à moi de te ramener à l'abri, un point c'est tout.
- J'ai confiance en vous… Carl.
- Merci.
- … Mais pas en lui, conclut-elle en tournant brièvement la tête vers le jaffa qui revenait dans leur direction. Il n'est pas honnête.
- C'est pas vraiment le mot que j'utiliserais pour qui que ce soit, récemment…

A peine une minute plus tard, le trio avait repris sa route dans le dédale de ruelles, manœuvrant péniblement à chaque petit croisement pour faire passer leur cargaison mortuaire. Chacun des fugitifs tournait le dos à la rue qu'ils avaient quitté plus tôt, et où un véhicule venait de déposer l'instant d'avant une interrogatrice en tenue de terrain.

Celle-ci plongea son regard dans un dispositif qu'elle avait apporté avec elle de son poste de contrôle, et ne put retenir un léger sourire lorsque le système de pistage se verrouilla sur la cible proche malgré le brouillage ambiant. Si proche qu'elle n'avait que peu de doute quant aux possibilités de capture si elle donnait l'ordre adéquat aux troupes du barrage. A la place, elle sortit un petit dispositif de son armure et le rapprocha de son visage :
- Bonjour, Erina. Il est temps que je te rappelle ce dont on avait parlé, tu ne trouves pas ? Pas besoin de répondre, je ne t'entendrai pas. Mais je te vois… Tu vas faire exactement ce que je te dis si tu veux t'en sortir. Je ne te demanderai pas si tu m'as bien compris, puisque tu sais très bien ce qui va se passer sinon.

Ca'Teya se mit à parler lentement, articulant précisément ses ordres.



La mercenaire aux cheveux noirs de jais jeta un bref coup d'œil au barrage que son convoi avait forcé sans hésitation. Clairement inhabitués aux véhicules motorisés de manufacture terrienne, les jaffas en poste ne s'étaient écartés qu'au dernier moment, la plupart du temps en se jetant de côté pour éviter les bolides silencieux. Plusieurs tirs de lance partirent dans leur direction, mais bien trop tard et de bien trop loin pour avoir un effet quelconque, les systèmes de guerre électronique assurant aux mercenaires que les autres patrouilles ignorent tout du danger se rapprochant d'elles.

Elle sortit alors un communicateur personnel, synchronisé sur les systèmes de brouillage :
- On est bientôt là-bas. Reste en contact, d'accord ?
- Pas de souci, patronne, lui répondit la voix de Suessi, à l'intérieur de son vaisseau.

Quelques instants plus tard, plusieurs décharges de plasma apparurent brusquement au milieu de leur champ de vision, traversant la rue à plusieurs centaines de mètres d'eux, tandis que près des bâtiments, les passants en tous genres semblaient courir dans la direction opposée, s'éloignant de la zone de combat.
- Tu t'arrêtes juste avant, fit-elle au conducteur avant de se tourner vers l'homme assis près de celui-ci. Passe-moi le micro et prépare-toi.

L'homme s'exécuta, tendant le petit appareil électronique rattaché au reste du tableau de bord par un long câble noir pour ensuite se hisser dans un mouvement fluide au travers de l'ouverture du toit.

Vala attendit que leur véhicule se soit suffisamment rapproché, les jet de plasma et autres projectiles, tant énergétiques que physiques, s'échangeant de plus en plus violemment, filant au-dessus d'une demi-douzaine de cadavres. Enfin, elle sentit la décélération et appuya sur le bouton du micro :
- Ho, bande de ploucs, la cavalerie est arrivée, tout le monde à bord !

Concluant ses paroles, elle donna un petit coup sur le dos du mercenaire hissé dans l'ouverture, et celui-ci commença aussitôt à tirer avec la mitrailleuse vers les forces jaffa, provoquant un vacarme assourdissant pour les occupants du véhicule. En quelques instants, les tirs adverses se clairsemèrent, les projectiles supersoniques de l'arme automatique forçant les combattants ciblés à trouver la première couverture possible. Parmi eux, ceux ayant déjà eu l'expérience d'une telle arme ne s'arrêtèrent pas à leur abri initial, préférant trouver un mur aussi épais que possible plutôt que les clôtures qui semblaient satisfaire leurs voisins plus jeunes.

Dans les instants suivants, plusieurs autres mitrailleuses et autres armes légères calées dans les fenêtres des portes ouvrirent le feu à leur tour, noyant un côté de la rue dans la poussière des impacts et les flammes causées par certaines des munitions traçantes. Rapidement, les mercenaires jusqu'alors tenus en respect par la progression des jaffas sortirent de leurs propres abris, courant vers les larges véhicules dont les portes latérales avaient été ouvertes par les occupants.

- Allez, on embarque ! cria Vala tandis que plusieurs de ses subordonnés embarquaient, certains s'asseyant dans le coffre tandis que d'autres se posaient sur la plage arrière.

Lorsqu'elle se rendit compte que le flot de survivants s'était interrompu, elle se tourna vers l'un d'entre eux, criant pour couvrir le bruit infernal de l'arme automatique juste au-dessus d'elle :
- Il ne reste plus que vous ?
- Non, fit l'autre, tout aussi fort. On a été séparés quand Othar et son groupe ont fait sauter la moitié de la prison. Ils sont au nord d'ici.
- On décroche ! hurla-t-elle, donnant un nouveau coup sur la jambe du tireur alors que le véhicule accélérait.

Deux minutes à peine s'étaient écoulées entre le moment où le cortège de véhicules était arrivé et celui où ils redémarrèrent, chargés d'ex-prisonniers armés et dans divers états d'épuisement. Vala sentait l'adrénaline continuer d'agir en elle lorsqu'elle finit enfin par reposer son arme sur les genoux, vérifiant inconsciemment le chargeur tout en reportant son regard vers le plus proche des fugitifs :
- Par où est-ce qu'on doit aller ?
- Gauche au second carrefour, c'est là-bas qu'on est tombés dans l'embuscade, répondit l'autre.

Le conducteur acquiesça sans se retourner, son attention sur la route irrégulière malgré l'absence complète de passants, tous apparemment réfugiés dans les bâtiments.
- D'autres groupes séparés ?
- Non, c'est le…

"Attention !"

Le cri fut suivi d'une embardée alors que l'engin militaire évita de justesse plusieurs dards de plasma tirés depuis une fenêtre, rapidement suivi par d'autres.
- Et merde, commenta l'un des passagers, on est dans la ville la plus armée de la galaxie… ça va être chaud de se barrer. On riposte ?
- Non, fit Vala après un court instant de réflexion. On n'a pas assez de munitions, et j'ai pas envie de tuer des civils en plus de tout ce foutoir. Pas bon pour les prochains contrats.
- C'est une blague ? répondit avec incrédulité l'un des prisonniers évadés. Vous voulez encore bosser pour eux ?
- T'occupe, je sais ce que je fais. Mais rassure-toi, continua-t-elle avec un sourire en engageant un nouveau chargeur dans son arme, on va d'abord leur rappeler pourquoi on nous paie aussi cher.

Elle s'empara du micro et régla le sélecteur sur la communication avec les autres véhicules :
- On arrose à fond, tout le monde. Déployez les remorques dès qu'on est arrêtés, compris ?

Plusieurs acquiescements lui vinrent en réponse par la radio de bord, tandis que le feu venant des bâtiments était de plus en plus nourri, forçant les véhicules du convoi à manœuvrer de façon toujours plus agressive, quelques impacts résonnant bruyamment sur les parois renforcées des portières et du bloc moteur. Un autre bruit vint se faire entendre l'instant d'après, et Vala sut instinctivement ce qui venait de se produire avant même que ses yeux ne lui transmettent l'information.

Le mercenaire qui se tenait debout derrière la mitrailleuse s'effondra, le corps bloqué dans son mouvement par la faible taille de l'ouverture par laquelle il se tenait. Les embardées successives le firent s'agiter comme une poupée désarticulée, sans cependant qu'il passe à travers, ses bras restant en position.
- Merde… Dégagez-le ! fit-elle. Dès qu'on arrive, arrosez tout ce qui est pas à nous. On lésine pas, d'accord ?

Ca ne va vraiment pas être joli… ne put-elle s'empêcher de penser alors qu'elle s'accrochait à une poignée tandis que la voiture effectuait un virage particulièrement serré. Oh merde ! Merde !

Le changement de direction venait de révéler précisément dans quoi leur convoi se dirigeait : un bâtiment encerclé par ce qui devait être une ou deux compagnies d'assaut, occupant aussi bien les rues que les autres immeubles avec toute la panoplie d'armes d'infanterie dont disposait la Nation Jaffa. Elle se rendit compte qu'une bonne partie des détonations d'armes à feu venaient aussi bien des jaffas que des prisonniers, ne réalisant qu'à ce moment-là que les jaffas avaient forcément dû déployer certaines des rares armes terriennes dont ils disposaient, puisque les survivants qu'elle avait récupéré en avaient eux aussi. Plusieurs canons d'infanterie étaient positionnés sur les toits et au rez-de-chaussée des bâtiments voisins, certains semblant même pivoter dans la direction des nouveaux arrivants.
- Feu ! Feu ! cria-t-elle dans son micro alors que le cadavre du mitrailleur finissait à peine d'être dégagé.

