[FanFic] La troisième évolution
[FanFic] La troisième évolution
La troisième évolution est la première fanfiction de votre serviteur. Il s'agit d'un crossover entre l'univers SG1 et SGA : vous y retrouverez donc tous vos personnages préférés !
Cette fiction se déroule durant la saison 9 (malgré le fait que je ne l'ai pas vu !) de SG1 : le SGC a donc déjà pris connaissance de l'existence des Oriis. Pour ce qui est de SGA, ça se situe au moment où l'équipe d'Atlantis est parvenue à faire croire aux Wraiths que la cité avait été détruite. Vous n'y trouverez ni le lieutenant Ford ni Ronon Dex !
Synopsis : Alors que la population de la Terre a été réduite à quelques millions d'habitants suite à un Fléau envoyé par les Oriis, le SGC, à nouveau commandé par le général O'Neill, découvre enfin une piste qui leur permettrait de découvrir un remède au fléau sur l'un des livres de prédictions écrits par Nostradamus il y a plusieurs siècles déjà... Le temps joue contre eux, et SG1 doit trouver à tout prix la mystérieuse personne qui détiendrait la clé de leur survie.
Cette fiction ne devait pas avoir de suite, mais finalement, certains de mes lecteurs m'ont persuadé d'en écrire une... Elle est en préparation et s'intitulera "Commission au sein des Etoiles"...
Cette fiction se déroule durant la saison 9 (malgré le fait que je ne l'ai pas vu !) de SG1 : le SGC a donc déjà pris connaissance de l'existence des Oriis. Pour ce qui est de SGA, ça se situe au moment où l'équipe d'Atlantis est parvenue à faire croire aux Wraiths que la cité avait été détruite. Vous n'y trouverez ni le lieutenant Ford ni Ronon Dex !
Synopsis : Alors que la population de la Terre a été réduite à quelques millions d'habitants suite à un Fléau envoyé par les Oriis, le SGC, à nouveau commandé par le général O'Neill, découvre enfin une piste qui leur permettrait de découvrir un remède au fléau sur l'un des livres de prédictions écrits par Nostradamus il y a plusieurs siècles déjà... Le temps joue contre eux, et SG1 doit trouver à tout prix la mystérieuse personne qui détiendrait la clé de leur survie.
Cette fiction ne devait pas avoir de suite, mais finalement, certains de mes lecteurs m'ont persuadé d'en écrire une... Elle est en préparation et s'intitulera "Commission au sein des Etoiles"...
Dernière modification par lyly0404 le 12 févr. 2006, 19:59, modifié 1 fois.
Re: [FanFic] La troisième évolution
La nuit était tombée depuis déjà deux bonnes heures sur la petite ville de Greytown, dans le Montana. Peuplée d'à peine 150 habitants, Greytown était calme. Très calme. Trop calme.
Gabrielle jeta un coup d'oeil sur sa droite, puis sur sa gauche, en continuant à se balancer sur sa chaise. Elle se tenait ainsi depuis le matin, devant la maison qu'elle habitait en compagnie d'un gentil couple de retraités américains. Car la jeune fille n'était pas américaine. Non. En tout cas elle n'en avait pas le souvenir. D'ailleurs les quelques mots d'anglais qu'elle connaissait tendaient à le prouver. Ses hôtes, ainsi que la plupart des gens du coin, l'appelaient la "Frenchie"... Elle était donc française. En tout cas, c'était l'unique langue qu'elle parvenait à parler couramment. Mais ici elle était aux USA, et par conséquent la barrière linguistique s'imposait à elle tous les jours depuis son arrivée.
Elle n'avait pas choisi de partir de son pays. D'ailleurs elle ne savait même plus depuis quand elle était partie. Un mois. Peut-être six. Peu importait. Elle vivait ici illégalement. A cause du Fléau.
Greytown comptait pas moins de 600 habitants il y avait encore neuf mois. Mais le Fléau s'était abattu comme la lame d'une guillotine s'abat sur le cou d'un condamné, et la plupart des citoyens de la ville étaient mort, ou avait fui.
Gabrielle y avait trouvé un refuge. Enfin pas elle exactement. Ses parents... C'était du moins ce que ses vagues souvenirs lui soufflaient certaines nuits de cauchemard. Et elle avait une soeur aussi... Tous morts, emportés par le Fléau. Elle seule y avait échappé. Grâce à eux.
Le Fléau. Nul ne savait vraiment ce que s'était. On pouvait le voir. On pouvait le ressentir. On pouvait en mourir. Mais on ne pouvait pas le combattre.
C'était du moins les dires officiels du gouvernement provisoire mondial. Le GPM... Il aurait été dérisoire de conserver les gouvernements de chacun des anciens pays. Quand la population d'une planète passait en quelques mois de plus de 6 milliards d'habitants à un chiffre dérisoire d'un million et demi d'âmes, il fallait se montrer solidaire.
"Tu parles d'une blague", marmonna la jeune fille en étouffant un rire nerveux.
Le Fléau. Elle en avait souffert comme tous les autres. Non pas en perdant seulement des proches. Non. Il l'avait infecté, elle aussi. Mais elle l'avait battu. Et elle avait gagné. Et ses parents, pour la protéger, l'avait obligé à s'expatrier. Alors qu'elle aurait pu sauvé tant de vies en dévoilant ce secret.
Car nul n'était au courant dans Greytown qu'elle était une rescapée. Nul ne savait non plus sur les territoires déserts de l'ancienne Amérique, de la regrettée Europe, de la mourante Asie et de l'isolée Australie qu'il existait une solution au Fléau. Tous ignoraient au SGC que Gabrielle existait.
Base de Cheyenne Mountain.
"Siler !!! Nom de D*** ! Que fait ce truc en plein milieu du couloir !!!"
La lumière revint enfin et Jack O'Neill se releva péniblement de sa chute. Une caisse pleine de babioles extraterrestres gisait à moins d'un mètre du militaire, son contenu éparpillé sur le sol en béton.
Le tête du sergent émergea soudain de l'une des portes du couloir. Ses traits étaient tirés, ses cheveux ébourriffés et son regard vide fixait son supérieur d'un air absent.
"Désolé mon général...
- Je vous ai dit de ranger tout ce bazarre à l'étage de la Porte, est-ce si difficile ?!
- Désolé mon général...
- Et arrêtez d'être tout le temps désolé. C'est agaçant à la fin !
- Désolé mon général...
- Siler...
- Déso...
- Ouais bon ça va j'ai compris. Allez donc vous reposez dans vos quartiers ! J'ai l'impression de parler à un zombie ! Allez allez..."
Le sergent n'eut même pas la force (ni l'idée !) de le remercier et disparut dans le couloir sans un mot pour O'Neill. Celui-ci ramassa à la va-vite les objets tombés de la caisse, les rangea (c'est un grand mot !) dedans, poussa le tout contre le mur, puis rejoignit la salle de briefing où l'attendaient une demi-douzaine de techniciens. Le colonel Samantha Carter était également présente, ravissante dans son uniforme militaire. Mais O'Neill remarqua surtout son visage fatigué et la lassitude qui hantait ses traits.
Après avoir renvoyé les techniciens, Jack s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. A la fois surprise et soulagée, elle goûta durant quelques instants ce furtif moment de calme et de complicité, puis elle s'écarta de de lui.
" Mon général...
- Jack. Pitié faites-moi plaisir, appelez-moi par mon prénom Sam !
- Vous me vouvoyez toujours je vous signale.
- Ah bon ? Tiens c'est vrai. Sale habitude.
- Mon général, reprit Samantha malgré la grimace d'agacement d'O'Neill, je n'arrive toujours pas à trouver Daniel.
- Lui au moins vous l'appeler par son prénom !
- S'il vous plaît...
- Oui, je sais, cela va faire plus de trois semaines maintenant. Mais s'il lui était arrivé quelque chose, l'un de ses petits camarades nous aurait averti.
- Sauf s'ils sont tous morts.
- Sam..., commença O'Neill sur un ton de reproche.
- Oui je sais. Il faut rester "optimiste"."
Elle avait poinctué ce dernier mot avec un sourire qui aurait pu paraître comique si les circonstances avaient été différentes. Depuis plusieurs mois (depuis son retour à la base en fait), O'Neill n'avait plus eu que ce mot à la bouche : "optimisme".
" Ne vous inquiétez pas Carter. J'ai envoyé Teal'c sur place pour vérifier que tout se passe bien. Il est immunisé, lui au moins.
- Je croyais que vous ne vous inquiétiez pas pour lui ?
- Cela fait quand même trois semaines..."
Cette dernière phrase finit par arracher un vrai sourire à Samantha.
" Ah vous voyez quand vous voulez ! s'écria Jack avec malice.
- Comment faites-vous pour garder le moral face à cette atrocité ?
- Qui vous dis que je l'ai ?
- Je croyais que... Vous avez l'air si...
- Oui, oui. Il faut bien que quelqu'un s'y colle. Sinon cette saloperie finirait par gagner. Et puis vous êtes suffisamment sérieuse pour nous deux, Sam."
Ils gardèrent tous deux le silence, ne sachant quoi ajouter.
"Siler va nous lâcher, finit par dire O'Neill. La mort de sa famille l'a anéanti.
- Il n'est pas le seul dans ce cas.
- Je crois qu'il vaut qu'il aille retrouver ce qui lui reste de proches, plutôt que de rester ici.
- C'est une mauvaise idée, mon général. C'est son travail qui le fait tenir. Rien d'autre. Il vit encore parce qu'il a l'espoir de trouver une solution contre ça. Nous tenons tous ici grâce à ça."
O'Neill la regarda avec surprise, puis finit par hocher la tête.
" Oui, tous sans exception."
Puis il fit brusquement volte-face et s'enferma dans son bureau, tandis que Samantha retournait dans son laboratoire, qui était devenu depuis le commencement du Fléau sa résidence principale.
L'un des téléphones sur le bureau d'O'Neill se mit à sonner au moment même où celui-ci s'assayait, abattu. Il décrocha vivement le combiné.
" Allô Teal'c ?!
- Oui, O'Neill. J'ai retrouvé le docteur Daniel Jackson. Il va bien.
- Ah la meilleure nouvelle de la semaine !
- De ces trois dernières semaines même.
- Oh ! Vous faites de l'humour maintenant ? Cela ne vous va pas du tout Teal'c. Ou alors dites-le avec un peu plus d'entrain !
- O'Neill...
- Oui ?!
- Daniel Jackson a trouvé le livre.
- Ils ne l'ont pas brûlé finalement ?
- Non.
- Parfait. Rentrez tout de suite dans ce cas. Inutile de vous éternisez en France."
La ligne fut coupé dès qu'O'Neill eut achevé sa phrase. Il appuya de tout son poids son dos contre le dossier de son fauteuil, leva les yeux au ciel et siffla entre ses dents :
"Sacré Daniel ! Je me demande bien ce qu'il espère trouver dans les prédictions de Nostradamus..."
Bibliothèque municipale de Toulouse, France.
Daniel Jackson feuilletait avec intérêt et précaution l'énorme ouvrage relié de cuir qu'il avait posé sur la table face à lui. Les pages était en vieux parchemin épais et une odeur familière de poussière et de vieilles reliques s'en dégageait à chaque page tournée. Les écritures étaient assez grossières bien que parfaitement lisible, et quelques ornements égayaient certains passages du livre.
"Les prophéties de Nostradamus, murmura-t-il pour lui-même avec respect.
- Qui était ce Nostradamus ?"
Teal'c se tenait assis face à lui, droit, les sourcils froncés, l'air plus que jamais extrêmement sérieux et grave.
" Il s'agit d'un homme de science français qui a vécu voici cinq siècles environs. Ses spécialités étaient la médecine, l'astronomie et l'astrologie entre autres. C'était un homme de talent, de renommé international pour son époque.
- Vous pensez trouver un remède au Fléau dans son ouvrage ? Mais même un homme brillant comme lui ayant vécu il y a plusieurs siècles ne pourra vous être d'aucun secours, Daniel Jackson. Sa médecine n'est pas suffisamment évoluée.
- Cet ouvrage ne traite pas de médecine. Outre que Nostradamus ait été un grand médecin, il est surtout connu pour avoir écrit durant une trentaine d'années "les immortelles centuries", un ouvrage uniquement dédié à des prophéties qu'il aurait prédit, et qui s'étendraient jusqu'au troisième millénaire au moins de notre calendrier.
- J'ai entendu parler de personnes sachant lire l'avenir. La plupart des habitants de la Tori les appelle des "charlatans".
- Oui, je vous l'accorde, l'astrologie est une science très nébuleuse... Il n'empêche que beaucoup de prédictions de Nostradamus se sont vues réalisées ! Sur un millier de quatrains écrits par cet homme, près de 800 relatent des évènements d'une extraordinaire coïncidence avec notre Histoire."
Le jaffa garda le silence, ce qui n'était pas rare chez lui, mais continua à fixer l'archéologue intensément.
" Vous avez l'intention de me regarder longtemps comme ça, Teal'c ? finit par demander Daniel, exaspéré.
- O'Neill a dit de rentrer le plus tôt possible.
- Je voudrais simplement un peu l'étudier ici, au calme.
- Il me semble que par "le plus tôt possible", O'Neill entendait tout de suite.
- Allons, une petite heure ne gachera rien...
- Ce ne serait pas prudent, Daniel Jackson. Les habitants de cette ville sont certes peu nombreux, mais ils restent dangereux. Il est déjà heureux que nous n'en ayons rencontré aucun jusqu'à présent, et bien plus qu'ils n'aient pas mis la main sur cet ouvrage.
- Oui, je sais. Tout le combustible disponible est envoyé vers la base dans l'éventualité d'une attaque par la Porte des Etoiles, ou pire par l'espace. C'est incroyable la rapidité avec laquelle l'Homme est capable de régresser quand il s'agit pour lui de subvenir à ses besoins vitaux.
- C'est l'hiver, Daniel Jackson. Ces gens ont froid.
- Brûler des livres pour se chauffer, maugréa Daniel en refermant le livre et en l'enveloppant dans un linge pour le préserver de toute attaque extérieure."
Teal'c ne répondit pas et se leva, immité par Daniel. Les militaires chargés de les escorter se regroupèrent aussitôt et envoyèrent un éclaireur vérifié le chemin jusqu'à leur véhicule.
"Sergent Grinwall, toute cette mise en scène est-elle vraiment nécessaire ?"
Le militaire apostrophé, un jeune homme d'au moins dix ans de moins, toisa l'archéologue d'un air réprobateur.
" Vous voulez rire ? finit-il par lâcher. Toutes les personnes qui sont restées vivre ici, environ une cinquantaine, sont pris d'une véritable folie meurtrière dès qu'ils font face à des étrangers. Tout leur manque, et après ce qu'ils ont vécu ces neuf derniers mois et l'hiver qui s'annonce rigoureux, ils sont prêts à tout pour survivre ! On dirait presque des animaux sauvages !
- N'exagérez pas tout de même.
- Vous êtes certainement très doué dans votre domaine, docteur Jackson, mais sur le terrain, en présence d'un danger potentiel, c'est moi le plus compétent !"
Daniel jeta un coup d'oeil à Teal'c, qui fronça une fois de plus les sourcils et se contenta de fixer un point droit devant lui. Il ravala donc le fou rire qui le gagnait et imita Teal'c, sans pouvoir laisser échapper un sourire moqueur. Le sergent Grinwall était jeune, mais qui plus est, totalement inexpérimenté. Il ne comptait à son actif qu'à peine sept mois dans l'Air Force, et n'avait jamais rien connu d'autre en tant que militaire que des missions sur Terre. Son grade de sergent tenait au fait qu'après l'hécatombe due au Fléau, il avait fallu nommer de nouveaux responsables à la tête de l'armée. L'archéologue trouvait donc risible de s'entendre ainsi rabaisser, après avoir sauvé un nombre incalculable de fois la Terre, et connu des situations bien plus périlleuses que celle-ci.
" RAS. Vous pouvez avancer, sergent.
- Bien reçu. Nous serons là d'ici dix minutes."
Essayant tant bien que mal de conserver son sérieux, Daniel emboita donc le pas au sergent et à Teal'c, avec entre ses bras, il l'espérait du moins, la solution à tous leurs problèmes.
Base de Cheyenne Mountain, deux jours plus tard.
Jack lança la boulette de papier en direction de la corbeille... autour de laquelle déjà une vingtaine de ses semblables se trouvaient. La boulette toucha le bord en plastique, vacilla et rejoignit finalement le reste de ses congénaires sur le sol gris.
" Noooon !!!"
La porte s'ouvrit à cet instant précis. Daniel regarda Jack avec curiosité, mêlée d'inquiétude. A première vue tout semblait aller. Le général était à son bureau, le visage calme... affalé dans son fauteuil, les pieds sur le bureau.
"Je vous ai entendu crier. Quelque chose ne va pas ?
- Je n'arrive pas à viser cette saleté de corbeille !"
Daniel jeta un coup d'oeil aux boulettes de papier et eut un sourire.
"Je ne vous dérange pas au moins ?
- Si, vous me dérangez ! Je croule sous la paperasse de la bureaucratie. Même réduit au strict minimum, ces incapables politiciens parviennent à m'envoyer chaque jour une tonne de papiers à remplir.
- Et d'où viennent ces feuilles là ? demanda Daniel en désignant les boulettes.
- Des formulaires de politiciens, bein sûr ! Je n'y réponds jamais.
- Pas étonnant que vous en receviez autant chaque jour alors. Mais je pensais que vous aviez fini par vous y habituer après votre bref séjour au Pentagone...
- Etes-vous venu pour me parler des joies du courier administratif ou avez-vous quelques chose de plus précis en tête, Daniel ?"
L'archéologue s'assit en face de Jack, qui prit tout de même la peine de retirer ses pieds du bureau.
" Avez-vous lu mon rapport préliminaire sur le livre que Teal'c et moi avons rapporté de France, Jack ?
- Ah parce que vous l'avez déjà écrit ?!
- C'est juste un rapport préliminaire.
- Hum...
- J'en déduit que non.
- Faites m'en un résumé. Un résumé de résumé, Daniel !
- D'après mes premières conclusions, et les rapports que m'avaient envoyé l'un de mes confrères français, il y aurait bien un passage dans les Centuries de Nostradamus faisant référence au Fléau que la Terre a subi."
O'Neill garda le silence. Il avait pris une nouvelle feuille de papier et s'évertuait d'en faire une boule parfaitement ronde. Au bout d'une minute de silence, il releva la tête.
"Oui, et alors ?
- Ces textes sont obscures. Il se pourrait bien que d'autres références existent sur ce phénomène, mais pour cela il faudrait étudier le livre à fond. Cela pourrait prendre plusieurs semaines.
- Nous n'en sommes plus à une semaine près. Le Fléau semble s'être calmé, par ailleurs. Vous n'avez rien de plus précis ?
- Le texte fait référence à "une".
- Une... une quoi ? Une arme, une solution, une mort, une destruction, une annihilation...
- Simplement "une".
- Et quoi d'autre ? Je vous connais, Daniel. Il y a toujours autre chose.
- J'aurais besoin de l'aide de mon confrère français qui m'a envoyé les rapports qui m'ont mis sur cette piste.
- Envoyez-vous des mails.
- J'ai besoin qu'il soit là physiquement, Jack.
- Parfait. Accordé. J'imagine que vous m'avez mis son dossier dans votre rapport ?
- Oui.
- Je l'appelle tout de suite."
Daniel se leva, et se dirigea vers la porte. Mais au moment où il sortait du bureau, Jack le rappela, toujours occupé avec sa boulette de papier. Mais il l'avait dépliée, et la fixait, un petit sourire sur les lèvres.
" Votre confrère... Le docteur André Lefebvre, n'est-ce pas ?
- Oui, c'est ça. Vous connaissez ?
- Non, mais finalement j'aurais besoin d'une autre copie de votre rapport, Daniel.
- Pourquoi ? Il y a un problème avec la première ?
- Plutôt oui. Elle est éparpillée autour de ma poubelle."
Greytown, Montana.
"Frenchie, tu devrais rentrer maintenant. Déjà que tu passes ta journée assise là, mais la nuit en plus ! Tu vas attrapper la mort, c'est sûr !"
La jeune fille regarda le vieil homme d'un air interrogateur, front plissé.
"Pfff... J'oublie toujours que tu causes pas américain."
Il disparut par la porte d'entrée quelques minutes, puis revint les bras chargés d'une épaisse couverture orange criard.
"Merci, monsieur Hanlow, articula la jeune fille avec un fort accent français."
Il hocha la tête, puis s'installa à côté d'elle, sur une autre chaise qui traînait là, tandis qu'elle couvrait ses jambes et une partie de son buste avec la couverture. Le vieil Hanlow était un homme de race blanche, bedonant, à la calvitie relativement bien avancé pour ses 65 ans. En cette soirée fraîche d'hiver (le thermostat était à peine au dessus de 5°C), le ciel était extrêmement clair. Il n'y avait presque aucun nuage. Les étoiles brillaient comme des diamants posés sur un tapis de velours bleu nuit.
" Quand j'pense que cette saloperie est venue de là-haut..."
Il avait perdu ses enfants et six de ses petits enfants à cause du Fléau. Gabrielle le savait, il était parvenu à le lui expliquer. D'ailleurs les deux derniers petits enfants qu'il lui restait vivaient chez eux. Le plus jeune, Zacharie, était vieux d'à peine sept mois. Un miracle pour le vieux couple Hanlow qu'il ait survécu. Pour Gabrielle, le fait que la vie du petit se soit poursuivie n'avait rien de miraculeux : il était né après que le Fléau ait commencé à sévir. Comme tous les enfants né après l'arrivée du Fléau, il y avait échappé. Mais cela, peu de gens l'avait remarqué. D'ailleurs, qu'est ce que cela aurait changé à la situation ? Par ailleurs, les enfants étaient si peu nombreux qu'il était très difficile d'observer ce phénomène. Mais Gabrielle le savait, tout comme elle savait que le Fléau ne la tuerait pas lorsqu'elle avait lutté contre lui.
" Ah la la, p'tite Frenchie, heureusement que t'es là, sinon le Tommy nous en ferait voir de belles !"
Tommy était le second petit-fils des Hanlow. Âgé de 8 ans, lui non plus n'avait pas souffert du Fléau. Mais dans ce cas, tout comme pour le cas de Monsieur Hanlow sénior et des un million et demi d'autres rescapés, Gabrielle n'avait aucune idée de la raison pour laquelle ils avaient été épargnés. Tout ce qu'elle savait, qu'elle ressentait, c'était que la raison de leurs survies était différente de la sienne. Cela avait à voir avec ce qu'elle était... avec son sang et sa chair.
" Tommy m'a encore arraché des légumes dans le jardin. Déjà qu'ils sont point fameux, alors s'il se met à jouer les terreurs ! Dis, tu m'écoutes Frenchie ?!"
Elle regarda le vieillard et lui adressa un sourire, un de ce dont vous savez qu'ils sont sincères, pensés. Un vrai sourire. Le vieillard avait remarqué que Gabrielle souriait souvent, et que tous ces sourires étaient comme celui qu'elle venait de lui offrir. Une fille honnête, incapable de faire du mal sciemment... Mais elle lui faisait peur aussi. Dans ses yeux bleus-gris se cachait quelque chose de dur, de terrible. Et cette chose se cachait derrière l'âme de la jeune fille. Le vieil Hanlow n'était même pas certain qu'elle le savait, qu'elle avait conscience de cette chose terrible qui se cachait en elle.
" T'es bizarre comme fille, Frenchie, mais Tommy t'aime bien. Zach aussi. Alors ça me suffit."
Telle était la philosophie du vieillard : on ne pouvait mentir à un enfant. A un jeune enfant. C'était impossible. Il se doutait bien qu'elle lui cachait quelque chose, mais il n'était pas parvenu à définir ce que cela pouvait être. Il s'en méfiait bien, mais il avait renoncé à chercher. La jeune fille en avait été soulagée. Car s'il avait appris qu'elle avait été infectée par le Fléau mais qu'elle s'en était sortie, elle était certaine d'être traquée impitoyablement par le gouvernement. Il ne pouvait en être autrement et il n'en était pas question pour elle. Elle savait, tout comme elle savait tant d'autres choses sans jamais les avoir apprises, que si le gouvernement mettait la main sur elle, une chose horrible, bien plus que le Fléau encore, se produirait. Ses parents l'avaient compris alors que la mort s'emparait d'eux, ils lui avait fait juré de rester cachée. Et elle leur avait promis.
Base de Cheyenne Mountain, laboratoire principale (résidence principale de Samantha Carter).
Samantha se frotta les yeux, épuisée, au bord de la crise de nerf. L'échantillon qu'elle avait placé sous la lentille du microscope ne lui avait toujours rien révélé. Cela faisait bien le millième qu'elle examinait ainsi, depuis neuf mois. Et elle ne trouvait rien.
" Sam, vous êtes épuisée. Allez donc vous reposer.
- C'est gentil, Carolyn, mais je dois encore approfondir mes recherches. Même si le Fléau semble s'être calmé, on peut craindre une reprise à tout moment. On doit pouvoir sauver le peu qu'il reste d'entre nous. Il le faut."
Le docteur Lam se contenta d'acquiesser, et tandis à Samantha une tasse de café fumant.
" Vous n'y avez pas mis de somnifère, j'espère ?
- Allons Sam, vous me connaissez...
- Justement. Pour le bien de vos patients, vous seriez prête à les soigner contre leur gré. Tout comme l'aurait fait Janet.
- Je vous jure que je n'ai rien mis dans votre café."
Samantha renifla le contenu de sa tasse malgré tout avant de boire. Le liquide était brûlant, mais cela lui fit du bien.
" J'admire votre persévérence Sam, mais après neuf mois, vous n'avez toujours rien trouvé. Personne n'a rien trouvé, d'ailleurs. Même pas les Asgards !"
Samantha garda le silence, fixant l'écran sur lequel on pouvait voir l'image de l'échantillon agrandi par le microscope. Rien. Ce tissu sembla parfaitement sain. Pourtant il provenait d'une des victimes du Fléau.
" Les malades ne portent aucune marque apparente de maladie, hormi cette petite tâche brune sur la nuque. Ils n'ont aucun symptôme annociateur d'infection quelle qu'elle soit. Ils sont pris d'un seul coup d'une forte fièvre après une perte de connaissance de quelques minutes. S'ensuit des spasmes violents, comme lors d'une crise d'épilepsie, puis un coma profond de plusieurs heures et enfin un arrêt de toutes activités cérébrales et des fonctions vitales."
Le docteur Lam avait énuméré les effets du Fléau d'une voix monotone, vide de toute émotion. Les premiers jours du Fléau, la panique s'était répandue comme une trainée de poudre sur l'ensemble des continents. Les hopitaux, les médecins, les pharmacies et même les cliniques vétérinaires et les hospices avaient été pris d'assaut. Certains médecins légistes avaient même dû appeler les autorités suite à l'assaut de morgues à New York. Des centaines de milliers de personnes étaient morts les trois premiers jours.
Et puis les gens avaient fini par s'habituer à tous ces morts. Ils n'avaient pas eu d'autre choix que d'accepter cette mort, redoutant à chaque instant qu'elle ne touche un proche, ou eux-mêmes. Et la peine et le chagrin avaient fini par faire place à un sentiment plus fort, plus primaire : l'instinct de survie.
" Qu'est-ce qui peut bien provoquer la mort ? demanda Sam à haute voix, sachant qu'elle n'aurait aucune réponse à sa question. Quelle genre de virus peut bien causer un trépas si rapide sans lancer de trace dans l'organisme ?
- Avez-vous pensé à une autre éventualité, Sam ?
- ...
- Et s'il ne s'agissait pas d'un virus ? Ni d'une maladie ?"
Samantha regarda la femme qui lui faisait face avec suspicion, partagée entre son instinct qui lui soufflait qu'elle avait raison, et son esprit scientifique qui lui hurlait que cette thèse, et ce qu'elle pouvait entraîner, était totalement absurde.
" C'est impossible scientifiquement parlant.
- Voyons Sam, vous savez tout comme moi que la science humaine est limitée. Vous n'avez jamais su expliquer comment les Nox parvenaient à ramener à la vie l'un des leur, ni comment ils parvenaient à maîtriser l'invisibilité.
- Si votre hypothèse est exact...(Sam soupira, secoua la tête un sourire ironique sur les lèvres) Êtes-vous consciente que cela signifie que nous n'avons aucun moyen de nous défendre ? Si les Oriis sont capables de nous faire mourir simplement par la pensée... Enfin Carolyn, c'est totalement dingue !
- Peut-être, mais c'est l'unique explication à tout ceci. Vous l'avez dit vous-même Sam : neuf mois de recherche et vous n'avez rien trouvé. Biologiquement, toutes les victimes étaient saines !
- Votre hypothèse ne tient pas... Comment expliquer que vous, moi, Daniel, Jack et tous les autres soient encore vivants ?
- Il faut croire qu'il y a quelque chose en notre esprit qu'ils ne sont pas parvenus à infiltrer, et donc qu'ils n'ont pas pu nous tuer."
Samantha jeta un dernier regard à Carolyn, se leva en continuant à sourire ironiquement et à secouer la tête.
"J'ai besoin de repos, et vous aussi Carolyn. Mais si ça vous amuse de croire à cette histoire, allez donc rejoindre Daniel. Lui aussi a des idées complètement démentes ces temps-ci. Après l'attaque psychologique des Oriis, voici les prophéties de Nostradamus !"
Elle éclata de rire, un rire presque dément, très douloureux. Puis elle éclata en sanglot, se cachant les yeux dans une de ses mains.
" Oui, vous avez besoin de repos, admit le docteur Lam en prenant Samantha par les épaules et en la faisant sortir du laboratoire."
Base de Cheyenne Mountain, salle de briefing.
O'Neill entra dans la salle, suivi de Samantha, le docteur Lam, Cameron Mitchell et du général Landry. Daniel Jackson était arrivé depuis une vingtaine de minutes déjà, et s'activait autour de l'écran géant accroché au mur face à la table de réunion. Teal'c était également présent, et se leva de son siège pour saluer leur arrivée, comme à son habitude. Chacun s'installa à sa place, et commença à feuilleter le dossier distribué par l'archéologue.
"Jack, si vous pouviez éviter de vous en servir pour améliorer votre score au tir de boulettes, je vous en serais reconnaissant.
- Allons Daniel, ne soyez pas si rancunier. Je me suis déjà excusé ! Il s'agit d'une regretable confusion !
- Si seulement vous preniez la peine de lire votre courier...
- J'aurais la tête plus grosse qu'une pastèque à la fin de la journée. Un peu de pitié... J'ai déjà suffisamment à faire en ce moment, il me semble."
Daniel se contenta de pincer les lèvres et commença à pianoter sur l'ordinateur portable qui ne le quittait plus depuis son retour de France.
" Pouvons-nous commencer, Daniel ?
- Il manque quelqu'un."
Jack jeta un coup d'oeil autour de lui, puis rétorqua avec un sourire moqueur :
" Oui, en effet. Votre siège est vide, Daniel.
- Nous attendons le professeur André Lefebvre. Il ne devrait plus tarder maintenant.
- Est-ce indispensable ?"
Daniel leva les yeux de son ordinateur, surpris.
" Vous avez un problème avec lui ?
- Pas avec lui personnellement. C'est son accent qui me pose problème.
- Tiens, c'est amusant. Il m'a dit la même chose à votre propos."
Daniel replongea immédiatement le nez sur son clavier tandis qu'O'Neill jetait un regard à Carter, complètement ahuri.
"Je n'ai pas d'accent, Sam. N'est-ce pas ?
- Pas que je m'en souvienne. Enfin, comme cela fait plusieurs années que nous nous cotoyons, mon général, il est normal que nos oreilles se soient adaptées à un éventuel...
- Je n'ai pas d'accent !
- Faites comme si je n'avais rien dit."
Samantha esquissa un sourire d'excuse, mi-amusée, mi-gênée, lorsque le professeur Lefebvre fit son entrée. C'était un homme d'une cinquantaine d'années, d'origine visiblement africaine, et à la musculature plutôt imposante. Ses tempes grisonnaient et des lunettes aux montures d'écailles étaient posées sur son nez écrasé, souvenir d'une mauvaise fin de soirée dans un bar.
" Je ne suis pas trop en retard ? s'enquit-il après avoir salué l'ensemble des personnes présentes d'un hochement de tête."
Il n'attendit pas la réponse et posa sur la table de réunion l'énorme volume et la pile de papiers qu'il portait.
" Bien, après treize jours de lecture, commença Daniel, nous avons réussi à dégager deux passages dans les Centuries de Nostradamus, faisant référence au sujet qui nous intéresse.
- Deux passages seulement ? s'étonna le lieutenant-colonel Mitchell.
- Rappelez-vous que cet ouvrage couvre, d'après la plupart des estimations, pas moins de trois millénaires.
- Et donc ? demanda O'Neill.
- Et bien voici les deux passages en question. Jugez par vous même."
Daniel pianota à nouveau sur le clavier de son ordinateur et le scan d'une page jaunie apparu soudain à l'écran de la salle de briefing.
" Lisez le second quatrain de cette page, précisa le professeur Lefebvre. Le reste ne nous intéresse pas."
Une de ma terre géométrique naquit,
Et dans la ville grise vivra sans cri,
Mais la fuite vers le cheval sera une nécessité,
Car la bêtise de l'ancienne humanité sera restée.
O'Neill siffla entre ses dents, tandis que Teal'c plissait le front, contrarié.
" Et voici le second quatrain. Le premier de la page."
Les lumières noires obscurcissant le soleil blanc,
Diffuseront la pâle vérité tant redoutée,
Et une fin connue d'Une, l'enfant de l'humanité,
Des étoiles du cheval l'abomination l'ignorant.
Daniel se retourna vers les militaires, le visage radieux.
"Alors ? Qu'en dites-vous ?"
O'Neill jeta un coup d'oeil au reste de ses compagnons d'armes, puis revint sur Daniel. En cet instant, il donnait l'impression de quelqu'un qui venait d'offrir un cadeau merveilleux et totalement inattendu à un enfant, attendant de voir sur leurs visages apparaître la joie et la compréhension de ce qu'il leur faisait partager. Mais pour O'Neill, hormi le fait que le texte soit très inattendu, il ne voyait pas de quoi fouetter un chat.
" Et vous avez réussi à en déduire qu'il s'agissait de ce que nous cherchions ?!"
Le général Landry regarda l'archéologue d'un air à la fois couroucé et amusé. L'expression radieuse de Daniel disparut aussitôt.
" Bien que la rédaction des Centuries restent assez obscures, décida d'intervenir le professeur Lefebvre, nos confrères et moi-même avons réussi à déterminer une certaine chronologie dans la succession de ces vers. C'est pour cela que nous sommes persuadés que ces quatrains nous concernent directement.
- Ecoutez moi, professeur. Loin de moi l'idée de remettre vos recherches en question, mais enfin... Je ne vois ici qu'un charabia sans queue ni tête !
- De toutes façons, vous aviez déjà parti pris avant même de revenir dans cette base, n'est-ce pas ?"
Daniel avait définitivement perdu son air radieux et foudroyait du regard le général. Celui-ci supporta son regard sans ciller.
" Soyons sérieux ! Un vieux fou ayant vécu au 16ème siècle ne peut pas avoir eu des visions de notre avenir ! C'est totalement ridicule ! Des contes de bonnes femmes, voilà ce que c'est !
- Ce que le général Landry veut dire, poursuivit Mitchell pour essayer de calmer le jeu, c'est que le Pentagone réclame des preuves concrètes ! Ils veulent du solide.
- Mais nous n'avons rien ! vociféra Daniel dont le visage s'empourprait. A part des milliards de cadavres sans aucun signe de contamination quelconque, une menace extraterrestre aux pouvoirs sans précédent et les prédictions d'un médecin du 16ème siècle, nous n'avons rien ! Mais ce rien là est déjà quelque chose comparé à l'esprit trop étroit de vos politiciens et chefs militaires aux mains vides !"
Landry voulut se lever sous l'insulte, pour répondre à l'archéologue, mais O'Neill coupa court à la discussion en assenant un violent coup de poing sur la table. Samantha et Teal'c étaient pétrifiés, totalement stupéfaits.
" La situation est plus que tendue et d'une gravité extrême, nous le savons tous, dit O'Neill en fixant Landry dans les yeux. Daniel essaie, comme tant d'autres, de trouver une solution pour faire face à ce drame. Je suis bien conscient que tout ceci peut sembler totalement dérisoire, et qu'au Pentagone on s'attendrait à ce que le SGC trouve la solution miracle comme il l'a toujours fait, mais c'est encore loin d'être le cas. Nous y travaillons, c'est tout ce que nous pouvons faire pour le moment. Alors dites-leur de patienter encore un peu. Mais dites-leur aussi de bien être conscient d'une chose : le SGC n'aura jamais le pouvoir d'effacer ces neuf mois d'horreur."
Base de Cheyenne Mountain, bureau du docteur Daniel Jackson.
" Je ne comprends vraiment pas pouquoi il a réagi ainsi ! s'écria Daniel en donnant un violent coup de pied dans une caisse pleine d'artefacts extraterrestres qui se trouvait près de son bureau."
La douleur irradia tout son pied et le fit grimacer. Il se laissa tomber sur le siège de son bureau, furieux et en même temps abattu.
" Le général Landry n'a rien contre vous, docteur Jackson, s'empressa de dire Mitchell d'un ton réconfortant. Il est simplement extrêmement tendu ces temps-ci. Cela n'a rien de personnel.
- Il refuse d'écouter. Il ne veut rien entendre. Je me doute bien que la situation au Pentagone ne doit pas être de tout repos, mais s'il refuse d'entendre ce que j'ai à lui dire, autant que mes recherches cessent tout de suite !"
Mitchell ne répondit pas, imité par Teal'c et Samantha qui réfléchissaient de leur côté à leur précédente réunion.
" Vous savez Daniel, finit par intervenir Samantha, votre théorie est très... disons surprenante. Et aucun élément concret ne vient l'étayer...
- Merci pour votre soutien, Sam. D'un autre côté, d'un point de vue concret, la science n'a pas beaucoup de choses à m'envier non plus..."
Samantha ne répondit pas à la pique envoyée par l'archéologue. En réalité, bien que tout cela lui paraisse complètement fou, l'idée lancée quelques jours plus tôt par le docteur Lam avait fait son chemin dans son esprit. Elle n'en avait parlé à personne. La réaction du général Landry la confortait dans sa décision de ne pas comuniquer ses suppositions au Pentagone. Mais elle pouvait en parler à l'équipe SG1 et à O'Neill.
" Ce que je vais vous dire doit rester entre nous, murmura-t-elle soudain en fixant tout particulièrement Mitchell. Rien ne doit filtrer vers le Pentagone...
- Vous avez ma parole, colonel Carter.
- J'ai eu une discussion un peu... euh... disons étrange avec le docteur Lam il y a quelques temps. Au sujet de mes recherches sur les échantillons de tissus prélevés sur les victimes du Fléau.
- Une discussion étrange ? répéta Daniel, intrigué, tandis que Teal'c fronçait l'un de ses sourcils.
- Elle a émis l'hypothèse que nous ne trouverions pas trace de maladie parce que le Fléau pouvait fort bien ne pas être un virus, ou une bactérie.
- De quoi pourrait-il s'agir dans ce cas ? s'enquit Mitchell.
- D'une sorte de... de... de pouvoir thélépathique... enfin quelque chose d'approchant..."
Pour le coup, Teal'c ouvrit de grands yeux étonnés, Daniel se passa la main dans les cheveux, et le visage de Mitchell prit une expression contrariée.
" Vous êtes sérieuse ?
- Oui, je sais que ça peut sembler complètement dingue... Mais ce ne serait pas la première fois qu'on aurait à faire face à un phénomène nous dépassant entièrement.
- Enfin, colonel Carter... Comment auraient-ils... et quand bien même cela serait possible, vous n'avez aucune preuve...
- Tout comme Daniel n'a aucune preuve du bien fondé des prédictions de Nostradamus. Mais il est persuadé de la véracité de ces écrits, tout comme je suis persuadée que ma théorie pourrait être vraie."
Mitchell contemplait le bout de ses rangers, l'air fatigué.
" Je veux bien vous croire, mais comprenez ceci : lorsqu'il y a six mois le Président a donné une totale autonomie au SGC et au général O'Neill, pour vous permettre de trouver une solution à cette horeur, il s'attendait à quelque chose de concret. Pas à des spéculations de ce genre, quand bien même elles auraient été émises par vous. Mon affectation et celle du général Landry au Pentagone par la suite, pour vous assurer une totale couverture vis à vis du reste de l'armée, ont porté leurs fruits jusqu'ici. Mais maintenant que le GPM est sur le point d'être constitué officiellement, nos pouvoirs vont s'en trouver diminué. D'autant..."
Mitchell hésita, puis finit par lâcher :
"D'autant qu'on a proposé à Landry une place au sein du GPM.
- Je ne vois pas où est le problème, remarqua Teal'c. Au contraire, placé au sein du GPM, le général aurait plus de pouvoir.
- Non. S'il accepte, il n'aurait plus en charge les affaires militaires, mais politiques. Il n'aurait donc plus suffisamment d'influence sur le Pentagone pour orienter favorablement les opinions sur le SGC. C'est pour cela qu'il est si nerveux en ce moment. Son dilem est cornélien !
- Il a peur qu'à court terme, et avec le genre d'éléments que nous avons découvert, le GPM retire l'autonomie du SGC et décide de prendre les choses en main, c'est ça ?
- En gros, oui."
Un long silence suivit sa réponse, lourd de menaces.
" En tout cas, un des éléments de la vision de Nostradamus était exact.
- De quoi parlez-vous, Daniel Jackson ?
- La bêtise de l'humanité a bien survécu au Fléau."
Base de Cheyenne Mountain, bureau du docteur Daniel Jackson.
Le général Landry et le lieutenant-colonel Mitchell avaient quitté la base depuis une heure seulement, lorsque le professeur Lefebvre avait rejoint Daniel Jackson pour reprendre leurs travaux sur les Centuries de Nostradamus. Teal'c s'était proposé de les aider, mais il restait silencieux, fixant sans bouger, assis sur son tabouret, le tableau où Daniel avait inscrit les deux quatrains de l'ouvrage.
Une de ma terre géométrique naquit,
Et dans la ville grise vivra sans cri,
Mais la fuite vers le cheval sera une nécessité,
Car la bêtise de l'ancienne humanité sera restée.
Les lumières noires obscurcissant le soleil blanc,
Diffuseront la pâle vérité tant redoutée,
Et une fin connue d'Une, l'enfant de l'humanité,
Des étoiles du cheval l'abomination l'ignorant.
" Hormi le quatrième vers que j'approuve totalement, je ne vois vraiment pas ce que veulent signifier les autres !"
André Lefebvre leva les yeux vers son collègue et un immense sourire éclaira son visage, étrange croissant de lune d'un blanc de nacre au milieu de son visage couleur d'ébène.
"Vous êtes doué pour les langues, mais visiblement les énigmes ne sont pas votre fort, docteur Jackson.
- Daniel Jackson est le plus brillant archéologue qu'il m'ait été donné de rencontrer, remarqua Teal'c.
- Ah ! Parce qu'étant donné vos origines, vous en connaissez beaucoup ?!"
Le ton du professeur était ironique, et fit sourire Daniel. Teal'c se contenta se répondre, très sérieusement :
" Oui, quelques uns. Quatre pour être précis."
Ce à quoi André Lefèbvre répondit par un rire tonitruant.
" Exc... excusez-moi..., hoqueta-t-il en retirant ses lunettes pour sécher les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux. C'est... nerveux...
- Y'a pas de mal."
Le silence revint dans le bureau, troublé par instant par les hoquets du Français.
" Le premier vers... A coup sûr "Une" est originaire de France."
Daniel regarda Lefebvre avec surprise.
" Cela semble logique, non ? insista le professeur. Ma terre géométrique... On dit souvent de la France qu'elle a la forme d'un polygone à cinq côtés... Un pentagone en somme.
- Peut-être parle-t-il d'une autre planète, remarqua Teal'c à nouveau. Il parle de terre, c'est une notion plutôt vague...
- C'est peu probable, car il parle de ma terre, comme si lui aussi en était originaire. Or Nostradamus était français."
Daniel relut une dizaine de fois le vers, son esprit bouillonant d'hypothèses à la recherche d'une autre signification.
" Soit, admettons que... que Une soit originaire de la France. Le second vers indique le lieu où l'on pourrait la trouver. Encore faudrait-il savoir ce qu'il faut trouver...
- Sans doute une arme, répondit Teal'c sans hésiter.
- Peut-être. Quoi qu'il en soit, le plus difficile avant de savoir quoi chercher, c'est où le chercher. Une ville grise, je ne vois pas du tout à quoi Nostradamus fait allusion. Autant la déduction du premier vers me semblait couler de source, autant pour celui-ci..."
Le Français fixa à son tour le tableau où étaient inscrits les quatrains, perplexe.
" Les troisième vers indique une fuite vers la galaxie de Pégase."
Daniel et le professeur Lefebvre se tournèrent vers Teal'c comme un seul homme, abasourdis par sa déduction.
" Je vous demande pardon, Teal'c ?
- Le cheval ne peut désigner que la galaxie de Pégase, répéta Teal'c calmement, sans l'ombre d'un doute. Il n'y a aucune autre explication.
- Une fuite vers Atlantis, répéta le professeur Lefebvre. Oui, c'est bien vu...
- Mais le quatrième vers indiquerait la raison de cette fuite, et cela ne me plaît guère, marmonna Daniel, plus pour lui-même que pour ses deux camarades. Cela sonne comme une menace...
- D'après ce que vous m'en avez dit, Daniel Jackson, ce Nostradamus était un homme sage. Peut-être a-t-il voulu nous mettre en garde ?
- Mais pourquoi alors avoir crypté de cette manière l'ensemble de ses écrits ? Cela aurait été plus simple de tout écrire clairement et dans le détail.
- Peut-être s'est-il rendu compte à quel point il pouvait être dangereux de dévoiler le futur... En réalité, son comportement rappelle beaucoup celui des anciens et...
- MAIS C'EST BIEN SÛR !!! s'écria Daniel en se levant de son bureau d'un bond."
Teal'c le regarda comme s'il était devenu subitement fou.
" Comment expliquer ces écrits bizarres et surtout les soit disantes prédictions de Nostradamus, si ce n'est par le fait qu'il ait été un ancien ?
- Vous plaisantez ?!! s'exclama Lefebvre en observant Daniel de la même façon que Teal'c. Et cette idée brillante vous est venue comme ça... comme une illumination ?!!
- Réfélchissez cinq minutes !!! C'est tout à fait plausible ! Nous savons que les Anciens maîtrisaient cette technologie avant leur ascenssion. Nous savons aussi quelles règles très rigoureuses et strictes l'encadraient. Et surtout, nous savons que certains anciens ont désobéi à ces règles. Il est tout à fait concevable que...
- C'est l'hypothèse la plus invraissemblable que j'ai entendu. Elle pourrait tenir debout mais ce n'est pas notre préoccupation, cher collègue.
- Si nous arrivions à prouver cette théorie, le Pentagone serait forcé de nous écouter et...
- Mais autant ils nous impossible de prouver les dires du colonel Carter quant à une attaque thélépatique de le part des Oriis, autant cette idée n'en ai pas moins invérifiable, Daniel Jackson."
Daniel regarda Teal'c et le professeur Lefèbvre, une moue boudeuse peinte sur le visage.
" Je sais... Encore une chose qu'on ne peut vérifier. Pourtant je mettrais ma main à couper que c'est la vérité.
- Malheureusement, Daniel Jackson, ce n'est pas la vérité que nous devons cherché, objecta Teal'c. Nous recherchons une solution au Fléau."
Un soupir de lassitude échappa à l'archéologue. Il en avait assez de tout ça, cela se sentait. Mais il devait continuer. Même si cela le décourageait, le dégoûtait, le faisait haïr beaucoup de choses, il lui fallait poursuivre ses recherches, parce que plus que tout il voulait comprendre.
" Fort bien. Trouvons une solution contre ces lumières noires et cette pâle vérité qui ont causé tant de morts."
Car là-dessus au moins les deux hommes et le jaffa étaient d'accord. Les lumières noires étaient les Oriis, la pâle vérité le Fléau. Les deux plus grands ennemis de l'humanité sans aucun doute. Bien plus puissants que les Goa'ulds. Bien plus redoutables que les réplicateurs. Bien plus immondes que les Wraiths.
Sans le savoir, ils menaient le dernier combat pour la survie de l'humanité.
Greytown, Montana, résidence des Hanlow.
Le petit garçon monta les marche du perron lentement, sans faire de bruit.
" Quelle chance ! pensa-t-il en regardant autour de lui. Frenchie n'est pas sur sa chaise aujourd'hui !"
En effet, le perron était vide. Le petit garçon s'arrêta quelques minutes, fixant la chaise vide sur laquelle la jeune fille avait l'habitude de passer sa journée. Il l'aimait bien, même s'il la trouvait bizarre. Elle lui racontait ses rêves chaque soir, assise là, sur le perron, se balançant sur sa chaise, les jambes couvertes d'une épaisse couverture orange, lui assis par terre, un gros blouson sur le dos et une écharpe autour du nez.
En plus, elle était plutôt jolie... Enfin c'était du moins l'avis du gamin. Son unique ami, un enfant qui habitait à l'autre bout de la ville (Greytown comptait en tout et pour tout 5 enfants), s'était moqué de lui quand il le lui avait dit.
" Elle est grasse comme une poule dodue de la ferme Grant ! avait ri son ami."
Depuis ils ne se parlaient plus. Cela faisait trois jours déjà. Il ne trouvait pas, lui, que Frenchie était grasse. Comme disait sa grand-mère, elle était "joliment potelée". Ses formes étaient donc certes un peu rondes, mais elle était loin d'être grosse. "1m75 pour 74 kg", était ce que Frenchie lui avait répondu lorsqu'il lui avait rapporté l'incident avec son copain."Ton ami a le droit de ne pas me trouver mince. C'est la vérité toute nue." Cela avait fait rire le petit garçon, d'autant qu'elle avait dû répété la phrase une bonne dizaine de fois avant d'arriver à se faire comprendre. Mais il n'en démordait pas : malgré ses rondeurs, elle avait une superbe chevelure châtain clair, qui l'été se colorait de reflets roux et dorés. Mais ce que Tommy, le petit fils des Hanlow, préférait, c'était ses yeux gris-bleu.
"C'est la couleur de la mer quand elle est en colère, avait-il raconté au bébé Zacharie, son petit frère."
En plus, son accent l'amusait beaucoup, mais il était sûr que la jeune fille en jouait aussi beaucoup quand elle lui parlait.
