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La Syrie assemble des armes chimiques?
AFP Mis à jour le 03/12/2012 à 21:46 | publié le 03/12/2012 à 21:41
Le régime syrien de Bachar el-Assad est en train d'assembler les précurseurs chimiques nécessaires à la militarisation d'armes chimiques, vraisemblablement du gaz sarin, a affirmé un responsable américain sous couvert d'anonymat. "Plusieurs indices nous laissent penser qu'ils sont en train de mélanger des précurseurs chimiques", a-t-il expliqué peu après que la Maison Blanche et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton eurent affirmé être "inquiets" d'un éventuel usage d'armes chimiques par le pouvoir de Damas.
Syrie : le régime de Bachar al-Assad préparerait du gaz sarin
«Je veux dire très clairement à Assad et à ceux qui obéissent à ses ordres que le monde entier (vous) observe. Le recours à des armes chimiques est et serait totalement inacceptable», a déclaré Barack Obama lors d'une allocution à Washington.
Publié le 03.12.2012, 21h52 | Mise à jour : 22h48 - Le Parisien -AFP
Ce lundi, en Syrie, des affrontements ont de nouveau eu lieu. Et selon un responsable américain, le régime syrien de Bachar al-Assad serait en train d'assembler les précurseurs chimiques nécessaires à la militarisation d'armes chimiques, vraisemblablement du gaz sarin.
Le régime syrien de Bachar al-Assad serait en train d'assembler les composants nécessaires à la militarisation d'armes chimiques, vraisemblablement du gaz sarin, selon un responsable américain sous couvert d'anonymat. «Plusieurs indices nous laissent penser qu'ils sont en train de mélanger des précurseurs chimiques», explique-t-il peu après que la Maison Blanche et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton eurent affirmé être «inquiets» d'un éventuel usage d'armes chimiques par le pouvoir de Damas.
Ce lundi soir, Barack Obama a prévenu Assad de «conséquences» s'il utilisait ces armes chimiques, une «erreur tragique».
Le gaz sarin est un puissant neurotoxique qui provoque une paralysie complète puis la mort. La secte japonaise Aum Vérité suprême l'avait notamment utilisé lors d'un attentat dans le métro de Tokyo le 20 mars 1993, faisant 13 morts et intoxiquant plus de 6 000 voyageurs. Ses composants chimiques sont en général stockés séparément pour éviter tout accident. Le fait de les mélanger peut donc constituer une étape vers la militarisation du gaz qu'il suffit ensuite de placer dans un missile, un obus ou une bombe. Et selon un autre responsable anonyme cité par le blog spécialisé Danger Room, les Syriens «en sont au point où il suffit de le charger à bord d'un avion et de le larguer» même si les quantités de précurseurs mélangés sont «modestes».
Difficile d'évaluer les stocks
La communauté internationale a mis en garde Damas depuis de nombreux mois contre le recours à des armes chimiques, considérées comme des armes de destruction massive. Mais la question est redevenue au centre des préoccupations occidentales ces derniers jours. «Nous sommes inquiets à l'idée qu'un régime de plus en plus assiégé [...] réfléchisse à l'utilisation d'armes chimiques contre les Syriens», confirme le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. Plus tôt pourtant, le régime de Damas avait affirmé qu'il ne ferait pas usage d'armes chimiques contre son peuple.
Les stocks syriens seraient de l'ordre de «centaines de tonnes» d'agents chimiques divers, selon Leonard Spector, expert au centre d'études sur la non-prolifération à l'Institut Monterey (Etats-Unis). Mais les données publiques sont rares car la Syrie est l'un des rares pays à ne pas avoir signé la Convention sur l'interdiction des armes chimiques et n'est donc pas membre de l'Organisation chargée de contrôler son application, l'OIAC.
Pendant ce temps, les rebelles ont abattu ce lundi un MiG, un avion de combat, près de Damas. Depuis la fin juillet, le régime syrien compte sur sa force aérienne pour tenter de réprimer les rebelles. Des raids aériens ont été menés contre la Ghouta orientale, pour tenter de les déloger de leurs bases arrière dans les vergers de la périphérie de Damas. Mais les ces derniers ont utilisé deux missiles sol-air pour abattre la semaine dernière deux appareils en 24 heures dans le nord du pays.
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Propos recueillis par Catherine Gouëset (L'express), publié le 31/08/2012 à 15:37
La Turquie demande l'instauration d'une zone tampon, Laurent Fabius parle d'une réponse "immédiate et fulgurante" en cas d'usage d'armes chimiques par Damas. Un ancien chef des opérations des armées explique les contraintes d'une intervention militaire en Syrie.