Sans attendre de réponse, elle se hissa à son tour dans la position de tir et s'empara de la tourelle, sélectionnant d'un geste le canon secondaire de celle-ci.

Elle vit le canon anti-véhiculaire tirer en même temps que son doigt pressait la commande de tir, et la lourde explosion la priva quelques instants de son audition alors que les servants de l'arme ennemie s'évanouirent dans un nuage de débris. Sans attendre, elle pivota sur elle-même et tira une autre salve de grenades anti-personnelles sur une seconde position, alors que les rafales en provenance des autres armes de son convoi partaient vers leurs cibles.

- Près de la porte ! hurla Vala en entendant à peine sa voix. Fumigènes dès qu'on s'arrête !

Plusieurs tirs passèrent près d'elle, certains s'écrasant sur le véhicule et arrachant des fragments de métal et de plastique de sa coque. Ignorant le liquide tiède qui coulait sur sa tempe, elle bascula à nouveau sur la mitrailleuse, inondant de projectiles lourds le petit groupe de jaffas qui avait réussi à se mettre à couvert au niveau du bâtiment tenu par les évadés.

La meneuse du groupe voulut changer à nouveau de cible mais fut interrompue par le brusque virage que fit la voiture blindée, devant s'accrocher désespérément pour éviter d'être projetée complètement à l'extérieur. L'instant d'après, les petits mortiers accrochés aux quatre coins de l'habitacle crachèrent leur contenu, libérant des projectiles fumigènes tout autour d'eux.

Se laissant tomber à l'intérieur, elle constata avec satisfaction que les passagers étaient déjà en train de sortir pour déployer les remorques qui allaient devoir servir de transport de fortune pour le reste de ses hommes et femmes.

L'accalmie provoquée par l'apparition des nuages grisâtres fut de courte durée, de nombreux tirs venant percer à l'intérieur, s'abattant tout autour d'eux de façon indiscriminée, ralentissant le travail de mise en place alors que les mercenaires tentaient autant que possible de rester à couvert derrière les véhicules à l'arrêt, certains ripostant de façon tout aussi aveugle. Elle vit à travers la fumée opaque les flashs d'une mitrailleuse et s'apprêtait à lancer un avertissement lorsqu'une lourde explosion vint engloutir l'emplacement de l'arme lourde.

Imbéciles… pensa-t-elle avec une grimace avant de se lancer vers la porte d'entrée du bâtiment, ravagée par les impacts de dizaines d'armes à projectiles et à énergie.

- Qu'est-ce que vous attendez, bordel ? cria-t-elle en prenant soin de ne pas rentrer, les multiples cadavres de jaffa témoignant de ce qui attendait tout intrus.
- Patronne ? répondit une voix légèrement familière mais sur laquelle elle ne pouvait pas mettre de nom.
- A ton avis ? Dis à Othar et aux autres de rappliquer tout de suite. On se tire de ce coin pourri maintenant ! Je rentre !

Tenant ostensiblement son arme dans une posture non-agressive, elle fit un pas dans l'ouverture de la porte, puis, à la vue de tous, avança vers l'escalier bloqué par des meubles et des débris divers.
- Dégagez ces conneries ! ordonna-t-elle.

Comme si ça allait changer quoi que ce soit quand les Al'Kesh seront là. T'as merdé, Othar.

Les silhouettes se levèrent les unes après les autres, et, après quelques instants d'hésitation apparentes, se mirent à déplacer les obstacles hors du chemin. En quelques instants, une douzaine de mercenaires apparut dans son champ de vision, arrivant depuis l'étage et rejoignant le groupe bloquant l'entrée principale.

- Bordel, Othar, c'est quoi tout ça ? fit-elle en reconnaissant le visage de l'un de ses hommes expérimentés. Rester mobile, ça te dit quelque chose ?
- On a été surpris, patronne, dit-il sans s'arrêter. L'autre groupe s'est tiré, mais on était coincés. Vous nous avez sauvé la peau, là…
- On est pas encore sortis, répliqua-t-elle. Il reste du monde ailleurs ?
- Non, les autres se sont fait descendre, répondit-il.
- Le jaffa ?
- Avec l'espion Terrien. Ils ont été séparés avant qu'on se barre de la prison.
- Et merde… Tant pis. On se casse. Dès qu'on reçoit le signal, tout le monde fonce vers les voitures, compris ?

Les survivants acquiescèrent, rechargeant leurs armes ou en ramassant d'autres sur des cadavres proches tandis que Vala regardait avec inquiétude le nuage commencer à s'éclaircir.

"Prêts !" hurla une voix au milieu du brouillard artificiel.

- On y va ! fit la mercenaire en se lançant dans l'ouverture de la porte.



- Je crois qu'ils ont retrouvé notre trace, murmura Carl en laissant son regard trainer sur le cercueil contenant ses armes. C'est la cinquième patrouille dans le quartier. Pas normal…
- Oui, mais ils ne nous ont pas encore retrouvés, répondit le jaffa. Il est probable que quelqu'un ait donné notre signalement.
- Et si vos amis avaient été arrêtés ? fit Erina, la panique toujours présente dans son ton. Les autres jaffas nous trouveraient…
- Elle a pas tort, admit le pilote. S'ils se sont fait avoir, on fonce droit dans un piège. Et… Ah merde !

Il avait reconnu sans l'ombre d'un doute le bruit qui l'avait interrompu, et lut sur le visage de Van'Tet que celui-ci en était arrivé à la même conclusion. Même Erina avait tourné la tête instantanément en entendant les détonations d'armes à feu, avant d'évaluer par quelques brefs coups d'œil leur environnement immédiat.

Elle commence à prendre les réflexes, commenta-t-il favorablement et silencieusement la réaction de leur compagne d'évasion.

- Ce n'est pas pour nous, fit le jaffa. Trop loin.
- Oui, confirma Carl. Mais le reste des patrouilles va être encore plus sur le qui-vive, avec ça.
- On peut se cacher en attendant, proposa Erina.
- Plus on attend, plus ce sera risqué, contra Van'Tet sans lui prêter une trop grande attention.
- En même temps… commença le Terrien, il y a encore plus de gardes, ils ont notre signalement… Si on reste à découvert, on a toutes les chances de se faire baiser.
- Nous ne sommes plus très loin…
- On se fera descendre à vue, qu'on soit à trente secondes ou à trente jours de la planque.
- Il y a un endroit sûr dans cette direction, fit la femme à leurs côtés en indiquant la rue transverse qui lui avait été désignée.
- Quel genre d'endroit ? demanda Carl.
- Un bâtiment abandonné. Il n'y a que les enfants qui passent là-bas, je crois. Il est facile à reconnaître : il y en a un autre juste à côté qui avait été détruit pendant une bataille.
- Si on reste pas longtemps, fit le pilote, on peut faire le point et vérifier que les patrouilles ne nous ont pas trouvé.
- On ne peut pas s'éterniser, le prévint Van'Tet.
- Jamais parlé d'emménager. Juste de nous poser. Peut-être voir pour récupérer d'autres vêtements dans le coin, changer un peu nos apparences, ça fera pas de mal, surtout s'ils ont notre signalement.
- Je n'aime pas ça du tout, persista le jaffa.
- Ecoute, on a trop tiré sur la corde, vieux. Si on continue, la chance va nous lâcher, et on se fera tous descendre. Toute la ville à nos trousses, pas d'équipement, pas de soutien, pas d'info, pas de renfort ? Faut la jouer safe, sinon…
- Je maintiens ce que je dis. Là où nous allons, nous aurons tout ce qui nous manque.
- Faut y arriver. Et je vais pas tenter ça maintenant. Si tu veux continuer sans moi…



- Qu'est-ce que c'était ? cria Ca'Teya aux autres jaffas du poste.

Elle avait, comme tout le reste de la section de gardes, préparé son arme l'instant après avoir entendu les tirs.

L'un d'entre eux, relativement jeune, pensa se rendre utile en lui indiquant l'évidence du type d'arme utilisé et n'eut pour seul remerciement qu'un violent coup de coude dans le ventre destiné à lui rappeler sa place. Les explosions qui suivirent ne firent rien pour arranger la situation :
- Vous trois, avec moi, dit-elle en indiquant les jaffas les plus proche d'elle. Tous les autres, barricadez-vous et attendez les nouveaux ordres. En attendant, tirez et posez les questions ensuite.

Sans attendre de confirmation, elle s'élança en direction du piège vers lequel devaient désormais se diriger le trio de fugitifs, suivie par le même nombre de jaffas. Serrant son arme d'une main, elle activa de l'autre son communicateur, assez puissant pour contrer le brouillage sur une faible distance. Distance qui avait justifié le choix de ce poste de garde parmi tous.