Mais aujourd'hui, elle n'était pas sur sa chaise. A huit ans, on ne cherche pas à s'occuper des affaires des adultes, aussi Tommy ne la chercha pas. Il avait bien mieux à faire. En effet, il tenait dissimuler sous sa grosse veste en polaire une cassette vidéo qu'il était parvenu à chiper dans la réserve de la bibliothèque. En tant normal, les enfants de son âge n'avait pas le droit de visionner ces vidéos, réservées aux adultes. L'un des enfants de l'école qu'il fréquentait avant la mort de ses parents lui avait confié un jour qu'il était certain qu'il s'agissait là de films cochons. Tommy en avait en effet beaucoup entendu parler à son école, et sa curiosité avait été piqué à vif. Qu'était-ce donc que ces films cochons, que seuls les adultes avaient le droit de regarder ?
Alors il avait profité du fait que la bibliothécaire, Mrs Reynolds, ait le dos tourné pour s'introduire dans la réserve et volé une de ces curiosités. Trop pressé pour savoir ce qu'il prenait, il n'avait même pas pris la peine de lire le titre inscris au feutre neutre sur la boîte en carton.
" Mamiiiiiiiie ?!!!!"
Pas de réponse. Le petit garçon referma la porte d'entrée avec précaution et jeta un coup d'oeil dans la cuisine et la salle à manger. Personne.
" Y'a quelqu'uuuuunnnn ?!!! insista-t-il."
Silence. Tommy, ravie de se retrouver seul dans la maison, sauta de joua, exécuta une petite pirouette puis se précipita vers le magnétoscope. Ses grands-parents ou Frenchie n'allait peut-être pas tarder à rentrer. Il fallait donc qu'il se presse pour regarder le contenu de la vidéo.
Il alluma la télévision, puis introduisit la cassette dans le magnétoscope. La lecture se fit automatiquement. Avant que l'appareil n'avale la vidéo, le petit garçon eut le temps de lire sur la boîte le titre du film : "Nuit et Brouillard".
Ses yeux s'immobilisèrent sur l'écran de la télévision, comme hypnotisés par les premières images qu'ils voyaient, sans que son esprit parvienne à les comprendre. Puis son regard rempli de curiosité se figea soudain. Ses pupilles se dilatèrent. Ses oreilles ne parvenaient plus à percevoir les sons. La bouche de Tommy s'ouvrit en un grand cri muet.
Au même instant, dans l'épicerie de le rue principale de Greytown, Gabrielle ressentit une violente douleur au niveau de la nuque, si violente qu'elle manqua perdre connaissance. Elle s'aggrippa au bras de Mrs Hanlow, qu'elle avait accompagné pour ses courses, et marmonna : "Il est arrivé quelque chose à Tommy."
Base de Cheyenne Mountain, salle de briefing.
Samantha tapotait nerveusement le rebord de la table, tendue. Daniel face à elle relisait pour le énième fois ses notes, tandis que le professeur Lefebvre observait le plafond d'un air très absorbé. Teal'c était assis à ses côtés, les yeux fixes, le regard lointain.
Tous les quatre avaient été convoqués dans la salle de briefing par O'Neill, mais celui-ci tardait à venir. "S'il est si en retard, cela ne doit pas être très grave", tentait de se persuader Samantha. Mais elle était nerveuse. Très nerveuse même. Son instinct, qu'elle n'écoutait que rarement, lui soufflait que quelque chose clochait. "Mon Dieu, faites que rien de grave ne soit arrivé..."
Cela faisait près de deux semaines maintenant qu'il n'y avait plus aucune victime à déplorer, tuée par le Fléau. Plus une seule.
O'Neill fit soudain son apparition. Contrairement à son habitude, son visage était grave. Sombre même. Et il semblait las, très las. Le coeur de Samantha se serra. Elle savait ce qu'il se passait avant même qu'il ait ouvert la bouche.
" Un nouveau cas nous a été signalé, annonça-t-il d'une voix morne."
Il y eu un silence.
" La victime est déjà...
- Non, non. On a dépêché sur place une de nos meilleures équipes de spécialistes, mais le résultat est connu d'avance."
O'Neill se frotta les yeux, rompu.
" Jack ? l'appela Samantha, soudain inquiète."
Il avait dû gérer la mort de plus d'une cinquantaine de membres du SGC, sans compter celle des civiles. Mais aucune ne semblait l'avoir autant affecté que celle-ci.
" C'était un gosse, nom de Dieu ! Un gosse de huit ans !"
Durant quelques secondes, Samantha crut qu'il parlait de Charlie... Puis elle se rendit compte qu'il évoquait toujours la nouvelle victime du Fléau.
" A quel stade en est-il ? s'enquit Daniel pour rompre le nouveau silence qui s'était installé.
- Coma profond depuis une heure."
Il poussa un profond soupir, tandis que Daniel ôtait ses lunettes pour se frotter les yeux à son tour. "Avoir sauver une dizaine de fois la planète et ne rien pouvoir faire pour un môme de huit ans, pensa-t-il au bord de la crise de nerf. Quelle ironie !"
" Où est-ce cette fois-ci ? demanda Samantha, sans vraiment trouver d'intérêt à sa question.
- Ici, en Amérique, dans le Montana. Un bled coupé de tout, du nom de Greytown."
Le professeur Lefèbvre eut un violent hoquet de surprise.
" Qu'est-ce que vous avez dit ?
- J'ai dit que c'était dans le Montana.
- Le nom de cette ville ?
- Greytown, mais pourqu..."
O'Neill n'eut pas le temps d'achever sa phrase. Le Français éclata de rire, un rire suraigu, désagréable. Un rire de dément.
" Qu'y a-t-il de drôle ? s'empourpra O'Neill, la voix tremblante de colère. Vous trouvez amusante la mort d'un enfant ?!
- N... Non... Je... C'est... Ah ah ah... Bon sang qui... aurait... cru... Ah aha ah !"
O'Neill se leva d'un bond de son fauteuil et se précipita sur Lefèbvre, les yeux lançant des éclairs, la veine de sa tempe gonflée, signe d'une violente fureur. Il voulut attraper le Français par le col, mais Daniel et Teal'c furent sur lui avant même qu'il ait pu le toucher. Il bouillait de rage.
" LAISSEZ MOI LUI REMETTRE LES IDEES EN PLACE A CE CINGLE DE FRANCAIS !!! LÂCHEZ-MOI !!! C'EST UN ORDRE !!!
- JACK, CELA SUFFIT !!!
- O'NEILL !!! CALMEZ-VOUS O'NEILL !!!"
La vue de cette mêlée et de la colère noire du général sembla faire reprendre ses esprits à Lefebvre. Il recula de plusieurs pas, maus buta contre Samantha qui avait contournée le bureau et s'était rapprochée de lui, au cas où Daniel et Teal'c n'aurait pas réussi à l'immobiliser. Elle, il ne la toucherait pas, elle le savait.
" Je... je...je suis désolé, général O'Neill, bafouilla le professeur, visiblement horrifié par son comportement et celui du militaire."
Semblant s'être calmé, Daniel et Teal'c relâchèrent leur étreinte sur O'Neill. Celui-ci leur jeta un coup d'oeil meurtrier, puis revint sur Lefebvre.
" Alors je peux savoir ce qui vous a pris ?*
- C'est cette ville... Greytown... Dire qu'on ne savait pas où chercher alors que la solution était toute simple..."
Le front du militaire se plissa, signe d'un profond mécontentement.
" Je vous demande pardon ?
- Eh bien oui... Greytown... la ville grise..."
Le pauvre Français lança un regard désespéré en direction de Daniel et Teal'c. Le visage de Daniel se figea, puis s'illumina.
" Bon sang, mais c'est bien sûr !
- Vous avez tous pété un câble ?! s'inquiéta O'Neill en fixant Daniel. Rassurez-moi, Carter, vous vous sentez bien vous au moins ?
- Jack... Dans l'un des quatrains de Nostradamus...
- Eh ça vous reprend !
- Il est question d'une ville grise, continua Daniel imperturbable, tant son excitation était grande. Une... La... la chose dont fait mention la prédiction se trouverait cachée là-bas !
- Tout ce qu'il y a là-bas, c'est un enfant en train de mourir.
- Et peut-être aussi la solution pour le sauver, termina Samantha."
O'Neill la fixa à son tour, l'air soudain complètement dépassé.
"Je croyais que vous n'y croyiez pas vraiment, Sam.
- Etant donné les circonstances, je suis prête à croire à tout, mon général. Il y a déjà trop de personnes et d'enfants qui ont souffert de ce Fléau. Nous devons tout tenter. D'autant qu'étant donné la conjoncture actuelle au Pentagone, nous n'en aurons peut-être bientôt plus l'occasion."
O'Neill les considéra lentement tous les quatre.
"Très bien. Je vous donne l'ordre d'enquêter là-bas, mais en toute discrétion ! Je déteste la paperasse administrative..."
Gabrielle jeta un coup d'oeil sur sa droite, puis sur sa gauche, en continuant à se balancer sur sa chaise. Elle se tenait ainsi depuis le matin, devant la maison qu'elle habitait en compagnie d'un gentil couple de retraités américains. Car la jeune fille n'était pas américaine. Non. En tout cas elle n'en avait pas le souvenir. D'ailleurs les quelques mots d'anglais qu'elle connaissait tendaient à le prouver. Ses hôtes, ainsi que la plupart des gens du coin, l'appelaient la "Frenchie"... Elle était donc française. En tout cas, c'était l'unique langue qu'elle parvenait à parler couramment. Mais ici elle était aux USA, et par conséquent la barrière linguistique s'imposait à elle tous les jours depuis son arrivée.
Elle n'avait pas choisi de partir de son pays. D'ailleurs elle ne savait même plus depuis quand elle était partie. Un mois. Peut-être six. Peu importait. Elle vivait ici illégalement. A cause du Fléau.
Greytown comptait pas moins de 600 habitants il y avait encore neuf mois. Mais le Fléau s'était abattu comme la lame d'une guillotine s'abat sur le cou d'un condamné, et la plupart des citoyens de la ville étaient mort, ou avait fui.
Gabrielle y avait trouvé un refuge. Enfin pas elle exactement. Ses parents... C'était du moins ce que ses vagues souvenirs lui soufflaient certaines nuits de cauchemard. Et elle avait une soeur aussi... Tous morts, emportés par le Fléau. Elle seule y avait échappé. Grâce à eux.
Le Fléau. Nul ne savait vraiment ce que s'était. On pouvait le voir. On pouvait le ressentir. On pouvait en mourir. Mais on ne pouvait pas le combattre.
C'était du moins les dires officiels du gouvernement provisoire mondial. Le GPM... Il aurait été dérisoire de conserver les gouvernements de chacun des anciens pays. Quand la population d'une planète passait en quelques mois de plus de 6 milliards d'habitants à un chiffre dérisoire d'un million et demi d'âmes, il fallait se montrer solidaire.
"Tu parles d'une blague", marmonna la jeune fille en étouffant un rire nerveux.
Le Fléau. Elle en avait souffert comme tous les autres. Non pas en perdant seulement des proches. Non. Il l'avait infecté, elle aussi. Mais elle l'avait battu. Et elle avait gagné. Et ses parents, pour la protéger, l'avait obligé à s'expatrier. Alors qu'elle aurait pu sauvé tant de vies en dévoilant ce secret.
Car nul n'était au courant dans Greytown qu'elle était une rescapée. Nul ne savait non plus sur les territoires déserts de l'ancienne Amérique, de la regrettée Europe, de la mourante Asie et de l'isolée Australie qu'il existait une solution au Fléau. Tous ignoraient au SGC que Gabrielle existait.
Base de Cheyenne Mountain.
"Siler !!! Nom de D*** ! Que fait ce truc en plein milieu du couloir !!!"
La lumière revint enfin et Jack O'Neill se releva péniblement de sa chute. Une caisse pleine de babioles extraterrestres gisait à moins d'un mètre du militaire, son contenu éparpillé sur le sol en béton.
Le tête du sergent émergea soudain de l'une des portes du couloir. Ses traits étaient tirés, ses cheveux ébourriffés et son regard vide fixait son supérieur d'un air absent.
"Désolé mon général...
- Je vous ai dit de ranger tout ce bazarre à l'étage de la Porte, est-ce si difficile ?!
- Désolé mon général...
- Et arrêtez d'être tout le temps désolé. C'est agaçant à la fin !
- Désolé mon général...
- Siler...
- Déso...
- Ouais bon ça va j'ai compris. Allez donc vous reposez dans vos quartiers ! J'ai l'impression de parler à un zombie ! Allez allez..."
Le sergent n'eut même pas la force (ni l'idée !) de le remercier et disparut dans le couloir sans un mot pour O'Neill. Celui-ci ramassa à la va-vite les objets tombés de la caisse, les rangea (c'est un grand mot !) dedans, poussa le tout contre le mur, puis rejoignit la salle de briefing où l'attendaient une demi-douzaine de techniciens. Le colonel Samantha Carter était également présente, ravissante dans son uniforme militaire. Mais O'Neill remarqua surtout son visage fatigué et la lassitude qui hantait ses traits.
Après avoir renvoyé les techniciens, Jack s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. A la fois surprise et soulagée, elle goûta durant quelques instants ce furtif moment de calme et de complicité, puis elle s'écarta de de lui.
" Mon général...
- Jack. Pitié faites-moi plaisir, appelez-moi par mon prénom Sam !
- Vous me vouvoyez toujours je vous signale.
- Ah bon ? Tiens c'est vrai. Sale habitude.
- Mon général, reprit Samantha malgré la grimace d'agacement d'O'Neill, je n'arrive toujours pas à trouver Daniel.
- Lui au moins vous l'appeler par son prénom !
- S'il vous plaît...
- Oui, je sais, cela va faire plus de trois semaines maintenant. Mais s'il lui était arrivé quelque chose, l'un de ses petits camarades nous aurait averti.
- Sauf s'ils sont tous morts.
- Sam..., commença O'Neill sur un ton de reproche.
- Oui je sais. Il faut rester "optimiste"."
Elle avait poinctué ce dernier mot avec un sourire qui aurait pu paraître comique si les circonstances avaient été différentes. Depuis plusieurs mois (depuis son retour à la base en fait), O'Neill n'avait plus eu que ce mot à la bouche : "optimisme".
" Ne vous inquiétez pas Carter. J'ai envoyé Teal'c sur place pour vérifier que tout se passe bien. Il est immunisé, lui au moins.
- Je croyais que vous ne vous inquiétiez pas pour lui ?
- Cela fait quand même trois semaines..."
Cette dernière phrase finit par arracher un vrai sourire à Samantha.
" Ah vous voyez quand vous voulez ! s'écria Jack avec malice.
- Comment faites-vous pour garder le moral face à cette atrocité ?
- Qui vous dis que je l'ai ?
- Je croyais que... Vous avez l'air si...
- Oui, oui. Il faut bien que quelqu'un s'y colle. Sinon cette saloperie finirait par gagner. Et puis vous êtes suffisamment sérieuse pour nous deux, Sam."
Ils gardèrent tous deux le silence, ne sachant quoi ajouter.
"Siler va nous lâcher, finit par dire O'Neill. La mort de sa famille l'a anéanti.
- Il n'est pas le seul dans ce cas.
- Je crois qu'il vaut qu'il aille retrouver ce qui lui reste de proches, plutôt que de rester ici.
- C'est une mauvaise idée, mon général. C'est son travail qui le fait tenir. Rien d'autre. Il vit encore parce qu'il a l'espoir de trouver une solution contre ça. Nous tenons tous ici grâce à ça."
O'Neill la regarda avec surprise, puis finit par hocher la tête.
" Oui, tous sans exception."
Puis il fit brusquement volte-face et s'enferma dans son bureau, tandis que Samantha retournait dans son laboratoire, qui était devenu depuis le commencement du Fléau sa résidence principale.
L'un des téléphones sur le bureau d'O'Neill se mit à sonner au moment même où celui-ci s'assayait, abattu. Il décrocha vivement le combiné.
" Allô Teal'c ?!
- Oui, O'Neill. J'ai retrouvé le docteur Daniel Jackson. Il va bien.
- Ah la meilleure nouvelle de la semaine !
- De ces trois dernières semaines même.
- Oh ! Vous faites de l'humour maintenant ? Cela ne vous va pas du tout Teal'c. Ou alors dites-le avec un peu plus d'entrain !
- O'Neill...
- Oui ?!
- Daniel Jackson a trouvé le livre.
- Ils ne l'ont pas brûlé finalement ?
- Non.
- Parfait. Rentrez tout de suite dans ce cas. Inutile de vous éternisez en France."
La ligne fut coupé dès qu'O'Neill eut achevé sa phrase. Il appuya de tout son poids son dos contre le dossier de son fauteuil, leva les yeux au ciel et siffla entre ses dents :
"Sacré Daniel ! Je me demande bien ce qu'il espère trouver dans les prédictions de Nostradamus..."
Bibliothèque municipale de Toulouse, France.
Daniel Jackson feuilletait avec intérêt et précaution l'énorme ouvrage relié de cuir qu'il avait posé sur la table face à lui. Les pages était en vieux parchemin épais et une odeur familière de poussière et de vieilles reliques s'en dégageait à chaque page tournée. Les écritures étaient assez grossières bien que parfaitement lisible, et quelques ornements égayaient certains passages du livre.
"Les prophéties de Nostradamus, murmura-t-il pour lui-même avec respect.
- Qui était ce Nostradamus ?"
Teal'c se tenait assis face à lui, droit, les sourcils froncés, l'air plus que jamais extrêmement sérieux et grave.
" Il s'agit d'un homme de science français qui a vécu voici cinq siècles environs. Ses spécialités étaient la médecine, l'astronomie et l'astrologie entre autres. C'était un homme de talent, de renommé international pour son époque.
- Vous pensez trouver un remède au Fléau dans son ouvrage ? Mais même un homme brillant comme lui ayant vécu il y a plusieurs siècles ne pourra vous être d'aucun secours, Daniel Jackson. Sa médecine n'est pas suffisamment évoluée.
- Cet ouvrage ne traite pas de médecine. Outre que Nostradamus ait été un grand médecin, il est surtout connu pour avoir écrit durant une trentaine d'années "les immortelles centuries", un ouvrage uniquement dédié à des prophéties qu'il aurait prédit, et qui s'étendraient jusqu'au troisième millénaire au moins de notre calendrier.
- J'ai entendu parler de personnes sachant lire l'avenir. La plupart des habitants de la Tori les appelle des "charlatans".
- Oui, je vous l'accorde, l'astrologie est une science très nébuleuse... Il n'empêche que beaucoup de prédictions de Nostradamus se sont vues réalisées ! Sur un millier de quatrains écrits par cet homme, près de 800 relatent des évènements d'une extraordinaire coïncidence avec notre Histoire."
Le jaffa garda le silence, ce qui n'était pas rare chez lui, mais continua à fixer l'archéologue intensément.
" Vous avez l'intention de me regarder longtemps comme ça, Teal'c ? finit par demander Daniel, exaspéré.
- O'Neill a dit de rentrer le plus tôt possible.
- Je voudrais simplement un peu l'étudier ici, au calme.
- Il me semble que par "le plus tôt possible", O'Neill entendait tout de suite.
- Allons, une petite heure ne gachera rien...
- Ce ne serait pas prudent, Daniel Jackson. Les habitants de cette ville sont certes peu nombreux, mais ils restent dangereux. Il est déjà heureux que nous n'en ayons rencontré aucun jusqu'à présent, et bien plus qu'ils n'aient pas mis la main sur cet ouvrage.
- Oui, je sais. Tout le combustible disponible est envoyé vers la base dans l'éventualité d'une attaque par la Porte des Etoiles, ou pire par l'espace. C'est incroyable la rapidité avec laquelle l'Homme est capable de régresser quand il s'agit pour lui de subvenir à ses besoins vitaux.
- C'est l'hiver, Daniel Jackson. Ces gens ont froid.
- Brûler des livres pour se chauffer, maugréa Daniel en refermant le livre et en l'enveloppant dans un linge pour le préserver de toute attaque extérieure."
Teal'c ne répondit pas et se leva, immité par Daniel. Les militaires chargés de les escorter se regroupèrent aussitôt et envoyèrent un éclaireur vérifié le chemin jusqu'à leur véhicule.
"Sergent Grinwall, toute cette mise en scène est-elle vraiment nécessaire ?"
Le militaire apostrophé, un jeune homme d'au moins dix ans de moins, toisa l'archéologue d'un air réprobateur.
" Vous voulez rire ? finit-il par lâcher. Toutes les personnes qui sont restées vivre ici, environ une cinquantaine, sont pris d'une véritable folie meurtrière dès qu'ils font face à des étrangers. Tout leur manque, et après ce qu'ils ont vécu ces neuf derniers mois et l'hiver qui s'annonce rigoureux, ils sont prêts à tout pour survivre ! On dirait presque des animaux sauvages !
- N'exagérez pas tout de même.
- Vous êtes certainement très doué dans votre domaine, docteur Jackson, mais sur le terrain, en présence d'un danger potentiel, c'est moi le plus compétent !"
Daniel jeta un coup d'oeil à Teal'c, qui fronça une fois de plus les sourcils et se contenta de fixer un point droit devant lui. Il ravala donc le fou rire qui le gagnait et imita Teal'c, sans pouvoir laisser échapper un sourire moqueur. Le sergent Grinwall était jeune, mais qui plus est, totalement inexpérimenté. Il ne comptait à son actif qu'à peine sept mois dans l'Air Force, et n'avait jamais rien connu d'autre en tant que militaire que des missions sur Terre. Son grade de sergent tenait au fait qu'après l'hécatombe due au Fléau, il avait fallu nommer de nouveaux responsables à la tête de l'armée. L'archéologue trouvait donc risible de s'entendre ainsi rabaisser, après avoir sauvé un nombre incalculable de fois la Terre, et connu des situations bien plus périlleuses que celle-ci.
" RAS. Vous pouvez avancer, sergent.
- Bien reçu. Nous serons là d'ici dix minutes."
Essayant tant bien que mal de conserver son sérieux, Daniel emboita donc le pas au sergent et à Teal'c, avec entre ses bras, il l'espérait du moins, la solution à tous leurs problèmes.
Base de Cheyenne Mountain, deux jours plus tard.
Jack lança la boulette de papier en direction de la corbeille... autour de laquelle déjà une vingtaine de ses semblables se trouvaient. La boulette toucha le bord en plastique, vacilla et rejoignit finalement le reste de ses congénaires sur le sol gris.
" Noooon !!!"
La porte s'ouvrit à cet instant précis. Daniel regarda Jack avec curiosité, mêlée d'inquiétude. A première vue tout semblait aller. Le général était à son bureau, le visage calme... affalé dans son fauteuil, les pieds sur le bureau.
"Je vous ai entendu crier. Quelque chose ne va pas ?
- Je n'arrive pas à viser cette saleté de corbeille !"
Daniel jeta un coup d'oeil aux boulettes de papier et eut un sourire.
"Je ne vous dérange pas au moins ?
- Si, vous me dérangez ! Je croule sous la paperasse de la bureaucratie. Même réduit au strict minimum, ces incapables politiciens parviennent à m'envoyer chaque jour une tonne de papiers à remplir.
- Et d'où viennent ces feuilles là ? demanda Daniel en désignant les boulettes.
- Des formulaires de politiciens, bein sûr ! Je n'y réponds jamais.
- Pas étonnant que vous en receviez autant chaque jour alors. Mais je pensais que vous aviez fini par vous y habituer après votre bref séjour au Pentagone...
- Etes-vous venu pour me parler des joies du courier administratif ou avez-vous quelques chose de plus précis en tête, Daniel ?"
L'archéologue s'assit en face de Jack, qui prit tout de même la peine de retirer ses pieds du bureau.
" Avez-vous lu mon rapport préliminaire sur le livre que Teal'c et moi avons rapporté de France, Jack ?
- Ah parce que vous l'avez déjà écrit ?!
- C'est juste un rapport préliminaire.
- Hum...
- J'en déduit que non.
- Faites m'en un résumé. Un résumé de résumé, Daniel !
- D'après mes premières conclusions, et les rapports que m'avaient envoyé l'un de mes confrères français, il y aurait bien un passage dans les Centuries de Nostradamus faisant référence au Fléau que la Terre a subi."
O'Neill garda le silence. Il avait pris une nouvelle feuille de papier et s'évertuait d'en faire une boule parfaitement ronde. Au bout d'une minute de silence, il releva la tête.
"Oui, et alors ?
- Ces textes sont obscures. Il se pourrait bien que d'autres références existent sur ce phénomène, mais pour cela il faudrait étudier le livre à fond. Cela pourrait prendre plusieurs semaines.
- Nous n'en sommes plus à une semaine près. Le Fléau semble s'être calmé, par ailleurs. Vous n'avez rien de plus précis ?
- Le texte fait référence à "une".
- Une... une quoi ? Une arme, une solution, une mort, une destruction, une annihilation...
- Simplement "une".
- Et quoi d'autre ? Je vous connais, Daniel. Il y a toujours autre chose.
- J'aurais besoin de l'aide de mon confrère français qui m'a envoyé les rapports qui m'ont mis sur cette piste.
- Envoyez-vous des mails.
- J'ai besoin qu'il soit là physiquement, Jack.
- Parfait. Accordé. J'imagine que vous m'avez mis son dossier dans votre rapport ?
- Oui.
- Je l'appelle tout de suite."
Daniel se leva, et se dirigea vers la porte. Mais au moment où il sortait du bureau, Jack le rappela, toujours occupé avec sa boulette de papier. Mais il l'avait dépliée, et la fixait, un petit sourire sur les lèvres.
" Votre confrère... Le docteur André Lefebvre, n'est-ce pas ?
- Oui, c'est ça. Vous connaissez ?
- Non, mais finalement j'aurais besoin d'une autre copie de votre rapport, Daniel.
- Pourquoi ? Il y a un problème avec la première ?
- Plutôt oui. Elle est éparpillée autour de ma poubelle."
Greytown, Montana.
"Frenchie, tu devrais rentrer maintenant. Déjà que tu passes ta journée assise là, mais la nuit en plus ! Tu vas attrapper la mort, c'est sûr !"
La jeune fille regarda le vieil homme d'un air interrogateur, front plissé.
"Pfff... J'oublie toujours que tu causes pas américain."
Il disparut par la porte d'entrée quelques minutes, puis revint les bras chargés d'une épaisse couverture orange criard.
"Merci, monsieur Hanlow, articula la jeune fille avec un fort accent français."
Il hocha la tête, puis s'installa à côté d'elle, sur une autre chaise qui traînait là, tandis qu'elle couvrait ses jambes et une partie de son buste avec la couverture. Le vieil Hanlow était un homme de race blanche, bedonant, à la calvitie relativement bien avancé pour ses 65 ans. En cette soirée fraîche d'hiver (le thermostat était à peine au dessus de 5°C), le ciel était extrêmement clair. Il n'y avait presque aucun nuage. Les étoiles brillaient comme des diamants posés sur un tapis de velours bleu nuit.
" Quand j'pense que cette saloperie est venue de là-haut..."
Il avait perdu ses enfants et six de ses petits enfants à cause du Fléau. Gabrielle le savait, il était parvenu à le lui expliquer. D'ailleurs les deux derniers petits enfants qu'il lui restait vivaient chez eux. Le plus jeune, Zacharie, était vieux d'à peine sept mois. Un miracle pour le vieux couple Hanlow qu'il ait survécu. Pour Gabrielle, le fait que la vie du petit se soit poursuivie n'avait rien de miraculeux : il était né après que le Fléau ait commencé à sévir. Comme tous les enfants né après l'arrivée du Fléau, il y avait échappé. Mais cela, peu de gens l'avait remarqué. D'ailleurs, qu'est ce que cela aurait changé à la situation ? Par ailleurs, les enfants étaient si peu nombreux qu'il était très difficile d'observer ce phénomène. Mais Gabrielle le savait, tout comme elle savait que le Fléau ne la tuerait pas lorsqu'elle avait lutté contre lui.
" Ah la la, p'tite Frenchie, heureusement que t'es là, sinon le Tommy nous en ferait voir de belles !"
Tommy était le second petit-fils des Hanlow. Âgé de 8 ans, lui non plus n'avait pas souffert du Fléau. Mais dans ce cas, tout comme pour le cas de Monsieur Hanlow sénior et des un million et demi d'autres rescapés, Gabrielle n'avait aucune idée de la raison pour laquelle ils avaient été épargnés. Tout ce qu'elle savait, qu'elle ressentait, c'était que la raison de leurs survies était différente de la sienne. Cela avait à voir avec ce qu'elle était... avec son sang et sa chair.
" Tommy m'a encore arraché des légumes dans le jardin. Déjà qu'ils sont point fameux, alors s'il se met à jouer les terreurs ! Dis, tu m'écoutes Frenchie ?!"
Elle regarda le vieillard et lui adressa un sourire, un de ce dont vous savez qu'ils sont sincères, pensés. Un vrai sourire. Le vieillard avait remarqué que Gabrielle souriait souvent, et que tous ces sourires étaient comme celui qu'elle venait de lui offrir. Une fille honnête, incapable de faire du mal sciemment... Mais elle lui faisait peur aussi. Dans ses yeux bleus-gris se cachait quelque chose de dur, de terrible. Et cette chose se cachait derrière l'âme de la jeune fille. Le vieil Hanlow n'était même pas certain qu'elle le savait, qu'elle avait conscience de cette chose terrible qui se cachait en elle.
" T'es bizarre comme fille, Frenchie, mais Tommy t'aime bien. Zach aussi. Alors ça me suffit."
Telle était la philosophie du vieillard : on ne pouvait mentir à un enfant. A un jeune enfant. C'était impossible. Il se doutait bien qu'elle lui cachait quelque chose, mais il n'était pas parvenu à définir ce que cela pouvait être. Il s'en méfiait bien, mais il avait renoncé à chercher. La jeune fille en avait été soulagée. Car s'il avait appris qu'elle avait été infectée par le Fléau mais qu'elle s'en était sortie, elle était certaine d'être traquée impitoyablement par le gouvernement. Il ne pouvait en être autrement et il n'en était pas question pour elle. Elle savait, tout comme elle savait tant d'autres choses sans jamais les avoir apprises, que si le gouvernement mettait la main sur elle, une chose horrible, bien plus que le Fléau encore, se produirait. Ses parents l'avaient compris alors que la mort s'emparait d'eux, ils lui avait fait juré de rester cachée. Et elle leur avait promis.
Base de Cheyenne Mountain, laboratoire principale (résidence principale de Samantha Carter).
Samantha se frotta les yeux, épuisée, au bord de la crise de nerf. L'échantillon qu'elle avait placé sous la lentille du microscope ne lui avait toujours rien révélé. Cela faisait bien le millième qu'elle examinait ainsi, depuis neuf mois. Et elle ne trouvait rien.
" Sam, vous êtes épuisée. Allez donc vous reposer.
- C'est gentil, Carolyn, mais je dois encore approfondir mes recherches. Même si le Fléau semble s'être calmé, on peut craindre une reprise à tout moment. On doit pouvoir sauver le peu qu'il reste d'entre nous. Il le faut."
Le docteur Lam se contenta d'acquiesser, et tandis à Samantha une tasse de café fumant.
" Vous n'y avez pas mis de somnifère, j'espère ?
- Allons Sam, vous me connaissez...
- Justement. Pour le bien de vos patients, vous seriez prête à les soigner contre leur gré. Tout comme l'aurait fait Janet.
- Je vous jure que je n'ai rien mis dans votre café."
Samantha renifla le contenu de sa tasse malgré tout avant de boire. Le liquide était brûlant, mais cela lui fit du bien.
" J'admire votre persévérence Sam, mais après neuf mois, vous n'avez toujours rien trouvé. Personne n'a rien trouvé, d'ailleurs. Même pas les Asgards !"
Samantha garda le silence, fixant l'écran sur lequel on pouvait voir l'image de l'échantillon agrandi par le microscope. Rien. Ce tissu sembla parfaitement sain. Pourtant il provenait d'une des victimes du Fléau.
" Les malades ne portent aucune marque apparente de maladie, hormi cette petite tâche brune sur la nuque. Ils n'ont aucun symptôme annociateur d'infection quelle qu'elle soit. Ils sont pris d'un seul coup d'une forte fièvre après une perte de connaissance de quelques minutes. S'ensuit des spasmes violents, comme lors d'une crise d'épilepsie, puis un coma profond de plusieurs heures et enfin un arrêt de toutes activités cérébrales et des fonctions vitales."
Le docteur Lam avait énuméré les effets du Fléau d'une voix monotone, vide de toute émotion. Les premiers jours du Fléau, la panique s'était répandue comme une trainée de poudre sur l'ensemble des continents. Les hopitaux, les médecins, les pharmacies et même les cliniques vétérinaires et les hospices avaient été pris d'assaut. Certains médecins légistes avaient même dû appeler les autorités suite à l'assaut de morgues à New York. Des centaines de milliers de personnes étaient morts les trois premiers jours.
Et puis les gens avaient fini par s'habituer à tous ces morts. Ils n'avaient pas eu d'autre choix que d'accepter cette mort, redoutant à chaque instant qu'elle ne touche un proche, ou eux-mêmes. Et la peine et le chagrin avaient fini par faire place à un sentiment plus fort, plus primaire : l'instinct de survie.
" Qu'est-ce qui peut bien provoquer la mort ? demanda Sam à haute voix, sachant qu'elle n'aurait aucune réponse à sa question. Quelle genre de virus peut bien causer un trépas si rapide sans lancer de trace dans l'organisme ?
- Avez-vous pensé à une autre éventualité, Sam ?
- ...
- Et s'il ne s'agissait pas d'un virus ? Ni d'une maladie ?"
Samantha regarda la femme qui lui faisait face avec suspicion, partagée entre son instinct qui lui soufflait qu'elle avait raison, et son esprit scientifique qui lui hurlait que cette thèse, et ce qu'elle pouvait entraîner, était totalement absurde.
" C'est impossible scientifiquement parlant.
- Voyons Sam, vous savez tout comme moi que la science humaine est limitée. Vous n'avez jamais su expliquer comment les Nox parvenaient à ramener à la vie l'un des leur, ni comment ils parvenaient à maîtriser l'invisibilité.
- Si votre hypothèse est exact...(Sam soupira, secoua la tête un sourire ironique sur les lèvres) Êtes-vous consciente que cela signifie que nous n'avons aucun moyen de nous défendre ? Si les Oriis sont capables de nous faire mourir simplement par la pensée... Enfin Carolyn, c'est totalement dingue !
- Peut-être, mais c'est l'unique explication à tout ceci. Vous l'avez dit vous-même Sam : neuf mois de recherche et vous n'avez rien trouvé. Biologiquement, toutes les victimes étaient saines !
- Votre hypothèse ne tient pas... Comment expliquer que vous, moi, Daniel, Jack et tous les autres soient encore vivants ?
- Il faut croire qu'il y a quelque chose en notre esprit qu'ils ne sont pas parvenus à infiltrer, et donc qu'ils n'ont pas pu nous tuer."
Samantha jeta un dernier regard à Carolyn, se leva en continuant à sourire ironiquement et à secouer la tête.
"J'ai besoin de repos, et vous aussi Carolyn. Mais si ça vous amuse de croire à cette histoire, allez donc rejoindre Daniel. Lui aussi a des idées complètement démentes ces temps-ci. Après l'attaque psychologique des Oriis, voici les prophéties de Nostradamus !"
Elle éclata de rire, un rire presque dément, très douloureux. Puis elle éclata en sanglot, se cachant les yeux dans une de ses mains.
" Oui, vous avez besoin de repos, admit le docteur Lam en prenant Samantha par les épaules et en la faisant sortir du laboratoire."
Base de Cheyenne Mountain, salle de briefing.
O'Neill entra dans la salle, suivi de Samantha, le docteur Lam, Cameron Mitchell et du général Landry. Daniel Jackson était arrivé depuis une vingtaine de minutes déjà, et s'activait autour de l'écran géant accroché au mur face à la table de réunion. Teal'c était également présent, et se leva de son siège pour saluer leur arrivée, comme à son habitude. Chacun s'installa à sa place, et commença à feuilleter le dossier distribué par l'archéologue.
"Jack, si vous pouviez éviter de vous en servir pour améliorer votre score au tir de boulettes, je vous en serais reconnaissant.
- Allons Daniel, ne soyez pas si rancunier. Je me suis déjà excusé ! Il s'agit d'une regretable confusion !
- Si seulement vous preniez la peine de lire votre courier...
- J'aurais la tête plus grosse qu'une pastèque à la fin de la journée. Un peu de pitié... J'ai déjà suffisamment à faire en ce moment, il me semble."
Daniel se contenta de pincer les lèvres et commença à pianoter sur l'ordinateur portable qui ne le quittait plus depuis son retour de France.
" Pouvons-nous commencer, Daniel ?
- Il manque quelqu'un."
Jack jeta un coup d'oeil autour de lui, puis rétorqua avec un sourire moqueur :
" Oui, en effet. Votre siège est vide, Daniel.
- Nous attendons le professeur André Lefebvre. Il ne devrait plus tarder maintenant.
- Est-ce indispensable ?"
Daniel leva les yeux de son ordinateur, surpris.
" Vous avez un problème avec lui ?
- Pas avec lui personnellement. C'est son accent qui me pose problème.
- Tiens, c'est amusant. Il m'a dit la même chose à votre propos."
Daniel replongea immédiatement le nez sur son clavier tandis qu'O'Neill jetait un regard à Carter, complètement ahuri.
"Je n'ai pas d'accent, Sam. N'est-ce pas ?
- Pas que je m'en souvienne. Enfin, comme cela fait plusieurs années que nous nous cotoyons, mon général, il est normal que nos oreilles se soient adaptées à un éventuel...
- Je n'ai pas d'accent !
- Faites comme si je n'avais rien dit."
Samantha esquissa un sourire d'excuse, mi-amusée, mi-gênée, lorsque le professeur Lefebvre fit son entrée. C'était un homme d'une cinquantaine d'années, d'origine visiblement africaine, et à la musculature plutôt imposante. Ses tempes grisonnaient et des lunettes aux montures d'écailles étaient posées sur son nez écrasé, souvenir d'une mauvaise fin de soirée dans un bar.
" Je ne suis pas trop en retard ? s'enquit-il après avoir salué l'ensemble des personnes présentes d'un hochement de tête."
Il n'attendit pas la réponse et posa sur la table de réunion l'énorme volume et la pile de papiers qu'il portait.
" Bien, après treize jours de lecture, commença Daniel, nous avons réussi à dégager deux passages dans les Centuries de Nostradamus, faisant référence au sujet qui nous intéresse.
- Deux passages seulement ? s'étonna le lieutenant-colonel Mitchell.
- Rappelez-vous que cet ouvrage couvre, d'après la plupart des estimations, pas moins de trois millénaires.
- Et donc ? demanda O'Neill.
- Et bien voici les deux passages en question. Jugez par vous même."
Daniel pianota à nouveau sur le clavier de son ordinateur et le scan d'une page jaunie apparu soudain à l'écran de la salle de briefing.
" Lisez le second quatrain de cette page, précisa le professeur Lefebvre. Le reste ne nous intéresse pas."
Une de ma terre géométrique naquit,
Et dans la ville grise vivra sans cri,
Mais la fuite vers le cheval sera une nécessité,
Car la bêtise de l'ancienne humanité sera restée.
O'Neill siffla entre ses dents, tandis que Teal'c plissait le front, contrarié.
" Et voici le second quatrain. Le premier de la page."
Les lumières noires obscurcissant le soleil blanc,
Diffuseront la pâle vérité tant redoutée,
Et une fin connue d'Une, l'enfant de l'humanité,
Des étoiles du cheval l'abomination l'ignorant.
Daniel se retourna vers les militaires, le visage radieux.
"Alors ? Qu'en dites-vous ?"
O'Neill jeta un coup d'oeil au reste de ses compagnons d'armes, puis revint sur Daniel. En cet instant, il donnait l'impression de quelqu'un qui venait d'offrir un cadeau merveilleux et totalement inattendu à un enfant, attendant de voir sur leurs visages apparaître la joie et la compréhension de ce qu'il leur faisait partager. Mais pour O'Neill, hormi le fait que le texte soit très inattendu, il ne voyait pas de quoi fouetter un chat.
" Et vous avez réussi à en déduire qu'il s'agissait de ce que nous cherchions ?!"
Le général Landry regarda l'archéologue d'un air à la fois couroucé et amusé. L'expression radieuse de Daniel disparut aussitôt.
" Bien que la rédaction des Centuries restent assez obscures, décida d'intervenir le professeur Lefebvre, nos confrères et moi-même avons réussi à déterminer une certaine chronologie dans la succession de ces vers. C'est pour cela que nous sommes persuadés que ces quatrains nous concernent directement.
- Ecoutez moi, professeur. Loin de moi l'idée de remettre vos recherches en question, mais enfin... Je ne vois ici qu'un charabia sans queue ni tête !
- De toutes façons, vous aviez déjà parti pris avant même de revenir dans cette base, n'est-ce pas ?"
Daniel avait définitivement perdu son air radieux et foudroyait du regard le général. Celui-ci supporta son regard sans ciller.
" Soyons sérieux ! Un vieux fou ayant vécu au 16ème siècle ne peut pas avoir eu des visions de notre avenir ! C'est totalement ridicule ! Des contes de bonnes femmes, voilà ce que c'est !
- Ce que le général Landry veut dire, poursuivit Mitchell pour essayer de calmer le jeu, c'est que le Pentagone réclame des preuves concrètes ! Ils veulent du solide.
- Mais nous n'avons rien ! vociféra Daniel dont le visage s'empourprait. A part des milliards de cadavres sans aucun signe de contamination quelconque, une menace extraterrestre aux pouvoirs sans précédent et les prédictions d'un médecin du 16ème siècle, nous n'avons rien ! Mais ce rien là est déjà quelque chose comparé à l'esprit trop étroit de vos politiciens et chefs militaires aux mains vides !"
Landry voulut se lever sous l'insulte, pour répondre à l'archéologue, mais O'Neill coupa court à la discussion en assenant un violent coup de poing sur la table. Samantha et Teal'c étaient pétrifiés, totalement stupéfaits.
" La situation est plus que tendue et d'une gravité extrême, nous le savons tous, dit O'Neill en fixant Landry dans les yeux. Daniel essaie, comme tant d'autres, de trouver une solution pour faire face à ce drame. Je suis bien conscient que tout ceci peut sembler totalement dérisoire, et qu'au Pentagone on s'attendrait à ce que le SGC trouve la solution miracle comme il l'a toujours fait, mais c'est encore loin d'être le cas. Nous y travaillons, c'est tout ce que nous pouvons faire pour le moment. Alors dites-leur de patienter encore un peu. Mais dites-leur aussi de bien être conscient d'une chose : le SGC n'aura jamais le pouvoir d'effacer ces neuf mois d'horreur."
Base de Cheyenne Mountain, bureau du docteur Daniel Jackson.
" Je ne comprends vraiment pas pouquoi il a réagi ainsi ! s'écria Daniel en donnant un violent coup de pied dans une caisse pleine d'artefacts extraterrestres qui se trouvait près de son bureau."
La douleur irradia tout son pied et le fit grimacer. Il se laissa tomber sur le siège de son bureau, furieux et en même temps abattu.
" Le général Landry n'a rien contre vous, docteur Jackson, s'empressa de dire Mitchell d'un ton réconfortant. Il est simplement extrêmement tendu ces temps-ci. Cela n'a rien de personnel.
- Il refuse d'écouter. Il ne veut rien entendre. Je me doute bien que la situation au Pentagone ne doit pas être de tout repos, mais s'il refuse d'entendre ce que j'ai à lui dire, autant que mes recherches cessent tout de suite !"
Mitchell ne répondit pas, imité par Teal'c et Samantha qui réfléchissaient de leur côté à leur précédente réunion.
" Vous savez Daniel, finit par intervenir Samantha, votre théorie est très... disons surprenante. Et aucun élément concret ne vient l'étayer...
- Merci pour votre soutien, Sam. D'un autre côté, d'un point de vue concret, la science n'a pas beaucoup de choses à m'envier non plus..."
Samantha ne répondit pas à la pique envoyée par l'archéologue. En réalité, bien que tout cela lui paraisse complètement fou, l'idée lancée quelques jours plus tôt par le docteur Lam avait fait son chemin dans son esprit. Elle n'en avait parlé à personne. La réaction du général Landry la confortait dans sa décision de ne pas comuniquer ses suppositions au Pentagone. Mais elle pouvait en parler à l'équipe SG1 et à O'Neill.
" Ce que je vais vous dire doit rester entre nous, murmura-t-elle soudain en fixant tout particulièrement Mitchell. Rien ne doit filtrer vers le Pentagone...
- Vous avez ma parole, colonel Carter.
- J'ai eu une discussion un peu... euh... disons étrange avec le docteur Lam il y a quelques temps. Au sujet de mes recherches sur les échantillons de tissus prélevés sur les victimes du Fléau.
- Une discussion étrange ? répéta Daniel, intrigué, tandis que Teal'c fronçait l'un de ses sourcils.
- Elle a émis l'hypothèse que nous ne trouverions pas trace de maladie parce que le Fléau pouvait fort bien ne pas être un virus, ou une bactérie.
- De quoi pourrait-il s'agir dans ce cas ? s'enquit Mitchell.
- D'une sorte de... de... de pouvoir thélépathique... enfin quelque chose d'approchant..."
Pour le coup, Teal'c ouvrit de grands yeux étonnés, Daniel se passa la main dans les cheveux, et le visage de Mitchell prit une expression contrariée.
" Vous êtes sérieuse ?
- Oui, je sais que ça peut sembler complètement dingue... Mais ce ne serait pas la première fois qu'on aurait à faire face à un phénomène nous dépassant entièrement.
- Enfin, colonel Carter... Comment auraient-ils... et quand bien même cela serait possible, vous n'avez aucune preuve...
- Tout comme Daniel n'a aucune preuve du bien fondé des prédictions de Nostradamus. Mais il est persuadé de la véracité de ces écrits, tout comme je suis persuadée que ma théorie pourrait être vraie."
Mitchell contemplait le bout de ses rangers, l'air fatigué.
" Je veux bien vous croire, mais comprenez ceci : lorsqu'il y a six mois le Président a donné une totale autonomie au SGC et au général O'Neill, pour vous permettre de trouver une solution à cette horeur, il s'attendait à quelque chose de concret. Pas à des spéculations de ce genre, quand bien même elles auraient été émises par vous. Mon affectation et celle du général Landry au Pentagone par la suite, pour vous assurer une totale couverture vis à vis du reste de l'armée, ont porté leurs fruits jusqu'ici. Mais maintenant que le GPM est sur le point d'être constitué officiellement, nos pouvoirs vont s'en trouver diminué. D'autant..."
Mitchell hésita, puis finit par lâcher :
"D'autant qu'on a proposé à Landry une place au sein du GPM.
- Je ne vois pas où est le problème, remarqua Teal'c. Au contraire, placé au sein du GPM, le général aurait plus de pouvoir.
- Non. S'il accepte, il n'aurait plus en charge les affaires militaires, mais politiques. Il n'aurait donc plus suffisamment d'influence sur le Pentagone pour orienter favorablement les opinions sur le SGC. C'est pour cela qu'il est si nerveux en ce moment. Son dilem est cornélien !
- Il a peur qu'à court terme, et avec le genre d'éléments que nous avons découvert, le GPM retire l'autonomie du SGC et décide de prendre les choses en main, c'est ça ?
- En gros, oui."
Un long silence suivit sa réponse, lourd de menaces.
" En tout cas, un des éléments de la vision de Nostradamus était exact.
- De quoi parlez-vous, Daniel Jackson ?
- La bêtise de l'humanité a bien survécu au Fléau."
Base de Cheyenne Mountain, bureau du docteur Daniel Jackson.
Le général Landry et le lieutenant-colonel Mitchell avaient quitté la base depuis une heure seulement, lorsque le professeur Lefebvre avait rejoint Daniel Jackson pour reprendre leurs travaux sur les Centuries de Nostradamus. Teal'c s'était proposé de les aider, mais il restait silencieux, fixant sans bouger, assis sur son tabouret, le tableau où Daniel avait inscrit les deux quatrains de l'ouvrage.
Une de ma terre géométrique naquit,
Et dans la ville grise vivra sans cri,
Mais la fuite vers le cheval sera une nécessité,
Car la bêtise de l'ancienne humanité sera restée.
Les lumières noires obscurcissant le soleil blanc,
Diffuseront la pâle vérité tant redoutée,
Et une fin connue d'Une, l'enfant de l'humanité,
Des étoiles du cheval l'abomination l'ignorant.
" Hormi le quatrième vers que j'approuve totalement, je ne vois vraiment pas ce que veulent signifier les autres !"
André Lefebvre leva les yeux vers son collègue et un immense sourire éclaira son visage, étrange croissant de lune d'un blanc de nacre au milieu de son visage couleur d'ébène.
"Vous êtes doué pour les langues, mais visiblement les énigmes ne sont pas votre fort, docteur Jackson.
- Daniel Jackson est le plus brillant archéologue qu'il m'ait été donné de rencontrer, remarqua Teal'c.
- Ah ! Parce qu'étant donné vos origines, vous en connaissez beaucoup ?!"
Le ton du professeur était ironique, et fit sourire Daniel. Teal'c se contenta se répondre, très sérieusement :
" Oui, quelques uns. Quatre pour être précis."
Ce à quoi André Lefèbvre répondit par un rire tonitruant.
" Exc... excusez-moi..., hoqueta-t-il en retirant ses lunettes pour sécher les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux. C'est... nerveux...
- Y'a pas de mal."
Le silence revint dans le bureau, troublé par instant par les hoquets du Français.
" Le premier vers... A coup sûr "Une" est originaire de France."
Daniel regarda Lefebvre avec surprise.
" Cela semble logique, non ? insista le professeur. Ma terre géométrique... On dit souvent de la France qu'elle a la forme d'un polygone à cinq côtés... Un pentagone en somme.
- Peut-être parle-t-il d'une autre planète, remarqua Teal'c à nouveau. Il parle de terre, c'est une notion plutôt vague...
- C'est peu probable, car il parle de ma terre, comme si lui aussi en était originaire. Or Nostradamus était français."
Daniel relut une dizaine de fois le vers, son esprit bouillonant d'hypothèses à la recherche d'une autre signification.
" Soit, admettons que... que Une soit originaire de la France. Le second vers indique le lieu où l'on pourrait la trouver. Encore faudrait-il savoir ce qu'il faut trouver...
- Sans doute une arme, répondit Teal'c sans hésiter.
- Peut-être. Quoi qu'il en soit, le plus difficile avant de savoir quoi chercher, c'est où le chercher. Une ville grise, je ne vois pas du tout à quoi Nostradamus fait allusion. Autant la déduction du premier vers me semblait couler de source, autant pour celui-ci..."
