Les chiffres ne vont pas nous donner une réponse à la question de la compabilité d'une croyance avec un travail de recherche scientifique, ce sont deux questions différentes. Il serait intéressant bien entendu d'avoir des données sur cette question, pour déterminer l'opinion majoritaire (qui tend certainement vers l'incompabilité, étant donné que c'est la réponse simple et l'opinion commune sur ce point), mais cela ne nous donnera aucune preuve de sa validité. Sur ce point, il
faut se tourner vers les épistémologues et les philosophes.
CITATION
si tu me cherches des chiffres d'il y a 300 ans, merci mais cela ne servira à rien
Si tu as suivi ce que je viens d'écrire, tu as compris que ce ne sont pas les chiffres qui m'intéressent ici... C'est toi qui m'as emmené vers ce terrain en interprétant mal une de mes phrases, et en m'attribuant une idée qui n'est pas la mienne.
Regarde les apports des chercheurs en science, qui étaient aussi croyants, et dis-moi ce que tu en penses, par rapport à l'incompabilité absolue que tu défends.
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Les statistiques que tu nous cites sont intéressantes par rapport à l'autre sujet, celui de la baisse du nombre de croyants parmi les scientifiques de "haut niveau", comme l'on dit (merci pour les autres
).
Je voudrais juste faire quelques remarques : "en rien des simplets de la Science" : je ne vois pas ce que cela vient faire ici.
D'une part, cela rappelle que nous n'avons pas affaire à une statistique représentative de toute la classe scientifique.
D'autre part, l'idée sous-jacente est criticable : comme si les grands scientifiques avaient une autorité plus grande sur la question de l'existence d'un dieu, de Dieu, et, plus généralement, de la croyance, par leur statut, 1 - que les autres chercheurs 2 - que le reste des humains...
Or, justement, un "grand scientifique", tel quel, en tant que "grand scientifique", n'a pas d'autre autorité que dans son domaine. Il peut avoir fait considérablement augmenter nos connaissances sur le fonctionnement de l'Univers, s'il nous dit "Dieu n'existe pas", son opinion sera intéressante, mais, à moins que ce ne soit en même temps un grand philosophe, je n'y accorderai pas énormément plus de foi que si mon voisin me dit la même chose
. S'il brandit les preuves irréfutables, c'est différent, mais quelque chose me dit qu'on n'en est pas encore là
.
Si je dois choisir quelqu'un pour convaincre une personne sur l'inexistence de Dieu, je vais choisir le philosophe, pas le scientifique.
CITATION
cette même histoire nous montre que depuis, grosso modo, le début de la Renaissance, le nombre de croyants a constamment chuté
Oui, effectivement, les statistiques ultra-détaillées dont nous disposons nous permettent de constater, depuis le début de la Renaissance, une baisse vraiment nette et constante du nombre de croyants, sans jamais de variation, sans jamais aucune stagnation, ni aucune remontée
...
Non, non, attention en étant trop hâtif ou en extrapolant... Le fait, on l'a majoritairement à la fin XIXe, au XXe siècle et à notre époque
, et c'est indéniable
.
Ensuite, euh... Il n'y a pas de "les déistes découlent vers les théistes puis les agnostiques" etc
. Des athées, des agnostiques, des déistes, des théistes etc., on en a des traces à des époques diverses...
Donc cette baisse, c'est un fait, une tendance, et tu en fais, ce qui est tout à fait ton droit, la preuve que l'on accède à un "nouveau stade de l'évolution de la pensée". Là, tu quittes le domaine du fait et tu entres en philosophie, mais ce n'est pas très clairement marqué dans ta phrase (au moins il y a le "je pense").
En bref, tu reprends les idées philosophiques des états de l'esprit humain, que l'on retrouve chez plusieurs grands penseurs ; il y en a une chez Bachelard, par exemple, en ce qui concerne le développement de la science elle-même (on ne trouve plus grand monde pour les soutenir telles quelles, d'ailleurs).
C'est un autre sujet et on peut en discuter longuement
.
CITATION
le dernier stade en date de l'évolution de la pensée, l'ultime étant selon moi la "théomachie" avant la défaite totale de notre cher mal
"Théomachie", cela m'évoque surtout la lutte entre les dieux (avec tous les dérivés - contre les Géants, les Titans par exemple pour la mythologie grecque) plutôt que contre les dieux en général (mais c'est l'habitude
). Mais il est vrai qu'il est dur de trouver le terme. On pourrait croire que "théophage", mangeur de dieu, au sens qu'on les exterminerait
, soit applicable, mais en fait non, parce que c'est devenu un moyen de caractériser, par exemple, l'eucharistie et les procédés similaires.
Si j'ai bien compris, ce que tu veux, c'est un théocide, et mieux, la disparition totale de l'idée de divinité chez l'homme, non ? Est-ce que tu inclues la
croyance en général, et la croyance en un référent moral dans cela ? La croyance te pose tant de problème que cela, ou est-ce plutôt la religion ?
On comprend bien que tu es absolument persuadé que la fin de la croyance en un dieu, ou de la croyance en Dieu, fera un bien fou à l'Humanité. Ne vois-tu aucune conséquence négative à la "défaite totale de notre cher ami" ? Socialement, moralement, anthropologiquement ? Penses-tu que la défaite de la croyance en un dieu, ou, au-delà, à toute forme de substitut "divin", est possible, vu la nature de l'homme et de la société ?
Si tu veux que ta "théomachie" constitue le "dernier degré" du progrès de l'esprit humain, cela m'étonnerait que tu sois suivi, s'il est bâti sur une opposition aveugle, sans nul fondement rationnel, et sans se questionner sur les implications concrètes. Parce que sans cela, c'est une croisade, et rien de plus, au nom de ton "dieu propre", de ta croyance...
On trouve cela, par exemple, dans certaines formes de scientisme, et cela ne conduit pas nécessairement à des fins radieuses.