Le plus proche du groupe de prisonniers terriens.


- C'est ça, ton machin abandonné ? demanda Carl en indiquant un immeuble à l'apparence légèrement plus délabrée que ses voisins.
- Oui, fit Erina.
- Et, la ruine, elle est où ? Sans vouloir faire de tourisme, hein, mais qu'on puisse essayer de s'orienter un peu.
- Juste de l'autre côté, je crois, répondit-elle.
- D'accord. Oh, et… Van'Tet ?
- Oui ?
- C'est pas que je ne comprends pas toutes ces histoires de responsabilités à prendre, mais, entre nous, le plus tôt on sera débarrassés de ce foutu cercueil, le mieux ça sera.
- Je vois… Tant que cela ne remet pas notre accord en question.
- Non, non, on va l'amener chez tes potes, pas de souci. Mais, juste, la prochaine fois, c'est toi qui le portes, d'accord ?
- …
- Hé, me fais pas cette tête. C'est juste que c'est vachement lourd, ni plus ni moins !

Après un bref coup d'œil dans les rues adjacentes pour s'assurer de l'absence de patrouilles, les trois évadés entrèrent à l'intérieur du petit immeuble, où la première action du pilote fut de déposer aussi proprement que possible sa charge. L'instant d'après, il fit craquer ses articulations, se massant les épaules :
- Bon, on se pose et on fait le point sur la situ…

Le bruit caractéristique d'un tir de lance se fit entendre, suivit l'instant d'après par celui d'un impact et de cris.
- Bordel, soupira le pilote en se tournant vers Erina. C'est ça que t'appelles un endroit à l'abri ?
- Personne ne passe ici, normalement ! se défendit-elle.
- Je ne crois pas qu'il reste encore un seul endroit sûr en ville, ajouta Van'Tet. C'est pour ça que je voulais aller directement chez mes contacts. Ils ont les moyens de nous sortir d'ici…
- D'accord, mais… commença Carl avant d'être à nouveau interrompu, cette fois par la voix amplifiée d'un jaffa.


Cassandra avait assisté sans pouvoir réagir à la scène, lorsque le chef de leurs geôliers s'était tourné en direction de l'un des petits groupes pour tirer près des prisonniers. La décharge de plasma avait terminé sa course sur l'un des murs voisins, projetant des éclats dans toutes les directions et arrachant un cri à un homme probablement touché par ceux-ci. Il n'y avait pas eu d'avertissement, pas de raison qu'elle eut pu déterminer, juste une décharge de plasma, suivie d'une cacophonie de cris en tous genres. Avant que qui que ce soit n'ait cependant eu l'occasion de faire ou dire quelque chose précipitant le désastre en un massacre complet, le jaffa prit la parole, la voix apparemment amplifiée par son armure :
- Je tuerai le prochain qui parlera, prisonniers Tau'ri. Il n'y aura pas d'autre avertissement. Nous avons été appelés en renforts pour mater les évadés. Les autres gardes vont arriver rapidement pour vous amener à la prison. Ils savent combien vous êtes exactement. Si un seul d'entre vous manque, tous les autres seront tués.

Sans un seul autre mot, il se retourna et fit signe aux autres jaffas de le suivre.

Qu'est-ce que c'est que ce foutoir ? pensa Cassandra. Ils nous laissent sans surveillance, maintenant ? Ou alors ils cherchent à nous provoquer pour pouvoir tous nous exécuter et envoyer un message à la Terre ? Ou bien c'est vraiment un sympathisant qui essaie de nous donner une chance tout en couvrant ses arrières ? C'est de plus en plus foireux !



- C'est juste moi, ou ce gars a parlé de prisonniers Tau'ri ? demanda Carl en regardant ses deux compagnons d'infortune.

Les voyant acquiescer, il poursuivit :
- "Tau'ri" comme dans "Terriens", qui vient de la Terre ?
- Oui, fit Van'Tet.
- D'accord. Alors, ça, c'est vraiment pas normal. Merde, maintenant que j'y pense, ça pourrait être…
- Ceux qui t'ont trahi ? compléta le jaffa.
- Ouais. Reste à savoir pourquoi ils sont restés aussi longtemps ici au lieu de se tirer avec Bra'tac après l'avoir choppé.
- C'est trop risqué, répondit-il. Il faut partir tout de suite… On aurait jamais dû venir ici pour commencer.
- Je crois que je commence à être d'accord… concéda le pilote. Mais avant ça, je vais quand même jeter un coup d'œil. Si c'est bien eux, ça serait quand même vachement bien de le savoir de façon sûre, tu trouves pas ?
- Oui. L'information serait capitale.
- Il faut juste trouver une fenêtre, et on sera fixés.
- Fais vite, se vit-il répondre. On doit partir dès que possible.
- T'inquiète, j'ai vraiment pas envie de m'attarder dans le coin. Mais avec ce genre d'info, au moins, je serai sûr que vous aurez pas envie de me coller vos machins mémoriels dans le crâne.

Aussi silencieusement que possible, le pilote monta les marches d'un escalier recouvert par la poussière omniprésente et avança le long d'un couloir jusqu'à trouver une pièce éclairée par la lumière du jour et correctement orientée. La tête baissée, il avança et s'efforça de ne pas se rendre visible pour quiconque observant le flanc du bâtiment depuis les ruines. Arrivé près de la fenêtre, il jeta un premier et très bref coup d'œil pour s'assurer que les gardes étaient bien partis. L'instant d'après, il observa plus longuement toute la situation.

La scène à moitié parcourue du regard, il se figea, inspirant bruyamment avant de se plaquer à nouveau dos au mur.

Qu'est-ce que… C'est pas possible !

Le jeune homme regarda une fois de plus par l'ouverture et eut confirmation de ce qu'il craignait. Aussitôt, il redescendit vers les deux autres évadés.
- Alors ? demanda le jaffa.
- On va sur place.
- Quoi ? s'étrangla Van'Tet, se retenant visiblement de crier.
- Pas de discussion. Il y a quelqu'un que je connais là-bas. Pas question que je la laisse se faire descendre.
- Tu es certain de l'avoir reconnue ?
- On n'oublie pas la fille qui vous a donné la Lune.
Effet Papillon :
Un avenir possible, moins sûr et plus complexe pour des galaxies porteuses d'un mélange explosif : vide de pouvoir, héritages vivants et ambitions multiples.
Tomes I et II terminés, Tome III en cours

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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

Note de l'auteur : ceci est le dernier post du chapitre 08. Si le lien vous a mené ici, remontez, il y a trois autres posts pour ce chapitre qui vous attendent plus haut !