Le Français fixa à son tour le tableau où étaient inscrits les quatrains, perplexe.
" Les troisième vers indique une fuite vers la galaxie de Pégase."
Daniel et le professeur Lefebvre se tournèrent vers Teal'c comme un seul homme, abasourdis par sa déduction.
" Je vous demande pardon, Teal'c ?
- Le cheval ne peut désigner que la galaxie de Pégase, répéta Teal'c calmement, sans l'ombre d'un doute. Il n'y a aucune autre explication.
- Une fuite vers Atlantis, répéta le professeur Lefebvre. Oui, c'est bien vu...
- Mais le quatrième vers indiquerait la raison de cette fuite, et cela ne me plaît guère, marmonna Daniel, plus pour lui-même que pour ses deux camarades. Cela sonne comme une menace...
- D'après ce que vous m'en avez dit, Daniel Jackson, ce Nostradamus était un homme sage. Peut-être a-t-il voulu nous mettre en garde ?
- Mais pourquoi alors avoir crypté de cette manière l'ensemble de ses écrits ? Cela aurait été plus simple de tout écrire clairement et dans le détail.
- Peut-être s'est-il rendu compte à quel point il pouvait être dangereux de dévoiler le futur... En réalité, son comportement rappelle beaucoup celui des anciens et...
- MAIS C'EST BIEN SÛR !!! s'écria Daniel en se levant de son bureau d'un bond."
Teal'c le regarda comme s'il était devenu subitement fou.
" Comment expliquer ces écrits bizarres et surtout les soit disantes prédictions de Nostradamus, si ce n'est par le fait qu'il ait été un ancien ?
- Vous plaisantez ?!! s'exclama Lefebvre en observant Daniel de la même façon que Teal'c. Et cette idée brillante vous est venue comme ça... comme une illumination ?!!
- Réfélchissez cinq minutes !!! C'est tout à fait plausible ! Nous savons que les Anciens maîtrisaient cette technologie avant leur ascenssion. Nous savons aussi quelles règles très rigoureuses et strictes l'encadraient. Et surtout, nous savons que certains anciens ont désobéi à ces règles. Il est tout à fait concevable que...
- C'est l'hypothèse la plus invraissemblable que j'ai entendu. Elle pourrait tenir debout mais ce n'est pas notre préoccupation, cher collègue.
- Si nous arrivions à prouver cette théorie, le Pentagone serait forcé de nous écouter et...
- Mais autant ils nous impossible de prouver les dires du colonel Carter quant à une attaque thélépatique de le part des Oriis, autant cette idée n'en ai pas moins invérifiable, Daniel Jackson."
Daniel regarda Teal'c et le professeur Lefèbvre, une moue boudeuse peinte sur le visage.
" Je sais... Encore une chose qu'on ne peut vérifier. Pourtant je mettrais ma main à couper que c'est la vérité.
- Malheureusement, Daniel Jackson, ce n'est pas la vérité que nous devons cherché, objecta Teal'c. Nous recherchons une solution au Fléau."
Un soupir de lassitude échappa à l'archéologue. Il en avait assez de tout ça, cela se sentait. Mais il devait continuer. Même si cela le décourageait, le dégoûtait, le faisait haïr beaucoup de choses, il lui fallait poursuivre ses recherches, parce que plus que tout il voulait comprendre.
" Fort bien. Trouvons une solution contre ces lumières noires et cette pâle vérité qui ont causé tant de morts."
Car là-dessus au moins les deux hommes et le jaffa étaient d'accord. Les lumières noires étaient les Oriis, la pâle vérité le Fléau. Les deux plus grands ennemis de l'humanité sans aucun doute. Bien plus puissants que les Goa'ulds. Bien plus redoutables que les réplicateurs. Bien plus immondes que les Wraiths.
Sans le savoir, ils menaient le dernier combat pour la survie de l'humanité.
Greytown, Montana, résidence des Hanlow.
Le petit garçon monta les marche du perron lentement, sans faire de bruit.
" Quelle chance ! pensa-t-il en regardant autour de lui. Frenchie n'est pas sur sa chaise aujourd'hui !"
En effet, le perron était vide. Le petit garçon s'arrêta quelques minutes, fixant la chaise vide sur laquelle la jeune fille avait l'habitude de passer sa journée. Il l'aimait bien, même s'il la trouvait bizarre. Elle lui racontait ses rêves chaque soir, assise là, sur le perron, se balançant sur sa chaise, les jambes couvertes d'une épaisse couverture orange, lui assis par terre, un gros blouson sur le dos et une écharpe autour du nez.
En plus, elle était plutôt jolie... Enfin c'était du moins l'avis du gamin. Son unique ami, un enfant qui habitait à l'autre bout de la ville (Greytown comptait en tout et pour tout 5 enfants), s'était moqué de lui quand il le lui avait dit.
" Elle est grasse comme une poule dodue de la ferme Grant ! avait ri son ami."
Depuis ils ne se parlaient plus. Cela faisait trois jours déjà. Il ne trouvait pas, lui, que Frenchie était grasse. Comme disait sa grand-mère, elle était "joliment potelée". Ses formes étaient donc certes un peu rondes, mais elle était loin d'être grosse. "1m75 pour 74 kg", était ce que Frenchie lui avait répondu lorsqu'il lui avait rapporté l'incident avec son copain."Ton ami a le droit de ne pas me trouver mince. C'est la vérité toute nue." Cela avait fait rire le petit garçon, d'autant qu'elle avait dû répété la phrase une bonne dizaine de fois avant d'arriver à se faire comprendre. Mais il n'en démordait pas : malgré ses rondeurs, elle avait une superbe chevelure châtain clair, qui l'été se colorait de reflets roux et dorés. Mais ce que Tommy, le petit fils des Hanlow, préférait, c'était ses yeux gris-bleu.
"C'est la couleur de la mer quand elle est en colère, avait-il raconté au bébé Zacharie, son petit frère."
En plus, son accent l'amusait beaucoup, mais il était sûr que la jeune fille en jouait aussi beaucoup quand elle lui parlait.
Mais aujourd'hui, elle n'était pas sur sa chaise. A huit ans, on ne cherche pas à s'occuper des affaires des adultes, aussi Tommy ne la chercha pas. Il avait bien mieux à faire. En effet, il tenait dissimuler sous sa grosse veste en polaire une cassette vidéo qu'il était parvenu à chiper dans la réserve de la bibliothèque. En tant normal, les enfants de son âge n'avait pas le droit de visionner ces vidéos, réservées aux adultes. L'un des enfants de l'école qu'il fréquentait avant la mort de ses parents lui avait confié un jour qu'il était certain qu'il s'agissait là de films cochons. Tommy en avait en effet beaucoup entendu parler à son école, et sa curiosité avait été piqué à vif. Qu'était-ce donc que ces films cochons, que seuls les adultes avaient le droit de regarder ?
Alors il avait profité du fait que la bibliothécaire, Mrs Reynolds, ait le dos tourné pour s'introduire dans la réserve et volé une de ces curiosités. Trop pressé pour savoir ce qu'il prenait, il n'avait même pas pris la peine de lire le titre inscris au feutre neutre sur la boîte en carton.
" Mamiiiiiiiie ?!!!!"
Pas de réponse. Le petit garçon referma la porte d'entrée avec précaution et jeta un coup d'oeil dans la cuisine et la salle à manger. Personne.
" Y'a quelqu'uuuuunnnn ?!!! insista-t-il."
Silence. Tommy, ravie de se retrouver seul dans la maison, sauta de joua, exécuta une petite pirouette puis se précipita vers le magnétoscope. Ses grands-parents ou Frenchie n'allait peut-être pas tarder à rentrer. Il fallait donc qu'il se presse pour regarder le contenu de la vidéo.
Il alluma la télévision, puis introduisit la cassette dans le magnétoscope. La lecture se fit automatiquement. Avant que l'appareil n'avale la vidéo, le petit garçon eut le temps de lire sur la boîte le titre du film : "Nuit et Brouillard".
Ses yeux s'immobilisèrent sur l'écran de la télévision, comme hypnotisés par les premières images qu'ils voyaient, sans que son esprit parvienne à les comprendre. Puis son regard rempli de curiosité se figea soudain. Ses pupilles se dilatèrent. Ses oreilles ne parvenaient plus à percevoir les sons. La bouche de Tommy s'ouvrit en un grand cri muet.
Au même instant, dans l'épicerie de le rue principale de Greytown, Gabrielle ressentit une violente douleur au niveau de la nuque, si violente qu'elle manqua perdre connaissance. Elle s'aggrippa au bras de Mrs Hanlow, qu'elle avait accompagné pour ses courses, et marmonna : "Il est arrivé quelque chose à Tommy."
Base de Cheyenne Mountain, salle de briefing.
Samantha tapotait nerveusement le rebord de la table, tendue. Daniel face à elle relisait pour le énième fois ses notes, tandis que le professeur Lefebvre observait le plafond d'un air très absorbé. Teal'c était assis à ses côtés, les yeux fixes, le regard lointain.
Tous les quatre avaient été convoqués dans la salle de briefing par O'Neill, mais celui-ci tardait à venir. "S'il est si en retard, cela ne doit pas être très grave", tentait de se persuader Samantha. Mais elle était nerveuse. Très nerveuse même. Son instinct, qu'elle n'écoutait que rarement, lui soufflait que quelque chose clochait. "Mon Dieu, faites que rien de grave ne soit arrivé..."
Cela faisait près de deux semaines maintenant qu'il n'y avait plus aucune victime à déplorer, tuée par le Fléau. Plus une seule.
O'Neill fit soudain son apparition. Contrairement à son habitude, son visage était grave. Sombre même. Et il semblait las, très las. Le coeur de Samantha se serra. Elle savait ce qu'il se passait avant même qu'il ait ouvert la bouche.
" Un nouveau cas nous a été signalé, annonça-t-il d'une voix morne."
Il y eu un silence.
" La victime est déjà...
- Non, non. On a dépêché sur place une de nos meilleures équipes de spécialistes, mais le résultat est connu d'avance."
O'Neill se frotta les yeux, rompu.
" Jack ? l'appela Samantha, soudain inquiète."
Il avait dû gérer la mort de plus d'une cinquantaine de membres du SGC, sans compter celle des civiles. Mais aucune ne semblait l'avoir autant affecté que celle-ci.
" C'était un gosse, nom de Dieu ! Un gosse de huit ans !"
Durant quelques secondes, Samantha crut qu'il parlait de Charlie... Puis elle se rendit compte qu'il évoquait toujours la nouvelle victime du Fléau.
" A quel stade en est-il ? s'enquit Daniel pour rompre le nouveau silence qui s'était installé.
- Coma profond depuis une heure."
Il poussa un profond soupir, tandis que Daniel ôtait ses lunettes pour se frotter les yeux à son tour. "Avoir sauver une dizaine de fois la planète et ne rien pouvoir faire pour un môme de huit ans, pensa-t-il au bord de la crise de nerf. Quelle ironie !"
" Où est-ce cette fois-ci ? demanda Samantha, sans vraiment trouver d'intérêt à sa question.
- Ici, en Amérique, dans le Montana. Un bled coupé de tout, du nom de Greytown."
Le professeur Lefèbvre eut un violent hoquet de surprise.
" Qu'est-ce que vous avez dit ?
- J'ai dit que c'était dans le Montana.
- Le nom de cette ville ?
- Greytown, mais pourqu..."
O'Neill n'eut pas le temps d'achever sa phrase. Le Français éclata de rire, un rire suraigu, désagréable. Un rire de dément.
" Qu'y a-t-il de drôle ? s'empourpra O'Neill, la voix tremblante de colère. Vous trouvez amusante la mort d'un enfant ?!
- N... Non... Je... C'est... Ah ah ah... Bon sang qui... aurait... cru... Ah aha ah !"
O'Neill se leva d'un bond de son fauteuil et se précipita sur Lefèbvre, les yeux lançant des éclairs, la veine de sa tempe gonflée, signe d'une violente fureur. Il voulut attraper le Français par le col, mais Daniel et Teal'c furent sur lui avant même qu'il ait pu le toucher. Il bouillait de rage.
" LAISSEZ MOI LUI REMETTRE LES IDEES EN PLACE A CE CINGLE DE FRANCAIS !!! LÂCHEZ-MOI !!! C'EST UN ORDRE !!!
- JACK, CELA SUFFIT !!!
- O'NEILL !!! CALMEZ-VOUS O'NEILL !!!"
La vue de cette mêlée et de la colère noire du général sembla faire reprendre ses esprits à Lefebvre. Il recula de plusieurs pas, maus buta contre Samantha qui avait contournée le bureau et s'était rapprochée de lui, au cas où Daniel et Teal'c n'aurait pas réussi à l'immobiliser. Elle, il ne la toucherait pas, elle le savait.
" Je... je...je suis désolé, général O'Neill, bafouilla le professeur, visiblement horrifié par son comportement et celui du militaire."
Semblant s'être calmé, Daniel et Teal'c relâchèrent leur étreinte sur O'Neill. Celui-ci leur jeta un coup d'oeil meurtrier, puis revint sur Lefebvre.
" Alors je peux savoir ce qui vous a pris ?*
- C'est cette ville... Greytown... Dire qu'on ne savait pas où chercher alors que la solution était toute simple..."
Le front du militaire se plissa, signe d'un profond mécontentement.
" Je vous demande pardon ?
- Eh bien oui... Greytown... la ville grise..."
Le pauvre Français lança un regard désespéré en direction de Daniel et Teal'c. Le visage de Daniel se figea, puis s'illumina.
" Bon sang, mais c'est bien sûr !
- Vous avez tous pété un câble ?! s'inquiéta O'Neill en fixant Daniel. Rassurez-moi, Carter, vous vous sentez bien vous au moins ?
- Jack... Dans l'un des quatrains de Nostradamus...
- Eh ça vous reprend !
- Il est question d'une ville grise, continua Daniel imperturbable, tant son excitation était grande. Une... La... la chose dont fait mention la prédiction se trouverait cachée là-bas !
- Tout ce qu'il y a là-bas, c'est un enfant en train de mourir.
- Et peut-être aussi la solution pour le sauver, termina Samantha."
O'Neill la fixa à son tour, l'air soudain complètement dépassé.
"Je croyais que vous n'y croyiez pas vraiment, Sam.
- Etant donné les circonstances, je suis prête à croire à tout, mon général. Il y a déjà trop de personnes et d'enfants qui ont souffert de ce Fléau. Nous devons tout tenter. D'autant qu'étant donné la conjoncture actuelle au Pentagone, nous n'en aurons peut-être bientôt plus l'occasion."
O'Neill les considéra lentement tous les quatre.
"Très bien. Je vous donne l'ordre d'enquêter là-bas, mais en toute discrétion ! Je déteste la paperasse administrative..."
Dernière modification par lyly0404 le 28 déc. 2005, 13:26, modifié 1 fois.
Re: [FanFic] La troisième évolution
Greytown, Montana, maison des Hanlow.
Tommy était allongé dans son lit, le visage cireux, les lèvres pâles, les yeux clos. Un masque à oxygène était posé sur sa bouche et son nez, tandis qu'un appareil médical installé à côté de lui enregistrait toute les secondes les battements de son coeur. Une dizaine de médecins et d'infirmiers s'activaient autour de lui. Cela faisait déjà quatre heures que les premiers symptômes étaient survenus, et deux heures que le garçonnet avait plongé dans un profond coma.
" Mon Dieu, sauvez-le, je vous en prie... Laissez-le vivre, seigneur... Ce n'est qu'un enfant..., sanglotait Mrs Hanlow en tenant dans sa main rugueuse et toute ridée la menotte de son petit-fils."
Mr Hanlow avait préféré rester dans le salon. Il ne voulait pas assister à la mort de son petit-fils. Il ne pouvait pas. Il ne comprenait pas.
" Mr Hanlow ?"
Le vieil homme leva lentement les yeux vers Gabrielle. Il pleurait, mais son regard était vide de tout sentiment. Ou bien trop d'émotions s'y mêlaient, la jeune fille ne parvenait pas à trancher.
" Tommy regardait la télévision quand nous l'avons trouvé, commença-t-elle par dire avec son habituel accent. Puis-je voir ce qu'il..."
Il haussa les épaules, indifférent. Qu'est-ce que cela pouvait bien faire ? Elle n'ajouta rien et s'approcha du téléviseur. Elle examina d'abord la boîte, mais ne vit rien de particulier, puis appuya sur le bouton EJECT du magnétoscope.
On sonna à cet instant à la porte. Machinalement, sans trop savoir ce qu'il faisait, il demanda à Gabrielle d'ouvrir. C'était son habitude. Lorsque l'esprit était absent, c'était ainsi que fonctionnait l'être humain. Par habitude.
" Bonsoir, nous faisons partie du SGC..."
Gabrielle ne répondit pas, mais ouvrit le porte en grand pour leur livrer passage. Elle en profita pour les observer un à un. La jeune femme qui s'était présenté était de taille moyenne, blonde, très belle malgré son uniforme militaire. Elle était accompagnée de trois hommes. Le premier ressemblait davantage à un chercheur qu'à un militaire avec ses lunettes et sa barbe mal rasé. Elle se fit la même réflexion en voyant le troisième, de race noire cette fois-ci. Enfin le quatrième avait tout du militaire avec sa musculature impressionante, sa démarche volontaire et son visage blasé.
" Colonel Samantha Carter, docteur Daniel Jackson, professeur Lefebvre et Teal'c, se présenta Samantha. Nous sommes chargés d'une enquête concernant l'infection de votre enfant."
Gabrielle la fixa, surprise, et répondit machinalement, sans se méfier :
"Tommy n'est pas mon enfant. C'est le petit-fils de Mr Hanlow."
Elle accompagna ses paroles d'un geste en direction du vieil homme qui était resté immobile dans son fauteuil.
Daniel et le professeur Lefebvre tiquèrent immédiatement en entendant l'accent très prononcé de la jeune fille, et celle-ci s'en apperçut.
" Vous n'êtes pas américaine.
- Bien vu, répondit Gabrielle à l'archéologue en le regardant droit dans les yeux. Je suis française."
Les quatre membres du SGC se jetèrent des regards entendus, mais n'ajoutèrent rien d'autre, ce qui mit la jeune fille mal à l'aise. Qu'est-ce que cela voulait dire ?
" Tommy est au premier, si vous voulez le voir, ajouta-t-elle pour changer de sujet. Et il est au plus mal."
Fort accent, mais elle avait appris à bien s'exprimer en anglais. Elle n'avait pas vraiment eu le choix.
" Je vais monter voir dans quel état se trouve l'enfant, dit Sam en s'adressant à ses compagnons. Vous n'avez qu'à rester ici... et vous renseigner sur les circonstances de... enfin de l'accident."
Elle jeta un dernier regard appuyé à Gabrielle, puis disparut par les escaliers.
" Qui a découvert Tommy dans... enfin dans cet état ?"
C'était le chercheur noir qui avait parlé. Avec aussi un très fort accent français. Entendre une autre personne parler de cette façon la fit sourire. Le docteur Jackson sembla recevoir à cet instant un violent coup de poing dans le ventre, car il pâlit horriblement.
" Vous vous sentez bien, Daniel Jackson ? s'inquiéta Teal'c qui avait également remarqué le teint pâle de son ami."
L'archéologue hocha la tête sans dire un mot.
" Nous rentrions de course avec Mrs Hanlow lorsque nous avons trouvé Tommy. Il était allongé sur le sol, juste ici, devant la télé. Et il commençait à être pris de convulsion. Nous l'avons maintenu au sol jusqu'à la fin de la crise, puis Mrs Hanlow a appelé un médecin."
Elle avait raconté cela d'un ton neutre, mais ferme.
" Cela arrive souvent qu'il se retrouve seul, ici ?
- Nous nous occupions parfaitement de notre petit-fils, si c'est ce que vous voulez savoir !!!! rugit soudain Mr Hanlow en bondissant de son fauteuil. Nous nous...
- Calmez-vous, Mr Hanlow. S'il vous plaît..., supplia la jeune française en prenant le vieil homme par les épaules et en tentant de le faire asseoir. Il y a déjà assez de Tommy... Pensez à votre coeur..."
A contre-coeur, il regagna son fauteuil, mais foudroya du regard ses trois visiteurs.
" Il était censé être à la bibliothèque cette après-midi, reprit Gabrielle en ramassant un coussin qui était tombé du fauteuil. Apparemment il en avait ramené une cassette et il l'avait visionné quand nous sommes revenues, parce qu'elle était en train de se rembobiner automatiquement.
- Une cassette ?
- J'allais justement la regarder. Là, elle est sur la commode près du téléviseur."
Daniel traversa le salon et examina la vidéo.
" Nuit et Brouillard, gromela-t-il.
- QUOI ?!!!"
La jeune fille s'était relevée précipitemment en poussant son cri. Son visage perdit instantanément ses couleurs, et ses yeux fixaient la vidéo avec une répulsion mêlée d'angoisse.
" Qu'est-ce que c'est que cette vidéo ? s'enquit Teal'c, sentant bien le malaise que le titre de la cassette avait provoqué.
- C'est, expliqua Daniel sans quitter des yeux la jeune fille. C'est un film-documentaire composé uniquement d'images d'archives des camps de concentration découverts en Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale... Des images très dures à supporter en vérité...
- UNE ABOMINATION VOUS VOULEZ DIRE !!!"
Second cri de la jeune Française.
" Comment a-t-il pu mettre la main sur cette horreur ? murmura Mr Hanlow en se prenant le visage entre les mains. Mon dieu, la dernière chose que mon petit-fils aura vu de ce monde sera ces images monstrueuses... non... non... non."
Et il se mit de nouveau à sangloter. Le voir ainsi rappela à Gabrielle la propre mort de sa soeur. Son père aussi avait pleuré. Pas sa mère. Elle était restée auprès de son enfant à prier jusqu'au bout. Comme Mrs Hanlow. Puis ça avait été presque immédiatement le tour de sa mère, puis de son père. Et elle sut que c'est ce qui arriverait au couple de retraités qui l'avait accueillie si Tommy mourrait. Et cela, il n'en était pas question.
Alors Gabrielle regarda Mr Hanlow dans les yeux, en s'agenouillant face à lui, et murmura : "Il faut aller parler à Tommy."
Maison des Hanlow, Greytown, Montana.
Gabrielle entra dans la chambre du petit garçon en compagnie de Mr Hanlow et de SG1. Samantha se trouvait près de la grand-mère du garçon, et examinait d'un oeil soucieux son état. Le visage du garçonnet était pâle. très pâle.
"On croirait qu'il est mort, murmura le vieil homme en tremblant de la tête au pied.
- Il ne l'est pas... Pas encore. Mais cela pourrait arriver si nous n'agissons pas tout de suite."
Samantha releva la tête et les observa.
"Il n'y a rien à faire, lâcha-t-elle soudain. Nous n'avons aucun vaccin, ni aucun autre moyen médical de le soigner.
- Il n'y a pas de remède médical à ce mal, tout simplement parce qu'il ne s'agit pas d'une maladie, annonça Gabrielle avec un tel applomb que la grand-mère de Tommy, que jusqu'ici rien n'avait pu sortir de ses prières, leva les yeux vers la Française.
- Alors dans ce cas, de quoi souffre-t-il ? demanda Teal'c avec gravité.
- D'intrusions mentales... Enfin c'est comme ça que je l'appelle."
Devant l'air perplexe des personnes présentes dans la chambre, Gabrielle sut que si elle devait soigner Tommy, elle devait avant tout expliquer aux autres de quoi il retournait.
" La plupart des médecins s'accordent pour dire que le mental gouverne pas moins de 80% de notre santé. Je suis assez d'accord avec ce chiffre. Persuader un homme qu'il est atteint d'un certain type de maladie, et il le deviendra. Certes pas dans un état aussi grave que s'il était véritablement infecté, mais il le sera malgré tout.
Ces médecins ont également noté que l'état psychique d'un patient pouvait jouer sur sa santé : un homme dépressif aura une santé bien plus fragile qu'un homme bien portant psychologiquement.
- Jolie démonstration, convint Sam, sceptique. Mais où voulez-vous en venir ?
- Ce n'est pas pour rien qu'un dicton affirme ceci :"L'espoir fait vivre". Au fond, en effet, qu'est ce qui pousse un être doué d'intelligence à vivre alors qu'il est conscient de sa mort prochaine ? L'espoir... et une foi inébranlable en son espèce. Voilà ce qui fait tenir un être humain en vie."
Un silence pesant accueillit ses dernières paroles. Samantha n'avait pas besoin que la jeune fille poursuive son explication. Elle voyait parfaitement où elle voulait en venir, et cela corroborait parfaitement ses théories sur le Fléau. Pour sa plus grande terreur.
"Retirer à un homme ces deux choses, et il se laissera mourir sans se battre.
- Vous voulez insinuer que cet enfant est en train de mourir de désespoir ?! lâcha Teal'c les sourcils froncés.
- Non. Pas exactement... Disons qu'une fois qu'on a retiré ces deux choses à un être humain, n'importe quel mal peut s'infiltrer dans son esprit et le tuer. Le corps ne fait que réagir à l'agression.
- Autrement dit, ce qui est attaqué et tué par le Fléau, c'est l'esprit et non pas le corps, murmura Samantha le visage illuminé par la compréhension. C'est brillant !!!
- Brillant ? répéta Daniel en grimaçant.
- L'esprit est ce qui différencie une créature intelligente d'une bête, Daniel. En s'attaquant à cela, les Oriis ont visé notre point le plus fort et en même temps le plus faible. C'est bien pire qu'un simple virus... bien plus complexe."
Daniel observa à nouveau la jeune femme française.
" Comment savez-vous tout cela ?
- Parce que j'ai moi-même été hanté par le Fléau..."
Elle souleva la masse de cheveux qui cachait sa nuque... et tous purent voir, distinctement, une petite tâche brune sur la peau blanche de son cou.
" Oh mon dieu ! hoqueta Mrs Hanlow.
- Mais pourquoi ne vous être jamais fait connaître ?! rugit Daniel, soudain furieux. Toutes ces vies que nous aurions pu sauver !!!
- Ah oui ? Et comment auriez-vous fait ? Quel moyen avez-vous contre ce genre de maux ?"
La colère de Daniel retomba aussi vite qu'elle était montée. La question se posait, en effet.
"Mais mon petit va mourir alors !!! s'écria Mrs Hanlow en se cachant le visage dans ses mains.
- Il reste une solution, avoua Gabrielle en s'assayant sur le bord du lit de Tommy. Mais son résultat est loin d'être acquis."
Elle jeta un coup d'oeil à Daniel, qui comprit. La brèche par laquelle le mal Orii s'était introduit dans l'esprit de Tommy provenait de la vidéo que le petit garçon avait visionné. Pour les yeux et l'esprit d'un enfant, ces images étaient aussi violentes et meurtrières que la mort. Comment pouvait-il comprendre une telle horreur humaine ? La foi en les siens avait dû le quitter presque immédiatement. Mais l'esprit d'un enfant de cet âge restait encore malgré tout très maléable. Si on parvenait à lui faire entendre autre chose que la vérité de ces images, il y avait une chance de le sauver...
" Ne doivent rester ici que le grand-père et la grand-mère de Tommy. Eux seuls ont encore suffisamment d'emprise sur Tommy pour s'en faire entendre."
Sans rien dire, toutes les autres personnes de la pièce sortirent. Et tous, une fois dehors, se rendirent compte alors qu'ils partageaient une même chose, qui les avait préservés : la foi en l'humanité. Car Une, la première à l'avoir compris, avait survécu.
Maison des Hanlow, première étage, chambre de Tommy.
Le petit garçon ouvrit lentement les yeux. Ses cheveux étaient collés à son front moite. Il était brûlant de fièvre, et semblait totalement terrifié. Il regarda autour de lui, le regard perdu et finalement se mit à pleurer en appelant sa mère.
"Prenez-le dans vos bras, Mrs Hanlow. Pour le rassurer. Il en a besoin..."
La grand-mère s'exécuta, tremblante de joie à la vue de son petit-fils miraculé. Car elle n'en doutait pas : il s'agissait d'un véritable miracle !
"Il faudra être prudent et attentif durant la convalescence de Tommy, murmura Gabrielle à l'adresse du vieil homme qui se tenait près d'elle, le regard émerveillé et brillant. Son esprit a été très malmené...
- Oui, oui bien sûr... Mais tu seras là pour nous guider de toutes façons..."
Le sourire du vieil homme se figea soudain. Il regarda la jeune femme dans les yeux.
" Tu restes avec nous, n'est-ce pas ?
- Non. Je ne pense pas qu'ils me laisseront avec vous, répondit-elle en désignant la porte de la chambre, close pour le moment. Je crois bien qu'ils me cherchaient déjà avant de venir ici...
- Mais ils ne vont pas te faire de mal, n'est-ce pas ?3
La jeune femme garda le silence, pensive.
" Je ne sais pas, répondit-elle finalement. Mes parents, avant de mourir, m'ont fait promettre de rester cachée... Ils étaient sûrs que si on découvrait ma résistance pour le moins inexpliquée au Fléau, on m'enfermerait pour pratiquer tout un tas de tests sur moi. Je ne tiens pas personnellement à finir comme rat de laboratoire..."
Le vieil Hanlow hocha la tête, soucieux.
" Nous ne nous trouvons qu'au premier étage... Peut-être six mètres à sauter, pas plus..."
Gabrielle leva les yeux vers lui, d'abord surprise, puis reconnaissante. Elle s'approcha de la fenêtre à guillotine donnant sur l'arrière de la maison. Le potager s'étendait au bas du mur, non clotûré. Un grand champ de blé s'étendait au-delà.
"Merci... pour tout...
- Ne dis pas de bêtises ! C'est à nous de te remercier ! Tu as sauvé notre petit-fils..."
Ils regardèrent tous deux le garçonnet, toujours pâle, mais plus calme. Il pleurait toujours cependant, et de plus en plus bruyamment.
"Va maintenant ! Ils vont finir par entendre le petit."
Elle fit glisser le bas de la vitre vers le haut de l'encadrement de la fenêtre, passa d'abord le buste au-dehors. S'accrochant au haut extérieur de la fenêtre, elle fit glisser avec précaution ses jambes le long du mur, et posa ses pieds sur le parrapet. Elle n'avait, par malchance, pas vêtu la tenue adéquat pour ce genre d'exercice. Sa jupe-salopette en jean entravait en effet ses mouvements, et ses sandales à lacets aggravaient encore cette gêne.
"GABRIELLE !!! OU TU VAS ?!!!"
Tommy semblait être sorti brutalement de sa torpeur et avait le visage tourné vers la fenêtre. La porte de la chambre s'ouvrit presque instantanément. Ce fut d'abord l'équipe médicale qui apparut, se précipitant vers le petit rescapé, puis Samantha, Teal'c et le docteur Lefebvre firent à leur tour leur entrée.
" Va-t-en !!! cria le vieil Hanlow en fermant la fenêtre précipitemment et en en barrant le passage de son corps."
Gabrielle ne demanda pas son reste. Elle jeta un regard sous ses pieds, hésita une seconde, puis finit par sauter du parapet en fermant les yeux, peu rassurée. Elle se reçut douloureusement sur ses jambes, plus particulièrement sur sa cheville droite, qui se tordit sous l'effort. Gabrielle roula sur le côté, le visage crispé par la douleur.
"DANIEL !!! ELLE S'ENFUIT PAR LE JARDIN !!!"
Elle s'apperçut alors avec terreur que l'un des militaires était en effet redescendu. Le professeur Jackson s'était rué vers la porte arrière de la cusine et venait de la passer lorsque Gabrielle parvint à se remettre debout.
" Arrêtez !!!"
Elle fit exactement le contraire : elle courut droit vers le champs de blé, malgré sa cheville qui commen_ait déjà à enfler et à prendre la grosseur d'une balle de tennis. Elle courait aussi vite qu'elle le pouvait, mais en plus de la douleur qui lui arrachait à chaque pas un gémissement, ses sandales ne se prêtaient absolument à l'exercice et elle manqua plusieurs fois de se fouler l'autre jambe. Elle entendait derrière elle Daniel se rapprocher dangereusement.
"MAIS VOUS ALLEZ VOUS ARRETER, OUI ?"
Elle sentit soudain un étau l'attraper aux cuisses. Elle poussa un cri, et tomba lourdement dans les herbes. Elle donna des coups de pieds sans viser sur son poursuivant. La plupart le touchèrent au ventre. Il poussa un ou deux grognements, mais ne lâcha pas prise pour autant.. Visiblement, il en avait vu d'autres.
Gabrielle se tourna alors vers lui, et lui envoya un vigoureux crochet du droit en pleine figure, qui lui engourdit toute la main jusqu'au poignet. Mais ce coup eut plus de succès que les autres. Il lâcha prise et s'allongea sur le côté en gémissant et en se tenant le visage dans les mains. La jeune femme en profita pour se relever. Elle allait repartir lorsqi'elle remarqua que Daniel ne bougeait plus.
" ... docteur Jackson..."
Pas de réponse. Il fallait qu'elle s'enfuit, mais elle eut peur soudain de l'avoir frappé trop fort. De l'avoir peut-être gravement blessé. En s'enfuyant elle aurait certes conservé sa liberté, mais le poids de la culpabilité et du doute l'aurait anéanti. Elle s'agenouilla près de lui, et approcha ses mains des siennes pour examiner son visage... Daniel, qui était parfaitement conscient, lui saisit les poignets et d'un mouvement du bassin et des jambes, la plaqua sur le sol en s'allongeant à moitié sur elle pour l'immobiliser. Elle se débattit comme un beau diable durant plusieurs minutes, se fatiguant inutilement. Daniel était beaucoup plus fort et lourd qu'elle, et il avait encore resserré son étreinte. Leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres. Elle pouvait sentir son souffle sur son visage.
"Je vous en prie... Laissez-moi partir..."
Quelques larmes perlèrent à ses yeux. Le regard de Daniel se troubla, mais son visage garda son expression de détermination.
"Je ne peux pas. Et vous le savez."
Oh que oui elle le savait !
"Votre... votre gouvernement... le GPM... il va me faire du mal..."
Daniel secoua la tête pour démentir, mais aussitôt le dernier vers du premiers quatrain des Centuries de Nostradamus lui revint à l'esprit.
"Et si je vous promets de vous protéger ?"
Elle le regarda dans les yeux... Des yeux très bleus, vifs, intelligents, francs... Il y avait autre chose aussi dans ses yeux, qu'elle ne parvint pas à définir... Qu'elle n'avait jamais vu avant.
Elle finit par acquiesser.
Base de Cheyenne Mountain, infirmerie.
« Elle ne vous a pas loupé, remarqua le docteur Lam en appliquant sur la joue tuméfiée de Daniel une compresse froide. »
Pour toute réponse, l’archéologue grimaça. Il ne cessait de jeter des coups d’œil en direction d’un lit voisin au sien. Gabrielle y était assise. Elle pleurait silencieusement. Visiblement son arrivée au SGC l’avait profondément affectée.
« Allez la voir. Il faut la rassurer. »
Daniel regarda la jeune doctoresse avec surprise, puis la remercia d’un sourire de reconnaissance. Il s’approcha du lit de la jeune femme, et remarqua immédiatement sa cheville gonflée.
« La douleur est si insupportable ? »
Gabrielle secoua la tête. Elle était terrifiée et la peur lui nouait la gorge au point de lui faire mal. Elle était incapable d’articuler le moindre mot.
« Vous permettez que j’examine votre blessure ? »
Elle se contenta de lui jeter un coup d’œil larmoyant et baissa presque aussitôt les yeux. Daniel s’assit sur le bord du lit, et avec d’infimes précautions, palpa la cheville enflée. Un tressaillement de Gabrielle lui indiqua que la douleur était en effet bien présente. Alors, très doucement, il commença à masser le muscle. Il avait tellement peur de lui faire mal à nouveau qu’il donnait l’impression de tenir entre ses mains un objet précieux et fragile.
Gabrielle avait cessé de pleurer et le regardait faire, le cœur gonflé de sentiments inconnus pour elle. Totalement absorbé par ses soins, il n’avait pas remarqué le regard triste et tendre avec lequel elle le regardait.
« Jamais on ne s’était occupé de moi de cette manière, murmura-t-elle soudain.
- Ah non ?
- Non… Mes parents n’étaient pas très tendres. Pour eux, les marques d’affection n’étaient pas indispensables à l’éducation de leurs enfants. J’ai d’ailleurs toujours douté, jusqu’à leur mort, de leur amour pour moi. Ce n’est que lorsque je me suis retrouvée seule que j’ai compris à quel point je me trompais… Et je ne leur ai jamais dit que je les aimais… Je ne suis pas sûre qu’ils le sachent…
- Qui a pris soin de vous après cela ?
- Personne… Je n’ai jamais laissé quelqu’un m’approcher… Je pensais pouvoir vivre seule… J’étais certaine que tout le monde mourrait à cause du Fléau, une fois que j’en fus guérie… J’avais peur d’être la seule survivante… Je ne voulais pas m’attacher… Cela aurait trop dur de perdre quelqu’un à nouveau… »
Les larmes étaient revenues, plus nombreuses. Les sanglots la secouaient de spasmes violents. Elle avait voulu se protéger, simplement se protéger de la blessure causée par la mort de sa famille. Une blessure toujours ouverte, toujours à vif, qui la faisait souffrir en silence. Elle se cacha la figure dans ses mains, pour cacher sa douleur et sa détresse. Car la peine avait enfin réussi à faire surface, une peine tant de fois refoulée qu’elle la faisait à présent souffrir à un point tel que s’en était inimaginable.
« Pleurez, allez-y, cela vous fera le plus grand bien. »
Avec des gestes lents et doux, Daniel l’attira à lui. Il ne voulait pas l’effrayer, aussi son étreinte fut-elle très légère au début, à peine perceptible. Mais la détresse de la jeune femme était trop grande. Elle passa ses bras autour de sa nuque, cacha son visage larmoyant dans son cou et laissa aller sa peine sans retenue. Daniel passa ses bras autour de sa taille, et la serra plus fort. Elle était totalement contre lui. Il sentait le moindre de ses sanglots faire tressaillir son corps. Il ferma les yeux, enfoui son visage dans la chevelure aux reflets roux de la jeune femme et la berça. Depuis quand n’avait-il pas ressenti une telle sensation, une telle bouffée de tendresse pour une autre personne ? Depuis l’enlèvement de Sha’Re… Oui, c’était depuis la perte de sa femme. Certes il avait connu d’autres femmes depuis, mais aucun moment comme celui-ci.
Aucun d’eux ne surent combien de temps ils restèrent ainsi enlacés. Ils ne savaient qu’une seule chose : quelque chose s’était passé… Un lien très fort s’était établi, et ils leur semblaient pourtant que ce lien existait depuis toujours. Mais aucun n’en parla, par pudeur, par appréhension et par méfiance peut-être un peu aussi. Ils étaient tous deux liés, certes, mais la méconnaissance de l’un et de l’autre était l’une des nombreuses barrières qu’ils avaient encore à franchir pour pouvoir pleinement comprendre l’étrange union qui les avait fait se confier.
« J’ai peur Daniel, murmura-t-elle à l’oreille de l’archéologue.
- Je sais. Mais je vous ai promis de vous protéger. Je tiendrais cette promesse. Et je ne serais pas seul pour tenir ce serment. »
Il ignorait alors à quel point les heures qui allaient suivre lui donneraient raison.
Base de Cheyenne Mountain, salle de briefing.
Le général O’Neill, le colonel Carter, Teal’c et Daniel étaient assis autour la table de réunion, en compagnie de deux autres militaires extérieurs au SGC, ainsi que d’un civil.
« Je vous présente le général McKenzie et son lieutenant, Joe Ethlyn. Monsieur Harris quant à lui nous vient de la Maison Blanche, présenta O’Neill à l’équipe SG1. »
Tous se saluèrent d’un simple signe de tête. La tension était vive. Samantha observait discrètement les hommes assis face à elle. Elle avait entendu parler du général McKensie par plusieurs de ses supérieurs : officier du Pentagone zélé et ambitieux, McKenzie était connu pour changer d’opinion selon les fluctuations du moment, soutenant tantôt une cause, puis une autre, protégeant toujours ses arrières et n’ayant aucun scrupule à trahir ses alliés du moment. George Hammond et Jack O’Neill n’avaient aucune estime pour lui. Samantha sut, en l’observant, qu’elle n’en aurait pas non plus. Elle porta son attention sur Harris. Tiré à quatre épingles, très droit et raide dans son costume, le visage fermé et froid, il émanait de lui une impression de malveillance. Samantha ne se rendit pas compte qu’elle avait face à elle les deux caricatures mêmes du mauvais visage de son gouvernement. Seul le lieutenant Ethlyn lui parut fiable et sympathique.
« Merci général, commença McKenzie d’un ton peu chaleureux. Nous sommes ici non sur ordre du Président américain, mais sur celui du Conseil du GPM. Les membres du Conseil ont appris que vous aviez appréhendé un individu dans l’Etat du Montana il y a quelques heures, suite à une nouvelle victime du Fléau. Est-ce exact ?
- Mmmh, fut l’unique réponse d’O’Neill.
- Et est-il vrai que la victime, un enfant, a survécu grâce à cette même personne que vous détenez dans l’une de vos cellules ?
- Cette personne se trouve à l’infirmerie, précisa Daniel en fronçant les sourcils, trouvant le début de l’entretien pour le moins désagréable. Et elle se nomme Gabrielle.
- Cette même personne, poursuivit McKenzie en ignorant totalement la remarque de l’archéologue, a-t-elle été elle-même contaminée par le Fléau et en a réchappé ?
- Oui à toutes vos questions ! Où voulez-vous en venir ? demanda O’Neill en cacahnt difficilement son exaspération.
- J’ai ordre de faire transférer la prisonnière dans les locaux scientifiques de la GPM. Monsieur Harris a apporté notre ordre de mission et doit s’assurer du bon déroulement du transfert. Après avoir pris livraison de cette personne, nous nous rendrons à Greytown, Montana, où nous devons également prendre livraison de l’enfant rescapé. »
Les paroles du militaire furent accueillies par un silence glacial.
« C’est une plaisanterie ? finit par lâcher Samantha. Qu’est-ce que les scientifiques du GPM veulent-ils faire de ces deux personnes ?
- Cela ne vous regarde pas, colonel Carter, répondit sèchement Harris en plaçant l’ordre de mission sur la table, face à O’Neill. Veuillez simplement obéir aux ordres.
- Je regrette, objecta O’Neill sans même regarder le papier de Harris, mais l’enquête sur le Fléau relève du SGC, et non du GPM.
- Plus maintenant. Le Conseil du GPM vient de décider à l’unanimité de reprendre en main le contrôle du SGC, et donc de l’enquête sur le Fléau. Il a été estimé que vous avez suffisamment eu de temps pour faire vos preuves, sans résultat. Vous passez donc sous nos ordres, général. »
McKenzie avait dit cela d’un ton calme, mais un petit sourire supérieur étirait ses lèvres. O’Neill le fixait sans rien dire, tandis que Samantha ne parvenait pas à croire les paroles du général. Teal’c quant à lui fixait O’Neill, sourcils froncés.
« Gabrielle nous a promis qu’elle raconterait tout ce qu’elle sait du Fléau et de la façon de le combattre, à la condition qu’elle reste ici !!! s’écria Daniel, furieux. Vous ne pouvez pas l’emmener !!!
- La prisonnière vient avec nous, docteur Jackson. Et ne vous inquiétez : quoiqu’il arrive, elle parlera. »
Harris jeta un regard à O’Neill et voulut ponctuer sa phrase d’un sourire rassurant et complice, mais lorsqu’il croisa les yeux du militaire, il sut que ses paroles avaient été une erreur.
« Jack, je vous en prie !!! Je lui ai promis que nous la protègerions d’eux !
- Une promesse que vous n’auriez jamais dû faire, Jackson ! s’écria à son tour McKensie. J’ai toujours été contre l’introduction de civils dans le projet Stargate, vous en particulier ! Vous n’avez aucun sens du devoir envers votre pays ! Vous êtes trop faible !
- Parce que pour vous, être fort est synonyme d’emprisonner certaines personnes et de pratiquer sur elles des tests, voire pire ?!!! s’emporta Daniel.
- Pour le bien de toute une planète, je le crois en effet ! Si ces deux vies peuvent sauver les autres, alors nous n’hésiterons pas à les sacrifier !!! Pour le bien de l’humanité !
- Mais en les sacrifiant, vous allez sacrifier tout ce qui fait l’humanité justement !!!
- Cela suffit, Jackson !!! Transférez immédiatement la prisonnière ! Nous avons beaucoup à faire avec elle ! »
McKensie, Harris et Ethlyn se levèrent et se dirigèrent vers la porte pour sortir de la salle de briefing. Daniel jeta un regard désespéré à O’Neill :
« Jack ! Je vous en prie…
- Taisez-vous, Daniel. C’est un ordre qui m’a été adressé. Donc en locurence… »
Il fit un geste aux deux gardes du SGC qui encadraient la porte, et ceux-ci en barrèrent aussitôt l’accès aux trois hommes.
« Général O’Neill !
- Oui ?
- Je suis votre supérieur à présent ! Ceci est une…
- Un refus d’obtempérer en bonne et due forme, je sais. »
Jack fixa les trois hommes calmement, confortablement assis dans son fauteuil.
« Vous irez droit en cours martiale pour ça ! rugit McKensie.
- En attendant, vous, vous allez droit en cellule. Lieutenant, veuillez accompagner ces messieurs et veillez à ce qu’ils soient le plus inconfortablement installés. Ensuite, verrouillez les portes de leurs cellules et faites passer l’ordre à tout le personnel de la base de se rendre tout de suite en salle d’embarquement, pour une réunion extraordinaire. Rompez ! »
Le militaire s’exécuta sans sourciller, tandis que Carter restait clouée sur sa chaise, le teint cireux, ébahie, tandis que Daniel soupirait de soulagement, sans encore prendre conscience de la situation dans laquelle le SGC venait de se fourer.
Tommy était allongé dans son lit, le visage cireux, les lèvres pâles, les yeux clos. Un masque à oxygène était posé sur sa bouche et son nez, tandis qu'un appareil médical installé à côté de lui enregistrait toute les secondes les battements de son coeur. Une dizaine de médecins et d'infirmiers s'activaient autour de lui. Cela faisait déjà quatre heures que les premiers symptômes étaient survenus, et deux heures que le garçonnet avait plongé dans un profond coma.
" Mon Dieu, sauvez-le, je vous en prie... Laissez-le vivre, seigneur... Ce n'est qu'un enfant..., sanglotait Mrs Hanlow en tenant dans sa main rugueuse et toute ridée la menotte de son petit-fils."
Mr Hanlow avait préféré rester dans le salon. Il ne voulait pas assister à la mort de son petit-fils. Il ne pouvait pas. Il ne comprenait pas.
" Mr Hanlow ?"
Le vieil homme leva lentement les yeux vers Gabrielle. Il pleurait, mais son regard était vide de tout sentiment. Ou bien trop d'émotions s'y mêlaient, la jeune fille ne parvenait pas à trancher.
" Tommy regardait la télévision quand nous l'avons trouvé, commença-t-elle par dire avec son habituel accent. Puis-je voir ce qu'il..."
Il haussa les épaules, indifférent. Qu'est-ce que cela pouvait bien faire ? Elle n'ajouta rien et s'approcha du téléviseur. Elle examina d'abord la boîte, mais ne vit rien de particulier, puis appuya sur le bouton EJECT du magnétoscope.
On sonna à cet instant à la porte. Machinalement, sans trop savoir ce qu'il faisait, il demanda à Gabrielle d'ouvrir. C'était son habitude. Lorsque l'esprit était absent, c'était ainsi que fonctionnait l'être humain. Par habitude.
" Bonsoir, nous faisons partie du SGC..."
Gabrielle ne répondit pas, mais ouvrit le porte en grand pour leur livrer passage. Elle en profita pour les observer un à un. La jeune femme qui s'était présenté était de taille moyenne, blonde, très belle malgré son uniforme militaire. Elle était accompagnée de trois hommes. Le premier ressemblait davantage à un chercheur qu'à un militaire avec ses lunettes et sa barbe mal rasé. Elle se fit la même réflexion en voyant le troisième, de race noire cette fois-ci. Enfin le quatrième avait tout du militaire avec sa musculature impressionante, sa démarche volontaire et son visage blasé.
" Colonel Samantha Carter, docteur Daniel Jackson, professeur Lefebvre et Teal'c, se présenta Samantha. Nous sommes chargés d'une enquête concernant l'infection de votre enfant."
Gabrielle la fixa, surprise, et répondit machinalement, sans se méfier :
"Tommy n'est pas mon enfant. C'est le petit-fils de Mr Hanlow."
Elle accompagna ses paroles d'un geste en direction du vieil homme qui était resté immobile dans son fauteuil.
Daniel et le professeur Lefebvre tiquèrent immédiatement en entendant l'accent très prononcé de la jeune fille, et celle-ci s'en apperçut.
" Vous n'êtes pas américaine.
- Bien vu, répondit Gabrielle à l'archéologue en le regardant droit dans les yeux. Je suis française."
Les quatre membres du SGC se jetèrent des regards entendus, mais n'ajoutèrent rien d'autre, ce qui mit la jeune fille mal à l'aise. Qu'est-ce que cela voulait dire ?
" Tommy est au premier, si vous voulez le voir, ajouta-t-elle pour changer de sujet. Et il est au plus mal."
Fort accent, mais elle avait appris à bien s'exprimer en anglais. Elle n'avait pas vraiment eu le choix.
" Je vais monter voir dans quel état se trouve l'enfant, dit Sam en s'adressant à ses compagnons. Vous n'avez qu'à rester ici... et vous renseigner sur les circonstances de... enfin de l'accident."
Elle jeta un dernier regard appuyé à Gabrielle, puis disparut par les escaliers.
" Qui a découvert Tommy dans... enfin dans cet état ?"
C'était le chercheur noir qui avait parlé. Avec aussi un très fort accent français. Entendre une autre personne parler de cette façon la fit sourire. Le docteur Jackson sembla recevoir à cet instant un violent coup de poing dans le ventre, car il pâlit horriblement.
" Vous vous sentez bien, Daniel Jackson ? s'inquiéta Teal'c qui avait également remarqué le teint pâle de son ami."
L'archéologue hocha la tête sans dire un mot.
" Nous rentrions de course avec Mrs Hanlow lorsque nous avons trouvé Tommy. Il était allongé sur le sol, juste ici, devant la télé. Et il commençait à être pris de convulsion. Nous l'avons maintenu au sol jusqu'à la fin de la crise, puis Mrs Hanlow a appelé un médecin."
Elle avait raconté cela d'un ton neutre, mais ferme.