SYRIE - Étant donnée la puissance de feu syrienne, il faudrait des moyens considérables pour entreprendre une intervention militaire.
La réponse internationale en cas d'utilisation par le régime syrien de ses armes chimiques serait "immédiate et fulgurante", a déclaré ce vendredi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Quelles pourraient être les modalités d'une telle action? L'Express a interrogé le général Jean-Patrick Gaviard, ancien chef des opérations des armées sur les possibilités et les contraintes d'une intervention militaire étrangère en Syrie.
En quoi l'intervention contre la Syrie différerait-elle de l'intervention occidentale en Libye en 2011?
L'armée libyenne était beaucoup plus faible, que ce soit en matière d'équipements, d'effectifs ou d'entraînement. Les capacités de défense de l'armée syrienne, notamment la défense anti-aérienne, sont très puissantes. Les Syriens disposent de nombreux missiles sol-air et de systèmes de DCA redoutables. Leurs personnels, formés par des Russes, ont une très bonne maitrise de leur usage. L'armée turque l'a appris à ses dépens avec la perte du Phantom abattu par la DCA syrienne le 22 juin dernier.
Quelle est la faisabilité d'une intervention militaire occidentale en Syrie?
Sans la participation des Etats-Unis, une intervention militaire est difficilement envisageable. Etant donnée la puissance de feu syrienne, il faudrait des moyens considérables pour entreprendre une intervention. La priorité en ce cas est de détruire la défense aérienne, ce qui ne serait pas une mince affaire étant donné le nombre de missiles sol-air et de systèmes de DCA, et le très bon entraînement des forces syriennes, en particulier au niveau de leurs centres de commandement. Même une zone d'exclusion aérienne passe par une supériorité dans les airs pour laquelle les forces françaises et européennes ne sont pas suffisamment équipées, en termes de capacité aérienne (avion de détection AWACs, ravitailleurs), mais aussi en termes de moyens de renseignement -notamment de drones- ou d'outils de cyberattaque.
Cette intervention semble donc difficile sans participation américaine...
Le seul moyen de pénétrer les défenses anti-aériennes est l'emploi d'avions furtifs, comme le F22 américain, accompagné d'un grand nombre frappes de missiles de croisière. Mais les Américains, en pleine campagne électorale et alors qu'ils sont en train de se désengager d'Afghanistan n'ont visiblement pas l'intention de se lancer dans une telle aventure.
Sans les moyens américains, une opération occidentale ne serait pas capable d'imposer une supériorité aérienne, en particulier dans la durée. Cela a déjà posé problème en Libye. Ca serait bien sûr beaucoup plus dur dans le cas syrien. C'est peut-être plus de l'intérieur que l'armée syrienne pourrait être affaiblie et défaite, si la dynamique de défections récentes se poursuit.
Comment peut-on neutraliser les armes chimiques?
La problématique des armes chimiques est complexe à régler au plan militaire car il est nécessaire de connaître en temps réel leurs positions, ce qui nécessite des moyens spatiaux et de reconnaissance performants. Si une utlisation dangereuse était détectée, il faudrait alors être capable d'envoyer rapidement des forces spéciales sur les nombreux lieux où elles se trouveraient pour "encager" la zone puis les emmener en lieu sûr. Cette mission très délicate exigerait également d'avoir la supériorité aérienne au moins pendant la durée de l'opération. On ne peut imaginer une mission de ce style sans les Américains.
Que penser de la demande de la Turquie de l'instauration d'une zone tampon ?
Cette proposition consiste effectivement au plan diplomatique à "contourner" le veto russe et chinois.
Au plan purement opérationnel, cette zone pourrait permettre effectivement d'évacuer les nombreux réfugiés et pour les Turcs d'éloigner la menace sur leur frontière du nord. Mais Assad est formellement opposé bien sur à cette proposition.
Au plan miltaire, cette mission nécessiterait de nombreuses forces terrestres et donc un enlisement probable. Il ne faut pas oublier que les forces de libération syriennes refusent l'arrivée de forces terrestres occidentales en Syrie.
Enfin une zone d'exclusion aérienne serait indispensable pour protéger les réfugiés et les troupes au sol. Dans ce cas on revient à la problématique délicate de l'élimination ou du survol des défenses sol air syriennes, nombreuses et puissantes.