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- Et comment est-ce que vous voulez que Hagalaz nous… prenne au sérieux, comme vous dites… madame ? fit Campbell.
- En lui montrant que vous êtes serez un véritable danger pour ses plans si elle refuse de vous considérer.
- Sans vouloir être pessimiste, répliqua-t-il, ça risque d'être difficile. Elle a une galaxie qui lui obéit au doigt et à l'œil et les seuls vaisseaux qui peuvent faire quoi que ce soit aux siens vous appartiennent à vous, pas à nous.
- Vous devrez donc attaquer aux endroits les plus critiques pour avoir un effet. Je pensais que vous n'ignoreriez pas une base aussi fondamentale de la stratégie.
- Non, intervint Shanti, mais on n'a pas vraiment la moindre information sur ces "endroits critiques", comme vous le dites.
- J'ai ces informations, lieutenant Bhosle. Du moins pour un objectif auquel Hagalaz va tenir tout particulièrement, la connaissant. Un vaisseau, pour être précis.
- Avec tout le respect que je vous dois, madame, intervint Campbell, j'ai du mal à voir comment détruire un seul vaisseau va lui faire du mal. Parce que… elle a quand même toute une galaxie derrière elle, alors quelque soit le bestiau qu'on lui détruise, elle pourra le remplacer en mille exemplaires plus vite que tout ce qu'on pourra leur faire.
- Sauf si elle ne sait pas le construire, lieutenant Campbell.
- Elle ne sait pas construire un vaisseau qu'elle a en sa possession ?
- C'est très exactement ce que je viens de dire, confirma-t-elle.
- On parle d'une I.A. conçue par une civilisation sans équivalent technologique dans l'univers connu –la vôtre– avec les moyens d'une galaxie pour faire du retro-engineering et une bonne dizaine de milliers d'années devant elle… et vous dites qu'elle n'a pas pu le démonter atome par atome ?
- C'est exact, lieutenant.
- Je ne veux pas remettre en cause ce que vous dites, madame, mais vu que, si j'ai bien compris, tout le plan qui vise à éviter que la Voie Lactée se fasse balayer dépend de ce vaisseau… enfin, de sa destruction, est-ce que vous pourriez nous expliquer en quoi précisément elle ne peut pas le reproduire ? Pourquoi est-ce qu'il est unique ?
- Elle pourrait y arriver, en théorie, mais les blocages dans sa programmation rendent ça impossible. Atlantis non plus, d'ailleurs, ne pourrait pas faire quoi que ce soit avec ce vaisseau.
- … D'accord, fit Shanti. C'est l'arme secrète… inutile… dont vous parliez avant, c'est ça ? C'est avec lui que vous êtes arrivée dans cette galaxie ?
- Exactement, lieutenant Bhosle. Les mêmes ordres prioritaires qui l'ont poussée à me maintenir en vie l'empêchent aussi de mener toute action qui remettrait en cause le secret de ma mission.
- Et elle ne pourrait pas essayer… je ne sais pas, de contourner ces ordres, un peu comme Atlantis ? Elle pourrait demander à ses subordonnés de bosser sur ce vaisseau et de comprendre comment il fonctionne pour en faire des copies si vraiment il lui plait tant que ça.
- Non. Sans une autorisation ouverte et sans équivoque d'une autorité reconnue, elle doit maintenir le secret. Mon emprisonnement et la mise à l'écart du vaisseau constituent tout ce qu'elle a pu réussir en termes de contournement des ordres. Une des choses qu'elle espérait était de me voir lui donner la permission d'utiliser elle-même cet appareil pour sa campagne.
- Pourquoi est-ce qu'elle le veut tant que ça, ce vaisseau ? Qu'est-ce qu'il a de particulier ?
- Entre autres, il est conçu depuis le début pour servir de poste de commandement stratégique à une I.A., et il a toutes les infrastructures pour en abriter une de façon entièrement autonome.
- Comme une Cité, en gros ? demanda le pilote.
- Grossièrement, oui. Avec une mobilité, une furtivité et une survivabilité infiniment supérieures, en revanche. Et aussi un coût exorbitant pour ce qu'il représente. Il ne constituerait pas un avantage décisif dans une guerre, pas aux échelles que nous envisageons, mais mobilise des ressources importantes.
- Par contre, continua Shanti, pour une I.A. parano, c'est un cadeau tombé du ciel.
- Oui.
- Et donc, on va le détruire ? Pas le capturer ?
- Non, lieutenant. Nous n'avons pas besoin de cet appareil alors que Hagalaz y attache une importance disproportionnée. Le détruire ne présente que des avantages pour nous, et montrerait clairement à notre adversaire que vous êtes en mesure de la frapper à des endroits particulièrement douloureux.
- D'accord… et vous savez où il est ? demanda Campbell.
- Non. Il va falloir le trouver.
- …

Le pilote rompit en premier le silence :
- Le trouver ? Dans une galaxie qu'on ne connait absolument pas ?
- Oui.
- Sauf votre respect, madame, je vois comme un problème…
- Il n'y a pas d'humains sous ses ordres à espionner, rajouta Shanti, elle surveille toutes les Portes, on ne sait presque rien des sociétés qu'elle gère, on n'a pas d'infrastructure. Il faudrait des mois pour faire quoi que ce soit. Au moins, sûrement des années, en fait. Et on n'a pas ces années, hein ?
- A vous de me le dire, lieutenant Bhosle.
- Non. Enfin… je ne sais pas. Elle sait pour Atlantis, pour la Terre, presque tout ce qu'il y a à savoir, elle peut nous anéantir quand elle veut.
- Oui, mais le fera-t-elle ?
- Je ne sais pas…
- Moi non plus, lieutenant, moi non plus. Voulez-vous risquer votre planète pour ces quelques mois, ou est-ce que vous vous sentez capable de risquer bien plus pour en finir rapidement ?
- …