" Cela arrive souvent qu'il se retrouve seul, ici ?
- Nous nous occupions parfaitement de notre petit-fils, si c'est ce que vous voulez savoir !!!! rugit soudain Mr Hanlow en bondissant de son fauteuil. Nous nous...
- Calmez-vous, Mr Hanlow. S'il vous plaît..., supplia la jeune française en prenant le vieil homme par les épaules et en tentant de le faire asseoir. Il y a déjà assez de Tommy... Pensez à votre coeur..."
A contre-coeur, il regagna son fauteuil, mais foudroya du regard ses trois visiteurs.
" Il était censé être à la bibliothèque cette après-midi, reprit Gabrielle en ramassant un coussin qui était tombé du fauteuil. Apparemment il en avait ramené une cassette et il l'avait visionné quand nous sommes revenues, parce qu'elle était en train de se rembobiner automatiquement.
- Une cassette ?
- J'allais justement la regarder. Là, elle est sur la commode près du téléviseur."
Daniel traversa le salon et examina la vidéo.
" Nuit et Brouillard, gromela-t-il.
- QUOI ?!!!"
La jeune fille s'était relevée précipitemment en poussant son cri. Son visage perdit instantanément ses couleurs, et ses yeux fixaient la vidéo avec une répulsion mêlée d'angoisse.
" Qu'est-ce que c'est que cette vidéo ? s'enquit Teal'c, sentant bien le malaise que le titre de la cassette avait provoqué.
- C'est, expliqua Daniel sans quitter des yeux la jeune fille. C'est un film-documentaire composé uniquement d'images d'archives des camps de concentration découverts en Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale... Des images très dures à supporter en vérité...
- UNE ABOMINATION VOUS VOULEZ DIRE !!!"
Second cri de la jeune Française.
" Comment a-t-il pu mettre la main sur cette horreur ? murmura Mr Hanlow en se prenant le visage entre les mains. Mon dieu, la dernière chose que mon petit-fils aura vu de ce monde sera ces images monstrueuses... non... non... non."
Et il se mit de nouveau à sangloter. Le voir ainsi rappela à Gabrielle la propre mort de sa soeur. Son père aussi avait pleuré. Pas sa mère. Elle était restée auprès de son enfant à prier jusqu'au bout. Comme Mrs Hanlow. Puis ça avait été presque immédiatement le tour de sa mère, puis de son père. Et elle sut que c'est ce qui arriverait au couple de retraités qui l'avait accueillie si Tommy mourrait. Et cela, il n'en était pas question.
Alors Gabrielle regarda Mr Hanlow dans les yeux, en s'agenouillant face à lui, et murmura : "Il faut aller parler à Tommy."
Maison des Hanlow, Greytown, Montana.
Gabrielle entra dans la chambre du petit garçon en compagnie de Mr Hanlow et de SG1. Samantha se trouvait près de la grand-mère du garçon, et examinait d'un oeil soucieux son état. Le visage du garçonnet était pâle. très pâle.
"On croirait qu'il est mort, murmura le vieil homme en tremblant de la tête au pied.
- Il ne l'est pas... Pas encore. Mais cela pourrait arriver si nous n'agissons pas tout de suite."
Samantha releva la tête et les observa.
"Il n'y a rien à faire, lâcha-t-elle soudain. Nous n'avons aucun vaccin, ni aucun autre moyen médical de le soigner.
- Il n'y a pas de remède médical à ce mal, tout simplement parce qu'il ne s'agit pas d'une maladie, annonça Gabrielle avec un tel applomb que la grand-mère de Tommy, que jusqu'ici rien n'avait pu sortir de ses prières, leva les yeux vers la Française.
- Alors dans ce cas, de quoi souffre-t-il ? demanda Teal'c avec gravité.
- D'intrusions mentales... Enfin c'est comme ça que je l'appelle."
Devant l'air perplexe des personnes présentes dans la chambre, Gabrielle sut que si elle devait soigner Tommy, elle devait avant tout expliquer aux autres de quoi il retournait.
" La plupart des médecins s'accordent pour dire que le mental gouverne pas moins de 80% de notre santé. Je suis assez d'accord avec ce chiffre. Persuader un homme qu'il est atteint d'un certain type de maladie, et il le deviendra. Certes pas dans un état aussi grave que s'il était véritablement infecté, mais il le sera malgré tout.
Ces médecins ont également noté que l'état psychique d'un patient pouvait jouer sur sa santé : un homme dépressif aura une santé bien plus fragile qu'un homme bien portant psychologiquement.
- Jolie démonstration, convint Sam, sceptique. Mais où voulez-vous en venir ?
- Ce n'est pas pour rien qu'un dicton affirme ceci :"L'espoir fait vivre". Au fond, en effet, qu'est ce qui pousse un être doué d'intelligence à vivre alors qu'il est conscient de sa mort prochaine ? L'espoir... et une foi inébranlable en son espèce. Voilà ce qui fait tenir un être humain en vie."
Un silence pesant accueillit ses dernières paroles. Samantha n'avait pas besoin que la jeune fille poursuive son explication. Elle voyait parfaitement où elle voulait en venir, et cela corroborait parfaitement ses théories sur le Fléau. Pour sa plus grande terreur.
"Retirer à un homme ces deux choses, et il se laissera mourir sans se battre.
- Vous voulez insinuer que cet enfant est en train de mourir de désespoir ?! lâcha Teal'c les sourcils froncés.
- Non. Pas exactement... Disons qu'une fois qu'on a retiré ces deux choses à un être humain, n'importe quel mal peut s'infiltrer dans son esprit et le tuer. Le corps ne fait que réagir à l'agression.
- Autrement dit, ce qui est attaqué et tué par le Fléau, c'est l'esprit et non pas le corps, murmura Samantha le visage illuminé par la compréhension. C'est brillant !!!
- Brillant ? répéta Daniel en grimaçant.
- L'esprit est ce qui différencie une créature intelligente d'une bête, Daniel. En s'attaquant à cela, les Oriis ont visé notre point le plus fort et en même temps le plus faible. C'est bien pire qu'un simple virus... bien plus complexe."
Daniel observa à nouveau la jeune femme française.
" Comment savez-vous tout cela ?
- Parce que j'ai moi-même été hanté par le Fléau..."
Elle souleva la masse de cheveux qui cachait sa nuque... et tous purent voir, distinctement, une petite tâche brune sur la peau blanche de son cou.
" Oh mon dieu ! hoqueta Mrs Hanlow.
- Mais pourquoi ne vous être jamais fait connaître ?! rugit Daniel, soudain furieux. Toutes ces vies que nous aurions pu sauver !!!
- Ah oui ? Et comment auriez-vous fait ? Quel moyen avez-vous contre ce genre de maux ?"
La colère de Daniel retomba aussi vite qu'elle était montée. La question se posait, en effet.
"Mais mon petit va mourir alors !!! s'écria Mrs Hanlow en se cachant le visage dans ses mains.
- Il reste une solution, avoua Gabrielle en s'assayant sur le bord du lit de Tommy. Mais son résultat est loin d'être acquis."
Elle jeta un coup d'oeil à Daniel, qui comprit. La brèche par laquelle le mal Orii s'était introduit dans l'esprit de Tommy provenait de la vidéo que le petit garçon avait visionné. Pour les yeux et l'esprit d'un enfant, ces images étaient aussi violentes et meurtrières que la mort. Comment pouvait-il comprendre une telle horreur humaine ? La foi en les siens avait dû le quitter presque immédiatement. Mais l'esprit d'un enfant de cet âge restait encore malgré tout très maléable. Si on parvenait à lui faire entendre autre chose que la vérité de ces images, il y avait une chance de le sauver...
" Ne doivent rester ici que le grand-père et la grand-mère de Tommy. Eux seuls ont encore suffisamment d'emprise sur Tommy pour s'en faire entendre."
Sans rien dire, toutes les autres personnes de la pièce sortirent. Et tous, une fois dehors, se rendirent compte alors qu'ils partageaient une même chose, qui les avait préservés : la foi en l'humanité. Car Une, la première à l'avoir compris, avait survécu.
Maison des Hanlow, première étage, chambre de Tommy.
Le petit garçon ouvrit lentement les yeux. Ses cheveux étaient collés à son front moite. Il était brûlant de fièvre, et semblait totalement terrifié. Il regarda autour de lui, le regard perdu et finalement se mit à pleurer en appelant sa mère.
"Prenez-le dans vos bras, Mrs Hanlow. Pour le rassurer. Il en a besoin..."
La grand-mère s'exécuta, tremblante de joie à la vue de son petit-fils miraculé. Car elle n'en doutait pas : il s'agissait d'un véritable miracle !
"Il faudra être prudent et attentif durant la convalescence de Tommy, murmura Gabrielle à l'adresse du vieil homme qui se tenait près d'elle, le regard émerveillé et brillant. Son esprit a été très malmené...
- Oui, oui bien sûr... Mais tu seras là pour nous guider de toutes façons..."
Le sourire du vieil homme se figea soudain. Il regarda la jeune femme dans les yeux.
" Tu restes avec nous, n'est-ce pas ?
- Non. Je ne pense pas qu'ils me laisseront avec vous, répondit-elle en désignant la porte de la chambre, close pour le moment. Je crois bien qu'ils me cherchaient déjà avant de venir ici...
- Mais ils ne vont pas te faire de mal, n'est-ce pas ?3
La jeune femme garda le silence, pensive.
" Je ne sais pas, répondit-elle finalement. Mes parents, avant de mourir, m'ont fait promettre de rester cachée... Ils étaient sûrs que si on découvrait ma résistance pour le moins inexpliquée au Fléau, on m'enfermerait pour pratiquer tout un tas de tests sur moi. Je ne tiens pas personnellement à finir comme rat de laboratoire..."
Le vieil Hanlow hocha la tête, soucieux.
" Nous ne nous trouvons qu'au premier étage... Peut-être six mètres à sauter, pas plus..."
Gabrielle leva les yeux vers lui, d'abord surprise, puis reconnaissante. Elle s'approcha de la fenêtre à guillotine donnant sur l'arrière de la maison. Le potager s'étendait au bas du mur, non clotûré. Un grand champ de blé s'étendait au-delà.
"Merci... pour tout...
- Ne dis pas de bêtises ! C'est à nous de te remercier ! Tu as sauvé notre petit-fils..."
Ils regardèrent tous deux le garçonnet, toujours pâle, mais plus calme. Il pleurait toujours cependant, et de plus en plus bruyamment.
"Va maintenant ! Ils vont finir par entendre le petit."
Elle fit glisser le bas de la vitre vers le haut de l'encadrement de la fenêtre, passa d'abord le buste au-dehors. S'accrochant au haut extérieur de la fenêtre, elle fit glisser avec précaution ses jambes le long du mur, et posa ses pieds sur le parrapet. Elle n'avait, par malchance, pas vêtu la tenue adéquat pour ce genre d'exercice. Sa jupe-salopette en jean entravait en effet ses mouvements, et ses sandales à lacets aggravaient encore cette gêne.
"GABRIELLE !!! OU TU VAS ?!!!"
Tommy semblait être sorti brutalement de sa torpeur et avait le visage tourné vers la fenêtre. La porte de la chambre s'ouvrit presque instantanément. Ce fut d'abord l'équipe médicale qui apparut, se précipitant vers le petit rescapé, puis Samantha, Teal'c et le docteur Lefebvre firent à leur tour leur entrée.
" Va-t-en !!! cria le vieil Hanlow en fermant la fenêtre précipitemment et en en barrant le passage de son corps."
Gabrielle ne demanda pas son reste. Elle jeta un regard sous ses pieds, hésita une seconde, puis finit par sauter du parapet en fermant les yeux, peu rassurée. Elle se reçut douloureusement sur ses jambes, plus particulièrement sur sa cheville droite, qui se tordit sous l'effort. Gabrielle roula sur le côté, le visage crispé par la douleur.
"DANIEL !!! ELLE S'ENFUIT PAR LE JARDIN !!!"
Elle s'apperçut alors avec terreur que l'un des militaires était en effet redescendu. Le professeur Jackson s'était rué vers la porte arrière de la cusine et venait de la passer lorsque Gabrielle parvint à se remettre debout.
" Arrêtez !!!"
Elle fit exactement le contraire : elle courut droit vers le champs de blé, malgré sa cheville qui commen_ait déjà à enfler et à prendre la grosseur d'une balle de tennis. Elle courait aussi vite qu'elle le pouvait, mais en plus de la douleur qui lui arrachait à chaque pas un gémissement, ses sandales ne se prêtaient absolument à l'exercice et elle manqua plusieurs fois de se fouler l'autre jambe. Elle entendait derrière elle Daniel se rapprocher dangereusement.
"MAIS VOUS ALLEZ VOUS ARRETER, OUI ?"
Elle sentit soudain un étau l'attraper aux cuisses. Elle poussa un cri, et tomba lourdement dans les herbes. Elle donna des coups de pieds sans viser sur son poursuivant. La plupart le touchèrent au ventre. Il poussa un ou deux grognements, mais ne lâcha pas prise pour autant.. Visiblement, il en avait vu d'autres.
Gabrielle se tourna alors vers lui, et lui envoya un vigoureux crochet du droit en pleine figure, qui lui engourdit toute la main jusqu'au poignet. Mais ce coup eut plus de succès que les autres. Il lâcha prise et s'allongea sur le côté en gémissant et en se tenant le visage dans les mains. La jeune femme en profita pour se relever. Elle allait repartir lorsqi'elle remarqua que Daniel ne bougeait plus.
" ... docteur Jackson..."
Pas de réponse. Il fallait qu'elle s'enfuit, mais elle eut peur soudain de l'avoir frappé trop fort. De l'avoir peut-être gravement blessé. En s'enfuyant elle aurait certes conservé sa liberté, mais le poids de la culpabilité et du doute l'aurait anéanti. Elle s'agenouilla près de lui, et approcha ses mains des siennes pour examiner son visage... Daniel, qui était parfaitement conscient, lui saisit les poignets et d'un mouvement du bassin et des jambes, la plaqua sur le sol en s'allongeant à moitié sur elle pour l'immobiliser. Elle se débattit comme un beau diable durant plusieurs minutes, se fatiguant inutilement. Daniel était beaucoup plus fort et lourd qu'elle, et il avait encore resserré son étreinte. Leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres. Elle pouvait sentir son souffle sur son visage.
"Je vous en prie... Laissez-moi partir..."
Quelques larmes perlèrent à ses yeux. Le regard de Daniel se troubla, mais son visage garda son expression de détermination.
"Je ne peux pas. Et vous le savez."
Oh que oui elle le savait !
"Votre... votre gouvernement... le GPM... il va me faire du mal..."
Daniel secoua la tête pour démentir, mais aussitôt le dernier vers du premiers quatrain des Centuries de Nostradamus lui revint à l'esprit.
"Et si je vous promets de vous protéger ?"
Elle le regarda dans les yeux... Des yeux très bleus, vifs, intelligents, francs... Il y avait autre chose aussi dans ses yeux, qu'elle ne parvint pas à définir... Qu'elle n'avait jamais vu avant.
Elle finit par acquiesser.
Base de Cheyenne Mountain, infirmerie.
« Elle ne vous a pas loupé, remarqua le docteur Lam en appliquant sur la joue tuméfiée de Daniel une compresse froide. »
Pour toute réponse, l’archéologue grimaça. Il ne cessait de jeter des coups d’œil en direction d’un lit voisin au sien. Gabrielle y était assise. Elle pleurait silencieusement. Visiblement son arrivée au SGC l’avait profondément affectée.
« Allez la voir. Il faut la rassurer. »
Daniel regarda la jeune doctoresse avec surprise, puis la remercia d’un sourire de reconnaissance. Il s’approcha du lit de la jeune femme, et remarqua immédiatement sa cheville gonflée.
« La douleur est si insupportable ? »
Gabrielle secoua la tête. Elle était terrifiée et la peur lui nouait la gorge au point de lui faire mal. Elle était incapable d’articuler le moindre mot.
« Vous permettez que j’examine votre blessure ? »
Elle se contenta de lui jeter un coup d’œil larmoyant et baissa presque aussitôt les yeux. Daniel s’assit sur le bord du lit, et avec d’infimes précautions, palpa la cheville enflée. Un tressaillement de Gabrielle lui indiqua que la douleur était en effet bien présente. Alors, très doucement, il commença à masser le muscle. Il avait tellement peur de lui faire mal à nouveau qu’il donnait l’impression de tenir entre ses mains un objet précieux et fragile.
Gabrielle avait cessé de pleurer et le regardait faire, le cœur gonflé de sentiments inconnus pour elle. Totalement absorbé par ses soins, il n’avait pas remarqué le regard triste et tendre avec lequel elle le regardait.
« Jamais on ne s’était occupé de moi de cette manière, murmura-t-elle soudain.
- Ah non ?
- Non… Mes parents n’étaient pas très tendres. Pour eux, les marques d’affection n’étaient pas indispensables à l’éducation de leurs enfants. J’ai d’ailleurs toujours douté, jusqu’à leur mort, de leur amour pour moi. Ce n’est que lorsque je me suis retrouvée seule que j’ai compris à quel point je me trompais… Et je ne leur ai jamais dit que je les aimais… Je ne suis pas sûre qu’ils le sachent…
- Qui a pris soin de vous après cela ?
- Personne… Je n’ai jamais laissé quelqu’un m’approcher… Je pensais pouvoir vivre seule… J’étais certaine que tout le monde mourrait à cause du Fléau, une fois que j’en fus guérie… J’avais peur d’être la seule survivante… Je ne voulais pas m’attacher… Cela aurait trop dur de perdre quelqu’un à nouveau… »
Les larmes étaient revenues, plus nombreuses. Les sanglots la secouaient de spasmes violents. Elle avait voulu se protéger, simplement se protéger de la blessure causée par la mort de sa famille. Une blessure toujours ouverte, toujours à vif, qui la faisait souffrir en silence. Elle se cacha la figure dans ses mains, pour cacher sa douleur et sa détresse. Car la peine avait enfin réussi à faire surface, une peine tant de fois refoulée qu’elle la faisait à présent souffrir à un point tel que s’en était inimaginable.
« Pleurez, allez-y, cela vous fera le plus grand bien. »
Avec des gestes lents et doux, Daniel l’attira à lui. Il ne voulait pas l’effrayer, aussi son étreinte fut-elle très légère au début, à peine perceptible. Mais la détresse de la jeune femme était trop grande. Elle passa ses bras autour de sa nuque, cacha son visage larmoyant dans son cou et laissa aller sa peine sans retenue. Daniel passa ses bras autour de sa taille, et la serra plus fort. Elle était totalement contre lui. Il sentait le moindre de ses sanglots faire tressaillir son corps. Il ferma les yeux, enfoui son visage dans la chevelure aux reflets roux de la jeune femme et la berça. Depuis quand n’avait-il pas ressenti une telle sensation, une telle bouffée de tendresse pour une autre personne ? Depuis l’enlèvement de Sha’Re… Oui, c’était depuis la perte de sa femme. Certes il avait connu d’autres femmes depuis, mais aucun moment comme celui-ci.
Aucun d’eux ne surent combien de temps ils restèrent ainsi enlacés. Ils ne savaient qu’une seule chose : quelque chose s’était passé… Un lien très fort s’était établi, et ils leur semblaient pourtant que ce lien existait depuis toujours. Mais aucun n’en parla, par pudeur, par appréhension et par méfiance peut-être un peu aussi. Ils étaient tous deux liés, certes, mais la méconnaissance de l’un et de l’autre était l’une des nombreuses barrières qu’ils avaient encore à franchir pour pouvoir pleinement comprendre l’étrange union qui les avait fait se confier.
« J’ai peur Daniel, murmura-t-elle à l’oreille de l’archéologue.
- Je sais. Mais je vous ai promis de vous protéger. Je tiendrais cette promesse. Et je ne serais pas seul pour tenir ce serment. »
Il ignorait alors à quel point les heures qui allaient suivre lui donneraient raison.
Base de Cheyenne Mountain, salle de briefing.
Le général O’Neill, le colonel Carter, Teal’c et Daniel étaient assis autour la table de réunion, en compagnie de deux autres militaires extérieurs au SGC, ainsi que d’un civil.
« Je vous présente le général McKenzie et son lieutenant, Joe Ethlyn. Monsieur Harris quant à lui nous vient de la Maison Blanche, présenta O’Neill à l’équipe SG1. »
Tous se saluèrent d’un simple signe de tête. La tension était vive. Samantha observait discrètement les hommes assis face à elle. Elle avait entendu parler du général McKensie par plusieurs de ses supérieurs : officier du Pentagone zélé et ambitieux, McKenzie était connu pour changer d’opinion selon les fluctuations du moment, soutenant tantôt une cause, puis une autre, protégeant toujours ses arrières et n’ayant aucun scrupule à trahir ses alliés du moment. George Hammond et Jack O’Neill n’avaient aucune estime pour lui. Samantha sut, en l’observant, qu’elle n’en aurait pas non plus. Elle porta son attention sur Harris. Tiré à quatre épingles, très droit et raide dans son costume, le visage fermé et froid, il émanait de lui une impression de malveillance. Samantha ne se rendit pas compte qu’elle avait face à elle les deux caricatures mêmes du mauvais visage de son gouvernement. Seul le lieutenant Ethlyn lui parut fiable et sympathique.
« Merci général, commença McKenzie d’un ton peu chaleureux. Nous sommes ici non sur ordre du Président américain, mais sur celui du Conseil du GPM. Les membres du Conseil ont appris que vous aviez appréhendé un individu dans l’Etat du Montana il y a quelques heures, suite à une nouvelle victime du Fléau. Est-ce exact ?
- Mmmh, fut l’unique réponse d’O’Neill.
- Et est-il vrai que la victime, un enfant, a survécu grâce à cette même personne que vous détenez dans l’une de vos cellules ?
- Cette personne se trouve à l’infirmerie, précisa Daniel en fronçant les sourcils, trouvant le début de l’entretien pour le moins désagréable. Et elle se nomme Gabrielle.
- Cette même personne, poursuivit McKenzie en ignorant totalement la remarque de l’archéologue, a-t-elle été elle-même contaminée par le Fléau et en a réchappé ?
- Oui à toutes vos questions ! Où voulez-vous en venir ? demanda O’Neill en cacahnt difficilement son exaspération.
- J’ai ordre de faire transférer la prisonnière dans les locaux scientifiques de la GPM. Monsieur Harris a apporté notre ordre de mission et doit s’assurer du bon déroulement du transfert. Après avoir pris livraison de cette personne, nous nous rendrons à Greytown, Montana, où nous devons également prendre livraison de l’enfant rescapé. »
Les paroles du militaire furent accueillies par un silence glacial.
« C’est une plaisanterie ? finit par lâcher Samantha. Qu’est-ce que les scientifiques du GPM veulent-ils faire de ces deux personnes ?
- Cela ne vous regarde pas, colonel Carter, répondit sèchement Harris en plaçant l’ordre de mission sur la table, face à O’Neill. Veuillez simplement obéir aux ordres.
- Je regrette, objecta O’Neill sans même regarder le papier de Harris, mais l’enquête sur le Fléau relève du SGC, et non du GPM.
- Plus maintenant. Le Conseil du GPM vient de décider à l’unanimité de reprendre en main le contrôle du SGC, et donc de l’enquête sur le Fléau. Il a été estimé que vous avez suffisamment eu de temps pour faire vos preuves, sans résultat. Vous passez donc sous nos ordres, général. »
McKenzie avait dit cela d’un ton calme, mais un petit sourire supérieur étirait ses lèvres. O’Neill le fixait sans rien dire, tandis que Samantha ne parvenait pas à croire les paroles du général. Teal’c quant à lui fixait O’Neill, sourcils froncés.
« Gabrielle nous a promis qu’elle raconterait tout ce qu’elle sait du Fléau et de la façon de le combattre, à la condition qu’elle reste ici !!! s’écria Daniel, furieux. Vous ne pouvez pas l’emmener !!!
- La prisonnière vient avec nous, docteur Jackson. Et ne vous inquiétez : quoiqu’il arrive, elle parlera. »
Harris jeta un regard à O’Neill et voulut ponctuer sa phrase d’un sourire rassurant et complice, mais lorsqu’il croisa les yeux du militaire, il sut que ses paroles avaient été une erreur.
« Jack, je vous en prie !!! Je lui ai promis que nous la protègerions d’eux !
- Une promesse que vous n’auriez jamais dû faire, Jackson ! s’écria à son tour McKensie. J’ai toujours été contre l’introduction de civils dans le projet Stargate, vous en particulier ! Vous n’avez aucun sens du devoir envers votre pays ! Vous êtes trop faible !
- Parce que pour vous, être fort est synonyme d’emprisonner certaines personnes et de pratiquer sur elles des tests, voire pire ?!!! s’emporta Daniel.
- Pour le bien de toute une planète, je le crois en effet ! Si ces deux vies peuvent sauver les autres, alors nous n’hésiterons pas à les sacrifier !!! Pour le bien de l’humanité !
- Mais en les sacrifiant, vous allez sacrifier tout ce qui fait l’humanité justement !!!
- Cela suffit, Jackson !!! Transférez immédiatement la prisonnière ! Nous avons beaucoup à faire avec elle ! »
McKensie, Harris et Ethlyn se levèrent et se dirigèrent vers la porte pour sortir de la salle de briefing. Daniel jeta un regard désespéré à O’Neill :
« Jack ! Je vous en prie…
- Taisez-vous, Daniel. C’est un ordre qui m’a été adressé. Donc en locurence… »
Il fit un geste aux deux gardes du SGC qui encadraient la porte, et ceux-ci en barrèrent aussitôt l’accès aux trois hommes.
« Général O’Neill !
- Oui ?
- Je suis votre supérieur à présent ! Ceci est une…
- Un refus d’obtempérer en bonne et due forme, je sais. »
Jack fixa les trois hommes calmement, confortablement assis dans son fauteuil.
« Vous irez droit en cours martiale pour ça ! rugit McKensie.
- En attendant, vous, vous allez droit en cellule. Lieutenant, veuillez accompagner ces messieurs et veillez à ce qu’ils soient le plus inconfortablement installés. Ensuite, verrouillez les portes de leurs cellules et faites passer l’ordre à tout le personnel de la base de se rendre tout de suite en salle d’embarquement, pour une réunion extraordinaire. Rompez ! »
Le militaire s’exécuta sans sourciller, tandis que Carter restait clouée sur sa chaise, le teint cireux, ébahie, tandis que Daniel soupirait de soulagement, sans encore prendre conscience de la situation dans laquelle le SGC venait de se fourer.
Re: [FanFic] La troisième évolution
Salle d’embarquement de la Porte des Etoiles, base de Cheyenne Mountain.
O’Neill se tenait debout sur la passerelle d’embarquement, tandis que face à lui était rassemblée la totalité du personnel du SGC, civils et militaires confondus. Tous se tenaient face à leur général et leader, silencieux, intrigués.
« Certains le savent déjà, nous avons accueilli il y a peu dans l’enceinte de la base une jeune femme susceptible de nous aider à trouver une solution finale au Fléau qui, je le sais, a déjà touché plus ou moins personnellement la plupart d’entre vous. Si cette jeune personne ne s’est pas fait connaître plus tôt pour nous aider, c’était par peur de la façon dont nous pourrions exploiter son… disons… potentiel. Nous lui avons garanti la sécurité sur cette base, autant pour nous assurer de son salut que du notre. »
O’Neill fit une pause, épiant une éventuelle réaction de la part des membres du SGC, mais nul n’intervint. Ils l’écoutaient avec attention. O’Neill les soupçonnait d’être déjà au courant de tout ce qu’il venait de dire.
« Cet après-midi, trois hommes, le général MacKensie, le lieutenant Ethlyn et un certain Harris, ont débarqué à la base, pour transférer cette jeune femme dans l’un des centres de recherche du GPM. Par ailleurs, ces hommes m’ont appris que le SGC venait de perdre son autonomie et passait entre les mains des politiciens du Conseil du GPM… Suite à ces nouvelles, j’ai pris la décision de désobéir aux ordres, car il est plus que probable que leurs méthodes ne trahissent un manque total de respect envers les droits et libertés de notre protégée… mais également d’un enfant rescapé du Fléau grâce à cette même protégée. A l’heure où je vous parle, nos trois visiteurs sont enfermés dans l’une des cellules du SGC. Ce n’est qu’une question d’heures avant que le GPM ne s’en rende compte et n’intervienne. Mais je ne veux forcer personne à suivre les décisions d’un vieux militaire têtu et égoïste, aussi j’invite ceux désapprouvant mes actes à quitter sans plus attendre le SGC. Je ne leur en voudrais pas de désaprouver mes décisions. »
O’Neill respira profondément, soulagé d’en avoir terminé avec ce petit discours. Il détestait parler en public. Il observait à présent chacun des visages de ses hommes, attendant de voir combien aurait le courage de le suivre dans sa folie. Mais il n’y eu aucun départ, ni aucun mouvement.
« Mon général, parla soudain Siler en faisant un pas en avant, je crois parler au nom de tous ici en affirmant qu’aucun de nous n’a l’intention de quitter le SGC. Vous avez toujours pris les bonnes décisions sur le projet Stargate, et nous vous avons toujours suivi. Cette fois-ci encore, laissez-nous le droit de vous prouver notre confiance et notre loyauté. Nous restons. »
O’Neill fixa le sergent Siler, les yeux brillant d’émotion. Une immense bouffée d’espoir l’envahit : si une base entière d’hommes étaient capables de mourir et de trahir leurs gouvernants pour sauver l’unique espoir de sauver les leurs de façon honorable et digne, peut-être y avait-il une chance de réussir.
« Merci, sergent… Merci à tous. »
Les membres du SGC l’applaudirent, puis se dispercèrent en direction des réserves d’armes sans plus attendre, pour s’équiper. Tous se doutaient que les représailles contre eux par le GPM seraient musclées. En effet, le Conseil du GPM n’avait pas hésité à mâter par la force un groupe d’hommes politiques américains un mois après l’apparition du Fléau, suite à leur opposition face à la constitution de nouvelles règles draconiennes pour tenter d’enrayer le mal touchant la Terre. Cette démonstration de puissance avait révélé le véritable visage du nouveau pouvoir politique mis en place, un pouvoir aux mains d’hommes prêts à tout pour conserver leurs places de gouvernants planétaires. L’autonomie exceptionnelle accordée au SGC avait été le dernier acte fort du Président américain avant la constitution du GPM. Depuis, son influence s’en était trouvée très fortement diminuée. Le GPM avait exigé, en échange de cette autonomie, la révélation de l’existence du projet Stargate au grand public, espérant vaguement que cela conduirait les survivants à exiger une prise en main de la base par le Conseil. Mais face à l’horreur du Fléau et aux vues de ce qu’avait déjà accompli le SGC, la population terrienne restante y avait vu un espoir de survie. La plupart avait donc accepté l’existence de tout ce qui touchait à la Porte des Etoiles et n’avait pas retiré le commandement de la base à O’Neill.
« Vous avez une idée pour la suite, mon général ? s’enquit Samantha, une fois qu’O’Neill fut descendu de la passerelle d’embarquement.
- Absolument pas, Sam… J’espérais que votre esprit brillant trouverait une solution !
- O’Neill… Que se passera-t-il si nous échouons ? demanda Teal’c en fronçant les sourcils, une lueur d’inquiétude peinte sur son visage.
- Voyons, Teal’c, je vous ai connu moins défaitiste !
- Peut-être pourrions-nous fuir par la Porte des Etoiles, hasarda Daniel.
- J’y ai bien pensé, avoua Samantha, mais si les troupes du GPM parviennent à infiltrer la base, ils pourront toujours utiliser la Porte et faire dieu sait quoi avec.
- Vous ne pourriez pas la trafiquer pour la rendre inutilisable après notre passage ? insista O’Neill.
- Ce n’est pas si simple, et puis il y aurait toujours un risque pour que l’un de leurs spécialistes parviennent à résoudre le problème. En plus, cela impliquerait une impossibilité pour nous de revenir sur Terre. Sans compter que si nous quittons tous la base, cela signifie installer ailleurs une colonie d’une centaine de personnes. C’est impossible matériellement avec un délai aussi court…
- En clair, on n’a pas le début d’une idée, quoi ! »
O’Neill poussa un juron, exaspéré. Le professeur Lefebvre, qui avait assisté au petit discours d’O’Neill, proposa de revenir en salle de briefing, pour parler de tout cela plus tranquillement.
« Je suis désolé de vous embarquer là-dedans, professeur, s’excusa O’Neill en sortant de la salle d’embarquement en compagnie du reste de son équipe.
- Il n’y a pas de mal, général ! Au contraire, je suis ravie ! Vous pensez : je suis en train de voir se réaliser sous mes yeux l’une des prédictions de Nostradamus ! Plus d’une de mes confrères auraient aimé se trouver à ma place !
- Content de voir qu’il y en a au moins qui s’amuse, remarqua le militaire sans pouvoir s’empêcher de sourire, amusé par le total décallage du Français avec la réalité des évènements. »
Salle de briefing, base de Cheyenne Mountain.
SG1 au grand complet, ainsi qu’O’Neill et le professeur Lefebvre étaient à nouveau réuni en salle de briefing. Leurs regards étaient soucieux, leurs visages crispés par les efforts qu’ils déployaient pour trouver une solution à leur épineux problème.
« Que vont-ils tenter d’après vous, mon général ? demanda Samantha, inquiète.
- Ils vont sans doute essayer de prendre le contrôle de la base par la force. Ils disposent de troupes d’élite pour cela, suffisamment nombreuses et entraînées pour parvenir à leurs fins.
- Et nous ? insista le professeur Lefebvre en palisssant horriblement, se rendant enfin compte du danger.
- Eh bien, si vous n’êtes pas tué pendant l’assaut, ils trouveront sûrement une cellule de libre dans une prison pour trahison. Voyez le bon côté, professeur : vous au moins, vous n’irez pas en cours martiale ! déclara O’Neill avec un petit sourire en coin.
- Mais vous pensez sérieusement qu’ils pourraient nous tuer ?! »
O’Neill haussa les épaules.
« A quoi cela sert-il d’en discuter maintenant ? Nous aviserons le moment venu… J’ai donné des ordres pour le cas éventuel de cette attaque. Les niveaux supérieurs sont en train d’être vidés par mes hommes, et condamnés. Tout le matériel militaire, les archives, les documents concernant la base et la Porte des Etoiles, les technologies extraterrestres, et le matériel de première nécessité sont en train d’être rassemblés ici même à ce niveau. Pour le cas où on trouverait une solution pour fuir par la Porte. Il ne faut rien laisser dernière nous. Mais pour le moment, nous attendons encore le retour du sergent Williams et de ses hommes. Je les ai envoyé chercher le jeune garçon rescapé, ainsi que sa famille. Il est hors de question qu’il serve de cobaye à ces cinglés du scalpel !
- C’est bien à cause de lui que vous avez pris la décision de désobéir, n’est-ce pas ?
- Bon sang, Sam ! Ce gamin avait l’âge de Charlie ! Je n’allais pas les laisser l’enfermer dans un labo sinistre où des sales types en blouses auraient passé leur temps à lui prélever du sang et à faire dieu sait quoi encore !!!
- Ce n’était pas une critique, mon général. Simplement une question… »
Samantha lui sourit, et il hocha la tête. Elle le connaissait bien maintenant. Elle avait tout de suite compris en entendant McKensie annoncer le transfert de l’enfant qu’O’Neill l’empêcherait de mettre son plan à exécution, quoi qu’il lui en coûte. Il n’y avait qu’une seule chose capable de passer avant son devoir militaire : la vie d’un enfant.
« En tout cas, merci Jack d’avoir pris cette décision.
- Inutile de me remercier, Daniel. Vu le pétrin dans lequel on a mis les pieds, je pense ne nous avoir fait gagner que quelques heures de répit…
- N’existe-t-il aucune planète capable de nous accueillir temporairement ? demanda Teal’c à brûle-point.
- Nous sommes trop nombreux, répéta Samantha. Qui plus est, la plupart de nos alliés potentiels risqueraient de subir eux-même le Fléau s’ils nous accueillaient. L’ennui, c’est que plus aucune planète de notre galaxie n’est sûre depuis l’arrivée des Oriis…
- Et les Asgards ? proposa Daniel.
- Ils sont très occupés ces temps-ci, bougonna O’Neill en se massant les tempes. Le processus de clonage a atteint ses dernières limites. Ils mettent toute leur énergie en œuvre pour trouver une solution… Thor est très inquiet, même s’il ne m’a rien dit. Je crois que les Asgards sont en train de s’éteindre… »
La nouvelle fut accueillie par un silence pesant.
« La solution se trouve peut-être dans ce vers de Nostradamus : Mais la fuite vers le cheval sera une nécessité, hasarda soudain le professeur Lefebvre.
- Vous croyez vraiment que c’est le moment ?!
- O’Neill, il a peut-être raison, intervint Teal’c soudain, les yeux illuminés d’une lueur de compréhension. Ce vers indiquerait une fuite de la jeune rescapée vers Atlantis, ou tout du moins la galaxie de Pégase…
- Quoi ? Qu’est-ce que c’est que ce délire ?
- Teal’c a raison, Jack, renchérit Daniel. D’après les Centuries de Nostradamus, c’est vers Pégasus que se situerait le destin de Gabrielle. Jusqu’à présent, tout ce qui était écrit dans ce quatrain s’est révélé exact… »
Jack considéra ses trois compagnons avec suspicion.
« C’est une très belle idée, à laquelle j’avais déjà pensé figurez-vous… Mais ce serait compromettre la sécurité de la mission d’Atlantis. On ne peut les obliger à suivre une révolte contre le GPM en débarquant là-bas comme ça, nos valises sous le bras. Sans compter que, de toutes façons, nous n’avons aucun moyen de nous y rendre ! Je vous rappelle que tous nos EPPZ sont HS !
- Nous pourrions tout de même leur envoyer un message pour leur demander s’ils sont prêts à nous donner asile… En leur communiquant la situation ici…
- Daniel, il faut vous laver les oreilles. Nous n’avons pas suffisamment de puissance pour ne serait-ce que leur envoyer un panier de fruits confits…
- Théoriquement, c’est inexact mon général. »
O’Neill se retourna vers Samantha, surpris.
« Si nous utilisons le même procédé qu’avait employé le docteur McKay lorsqu’Atlantis nous avait transmis leurs messages d’adieu, en compressant très fortement les données, nous devrions avoir besoin de moins d’une seconde pour transmettre le message.
- Nous n’avons pas d’EPPZ, répéta O’Neill obstinément.
- Si nous parvenons à créer une surcharge dans nos générateurs à Naqqadah, nous avons une chance de parvenir à créer un vortex entre la Terre et Atlantis, mon général.
- Sans risquer de faire exploser la base ?!
- Euh… Oui, je pense que c’est possible…
- Et quand bien même Atlantis accepterait de nous héberger pour la nuit, comment irions-nous là-bas ?
- A nous de trouver une solution en attendant une réponse de leur part…
- Bon très bien. De toutes façons, nous n’avons aucune autre idée alors… »
O’Neill se leva sans rien ajouter et alla s’enfermer dans son bureau, tandis que Daniel, Teal’c, Samantha et le professeur Lefevbre se jetaient des regards gênés, cherchant chacun une lueur d’espoir dans les yeux de leurs compagnons.
Base de Cheyenne Mountain, bureau de Daniel Jackson.
« Sam est parvenue à créer un vortex entre nous et Atlantis !!! s’écria Daniel exultant, en pénétrant précipitemment dans son bureau, sous le regard effaré de Teal’c, du professeur Lefebvre et…
« Gabrielle ?! Vous ne devriez pas être à l’infirmerie ? »
La jeune femme lui sourit pour toute réponse, et reporta son attention sur l’énorme pile de dossiers qui s’entassaient face à elle. Daniel s’approcha et jeta un regard interrogateur à son collègue français.
« Le général O’Neill a jugé utile qu’elle se documente sur le projet Stargate, bien qu’elle en connaisse déjà un rayon sur le sujet, suite aux publications des journaux…
- Et mes notes sont-elles intéressantes, au moins ?
- Très… J’espère avoir bientôt le plaisir d’en vérifier la véracité. »
Elle semblait très détendue à présent. Ses joues avaient repris leurs couleurs, et un sourire étirait ses lèvres.
« Quand le colonel Carter pense-t-elle obtenir une réponse d’Atlantis ? s’enquit Teal’c, préoccupé.
- En vérité, nous ne sommes pas certain d’en avoir une, avoua Daniel. Pour ouvrir le dernier vortex entre nos deux galaxies, ils ont dû puiser dans les dernières ressources d’énergie de leurs EPPZ… Alors nous ignorons s’il leur sera possible de nous répondre.
- Mais dans ce cas, comment quitterons-nous la base, Daniel Jackson ?!
- Je n’en ai pas la moindre idée, Teal’c… Je suis aussi …
- GABRIELLE !!!! »
Un petit garçon d’environ sept ou huit ans surgit soudain dans la pièce et se précipita vers les bras tendus de la jeune fille, dont le visage à sa vue devint lumineux.
« TOMMY !!! MON TOMMY !!! »
Elle serra le petit garçon très fort contre elle, le soulevant de terre. Elle enfouit son visage dans le pull-over de l’enfant et y étouffa un sanglot de joie. O’Neill entra à son tour dans le bureau de Daniel, un immense sourire sur les lèvres, suivi par les Hanlow, portant dans leurs bras un bébé de sept mois, Zacharie, leur second petit-fils.
« Ils sont arrivés il y a moins d’une heure, précisa O’Neill à l’adresse des trois hommes. Le temps de leur expliquer la situation, et je les ai amené ici. Je me suis dit que cela ferait plaisir à notre protégée de les voir…
- Merci, général, parvint à dire Gabrielle alors que Mrs Hanlow l’enlaçait à l’étouffer.
- C’est un plaisir. »
La présence des deux enfants semblait avoir fait entièrement oublier à O’Neill la menace planant sur le SGC. Il était aux anges.
« Notre dernière rencontre a été pour le moins musclée et désagréable, remarqua Mr Hanlow en tendant la main aux deux scientifiques, puis au jaffa.
- En effet. »
Gabrielle avait reposé par terre le petit garçon, et tendit les bras vers Zacharie, qui poussa toute une série de gasouillis en agitant ses petites mains vers la jeune fille. Lorsqu’elle l’eût pris dans les bras pour l’embrasser, et qu’elle se retourna vers Daniel, le visage totalement métamorposé par le sourire de joie et la tendresse qui l’accompagnait, l’archéologue sentit son cœur cesser de battre l’espace d’une seconde. Cette vision lui était agréable et douloureuse en même temps.
« Peut-être pourriez-vous nous expliquer à présent la manière dont vous vous y êtes prise pour sauver cet enfant ? demanda le professeur Lefebvre dont la curiosité semblait s’être réveillée.
- J’ai simplement demandé à Mr et Mrs Hanlow de persuader Tommy de cesser d’écouter la voix des Oriis.
- La voix des Oriis ?! répéta Teal’c sans comprendre.
- Oui… C’est sous cette forme qu’apparaissent à l’esprit leurs intrusions mentales. Ils parlent d’une langue totalement inconnue pour nous, mais dont le sens est tellement perceptible et abominable qu’il blesse l’esprit humain à chaque parole. Le corps ne fait que réagir au mal subi par la pensée. Au début, la voix des Oriis est tellement violente et douloureuse que le corps est pris de convulsions. Puis l’esprit s’habitue, en quelque sorte, à la torture et la douleur, d’où une forte fièvre. Puis finalement tout combat cesse et là, c’est la chute vers le néant… Une chute lente et pleine de souffrances…
- Mais l’esprit est encore réceptif au monde extérieur ?
- Pas l’esprit… Le cœur, professeur… C’est pour cela que si vous étiez infecté par le Fléau, vous n’auriez aucune chance de vous en sortir. Aucun de nous n’est suffisamment proche de vous pour vous toucher suffisamment et vous faire sortir du cauchemar…
- Et vous dites que c’est en parlant à Tommy que vous avez pu le tirer de là ?
- Oui, il fallait lui expliquer pourquoi il devait lutter. Pourquoi il ne devait pas écouter ces voix. Pourquoi il devait vivre… Il fallait lui dire, lui faire ressentir ce qui différencie l’être humain des abominations qu’il avait vues sur cette vidéo, qui avaient permis à la voix des Oriis de s’infiltrer en lui. Il fallait qu’il retrouve la foi en son peuple et l’espoir en la vie. Mais il est plus facile de persuader l’esprit d’un enfant d’une telle vérité que celui d’un adulte. Ses rêves et ses croyances sont plus sensibles, plus innocents et candides…
- Mais vous-même ? Comment avez-vous pu résister à ces voix ?
- Je n’en sais rien… Alors que j’étais prête à abandonner, et que les ténèbres m’envahissaient de plus en plus, j’ai vu une lueur, très fugitive certes, mais une lueur tout de même. Et pendant l’espace d’un instant très bref où j’ai vu cette lumière, je n’ai plus entendu la voix des Oriis, j’ai arrêté de souffrir, et mes rêves m’ont à nouveau empli. Alors quand les ténèbres sont revenues, je me suis battue pour ne plus les écouter. L’unique façon de m’en défaire était de rêver… J’ai toujours aimé rêver… C’était très difficile au début, mais j’y suis parvenue…
- Mais dans ce cas, les proches n’ont rien à voir avec le fait de pouvoir s’en sortir…
- Si. J’ai compris sur le lit de mort de mes parents que la lueur que j’avais aperçu pendant mon coma, que j’avais plus ressenti que vu, c’était les larmes de ma mère, tombées sur ma main. »
Daniel comprit alors pourquoi la perte de ses parents l’avait autant blessée. Outre le fait qu’elle avait vécu la mort de ceux qui lui avaient donné la vie, elle n’avait compris que trop tard l’amour qu’ils avaient eu pour elle mais qu’ils n’avaient jamais su lui montrer. N’ayant compris que trop tard la façon dont elle avait pu s’en sortir, elle n’avait pu reproduire le même procédé avec sa famille.
« Dans ce cas, la théorie du colonel Carter concernant l’immunité présumée des jaffas grâce à la trétonine est fausse ? remarqua Teal’c avec amertume. »
Gabrielle regarda le jaffa avec surprise, mais un sourire réconfortant éclaira presque aussitôt son visage.
« D’un point de vue biologique, la théorie du colonel Carter est fausse en effet, admit la jeune femme. Le fait d’être jaffa ou d’absorber de la trétonine n’a rien à voir avec votre résistance face au Fléau. Mais votre peuple s’est battu pendant de longues années pour son indépendance et sa liberté. J’imagine donc que votre foi en votre peuple est très forte. Cela suffit amplement à stopper le Fléau… »
Teal’c la considéra gravement, puis s’inclina respectueusement devant elle. Bien plus que le fait de le rassurer, ses paroles étaient pour lui un compliment d’une grande valeur.
« Mais dans ce cas, pourquoi autant de personnes sont-elles mortes sur Terre ? demanda O’Neill avec justesse. »
Gabrielle baissa les yeux, gênée.
« La foi est une chose difficile à acquérir sincèrement, Jack, intervint Daniel. Beaucoup pensent l’avoir sans jamais l’atteindre en fait. Il s’avère que beaucoup de croyants de diverses religions ne croient en leur Dieu que pour s’assurer une place au paradis… La plupart ne comprennent pas que, en fait, croire en Dieu revient à croire en son œuvre, autrement dit…
- … l’humanité, acheva Gabrielle. Oui, c’est tout à fait ça. Et le problème du peuple de la Terre, général O’Neill, est qu’étant devenus ce que nous sommes aujourd’hui, très peu de personnes croyaient encore en ce peuple et avaient de l’espoir pour nous tous. Notre société, dites si moderne et civilisée, a révélé tous les aspects les plus néfastes de la nature humaine : l’égoïsme, l’indifférence, la cruauté… Nous n’étions plus le peuple de la Terre, mais les peuples. L’humanité sur cette planète était en train de perdre son sens. Les Oriis l’ont compris et ont exploité cette faiblesse. »
L’esprit d’O’Neill était totalement embrumé : non pas qu’il n’ait rien compris aux paroles de la jeune femme, mais c’était le sens même de ses paroles, et tout ce qu’il impliquait, que son esprit ne parvenait pas à assimiler.
« C’est très dur ce que vous venez de dire, murmura Teal’c. Pour votre peuple et l’espoir de le voir combattre le mal qui le ronge…
- Si plus d’un million d’entre nous ont pu survivre, c’est bien qu’il reste un espoir pour eux. Mais pour cela, toutes ces personnes doivent comprendre pourquoi et comment un tel malheur a pu se produire. Tommy a survécu mais ce n’est qu’un enfant. Je doute qu’il ait saisi l’ampleur véritable de ce à quoi il a fait face. Moi, je l’ai saisi. Je ne suis pas sûre qu’il en aille de même pour vous… Je me trompe ?
- Non, en effet, acquiessa Daniel en la regardant dans les yeux. »
Un lourd silence s’abattit sur le petit groupe. Tous se répétaient les paroles de Gabrielle, mais ils avaient beau les tourner et les retourner dans tous les sens dans leurs esprits, plus ils tentaient de s’en persuader, et plus le sens profond de ses affirmations devenait flou.
« Il n’est pas grave que vous ne compreniez pas immédiatement ce que je viens dire. Inutile de vous torturer avec ça, du moment que vous parveniez à conserver la foi et l’espoir qui vous ont préservé des intrusions mentales des Oriis. C’est le plus important pour le moment.
- Excellent conseil. Et maintenant, je vais vous laisser, annonça O’Neill avec un dernier sourire. J’ai des tas de… trucs à faire… papiers à classer… et une boîte d’aspirines à vider !
- Attendez-moi général ! Je me joins à vous pour les aspirines ! s’empressa de dire le professeur Lefebvre en le rejoignant sur le seuil de la porte. »
Atlantis, galaxie de Pégase, salle de briefing.
« Donc c’est à nous de prendre une décision, conclue Elisabeth Weir en posant le dossier qu’elle tenait à la main sur la table, face à elle. »
Le major Sheppard, les docteurs McKay et Beckett, ainsi que Teyla, lui faisaient face, entre autres. Ils n’étaient pas loin d’être une quinzaine autour de la table de réunion en cette fin de soirée. La transmission de la Terre avait été interceptée quelques heures plus tôt seulement.
« Je n’arrive pas à croire qu’ils se soient mis dans une telle situation, soupira John Sheppard en passant machinalement la main dans ses cheveux en bataille.
- Vis-à-vis de quoi ? demanda McKay avec cynisme. Des Oriis ou du GPM ?!
- Les deux ! »
McKay poussa un petit rire dédaigneux.
