Avant de partir sur une étude du monde, revenons d'abord sur la question de la dissuasion française. A commencer par l'équipement. Dans les grandes lignes...
On oublie les missiles à tête unique c'est derrière nous. On commence par le missile M4, c'est un MSBS jouissant de la technologie MIRVée. La charge, composée de 6 têtes d'une puissance d'au moins 100kt. Il offra à la France une capacité de frappe sur un rayon de 4500 km et grâce à son prédécesseur, il dispose d'une aide à la pénétration. Mise en service : 1985 !
A peine 10 ans après, le M45 dérivé du M4 fit place dans nos SNLE. La différence notable ? Sa portée, accrue de 1500km, mais aussi une petite évolution dans la précision. Coût, 300M de francs.
Enfin, en 2010, le M-51 est un MSBS entièrement repensé et bénéficie d'une technologie de pointe. Une portée égalant enfin avec les autres grandes puissances, 6000-7000 km minimum (avec 6 têtes armées), pouvant (peut-être) atteindre les 15 000 km si il est équipé d'une seule tête. Coût : 150M € (si on compte la prochaine version en 2015)
On constate donc un remplacement complet de l'arsenal français tous les dix ans, toujours avec une facture se chiffrant en milliards (et de plus en plus élevée). Avec la détention de SNLE-NG ultra-modernes, dont le rayon d'action n'est plus un souci, faut-il continuer à dépenser autant en si peu de temps d'intervalle des missiles à la portée toujours plus accrue ?
CITATION
En 2003, le général de réserve Étienne Copel conteste dans un ouvrage puis dans différentes interviews le remplacement du M45 par le M51 ainsi que le format de la FOST à 4 SNLE. Selon Copel, « remplacer les M45 par les M51 [...] n'est pas un progrès. C'est une régression. Qui nous coûtera environ 15 milliards d'euros ».
Cette critique de la dissuasion nucléaire se justifie par des motifs économiques (« défense civile, modernisation des Armées et réduction du déficit de l'État ») et stratégiques :
« La première est que les missiles M45 qui sont en train d'équiper nos sous-marins nucléaires sont de véritables bijoux. Ils bénéficient de toutes les aides à la pénétration les plus modernes, leur portée est telle qu'un seul sous marin pourrait menacer, en même temps, à la fois New York, Alger et Moscou, leur fiabilité est excellente [...]. La deuxième raison qui montre que nous n'avons aucune raison de changer nos missiles est que, depuis l'effondrement du monde soviétique, personne ne dispose de système d'interception de missiles balistiques. Mieux, personne ne développe de tels systèmes. Même pas les Américains pour faire face à des missiles nettement moins sophistiqués que nos missiles M45. Certes, les États-Unis ont assez régulièrement des projets de défense antimissiles, mais ils ne passent pas à l'acte, tant il est difficile et coûteux d'intercepter un missile balistique arrivant de la stratosphère à plusieurs milliers de mètres par seconde [...]. Dans ces conditions, il est clair qu'il n'y a aucune raison opérationnelle de dépenser des milliards pour remplacer nos missiles M45 par de nouveaux missiles M51 [...] dont on ne pourra même pas tester les têtes nucléaires, puisque c'est maintenant interdit ! »