La jeune femme détourna un instant le regard avant de le ramener vers l'Ancienne :
- De quoi est-ce que vous parlez exactement ?
- Vous n'avez pas répondu à ma question, lieutenant.
- C'est pour ça qu'on est là, non ? répondit-elle. Pour ça qu'Atlantis nous a récupérés, qu'on a été amenés ici, pour faire ce travail et protéger ce qui peut encore l'être.
- Naïvement dit, mais, oui. Donc ?
- Est-ce que trouver et détruire ce vaisseau nous aiderait vraiment à empêcher Hagalaz de continuer son attaque ?
- Probablement, lieutenant. A moins que vous trouviez un autre moyen pour la forcer à vous écouter, à vous considérer autrement que comme un obstacle mais comme un allié ou un ennemi potentiel. Je répète, donc : il existe une possibilité pour obtenir ces informations plus rapidement, mais elle présente des risques importants. Qu'en dites-vous ?
- Que, madame, c'est à vous de prendre cette décision. Vous avez tenu à ce qu'on vous reconnaisse comme notre supérieure hiérarchique, alors ne nous demandez pas de faire ce type de choix.
- La réponse se tient, lieutenant, mais je ne l'accepterai pas. Pour la simple raison que je suis en train de vous former tous les deux au rôle que vous allez devoir jouer jusqu'à la destruction complète des Ori ou de la Voie Lactée. Ce rôle implique d'assumer des décisions, lieutenant, et puisque vous n'avez pas de subordonnés, je suis obligée d'agir de cette façon. Pour faire simple, si je compte laisser le sort de la Voie Lactée entre vos mains, autant commencer tout de suite quand je peux encore essayer de rattraper vos erreurs. Donc, lieutenant… votre décision ?
- Oui, on est prêts à risquer plus si ça nous permet de mettre la Terre et le reste de la Voie Lactée à l'abri.
- Très bien, lieutenant. J'espère pour vous que vous ne changerez pas d'avis avant la fin.
- Je n'ai pas le choix.
- Si, vous l'avez. Même quand vous avez l'impression de ne pas l'avoir, vous l'avez. C'est l'une des constantes du travail que vous allez devoir faire si vous vous en sortez ici… Très bien. Si vous voulez obtenir des informations importantes rapidement, ça ne sera pas gratuit. Vous allez devoir donner quelque chose en échange à Hagalaz.
- Qu'est-ce qu'elle peut bien vouloir ? fit Shanti en haussant des épaules.
- Réfléchissez un instant avant de répondre, lieutenant Bhosle, la reprit Tsippora.
- … Vous, répondit le pilote dans un murmure.
- Exactement, acquiesça à son tour l'Ancienne. Comment comptez-vous utiliser cette information pour obtenir celle que vous voulez ?
- Vous voulez lui tendre un piège ? demanda Campbell.
- Avec un unique vaisseau sans équipage contre une galaxie entière sur le pied de guerre ? Je crois que vous surestimez vos capacités, lieutenant.
- Si c'est pas un piège, ce sera alors pour voir ce qu'elle va faire de vous, reprit-il. Mais comment est-ce qu'on peut être sûrs qu'elle vous amènera au vaisseau dont vous parlez ? Parce que, sauf votre respect, votre idée va surtout avoir pour résultat d'attirer l'attention sur vous. Qui avez un contrôle absolu sur Atlantis, qui elle-même nous maintient en état, si j'ai bien suivi toute l'affaire. Donc, au final, ce serait mettre tous nos œufs dans le même panier et envoyer gentiment le panier à quelqu'un qui a tout intérêt à les écraser.
- J'admire votre talent pour la métaphore, lieutenant, répondit Tsippora, mais cette image, certes amusante, est incomplète. Vous oubliez que pour rentrer sur le territoire de Hagalaz –et par "territoire", j'entends toutes les zones habitées et productives– il faut passer outre une grille de détection au minimum égale à celle d'Atlantis… pendant la guerre. Si notre appareil a pu réussir à passer inaperçu jusqu'à présent, il ne réussirait pas cet exploit face à une cible militaire ou stratégique. Hagalaz doit donc nous ouvrir le chemin.
- Pour l'instant, on parle juste de vous embarquée par ses forces. Comment est-ce qu'on pourrait vous suivre pour attaquer, vu ce que vous dites ?
- Le Bellérophon, dit Shanti.
- Quoi ? lui demanda le pilote.
- Quand il a été détruit, on était juste à côté du vaisseau ennemi, dans un Jumper…
- … Et on a été embarqué avec dans la foulée. On recommencerait ce coup ?
- J'en ai l'impression.
- Mais c'est pas un peu horriblement risqué ? Ce système de saut qu'utilisent les vaisseaux qui bossent pour Hagalaz, j'ai pas l'impression que ce soit une technologie Ancienne connue, donc on n'a pas la moindre idée de ce qui s'est passé !
- Vingt-quatre pourcent des Jumpers ayant servi de test ont effectivement été détruits ou ont disparu, intervint la voix d'Atlantis.
- Voilà, fit Campbell, c'est ce que je… Attendez un instant, vous avez fait des tests ?
- Bien sûr, lieutenant, répondit la voix de l'I.A. Votre expérience a constitué un phénomène nouveau, aux possibilités tactiques et scientifiques considérables, il est donc logique de vouloir en tester les conditions de reproductibilités afin de mieux en cerner les caractéristiques. Procédure standard.
- Evidemment… Et vous avez des résultats ?
- En effet, lieutenant. J'ai pu isoler avec confiance les paramètres influant sur la réussite de l'opération dont vous parliez et devrais assurer son succès.
- Donc, oui, on peut refaire l'accident qu'on a eu à ce moment-là, en gros ?
- Oui.
- Et est-ce qu'on sait au moins où ils voudraient vous emmener ? demanda Shanti en reportant son attention sur Tsippora.
- A un endroit où je pourrai contacter Hagalaz directement, et c'est ce qui importe.
- Je croyais que vous parliez de la frapper, s'étonna Shanti. Détruire son vaisseau, ce n'est pas la même chose que le contacter directement.
- Elle dispose d'une galaxie entière, lieutenant Bhosle, une attaque ne suffira pas en elle-même. Comme je vous l'ai dit, son but sera de faire qu'elle soit prête à vous considérer comme un élément à part entière. Mais en parallèle, il faudra négocier, donc avoir un canal de communication direct avec elle est critique.
- Négocier quoi exactement ? demanda-t-elle.
- Notre alliance avec elle.
- Et vous ne pensez pas qu'elle va vous prendre en otage pour forcer Atlantis à lui obéir ?
- Elle ne me nuira pas directement, et vous le savez.
- Peut-être, reprit Campbell, mais elle peut vous enfermer, vous mettre à l'écart. Et cette fois, avec toute une flotte et je ne sais pas combien de gardes pour nous empêcher de vous tirer de là.
- Elle aura beaucoup de mal à le faire, croyez-moi. En fait, elle préférerait réduire autant que possible mes interactions avec ses propres forces.
- Comment ça ?
- Un des outils qu'elle a utilisé depuis le début pour affermir sa position, pour rendre légitime son contrôle stratégique de cette galaxie, c'est principalement… nous. Le souvenir de notre espèce, pour être plus précise. Elle s'est initialement affirmée comme étant une de nos créations, et a présenté ce qu'elle faisait comme le prolongement du travail de ceux et celles qui ont préservé les différentes espèces actuelles de la destruction par la Peste des Ori. Nous avons parlé longtemps, elle et moi. Très longtemps. Et je suis certain qu'elle croit à ce qu'elle dit… Du moins en partie.
- Je vois où vous voulez en venir, commença Shanti. Vous êtes vous-même une Ancienne, et elle n'apprécierait sûrement pas que vous vous mettiez à discuter avec ses subordonnés, hein ?
- Effectivement, mon point de vue pourrait remettre en cause sa légitimité… et tout le soutien qu'ils lui offrent.
- Alors pourquoi est-ce qu'on ne va pas tout de suite faire ça ? demanda-t-elle. Une guerre civile, ça nous donnerait beaucoup de temps pour agir, ça pourrait même mettre fin à tout ce qui arrive.
- Ce n'est qu'une solution de dernier recours, lieutenant Bhosle. Autant que possible, et à titre général, évitez de détruire le leadership d'une nation ennemie quand vous n'avez pas les moyens d'en exterminer toute la population sans risque pour vous.
- Exterminer, rien de moins ? fit le pilote.
- Oui, acquiesça l'Ancienne. Exterminer. Parce que tout ce que vous risquez de faire, c'est de tuer les personnes qui auraient pu se rendre. Ou convaincre les survivants de votre attaque qu'aucune négociation n'est possible. Supposons que nous libérions cette information… Soit Hagalaz tombe et nous nous retrouvons avec une galaxie décentralisée, qui verra d'un très mauvais œil toute aventure hors de ses frontières. Lui parler des Ori pour la motiver à nous aider lui rappellera juste une série de génocides que leurs propres civilisations auront commis sans raison valable, suivis d'une guerre civile désastreuse. Ou alors Hagalaz survit, et nous auront créé une ennemie qui aura une rancune directe et personnelle, renforcée dans sa position. La Voie Lactée n'y survivrait pas un an, l'extermination de ses habitants reprenant de façon accélérée et prioritaire.
- … Oh.
- Je vois que vous comprenez notre situation. Et, croyez-moi, Hagalaz sait parfaitement ce qu'il en est aussi, de son côté.
- Mais si vous vous laissez capturer, demanda la jeune femme, elle va quand même vous isoler, non ? Et si elle se débrouille un tant soit peu correctement, on n'arrivera pas à vous recontacter. Comment l'en empêcher, ou au moins la retarder le temps qu'on puisse arriver et commencer les négociations dont vous parliez ?
- Vous avez déjà les moyens pour ça, lieutenant Bhosle. Réfléchissez.
- Atlantis pourrait envoyer un message à toute la galaxie si vous rompez le contact trop longtemps ?
- Cela pourrait fonctionner, mais ce n'est pas suffisamment fiable, ne serait-ce que parce que Hagalaz pourrait réussir à bloquer entièrement la transmission : je ne sais pas ce qu'elle a mis en place comme systèmes de communication et de brouillage. Réfléchissez autrement, lieutenant. Utilisez ce que votre ennemi vous offre.
- Comment est-ce que vous pourriez leur expliquer ce qui s'est passé ? se mit-elle à réfléchir à haute voix. Comment est-ce que vous pourriez leur raconter… votre… histoire. Oh merde.
- Vous avez compris tous les deux, approuva-t-elle en voyant leurs regards.
- Les forêts, dirent-ils simultanément.
- Exactement.
- Si on peut envoyer le message à beaucoup de forêts prises au hasard dans la galaxie, elle ne pourra jamais arrêter le message à temps avant qu'il soit transmis à tout le monde, continua la jeune femme en poursuivant son raisonnement. Enfin, pas sans couper tout leur réseau.
- Dans le meilleur des cas, la reprit Campbell, elle perd un réseau d'espionnage de la taille d'une galaxie. Dans le pire des cas, elle se prend la guerre civile du siècle. Joli.
- D'accord, fit Shanti, mais le vaisseau ne sera pas forcément là où vous allez être amenée.
- Probablement pas, en effet. Mais il sera là d'où va émettre Hagalaz. Si elle veut pouvoir en prendre possession rapidement, elle aura très probablement mis ses systèmes centraux au même endroit. Vous allez donc me suivre sans vous faire repérer, puis je me servirai de notre monnaie d'échange pour exiger une communication directe avec elle. Là, vous retrouverez l'origine de ses transmissions, vous irez sur place et détruirez le vaisseau. C'est tout.
- Pardon ? s'étrangla le pilote. C'est ça le briefing, sans rien de plus ?
- Que nous soyons clairs, lieutenant Campbell. C'est votre compétence que Hagalaz va juger à travers cette opération, pas la mienne. Si vous êtes capables d'obtenir les informations et de les utiliser correctement pour blesser gravement votre ennemi, alors elle vous considérera. Sinon, vous ne serez rien à ses yeux. Si je vous tiens la main dans cette opération, Hagalaz s'en rendra compte dans la foulée et me considérera comme sa véritable interlocutrice, pas vous. En outre, elle devra considérer quelque chose de très important si vous réussissez votre opération : vous auriez pu décider de choisir de frapper son propre cerveau et la mutiler voire la tuer, et vous ne l'aurez pas fait. Les négociations deviendront une option de plus en plus intéressante à ses yeux, ni plus, ni moins.
- Ca ne change rien au fait que c'est horriblement risqué, persista Shanti. Nous ne sommes que deux, nous ne connaissons pas assez ses infrastructures, son organisation… Ce genre d'opération… c'est plus du suicide qu'autre chose !
- Je vous ai clairement dit que ce plan serait très risqué, lieutenant, ou est-ce que vous ne m'avez pas écouté ? Bien sûr que ce n'est pas prudent de faire ça sans préparatifs. Mais il faudrait quelques mois au moins, comme vous l'avez dit, pour trouver les informations dont vous auriez besoin pour faire une attaque propre et efficace. Est-ce que vous pensez que votre planète survivra ces quelques mois ? Et c'est une vraie question, lieutenant, ne faites pas d'erreur là-dessus. Je ne connais pas la réponse, et, pour être honnête, elle ne m'intéresse que de façon très limitée. Votre civilisation a un potentiel intéressant, bien sûr, mais elle n'est pas irremplaçable et les forces de Hagalaz agissent déjà avec une efficacité impressionnante. Donc, de mon point de vue, votre échec ne change pas grand-chose : Hagalaz attaquera les Ori lorsqu'elle se considérera prête, et je lui donne de bonnes chances de réussite.
- Au prix de dizaines de génocides, répliqua la jeune femme.
- Ecoutez, lieutenant, des génocides, j'en ai vu. Qu'est-ce que vous croyez que les Wraiths faisaient, pendant la guerre ? Qu'ils prenaient soin de leurs ressources comme de bons petits cultivateurs faisant attention de ne pas trop les ponctionner ? Ils avaient une guerre à mener, des troupes à nourrir, des vaisseaux à développer, et suffisamment de civilisations autochtones pour ne pas avoir à se poser de questions.