« Là n’est pas la question. Ce qui est fait est fait. Il est clair que la décision du SGC est soumise à délibération : ce n’était peut-être pas la meilleure manière de procéder, mais les faits sont là. Aujourd’hui, nous devons savoir si nous sommes prêts à les accueillir comme des réfugiés et amis, ou bien les traitons-nous comme des traîtres envers la Terre et donc nous devrons dans ce cas les enfermer jusqu’à ce que nous puissions les renvoyer sur Terre. Bien sûr, il se peut tout à fait que nous n’ayons pas à faire ce choix, car il reste au général O’Neill la tâche de trouver un moyen de nous rejoindre. Voici la raison de votre présence ici. »
Les quinze membres d’Atlantis se regardèrent les uns les autres, conscients du choix cornélien qui se posait à eux.
« Si je puis me permettre, intervint Teyla. Je souhaiterais donner mon opinion. Celui-ci ne vous engagera à rien, d’autant que je ne fais pas partie de votre peuple…
- Pour nous, vous êtes un membre à part entière d’Atlantis Teyla, ne put s’empêcher de dire le docteur Weir avec un sourire.
- Merci docteur Weir. Comme vous le savez, pour moi, chaque membre de mon peuple est aussi important qu’un membre de ma famille. Cependant, si je m’appercevais qu’une décision collective allait à l’encontre des principes de mon peuple, même pour régler un problème grave, je crois bien que j’aurais agi comme les vôtres. Trahir ses propres lois, même pour survivre, n’apporte jamais rien de bon. Cela se paie, et finit invariablement par se retourner contre vous.
- Donc même si cela condamne votre peuple, vous préféreriez renoncer à une opportunité de le sauver plutôt que de vous fourvoyer ? insista le docteur Cavana, sceptique et visiblement méprisant.
- Quel peuple pourrait continuer à exister après avoir renoncer à ses lois et sa morale ? Même si le danger est écarté, un tel peuple ne pourrait survivre à ses actes.
- Je vous en prie, docteur Weir, nous parlons de plus d’un million de terriens, gloussa Cavana. Et pas d’une tribu de cinquante personnes… »
Sheppard esquissa un geste pour se lever de son siège et répondre à Cavana, furieux, mais le docteur Weir lui intima l’ordre de rester assis.
« La décision du général O’Neill n’est pas d’abandonner la Terre, docteur Cavana, mais simplement de soustraire les deux survivants à d’éventuelles recherches scientifiques abusives. Il est clairement établi dans leur message qu’ils ne cherchent un asile que le temps de trouver une solution définitive contre le Fléau sévissant sur Terre.
- Eh bien, dans ce cas, passons au vote, intervint Sheppard en lançant un regard lourd de menaces vers Cavana. Que ceux qui sont contre la décision du général O’Neill et souhaite l’empêcher de sauver la Terre une nouvelle fois lève la main.
- John… »
Elisabeth leva vers le militaire un regard de mise en garde, mais garda les deux mains baissées. Seul Cavana et un autre scientifique assis à côté de lui levèrent la main.
« Et que ceux qui acceptent d’accueillir l’équipe du SGC afin d’être des héros une fois de retour sur Terre, levez la main. »
Il avait levé la main avant même d’avoir fini sa phrase, imité par Teyla, Weir, McKay et Beckett. Les autres personnes autour de la table ne furent pas en reste.
« Bien, dit McKay en souriant. Et maintenant, on fait quoi ?
- Maintenant, on se prépare à l’arrivée éventuelle d’une centaine de personnes sur Atlantis, annonça le docteur Weir en soupirant. Et préparez aussi plusieurs unités médicales… Quelque chose me dit que nous en aurons besoin. »
Base de Cheyenne Mountain, salle de contrôle de la Porte des Etoiles.
« Au rapport sergent Williams ! Quelle est votre situation là-haut ? demanda O’Neill en parlant dans le micro de la radio qu’il tenait à la main.
- Les cinq premiers niveaux de la base ont été pris mon général ! répondit le sergent Williams en criant presque dans sa radio. Nous avons deux blessés ici, mais pas encore de mort à déplorer.
- Comment ça pas encore de mort ?! Et vous n’avez pas intérêt à en avoir, sergent, ou je vous botte les fesses à votre retour, c’est bien compris ?!!
- Nous ne tiendrons pas longtemps en ne nous servant que de Zats, mon général !
- Il est hors de question d’aggraver la situation en tirant à balles réelles sur les commandos du GPM, vous m’entendez ?!
- Ils sont en train de prendre le sixième niveau, mon général. Nous ne pourrons pas les contenir plus longtemps. »
Dans la radio, le bruit de tirs des P-90 des unités d’assaut du GPM et des Zats des hommes du SGC couvrait presque totalement la voix du militaire, sans compter la sirène d’alerte qui retentissait depuis près d’une heure à présent.
« On change de tactique ! Descendez au niveau – 9 et à partir de là, condamné tous les accès de la manière que vous voudrez. Porte blindée, C4 pour les tunnels menant à la surface, tout ce qui pourra ralentir leur progression. Exécution sergent !
- A vos ordres, mon général ! »
O’Neill posa la radio près du tableau de commande de la Porte des Etoiles. Ses traits étaient tirés et son visage trahissait une vive anxiété. Samantha, qui ne l’avait pas quitté depuis le début de l’attaque il y avait une heure de cela, lui jeta un coup d’œil, inquiète.
« Mon général…
- Sam… C’est Jack…
- Pas quand nous sommes sur la base, mon général, rétorqua-t-elle avec un bref sourire d’excuse.
- Cette sirène me casse les oreilles.
- Oui, à moi aussi. »
O’Neill se prit le visage dans les mains et se frotta les yeux. Il était épuisé psychiquement et physiquement.
« Vous devriez prendre un peu de repos…
- Oui, c’est ça, je devrais. J’adore le tir des armes comme berceuse, Sam…
- Vous ne tiendrez jamais à ce rythme.
- Sam… Je vais bien. »
Son ton était ferme, aussi Samantha n’insista pas. C’était inutile, il pouvait être si obstiné quand il le voulait…
« Jack ! Tenez voici la liste de toutes les planètes susceptibles de nous héberger dans un premier temps ! »
Daniel entra dans la salle de contrôle au pas de course et tendit au militaire une feuille couverte d’adresses de Portes des Etoiles.
« Je croyais que nous avions écarté l’éventualité d’une fuite par la Porte, remarqua Samantha.
- Vu la situation actuelle, je ne vois pas vraiment d’autre solution, répondit Jack en examinant la liste en plissant le front. C’est tout ?
- Oui, admit Daniel avec un sourire contraint. Nous avons dû écarter les planètes où l’apparition d’Oriis nous a été signalée, ainsi que toutes les autres planètes où les peuples n’étaient pas suffisamment avancés pour pouvoir nous accueillir… Histoire d’éviter une catastrophe…
- Ça ne nous laisse pas beaucoup de choix… Mais je ne vois pas la planète des Nox sur votre liste, Daniel…
- Parce qu’elle n’y est pas, Jack. Avec Teal’c, nous pensons certes qu’ils accepteraient de nous accueillir, mais pas à long terme… Et matériellement, nous craignions aussi qu’ils nous refusent toute aide…
- Hmmm… Mais nous ne… »
Une effroyable détonation l’empêcha de terminer sa phrase et secoua l’ensemble de la base avec violence. Tandis que Daniel tombait lourdement sur le sol, Samantha et O’Neill se rattrapèrent tant bien que mal au tableau de commande. O’Neill attrapa presque immédiatement la radio qui était tombée sur le sol, affolé.
« Sergent Williams ? Mais qu’est-ce qui s’est passé, nom d’un chien ?!! Sergent Williams, au rapport ? SERGENT WILLIAMS ?!!!!! »
Seuls les crépitements de la radio lui répondirent. Le visage de Samantha devint livide, et ses yeux s’embuèrent.
« Oh mon Dieu, ils n’auraient pas osé mon général ?! »
O’Neill ne lui répondit pas, fou de rage, et se précipita en direction des escaliers, qu’il dévala. Il courut dans le couloir menant aux ascenseurs aussi vite qu’il le put.
« Mon général !!! »
Un groupe de militaires venaient de faire irruption dans le couloir à leur tour, par l’un des sas menant à la surface et que O’Neill avait demandé de condamner quelques minutes plus tôt. Les hommes étaient couverts de poussière, et certains étaient mêmes blessés au visage superficiellement.
« Les unités d’assaut du GPM, mon général… Elles ont lancé plusieurs grenades au niveau – 6 avant que le sergent Williams n’ait eu le temps de la quitter avec ses hommes…
- Ils sont tous morts ?!!
- Oui, mon général… Et les unités d’assaut sont en train de s’emparer de tous les niveaux sans plus aucune difficulté… Vu la situation, j’ai ordonné à toutes les équipes postées aux niveaux supérieurs de revenir ici.
- C’est… vous avez eu raison… Lieutenant, une fois toutes les équipes revenues, je veux que vous me barricadiez ce niveau de telle façon que même une mouche ne pourrait y accéder. Me suis-je bien fait comprendre ? Vous me condamnez tout : ascenseurs, sas, escaliers, conduits… ABSOLUMENT TOUT !!! »
Il laissa là les militaires et reprit le chemin de la salle de contrôle, totalement hébété. Il avait perdu une équipe entière. Il ne parvenait pas à se faire à cette idée. Qui plus est, ce n’était même pas un ennemi qui les avait tué, non. C’était bien pire : c’était des personnes de sa planète, de son pays, qui leur avaient donné la mort sans hésitation.
« Mon général… Jack ?!
- Sam… Ils les ont tués… Toute l’équipe de SG4… Ces enfants de salauds les ont tué de sang froid, sans la moindre vergogne, et tout ça pour récupérer deux civils… Ils sont capables de sacrifier des vies pour en sauver d’autres… Comment avons-nous pu laisser de telles personnes prendre le pouvoir ? »
Ce n’était plus de la colère qu’il éprouvait à présent, mais une haine sans limite, tournée contre le GPM. Qui plus est, le GPM n’avait même pas agi par défense, étant donné qu’O’Neill avait pris des mesures pour qu’aucun de ses hommes ne donnent la mort à l’un des membres des unités d’assaut. La mort des membres de SG4 était un assassinat en bonne et due forme. Rien de plus.
Une seconde explosion fit trembler les murs de la base, moins violente cependant que la précédente. O’Neill s’empara du micro :
« J’ordonne à tous les membres du SGC de se rendre immédiatement en salle d’embarquement et de se préparer à évacuer la base par la Porte des Etoiles. Préparez l’équipement et organisez-vous pour que tout se passe dans le plus d’ordre possible. »
Puis il se retourna vers Daniel :
« Quelle planète serait la plus à même à nous accueillir ?
- Celle de Jonas, j’imagine, hasarda Daniel sans grande conviction cependant. Mais nous devrions leur demander s’ils peuvent nous…
- Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, le temps presse Daniel. Nous ne pouvons pas attendre. J’ai déjà une équipe entière sur le carreau, je ne tiens pas à en rajouter.
- Mais Jack…
- Entrez les coordonnées de cette planète, Sam. »
Le ton était sans réplique. Samantha s’exécuta. Dans la salle d’embarquement, les membres du SGC commençaient déjà à se rassembler au milieu des chars télécommandés chargés de tout le matériel imaginable.
« Jack, nous ne pourrons jamais emporté tout ce qu’il y a d’entreposé dans la base !
- Je sais Daniel. C’est bien pour ça qu’une fois que tout le monde sera passé, Sam et moi allons déclencher l’autodestruction du SGC.
- Quoi ?!!! Mais si vous faites ça, nous ne pourrons jamais revenir sur Terre !!! s’écria Daniel avec véhémence.
- Si nous revenons, ce sera pour sauver la vie de ces assassins, et nous trouverons toujours un moyen d’y parvenir. Mais je refuse de laisser un endroit tel que le SGC aux mains de ces hommes !!! S’ils sont prêts à tuer les leurs pour parvenir à leur but, je n’ose même pas imaginer ce qu’ils seraient capables de faire avec une Porte des Etoiles ou dieu sait quoi et qui se trouverait ici. Je ne prendrais pas un tel risque !!! Est-ce clair ? »
Daniel recula de plusieurs pas, saisi par l’expression de haine et de dégoût qui déformait le visage de son ami.
« Fort bien, Jack. C’est vous le général de cette base après tout. »
Il n’approuvait pas du tout sa décision, mais il comprit qu’O’Neill ne cèderait pas. On n’avait tué ses hommes, rien ne pardonnait un tel acte. Daniel ne parvenait pas non plus à le pardonner, mais il désapprouvait la radicalité d’O’Neill.
Daniel sortit de la salle de contrôle sans rien ajouter, perplexe et fortement ému.
Base de Cheyenne Mountain, couloir menant à la salle d’embarquement de la Porte des Etoiles.
« Daniel ?!!! »
Gabrielle se tenait de l’autre côté du couloir et courut vers lui, le visage empreint d’inquiétude.
« Qu’est-ce qui se passe, Daniel ?
- Jack a décidé de faire évacuer la base à cause de l’attaque du GPM.
- La situation est donc si grave ?
- Des hommes sont morts. »
Elle écarquilla les yeux, horrifiée, tandis que son visage perdait à nouveau ses couleurs. Daniel se rendit soudain compte ce que cette nouvelle impliquait pour elle : si des hommes étaient morts, c’était parce qu’elle se trouvait ici. Si elle avait été transférée dans les laboratoires du GPM, rien ne serait arrivé.
« Gabrielle, ce n’est pas votre faute.
- Si vous m’aviez livrée, ils seraient encore vivants.
- Ce n’est pas vous qui les avez tué.
- C’est tout comme !!! »
Une larme coula le long de sa joue. Son regard s’était durci.
« Je vais me livrer à eux… C’est la seule solution pour arrêter tout ça… Je ne pensais pas qu’il y aurait des morts par ma faute… »
Totalement bouleversée, elle fit mine de prendre la direction des ascenseurs, autour desquels s’affairaient un groupe de militaires. Daniel l’attrapa par le bras, et la tira vers lui, de manière à ce que leurs visages soient face à face.
« Gabrielle c’est totalement absurde…
- Pas plus que ces morts. Laissez-moi… »
Elle tenta de se dégager, mais il l’attrapa par les épaules, de façon à la maintenir bien face à lui et à la regarder dans les yeux.
« Vous croyez vraiment que vous rendre va changer la situation ?!!!
- Oui.
- Ces monstres ont tué des hommes simplement pour obtenir ce qu’ils veulent !!! Qui sait ce qu’ils feront de vous ?!!! Je vous avais promis de vous protéger de gens de cette espèce !!! C’est ce que j’ai fait !!! Si quelqu’un est responsable de la mort de ces hommes, ce sera moi !!! »
En disant cela, Daniel se rendit compte qu’il venait de comprendre soudain les motivations de la décision d’O’Neill.
« Il est hors de question que je vous laisse entre les mains de telles ordures, Gabrielle, insista-t-il d’une voix plus douce. »
Il plongea ses yeux dans les siens, souriant à présent, rassurant.
« Ce n’est pas vous qui avez tenu l’arme qui les a tué… Ces hommes sont morts pour vous défendre, parce qu’ils étaient certains que vous déteniez la solution au Fléau. Vous rendre maintenant rendrait leurs morts inutiles. C’est ça que vous voulez ?! »
La jeune femme secoua la tête, reniflant les larmes qu’elle tentait de retenir. Cependant, elle ne semblait encore pas totalement convaincue. Alors Daniel fit une chose qui le surprit, mais qui lui sembla naturelle pour autant : il déposa un baiser sur le front de sa protégée, pour la rassurer définitivement. Ce n’est qu’en voyant les joues de la jeune fille s’empourprées qu’il se rendit compte de la familiarité de son geste, et il se sentit rougir à son tour.
« Venez, il faut aller en salle d’embarquement, dit-il précipitemment en détournant le visage de celui de Gabrielle. »
Il prit la direction de la salle de la Porte des Etoiles au pas de course, se demandant vaguement s’il ne cherchait pas à fuir en même temps la jeune fille. D’autres personnes couraient dans le même sens qu’eux dans le couloir, chargées de sacs et autre matériel, les bousculant parfois. Daniel sentit alors une main étreindre la sienne. Sachant qu’il s’agissait de Gabrielle sans même l’avoir vu, il se contenta de refermer ses doigts sur ceux de la jeune femme, rougissant encore davantage sans pour autant pouvoir retenir un petit sourire. Ce contact lui rappela l’époque où il avait vécu avec Sha’re : elle aussi aimait se balader avec lui en lui tenant la main dans le désert d’Abydos. Mais la main de son épouse défunte était chaude et la peau, bien que rendue un peu rêche par les travaux domestiques quotidiens, était belle et fine. Celle de Gabrielle était douce certes, mais ses doigts étaient glacés. Sha’re et Gabrielle se ressemblaient d’une certaine manière, mais en étant malgré tout totalement différentes.
Ils parvinrent à la salle d’embarquement au moment-même où le septième chevron s’enclenchait. Le vortex apparut, ce qui surprit Gabrielle qui recula d’un pas, buttant contre un scientifique placé derrière elle.
« Daniel Jackson, tenez. »
Teal’c les avait rejoints. Il tenait à la main sa lance jaffa et un P-90, ainsi que deux sacs lourdement chargés. Il jeta un coup d’œil aux mains toujours jointes de Daniel et Gabrielle, mais se garda de dire quoi que ce fût.
« Merci Teal’c, dit Daniel en lâchant (à regret) la main de la jeune femme pour enfiler le matériel apporté par le jaffa.
- Votre famille attend dans le couloir, près de la salle d’embarquement en compagnie du professeur Lefebvre, dit Teal’c à l’intention de Gabrielle qui jetaient des regards tout autour d’elle, cherchant visiblement quelqu’un.
- Je vais les rejoindre dans ce cas. »
Daniel eut un geste pour la retenir, n’ayant soudain pas envie de la voir s’éloigner de lui, mais la voix d’O’Neill, amplifiée par le micro de la salle de contrôle, l’arrêta dans son mouvement.
« Daniel, Teal’c, je vous charge du premier passage en compagnie de SG2. Expliquez brièvement à nos hôtes la situation et réceptionnez les prochains groupes. Bonne chance. »
Teal’c se contenta d’acquiesser d’un signe de tête, et se dirigea vers la passerelle, suivi de Daniel et SG2. Le groupe s’approcha de la Porte, dont l’horizon des évènements scintillait comme à son habitude. Ils n’étaient plus qu’à une cinquantaine de centimètres…
« MAIS QU’EST-CE QUE …, rugit la voix d’O’Neill. »
La Porte des Etoiles venait soudainement de se désactiver, alors même que Teal’c et Daniel se préparaient à y passer.
« Carter, qu’est-ce que ça veut dire ?!! »
La réponse lui fut donnée sans que Samantha ait à ouvrir la bouche. L’ensemble des lumières de la base s’éteignit d’un seul coup. Un vent de panique s’empara des membres du SGC.
« Les unités du GPM ont dû atteindre la salle des générateurs, murmura Teal’c les sourcils froncés. »
Des tirs de P-90 en provenance de l’autre côté du niveau lui donnèrent immédiatement raison.
« QUE TOUT LE MONDE ENTRE DANS LA SALLE D’EMBARQUEMENT !!! ordonna Teal’c sans attendre. »
Abandonnant leur matériel, tous les membres du SGC envahirent sans se faire prier mais calmement la salle d’embarquement, s’installant là où il y avait de l’espace.
« Gabrielle !!! »
Daniel, luttant contre le mouvement de la foule, rejoignit la jeune femme qui venait d’apparaître en compagnie des Hanlow et de Lefebvre. Elle tenait dans ses bras Tommy, dont la frimousse habituellement joyeuse faisait mal à voir tant il paraissait terrifié. Mrs Hanlow tentait quant à elle de calmer comme elle pouvait les pleurs de Zacharie.
Daniel les mena au pied de la passerelle d’embarquement et les fit asseoir sur les marches, tandis que Teal’c s’affairait à organiser les militaires de chaque côté des portes blindées de la salle.
O’Neill et Samantha surgirent soudain de l’un des couloirs, tous deux armés d’un P-90, suivis d’une douzaine d’hommes. Les portes blindées se fermèrent presque immédiatement après leur passage, tandis que s’abaissait également le volet d’acier de la salle des commandes.
« J’ai vérouillé les commandes de telles façons à ce qu’ils ne puissent rien faire, annonça Samantha en rejoignant Teal’c et Daniel. »
Soudain, une voix se fit entendre : « AUTODESTRUCTION ENCLENCHEE. COMPTE A REBOURS COMMENCE. AUTODESTRUCTION PREVUE DANS CINQ MINUTES. »
Daniel considéra ses compagnons avec gravité.
« Ne me regardez pas comme ça, Daniel, gromela Jack. Que vouliez-vous qu’on fasse d’autre.
- Je n’ai rien dit, Jack. Vous avez pris la bonne décision. »
N’ayant rien d’autre à ajouter, il rejoignit Gabrielle sur les marches de la passerelle. Elle était étonnament calme. Il s’assit à ses côtés, lui adressa un sourire, et se contenta de lui prendre la main.
« Vous avez les mains froides.
- En France, on a l’habitude de dire ceci, Daniel : les mains froides, le cœur chaud. »
Il serra un peu plus fort sa main.
« Maintenant, il ne nous reste plus qu’à prier pour que l’autodestruction fasse tout sauter avant qu’ils aient eu le temps de l’arrêter, ou même d’enfoncer les portes. »
Samantha regarda Jack en souriant, amusé par son éternel sens de l’humour piquant et cynique.
« Si vous le permettez, O’Neill, je préfèrerais prier pour qu’un miracle se produise, rétorqua Teal’c en fronçant les sourcils.
- C’est également une solution. »
Des coups sourds provenant des portes blindées leur indiquèrent l’arrivée de leurs assaillants. O’Neill alla se poster près de l’une d’elle, arme au poing. Ils ne s’en sortiraient pas, c’était certain, mais il refusait de mourir sans se battre. Par ailleurs, être capturé et emprisonné par le GPM était exclu de ses projets. Samantha alla le rejoindre et se positionna à ses côtés, tandis que Teal’c rejoignait l’autre porte.
« Comme au bon vieux temps, Sam, remarqua O’Neill en souriant à la jeune femme.
- Oui Jack, comme au bon vieux temps de SG1… »
S’entendre ainsi appelé par Samantha le fit sourire encore davantage. Soudain, un bruit assourdissant provint de chacune des deux portes, tandis qu’un souffle puissant et brûlant fit perdre l’équilibre et blessa les militaires postés au plus près des deux issues.
« Ils ont utilisé du C4 !!! s’écria Carter, pétrifiée.
- Je n’avais pas remarqué, Sam !!! Merci de la précision. »
Les premières silhouettes de leurs assaillants devinrent enfin visibles malgré l’épaisse fumée provoquée par les explosions. O’Neill arma son P-90 et épaula, prêt à contre-attaquer.
O’Neill se tenait debout sur la passerelle d’embarquement, tandis que face à lui était rassemblée la totalité du personnel du SGC, civils et militaires confondus. Tous se tenaient face à leur général et leader, silencieux, intrigués.
« Certains le savent déjà, nous avons accueilli il y a peu dans l’enceinte de la base une jeune femme susceptible de nous aider à trouver une solution finale au Fléau qui, je le sais, a déjà touché plus ou moins personnellement la plupart d’entre vous. Si cette jeune personne ne s’est pas fait connaître plus tôt pour nous aider, c’était par peur de la façon dont nous pourrions exploiter son… disons… potentiel. Nous lui avons garanti la sécurité sur cette base, autant pour nous assurer de son salut que du notre. »
O’Neill fit une pause, épiant une éventuelle réaction de la part des membres du SGC, mais nul n’intervint. Ils l’écoutaient avec attention. O’Neill les soupçonnait d’être déjà au courant de tout ce qu’il venait de dire.
« Cet après-midi, trois hommes, le général MacKensie, le lieutenant Ethlyn et un certain Harris, ont débarqué à la base, pour transférer cette jeune femme dans l’un des centres de recherche du GPM. Par ailleurs, ces hommes m’ont appris que le SGC venait de perdre son autonomie et passait entre les mains des politiciens du Conseil du GPM… Suite à ces nouvelles, j’ai pris la décision de désobéir aux ordres, car il est plus que probable que leurs méthodes ne trahissent un manque total de respect envers les droits et libertés de notre protégée… mais également d’un enfant rescapé du Fléau grâce à cette même protégée. A l’heure où je vous parle, nos trois visiteurs sont enfermés dans l’une des cellules du SGC. Ce n’est qu’une question d’heures avant que le GPM ne s’en rende compte et n’intervienne. Mais je ne veux forcer personne à suivre les décisions d’un vieux militaire têtu et égoïste, aussi j’invite ceux désapprouvant mes actes à quitter sans plus attendre le SGC. Je ne leur en voudrais pas de désaprouver mes décisions. »
O’Neill respira profondément, soulagé d’en avoir terminé avec ce petit discours. Il détestait parler en public. Il observait à présent chacun des visages de ses hommes, attendant de voir combien aurait le courage de le suivre dans sa folie. Mais il n’y eu aucun départ, ni aucun mouvement.
« Mon général, parla soudain Siler en faisant un pas en avant, je crois parler au nom de tous ici en affirmant qu’aucun de nous n’a l’intention de quitter le SGC. Vous avez toujours pris les bonnes décisions sur le projet Stargate, et nous vous avons toujours suivi. Cette fois-ci encore, laissez-nous le droit de vous prouver notre confiance et notre loyauté. Nous restons. »
O’Neill fixa le sergent Siler, les yeux brillant d’émotion. Une immense bouffée d’espoir l’envahit : si une base entière d’hommes étaient capables de mourir et de trahir leurs gouvernants pour sauver l’unique espoir de sauver les leurs de façon honorable et digne, peut-être y avait-il une chance de réussir.
« Merci, sergent… Merci à tous. »
Les membres du SGC l’applaudirent, puis se dispercèrent en direction des réserves d’armes sans plus attendre, pour s’équiper. Tous se doutaient que les représailles contre eux par le GPM seraient musclées. En effet, le Conseil du GPM n’avait pas hésité à mâter par la force un groupe d’hommes politiques américains un mois après l’apparition du Fléau, suite à leur opposition face à la constitution de nouvelles règles draconiennes pour tenter d’enrayer le mal touchant la Terre. Cette démonstration de puissance avait révélé le véritable visage du nouveau pouvoir politique mis en place, un pouvoir aux mains d’hommes prêts à tout pour conserver leurs places de gouvernants planétaires. L’autonomie exceptionnelle accordée au SGC avait été le dernier acte fort du Président américain avant la constitution du GPM. Depuis, son influence s’en était trouvée très fortement diminuée. Le GPM avait exigé, en échange de cette autonomie, la révélation de l’existence du projet Stargate au grand public, espérant vaguement que cela conduirait les survivants à exiger une prise en main de la base par le Conseil. Mais face à l’horreur du Fléau et aux vues de ce qu’avait déjà accompli le SGC, la population terrienne restante y avait vu un espoir de survie. La plupart avait donc accepté l’existence de tout ce qui touchait à la Porte des Etoiles et n’avait pas retiré le commandement de la base à O’Neill.
« Vous avez une idée pour la suite, mon général ? s’enquit Samantha, une fois qu’O’Neill fut descendu de la passerelle d’embarquement.
- Absolument pas, Sam… J’espérais que votre esprit brillant trouverait une solution !
- O’Neill… Que se passera-t-il si nous échouons ? demanda Teal’c en fronçant les sourcils, une lueur d’inquiétude peinte sur son visage.
- Voyons, Teal’c, je vous ai connu moins défaitiste !
- Peut-être pourrions-nous fuir par la Porte des Etoiles, hasarda Daniel.
- J’y ai bien pensé, avoua Samantha, mais si les troupes du GPM parviennent à infiltrer la base, ils pourront toujours utiliser la Porte et faire dieu sait quoi avec.
- Vous ne pourriez pas la trafiquer pour la rendre inutilisable après notre passage ? insista O’Neill.
- Ce n’est pas si simple, et puis il y aurait toujours un risque pour que l’un de leurs spécialistes parviennent à résoudre le problème. En plus, cela impliquerait une impossibilité pour nous de revenir sur Terre. Sans compter que si nous quittons tous la base, cela signifie installer ailleurs une colonie d’une centaine de personnes. C’est impossible matériellement avec un délai aussi court…
- En clair, on n’a pas le début d’une idée, quoi ! »
O’Neill poussa un juron, exaspéré. Le professeur Lefebvre, qui avait assisté au petit discours d’O’Neill, proposa de revenir en salle de briefing, pour parler de tout cela plus tranquillement.
« Je suis désolé de vous embarquer là-dedans, professeur, s’excusa O’Neill en sortant de la salle d’embarquement en compagnie du reste de son équipe.
- Il n’y a pas de mal, général ! Au contraire, je suis ravie ! Vous pensez : je suis en train de voir se réaliser sous mes yeux l’une des prédictions de Nostradamus ! Plus d’une de mes confrères auraient aimé se trouver à ma place !
- Content de voir qu’il y en a au moins qui s’amuse, remarqua le militaire sans pouvoir s’empêcher de sourire, amusé par le total décallage du Français avec la réalité des évènements. »
Salle de briefing, base de Cheyenne Mountain.
SG1 au grand complet, ainsi qu’O’Neill et le professeur Lefebvre étaient à nouveau réuni en salle de briefing. Leurs regards étaient soucieux, leurs visages crispés par les efforts qu’ils déployaient pour trouver une solution à leur épineux problème.
« Que vont-ils tenter d’après vous, mon général ? demanda Samantha, inquiète.
- Ils vont sans doute essayer de prendre le contrôle de la base par la force. Ils disposent de troupes d’élite pour cela, suffisamment nombreuses et entraînées pour parvenir à leurs fins.
- Et nous ? insista le professeur Lefebvre en palisssant horriblement, se rendant enfin compte du danger.
- Eh bien, si vous n’êtes pas tué pendant l’assaut, ils trouveront sûrement une cellule de libre dans une prison pour trahison. Voyez le bon côté, professeur : vous au moins, vous n’irez pas en cours martiale ! déclara O’Neill avec un petit sourire en coin.
- Mais vous pensez sérieusement qu’ils pourraient nous tuer ?! »
O’Neill haussa les épaules.
« A quoi cela sert-il d’en discuter maintenant ? Nous aviserons le moment venu… J’ai donné des ordres pour le cas éventuel de cette attaque. Les niveaux supérieurs sont en train d’être vidés par mes hommes, et condamnés. Tout le matériel militaire, les archives, les documents concernant la base et la Porte des Etoiles, les technologies extraterrestres, et le matériel de première nécessité sont en train d’être rassemblés ici même à ce niveau. Pour le cas où on trouverait une solution pour fuir par la Porte. Il ne faut rien laisser dernière nous. Mais pour le moment, nous attendons encore le retour du sergent Williams et de ses hommes. Je les ai envoyé chercher le jeune garçon rescapé, ainsi que sa famille. Il est hors de question qu’il serve de cobaye à ces cinglés du scalpel !
- C’est bien à cause de lui que vous avez pris la décision de désobéir, n’est-ce pas ?
- Bon sang, Sam ! Ce gamin avait l’âge de Charlie ! Je n’allais pas les laisser l’enfermer dans un labo sinistre où des sales types en blouses auraient passé leur temps à lui prélever du sang et à faire dieu sait quoi encore !!!
- Ce n’était pas une critique, mon général. Simplement une question… »
Samantha lui sourit, et il hocha la tête. Elle le connaissait bien maintenant. Elle avait tout de suite compris en entendant McKensie annoncer le transfert de l’enfant qu’O’Neill l’empêcherait de mettre son plan à exécution, quoi qu’il lui en coûte. Il n’y avait qu’une seule chose capable de passer avant son devoir militaire : la vie d’un enfant.
« En tout cas, merci Jack d’avoir pris cette décision.
- Inutile de me remercier, Daniel. Vu le pétrin dans lequel on a mis les pieds, je pense ne nous avoir fait gagner que quelques heures de répit…
- N’existe-t-il aucune planète capable de nous accueillir temporairement ? demanda Teal’c à brûle-point.
- Nous sommes trop nombreux, répéta Samantha. Qui plus est, la plupart de nos alliés potentiels risqueraient de subir eux-même le Fléau s’ils nous accueillaient. L’ennui, c’est que plus aucune planète de notre galaxie n’est sûre depuis l’arrivée des Oriis…
- Et les Asgards ? proposa Daniel.
- Ils sont très occupés ces temps-ci, bougonna O’Neill en se massant les tempes. Le processus de clonage a atteint ses dernières limites. Ils mettent toute leur énergie en œuvre pour trouver une solution… Thor est très inquiet, même s’il ne m’a rien dit. Je crois que les Asgards sont en train de s’éteindre… »
La nouvelle fut accueillie par un silence pesant.
« La solution se trouve peut-être dans ce vers de Nostradamus : Mais la fuite vers le cheval sera une nécessité, hasarda soudain le professeur Lefebvre.
- Vous croyez vraiment que c’est le moment ?!
- O’Neill, il a peut-être raison, intervint Teal’c soudain, les yeux illuminés d’une lueur de compréhension. Ce vers indiquerait une fuite de la jeune rescapée vers Atlantis, ou tout du moins la galaxie de Pégase…
- Quoi ? Qu’est-ce que c’est que ce délire ?
- Teal’c a raison, Jack, renchérit Daniel. D’après les Centuries de Nostradamus, c’est vers Pégasus que se situerait le destin de Gabrielle. Jusqu’à présent, tout ce qui était écrit dans ce quatrain s’est révélé exact… »
Jack considéra ses trois compagnons avec suspicion.
« C’est une très belle idée, à laquelle j’avais déjà pensé figurez-vous… Mais ce serait compromettre la sécurité de la mission d’Atlantis. On ne peut les obliger à suivre une révolte contre le GPM en débarquant là-bas comme ça, nos valises sous le bras. Sans compter que, de toutes façons, nous n’avons aucun moyen de nous y rendre ! Je vous rappelle que tous nos EPPZ sont HS !
- Nous pourrions tout de même leur envoyer un message pour leur demander s’ils sont prêts à nous donner asile… En leur communiquant la situation ici…
- Daniel, il faut vous laver les oreilles. Nous n’avons pas suffisamment de puissance pour ne serait-ce que leur envoyer un panier de fruits confits…
- Théoriquement, c’est inexact mon général. »
O’Neill se retourna vers Samantha, surpris.
« Si nous utilisons le même procédé qu’avait employé le docteur McKay lorsqu’Atlantis nous avait transmis leurs messages d’adieu, en compressant très fortement les données, nous devrions avoir besoin de moins d’une seconde pour transmettre le message.
- Nous n’avons pas d’EPPZ, répéta O’Neill obstinément.
- Si nous parvenons à créer une surcharge dans nos générateurs à Naqqadah, nous avons une chance de parvenir à créer un vortex entre la Terre et Atlantis, mon général.
- Sans risquer de faire exploser la base ?!
- Euh… Oui, je pense que c’est possible…
- Et quand bien même Atlantis accepterait de nous héberger pour la nuit, comment irions-nous là-bas ?
- A nous de trouver une solution en attendant une réponse de leur part…
- Bon très bien. De toutes façons, nous n’avons aucune autre idée alors… »
O’Neill se leva sans rien ajouter et alla s’enfermer dans son bureau, tandis que Daniel, Teal’c, Samantha et le professeur Lefevbre se jetaient des regards gênés, cherchant chacun une lueur d’espoir dans les yeux de leurs compagnons.
Base de Cheyenne Mountain, bureau de Daniel Jackson.
« Sam est parvenue à créer un vortex entre nous et Atlantis !!! s’écria Daniel exultant, en pénétrant précipitemment dans son bureau, sous le regard effaré de Teal’c, du professeur Lefebvre et…
« Gabrielle ?! Vous ne devriez pas être à l’infirmerie ? »
La jeune femme lui sourit pour toute réponse, et reporta son attention sur l’énorme pile de dossiers qui s’entassaient face à elle. Daniel s’approcha et jeta un regard interrogateur à son collègue français.
« Le général O’Neill a jugé utile qu’elle se documente sur le projet Stargate, bien qu’elle en connaisse déjà un rayon sur le sujet, suite aux publications des journaux…
- Et mes notes sont-elles intéressantes, au moins ?
- Très… J’espère avoir bientôt le plaisir d’en vérifier la véracité. »
Elle semblait très détendue à présent. Ses joues avaient repris leurs couleurs, et un sourire étirait ses lèvres.
« Quand le colonel Carter pense-t-elle obtenir une réponse d’Atlantis ? s’enquit Teal’c, préoccupé.
- En vérité, nous ne sommes pas certain d’en avoir une, avoua Daniel. Pour ouvrir le dernier vortex entre nos deux galaxies, ils ont dû puiser dans les dernières ressources d’énergie de leurs EPPZ… Alors nous ignorons s’il leur sera possible de nous répondre.
- Mais dans ce cas, comment quitterons-nous la base, Daniel Jackson ?!
- Je n’en ai pas la moindre idée, Teal’c… Je suis aussi …
- GABRIELLE !!!! »
Un petit garçon d’environ sept ou huit ans surgit soudain dans la pièce et se précipita vers les bras tendus de la jeune fille, dont le visage à sa vue devint lumineux.
« TOMMY !!! MON TOMMY !!! »
Elle serra le petit garçon très fort contre elle, le soulevant de terre. Elle enfouit son visage dans le pull-over de l’enfant et y étouffa un sanglot de joie. O’Neill entra à son tour dans le bureau de Daniel, un immense sourire sur les lèvres, suivi par les Hanlow, portant dans leurs bras un bébé de sept mois, Zacharie, leur second petit-fils.
« Ils sont arrivés il y a moins d’une heure, précisa O’Neill à l’adresse des trois hommes. Le temps de leur expliquer la situation, et je les ai amené ici. Je me suis dit que cela ferait plaisir à notre protégée de les voir…
- Merci, général, parvint à dire Gabrielle alors que Mrs Hanlow l’enlaçait à l’étouffer.
- C’est un plaisir. »
La présence des deux enfants semblait avoir fait entièrement oublier à O’Neill la menace planant sur le SGC. Il était aux anges.
« Notre dernière rencontre a été pour le moins musclée et désagréable, remarqua Mr Hanlow en tendant la main aux deux scientifiques, puis au jaffa.
- En effet. »
Gabrielle avait reposé par terre le petit garçon, et tendit les bras vers Zacharie, qui poussa toute une série de gasouillis en agitant ses petites mains vers la jeune fille. Lorsqu’elle l’eût pris dans les bras pour l’embrasser, et qu’elle se retourna vers Daniel, le visage totalement métamorposé par le sourire de joie et la tendresse qui l’accompagnait, l’archéologue sentit son cœur cesser de battre l’espace d’une seconde. Cette vision lui était agréable et douloureuse en même temps.
« Peut-être pourriez-vous nous expliquer à présent la manière dont vous vous y êtes prise pour sauver cet enfant ? demanda le professeur Lefebvre dont la curiosité semblait s’être réveillée.
- J’ai simplement demandé à Mr et Mrs Hanlow de persuader Tommy de cesser d’écouter la voix des Oriis.
- La voix des Oriis ?! répéta Teal’c sans comprendre.
- Oui… C’est sous cette forme qu’apparaissent à l’esprit leurs intrusions mentales. Ils parlent d’une langue totalement inconnue pour nous, mais dont le sens est tellement perceptible et abominable qu’il blesse l’esprit humain à chaque parole. Le corps ne fait que réagir au mal subi par la pensée. Au début, la voix des Oriis est tellement violente et douloureuse que le corps est pris de convulsions. Puis l’esprit s’habitue, en quelque sorte, à la torture et la douleur, d’où une forte fièvre. Puis finalement tout combat cesse et là, c’est la chute vers le néant… Une chute lente et pleine de souffrances…
- Mais l’esprit est encore réceptif au monde extérieur ?
- Pas l’esprit… Le cœur, professeur… C’est pour cela que si vous étiez infecté par le Fléau, vous n’auriez aucune chance de vous en sortir. Aucun de nous n’est suffisamment proche de vous pour vous toucher suffisamment et vous faire sortir du cauchemar…
- Et vous dites que c’est en parlant à Tommy que vous avez pu le tirer de là ?
- Oui, il fallait lui expliquer pourquoi il devait lutter. Pourquoi il ne devait pas écouter ces voix. Pourquoi il devait vivre… Il fallait lui dire, lui faire ressentir ce qui différencie l’être humain des abominations qu’il avait vues sur cette vidéo, qui avaient permis à la voix des Oriis de s’infiltrer en lui. Il fallait qu’il retrouve la foi en son peuple et l’espoir en la vie. Mais il est plus facile de persuader l’esprit d’un enfant d’une telle vérité que celui d’un adulte. Ses rêves et ses croyances sont plus sensibles, plus innocents et candides…
- Mais vous-même ? Comment avez-vous pu résister à ces voix ?
- Je n’en sais rien… Alors que j’étais prête à abandonner, et que les ténèbres m’envahissaient de plus en plus, j’ai vu une lueur, très fugitive certes, mais une lueur tout de même. Et pendant l’espace d’un instant très bref où j’ai vu cette lumière, je n’ai plus entendu la voix des Oriis, j’ai arrêté de souffrir, et mes rêves m’ont à nouveau empli. Alors quand les ténèbres sont revenues, je me suis battue pour ne plus les écouter. L’unique façon de m’en défaire était de rêver… J’ai toujours aimé rêver… C’était très difficile au début, mais j’y suis parvenue…
- Mais dans ce cas, les proches n’ont rien à voir avec le fait de pouvoir s’en sortir…
- Si. J’ai compris sur le lit de mort de mes parents que la lueur que j’avais aperçu pendant mon coma, que j’avais plus ressenti que vu, c’était les larmes de ma mère, tombées sur ma main. »
Daniel comprit alors pourquoi la perte de ses parents l’avait autant blessée. Outre le fait qu’elle avait vécu la mort de ceux qui lui avaient donné la vie, elle n’avait compris que trop tard l’amour qu’ils avaient eu pour elle mais qu’ils n’avaient jamais su lui montrer. N’ayant compris que trop tard la façon dont elle avait pu s’en sortir, elle n’avait pu reproduire le même procédé avec sa famille.
« Dans ce cas, la théorie du colonel Carter concernant l’immunité présumée des jaffas grâce à la trétonine est fausse ? remarqua Teal’c avec amertume. »
Gabrielle regarda le jaffa avec surprise, mais un sourire réconfortant éclaira presque aussitôt son visage.
« D’un point de vue biologique, la théorie du colonel Carter est fausse en effet, admit la jeune femme. Le fait d’être jaffa ou d’absorber de la trétonine n’a rien à voir avec votre résistance face au Fléau. Mais votre peuple s’est battu pendant de longues années pour son indépendance et sa liberté. J’imagine donc que votre foi en votre peuple est très forte. Cela suffit amplement à stopper le Fléau… »
Teal’c la considéra gravement, puis s’inclina respectueusement devant elle. Bien plus que le fait de le rassurer, ses paroles étaient pour lui un compliment d’une grande valeur.
« Mais dans ce cas, pourquoi autant de personnes sont-elles mortes sur Terre ? demanda O’Neill avec justesse. »
Gabrielle baissa les yeux, gênée.
« La foi est une chose difficile à acquérir sincèrement, Jack, intervint Daniel. Beaucoup pensent l’avoir sans jamais l’atteindre en fait. Il s’avère que beaucoup de croyants de diverses religions ne croient en leur Dieu que pour s’assurer une place au paradis… La plupart ne comprennent pas que, en fait, croire en Dieu revient à croire en son œuvre, autrement dit…
- … l’humanité, acheva Gabrielle. Oui, c’est tout à fait ça. Et le problème du peuple de la Terre, général O’Neill, est qu’étant devenus ce que nous sommes aujourd’hui, très peu de personnes croyaient encore en ce peuple et avaient de l’espoir pour nous tous. Notre société, dites si moderne et civilisée, a révélé tous les aspects les plus néfastes de la nature humaine : l’égoïsme, l’indifférence, la cruauté… Nous n’étions plus le peuple de la Terre, mais les peuples. L’humanité sur cette planète était en train de perdre son sens. Les Oriis l’ont compris et ont exploité cette faiblesse. »
L’esprit d’O’Neill était totalement embrumé : non pas qu’il n’ait rien compris aux paroles de la jeune femme, mais c’était le sens même de ses paroles, et tout ce qu’il impliquait, que son esprit ne parvenait pas à assimiler.
« C’est très dur ce que vous venez de dire, murmura Teal’c. Pour votre peuple et l’espoir de le voir combattre le mal qui le ronge…
- Si plus d’un million d’entre nous ont pu survivre, c’est bien qu’il reste un espoir pour eux. Mais pour cela, toutes ces personnes doivent comprendre pourquoi et comment un tel malheur a pu se produire. Tommy a survécu mais ce n’est qu’un enfant. Je doute qu’il ait saisi l’ampleur véritable de ce à quoi il a fait face. Moi, je l’ai saisi. Je ne suis pas sûre qu’il en aille de même pour vous… Je me trompe ?
- Non, en effet, acquiessa Daniel en la regardant dans les yeux. »
Un lourd silence s’abattit sur le petit groupe. Tous se répétaient les paroles de Gabrielle, mais ils avaient beau les tourner et les retourner dans tous les sens dans leurs esprits, plus ils tentaient de s’en persuader, et plus le sens profond de ses affirmations devenait flou.
« Il n’est pas grave que vous ne compreniez pas immédiatement ce que je viens dire. Inutile de vous torturer avec ça, du moment que vous parveniez à conserver la foi et l’espoir qui vous ont préservé des intrusions mentales des Oriis. C’est le plus important pour le moment.
- Excellent conseil. Et maintenant, je vais vous laisser, annonça O’Neill avec un dernier sourire. J’ai des tas de… trucs à faire… papiers à classer… et une boîte d’aspirines à vider !
- Attendez-moi général ! Je me joins à vous pour les aspirines ! s’empressa de dire le professeur Lefebvre en le rejoignant sur le seuil de la porte. »
Atlantis, galaxie de Pégase, salle de briefing.
« Donc c’est à nous de prendre une décision, conclue Elisabeth Weir en posant le dossier qu’elle tenait à la main sur la table, face à elle. »
Le major Sheppard, les docteurs McKay et Beckett, ainsi que Teyla, lui faisaient face, entre autres. Ils n’étaient pas loin d’être une quinzaine autour de la table de réunion en cette fin de soirée. La transmission de la Terre avait été interceptée quelques heures plus tôt seulement.
« Je n’arrive pas à croire qu’ils se soient mis dans une telle situation, soupira John Sheppard en passant machinalement la main dans ses cheveux en bataille.
- Vis-à-vis de quoi ? demanda McKay avec cynisme. Des Oriis ou du GPM ?!
- Les deux ! »
McKay poussa un petit rire dédaigneux.
« Là n’est pas la question. Ce qui est fait est fait. Il est clair que la décision du SGC est soumise à délibération : ce n’était peut-être pas la meilleure manière de procéder, mais les faits sont là. Aujourd’hui, nous devons savoir si nous sommes prêts à les accueillir comme des réfugiés et amis, ou bien les traitons-nous comme des traîtres envers la Terre et donc nous devrons dans ce cas les enfermer jusqu’à ce que nous puissions les renvoyer sur Terre. Bien sûr, il se peut tout à fait que nous n’ayons pas à faire ce choix, car il reste au général O’Neill la tâche de trouver un moyen de nous rejoindre. Voici la raison de votre présence ici. »
Les quinze membres d’Atlantis se regardèrent les uns les autres, conscients du choix cornélien qui se posait à eux.
« Si je puis me permettre, intervint Teyla. Je souhaiterais donner mon opinion. Celui-ci ne vous engagera à rien, d’autant que je ne fais pas partie de votre peuple…
- Pour nous, vous êtes un membre à part entière d’Atlantis Teyla, ne put s’empêcher de dire le docteur Weir avec un sourire.
- Merci docteur Weir. Comme vous le savez, pour moi, chaque membre de mon peuple est aussi important qu’un membre de ma famille. Cependant, si je m’appercevais qu’une décision collective allait à l’encontre des principes de mon peuple, même pour régler un problème grave, je crois bien que j’aurais agi comme les vôtres. Trahir ses propres lois, même pour survivre, n’apporte jamais rien de bon. Cela se paie, et finit invariablement par se retourner contre vous.
- Donc même si cela condamne votre peuple, vous préféreriez renoncer à une opportunité de le sauver plutôt que de vous fourvoyer ? insista le docteur Cavana, sceptique et visiblement méprisant.
- Quel peuple pourrait continuer à exister après avoir renoncer à ses lois et sa morale ? Même si le danger est écarté, un tel peuple ne pourrait survivre à ses actes.
- Je vous en prie, docteur Weir, nous parlons de plus d’un million de terriens, gloussa Cavana. Et pas d’une tribu de cinquante personnes… »
Sheppard esquissa un geste pour se lever de son siège et répondre à Cavana, furieux, mais le docteur Weir lui intima l’ordre de rester assis.
« La décision du général O’Neill n’est pas d’abandonner la Terre, docteur Cavana, mais simplement de soustraire les deux survivants à d’éventuelles recherches scientifiques abusives. Il est clairement établi dans leur message qu’ils ne cherchent un asile que le temps de trouver une solution définitive contre le Fléau sévissant sur Terre.
- Eh bien, dans ce cas, passons au vote, intervint Sheppard en lançant un regard lourd de menaces vers Cavana. Que ceux qui sont contre la décision du général O’Neill et souhaite l’empêcher de sauver la Terre une nouvelle fois lève la main.
- John… »
Elisabeth leva vers le militaire un regard de mise en garde, mais garda les deux mains baissées. Seul Cavana et un autre scientifique assis à côté de lui levèrent la main.
« Et que ceux qui acceptent d’accueillir l’équipe du SGC afin d’être des héros une fois de retour sur Terre, levez la main. »
Il avait levé la main avant même d’avoir fini sa phrase, imité par Teyla, Weir, McKay et Beckett. Les autres personnes autour de la table ne furent pas en reste.
« Bien, dit McKay en souriant. Et maintenant, on fait quoi ?
- Maintenant, on se prépare à l’arrivée éventuelle d’une centaine de personnes sur Atlantis, annonça le docteur Weir en soupirant. Et préparez aussi plusieurs unités médicales… Quelque chose me dit que nous en aurons besoin. »
Base de Cheyenne Mountain, salle de contrôle de la Porte des Etoiles.
« Au rapport sergent Williams ! Quelle est votre situation là-haut ? demanda O’Neill en parlant dans le micro de la radio qu’il tenait à la main.
- Les cinq premiers niveaux de la base ont été pris mon général ! répondit le sergent Williams en criant presque dans sa radio. Nous avons deux blessés ici, mais pas encore de mort à déplorer.
- Comment ça pas encore de mort ?! Et vous n’avez pas intérêt à en avoir, sergent, ou je vous botte les fesses à votre retour, c’est bien compris ?!!
- Nous ne tiendrons pas longtemps en ne nous servant que de Zats, mon général !
- Il est hors de question d’aggraver la situation en tirant à balles réelles sur les commandos du GPM, vous m’entendez ?!
- Ils sont en train de prendre le sixième niveau, mon général. Nous ne pourrons pas les contenir plus longtemps. »
Dans la radio, le bruit de tirs des P-90 des unités d’assaut du GPM et des Zats des hommes du SGC couvrait presque totalement la voix du militaire, sans compter la sirène d’alerte qui retentissait depuis près d’une heure à présent.
« On change de tactique ! Descendez au niveau – 9 et à partir de là, condamné tous les accès de la manière que vous voudrez. Porte blindée, C4 pour les tunnels menant à la surface, tout ce qui pourra ralentir leur progression. Exécution sergent !
- A vos ordres, mon général ! »
O’Neill posa la radio près du tableau de commande de la Porte des Etoiles. Ses traits étaient tirés et son visage trahissait une vive anxiété. Samantha, qui ne l’avait pas quitté depuis le début de l’attaque il y avait une heure de cela, lui jeta un coup d’œil, inquiète.
« Mon général…
- Sam… C’est Jack…
- Pas quand nous sommes sur la base, mon général, rétorqua-t-elle avec un bref sourire d’excuse.
- Cette sirène me casse les oreilles.
- Oui, à moi aussi. »
O’Neill se prit le visage dans les mains et se frotta les yeux. Il était épuisé psychiquement et physiquement.
« Vous devriez prendre un peu de repos…
- Oui, c’est ça, je devrais. J’adore le tir des armes comme berceuse, Sam…
- Vous ne tiendrez jamais à ce rythme.
- Sam… Je vais bien. »
Son ton était ferme, aussi Samantha n’insista pas. C’était inutile, il pouvait être si obstiné quand il le voulait…
« Jack ! Tenez voici la liste de toutes les planètes susceptibles de nous héberger dans un premier temps ! »
Daniel entra dans la salle de contrôle au pas de course et tendit au militaire une feuille couverte d’adresses de Portes des Etoiles.
« Je croyais que nous avions écarté l’éventualité d’une fuite par la Porte, remarqua Samantha.
- Vu la situation actuelle, je ne vois pas vraiment d’autre solution, répondit Jack en examinant la liste en plissant le front. C’est tout ?
- Oui, admit Daniel avec un sourire contraint. Nous avons dû écarter les planètes où l’apparition d’Oriis nous a été signalée, ainsi que toutes les autres planètes où les peuples n’étaient pas suffisamment avancés pour pouvoir nous accueillir… Histoire d’éviter une catastrophe…
- Ça ne nous laisse pas beaucoup de choix… Mais je ne vois pas la planète des Nox sur votre liste, Daniel…
- Parce qu’elle n’y est pas, Jack. Avec Teal’c, nous pensons certes qu’ils accepteraient de nous accueillir, mais pas à long terme… Et matériellement, nous craignions aussi qu’ils nous refusent toute aide…
- Hmmm… Mais nous ne… »
Une effroyable détonation l’empêcha de terminer sa phrase et secoua l’ensemble de la base avec violence. Tandis que Daniel tombait lourdement sur le sol, Samantha et O’Neill se rattrapèrent tant bien que mal au tableau de commande. O’Neill attrapa presque immédiatement la radio qui était tombée sur le sol, affolé.
« Sergent Williams ? Mais qu’est-ce qui s’est passé, nom d’un chien ?!! Sergent Williams, au rapport ? SERGENT WILLIAMS ?!!!!! »
Seuls les crépitements de la radio lui répondirent. Le visage de Samantha devint livide, et ses yeux s’embuèrent.
« Oh mon Dieu, ils n’auraient pas osé mon général ?! »
O’Neill ne lui répondit pas, fou de rage, et se précipita en direction des escaliers, qu’il dévala. Il courut dans le couloir menant aux ascenseurs aussi vite qu’il le put.
« Mon général !!! »
Un groupe de militaires venaient de faire irruption dans le couloir à leur tour, par l’un des sas menant à la surface et que O’Neill avait demandé de condamner quelques minutes plus tôt. Les hommes étaient couverts de poussière, et certains étaient mêmes blessés au visage superficiellement.
« Les unités d’assaut du GPM, mon général… Elles ont lancé plusieurs grenades au niveau – 6 avant que le sergent Williams n’ait eu le temps de la quitter avec ses hommes…
- Ils sont tous morts ?!!
- Oui, mon général… Et les unités d’assaut sont en train de s’emparer de tous les niveaux sans plus aucune difficulté… Vu la situation, j’ai ordonné à toutes les équipes postées aux niveaux supérieurs de revenir ici.
- C’est… vous avez eu raison… Lieutenant, une fois toutes les équipes revenues, je veux que vous me barricadiez ce niveau de telle façon que même une mouche ne pourrait y accéder. Me suis-je bien fait comprendre ? Vous me condamnez tout : ascenseurs, sas, escaliers, conduits… ABSOLUMENT TOUT !!! »
Il laissa là les militaires et reprit le chemin de la salle de contrôle, totalement hébété. Il avait perdu une équipe entière. Il ne parvenait pas à se faire à cette idée. Qui plus est, ce n’était même pas un ennemi qui les avait tué, non. C’était bien pire : c’était des personnes de sa planète, de son pays, qui leur avaient donné la mort sans hésitation.
« Mon général… Jack ?!
- Sam… Ils les ont tués… Toute l’équipe de SG4… Ces enfants de salauds les ont tué de sang froid, sans la moindre vergogne, et tout ça pour récupérer deux civils… Ils sont capables de sacrifier des vies pour en sauver d’autres… Comment avons-nous pu laisser de telles personnes prendre le pouvoir ? »
Ce n’était plus de la colère qu’il éprouvait à présent, mais une haine sans limite, tournée contre le GPM. Qui plus est, le GPM n’avait même pas agi par défense, étant donné qu’O’Neill avait pris des mesures pour qu’aucun de ses hommes ne donnent la mort à l’un des membres des unités d’assaut. La mort des membres de SG4 était un assassinat en bonne et due forme. Rien de plus.
Une seconde explosion fit trembler les murs de la base, moins violente cependant que la précédente. O’Neill s’empara du micro :
« J’ordonne à tous les membres du SGC de se rendre immédiatement en salle d’embarquement et de se préparer à évacuer la base par la Porte des Etoiles. Préparez l’équipement et organisez-vous pour que tout se passe dans le plus d’ordre possible. »
Puis il se retourna vers Daniel :
« Quelle planète serait la plus à même à nous accueillir ?
- Celle de Jonas, j’imagine, hasarda Daniel sans grande conviction cependant. Mais nous devrions leur demander s’ils peuvent nous…
- Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, le temps presse Daniel. Nous ne pouvons pas attendre. J’ai déjà une équipe entière sur le carreau, je ne tiens pas à en rajouter.
- Mais Jack…
- Entrez les coordonnées de cette planète, Sam. »
Le ton était sans réplique. Samantha s’exécuta. Dans la salle d’embarquement, les membres du SGC commençaient déjà à se rassembler au milieu des chars télécommandés chargés de tout le matériel imaginable.
« Jack, nous ne pourrons jamais emporté tout ce qu’il y a d’entreposé dans la base !
- Je sais Daniel. C’est bien pour ça qu’une fois que tout le monde sera passé, Sam et moi allons déclencher l’autodestruction du SGC.
- Quoi ?!!! Mais si vous faites ça, nous ne pourrons jamais revenir sur Terre !!! s’écria Daniel avec véhémence.
- Si nous revenons, ce sera pour sauver la vie de ces assassins, et nous trouverons toujours un moyen d’y parvenir. Mais je refuse de laisser un endroit tel que le SGC aux mains de ces hommes !!! S’ils sont prêts à tuer les leurs pour parvenir à leur but, je n’ose même pas imaginer ce qu’ils seraient capables de faire avec une Porte des Etoiles ou dieu sait quoi et qui se trouverait ici. Je ne prendrais pas un tel risque !!! Est-ce clair ? »
Daniel recula de plusieurs pas, saisi par l’expression de haine et de dégoût qui déformait le visage de son ami.
« Fort bien, Jack. C’est vous le général de cette base après tout. »
Il n’approuvait pas du tout sa décision, mais il comprit qu’O’Neill ne cèderait pas. On n’avait tué ses hommes, rien ne pardonnait un tel acte. Daniel ne parvenait pas non plus à le pardonner, mais il désapprouvait la radicalité d’O’Neill.
Daniel sortit de la salle de contrôle sans rien ajouter, perplexe et fortement ému.
Base de Cheyenne Mountain, couloir menant à la salle d’embarquement de la Porte des Etoiles.
« Daniel ?!!! »
Gabrielle se tenait de l’autre côté du couloir et courut vers lui, le visage empreint d’inquiétude.
« Qu’est-ce qui se passe, Daniel ?
- Jack a décidé de faire évacuer la base à cause de l’attaque du GPM.
- La situation est donc si grave ?
- Des hommes sont morts. »
Elle écarquilla les yeux, horrifiée, tandis que son visage perdait à nouveau ses couleurs. Daniel se rendit soudain compte ce que cette nouvelle impliquait pour elle : si des hommes étaient morts, c’était parce qu’elle se trouvait ici. Si elle avait été transférée dans les laboratoires du GPM, rien ne serait arrivé.
« Gabrielle, ce n’est pas votre faute.
- Si vous m’aviez livrée, ils seraient encore vivants.
- Ce n’est pas vous qui les avez tué.
- C’est tout comme !!! »
Une larme coula le long de sa joue. Son regard s’était durci.
« Je vais me livrer à eux… C’est la seule solution pour arrêter tout ça… Je ne pensais pas qu’il y aurait des morts par ma faute… »
Totalement bouleversée, elle fit mine de prendre la direction des ascenseurs, autour desquels s’affairaient un groupe de militaires. Daniel l’attrapa par le bras, et la tira vers lui, de manière à ce que leurs visages soient face à face.
« Gabrielle c’est totalement absurde…
- Pas plus que ces morts. Laissez-moi… »
Elle tenta de se dégager, mais il l’attrapa par les épaules, de façon à la maintenir bien face à lui et à la regarder dans les yeux.
« Vous croyez vraiment que vous rendre va changer la situation ?!!!
- Oui.
- Ces monstres ont tué des hommes simplement pour obtenir ce qu’ils veulent !!! Qui sait ce qu’ils feront de vous ?!!! Je vous avais promis de vous protéger de gens de cette espèce !!! C’est ce que j’ai fait !!! Si quelqu’un est responsable de la mort de ces hommes, ce sera moi !!! »
En disant cela, Daniel se rendit compte qu’il venait de comprendre soudain les motivations de la décision d’O’Neill.
« Il est hors de question que je vous laisse entre les mains de telles ordures, Gabrielle, insista-t-il d’une voix plus douce. »
Il plongea ses yeux dans les siens, souriant à présent, rassurant.
« Ce n’est pas vous qui avez tenu l’arme qui les a tué… Ces hommes sont morts pour vous défendre, parce qu’ils étaient certains que vous déteniez la solution au Fléau. Vous rendre maintenant rendrait leurs morts inutiles. C’est ça que vous voulez ?! »
La jeune femme secoua la tête, reniflant les larmes qu’elle tentait de retenir. Cependant, elle ne semblait encore pas totalement convaincue. Alors Daniel fit une chose qui le surprit, mais qui lui sembla naturelle pour autant : il déposa un baiser sur le front de sa protégée, pour la rassurer définitivement. Ce n’est qu’en voyant les joues de la jeune fille s’empourprées qu’il se rendit compte de la familiarité de son geste, et il se sentit rougir à son tour.
« Venez, il faut aller en salle d’embarquement, dit-il précipitemment en détournant le visage de celui de Gabrielle. »
Il prit la direction de la salle de la Porte des Etoiles au pas de course, se demandant vaguement s’il ne cherchait pas à fuir en même temps la jeune fille. D’autres personnes couraient dans le même sens qu’eux dans le couloir, chargées de sacs et autre matériel, les bousculant parfois. Daniel sentit alors une main étreindre la sienne. Sachant qu’il s’agissait de Gabrielle sans même l’avoir vu, il se contenta de refermer ses doigts sur ceux de la jeune femme, rougissant encore davantage sans pour autant pouvoir retenir un petit sourire. Ce contact lui rappela l’époque où il avait vécu avec Sha’re : elle aussi aimait se balader avec lui en lui tenant la main dans le désert d’Abydos. Mais la main de son épouse défunte était chaude et la peau, bien que rendue un peu rêche par les travaux domestiques quotidiens, était belle et fine. Celle de Gabrielle était douce certes, mais ses doigts étaient glacés. Sha’re et Gabrielle se ressemblaient d’une certaine manière, mais en étant malgré tout totalement différentes.
Ils parvinrent à la salle d’embarquement au moment-même où le septième chevron s’enclenchait. Le vortex apparut, ce qui surprit Gabrielle qui recula d’un pas, buttant contre un scientifique placé derrière elle.
« Daniel Jackson, tenez. »
Teal’c les avait rejoints. Il tenait à la main sa lance jaffa et un P-90, ainsi que deux sacs lourdement chargés. Il jeta un coup d’œil aux mains toujours jointes de Daniel et Gabrielle, mais se garda de dire quoi que ce fût.
« Merci Teal’c, dit Daniel en lâchant (à regret) la main de la jeune femme pour enfiler le matériel apporté par le jaffa.
- Votre famille attend dans le couloir, près de la salle d’embarquement en compagnie du professeur Lefebvre, dit Teal’c à l’intention de Gabrielle qui jetaient des regards tout autour d’elle, cherchant visiblement quelqu’un.
- Je vais les rejoindre dans ce cas. »
Daniel eut un geste pour la retenir, n’ayant soudain pas envie de la voir s’éloigner de lui, mais la voix d’O’Neill, amplifiée par le micro de la salle de contrôle, l’arrêta dans son mouvement.
« Daniel, Teal’c, je vous charge du premier passage en compagnie de SG2. Expliquez brièvement à nos hôtes la situation et réceptionnez les prochains groupes. Bonne chance. »
Teal’c se contenta d’acquiesser d’un signe de tête, et se dirigea vers la passerelle, suivi de Daniel et SG2. Le groupe s’approcha de la Porte, dont l’horizon des évènements scintillait comme à son habitude. Ils n’étaient plus qu’à une cinquantaine de centimètres…
« MAIS QU’EST-CE QUE …, rugit la voix d’O’Neill. »
La Porte des Etoiles venait soudainement de se désactiver, alors même que Teal’c et Daniel se préparaient à y passer.
« Carter, qu’est-ce que ça veut dire ?!! »
La réponse lui fut donnée sans que Samantha ait à ouvrir la bouche. L’ensemble des lumières de la base s’éteignit d’un seul coup. Un vent de panique s’empara des membres du SGC.
« Les unités du GPM ont dû atteindre la salle des générateurs, murmura Teal’c les sourcils froncés. »
Des tirs de P-90 en provenance de l’autre côté du niveau lui donnèrent immédiatement raison.
« QUE TOUT LE MONDE ENTRE DANS LA SALLE D’EMBARQUEMENT !!! ordonna Teal’c sans attendre. »
Abandonnant leur matériel, tous les membres du SGC envahirent sans se faire prier mais calmement la salle d’embarquement, s’installant là où il y avait de l’espace.
« Gabrielle !!! »
Daniel, luttant contre le mouvement de la foule, rejoignit la jeune femme qui venait d’apparaître en compagnie des Hanlow et de Lefebvre. Elle tenait dans ses bras Tommy, dont la frimousse habituellement joyeuse faisait mal à voir tant il paraissait terrifié. Mrs Hanlow tentait quant à elle de calmer comme elle pouvait les pleurs de Zacharie.
Daniel les mena au pied de la passerelle d’embarquement et les fit asseoir sur les marches, tandis que Teal’c s’affairait à organiser les militaires de chaque côté des portes blindées de la salle.
O’Neill et Samantha surgirent soudain de l’un des couloirs, tous deux armés d’un P-90, suivis d’une douzaine d’hommes. Les portes blindées se fermèrent presque immédiatement après leur passage, tandis que s’abaissait également le volet d’acier de la salle des commandes.
« J’ai vérouillé les commandes de telles façons à ce qu’ils ne puissent rien faire, annonça Samantha en rejoignant Teal’c et Daniel. »
Soudain, une voix se fit entendre : « AUTODESTRUCTION ENCLENCHEE. COMPTE A REBOURS COMMENCE. AUTODESTRUCTION PREVUE DANS CINQ MINUTES. »
Daniel considéra ses compagnons avec gravité.
« Ne me regardez pas comme ça, Daniel, gromela Jack. Que vouliez-vous qu’on fasse d’autre.
- Je n’ai rien dit, Jack. Vous avez pris la bonne décision. »
N’ayant rien d’autre à ajouter, il rejoignit Gabrielle sur les marches de la passerelle. Elle était étonnament calme. Il s’assit à ses côtés, lui adressa un sourire, et se contenta de lui prendre la main.
« Vous avez les mains froides.
- En France, on a l’habitude de dire ceci, Daniel : les mains froides, le cœur chaud. »
Il serra un peu plus fort sa main.
« Maintenant, il ne nous reste plus qu’à prier pour que l’autodestruction fasse tout sauter avant qu’ils aient eu le temps de l’arrêter, ou même d’enfoncer les portes. »
Samantha regarda Jack en souriant, amusé par son éternel sens de l’humour piquant et cynique.
« Si vous le permettez, O’Neill, je préfèrerais prier pour qu’un miracle se produise, rétorqua Teal’c en fronçant les sourcils.
- C’est également une solution. »
Des coups sourds provenant des portes blindées leur indiquèrent l’arrivée de leurs assaillants. O’Neill alla se poster près de l’une d’elle, arme au poing. Ils ne s’en sortiraient pas, c’était certain, mais il refusait de mourir sans se battre. Par ailleurs, être capturé et emprisonné par le GPM était exclu de ses projets. Samantha alla le rejoindre et se positionna à ses côtés, tandis que Teal’c rejoignait l’autre porte.
« Comme au bon vieux temps, Sam, remarqua O’Neill en souriant à la jeune femme.
- Oui Jack, comme au bon vieux temps de SG1… »
S’entendre ainsi appelé par Samantha le fit sourire encore davantage. Soudain, un bruit assourdissant provint de chacune des deux portes, tandis qu’un souffle puissant et brûlant fit perdre l’équilibre et blessa les militaires postés au plus près des deux issues.
« Ils ont utilisé du C4 !!! s’écria Carter, pétrifiée.
- Je n’avais pas remarqué, Sam !!! Merci de la précision. »
Les premières silhouettes de leurs assaillants devinrent enfin visibles malgré l’épaisse fumée provoquée par les explosions. O’Neill arma son P-90 et épaula, prêt à contre-attaquer.
Dernière modification par lyly0404 le 28 déc. 2005, 13:29, modifié 1 fois.
Re: [FanFic] La troisième évolution
Base de Cheyenne Mountain, salle de contrôle.
Le volet d’acier qui servait ordinairement à protéger la salle de contrôle d’une attaque par la Porte des Etoiles était toujours fermé. Le général McKensie regardait autour de lui, mécontent. Les unités d’élite du GPM venaient juste de le libérer de sa cellule, mais il avait tenu immédiatement à être amené à la salle de commande de la Porte, une fois que la totalité de la base aurait été entre les mains du GPM et que l’autodestruction aurait été désamorcée.
« Mon général, le salua un militaire en entrant dans la salle.
- Alors, colonel ? Combien de prisonniers êtes-vous parvenus à avoir ?
- Euh… Aucun, mon général. »
Le général McKensie le toisa de la tête aux pieds, puis il lui adressa un sourire bienveillant.
« Tous morts, hein ?! Allons, ne faites pas cette tête-là ! Cela nous évitera d’avoir à les juger !!! Voici mes ordres : faites disparaître tous les corps, hormi ceux des deux survivants au Fléau. Nos scientifiques voudront très certainement les examiner… Ils auraient sans doute eu plus de valeur vivants, mais bon, ce sera malgré tout suffisant j’imagine… Eh bien, qu’attendez-vous ? »
Le regard du militaire était devenu froid et une lueur de dégoût était apparue dans ses yeux, mais il semblait également gêné.
« Quand je vous ai dit que nous n’avions aucun prisonnier, je ne voulais pas dire que les membres du SGC étaient morts, mon général.
- Je vous demande pardon, colonel ?! »
Le militaire déglutit péniblement, sentant pointer l’orage.
« Quand… quand nous avons pénétré dans la salle d’embarquement où nous pensions que l’équipe de cette base s’était réfugiée… et bien nous n’avons trouvé personne. »
McKensie manqua s’étouffer de rage et d’incrédulité.
« Vous pouvez me répéter ça ?!
- La base est entièrement déserte, mon général. Nous n’avons trouvé personne, et il n’y a plus trace non plus de leur matériel.
- Impossible… »
Le général fixa son subordonné avec un regard mauvais, s’attendant presque à le voir éclater de rire pour lui avouer qu’il s’agissait là d’une mauvaise plaisanterie. Mais le colonel n’en fit rien. Au contraire, son embarras semblait s’accroître de minute en minute.
« Ils ont dû fuir par la Porte des Etoiles, maugréa finalement McKensie. Il n’y a pas d’autre explication… Mais regardez-moi ça !!! »
Il désigna d’un geste de la main les tableaux de commandes, une moue de répulsion sur le visage : les panneaux et ordinateurs avaient tous été défoncés, les rendant parfaitement inutilisables. McKensie redoutaient même qu’ils ne soient irréparables.
« Mon général…
- Quoi encore ?!!
- Je doute que votre hypothèse soit juste.
- Je vous demande pardon ?!!!
- Je… Il vaut mieux que vous veniez voir ça par vous-même… »
Intrigué et redoutant une ultime mauvaise surprise, le général McKensie quitta la salle de contrôle pour suivre le militaire, plus confus que jamais. Il le conduisit en salle d’embarquement, où une dizaine d’autres membres du commando du GPM fixait la passerelle d’embarquement d’un air totalement ahuri.
McKensie faillit s’étrangler de fureur en comprenant la raison de leur stupéfaction : la Porte des Etoiles avait également disparu.
Quelque part dans l’espace, dans le système solaire.
O’Neill examinait d’un air embarassé la balle de P-90 fichée dans la paroi du vaisseau.
« Je suis vraiment désolé, Thor… Mais on s’apprêtait à se faire canarder quand vous nous avez téléporté…
- Ce n’est rien, O’Neill. Fort heureusement, ce vaisseau ne craint rien contre la technologie terrienne. »
Le Asgard était assis sur son fauteuil de commandement et regardait O’Neill de ses grands yeux noirs et sereins.
« Ouais, enfin rien à craindre, j’ai quand même réussi à faire un trou dans votre joli vaisseau… »
Malgré son air détaché, O’Neill ressentait en fait un immense soulagement au fait de se trouver à bord d’un vaisseau asgard.
« Où se trouve le reste du SGC ? s’enquit Samantha en jetant un regard encore inquiet autour d’elle.»
En effet, hormi O’Neill, le colonel Carter, Daniel et Teal’c, il n’y avait trace de personne d’autre dans la salle de commandement du vaisseau asgard.
« Le reste de votre équipe se trouve à bord d’un autre vaisseau que celui-ci. Un seul vaisseau asgard n’aurait pu contenir à lui seul autant d’individus de votre espèce, sans compter votre matériel et la Porte des Etoiles de votre planète…
- Vous avez également télétransporté la Porte ? répéta Samantha, au comble de la surprise.
- Sacré Thor ! Vous avez pensé à tout, se réjouit O’Neill, un immense sourire aux lèvres. Sans vouloir être indiscret, combien de vaisseaux avez-vous dû affréter pour ce petit voyage ?
- Au total, quatre vaisseaux O’Neill. »
O’Neill poussa un petit sifflement admiratif. Il semblait décidément aux anges.
« Je croyais que vous ne pouviez pas nous aider, remarqua Daniel avec justesse. Non pas qu’on ne vous en soit pas reconnaissant…
- Le Haut Conseil Asgard a décidé d’organiser une expédition vers Atlantis. Nous espérons que cette cité, étant d’origine ancienne, pourra nous aider à trouver une solution à notre processus de clonage. Connaissant vos difficultés actuelles, nous avons décidé de vous prendre à notre bord par la même occasion. Vous nous avez aidé à vaincre les réplicateurs. Il aurait été injuste de ne pas vous aider à notre tour.
- Vous avez raison, Thor ! Les bons comptes font les bons amis ! »
Thor pencha légèrement la tête sur le côté, surpris par l’expression utilisée par O’Neill.
« Laissez tomber… En tout cas, nous vous remercions pour votre aide. C’est que ça commençait à chauffer pour nous.
- Mais laisser la Terre sans Porte des Etoiles n’est-il pas un peu dangereux ? Je veux dire, vis-à-vis des Goa’ulds et des Oriis ? insista Samantha, soucieuse.
- Ne vous inquiétez pas, colonel Carter. J’ai laissé un vaisseau asgard en orbite autour de la Terre. Mais je doute que votre planète ait quelque chose à redouter des Goa’ulds… Eux-même sont en pleine lutte contre la rébellion jaffa et les Oriis. La Terre n’est plus l’une de leurs préoccupations. Pour ce qui est de la menace Orii, il me semble que le mal est fait…
- Oui, vous avez sans doute raison. »
Thor se tourna vers O’Neill.
« J’ai fait téléporter les deux survivants du Fléau dans notre unité médicale pour quelques examens. Nous n’avons rien trouvé jusque là, mais peut-être pourront-ils nous apprendre quelque chose…
- Euh… J’en doute mais vous pouvez toujours essayé… Je crois qu’il faut plutôt que vous ayez une conversation avec la jeune femme survivante. Cela sera plus instructif…
- Puis-je me rendre auprès d’eux ? demanda Daniel impatiemment. Je crois qu’un peu de compagnie les rassurait… Ils n’ont pas vraiment l’habitude d’être téléporté dans un vaisseau, encore moins asgard… Sans vous offenser…
- Allez-y, docteur Jackson. Freyja vous y accompagnera.
- Permettez que je me joigne à vous, proposa Samantha. »
Un Asgard apparut lorsque la porte s’ouvrit automatiquement à l’approche de Daniel et Samantha, et tous deux lui emboîtèrent le pas lorsqu’il les invita à le suivre.
« Combien de temps le voyage jusqu’à Atlantis va-t-il durer ? demanda Teal’c.
- Environ deux jours.
- De nos heures terriennes ? souligna Jack.
- Oui O’Neill.
- Et bien j’espère que vous avez le câble sur votre vaisseau, Thor. »
Atlantis, galaxie de Pégase.
L’alarme retentit brusquement, obligeant le docteur Weir a abandonné ses occupations pour se rendre précipitemment en salle de contrôle. Depuis la dernière réunion ayant réuni les quinze membres dirigeant la mission Atlantis, la jeune femme avait été débordée : il avait fallu préparer de nouveaux espaces d’habitation, ce qui avait entraîné de nouveaux dispositifs de sécurité. Le docteur Beckett était au bord de la crise de nerfs, se préparant à chaque instant à recevoir dans son infirmerie une foule de blessés venant du SGC. A cela s’ajoutait des besoins en vivres plus importants, et plusieurs équipes d’Atlantis avaient dû partir en mission sur différentes planètes pour rencontrer de nouveaux partenaires commerciaux, ce qui n’avait plus qu’à moitié à Elisabeth, car cela risquait de révéler aux Wraiths la vérité sur leur situation. Ceux-ci pensaient toujours que la cité d’Atlantis avait été détruite, mais une nouvelle agitation semblait s’être emparée d’eux, et plusieurs membres de la cité craignaient des fuites éventuelles de la part de leurs nouveaux partenaires commerciaux.
« Que se passe-t-il Bradford ? s’enquit le docteur Weir dès son arrivée en salle de contrôle, où se trouvaient déjà Sheppard et McKay.
- C’est la Porte des Etoiles, madame. Quelqu’un de l’extérieur est en train d’établir une connexion…
- Préparez-vous à fermer l’iris dans ce cas. »
Le vortex s’ouvrit, et le major Sheppard activa presque immédiatement l’iris protecteur. Faisant cela, il jeta un coup d’œil sur l’adresse de leurs mystérieux et inattendus visiteurs, affichée par le DHD du tableau de contrôle atlante, et releva la tête vers Weir, abasourdi.
« Il s’agit de l’adresse de la Terre…
- Comment ?! »
Elisabeth se précipita vers lui et vérifia par elle-même la véracité de ses paroles. Il ne s’était pas trompé.
« Ils auraient réussi à trouver un EPPZ ?! s’étonna McKay en ouvrant des yeux ronds.
- Ou une autre source d’énergie suffisamment puissante, hasarda Elisabeth en souriant, les yeux remplis d’espoir.
- Ni l’une ni l’autre de ces solutions en vérité, déclara une voix grave derrière eux. »
Plusieurs techniciens présents dans la salle de contrôle poussèrent de petits cris de surprise, tandis que Sheppard, McKay et Weir faisait volte-face… pour se retrouver nez à nez avec Thor, ou tout du moins son hologramme.
« C’est un asgard, murmura McKay, stupéfait.
- Merci pour cette précision, Rodney. Je n’aurais jamais deviné tout seul. »
Malgré son ton ironique, Sheppard semblait complètement ébahi.
« Commandant Thor, c’est une joie de vous voir, le salua Weir avec un sourire.
- La joie est partagée, docteur Weir.
- Que nous vaut l’honneur de votre… apparition ? demanda Sheppard en s’approchant de l’hologramme, un peu méfiant cependant.
- Quatre vaisseaux asgards sont actuellement en orbite autour de l’une des lunes de cette planète. Le général O’Neill, qui se trouve à mes côtés, souhaiterait savoir si Atlantis a pris sa décision concernant sa demande d’asile.
- Nous sommes prêts à les accueillir dès maintenant, répondit Elisabeth. Mais vous dites que le général O’Neill est avec vous ?
- Oui, en compagnie de l’équipe SG1. Et du reste du personnel du SGC.
- Alors ça c’est impossible, parce que la Porte des Etoiles de la Terre vient de se connecter à la Porte d’Atlantis, rétorqua McKay.
- La Porte des Etoiles terrienne se trouve également à bord de nos vaisseaux. C’est pour cela qu’elle a pu se connecter à la votre sans difficulté…
- Et sans avoir besoin qu’une quantité importante d’énergie, termina Elisabeth, les yeux illuminés par la compréhension. Très bien.
- Nous souhaiterions que le transfert des membres du SGC s’effectue par la Porte des Etoiles, précisa Thor. Leur téléportation à bord de nos vaisseaux, ainsi que tout leur matériel en plus de la Porte des Etoiles, a nécessité une grande quantité d’énergie et nous souhaiterions économiser une autre dépense énergétique…
- Bien sûr. Je vais donner l’ordre de désactiver l’iris. Vous pouvez nous envoyer les équipes du SGC quand il vous plaira.
- Fort bien. Je me joindrais aux premiers arrivants. J’ai une demande à formuler auprès de votre équipe. »
L’hologramme disparut instantanément. McKay, Sheppard et Weir se jetèrent un regard intrigué.
« Une demande de la part des Asgards ? Habituellement c’est plutôt nous qui sollicitons leur aide, remarqua McKay, cyniquement.
- O’Neill m’avait parlé de certaines de leurs difficultés…
- En tout cas, tout ça nous enlève un souci majeur.
- Ah oui ? Et lequel Rodney ?
- Eh bien maintenant, on n’a plus à s’inquiéter que les Wraiths prennent le contrôle de notre Porte des Etoiles, vu qu’elle se trouve ici… Comme ça, à leur prochaine attaque, on pourra vraiment faire exploser la cité.
- McKay, maugréa Sheppard en faisant la moue. Vous êtes irrécupérable…
- Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ? »
Atlantis, salle d’embarquement, galaxie de Pégase.
« Docteur Weir !!! Ça fait sacrément plaisir de vous revoir !!!
- Général O’Neill… Bienvenu sur Atlantis. »
La jeune femme s’avança vers le militaire et lui serra chaleureusement la main. Elle ne put s’empêcher de sourire en voyant son regard surpris et admiratif lorsqu’il regarda autour de lui.
« Dites, c’est une sacrément belle installation que vous avez là… Bien plus esthétique que celle du SGC… Je vais peut-être penser à me faire muter ici…
- Eh bien, techniquement parlant, c’est vous le nouveau chef militaire de la base à présent, remarqua judicieusement le major Sheppard en saluant O’Neill à la façon militaire.
- Repos, major. Alors, vous n’avez pas trop pris goût au pouvoir ?
- Non, mon général, ça peut aller de ce côté-là. Et puis le docteur Weir était là pour me remettre à ma place.
- Oui… Humm… On devrait peut-être s’écarter de là. Le reste du SGC ne devrait pas tarder à arriver à son tour, et ils sont plutôt chargés… Vous allez voir, on vous a ramené plein de souvenirs de la Terre. »
SG1 traversa à son tour la Porte.
« Colonel Carter ! Quelle joie de vous revoir ! s’écria McKay ironiquement.
- Ah oui, j’avais complètement oublié que vous aviez été affecté à la mission Atlantis, docteur McKay…
- Vous voulez peut-être retourner sur le vaisseau asgard, histoire de vous remettre de ce choc…
- Non, je pense que ça ira… Et puis, à ce que je vois, Atlantis est suffisamment grande pour que je parvienne à vous éviter.
- Désolé d’interrompre ces émouvantes retrouvailles, Carter, mais je crois que je vous ai confié quelques menues tâches, les coupa O’Neill.
- Désolée mon général… »
Daniel s’était un peu éloigné du groupe et avait déjà commencé à examiner l’ensemble de la salle d’embarquement d’Atlantis, absolument émerveillé.
« Daniel, et vos bonnes manières ?
- Je vous demande pardon, Jack ?
- Vous pourriez au moins saluer nos hôtes avant de vous lancer dans l’exploration de cette cité…
- Mais Jack, cet endroit est absolument stupéfiant ! C’est…
- Il est ravi de vous revoir, se sentit obligé de préciser O’Neill à l’adresse de Weir.
- Oui, j’avais compris, général. »
Deux équipes du SGC avaient déjà débarqué, transportant avec elle une quantité incroyable de matériel en tout genre.
« J’espère que vous avez de très grands placards…
- On devrait pouvoir s’arranger, le rassura Elisabeth en s’approchant de l’un des chars de transport. Mais ce sont les archives du SGC, n’est-ce pas ?!
- En effet. Nous avons dû faire un peu de ménage là-bas… Nous avons également emporté avec nous tous les artefacts trouvés depuis le début des missions Stargate… C’était une nécessité, disons. »
Elisabeth Weir se tourna vers O’Neill, le visage interrogateur.
« Je crois qu’il faut que je vous explique deux ou trois choses… Mais je dois d’abord m’assurer du bon déroulement de notre installation. Thor sera ici dans une petite heure à peu près.
- Très bien. Mes hommes sont à votre entière disposition. Major Sheppard, lorsque tout sera terminé, veuillez conduire le général ainsi que SG1 en salle de briefing, et convoquez le reste de l’équipe d’Atlantis pour une mise au point de la situation.
- A vos ordres, madame. »
Infirmerie, Atlantis, galaxie de Pégase.
L’équipe médicale d’Atlantis, épaulée par celle du SGC, s’affairait autour des militaires blessés du SGC. Fort heureusement, les Asgards s’étaient déjà occupés du plus gros travail de soin et la plupart des patients étaient dans un état stable et peu préoccupant. Laissant le soin au docteur Lam de superviser les traitements, Carlson Beckett examinait à présent, à la demande du docteur Weir, l’état de santé de la famille Hanlow, et plus particulièrement de Tommy et Gabrielle. Celle-ci commençait à s’exaspérer de tous ces examens médicaux, tandis que le garçonnet semblait au contraire trouver ça amusant, d’autant que les appareils médicaux d’Atlantis ne ressemblaient à rien de ce qu’il connaissait.
« Est-ce que ça vous fait mal lorsque j’appuie ici ? demanda-t-il à Gabrielle en appuyant sur sa nuque, à l’emplacement de la petite tâche brune.
- Non… Je me sens bien, je n’ai mal nulle part… J’ai déjà été ausculté par le docteur Lam sur Terre, et par la Asgard Freyja… Je crois que ça suffit comme ça maintenant !
- Je ne fais qu’obéir aux ordres. Il faut que vous compreniez que, même si vous êtes guérie a priori du Fléau, vous restez une menace pour cette cité.
- Moi, une menace ?! Vous plaisantez ?!!!
- Qui c’est si des membres d’Atlantis ne vont pas être infectés par…
- CE N’EST PAS UNE MALADIE !!! »
Elle se leva d’un bond de la couchette où elle était assise et lançant au docteur un regard courroucé. Le pauvre Beckett semblait tellement ennuyé qu’elle finit par se calmer.
« Physiologiquement, je suis parfaitement semblable à vous, docteur. Mais si ça peut vous rassurer de nous faire tous ces tests, allons-y… Que reste-t-il à passer ?
- Une sorte d’IRM version atlante… Rien de bien méchant. »
Il l’amena à une sorte de couchette au-dessus de laquelle se trouvait un appareil étrange, d’origine ancienne. Elle s’y allongea, bras tendus le long du corps.
« Bien. Vous semblez effectivement en bonne santé…
- C’est ce que je me tue à vous expliquer.
- Eh bien je suis déso… Attendez, qu’est-ce que c’est que ça ? »
Pressentant une mauvaise nouvelle, la jeune femme s’approcha de l’écran affichant ses caractéristiques physiologiques. Beckett avait zoomé sur l’IRM de son cerveau : différentes couleurs le coloraient, leurs vivacités dépendant de l’intensité de l’activité cérébrale de certaines zones.
« Je ne vois rien d’anormal.
- Vous voyez cet endroit ? demanda Beckett en désignant le bas de l’image, l’endroit où précisément était apparue la marque brune. Cette partie du cerveau humain est habituellement très peu active… En fait, il existe plusieurs zones du cerveau humain que nous ne sollicitons pas. Mais chez vous, cette zone semble connaître une hyperactivité… C’est étonnant…
- Etonnant ? Mais en termes clairs, ça veut dire quoi ?
- Je n’en sais rien… Nous ignorons totalement à quoi servent les parties végétatives du cerveau humain… Mais il se pourrait que ce soit une des raisons de votre résistance au Fléau…
- Ou bien une conséquence.
- Oui, en effet… Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir. Je vais également faire passer une IRM à Tommy. S’il possède la même suractivité cérébrale, alors que c’est vous théoriquement qui l’avez guéri, alors cela voudrait dire qu’il s’agit d’une conséquence de votre guérison. Mais dans le cas contraire…
- Dans le cas contraire, vous aurez peut-être trouvé une piste pour combattre le Fléau… Parfait… Au moins, vous ne perdez pas de temps, vous ! »
Le volet d’acier qui servait ordinairement à protéger la salle de contrôle d’une attaque par la Porte des Etoiles était toujours fermé. Le général McKensie regardait autour de lui, mécontent. Les unités d’élite du GPM venaient juste de le libérer de sa cellule, mais il avait tenu immédiatement à être amené à la salle de commande de la Porte, une fois que la totalité de la base aurait été entre les mains du GPM et que l’autodestruction aurait été désamorcée.
« Mon général, le salua un militaire en entrant dans la salle.
- Alors, colonel ? Combien de prisonniers êtes-vous parvenus à avoir ?
- Euh… Aucun, mon général. »
Le général McKensie le toisa de la tête aux pieds, puis il lui adressa un sourire bienveillant.
« Tous morts, hein ?! Allons, ne faites pas cette tête-là ! Cela nous évitera d’avoir à les juger !!! Voici mes ordres : faites disparaître tous les corps, hormi ceux des deux survivants au Fléau. Nos scientifiques voudront très certainement les examiner… Ils auraient sans doute eu plus de valeur vivants, mais bon, ce sera malgré tout suffisant j’imagine… Eh bien, qu’attendez-vous ? »
Le regard du militaire était devenu froid et une lueur de dégoût était apparue dans ses yeux, mais il semblait également gêné.
« Quand je vous ai dit que nous n’avions aucun prisonnier, je ne voulais pas dire que les membres du SGC étaient morts, mon général.
- Je vous demande pardon, colonel ?! »
Le militaire déglutit péniblement, sentant pointer l’orage.
« Quand… quand nous avons pénétré dans la salle d’embarquement où nous pensions que l’équipe de cette base s’était réfugiée… et bien nous n’avons trouvé personne. »
McKensie manqua s’étouffer de rage et d’incrédulité.
« Vous pouvez me répéter ça ?!
- La base est entièrement déserte, mon général. Nous n’avons trouvé personne, et il n’y a plus trace non plus de leur matériel.
- Impossible… »
Le général fixa son subordonné avec un regard mauvais, s’attendant presque à le voir éclater de rire pour lui avouer qu’il s’agissait là d’une mauvaise plaisanterie. Mais le colonel n’en fit rien. Au contraire, son embarras semblait s’accroître de minute en minute.
« Ils ont dû fuir par la Porte des Etoiles, maugréa finalement McKensie. Il n’y a pas d’autre explication… Mais regardez-moi ça !!! »
Il désigna d’un geste de la main les tableaux de commandes, une moue de répulsion sur le visage : les panneaux et ordinateurs avaient tous été défoncés, les rendant parfaitement inutilisables. McKensie redoutaient même qu’ils ne soient irréparables.
« Mon général…
- Quoi encore ?!!
- Je doute que votre hypothèse soit juste.
- Je vous demande pardon ?!!!
- Je… Il vaut mieux que vous veniez voir ça par vous-même… »
Intrigué et redoutant une ultime mauvaise surprise, le général McKensie quitta la salle de contrôle pour suivre le militaire, plus confus que jamais. Il le conduisit en salle d’embarquement, où une dizaine d’autres membres du commando du GPM fixait la passerelle d’embarquement d’un air totalement ahuri.
McKensie faillit s’étrangler de fureur en comprenant la raison de leur stupéfaction : la Porte des Etoiles avait également disparu.
Quelque part dans l’espace, dans le système solaire.
O’Neill examinait d’un air embarassé la balle de P-90 fichée dans la paroi du vaisseau.
« Je suis vraiment désolé, Thor… Mais on s’apprêtait à se faire canarder quand vous nous avez téléporté…
- Ce n’est rien, O’Neill. Fort heureusement, ce vaisseau ne craint rien contre la technologie terrienne. »
Le Asgard était assis sur son fauteuil de commandement et regardait O’Neill de ses grands yeux noirs et sereins.
« Ouais, enfin rien à craindre, j’ai quand même réussi à faire un trou dans votre joli vaisseau… »
Malgré son air détaché, O’Neill ressentait en fait un immense soulagement au fait de se trouver à bord d’un vaisseau asgard.
« Où se trouve le reste du SGC ? s’enquit Samantha en jetant un regard encore inquiet autour d’elle.»
En effet, hormi O’Neill, le colonel Carter, Daniel et Teal’c, il n’y avait trace de personne d’autre dans la salle de commandement du vaisseau asgard.
« Le reste de votre équipe se trouve à bord d’un autre vaisseau que celui-ci. Un seul vaisseau asgard n’aurait pu contenir à lui seul autant d’individus de votre espèce, sans compter votre matériel et la Porte des Etoiles de votre planète…
- Vous avez également télétransporté la Porte ? répéta Samantha, au comble de la surprise.
- Sacré Thor ! Vous avez pensé à tout, se réjouit O’Neill, un immense sourire aux lèvres. Sans vouloir être indiscret, combien de vaisseaux avez-vous dû affréter pour ce petit voyage ?
- Au total, quatre vaisseaux O’Neill. »
O’Neill poussa un petit sifflement admiratif. Il semblait décidément aux anges.
« Je croyais que vous ne pouviez pas nous aider, remarqua Daniel avec justesse. Non pas qu’on ne vous en soit pas reconnaissant…
- Le Haut Conseil Asgard a décidé d’organiser une expédition vers Atlantis. Nous espérons que cette cité, étant d’origine ancienne, pourra nous aider à trouver une solution à notre processus de clonage. Connaissant vos difficultés actuelles, nous avons décidé de vous prendre à notre bord par la même occasion. Vous nous avez aidé à vaincre les réplicateurs. Il aurait été injuste de ne pas vous aider à notre tour.
- Vous avez raison, Thor ! Les bons comptes font les bons amis ! »
Thor pencha légèrement la tête sur le côté, surpris par l’expression utilisée par O’Neill.
« Laissez tomber… En tout cas, nous vous remercions pour votre aide. C’est que ça commençait à chauffer pour nous.
- Mais laisser la Terre sans Porte des Etoiles n’est-il pas un peu dangereux ? Je veux dire, vis-à-vis des Goa’ulds et des Oriis ? insista Samantha, soucieuse.
- Ne vous inquiétez pas, colonel Carter. J’ai laissé un vaisseau asgard en orbite autour de la Terre. Mais je doute que votre planète ait quelque chose à redouter des Goa’ulds… Eux-même sont en pleine lutte contre la rébellion jaffa et les Oriis. La Terre n’est plus l’une de leurs préoccupations. Pour ce qui est de la menace Orii, il me semble que le mal est fait…
- Oui, vous avez sans doute raison. »
Thor se tourna vers O’Neill.
« J’ai fait téléporter les deux survivants du Fléau dans notre unité médicale pour quelques examens. Nous n’avons rien trouvé jusque là, mais peut-être pourront-ils nous apprendre quelque chose…
- Euh… J’en doute mais vous pouvez toujours essayé… Je crois qu’il faut plutôt que vous ayez une conversation avec la jeune femme survivante. Cela sera plus instructif…
- Puis-je me rendre auprès d’eux ? demanda Daniel impatiemment. Je crois qu’un peu de compagnie les rassurait… Ils n’ont pas vraiment l’habitude d’être téléporté dans un vaisseau, encore moins asgard… Sans vous offenser…
- Allez-y, docteur Jackson. Freyja vous y accompagnera.
- Permettez que je me joigne à vous, proposa Samantha. »
Un Asgard apparut lorsque la porte s’ouvrit automatiquement à l’approche de Daniel et Samantha, et tous deux lui emboîtèrent le pas lorsqu’il les invita à le suivre.
« Combien de temps le voyage jusqu’à Atlantis va-t-il durer ? demanda Teal’c.
- Environ deux jours.
- De nos heures terriennes ? souligna Jack.
- Oui O’Neill.
- Et bien j’espère que vous avez le câble sur votre vaisseau, Thor. »
Atlantis, galaxie de Pégase.
L’alarme retentit brusquement, obligeant le docteur Weir a abandonné ses occupations pour se rendre précipitemment en salle de contrôle. Depuis la dernière réunion ayant réuni les quinze membres dirigeant la mission Atlantis, la jeune femme avait été débordée : il avait fallu préparer de nouveaux espaces d’habitation, ce qui avait entraîné de nouveaux dispositifs de sécurité. Le docteur Beckett était au bord de la crise de nerfs, se préparant à chaque instant à recevoir dans son infirmerie une foule de blessés venant du SGC. A cela s’ajoutait des besoins en vivres plus importants, et plusieurs équipes d’Atlantis avaient dû partir en mission sur différentes planètes pour rencontrer de nouveaux partenaires commerciaux, ce qui n’avait plus qu’à moitié à Elisabeth, car cela risquait de révéler aux Wraiths la vérité sur leur situation. Ceux-ci pensaient toujours que la cité d’Atlantis avait été détruite, mais une nouvelle agitation semblait s’être emparée d’eux, et plusieurs membres de la cité craignaient des fuites éventuelles de la part de leurs nouveaux partenaires commerciaux.
« Que se passe-t-il Bradford ? s’enquit le docteur Weir dès son arrivée en salle de contrôle, où se trouvaient déjà Sheppard et McKay.
- C’est la Porte des Etoiles, madame. Quelqu’un de l’extérieur est en train d’établir une connexion…
- Préparez-vous à fermer l’iris dans ce cas. »
Le vortex s’ouvrit, et le major Sheppard activa presque immédiatement l’iris protecteur. Faisant cela, il jeta un coup d’œil sur l’adresse de leurs mystérieux et inattendus visiteurs, affichée par le DHD du tableau de contrôle atlante, et releva la tête vers Weir, abasourdi.
« Il s’agit de l’adresse de la Terre…
- Comment ?! »
Elisabeth se précipita vers lui et vérifia par elle-même la véracité de ses paroles. Il ne s’était pas trompé.
« Ils auraient réussi à trouver un EPPZ ?! s’étonna McKay en ouvrant des yeux ronds.
- Ou une autre source d’énergie suffisamment puissante, hasarda Elisabeth en souriant, les yeux remplis d’espoir.
- Ni l’une ni l’autre de ces solutions en vérité, déclara une voix grave derrière eux. »
Plusieurs techniciens présents dans la salle de contrôle poussèrent de petits cris de surprise, tandis que Sheppard, McKay et Weir faisait volte-face… pour se retrouver nez à nez avec Thor, ou tout du moins son hologramme.
« C’est un asgard, murmura McKay, stupéfait.
- Merci pour cette précision, Rodney. Je n’aurais jamais deviné tout seul. »
Malgré son ton ironique, Sheppard semblait complètement ébahi.
« Commandant Thor, c’est une joie de vous voir, le salua Weir avec un sourire.
- La joie est partagée, docteur Weir.
- Que nous vaut l’honneur de votre… apparition ? demanda Sheppard en s’approchant de l’hologramme, un peu méfiant cependant.
- Quatre vaisseaux asgards sont actuellement en orbite autour de l’une des lunes de cette planète. Le général O’Neill, qui se trouve à mes côtés, souhaiterait savoir si Atlantis a pris sa décision concernant sa demande d’asile.
- Nous sommes prêts à les accueillir dès maintenant, répondit Elisabeth. Mais vous dites que le général O’Neill est avec vous ?
- Oui, en compagnie de l’équipe SG1. Et du reste du personnel du SGC.
- Alors ça c’est impossible, parce que la Porte des Etoiles de la Terre vient de se connecter à la Porte d’Atlantis, rétorqua McKay.
- La Porte des Etoiles terrienne se trouve également à bord de nos vaisseaux. C’est pour cela qu’elle a pu se connecter à la votre sans difficulté…
- Et sans avoir besoin qu’une quantité importante d’énergie, termina Elisabeth, les yeux illuminés par la compréhension. Très bien.