Shanti allait répondre lorsqu'un sentiment familier interrompit ses pensées, la poussant à se tourner vers son coéquipier, qui était l'origine du malaise partagé par leur système de communication inconscient.



Les vaisseaux-ruches s'approchaient inéluctablement de l'orbite planétaire, leurs escorteurs de tailles variées grouillant autour d'eux dans une danse aléatoire fascinante. Il avait entendu des commentaires de scientifiques au cours de plusieurs briefings, où ces déplacements de groupe étaient décrits comme autant de prodiges mathématiques, chaque vaisseau changeant de position suivant des algorithmes toujours plus complexes et imprévisibles. La simple observation de ces mouvements avait apparemment ouvert de nouvelles branches des probabilités, démontrant la faisabilité de certaines hypothèses jusqu'alors considérées comme absurdes.

Les positions étaient aléatoires, ne suivant pas de loi discernable mais en gardant comme constante une protection efficace à tout moment, que seuls certains individus doués de prescience parvenaient à anticiper pour frapper les vaisseaux se cachant derrière ces boucliers vivants. La force brute parvenait toujours à vaincre ces schémas de protection, mais avec une efficacité bien moindre que ce qu'aurait dû permettre le différentiel technologique entre les deux belligérants.

Une perte d'efficacité qui condamnait une nouvelle planète. Les indigènes avaient cru un moment que les batteries défensives installées par ce peuple noble et hautement avancé pourraient repousser le fléau qui ravageait toute leur galaxie. Ils avaient mis eux aussi la main à l'ouvrage, construisant avec des technologies risibles des embryons de défense orbitale qui prêtaient plus à sourire qu'à autre chose, mais témoignant d'une volonté de ne pas rester passifs face à ce qui allait inévitablement arriver.

Membre de la très légère garnison qui protégeait et entretenait les installations défensives, Gwydion n'avait pu s'empêcher de ressentir une fierté partagée en voyant les immenses canons, massifs et si peu efficaces, qu'entouraient des roquettes de portée orbitale. Ces armes ne serviraient probablement à rien, mais cette civilisation n'en était pas moins déterminée à faire tout ce qui était dans ses moyens, ce qui était probablement plus que la sienne, qui commençait à peine à prendre au sérieux cette guerre.

A présent que les vaisseaux descendaient, les canons n'étaient plus qu'autant d'amas de ruines et de métal fondu tandis que quelques-unes des roquettes avaient pu quitter leur pas de tir avant d'être anéanties par un unique tir adverse, en même temps que toute la base militaire pour laquelle ses supérieurs avaient refusé de fournir un champ de protection. Plusieurs de ces fusées avaient détoné au milieu de l'écran défensif, formant des brèches fugaces au milieu de la nuée de chasseurs. Autant de failles dans la défense que des drones auraient pu exploiter adroitement pour détruire un voire plusieurs vaisseaux-ruches si jamais leurs tirs avaient été coordonnés.

A présent, cependant, il était trop tard, la faible quantité de drones n'ayant permis de détruire que des unités légères ennemies et à peine une ruche avant que les tirs de la base où il était stationné ne deviennent trop clairsemés pour changer quoi que ce soit. Leurs boucliers étaient pilonnés par un barrage constant qui les forcerait à évacuer tôt ou tard, à bord de vaisseaux camouflés, et laissant derrière eux l'ensemble de cette planète à la merci –inexistante– de leurs ennemis.

Déjà, les croiseurs se séparaient de leurs ruches, se ruant vers les multiples agglomérations de ce monde pour commencer une récolte qui laisserait des villes-fantômes, dont tous les habitants auraient été enlevés et serviraient de nourriture pour une flotte chaque jour plus massive.

Du moins, c'est ce qui se serait passé sur d'autres planètes. Lui, ayant pris le temps d'apprendre les mœurs de ces autochtones vus avec dédain par ses supérieurs, savait parfaitement ce qui allait se produire, et ne put se résoudre à fermer les yeux ou à détourner le regard sur ce qu'il savait être imminent. Au contraire, il prit ses jumelles, et, ignorant le spectacle des projectiles énergétiques s'écrasant sur le bouclier de l'avant-poste, chercha un motif récurrent sur les toits de nombreux immeubles.

Il ne lui fallut que quelques secondes pour trouver ce qu'il cherchait, et s'attarda sur l'un des groupes, constitué d'une demi-douzaine d'individus. Ils avaient déployé un petit canon de calibre insignifiant, présentant si peu de danger que les croiseurs dans la stratosphère ne prirent même pas la peine de remarquer, et sortaient des projectiles grisâtres recouverts de bandes jaunes et noires.

Zoomant avec son instrument de surveillance, il fut comme aux côtés de ceux qu'il surveillait, et s'attarda sur leurs visages. Ils étaient très différents de lui, tant la forme que l'esprit, mais, pour ce qui était son premier déploiement, Gwydion avait fait l'effort d'en apprendre autant que possible sur eux, apprenant à reconnaitre leur langage corporel et les signes non-verbaux accompagnant leur langage. Il reconnut alors un mélange de désespoir et de colère qui se neutralisaient dans une efficacité toute mécanique, chacun effectuant avec rigueur et sans action inutile les gestes pour lesquels ils avaient été entrainés. Lorsqu'ils furent prêts, ils se mirent à attendre, tous regardant un appareil de communication primitif qu'ils avaient apportés. Il ne put alors s'empêcher de lire sur leurs lèvres les mots que tous prononcèrent en même temps, répétant probablement ce qui était transmis par leur appareil. Il aurait pu vérifier, brancher son communicateur sur la fréquence utilisée par ces forces, mais préféra n'en rien faire.

Finalement, les paroles cessèrent et le chef du groupe se rapprocha du petit canon, se penchant sur un interrupteur. D'un geste, que Gwydion savait imité simultanément sur le reste des toits et le reste des villes, il fit feu, et le soldat, protégé par le bouclier de sa base, repassa brièvement en champ large, ses jumelles englobant la ville.

Les obus montèrent lentement avant de plonger à nouveau vers la cité, au-dessus de laquelle ils explosèrent sans spectacle. En quelques secondes, il reconnut la couleur rosâtre du neurotoxique qui venait d'être déployé, et que nombre de ses camarades de garnison avaient considéré avec un mélange de mépris et d'horreur pour une arme assurément barbare. Lui, s'était renseigné sur ce gaz. Un gaz qui tuait rapidement et sans douleur, s'infiltrant partout et polluant les terres pour des décennies.

Une arme qui, depuis le début, n'avait aucune utilité pour une guerre qu'ils auraient pu mener contre un ennemi conventionnel, mais qui leur avait permis d'arracher un bien meilleur résultat que ce que les drones et les canons à énergie du petit avant-poste avaient pu faire de leur côté.

Cette moisson ne nourrirait aucun Wraith.



Instinctivement, Shanti rattrapa son coéquipier au moment où il chancela, son propre esprit recevant quelques instants plus tard le brutal afflux d'émotions.
- Excellent choix, Atlantis, commenta Tsippora avant de reporter son attention sur les deux autres passagers du vaisseau. Comprenez bien que des scènes comme celle-ci, il y en a eu des centaines pour ne pas dire plus. Donc je sais parfaitement ce qu'implique une conquête de la Voie Lactée par Hagalaz. Une victoire des Oris serait largement pire. Nous en revenons donc au choix que je vous ai présenté : soit nous attaquons maintenant, sans information, sans préparatifs, soit nous attendons pendant que Hagalaz renforce ses positions et continue d'avancer dans votre galaxie, au risque de considérer votre civilisation comme un obstacle à éliminer. Je n'ai pas de préférence particulière, lieutenant.
- Je croyais que vous vous opposiez à Hagalaz, répondit la jeune femme.
- En effet, mais, comme vous dites, les dés sont jetés. Je n'ai plus le temps de préparer autre chose de crédible, alors je me rends à l'évidence. Ce sera vous et Hagalaz contre les Ori, ou Hagalaz toute seule. Mais je ne vais pas la détruire sans être parfaitement certaine que vous pourrez reprendre le flambeau derrière. Ma mission n'est pas de laisser les Ori gagner parce que nous n'aurons pas été prêts à faire les sacrifices nécessaires. Mes ancêtres ont commis cette erreur. Pas moi.
- Je… je vois, répondit-elle.
- Donc, votre choix, lieutenant.
- … On protège la Terre.
- Vous persistez… Entendu, répondit Tsippora avant d'avoir un sourire et de hausser les sourcils. Etonnant, je me serais attendu à un discours mélodramatique sur vos motivations. En tout cas, c'est ce qu'a anticipé Atlantis. Preuve qu'il lui arrive encore de se tromper.
- Qu'est-ce que nous devons faire ?
- Vous, rien, pour l'instant, lieutenant. Notre vaisseau va revenir dans sa position initiale, vous allez me déposer et attendrez ensuite, camouflés, pendant que j'attirerai l'attention de notre chère amie. Ensuite, vous ferez ce qui est convenu. J'espère pour vous et votre planète que vous savez improviser correctement en situation réelle, parce que autrement…
- On a compris.
- Tant mieux.