- Nous souhaiterions que le transfert des membres du SGC s’effectue par la Porte des Etoiles, précisa Thor. Leur téléportation à bord de nos vaisseaux, ainsi que tout leur matériel en plus de la Porte des Etoiles, a nécessité une grande quantité d’énergie et nous souhaiterions économiser une autre dépense énergétique…
- Bien sûr. Je vais donner l’ordre de désactiver l’iris. Vous pouvez nous envoyer les équipes du SGC quand il vous plaira.
- Fort bien. Je me joindrais aux premiers arrivants. J’ai une demande à formuler auprès de votre équipe. »
L’hologramme disparut instantanément. McKay, Sheppard et Weir se jetèrent un regard intrigué.
« Une demande de la part des Asgards ? Habituellement c’est plutôt nous qui sollicitons leur aide, remarqua McKay, cyniquement.
- O’Neill m’avait parlé de certaines de leurs difficultés…
- En tout cas, tout ça nous enlève un souci majeur.
- Ah oui ? Et lequel Rodney ?
- Eh bien maintenant, on n’a plus à s’inquiéter que les Wraiths prennent le contrôle de notre Porte des Etoiles, vu qu’elle se trouve ici… Comme ça, à leur prochaine attaque, on pourra vraiment faire exploser la cité.
- McKay, maugréa Sheppard en faisant la moue. Vous êtes irrécupérable…
- Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ? »
Atlantis, salle d’embarquement, galaxie de Pégase.
« Docteur Weir !!! Ça fait sacrément plaisir de vous revoir !!!
- Général O’Neill… Bienvenu sur Atlantis. »
La jeune femme s’avança vers le militaire et lui serra chaleureusement la main. Elle ne put s’empêcher de sourire en voyant son regard surpris et admiratif lorsqu’il regarda autour de lui.
« Dites, c’est une sacrément belle installation que vous avez là… Bien plus esthétique que celle du SGC… Je vais peut-être penser à me faire muter ici…
- Eh bien, techniquement parlant, c’est vous le nouveau chef militaire de la base à présent, remarqua judicieusement le major Sheppard en saluant O’Neill à la façon militaire.
- Repos, major. Alors, vous n’avez pas trop pris goût au pouvoir ?
- Non, mon général, ça peut aller de ce côté-là. Et puis le docteur Weir était là pour me remettre à ma place.
- Oui… Humm… On devrait peut-être s’écarter de là. Le reste du SGC ne devrait pas tarder à arriver à son tour, et ils sont plutôt chargés… Vous allez voir, on vous a ramené plein de souvenirs de la Terre. »
SG1 traversa à son tour la Porte.
« Colonel Carter ! Quelle joie de vous revoir ! s’écria McKay ironiquement.
- Ah oui, j’avais complètement oublié que vous aviez été affecté à la mission Atlantis, docteur McKay…
- Vous voulez peut-être retourner sur le vaisseau asgard, histoire de vous remettre de ce choc…
- Non, je pense que ça ira… Et puis, à ce que je vois, Atlantis est suffisamment grande pour que je parvienne à vous éviter.
- Désolé d’interrompre ces émouvantes retrouvailles, Carter, mais je crois que je vous ai confié quelques menues tâches, les coupa O’Neill.
- Désolée mon général… »
Daniel s’était un peu éloigné du groupe et avait déjà commencé à examiner l’ensemble de la salle d’embarquement d’Atlantis, absolument émerveillé.
« Daniel, et vos bonnes manières ?
- Je vous demande pardon, Jack ?
- Vous pourriez au moins saluer nos hôtes avant de vous lancer dans l’exploration de cette cité…
- Mais Jack, cet endroit est absolument stupéfiant ! C’est…
- Il est ravi de vous revoir, se sentit obligé de préciser O’Neill à l’adresse de Weir.
- Oui, j’avais compris, général. »
Deux équipes du SGC avaient déjà débarqué, transportant avec elle une quantité incroyable de matériel en tout genre.
« J’espère que vous avez de très grands placards…
- On devrait pouvoir s’arranger, le rassura Elisabeth en s’approchant de l’un des chars de transport. Mais ce sont les archives du SGC, n’est-ce pas ?!
- En effet. Nous avons dû faire un peu de ménage là-bas… Nous avons également emporté avec nous tous les artefacts trouvés depuis le début des missions Stargate… C’était une nécessité, disons. »
Elisabeth Weir se tourna vers O’Neill, le visage interrogateur.
« Je crois qu’il faut que je vous explique deux ou trois choses… Mais je dois d’abord m’assurer du bon déroulement de notre installation. Thor sera ici dans une petite heure à peu près.
- Très bien. Mes hommes sont à votre entière disposition. Major Sheppard, lorsque tout sera terminé, veuillez conduire le général ainsi que SG1 en salle de briefing, et convoquez le reste de l’équipe d’Atlantis pour une mise au point de la situation.
- A vos ordres, madame. »
Infirmerie, Atlantis, galaxie de Pégase.
L’équipe médicale d’Atlantis, épaulée par celle du SGC, s’affairait autour des militaires blessés du SGC. Fort heureusement, les Asgards s’étaient déjà occupés du plus gros travail de soin et la plupart des patients étaient dans un état stable et peu préoccupant. Laissant le soin au docteur Lam de superviser les traitements, Carlson Beckett examinait à présent, à la demande du docteur Weir, l’état de santé de la famille Hanlow, et plus particulièrement de Tommy et Gabrielle. Celle-ci commençait à s’exaspérer de tous ces examens médicaux, tandis que le garçonnet semblait au contraire trouver ça amusant, d’autant que les appareils médicaux d’Atlantis ne ressemblaient à rien de ce qu’il connaissait.
« Est-ce que ça vous fait mal lorsque j’appuie ici ? demanda-t-il à Gabrielle en appuyant sur sa nuque, à l’emplacement de la petite tâche brune.
- Non… Je me sens bien, je n’ai mal nulle part… J’ai déjà été ausculté par le docteur Lam sur Terre, et par la Asgard Freyja… Je crois que ça suffit comme ça maintenant !
- Je ne fais qu’obéir aux ordres. Il faut que vous compreniez que, même si vous êtes guérie a priori du Fléau, vous restez une menace pour cette cité.
- Moi, une menace ?! Vous plaisantez ?!!!
- Qui c’est si des membres d’Atlantis ne vont pas être infectés par…
- CE N’EST PAS UNE MALADIE !!! »
Elle se leva d’un bond de la couchette où elle était assise et lançant au docteur un regard courroucé. Le pauvre Beckett semblait tellement ennuyé qu’elle finit par se calmer.
« Physiologiquement, je suis parfaitement semblable à vous, docteur. Mais si ça peut vous rassurer de nous faire tous ces tests, allons-y… Que reste-t-il à passer ?
- Une sorte d’IRM version atlante… Rien de bien méchant. »
Il l’amena à une sorte de couchette au-dessus de laquelle se trouvait un appareil étrange, d’origine ancienne. Elle s’y allongea, bras tendus le long du corps.
« Bien. Vous semblez effectivement en bonne santé…
- C’est ce que je me tue à vous expliquer.
- Eh bien je suis déso… Attendez, qu’est-ce que c’est que ça ? »
Pressentant une mauvaise nouvelle, la jeune femme s’approcha de l’écran affichant ses caractéristiques physiologiques. Beckett avait zoomé sur l’IRM de son cerveau : différentes couleurs le coloraient, leurs vivacités dépendant de l’intensité de l’activité cérébrale de certaines zones.
« Je ne vois rien d’anormal.
- Vous voyez cet endroit ? demanda Beckett en désignant le bas de l’image, l’endroit où précisément était apparue la marque brune. Cette partie du cerveau humain est habituellement très peu active… En fait, il existe plusieurs zones du cerveau humain que nous ne sollicitons pas. Mais chez vous, cette zone semble connaître une hyperactivité… C’est étonnant…
- Etonnant ? Mais en termes clairs, ça veut dire quoi ?
- Je n’en sais rien… Nous ignorons totalement à quoi servent les parties végétatives du cerveau humain… Mais il se pourrait que ce soit une des raisons de votre résistance au Fléau…
- Ou bien une conséquence.
- Oui, en effet… Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir. Je vais également faire passer une IRM à Tommy. S’il possède la même suractivité cérébrale, alors que c’est vous théoriquement qui l’avez guéri, alors cela voudrait dire qu’il s’agit d’une conséquence de votre guérison. Mais dans le cas contraire…
- Dans le cas contraire, vous aurez peut-être trouvé une piste pour combattre le Fléau… Parfait… Au moins, vous ne perdez pas de temps, vous ! »
Re: [FanFic] La troisième évolution
Salle de briefing, Atlantis, galaxie de Pégase.
Cela faisait près de deux semaines déjà que les membres du SGC et les Asgards s’étaient installés sur Atlantis. Le docteur Weir avait accepté de donner un libre accès à leurs alliés extraterrestres de l’ensemble des données contenues dans la base informatique de la cité. Les Asgards s’étaient établis dans l’un des nombreux laboratoires des anciens, mais avaient conservé leurs quartiers de vie sur leurs vaisseaux, ce qui avait arrangé le major Sheppard qui avait craint un surcroît de sécurité à fournir. Quelques scientifiques Asgard avaient même proposé leur aide au docteur Beckett et McKay dans le cadre de leurs travaux et recherches actuelles.
Les équipes du SGC s’étaient presque parfaitement intégrées à celles d’Atlantis. En réalité, leur arrivée et l’apparition de nouveaux visages amis avaient donné un nouveau souffle et un regain de motivation au personnel de la mission Atlantis, même si l’annonce des évènements dramatiques passés sur Terre et la quasi-certitude d’avoir perdu des proches les avait également beaucoup affectés.
Le docteur Weir et O’Neill avaient décidé d’un commun accord d’organiser tous les deux jours une réunion en salle de briefing avec l’ensemble des responsables de recherches des unités SGA, SGC et Asgardes. Alors que les travaux asgards s’annonçaient longs et complexes, le problème du Fléau lui en revanche avait pris une tournure inattendue et soudaine.
« Et vous dites que ces deux survivants présentent la même anomalie cérébrale au même endroit ?
- Oui, docteur Weir. Exactement au-dessus de l’endroit où les tâches brunes sont apparues. Mais ce n’est pas le plus stupéfiant.
- Ah non ? s’étonna O’Neill que le précédent rapport scientifique asgard avait littéralement assomé.
- Nous vous avons déjà expliqué que cette zone cérébrale était en principe végétative chez l’ensemble des êtres humains, et que chez nos deux patients, elle ne l’était plus, bien au contraire. Ces secteurs de leurs cortexs cérébraux présentent une forme d’hyperactivité due sans doute à…
- Carlson, le coupa gentiment Elisabeth. Allez droit au but, s’il vous plaît.
- Eh bien, dans le cas de Gabrielle uniquement, il semblerait que toutes les nombreuses autres zones inactives de son cerveau présentent les premiers signes d’un réveil imminent. C’est un cas médical sans précédent ! C’est stupéfiant ! »
Le docteur Beckett exultait. L’entrain du docteur Lam semblait un peu plus modéré.
« Cela aurait donc un rapport avec leur guérison, n’est-ce pas ?
- Oui, docteur Weir, sans aucune hésitation. J’ai fait passer de nombreux IRM à d’autres membres du SGC, et aucun ne présente de telles anomalies.
- Le plus étrange, intervint le docteur Lam. C’est que l’amplification du phénomène ne semble toucher que Gabrielle… Nous supposons que c’est dû au fait qu’elle ait guéri il y a déjà un peu plus de huit mois maintenant. Mais il est plus que probable que le jeune garçon connaisse les mêmes effets d’ici quelques semaines.
- Est-ce dangereux pour eux ? s’inquiéta O’Neill en fronçant les sourcils.
- Non, pas à première vue. Gabrielle semble simplement un peu plus fatiguée que d’ordinaire. Mais hormi cette fatigue, aucun trouble n’est apparu. »
Les scientifiques présents chuchotaient entre eux à présent, s’échangeant leurs impressions. Agacé par leur brouhaha, O’Neill s’adressa de nouveau à Beckett suffisamment fort pour faire stopper la plupart des conversations.
« Ce phénomène ne présente aucun danger pour le reste des habitants de la cité, n’est-ce pas ?
- Non. Le docteur Lam et moi pensons qu’il s’agit là d’un effet involontaire de la résistance au Fléau… Après tout, nul n’était censé en sortir vivant.
- Donc vous ne préconnisez pas de mise en quarantaine, insista soudain Kavanagh, visiblement déçu.
- Non, nous n’en voyons pas l’utilité, en effet, intervint le docteur Lam en jetant au scientifique un regard glacial. Cependant, si ça peut vous rassurer, cette jeune personne passe le plus clair de son temps à l’infirmerie, à passer des examens et à se reposer. Mais de toutes façons, docteur Kavanagh, même si le Fléau venait à sévir dans la cité, ce n’est pas une mise en quarantaine qui l’arrêtera. Je vous rappelle qu’il ne s’agit pas d’une maladie, mais d’intrusions mentales. Les murs sont donc une barrière inefficace.
- Oui, enfin, ça c’est l’une des malades qui vous l’a appris, remarqua Kavanagh avec mépris. La véracité de ses paroles peut donc être remise en question.
- Par un esprit aussi étriqué que le votre, sans doute, répondit sèchement O’Neill. En attendant, cette jeune personne est la première survivante d’un mal qui a causé des milliards de morts, et elle a pu sauvé la vie d’un garçon de huit par-dessus le marché. Alors tant que vous n’en aurez pas fait autant, nous estimons tous ici que ses paroles ont plus de poids que toutes vos belles théories et critiques. »
Le scientifique s’empourpra violemment, mais se garda bien de répondre à O’Neill.
« Bien. Je crois qu’il est temps d’achever cette réunion, annonça le docteur Weir avec un sourire. Merci à tous pour votre présence. »
Elle sortit de la salle presque aussitôt, le visage soucieux, suivis de Sheppard, McKay et Teyla, dont SG1 avait fait la connaissance quelques heures après leur arrivée.
« Le docteur Weir semble ennuyée, remarqua O’Neill à l’adresse de Beckett.
- Elle l’est. L’une des planètes sur laquelle nous avions établi des liens commerciaux a été victime d’un raid des wraiths il y a deux jours. La plupart des habitants ont été faits prisonniers, et le docteur Weir craint que l’un d’eux ne parlent de notre présence.
- Et c’est maintenant seulement que je l’apprends ! s’insurgea O’Neill en se précipitant vers la salle de contrôle. C’est à se demander qui porte le grade de général ici ! »
Samantha et Teal’c le suivirent en courant.
« Daniel… Vous pourriez passer à l’infirmerie, s’il vous plaît ?
- Pourquoi ça, docteur Lam ? Je me sens parfaitement bien.
- Gabrielle aimerait bien vous voir… »
L’archéologue leva vers le médecin un regard ennuyé.
« C’est vrai que je n’ai plus été la voir depuis notre arrivée ici… Mais j’ai beaucoup de travail, vous savez. Comme nous ignorons combien de temps nous allons rester, je souhaiterais travailler autant que possible sur Atlantis. Qui sait à quel moment je pourrais revenir une fois parti.
- Elle veut simplement avoir de vos nouvelles, insista le docteur Lam. Cela lui ferait du bien. A part moi, Carlson et la famille Hanlow, Gabrielle a peu de contact ici.
- Très bien. J’essaierais de passer dans la soirée, ça ira ?
- Parfait. Je vais lui annoncer votre visite, elle sera ravie. »
Salle des archives, Atlantis, galaxie de Pégase.
Gabrielle se fraya un passage au milieu des caisses et des chars de transport, que les équipes SGC n’avaient pas pris le temps de décharger. Ne contenant que des archives et des artefacts sans utilité immédiate, nul en effet n’était pressé d’y mettre de l’ordre. Elle fouilla un peu partout, à la recherche de rapports bien précis que le colonel Carter lui avait indiqué être entreposés dans une caisse spécifique. Mais le rangement du matériel s’était effectué avec une telle précipitation qu’un capharnaeum sans nom s’étalait devant Gabrielle, l’empêchant de trouver les dossiers qu’elle cherchait. Désespérant de trouver, la jeune femme avisa l’un des chars et décida d’y grimper, afin d’avoir une vue d’ensemble de la salle. En équilibre précaire sur les sacs rangés en vrac sur le char, elle regarda autour d’elle, les yeux plissés et les sourcils froncés.
« Mais qu’est-ce que vous faites là-dessus ? »
Surprise, la jeune femme se tourna vivement en direction de la porte, mais les sacs n’étant pas stables, elle perdit l’équilibre. Elle ferma les yeux, prête à subir le choc de sa chute, mais deux bras puissants la rattrapèrent juste à temps.
« Merci Teal’c, dit Gabrielle en souriant au jaffa. Sans vous, je me serais fait sans doute très mal…
- Je vous en prie. Ce fut un plaisir.
- Vous pourriez peut-être la poser maintenant ? »
Daniel adressa à un Teal’c un sourire obligé, mais son regard brillait d’une lueur que le jaffa ne lui avait jamais vu. La jeune femme, une fois de retour sur la terre ferme, partit en direction de l’un des coins de la salle d’archives.
« Que faites-vous, Gabrielle ? demanda Teal’c.
- J’essaie de trouver les rapports rédigez par SG1 concernant vos rencontres avec les Anciens. J’ai déjà pris connaissance de ceux des équipes d’Atlantis, mais c’est insuffisant… »
La jeune femme disparut derrière un empilement de caisses et de conténaires.
« Il me semble les avoir vu dans le bureau de Daniel Jackson. »
Gabrielle surgit aussitôt, les cheveux en bataille, les joues rouges.
« Cela fait près d’une demi-heure que je les cherche, reprocha-t-elle à l’archéologue qui ne put retenir un sourire amusé en voyant son allure débraillée.
- Si vous étiez venue me voir directement, vous n’auriez pas perdu votre temps.
- Oh mais j’ai essayé, docteur Jackson ! L’ennui c’est que vous êtes très difficilement joignable ces temps-ci… »
Son ton était devenu froid et dur. Elle lança un regard noir à l’archéologue.
« J’ai été très occupé ces temps-ci…
- Au point d’oublier une visite que vous aviez promis au docteur Lam ?! »
Il déglutit péniblement, mais s’efforça de garder le sourire et son air détaché.
« Je suis désolé et vous présente mes excuses, ça vous convient ? »
Elle lui adressa un sourire narquois.
« Très, mais même si je vous pardonne, je ne suis pas prête d’oublier ça, docteur Jackson. »
Daniel gromela quelque chose, qu’elle ne comprit pas.
« Seriez-vous rancunière, Gabrielle ? s’étonna Teal’c en fronçant les sourcils.
- Non, Teal’c, je ne le suis par d’ordinaire… Seulement envers les personnes que j’aime bien, c’est tout. Parce que ça me blesse plus particulièrement. »
Teal’c observa Daniel et Gabrielle à tour de rôle, sentant bien que la joute verbale qui les opposait tous deux revêtait bien plus qu’un simple caractère amical.
« On pourrait peut-être aller chercher ces dossiers tout de suite ? proposa la jeune femme pour rompre le silence qui s’était installé.
- Je dois retourner auprès d’O’Neill… Thor l’a convoqué en salle de contrôle, mais sans en spécifier la raison.
- Très bien, Teal’c. Allez-y, je vous y rejoindrais dès que j’aurais accédé aux caprices de cette jeune personne. »
Teal’c les salua, puis quitta la pièce non sans redouter que leur petite altercation ne dérape en une lutte plus violente et physique, aux vues de leurs caractères bien trempés. Daniel invita galament d’un geste de la main la jeune femme à sortir de la salle des archives, et tous deux prirent la direction des nouveaux quartiers de vie, où avait dû être installé le bureau du docteur Jackson. Aucun des deux ne parla durant tout le chemin.
Une fois arrivés dans la pièce, Daniel saisit une petite pile de dossiers sur l’une des étagères murales et les tendit à Gabrielle.
« Que comptez-vous en faire ?
- Mieux comprendre la psychologie ancienne… Et peut-être aussi trouver un moyen de les convaincre de nous aider.
- Rien que ça ?! pouffa Daniel, moqueur.
- Je n’ai pas la solution, Daniel.
- Tiens vous m’appeler à nouveau par mon prénom.
- Je suis sérieuse : je n’ai pas la solution. Je ne suis pas la solution. »
Le ton sérieux et plein d’applomb de Gabrielle le fit cesser de rire. Il sonda son regard, ne saisissant soudain que trop le sens de ses paroles.
« Le fait que vous ayer sauvé Tommy tend à prouver le contraire. Ce que vous dites est ridicule, Gabrielle. Vous possédez la solution au Fléau. Il faut simplement trouver comment exploiter ce potentiel…
- Vous parlez de moi comme si j’étais une chose… une machine… Le docteur Beckett parle de moi comme si j’étais une rareté biologique, et les autres scientifiques, comme ce Kavanagh, me considèrent comme une erreur de la nature…
- Où voulez-vous en venir ?
- Je ne suis rien de tout ça, Daniel !!! Je ne suis ni une héroïne, ni une exception naturelle, ni quoi que ce soit d’autre !!! Mais vous avez tous tellement peur de ce qui peut arriver que vous refuser de voir la vérité en face ! Et maintenant que je suis là, vous avez trouvé le bouclier parfait pour vous voiler la face.
- C’est la peur et la fatigue qui vous font dire de telles choses…
- Oui, j’ai la frousse ! Une trouille monstrueuse de tout ça, de cette cité, de ce qui se passe dans ma tête ! Et je suis fatiguée de porter l’espoir de tout un peuple toute seule, simplement parce que j’ai eu la chance, si s’en est vraiment une, de survivre à cette abomination de Fléau…
- Gabrielle, murmura Daniel d’un tom apaisant en s’approchant d’elle. Calmez-vous…
- Ne m’approchez pas, Daniel ! J’ai l’esprit suffisamment embrouillé comme ça sans avoir à gérer en plus des sentiments que je suis incapable ni de comprendre, ni de maîtriser. S’il vous plaît, restez où vous êtes. »
Daniel ne bougea plus, trop stupéfait par les paroles de Gabrielle pour avoir encore l’idée de remuer ne serait-ce que les mains. Elle le fixait, les yeux larmoyants et suppliants, troublés par deux désirs opposés : l’un qu’il passe outre ce qu’elle venait de lui dire et qu’il la prenne contre lui, l’autre de quitter la pièce sans plus attendre.
« Je ne suis pas la solution, répéta-t-elle plus lentement. Et Tommy non plus. Aucun homme ne l’est. Vous le savez. Tout le monde le sait, mais nul n’ose le dire, parce que cela risquerait de faire voler en éclat l’unique espoir de tous nous sauver.
- Et d’après vous, Gabrielle, quelle serait cette vérité si terrible ?
- L’humanité ne peut rien contre le Fléau. Elle ne peut qu’y survivre. Les seuls capables d’y mettre un terme seraient les Anciens…
- Mais ils refusent d’intervenir dans le cours de l’évolution des autres êtres vivants. »
Ce n’était pas une protestion que Daniel venait de formuler, mais une simple et froide constatation. Il sut, en disant cela, que Gabrielle avait visé juste. Il le savait depuis longtemps déjà, il était mieux placé que quiconque pour le savoir, étant donné son ancienne existence d’Ascendant.
« C’est injuste, murmura Daniel en se laissant tomber sur une chaise, près de son bureau. C’est un combat perdu d’avance…
- Peut-être pas. Nous pouvons toujours essayé de les convaincre de nous aider. Tous les Anciens ne se sont pas soumis à leur première loi de non-intervention… Daniel… »
Il avait l’air tellement abattu par cette révélation, par cette vérité qu’il s’était caché… Il leva vers Gabrielle un regard perdu, un regard d’enfant égaré au milieu d’une forêt sombre. Elle s’approcha de lui, attendrie soudain par ce regard. Il semblait tellement fort, tellement sûr de lui, tellement calme et serein la plupart du temps. Tous ces traits de caractère cachaient en réalité quelque chose de plus sensible… Quelque chose qu’il avait préféré garder cacher depuis la mort de Sha’re. Elle prit son visage dans ses mains, un doux sourire aux lèvres.
« Certains Anciens se sont rebellés contre cette loi… Tout espoir est encore loin d’être perdu… Moi, j’y crois en tout cas…
- Et j’ai très envie de croire en ce que tu dis… »
C’était la première fois qu’il la tutoyait. Un frisson la parcourut à ces mots. Il passa ses bras autour de sa taille, l’attira à lui. Elle pencha son visage vers le sien, effrayée par les différentes émotions et sensations qui s’emparaient d’elle successivement.
« Gabrielle, je… »
Elle mit un doigt sur sa bouche pour l’empêcher de parler. Elle n’était pas prête à entendre ces mots-là encore. C’était trop tôt. Leurs lèvres n’étaient plus qu’à quelques centimètres. Leurs souffles se mêlaient déjà. Leurs bouches s’effleurèrent et…
« Les responsables de recherches des unités SGC, SGA et asgardes sont convoquées de toute urgence en salle de briefing !!! »
L’appel fut répété une seconde fois, puis le silence revint. Gabrielle s’écarta vivement de Daniel, le visage écarlate, les yeux baissés, une intense frustration et un immense soulagement se disputant son esprit. Daniel se leva précipitemment, et quitta la pièce sans un mot ni un regard pour la jeune femme, troublé et passablement désorienté.
Salle de briefing, Atlantis, galaxie de Pégase.
Thor se tenait debout face à l’assemblée des plus hauts membres du SGC et d’Atlantis.
« Il y a quelques heures, nos vaisseaux ont reçu une transmission provenant du vaisseau-guetteur laissé en orbite autour de la Terre. »
Sheppard esquissa une grimace, et gromela un « ça n’est pas une bonne nouvelle » à l’oreille de Teyla, dont le visage était grave et le regard fixé sur le Asgard.
« Ce message nous a appris une reprise de l’activité dévastatrice du Fléau parmi les habitants de votre planète. Le nombre de morts depuis votre départ représenterait déjà plus de dix milliers d’individus. »
La nouvelle fut accueillie par une vague de murmures catastrophés. O’Neill se leva de son fauteuil, et prit la parole.
« Je suis au regret de reconnaître qu’il existe une forte probabilité pour que ce soit notre départ qui ait provoqué une telle recrudescence du Fléau… Aussi ai-je décidé de repartir sur Terre en compagnie de tous les membres du SGC qui souhaiteraient m’accompagner. Thor s’est proposé généreusement de nous ramener sur Terre.
- Mais mon général, intervint Sheppard, choqué par ces deux nouvelles. L’accueil sur Terre risque d’être extrêmement tendu, et lourd de conséquences pour vous. Rien ne nous dit que vous serez les bienvenus…
- Je sais, major. Aussi emporterons-nous comme gage de bonne volonté et de paix la Porte des Etoiles, restée sur l’un des vaisseaux asgards. Voilà… Quelqu’un d’autre a-t-il quelque chose à ajouter ? »
Il y eu un silence gêné.
« Oui, moi. »
Tous les visages se tournèrent en direction des portes de la salle de briefing. Gabrielle s’avança au milieu de la pièce, tremblante de se trouver ainsi face à autant de personnes, mais la détermination marquant ses traits.
« Retourner sur Terre ne changerait rien, général. Je puis vous l’assurer. Tout ce que vous parviendrez à faire, c’est vous mettre en danger…
- Et pourquoi est-ce une si mauvaise idée ? insista O’Neill que l’intervention de Gabrielle ne semblait pas vraiment contrariée, au contraire.
- Si le Fléau a pu reprendre son travail de mort, c’est parce que la population terrienne s’est rendue compte de son erreur par le biais de votre départ. Vous n’avez fait qu’accélérer un processus fatal de toutes façons…
- Mais nous ne pouvons rester ici les bras croisés ! intervint McKay.
- Ce n’est pas ce que j’ai dit, docteur McKay. »
Elle étudia les visages de son auditoire d’un rapide coup d’œil, en prenant soin d’éviter celui de Daniel.
« Le docteur Beckett estime ne pas être en moyen de trouver une solution au Fléau à partir de votre cas et celui de l’enfant avant un certain temps, souligna Samantha, soucieuse. Nous ne pouvons attendre aussi longtemps…
- Vous ne tirerez de toutes façons rien de moi, ni de Tommy. Et vous le savez. Le Fléau n’est pas une maladie. Le Fléau est un mal infligé à la Terre par les Oriis. L’unique moyen de s’en débarasser est d’éradiquer la source émettrice de ce mal. »
Tous s’échangèrent des regards explicites.
« Vous voulez vous attaquer aux Oriis ? finit par lâcher McKay, railleur. Les mutations de votre cerveau vous ont fait perdre la raison…
- Je sais que ça a l’air dingue. Mais il n’y a aucune autre solution…
- Nous n’avons aucun moyen de battre les Oriis, intervint Samantha. C’est comme si vous nous suggériez d’attaquer les Anciens…
- C’est justement là où elle veut en venir, Sam. »
Samantha lança un regard étonné et sceptique à l’archéologue. Celui-ci semblait abattu et fatigué, mais son regard brillait d’une nouvelle énergie.
« Ce que Gabrielle essaie de vous faire comprendre, c’est qu’elle ne possède pas la réponse à notre problème. Elle est parvenue à se défendre du Fléau en puisant dans ses propres ressources, mais elle n’est qu’un cas bien particulier. Elle a réussi à sauver Tommy également, mais elle n’a fait que lui montrer la voix. C’est l’enfant qui a fourni le plus gros de l’effort dans son combat contre le Fléau. Ils ont tous deux survécu, mais l’humanité reste impuissante face à ce mal…
- Autrement dit, on n’a plus qu’à se tirer une balle dans le caisson, grogna McKay.
- Rodney, je ne crois pas que ce soit cela que le professeur Jackson essaie de vous dire, le réprimanda Weir. Je vois où vous voulez en venir… Vous pensez tous deux que nous, en tant que simples hommes, sommes incapables de régler le problème. Mais il existerait d’autres êtres capables de le faire : les Anciens.
- C’est tout à fait ça, acquiessa Daniel.
- C’est du délire ! s’écria McKay en pouffant nerveusement, et en levant les yeux au ciel. »
Il y eut un nouveau silence.
« Les wraiths et les goa’ulds sont les ennemis, disons, naturels de l’humanité. Ils ont besoin des hommes pour survivre. Et jusqu’ici vous êtes parvenus à vous en défendre, est-ce exact professeur McKay ? »
Rodney approuva silencieusement, d’un signe de la tête. Gabrielle reprit :
« Mais les Oriis n’ont pas besoin de nous pour exister. Ils sont une évolution particulière des Anciens, qui n’ont rien fait pour les empêcher d’évoluer de cette manière, alors qu’ils possèdent une lourde part de responsabilité dans ce processus.
- C’est bien beau de dire ça, mais ça ne change rien. Les Anciens refuseront de nous aider à combattre les Oriis. Nous ne sommes rien à leurs yeux ! Ils refusent d’intervenir dans les affaires des autres êtres vivants…
- C’est pourtant ce qu’ils ont fait, en créant involontairement les wraiths, puis en influençant l’évolution des Oriis. »
Rodney soupira, lassé. Il savait qu’il y avait une part de vérité dans les paroles de Gabrielle, mais cela ne changerait rien.
« Peut-être pourrions-nous essayé de mettre les Anciens face à leurs responsabilités, de telles façons à ce qu’ils soient obligés de nous aider, proposa finalement la jeune femme.
- Ils refuseront d’écouter, répondit McKay, harassé. Ils ont fait l’Ascension pour échapper justement à leurs responsabilités et ne plus faire d’erreur… Votre idée est vouée à l’échec.
- Vous en avez peut-être une autre, vous ?! s’emporta Gabrielle. »
O’Neill rejoignit la jeune femme, qui était toujours debout face à eux.
« Restez calme, Gabrielle… Il est normal que votre idée rende tout le monde un peu sceptique…
- Mais pendant que nous parlons, d’autres gens meurent sur Terre… Ils ignorent ce qui s’y passe. Ils n’ont pas vu tous ces camions chargés d’amener les corps aux crématoriums, ils n’ont pas ressenti la douleur de voir ses proches s’éteindre les uns après les autres lentement, sous leurs yeux. Ils n’ont pas vécu tout ça, et pourtant ils condamnent une idée, la seule proposée jusqu’à présent !
- Nous vous avons, vous… Peut-être que…
- Non, général ! Vous ne comprenez pas ! Je ne suis pas la solution !!! Je n’ai aucun moyen de vous aider !!! Aucun ! »
Elle tremblait de tout son corps, écoeurée par la passivité apparente des gens qui se tenaient face à elle. Daniel se leva et la prit contre lui, la berçant doucement pour la calmer. O’Neill observa les membres du SGC et d’Atlantis, dans l’attente, dans l’espoir que l’un d’eux trouve soudain la réponse tant souhaitée. Le docteur Weir en faisait de même, attristée par l’état dans laquelle se trouvait Gabrielle, trahissant un désespoir que nul ne voulait voir. Le regard de Weir et O’Neill s’attardèrent sur McKay, dont le visage semblait s’être figé.
« McKay ? l’appella Elisabeth, inquiète.
- Eh… Quoi ?
- Ça ne va pas ?
- Je réfléchissais aux paroles de Gabrielle… »
La jeune femme, dont la figure était cachée dans le cou de Daniel, leva ses yeux humides vers lui. Daniel la tenait tout contre lui, et avait passé un bras autour de sa taille. Son autre main était perdue dans l’épaisse chevelure aux reflets roux de la jeune femme. Mc Kay ne put s’empêcher d’éprouver une légère pointe d’envie.
« Jusqu’à présent, les rares fois où nous avons voulu négocier avec les Anciens, nous nous sommes contentés de les convaincre verbalement, en faisant simplement valoir nos arguments et notre point de vue.
- C’est difficile de pratiquer autrement, remarqua Sheppard avec un sourire ironique.
- Laissez-moi finir avant de vous moquer, voulez-vous ? Bon, en plus, jusqu’à présent, à chaque fois que nous leur avons parlés, c’était pour leur demander une aide dont nous n’avions en réalité pas tellement besoin.
- Ah bon ? Je crois qu’un coup de main lors de la dernière attaque wraith n’aurait pas été superflu, remarqua Samantha, dubitative.
- Oui, pas superflu, certes, mais pas indispensable, puisque nous nous en sommes sortis ! C’est là où je veux justement en venir…
- Je crois que je commence à vous suivre, murmura Sheppard, une lueur de compréhension faisant cintiller ses prunelles. Vous pensez que si les Anciens nous ont toujours refusé la moindre aide, c’était parce qu’ils se doutaient que nous trouverions une autre solution…
- Je suis étonné que vous ayez saisi aussi vite.
- Je fais des efforts pour m’améliorer.
- Mais imaginez que nous n’ayons pas trouvé de solution, observa Teyla.
- Oui, bon… Mais ce n’est pas arrivé.
- Donc d’après vous, poursuivit O’Neill en plissant le front. Ils n’interviennent pas parce qu’ils… croient qu’on est suffisamment grands pour s’en sortir.
- Oui. Jusqu’ici, nous avons toujours trouvé une parade contre les wraiths et les goa’ulds. Mais aujourd’hui, le problème est différent…
- Alors pourquoi n’interviennent-ils pas ? interrogea Samantha.
- Parce qu’ils sont toujours persuadés que nous avons les capacités pour nous en sortir…
- Sauf que ce n’est pas le cas, cette fois, acheva Gabrielle.
- C’est justement là que vos dernières paroles prennent un sens. Nous ne sommes jamais parvenus à les convaincre en leur parlant, et je suis certain que si nous réessayons encore cette fois-ci, même avec une situation aussi catastrophique, ils refuseraient encore de nous secourir. Il n’existe pas de mot suffisamment fort pour les persuader que notre cause est désespérée…
- Dans ce cas, c’est peine perdue, soupira Samantha. Si vous êtes certain qu’ils ne nous écouteront pas…
- Ils ne nous écouteront pas, c’est certain, la coupa McKay avec applomb. Mais ils pourront voir… »
Tous échangèrent des regards interrogateurs. Visiblement, aucun n’avait saisi le sens des paroles du scientifique.
« Vous voulez les emmener sur Terre, finit par lâcher O’Neill, un sourire sarcastique aux lèvres.
- Absolument pas, général. Mon idée, c’est qu’un Ancien fusionne avec l’un des membres du SGC, et voit par lui-même ce qui se passe sur Terre en visionnant ses souvenirs.
- Fusionner ?! »
McKay rougit en comprenant l’ambiguité de ses paroles. Sheppard, Carter et Beckett pouffèrent de rire devant son air embarassé.
« Euh… C’est un terme à ne pas prendre au pied de la lettre, général…
- Ce que le docteur McKay essaie de vous expliquer, c’est qu’il est possible à un Ancien de faire partager son esprit et ses impressions à un être humain, une fois sous sa forme d’énergie… Les deux esprits se mêlent l’un à l’autre, si vous préférez.
- Ah oui ! J’avais saisi, Carter… Mais c’est vraiment possible ?
- J’en ai déjà fais l’expérience avec Orlin, mon général, précisa Samantha, les joues roses.
- Et moi également, mon général, ajouta Sheppard après une hésitation. Avec une Ancienne rencontrée dans cette galaxie.
- Et vous, Daniel ? Pas souvenir d’avoir fusionné avec quelqu’un durant votre Ascension ?! »
Daniel perçut parfaitement le sous-entendu de la question d’O’Neill, mais se contenta de secouer la tête négativement en lui lançant un regard réprobateur.
« Et comment comptez-vous établir cette… fusion avec un Ancien ? questionna O’Neill, dont le bien-fondé de l’idée de McKay lui semblait plus que douteux.
- J’envisageais justement d’utiliser Chaya… l’Ancienne rencontrée par notre équipe il y a quelques mois, suggéra McKay. Elle est la seule avec qui nous avons pu nouer un contact… amical disons… N’est-ce pas, major ?
- Oui, on peut dire ça comme ça, Rodney, répondit Sheppard en le fusillant du regard.
- Vous vous rendez bien compte de l’improbable réussite qu’une telle mission représente ?! »
O’Neill semblait plus que jamais sceptique. Elisabeth, qui jusqu’ici s’était contentée d’écouter, décida d’intervenir devant l’air découragé de McKay.
« Général, cette idée est la seule que nous ayons et qui a une chance d’aboutir concrètement. Elle me semble tout à fait réalisable.
- Et si cette Ancienne… cette Chaya refuse, ou tout simplement nous annonce qu’elle ne peut pas nous aider ?
- Alors si les Anciens ne peuvent nous aider, je ne vois pas qui le pourra, répondit simplement Gabrielle. »
O’Neill lui jeta un regard ennuyé.
« Vous rendez-vous compte que si cette Ancienne accepte de fusionner avec l’un de nous, vous êtes la mieux placée pour accomplir cette mission ?
- Oui, j’en suis consciente, général.
- Qu’arrivera-t-il à Gabrielle pendant que Chaya visionnera ses souvenirs ? s’enquit soudain Daniel, inquiet.
- Il y a des chances pour qu’elle se remémore tout ce qui s’est passé pendant que cette Ancienne lira sa mémoire, hasarda Sheppard après avoir jeté un coup d’œil à Samantha. Ce sera certainement pénible…
- Êtes-vous vraiment prête à subir une telle épreuve ?
- Oui, général. »
Gabrielle était devenue très pâle, mais sa voix trahissait une très forte volonté. Daniel reserra inconsciemment son étreinte.
« Parfait, dans ce cas, docteur Weir, je n’ai plus rien à ajouter.
- La mission est acceptée. Major, je vous charge de l’équipe qui accompagnera Gabrielle. »
Cela faisait près de deux semaines déjà que les membres du SGC et les Asgards s’étaient installés sur Atlantis. Le docteur Weir avait accepté de donner un libre accès à leurs alliés extraterrestres de l’ensemble des données contenues dans la base informatique de la cité. Les Asgards s’étaient établis dans l’un des nombreux laboratoires des anciens, mais avaient conservé leurs quartiers de vie sur leurs vaisseaux, ce qui avait arrangé le major Sheppard qui avait craint un surcroît de sécurité à fournir. Quelques scientifiques Asgard avaient même proposé leur aide au docteur Beckett et McKay dans le cadre de leurs travaux et recherches actuelles.
Les équipes du SGC s’étaient presque parfaitement intégrées à celles d’Atlantis. En réalité, leur arrivée et l’apparition de nouveaux visages amis avaient donné un nouveau souffle et un regain de motivation au personnel de la mission Atlantis, même si l’annonce des évènements dramatiques passés sur Terre et la quasi-certitude d’avoir perdu des proches les avait également beaucoup affectés.
Le docteur Weir et O’Neill avaient décidé d’un commun accord d’organiser tous les deux jours une réunion en salle de briefing avec l’ensemble des responsables de recherches des unités SGA, SGC et Asgardes. Alors que les travaux asgards s’annonçaient longs et complexes, le problème du Fléau lui en revanche avait pris une tournure inattendue et soudaine.
« Et vous dites que ces deux survivants présentent la même anomalie cérébrale au même endroit ?
- Oui, docteur Weir. Exactement au-dessus de l’endroit où les tâches brunes sont apparues. Mais ce n’est pas le plus stupéfiant.
- Ah non ? s’étonna O’Neill que le précédent rapport scientifique asgard avait littéralement assomé.
- Nous vous avons déjà expliqué que cette zone cérébrale était en principe végétative chez l’ensemble des êtres humains, et que chez nos deux patients, elle ne l’était plus, bien au contraire. Ces secteurs de leurs cortexs cérébraux présentent une forme d’hyperactivité due sans doute à…
- Carlson, le coupa gentiment Elisabeth. Allez droit au but, s’il vous plaît.
- Eh bien, dans le cas de Gabrielle uniquement, il semblerait que toutes les nombreuses autres zones inactives de son cerveau présentent les premiers signes d’un réveil imminent. C’est un cas médical sans précédent ! C’est stupéfiant ! »
Le docteur Beckett exultait. L’entrain du docteur Lam semblait un peu plus modéré.
« Cela aurait donc un rapport avec leur guérison, n’est-ce pas ?
- Oui, docteur Weir, sans aucune hésitation. J’ai fait passer de nombreux IRM à d’autres membres du SGC, et aucun ne présente de telles anomalies.
- Le plus étrange, intervint le docteur Lam. C’est que l’amplification du phénomène ne semble toucher que Gabrielle… Nous supposons que c’est dû au fait qu’elle ait guéri il y a déjà un peu plus de huit mois maintenant. Mais il est plus que probable que le jeune garçon connaisse les mêmes effets d’ici quelques semaines.
- Est-ce dangereux pour eux ? s’inquiéta O’Neill en fronçant les sourcils.
- Non, pas à première vue. Gabrielle semble simplement un peu plus fatiguée que d’ordinaire. Mais hormi cette fatigue, aucun trouble n’est apparu. »
Les scientifiques présents chuchotaient entre eux à présent, s’échangeant leurs impressions. Agacé par leur brouhaha, O’Neill s’adressa de nouveau à Beckett suffisamment fort pour faire stopper la plupart des conversations.
« Ce phénomène ne présente aucun danger pour le reste des habitants de la cité, n’est-ce pas ?
- Non. Le docteur Lam et moi pensons qu’il s’agit là d’un effet involontaire de la résistance au Fléau… Après tout, nul n’était censé en sortir vivant.
- Donc vous ne préconnisez pas de mise en quarantaine, insista soudain Kavanagh, visiblement déçu.
- Non, nous n’en voyons pas l’utilité, en effet, intervint le docteur Lam en jetant au scientifique un regard glacial. Cependant, si ça peut vous rassurer, cette jeune personne passe le plus clair de son temps à l’infirmerie, à passer des examens et à se reposer. Mais de toutes façons, docteur Kavanagh, même si le Fléau venait à sévir dans la cité, ce n’est pas une mise en quarantaine qui l’arrêtera. Je vous rappelle qu’il ne s’agit pas d’une maladie, mais d’intrusions mentales. Les murs sont donc une barrière inefficace.
- Oui, enfin, ça c’est l’une des malades qui vous l’a appris, remarqua Kavanagh avec mépris. La véracité de ses paroles peut donc être remise en question.
- Par un esprit aussi étriqué que le votre, sans doute, répondit sèchement O’Neill. En attendant, cette jeune personne est la première survivante d’un mal qui a causé des milliards de morts, et elle a pu sauvé la vie d’un garçon de huit par-dessus le marché. Alors tant que vous n’en aurez pas fait autant, nous estimons tous ici que ses paroles ont plus de poids que toutes vos belles théories et critiques. »
Le scientifique s’empourpra violemment, mais se garda bien de répondre à O’Neill.
« Bien. Je crois qu’il est temps d’achever cette réunion, annonça le docteur Weir avec un sourire. Merci à tous pour votre présence. »
Elle sortit de la salle presque aussitôt, le visage soucieux, suivis de Sheppard, McKay et Teyla, dont SG1 avait fait la connaissance quelques heures après leur arrivée.
« Le docteur Weir semble ennuyée, remarqua O’Neill à l’adresse de Beckett.
- Elle l’est. L’une des planètes sur laquelle nous avions établi des liens commerciaux a été victime d’un raid des wraiths il y a deux jours. La plupart des habitants ont été faits prisonniers, et le docteur Weir craint que l’un d’eux ne parlent de notre présence.
- Et c’est maintenant seulement que je l’apprends ! s’insurgea O’Neill en se précipitant vers la salle de contrôle. C’est à se demander qui porte le grade de général ici ! »
Samantha et Teal’c le suivirent en courant.
« Daniel… Vous pourriez passer à l’infirmerie, s’il vous plaît ?
- Pourquoi ça, docteur Lam ? Je me sens parfaitement bien.
- Gabrielle aimerait bien vous voir… »
L’archéologue leva vers le médecin un regard ennuyé.
« C’est vrai que je n’ai plus été la voir depuis notre arrivée ici… Mais j’ai beaucoup de travail, vous savez. Comme nous ignorons combien de temps nous allons rester, je souhaiterais travailler autant que possible sur Atlantis. Qui sait à quel moment je pourrais revenir une fois parti.
- Elle veut simplement avoir de vos nouvelles, insista le docteur Lam. Cela lui ferait du bien. A part moi, Carlson et la famille Hanlow, Gabrielle a peu de contact ici.
- Très bien. J’essaierais de passer dans la soirée, ça ira ?
- Parfait. Je vais lui annoncer votre visite, elle sera ravie. »
Salle des archives, Atlantis, galaxie de Pégase.
Gabrielle se fraya un passage au milieu des caisses et des chars de transport, que les équipes SGC n’avaient pas pris le temps de décharger. Ne contenant que des archives et des artefacts sans utilité immédiate, nul en effet n’était pressé d’y mettre de l’ordre. Elle fouilla un peu partout, à la recherche de rapports bien précis que le colonel Carter lui avait indiqué être entreposés dans une caisse spécifique. Mais le rangement du matériel s’était effectué avec une telle précipitation qu’un capharnaeum sans nom s’étalait devant Gabrielle, l’empêchant de trouver les dossiers qu’elle cherchait. Désespérant de trouver, la jeune femme avisa l’un des chars et décida d’y grimper, afin d’avoir une vue d’ensemble de la salle. En équilibre précaire sur les sacs rangés en vrac sur le char, elle regarda autour d’elle, les yeux plissés et les sourcils froncés.
« Mais qu’est-ce que vous faites là-dessus ? »
Surprise, la jeune femme se tourna vivement en direction de la porte, mais les sacs n’étant pas stables, elle perdit l’équilibre. Elle ferma les yeux, prête à subir le choc de sa chute, mais deux bras puissants la rattrapèrent juste à temps.
« Merci Teal’c, dit Gabrielle en souriant au jaffa. Sans vous, je me serais fait sans doute très mal…
- Je vous en prie. Ce fut un plaisir.
- Vous pourriez peut-être la poser maintenant ? »
Daniel adressa à un Teal’c un sourire obligé, mais son regard brillait d’une lueur que le jaffa ne lui avait jamais vu. La jeune femme, une fois de retour sur la terre ferme, partit en direction de l’un des coins de la salle d’archives.
« Que faites-vous, Gabrielle ? demanda Teal’c.
- J’essaie de trouver les rapports rédigez par SG1 concernant vos rencontres avec les Anciens. J’ai déjà pris connaissance de ceux des équipes d’Atlantis, mais c’est insuffisant… »
La jeune femme disparut derrière un empilement de caisses et de conténaires.
« Il me semble les avoir vu dans le bureau de Daniel Jackson. »
Gabrielle surgit aussitôt, les cheveux en bataille, les joues rouges.
« Cela fait près d’une demi-heure que je les cherche, reprocha-t-elle à l’archéologue qui ne put retenir un sourire amusé en voyant son allure débraillée.
- Si vous étiez venue me voir directement, vous n’auriez pas perdu votre temps.
- Oh mais j’ai essayé, docteur Jackson ! L’ennui c’est que vous êtes très difficilement joignable ces temps-ci… »
Son ton était devenu froid et dur. Elle lança un regard noir à l’archéologue.
« J’ai été très occupé ces temps-ci…
- Au point d’oublier une visite que vous aviez promis au docteur Lam ?! »
Il déglutit péniblement, mais s’efforça de garder le sourire et son air détaché.
« Je suis désolé et vous présente mes excuses, ça vous convient ? »
Elle lui adressa un sourire narquois.
« Très, mais même si je vous pardonne, je ne suis pas prête d’oublier ça, docteur Jackson. »
Daniel gromela quelque chose, qu’elle ne comprit pas.
« Seriez-vous rancunière, Gabrielle ? s’étonna Teal’c en fronçant les sourcils.
- Non, Teal’c, je ne le suis par d’ordinaire… Seulement envers les personnes que j’aime bien, c’est tout. Parce que ça me blesse plus particulièrement. »
Teal’c observa Daniel et Gabrielle à tour de rôle, sentant bien que la joute verbale qui les opposait tous deux revêtait bien plus qu’un simple caractère amical.
« On pourrait peut-être aller chercher ces dossiers tout de suite ? proposa la jeune femme pour rompre le silence qui s’était installé.
- Je dois retourner auprès d’O’Neill… Thor l’a convoqué en salle de contrôle, mais sans en spécifier la raison.
- Très bien, Teal’c. Allez-y, je vous y rejoindrais dès que j’aurais accédé aux caprices de cette jeune personne. »
Teal’c les salua, puis quitta la pièce non sans redouter que leur petite altercation ne dérape en une lutte plus violente et physique, aux vues de leurs caractères bien trempés. Daniel invita galament d’un geste de la main la jeune femme à sortir de la salle des archives, et tous deux prirent la direction des nouveaux quartiers de vie, où avait dû être installé le bureau du docteur Jackson. Aucun des deux ne parla durant tout le chemin.
Une fois arrivés dans la pièce, Daniel saisit une petite pile de dossiers sur l’une des étagères murales et les tendit à Gabrielle.
« Que comptez-vous en faire ?