- Elle est pas commode, commenta le pilote lorsqu'il fut finalement seul avec Shanti.
- Je ne te le fais pas dire, acquiesça-t-elle. Quand elle a décidé un truc…
- Elle n'est pas la seule, Shanti.
- Je…
- J'aurais apprécié avoir mon mot à dire, tu sais. Parce que, là, on parlait d'une décision qui implique la Terre et une bonne partie de la Voie Lactée en prime…
- Elle ne… elle ne s'adressait qu'à moi à chaque fois. Je… j'ai été prise dans le mouvement, je ne pensais plus à…
- Il y a des trucs à mettre au clair, je crois.
- On rappelle Tsippora ? demanda-t-elle.
- Non, je suis assez d'accord avec toi, on ne peut pas se permettre de faire durer tout ce foutoir plus longtemps que nécessaire. Si la Terre est atomisée pendant notre absence, tout ce qu'on pourrait faire après ne servirait plus à rien. Non, ce qu'il faut faire, c'est clarifier une bonne fois pour toutes une chose qu'on a refusé de regarder en face depuis la mort du commandant.

Elle détourna un bref instant le regard, reprise par ses souvenirs des évènements passés, avant de lui demander :
- Quoi donc ?
- La hiérarchie. Qui prend les décisions pour l'équipe. Parce que, même si la miss est techniquement notre supérieure, elle ne me donne pas vraiment l'impression de vouloir nous prendre en charge à long terme.
- Je vois un peu ce que tu veux dire… Elle en a marre de tout ce merdier.
- Ouais, elle veut que quelqu'un "reprenne le flambeau", comme elle dit. Je ne serais pas étonné qu'elle se barre d'une façon ou d'une autre quand tout sera fini et que les choses seront plus claires côté Hagalaz.
- Possible, oui, mais pour ce que tu disais, l'aspect… hiérarchique ?
- Je vais être simple, Shanti, et je te demande juste de me laisser parler jusqu'à la fin.

Il prit une brève inspiration :
- Tu es la patronne de ce qui reste de notre équipe. En théorie, je suis plus vieux en grade que toi, mais… je ne peux pas en reprendre les commandes. J'ai déjà eu assez de mal à m'adapter à tout ce qui nous est tombé dessus depuis que ça a commencé, je pourrai pas garder mon sang-froid pour prendre des décisions correctes. Pas avec tout ce qui arrive maintenant. Toi et Tsippora, vous discutiez de l'avenir de deux galaxies comme de la pluie et du beau temps… bon, peut-être pas à ce point, mais quasiment. Moi, quand elle a dit de faire le choix, je ne savais pas quoi dire, pas quoi faire. Ces flashbacks… ils sont en train de me démolir.
- Parce que tu crois que c'est facile pour moi ? demanda-t-elle.
- Non, mais tu y arrives. Je suis désolé de te refiler ça, Shanti, mais… t'es plus compétente que moi pour ça, et on n'a pas le temps de me former. Pas si on va attaquer Hagalaz dans la foulée. Quand on sera sur place, il faut qu'il y ait un chef, et ça sera toi, parce qu'autrement, je vais merder à un moment où il faudra pas, et le résultat, c'est qu'on sera pas les seuls à se faire tuer. Il y aura sûrement quelques milliards de personnes qui vont suivre juste après nous, et je veux pas être responsable de leur mort à tous parce que j'ai pété un câble après un de ces souvenirs arrivé au mauvais moment.
- J'ai merdé aussi, lui rappela-t-elle. Sur Dakara…
- On n'avait aucune idée de ce qui nous était vraiment arrivés, de ce qu'on était devenus, à ce moment-là. Et même quand t'as merdé, comme tu dis, t'as accompli la mission. Moi, faut voir la réalité en face : ma situation arrête pas d'empirer. Et puis, regarde un peu comment tout le monde se comporte autour de nous : c'est toi qu'ils voient, pas moi. Atlantis, le docteur Jackson, Tsippora… même l'autre jaffa, là, avec Jackson. C'est de toi dont ils se souviennent, c'est toi qu'ils vont voir pour faire le job. Alors, je suis désolé, mais… je viens te voir moi aussi. Tout ce que je peux te promettre, c'est que je ferai tout ce que je pourrai pour t'aider et te soutenir et… oh putain, j'ai l'impression de promettre autre chose, là…

La jeune femme ne put s'empêcher de sourire :
- Je vois ce que tu veux dire, ne t'inquiète pas ! Enfin, fit-elle en reprenant un visage sérieux, j'ai pas autant confiance que toi sur ce que tu dis. J'ai pas d'expérience du commandement, et, crois-moi, ça me fait tout aussi peur qu'à toi, ce qui se prépare.
- Tu ne perds pas le contrôle. En tout cas, tu peux toujours donner des ordres et réagir. T'as vu l'état dans lequel j'étais après le coup qu'Atlantis nous a fait pour contrôler les vaisseaux ? Et rien ne s'est arrangé… je suis en train de perdre pied avec ces souvenirs qu'elle nous a refilé, tu le sais aussi bien que moi. On n'a pas le choix.

Elle détourna le regard, tandis que, dans un coin de son esprit, le vaisseau l'informait qu'il sortait de l'hyperespace.



Le Jumper s'immobilisa sur la surface jaunâtre du tapis végétal recouvrant le continent, et sa porte s'ouvrit en silence, laissant sortir l'Ancienne. Celle-ci prit quelques instants pour observer son environnement, puis se mit à marcher en direction de l'imposante forêt en partie consciente. Une fois arrivée, elle s'approcha d'un arbre voisin et n'opposa aucune résistance à la pulsion familière qui s'empara d'elle.

J'ai besoin de votre aide, fit-elle, sans préambule avant de détailler par une série de pensées non verbales ses besoins.

Malgré elle, Tsippora se crispa mentalement en ressentant l'enthousiasme de l'Entité avec laquelle elle partageait pendant ces quelques instants pensées et émotions conscientes.

Atlantis, transmit-elle sur un autre canal de communication, enregistre à partir de maintenant et émet les signaux pour Hagalaz.

Bien, madame, répondit l'I.A. en s'exécutant.

Tsippora n'eut pas l'occasion de répondre à son tour, un brutal torrent d'émotions et de souvenirs s'emparant d'elle et la plongeant dans une brève confusion, rien dans cette masse n'ayant de format semblable à celui de sa psyché. En un instant, elle laissa le flot couler autour d'elle sans plus interagir pour autre chose que des vérifications ponctuelles. Une fois les souvenirs reçus et enregistrés de son côté par l'I.A., elle focalisa à nouveau son attention sur la conscience forestière qui l'entourait :
Je ne pourrai probablement pas revenir. Voilà tout ce que j'ai, je ne peux rien vous offrir de plus en échange de tout ce que vous avez fait pour moi, et j'en suis désolée. Je suis désolée pour tout.

Elle laissa tous ses souvenirs antérieurs à sa première rencontre avec l'entité autour d'elle fuser vers celle-ci, ressentant sans peine le sentiment de satisfaction et de complétude qu'elle rayonnait en retour. Pendant une durée qu'elle ne chercha pas à estimer, Tsippora laissa les questions venir, y répondant du mieux qu'elle pouvait, expliquant certains détails, certaines motivations, dans des termes plus compréhensibles pour une entité n'ayant connu d'individualité que chez ses quelques visiteurs. Finalement, la voix d'Atlantis vint interrompre l'échange :
Madame, le vaisseau attendu est arrivé.

Très bien, répondit-elle avant de se focaliser sur le principal habitant de la planète. Je dois vous quitter à présent. Merci… merci pour tout. Je ne sais pas comment les choses se seraient faites sans votre aide. Merci.

Elle revint sans transition au monde réel, n'ayant besoin que d'un infime moment pour reprendre ses repères avant de se diriger vers le Jumper où, elle le savait, de la compagnie l'attendrait. Lorsqu'elle arriva à destination, Tsippora n'afficha pas la moindre surprise face à l'être synthétique qui se tenait devant elle, lui demandant simplement si Hagalaz les entendait. Face à l'affirmative, elle se mit à expliquer calmement et posément de quelle information elle disposait et la façon dont elle avait mis celle-ci à l'abri, liant son isolement ou sa mort à une diffusion large et impossible à arrêter.

L'Entité, par l'intermédiaire de son drone, acquiesça sans émotion, récapitulant les faits sur sa coopération avec la forêt proche pour en obtenir confirmation, que Tsippora lui offrit, détaillant comment celle-ci avait constitué la clé de son évasion potentielle.



- Je viens d'avoir confirmation, lieutenant Bhosle, résonna la voix d'Atlantis à l'intérieur du Jumper resté à l'extérieur du système stellaire. La capture s'est déroulée comme prévu et le vaisseau devrait entamer son saut de façon imminente.
- Compris. On y va. Tom ?
- Pas de souci, répondit le pilote en engageant le bond hyperspatial. On va ressortir de l'autre côté de la planète par rapport à eux, donc faut pas s'inquiéter côté détection.

De l'autre côté de la paroi transparente, l'espace-temps se déchira sur l'ordre du petit vaisseau, et celui-ci entra à l'intérieur de la zone lui permettant de dépasser la vitesse de la lumière. Pendant quelques instants, la lueur bleutée emplit l'intérieur de la cabine, pour disparaitre aussitôt que le vol fut terminé, laissant place aux étoiles éloignées.

- Je reçois des infos bizarres, remarqua Campbell.
- Quel genre, demanda la jeune femme près de lui.
- Attends une seconde, je retourne le…

Il se figea en même temps qu'elle en voyant la scène offerte à leurs yeux.

- Non… ne put que murmurer Shanti. Non, non, non…

Sous leurs yeux, un hémisphère entier de la planète avait désormais pris une apparence noire à la texture caractéristique et aisément reconnaissable : celle d'un immense nuage de cendres. A la frontière de celui-ci, sur la surface planétaire, se trouvait un anneau rougeâtre qui avançait lentement mais visiblement, consumant inexorablement ce qui se trouvait devant lui et laissant sur son passage les restes de la combustion.

- Que… fit le pilote en ne pouvant s'empêcher de trembler. Que… qu'est-ce qui…
- Hagalaz a, de toute évidence, eu recours à des armes de suppression atmosphérique suborbitales, expliqua Atlantis sans émotion.
- Mais… Que… Pourquoi ! lâcha finalement la jeune femme.
- Il s'agit de l'une des réactions anticipées face à la menace de chantage qu'il a été décidé de lui faire subir, en représailles contre l'entité qui l'a activement trahie en fournissant les souvenirs dont nous avons menacé de nous servir.
- Mais c'est… je… vous saviez qu'elle allait faire ça ?
- Cette réaction était probable et inévitable étant donné le plan d'action choisi et les délais imposés avant le début des opérations. Si les opérations avaient été retardées, il aurait été possible de recourir à des moyens menant à une préservation de notre allié. En l'occurrence, il nous est désormais impossible de changer quoi que ce soit, et je vous suggère donc de vous préparer autant que possible à la mission elle-même afin de valoriser cette perte autant que possible.

Shanti, ne pouvant détourner les yeux de la planète en cours d'incinération, ne répondit pas. Son regard était bloqué sur l'immense nuage qui recouvrait à présent la majorité de l'astre proche et qui commençait à se voir parcourir de colossales tempêtes et tourbillons de cendres brûlantes. Avec lenteur, l'anneau de flammes se rapprochait de sa destination finale, avalant tout dans un brasier éclatant.
Dernière modification par Rufus Shinra le 23 mai 2012, 16:14, modifié 1 fois.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Vyslanté »

Comme la dernière fois, le Cartel vous conseille ceci en accompagnement sonore.

...bon, je ne pensais commenter la partie sur Anna et Jackson qu'après l'avoir finie, mais trop, c'est trop.
CITATION - Vous savez, Anna, si ça continue comme ça, je ne pourrai pas empêcher certaines rumeurs de circuler, répondit Jackson avec un très mince sourire.
Là, je dis non, quoi ! Rufus, petit canaillou, va !

CITATION Si c'est sur la politesse habituelle des amateurs de complots, renseignez-vous sur Ba'al et ses clones, Anubis, le Trust, le NID, la faction renégate de la Tok'Râ, l'Alliance Luxienne, le Cartel Supérieur et une demi-douzaine d'autres groupes qui ont essayé de placer leurs pions sans trop de scrupules
Je m'insurge ! Nous n'avons jamais eu besoin de placer des pions, les gens viennent à nous d'eux même, parce qu'ils savent que nous somme le bien! Non mais. Et puis on a jamais voulu tuer Jackson. Enfin, pas trop.

Donc, voilà pour la partie sur Anna et Jackson. Bon, à vrai dire, il n'y a pas beaucoup de choses à dire, c'est plus une phase de préparation avant la chute qui sera aussi tragique qu'explosive. Normalement.

------------

Retour vers la Flotte ! Hurray !

Ah, le Homer premier du nom, avec ses pilotes...Wait, Dash. Derpy. Il a osé. Fourbe.

Des bouchers parmi les groupe de conseillers civils. Hum.

Et on s'arrête là. Je suis déçu, j'aime bien ces phases là ^^ Y compris -surtout- les détails surs les forces terriennes.

Enfin, là aussi on sent, on sait qu'il va se passer quelque chose de gros !

-----------

Well well well... Sur Dakara, c'est la merdre. La bonne grosse merdre bien noire.

-----------

Pas grand chose à dire de cette quatrième partie non plus... Un peu plus... triste, si je puis dire, tout de même.
Limite démoralisante, tiens. Enfin, on a la réponse à certaines questions, ce qui est pas plus mal.

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Encore une fois tu nous livres ici bas
Un chapitre étant aussi long que savoureux
Et pour ce travail d'une grande maestria
Je ne puis que dire que des comme ça, j'en reveux !
Dernière modification par Vyslanté le 23 mai 2012, 18:33, modifié 1 fois.
« Je voyais ça moins… rouge.
— Proxima Centauri est une naine rouge. Vous vous attendiez à quoi ? Un énorme cube vert ? »

Rufus : En même temps, c'est un rite de passage pour toute organisation qui se respecte : tuer au moins une fois Jackson. Tout le monde l'a déjà fait...
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

CITATION Là, je dis non, quoi ! Rufus, petit canaillou, va !
Peuh ! Essaies de subir un instant tous les pics de tension que s'est pris Jackson à cause d'Anna et tu verras si t'as pas toi aussi envie de la faire chier gentiment (surtout que, je pense que nous sommes tous d'accord là-dessus, il a subi côté rumeurs, le pauvre, pendant son temps au SGC).
CITATION Je m'insurge ! Nous n'avons jamais eu besoin de placer des pions, les gens viennent à nous d'eux même, parce qu'ils savent que nous somme le bien! Non mais. Et puis on a jamais voulu tuer Jackson. Enfin, pas trop.
En même temps, c'est un rite de passage pour toute organisation qui se respecte : tuer au moins une fois Jackson. Tout le monde l'a déjà fait...
CITATION Ah, le Homer premier du nom, avec ses pilotes...Wait, Dash. Derpy. Il a osé. Fourbe.
Le seul point commun entre la CSB et les cons, c'est qu'on ose tout.
CITATION Des bouchers parmi les groupe de conseillers civils. Hum.
D'expérience personnelle, comme indiqué dans notre conv' MSN, des personnes sacrément douées peuvent se retrouver dans des postes particulièrement pourris, à la suite de certains concours de circonstances. Mais ces personnes peuvent quand même tomber dans les grilles de repérage de temps à autre.
CITATION Et on s'arrête là. Je suis déçu, j'aime bien ces phases là ^^ Y compris -surtout- les détails surs les forces terriennes.
De toute façon, il y aura très probablement un chapitre entier pour le Concordia et les autres vaisseaux, donc ça devrait pallier ce petit problème. ^^
CITATION Pas grand chose à dire de cette quatrième partie non plus... Un peu plus... triste, si je puis dire, tout de même.
Limite démoralisante, tiens. Enfin, on a la réponse à certaines questions, ce qui est pas plus mal.
C'était le but, là. Au passage, un cookie pour qui trouve à quoi fait référence la dernière scène de cette séquence.

Content que ça plaise, en tout cas !
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par mewlantien »

Sublime chapitre dans la digne continuation de la meilleure fic que j'ai eu l'occasion de lire.

A défaut de meilleurs encouragements, vivement la suite :)
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

XD : merci ! Mais puis-je te suggérer de jeter un coup d'œil à l'Ombre du Passé ? La fic est beaucoup plus homogène en termes de qualité (style excellent du début à la fin) et, surtout, développe l'univers SG de façon admirable, sans changer ce que l'on en sait mais en lui donnant une profondeur qui aurait fait de la série une pierre angulaire de la SF télévisuelle si jamais ça avait été canon...

Si tu es anglophone, je peux te faire quelques suggestions par MP de très bonnes fics au style et à la construction d'univers largement supérieurs à ce que j'essaie tant bien que mal de faire.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Mérovée »

Encore un bon chapitre très plaisant à lire, on sent que l'histoire avance, jalon après jalon.

Bon courage pour la suite, je continuerai à te lire avec le même plaisir. :)
Dernière modification par Mérovée le 07 juin 2012, 21:21, modifié 1 fois.
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