- Mieux comprendre la psychologie ancienne… Et peut-être aussi trouver un moyen de les convaincre de nous aider.
- Rien que ça ?! pouffa Daniel, moqueur.
- Je n’ai pas la solution, Daniel.
- Tiens vous m’appeler à nouveau par mon prénom.
- Je suis sérieuse : je n’ai pas la solution. Je ne suis pas la solution. »
Le ton sérieux et plein d’applomb de Gabrielle le fit cesser de rire. Il sonda son regard, ne saisissant soudain que trop le sens de ses paroles.
« Le fait que vous ayer sauvé Tommy tend à prouver le contraire. Ce que vous dites est ridicule, Gabrielle. Vous possédez la solution au Fléau. Il faut simplement trouver comment exploiter ce potentiel…
- Vous parlez de moi comme si j’étais une chose… une machine… Le docteur Beckett parle de moi comme si j’étais une rareté biologique, et les autres scientifiques, comme ce Kavanagh, me considèrent comme une erreur de la nature…
- Où voulez-vous en venir ?
- Je ne suis rien de tout ça, Daniel !!! Je ne suis ni une héroïne, ni une exception naturelle, ni quoi que ce soit d’autre !!! Mais vous avez tous tellement peur de ce qui peut arriver que vous refuser de voir la vérité en face ! Et maintenant que je suis là, vous avez trouvé le bouclier parfait pour vous voiler la face.
- C’est la peur et la fatigue qui vous font dire de telles choses…
- Oui, j’ai la frousse ! Une trouille monstrueuse de tout ça, de cette cité, de ce qui se passe dans ma tête ! Et je suis fatiguée de porter l’espoir de tout un peuple toute seule, simplement parce que j’ai eu la chance, si s’en est vraiment une, de survivre à cette abomination de Fléau…
- Gabrielle, murmura Daniel d’un tom apaisant en s’approchant d’elle. Calmez-vous…
- Ne m’approchez pas, Daniel ! J’ai l’esprit suffisamment embrouillé comme ça sans avoir à gérer en plus des sentiments que je suis incapable ni de comprendre, ni de maîtriser. S’il vous plaît, restez où vous êtes. »
Daniel ne bougea plus, trop stupéfait par les paroles de Gabrielle pour avoir encore l’idée de remuer ne serait-ce que les mains. Elle le fixait, les yeux larmoyants et suppliants, troublés par deux désirs opposés : l’un qu’il passe outre ce qu’elle venait de lui dire et qu’il la prenne contre lui, l’autre de quitter la pièce sans plus attendre.
« Je ne suis pas la solution, répéta-t-elle plus lentement. Et Tommy non plus. Aucun homme ne l’est. Vous le savez. Tout le monde le sait, mais nul n’ose le dire, parce que cela risquerait de faire voler en éclat l’unique espoir de tous nous sauver.
- Et d’après vous, Gabrielle, quelle serait cette vérité si terrible ?
- L’humanité ne peut rien contre le Fléau. Elle ne peut qu’y survivre. Les seuls capables d’y mettre un terme seraient les Anciens…
- Mais ils refusent d’intervenir dans le cours de l’évolution des autres êtres vivants. »
Ce n’était pas une protestion que Daniel venait de formuler, mais une simple et froide constatation. Il sut, en disant cela, que Gabrielle avait visé juste. Il le savait depuis longtemps déjà, il était mieux placé que quiconque pour le savoir, étant donné son ancienne existence d’Ascendant.
« C’est injuste, murmura Daniel en se laissant tomber sur une chaise, près de son bureau. C’est un combat perdu d’avance…
- Peut-être pas. Nous pouvons toujours essayé de les convaincre de nous aider. Tous les Anciens ne se sont pas soumis à leur première loi de non-intervention… Daniel… »
Il avait l’air tellement abattu par cette révélation, par cette vérité qu’il s’était caché… Il leva vers Gabrielle un regard perdu, un regard d’enfant égaré au milieu d’une forêt sombre. Elle s’approcha de lui, attendrie soudain par ce regard. Il semblait tellement fort, tellement sûr de lui, tellement calme et serein la plupart du temps. Tous ces traits de caractère cachaient en réalité quelque chose de plus sensible… Quelque chose qu’il avait préféré garder cacher depuis la mort de Sha’re. Elle prit son visage dans ses mains, un doux sourire aux lèvres.
« Certains Anciens se sont rebellés contre cette loi… Tout espoir est encore loin d’être perdu… Moi, j’y crois en tout cas…
- Et j’ai très envie de croire en ce que tu dis… »
C’était la première fois qu’il la tutoyait. Un frisson la parcourut à ces mots. Il passa ses bras autour de sa taille, l’attira à lui. Elle pencha son visage vers le sien, effrayée par les différentes émotions et sensations qui s’emparaient d’elle successivement.
« Gabrielle, je… »
Elle mit un doigt sur sa bouche pour l’empêcher de parler. Elle n’était pas prête à entendre ces mots-là encore. C’était trop tôt. Leurs lèvres n’étaient plus qu’à quelques centimètres. Leurs souffles se mêlaient déjà. Leurs bouches s’effleurèrent et…
« Les responsables de recherches des unités SGC, SGA et asgardes sont convoquées de toute urgence en salle de briefing !!! »
L’appel fut répété une seconde fois, puis le silence revint. Gabrielle s’écarta vivement de Daniel, le visage écarlate, les yeux baissés, une intense frustration et un immense soulagement se disputant son esprit. Daniel se leva précipitemment, et quitta la pièce sans un mot ni un regard pour la jeune femme, troublé et passablement désorienté.
Salle de briefing, Atlantis, galaxie de Pégase.
Thor se tenait debout face à l’assemblée des plus hauts membres du SGC et d’Atlantis.
« Il y a quelques heures, nos vaisseaux ont reçu une transmission provenant du vaisseau-guetteur laissé en orbite autour de la Terre. »
Sheppard esquissa une grimace, et gromela un « ça n’est pas une bonne nouvelle » à l’oreille de Teyla, dont le visage était grave et le regard fixé sur le Asgard.
« Ce message nous a appris une reprise de l’activité dévastatrice du Fléau parmi les habitants de votre planète. Le nombre de morts depuis votre départ représenterait déjà plus de dix milliers d’individus. »
La nouvelle fut accueillie par une vague de murmures catastrophés. O’Neill se leva de son fauteuil, et prit la parole.
« Je suis au regret de reconnaître qu’il existe une forte probabilité pour que ce soit notre départ qui ait provoqué une telle recrudescence du Fléau… Aussi ai-je décidé de repartir sur Terre en compagnie de tous les membres du SGC qui souhaiteraient m’accompagner. Thor s’est proposé généreusement de nous ramener sur Terre.
- Mais mon général, intervint Sheppard, choqué par ces deux nouvelles. L’accueil sur Terre risque d’être extrêmement tendu, et lourd de conséquences pour vous. Rien ne nous dit que vous serez les bienvenus…
- Je sais, major. Aussi emporterons-nous comme gage de bonne volonté et de paix la Porte des Etoiles, restée sur l’un des vaisseaux asgards. Voilà… Quelqu’un d’autre a-t-il quelque chose à ajouter ? »
Il y eu un silence gêné.
« Oui, moi. »
Tous les visages se tournèrent en direction des portes de la salle de briefing. Gabrielle s’avança au milieu de la pièce, tremblante de se trouver ainsi face à autant de personnes, mais la détermination marquant ses traits.
« Retourner sur Terre ne changerait rien, général. Je puis vous l’assurer. Tout ce que vous parviendrez à faire, c’est vous mettre en danger…
- Et pourquoi est-ce une si mauvaise idée ? insista O’Neill que l’intervention de Gabrielle ne semblait pas vraiment contrariée, au contraire.
- Si le Fléau a pu reprendre son travail de mort, c’est parce que la population terrienne s’est rendue compte de son erreur par le biais de votre départ. Vous n’avez fait qu’accélérer un processus fatal de toutes façons…
- Mais nous ne pouvons rester ici les bras croisés ! intervint McKay.
- Ce n’est pas ce que j’ai dit, docteur McKay. »
Elle étudia les visages de son auditoire d’un rapide coup d’œil, en prenant soin d’éviter celui de Daniel.
« Le docteur Beckett estime ne pas être en moyen de trouver une solution au Fléau à partir de votre cas et celui de l’enfant avant un certain temps, souligna Samantha, soucieuse. Nous ne pouvons attendre aussi longtemps…
- Vous ne tirerez de toutes façons rien de moi, ni de Tommy. Et vous le savez. Le Fléau n’est pas une maladie. Le Fléau est un mal infligé à la Terre par les Oriis. L’unique moyen de s’en débarasser est d’éradiquer la source émettrice de ce mal. »
Tous s’échangèrent des regards explicites.
« Vous voulez vous attaquer aux Oriis ? finit par lâcher McKay, railleur. Les mutations de votre cerveau vous ont fait perdre la raison…
- Je sais que ça a l’air dingue. Mais il n’y a aucune autre solution…
- Nous n’avons aucun moyen de battre les Oriis, intervint Samantha. C’est comme si vous nous suggériez d’attaquer les Anciens…
- C’est justement là où elle veut en venir, Sam. »
Samantha lança un regard étonné et sceptique à l’archéologue. Celui-ci semblait abattu et fatigué, mais son regard brillait d’une nouvelle énergie.
« Ce que Gabrielle essaie de vous faire comprendre, c’est qu’elle ne possède pas la réponse à notre problème. Elle est parvenue à se défendre du Fléau en puisant dans ses propres ressources, mais elle n’est qu’un cas bien particulier. Elle a réussi à sauver Tommy également, mais elle n’a fait que lui montrer la voix. C’est l’enfant qui a fourni le plus gros de l’effort dans son combat contre le Fléau. Ils ont tous deux survécu, mais l’humanité reste impuissante face à ce mal…
- Autrement dit, on n’a plus qu’à se tirer une balle dans le caisson, grogna McKay.
- Rodney, je ne crois pas que ce soit cela que le professeur Jackson essaie de vous dire, le réprimanda Weir. Je vois où vous voulez en venir… Vous pensez tous deux que nous, en tant que simples hommes, sommes incapables de régler le problème. Mais il existerait d’autres êtres capables de le faire : les Anciens.
- C’est tout à fait ça, acquiessa Daniel.
- C’est du délire ! s’écria McKay en pouffant nerveusement, et en levant les yeux au ciel. »
Il y eut un nouveau silence.
« Les wraiths et les goa’ulds sont les ennemis, disons, naturels de l’humanité. Ils ont besoin des hommes pour survivre. Et jusqu’ici vous êtes parvenus à vous en défendre, est-ce exact professeur McKay ? »
Rodney approuva silencieusement, d’un signe de la tête. Gabrielle reprit :
« Mais les Oriis n’ont pas besoin de nous pour exister. Ils sont une évolution particulière des Anciens, qui n’ont rien fait pour les empêcher d’évoluer de cette manière, alors qu’ils possèdent une lourde part de responsabilité dans ce processus.
- C’est bien beau de dire ça, mais ça ne change rien. Les Anciens refuseront de nous aider à combattre les Oriis. Nous ne sommes rien à leurs yeux ! Ils refusent d’intervenir dans les affaires des autres êtres vivants…
- C’est pourtant ce qu’ils ont fait, en créant involontairement les wraiths, puis en influençant l’évolution des Oriis. »
Rodney soupira, lassé. Il savait qu’il y avait une part de vérité dans les paroles de Gabrielle, mais cela ne changerait rien.
« Peut-être pourrions-nous essayé de mettre les Anciens face à leurs responsabilités, de telles façons à ce qu’ils soient obligés de nous aider, proposa finalement la jeune femme.
- Ils refuseront d’écouter, répondit McKay, harassé. Ils ont fait l’Ascension pour échapper justement à leurs responsabilités et ne plus faire d’erreur… Votre idée est vouée à l’échec.
- Vous en avez peut-être une autre, vous ?! s’emporta Gabrielle. »
O’Neill rejoignit la jeune femme, qui était toujours debout face à eux.
« Restez calme, Gabrielle… Il est normal que votre idée rende tout le monde un peu sceptique…
- Mais pendant que nous parlons, d’autres gens meurent sur Terre… Ils ignorent ce qui s’y passe. Ils n’ont pas vu tous ces camions chargés d’amener les corps aux crématoriums, ils n’ont pas ressenti la douleur de voir ses proches s’éteindre les uns après les autres lentement, sous leurs yeux. Ils n’ont pas vécu tout ça, et pourtant ils condamnent une idée, la seule proposée jusqu’à présent !
- Nous vous avons, vous… Peut-être que…
- Non, général ! Vous ne comprenez pas ! Je ne suis pas la solution !!! Je n’ai aucun moyen de vous aider !!! Aucun ! »
Elle tremblait de tout son corps, écoeurée par la passivité apparente des gens qui se tenaient face à elle. Daniel se leva et la prit contre lui, la berçant doucement pour la calmer. O’Neill observa les membres du SGC et d’Atlantis, dans l’attente, dans l’espoir que l’un d’eux trouve soudain la réponse tant souhaitée. Le docteur Weir en faisait de même, attristée par l’état dans laquelle se trouvait Gabrielle, trahissant un désespoir que nul ne voulait voir. Le regard de Weir et O’Neill s’attardèrent sur McKay, dont le visage semblait s’être figé.
« McKay ? l’appella Elisabeth, inquiète.
- Eh… Quoi ?
- Ça ne va pas ?
- Je réfléchissais aux paroles de Gabrielle… »
La jeune femme, dont la figure était cachée dans le cou de Daniel, leva ses yeux humides vers lui. Daniel la tenait tout contre lui, et avait passé un bras autour de sa taille. Son autre main était perdue dans l’épaisse chevelure aux reflets roux de la jeune femme. Mc Kay ne put s’empêcher d’éprouver une légère pointe d’envie.
« Jusqu’à présent, les rares fois où nous avons voulu négocier avec les Anciens, nous nous sommes contentés de les convaincre verbalement, en faisant simplement valoir nos arguments et notre point de vue.
- C’est difficile de pratiquer autrement, remarqua Sheppard avec un sourire ironique.
- Laissez-moi finir avant de vous moquer, voulez-vous ? Bon, en plus, jusqu’à présent, à chaque fois que nous leur avons parlés, c’était pour leur demander une aide dont nous n’avions en réalité pas tellement besoin.
- Ah bon ? Je crois qu’un coup de main lors de la dernière attaque wraith n’aurait pas été superflu, remarqua Samantha, dubitative.
- Oui, pas superflu, certes, mais pas indispensable, puisque nous nous en sommes sortis ! C’est là où je veux justement en venir…
- Je crois que je commence à vous suivre, murmura Sheppard, une lueur de compréhension faisant cintiller ses prunelles. Vous pensez que si les Anciens nous ont toujours refusé la moindre aide, c’était parce qu’ils se doutaient que nous trouverions une autre solution…
- Je suis étonné que vous ayez saisi aussi vite.
- Je fais des efforts pour m’améliorer.
- Mais imaginez que nous n’ayons pas trouvé de solution, observa Teyla.
- Oui, bon… Mais ce n’est pas arrivé.
- Donc d’après vous, poursuivit O’Neill en plissant le front. Ils n’interviennent pas parce qu’ils… croient qu’on est suffisamment grands pour s’en sortir.
- Oui. Jusqu’ici, nous avons toujours trouvé une parade contre les wraiths et les goa’ulds. Mais aujourd’hui, le problème est différent…
- Alors pourquoi n’interviennent-ils pas ? interrogea Samantha.
- Parce qu’ils sont toujours persuadés que nous avons les capacités pour nous en sortir…
- Sauf que ce n’est pas le cas, cette fois, acheva Gabrielle.
- C’est justement là que vos dernières paroles prennent un sens. Nous ne sommes jamais parvenus à les convaincre en leur parlant, et je suis certain que si nous réessayons encore cette fois-ci, même avec une situation aussi catastrophique, ils refuseraient encore de nous secourir. Il n’existe pas de mot suffisamment fort pour les persuader que notre cause est désespérée…
- Dans ce cas, c’est peine perdue, soupira Samantha. Si vous êtes certain qu’ils ne nous écouteront pas…
- Ils ne nous écouteront pas, c’est certain, la coupa McKay avec applomb. Mais ils pourront voir… »
Tous échangèrent des regards interrogateurs. Visiblement, aucun n’avait saisi le sens des paroles du scientifique.
« Vous voulez les emmener sur Terre, finit par lâcher O’Neill, un sourire sarcastique aux lèvres.
- Absolument pas, général. Mon idée, c’est qu’un Ancien fusionne avec l’un des membres du SGC, et voit par lui-même ce qui se passe sur Terre en visionnant ses souvenirs.
- Fusionner ?! »
McKay rougit en comprenant l’ambiguité de ses paroles. Sheppard, Carter et Beckett pouffèrent de rire devant son air embarassé.
« Euh… C’est un terme à ne pas prendre au pied de la lettre, général…
- Ce que le docteur McKay essaie de vous expliquer, c’est qu’il est possible à un Ancien de faire partager son esprit et ses impressions à un être humain, une fois sous sa forme d’énergie… Les deux esprits se mêlent l’un à l’autre, si vous préférez.
- Ah oui ! J’avais saisi, Carter… Mais c’est vraiment possible ?
- J’en ai déjà fais l’expérience avec Orlin, mon général, précisa Samantha, les joues roses.
- Et moi également, mon général, ajouta Sheppard après une hésitation. Avec une Ancienne rencontrée dans cette galaxie.
- Et vous, Daniel ? Pas souvenir d’avoir fusionné avec quelqu’un durant votre Ascension ?! »
Daniel perçut parfaitement le sous-entendu de la question d’O’Neill, mais se contenta de secouer la tête négativement en lui lançant un regard réprobateur.
« Et comment comptez-vous établir cette… fusion avec un Ancien ? questionna O’Neill, dont le bien-fondé de l’idée de McKay lui semblait plus que douteux.
- J’envisageais justement d’utiliser Chaya… l’Ancienne rencontrée par notre équipe il y a quelques mois, suggéra McKay. Elle est la seule avec qui nous avons pu nouer un contact… amical disons… N’est-ce pas, major ?
- Oui, on peut dire ça comme ça, Rodney, répondit Sheppard en le fusillant du regard.
- Vous vous rendez bien compte de l’improbable réussite qu’une telle mission représente ?! »
O’Neill semblait plus que jamais sceptique. Elisabeth, qui jusqu’ici s’était contentée d’écouter, décida d’intervenir devant l’air découragé de McKay.
« Général, cette idée est la seule que nous ayons et qui a une chance d’aboutir concrètement. Elle me semble tout à fait réalisable.
- Et si cette Ancienne… cette Chaya refuse, ou tout simplement nous annonce qu’elle ne peut pas nous aider ?
- Alors si les Anciens ne peuvent nous aider, je ne vois pas qui le pourra, répondit simplement Gabrielle. »
O’Neill lui jeta un regard ennuyé.
« Vous rendez-vous compte que si cette Ancienne accepte de fusionner avec l’un de nous, vous êtes la mieux placée pour accomplir cette mission ?
- Oui, j’en suis consciente, général.
- Qu’arrivera-t-il à Gabrielle pendant que Chaya visionnera ses souvenirs ? s’enquit soudain Daniel, inquiet.
- Il y a des chances pour qu’elle se remémore tout ce qui s’est passé pendant que cette Ancienne lira sa mémoire, hasarda Sheppard après avoir jeté un coup d’œil à Samantha. Ce sera certainement pénible…
- Êtes-vous vraiment prête à subir une telle épreuve ?
- Oui, général. »
Gabrielle était devenue très pâle, mais sa voix trahissait une très forte volonté. Daniel reserra inconsciemment son étreinte.
« Parfait, dans ce cas, docteur Weir, je n’ai plus rien à ajouter.
- La mission est acceptée. Major, je vous charge de l’équipe qui accompagnera Gabrielle. »
Re: [FanFic] La troisième évolution
Hangar des jumpers, Atlantis, galaxie de Pégase.
« Je me demande qui est le plus nerveux des deux ? Le major, parce qu’il va revoir Chaya, ou bien Gabrielle, parce qu’elle va se faire scanner le cerveau ? »
Teyla donna une violente bourrade dans le dos de McKay : visiblement son humour ne lui avait pas plu.
« Vous pensez réellement que votre plan va fonctionner ?
- Je n’en sais rien, avoua le scientifique en montant à bord d’un jumper. Je l’espère… Parce que sinon, on va être dans un sacré pétrin ! »
Sheppard et Gabrielle se trouvaient déjà là. La jeune femme était assise à l’arrière du vaisseau, crispée et silencieuse, tandis que le militaire était aux commandes et exécutait d’ultimes vérifications.
« Détendez-vous, ça va bien se passer, la rassura Teyla. Chaya ne vous fera aucun mal. Ce n’est pas dans sa nature.
- Ce n’est pas la perspective d’être sondée par une Ancienne qui m’effraie… C’est l’idée de voler dans cette espèce de pot de yaourt…
- Ah, vous voyez bien, Rodney ! Le jumper ressemble à un pot de yaourt !!! Et ce n’est pas moi qui l’ai dit !!!
- Je vous en prie, major ! Quelle idée aussi d’appeler ces vaisseaux par un nom aussi ridicule… Jumper… ça ne fait pas très sérieux !
- Parce que vaisseau des étoiles c’est plus sérieux comme nom ? En plus, c’est un peu long... »
Les deux membres d’Atlantis entendirent Gabrielle et Teyla pouffer de rire.
« Au moins, maintenant, vous souriez. »
La voix du technicien Bradford se fit soudain entendre.
« Jumper 1, prêt à décoller ?
- Ici Jumper 1. Prêt à décoller. J’entre les coordonnées. »
Tandis que Sheppard appuyait sur les touches du DHD intégré au Jumper, McKay s’installa à la place du copilote. Le jumper sortit du hangar et se retrouva en salle d’embarquement. Sheppard tourna le vaisseau de telle façon à voir la salle de contrôle. Weir, O’Neill, Samantha et Daniel leur faisaient face, debouts sur le ponton surplombant la passerelle d’embarquement de la Porte des Etoiles.
« Bonne chance, major.
- Merci, docteur Weir.
- Essayez de nous ramener un ou deux Anciens, major. J’aurais deux ou trois mots à leur dire pendant qu’on les tiendra.
- Bien reçu, mon général. »
Gabrielle se pencha légèrement pour voir une dernière fois leurs visages.
« Le docteur Jackson semble tendu, remarqua Teyla.
- Il l’est. Il n’a pas arrêté de me tanner pour participer à la mission. Mais Elisabeth et le général étaient contre. Je ne sais pas pourquoi…
- Parce que je le leur ai demandé, major, répondit Gabrielle avec gêne. Il fallait que j’aie l’esprit clair pour cette mission. Daniel ne m’y aurait pas aidé… »
Sheppard et McKay se lancèrent un regard entendu et amusé, tandis que Teyla adressait un sourire complice à la jeune femme.
Sheppard orienta le jumper face à la Porte des Etoiles, et le vaisseau la franchit sans problème. Une fois sorti du vortex, la Porte se referma et Gabrielle se leva pour s’approcher du cockpit, fasciné par l’espace qui s’étendait devant eux.
« La Porte des Etoiles de cette planète se trouve en orbite. C’est pour ça que nous avons dû utiliser un jumper, expliqua Sheppard en amorçant une descente vers la planète.
- Cela arrive souvent ?
- Oui, relativement souvent. Mais ne me demandez pas pourquoi, je n’en ai aucune idée. »
Le jumper pénétra dans l’atmosphère de la planète sans dommage, et Sheppard le posa à proximité immédiate du temple où demeurait Chaya la dernière fois qu’il était venu.
« J’espère qu’elle est toujours ici, murmura-t-il en descendant du vaisseau par l’issue arrière. Je sais qu’elle ne vit pas tout le temps ici, pour préserver sa véritable nature.
- Les habitants de cette planète ignorent totalement ce qu’elle est ?
- Oui. C’est sa punition pour avoir voulu les garder en vie… C’est pour ça que cette mission s’annonce si difficile, ajouta McKay. »
Ils marchèrent une dizaine de minutes avant de parvenir au temple. Le bâtiment semblait désert. Il n’y avait aucun bruit, hormi celui du vent et des oiseaux.
« Cet endroit est très paisible, apprécia Gabrielle en examinant le couloir qu’ils longeaient.
- Content que cet endroit vous plaise. Comme ça on ne sera pas venu pour rien ; vous aurez eu droit à une belle balade !
- Rodney, parfois votre cynisme est un peu lourd.
- Ce n’est pas du cynisme, major. C’est de l’humour. Il serait tant de vous en rendre compte ! »
Ils descendirent une volée de marches et se retrouvèrent dans la cour principale.
« Chaya ?!! appella Sheppard sans grande conviction. Vous êtes là ? C’est John Sheppard !!! De la Terre !!! Vous vous souvenez de moi ?!
- Difficile de vous oublier, répondit McKay en reniflant dédaigneusement.
- Rodney, vous…
- Regardez ! s’écria Teyla, ébahie. »
Une incroyable clarté blanche venait d’apparaître par le mur qui leur faisait face, et flottait à quelques mètres d’eux. Ils restèrent plusieurs secondes à l’observer, avant que l’Ancienne ne se décide à prendre forme humaine.
« Je suis ravi de vous revoir, Chaya, la salua Sheppard, les yeux brillants.
- Moi aussi je suis heureuse de vous revoir, John… Mais je croyais vous avoir demander de ne plus revenir ici…
- Oui, je sais. Je vous l’avais promis… Mais les choses ont changé sur Atlantis. Nous avons besoin de votre aide. »
La jeune Ancienne secoua la tête, chagrinée.
« Je n’ai pas le droit de vous aider, vous le savez. Nos lois nous l’interdisent, à moi plus particulièrement. Il me semblait vous l’avoir expliquer… Repartez sur Atlantis, maintenant. »
Elle voulut se détourner d’eux et reprendre sa forme originelle, mais Gabrielle l’interpela.
« Le major Sheppard dit vrai ! Si vous ne nous aidez pas, notre peuple sera entièrement détruit ! Ceux de la Terre, mais certainement aussi ceux d’Atlantis trouveront la mort si vous refusez de nous écouter ! C’est tout ce que nous vous demandons : entendez-nous simplement. »
Chaya contempla la jeune femme avec suspicion, mais quelque chose dans ses yeux sembla la convaincre.
« Très bien. Je vous écoute. Asseyez-vous ici. »
Elle leur désigna trois bancs de pierre disposés en U. Ils s’y installèrent, et le major lui expliqua en détail la situation sur Terre, et la menace Orii qui tourmentait leur peuple.
« Avez-vous déjà entendu parler de ces êtres auparavant ?
- Les plus sages des êtres élevés m’ont appris que les Anciens étaient originaires de la galaxie d’Ida. Une partie d’entre eux seulement quitta cette galaxie pour la Voie Lactée. Les autres restèrent vivre dans la galaxie d’Ida. Ceux que vous connaissez sous le nom des Anciens furent ceux qui quittèrent la galaxie d’Ida pour s’installer sur Terre, puis dans la galaxie de Pégase. Lorsque la menace des wraiths obligea les Anciens a quitté Pégasus et Atlantis, ils retournèrent sur Terre. Mais avec leur accession à l’état d’Ascendants, certains décidèrent de retourner dans leur galaxie d’origine, rejoindre ceux que leurs ancêtres avaient quittés des millions d’années plus tôt. Leur évolution avait été assez similaire, mais les Anciens ne se rendirent pas compte que leur mentalité était différente. Ils leur ouvrirent le chemin de l’Ascension, sans se douter de ce qu’ils deviendraient. Fort heureusement, leur niveau de sagesse était insuffisant pour qu’ils atteignent un état d’Ascendant complet. Ils devinrent ceux que vous nommez les Oriis.
- Mais ce que vous nous dites n’est-il pas la violation de votre loi de non-intervention ? s’étonna Teyla.
- Non, dans le sens où les miens aidèrent ceux de leur propre peuple à s’élever.
- Une sorte de sens de la famille sélectif, remarqua McKay effrontément.
- Je n’ai pas à juger les actes des miens. Ils ont fait ce qu’ils ont cru juste.
- Mais aujourd’hui, c’est la Terre qui paie pour cette erreur de diagnostic. »
Chaya lança un regard noir au scientifique, qui le lui rendit.
« Je ne peux vous aider, répéta finalement l’Ancienne.
- Vous ne voulez pas nous aider, vous voulez dire, lança méchamment McKay, dont la mauvaise humeur était plus que palpable.
- Si vous préférez.
- Mais notre peuple ne peut se défendre seul ! s’écria Gabrielle avec véhémence. Nous avons pu nous défendre des wraiths, des goa’ulds, des réplicateurs et Dieu sait quoi encore, mais cette menace-là est bien trop grande pour que nous puissions y faire face !
- Je suis sûre que vous trouverez une solution. Les miens ont foi en votre espèce. Vous avez déjà prouvé à maintes reprises que vous étiez capable de faire face au danger.
- Pas cette fois-ci, intervint Sheppard, dont la déception était proche du désespoir.
- Vous ignorez à quel point les Oriis sont dangereux, ajouta Gabrielle.
- Pourtant vous êtes parvenue à surmonter cette épreuve, constata Chaya. Ainsi que cet enfant. C’est donc que vous n’avez pas besoin de notre aide.
- Mais ce que vous dites est totalement aberrant ! s’écria McKay, furieux de l’entêtement de l’Ancienne. Ils s’en sont peut-être sortis, mais avant eux des milliards de vie se sont éteintes !!! »
Chaya se leva.
« De toutes façons, seule je ne peux rien.
- En réalité, nous espérions que vous pourriez jouer les intermédiaires auprès des autres Anciens, avoua Sheppard.
- J’ai refusé de vous aider. Ils en feront de même. S’ils ne sont pas intervenus jusqu’ici, ils ne le feront jamais. Ils estiment eux-aussi que notre intervention n’est pas nécessaire. Je suis désolée, John.
- Attendez ! »
Gabrielle avait saisi Chaya par le poignet, mais pas de façon brutale.
« Vous ne pouvez comprendre ce que vous ne voyez pas. Et si vous ne comprenez pas, vous ne pouvez pas juger non plus.
- C’est juste, admit l’Ancienne, de nouveau attentive.
- Lisez en moi, dans ce cas. Le major m’a dit que vous aviez ce don. Lisez en moi et regardez mes souvenirs, ressentez la souffrance que les Oriis m’ont infligé sans raison aucune.
- Je ne peux…
- Vous le devez ! Par respect pour nous ! Si vous décidez une fois la fusion faite que notre demande n’a vraiment aucun sens, nous partirons… »
Chaya hésita, puis finalement hocha la tête.
« Très bien… Tenez-vous face à moi et n’ayez pas peur… »
Gabrielle ferma les yeux, éblouie, lorsque l’Ancienne eut repris sa forme de pure énergie, puis sentit soudain son corps devenir aussi léger qu’un nuage. Elle avait l’impression que son être tout entier était envahi par la lumière. Elle se sentait en paix.
« Je vais maintenant accéder à vos souvenirs, murmura une voix calme et sereine à son oreille. »
La sérénité qui l’habitait depuis quelques secondes à peine la quitta brusquement, et soudain des milliers d’images défilèrent dans son esprit à une vitesse vertigineuse. Elle revit les images affreuses de mort et de souffrance de ces neuf derniers mois, son combat douloureux contre le Fléau, la mort de sa sœur, le désespoir de ses parents, sa solitude et sa détresse à leurs disparitions, l’amertume de n’avoir pu les sauver, la peur et la tourmente de voir les habitants de la Terre périrent les uns après les autres…
« CELA SUFFIT !!! hurla-t-elle soudain. »
La peine et le chagrin qu’avaient réveillé ces souvenirs étaient si forts que sa poitrine lui faisait mal, comme si un étau l’oppressait. Elle avait le visage ruisselant de larmes, et apperçut Chaya face à elle, reprenant une forme physique, dans un état proche du sien. Tandis que Teyla se précipitait vers Gabrielle pour la soutenir, le major Sheppard avait fait asseoir Chaya sur le banc le plus proche, inquiet.
« Jamais je n’aurais cru…
- Pensez-vous réellement à présent que nous puissions vaincre les Oriis seuls ? hoqueta Gabrielle sans parvenir à retrouver une respiration régulière, secouée par les sanglots.
- Si votre Ascenssion vous a laissé quelques traces d’humanité, vous devez nous aider, supplia McKay. Ou bien nous allons tous mourir, à cause d’une erreur dont nous ne sommes pas responsables. Je vous en prie… »
Chaya les regarda tour à tour, pleurant toujours, atterée par ce qu’elle avait lu dans l’esprit de la jeune femme.
« Fort bien. Je parlerais au Haut Conseil des Anciens… »
Salle d’embarquement, Atlantis, galaxie de Pégase.
« Soyez de nouveau la bienvenue sur Atlantis, Chaya, salua le docteur Weir en adressant un sourire amical à la jeune Ancienne.
- C’est un plaisir de vous revoir.
- Le plaisir est partagé, ajouta Sheppard en la saluant à son tour. »
Chaya lui adressa un sourire équivoque.
« Chaya, j’aimerais vous présenter le général O’Neill, le colonel Carter, Teal’c et le docteur Jackson. Vous connaissez déjà Gabrielle…
- Enchantée de faire la rencontre de nouveaux Terriens. »
Leur ayant adressé un signe de tête en guise de salut, elle se tourna vers la jeune femme restée en retrait.
« Vous êtes-vous remise de notre… première rencontre ? s’inquiéta Chaya.
- Oui, je vais bien. C’est gentil de vous inquiéter. »
La jeune femme semblait en effet avoir bonne mine, mais l’Ancienne attarda son regard sur elle. Elle ignorait pourquoi, mais Gabrielle lui semblait différente de ses compagnons. Elle avait déjà ressenti cette impression la première fois qu’elle l’avait rencontrée. Quelque chose d’étrange émanait d’elle… comme une force naissante, un pouvoir puissant mais pas encore achevé.
« Nous pouvons monter en salle de réunion pour…
- C’est inutile, docteur Weir. Je ne peux m’attarder bien longtemps sur Atlantis. Je dois rejoindre dès que possible ma planète. Les wraiths sont agités ces temps-ci, je l’ai ressenti. Je ne peux laisser mon peuple sans protection pendant une longue période.
- Comme il vous plaira.
- Alors ? Vous avez pu rencontrer d’autres Anciens ? s’enquit O’Neill avec impatience.
- Oui. Le Haut Conseil des Anciens a accepté de se réunir pour m’écouter, et étudier votre requête.
- Et ?
- Il a refusé catégoriquement toutes interventions que ce soit. »
La nouvelle jeta un froid glacial sur les membres du SGC et d’Atlantis. Chaya observa leurs visages défaits et consternés avec gêne. Elle semblait véritablement navrée.
« Ils ne veulent pas nous aider ? répéta McKay sans y croire. Ils vont nous laisser crever sans lever le petit doigt, sans réagir…
- Ils disent que c’est à vous de faire face. Ils estiment ne rien vous devoir…
- Ce n’est pas possible… »
O’Neill était furieux et atterré. Ils frotta ses mains sur son visage, comme s’il avait voulu se réveiller d’un mauvais cauchemard.
« Croyez bien que j’ai tout tenté pour les convaincre… Mais en vain. Ils m’ont également fait comprendre que si j’essayais d’intervenir seule, les conséquences pour moi, mon peuple mais pour vous également seraient terribles.
- Quelle bande de planqués sournois ! maugréa O’Neill de plus belle.
- Nous ne vous reprochons rien, Chaya, la rassura Sheppard. Merci d’avoir essayé…
- J’aurais voulu faire plus.
- Vous avez déjà fait beaucoup, admit le docteur Weir en esquissant un sourire. Nous ne vous dérangerons plus… »
Elle rejoignit O’Neill et SG1 qui avaient déjà commencé à monter les escaliers pour rejoindre la Porte des Etoiles. Sheppard la quitta à son tour, à contre-cœur, après l’avoir saluée.
« Ils semblent vraiment déçus…
- Ils le sont. Non, en fait c’est pire que ça. Ils sont au bord du désespoir. »
Chaya avait rejoint Gabrielle, qui s’était assise sur l’une des premières marches de l’escalier. La Porte s’était désactivée et la pénombre avait regagné la pièce. Il était tard sur Atlantis, et tout était silencieux.
« Pourquoi refusent-ils de nous aider, je ne comprends pas, murmura Gabrielle. Ils étaient humains après tout, avant leur ascension… Vous n’éprouvez donc plus aucune compassion ? »
Chaya dévisagea la jeune femme avec intérêt.
« Nous sommes encore capables d’éprouver des émotions, ce n’est pas le problème. Mais l’accès au savoir et à la connaissance a son prix. Vous devez comprendre quels risques nous encouront à nous mêler de l’évolution d’êtres moins élevés que nous-même. Plusieurs d’entre nous en ont fait l’amère expérience, et ils l’ont chèrement payé… Et nos interventions, même en ayant des intentions louables, peuvent nuire gravement aux peuples intéressés.
- Oui… Le major Sheppard m’a expliqué votre punition…
- Je n’aurais pas dû intervenir dans le destin de mon peuple…
- Ce n’est pas moi qui vous en blâmerais… J’aurais agi de la même façon, sans aucune hésitation. Si j’étais une Ancienne, je pourrais les sauver … »
Chaya comprit qu’elle parlait de ceux restés sur Terre. Elle se souvint des images entrevus dans l’esprit de Gabrielle, de la blessure douloureuse et toujours à vif qu’avait laissé la mort de ses parents et de sa sœur.
« Ils croient que je détiens la solution à notre crise, ajouta Gabrielle tristement. Mais ce n’est pas le cas… J’avais tellement espéré que l’intervention des votres le leur ferait comprendre. Mais je crois bien qu’au plus profond d’eux-même, ils savaient qu’ils refuseraient d’intervenir et ils ont continué d’espérer en moi…
- Cet espoir que vous représentez, vous ne semblez pas l’assumer… ni l’apprécier…
- C’est un poids trop lourd à porter, d’autant que je sais ne rien pouvoir faire… »
Une pointe d’amertume était perceptible dans sa voix. Elle doutait fortement d’elle, c’était certain. Pourtant Chaya sentait au plus profond d’elle-même que l’espoir que le peuple de la Terre avait placé en elle n’était pas une erreur.
« Vous êtes étrange… Il y a quelque chose de différent en vous, que je n’avais jamais ressenti chez aucun autre de vos semblables…
- Ce doit être dû à ma résistance au Fléau… Je fais cet effet-là à beaucoup de gens…
- L’espoir que votre peuple a placé en vous n’est pas une méprise, selon moi… Il y a une raison pour que ce que vous avez vécu soit arrivé, et je… »
Mais Gabrielle ne sut jamais ce que Chaya voulut ajouter. La Porte des Etoiles qui se trouvait face à elle s’activa soudain. Toutes deux se levèrent d’un même mouvement, surprises, mais elles ne songèrent pas à s’éloigner.
« Gabrielle ! Chaya ! Quittez la salle d’embarquement immédiatement ! ordonna la voix du docteur Weir dans les hauts parleurs. »
Le vortex s’ouvrit l’instant suivant. Aucune d’elles n’avait bougé. Teal’c, Sheppard et O’Neill se précipitèrent hors de la salle de contrôle, en direction de l’escalier.
« Je reçois un code d’identification ! s’écria le technicien Bradford. Il s’agit de l’équipe de ravitaillement commandé par le docteur Kavanagh !
- Ouvrez l’iris, commanda Weir, soulagée. »
Le bouclier d’énergie fut désactivé immédiatement, lorsque soudain une communication fut transmise par l’équipe de ravitaillement.
« Atlantis, ici Jumper 3 !!! Nous essuyons actuellement le tir ennemi de trois vaisseaux wraiths ! Je répète : l’ennemi nous a pris pour cible !!! Tenez-vous prêts à fermer l’iris dès notre retour !!! »
Elisabeth jeta un regard inquiet à Samantha, qui était restée dans la salle de contrôle, puis appuya sur l’un des cristaux de l’ordinateur de contrôle pour diffuser un message d’alerte aux unités de sécurité. Mais elle avait à peine prononcé trois mots qu’un premier tir de dart traversa la Porte.
Une explosion assourdissante ébranla la salle de contrôle. Elle entendit O’Neill ordonner aux hommes armés guettant près de la Porte de reculer immédiatement. Un second tir de dart toucha l’un des piliers de la salle d’embarquement.
« Jumper 3, ici Weir !!! Nous avons déjà subi deux tirs de dart ici !!!
- Nous arrivons, madame !!! »
Un troisième tir de dart fit trembler une nouvelle fois les murs de la cité. Elisabeth sortit en courant de la salle de contrôle, le visage défait. Le jumper apparut soudain dans la salle d’embarquement, la coque noircie à différents endroits, là où les tirs avaient atteint le vaisseau. L’iris fut réactivé presque aussitôt.
« Tout le monde va bien ?! »
L’équipe d’O’Neill, ainsi que les équipes de sécurité d’Atlantis, quittèrent leurs abris et la rassurèrent. Visiblement, il y avait eu plus de peur que de mal.
« Aucun homme de touché, c’est un miracle ! s’écria O’Neill en la rejoignant. »
Ni lui, ni Teal’c, ni Sheppard n’avait pu descendre en salle d’embarquement durant l’attaque et étaient restés cachés derrière la rembarde du ponton.
« C’est toujours comme ça ? insista le militaire, cynique.
- Oh non. Là c’était calme, mon général, répondit Sheppard sur le même ton. Nous ne… »
Un cri provenant du pied de l’escalier le coupa brusquement. Chaya se tenait au bas des marches, à genou, le buste penché au-dessus d’un corps inanimé.
« C’est pas vrai ! gromela O’Neill, inquiet, en dévalant l’escalier, imité par Teal’c et Sheppard.
- Une équipe médicale de toute urgence en salle d’embarquement ! cria Elisabeth en se précipitant à leur suite. Gabrielle a été touchée !!! »
Salle de briefing, Atlantis, galaxie de Pégase.
Daniel était assis seul à la table de réunion lorsque le docteur Weir, le général O’Neill, les autres membres de SG1 et l’équipe SGA du major Sheppard entrèrent, accompagnés de Thor. L’archéologue ne semblait pas avoir remarqué leur entrée. Son regard était fixe, perdu dans un flot de pensées mouvantes et désordonnées. Samantha et O’Neill échangèrent un regard soucieux, mais ils ne soufflèrent mot. Tous prirent place autour de la table.
« Très bien, j’ai décidé que cette réunion se limiterait aux personnes présentes en cet instant, afin de pouvoir faire le point aussi calmement que possible sur la situation. »
Elisabeth jeta un regard autour d’elle, mais nul ne songea à désapprouver sa décision.
« Comme vous le savez, l’équipe de ravitaillement de ce matin s’est faite attaquée par les wraiths il y a quelques heures. Nous avons malheureusement pu constaté que l’un des membres de cette équipe manquait à l’appel… Le docteur Kavanagh est porté disparu. Nous présumons qu’il a été capturé par nos ennemis, car nous n’avons eu aucune nouvelle de lui depuis le retour du jumper. Or s’il était encore vivant et libre de ses mouvements, il est plus que probable qu’il aurait essayé de nous contacter… »
Les paroles de la jeune femme furent accueillies par un silence pesant, lourd de menaces équivoques.
« Autrement dit, vous êtes en train de nous annoncer que la sécurité même de la cité est fortement compromise, interpréta O’Neill, le visage grave.
- Même dans le cas, incertain, où le docteur Kavanagh n’ait pas été pris par les wraiths, poursuivit Sheppard. Le fait que l’équipe se soit enfuie en jumper n’a pu leur échapper. Or les jumpers sont originaires d’Atlantis, et nous sommes censés l’avoir détruite… Nous soupçonnions depuis quelques temps que les wraiths suspectaient certains d’entre nous d’avoir survécu… Mais ces quelques soupçons n’étaient pas inquiétants en soi. Enfin pas jusqu’à présent.
- Le risque est-il si grand, pour les personnes vivant dans Atlantis ? demanda Samantha, sceptique quant au fait que le danger soit si immédiat.
- Comprenez ceci, colonel Carter, intervint McKay. Nous avons réveillé les wraiths, et ceux-ci sont aujourd’hui nombreux et affamés. Nous avons dû utiliser une bombe nucléaire lors de leur dernière attaque, pour leur faire croire que nous étions tous morts et nous en sortir sans trop de casse… Ils ne vont pas tardés à débarquer ici prochainement, pour achever le travail ! Restez sur Atlantis s’avèrerait une pure folie, surtout que maintenant ils risquent de gober ce genre de numéro de passe-passe plus difficilement…
- Alors que proposez-vous ? l’interrogea O’Neill avec défiance. Retourner sur Terre nous faire exterminer par les Oriis ?! »
McKay secoua la tête, un sourire contraint sur les lèvres.
« Peut-être pourrions-nous trouver refuge sur une autre planète ? proposa Teyla à brûle-point.
- Nous ne pouvons pas, Teyla… J’y ai déjà songé, mais nous sommes bien trop nombreux et visibles, répondit Weir. Les Asgards ne pourraient-ils nous aider à préparer notre défense sur Atlantis ?
- Cette cité est bien trop grande, et vous êtes bien trop nombreux, pour que nous puissions vous assurer une protection efficace, avoua Thor, ennuyé.
- Mais vous avez vos vaisseaux, insista Sheppard.
- Il s’agit de vaisseaux de transport, et non de combat, major Sheppard. De plus, nous ignorons totalement si nos armes sont efficaces contre la technologie wraith… Je ne peux faire courir ce risque aux membres de mon équipage…
- Nous comprenons tout à fait, Thor, le remercia malgré tout O’Neill. D’ailleurs, je vous conseille d’éloigner vos vaisseaux d’ici, si vous ne voulez pas que ça chauffe pour votre jolie peau grise…
- Nous avons déjà débuté le transfert de nos équipes à bord de nos vaisseaux… Nous espérons quitter rapidement la galaxie de Pégase, et avoir le temps de prévenir les notres du danger encouru ici, afin de vous envoyer de l’aide. Mais cela risque de prendre du temps…
- Et pourquoi ne pas tous nous emmener ? proposa McKay.
- Je vous l’ai déjà dit : vous êtes trop nombreux. Nos vaisseaux ne pourraient transporter qu’une partie seulement d’entre vous. Etes-vous prêts à un tel acte ?
- Certainement pas ! s’écria Weir avec véhémence, choquée par une telle idée. Nous n’abandonnons jamais personne sans nous battre auparavant ! N’est-ce pas, général ?
- C’est on ne peut plus juste. Mais le problème reste entier… Combien de temps avons-nous, selon vous, avant de voir une de ces saletés débarquer ici ?
- Difficile à dire, estima Sheppard. Un jour, une semaine, un mois… Tout dépend où leurs vaisseaux-ruches sont stationnés…
- Etant donné que la planète sur laquelle notre équipe a été attaquée n’était pas très éloignée de nous, on peut craindre une courte période de répis avant de les voir arriver, jaugea McKay après quelques secondes de réflexion.
- Parfait !!! On est bien avancé ! »
La mauvaise humeur d’O’Neill croissait à chaque minute, mais à la vérité, Samantha savait que cet excès de colère cachait une profonde inquiétude, non seulement pour leur situation, mais aussi pour Gabrielle. Depuis que la jeune femme avait été transportée à l’infirmerie de toute urgence, ils n’avaient plus eu de nouvelles, le docteur Lam ayant interdit à quiconque l’accès à l’infirmerie, hormi au personnel médical. Cela s’était passé il y avait déjà près de six heures.
« Et cette Ancienne… Chaya… Ne pourrait pas nous héberger ? suggéra O’Neill sans trop y croire.
- Non, c’est impossible, répondit Sheppard en soupirant. Il s’agit justement de l’une des règles imposées par les Anciens lorsqu’elle a été punie…
- Forcément, ça aurait été trop beau… Mais au fait, où notre invité est-elle passée ? Elle est repartie sur sa planète ?
- C’est une bonne question, remarqua Elisabeth en fronçant les sourcils. Mais je ne me souviens pas que la Porte ait été réactivée après l’attaque…
- Parce qu’elle ne l’a pas été, avoua McKay. Le major et moi-même l’avons cherché partout, mais sans résultat…
- Et c’est maintenant que vous le dites ?! les réprimanda Weir.
- Chaya n’est pas un danger, rétorqua Sheppard. Si elle a disparu mais qu’elle se trouve encore dans la cité, j’imagine qu’elle a ses raisons… Je ne pense pas qu’il s’agisse de notre problème prioritaire…
- Major, j’ai la désagréable impression d’entendre parler l’homme plutôt que le militaire, insinua O’Neill désapprobateur.
- En effet, j’apprécie beaucoup Chaya, mais je suis parfaitement capable de faire la part des choses, mon général, répondit Sheppard, rageur. Et je…
- Messieurs, s’il vous plaît, les coupa Weir sur un ton de reproche. »
Les deux militaires se lancèrent un dernier regard de défi, mais sans rien ajouter. Ils étaient tous tendus, les nerfs à vif. Le docteur Weir estima que leur état n’apporterait rien de bon à la réunion, aussi décida-t-elle d’y mettre un terme, afin que chacun puisse se reposer et reprendre ses esprits.
Mais au moment où ils se levaient, le docteur Beckett fit irruption dans la salle. Ses traits étaient tirés, et il semblait littéralement épuisé et las. Daniel, qui durant tout le temps de la réunion était resté silencieux et pensif, sortit brutalement de sa torpeur et se précipita vers lui, anxieux.
« Comment va Gabrielle ? demanda-t-il sans détour.
- Je crois que vous devriez vous rasseoir… Ce ne sont pas de bonnes nouvelles que j’apporte. »
Daniel pâlit horriblement à ses mots, mais se laissa tombé sur l’un des sièges près de lui, l’air accablé. Inquiets, les autres membres du SGC et d’Atlantis l’imitèrent, tandis que Beckett prenait place face à eux. Thor s’excusa, puis sortit afin de régler les derniers détails de son départ.
« Elle va donc si mal ? s’alarma Samantha.
- Ses blessures sont beaucoup plus graves que ce que nous pensions, avoua le médecin en se frottant les yeux. De nombreux organes vitaux ont été touchés, et elle souffre de multiples hémoragies internes. Elle est très faible…
- Mais elle va s’en sortir, n’est-ce pas ? insista Daniel, abattu par ce qu’il venait d’entendre.
- Je ne peux pas me prononcer, je suis désolé. J’aimerais vous répondre, mais j’en suis incapable. D’autant que son état est très particulier… »
Il soupira, mais devant l’air interrogateur de ses compagnons, il reprit, patiemment.
« Vous souvenez-vous de ce que je vous avais dit concernant les zones dormantes du cerveau de Gabrielle ?
- Qu’elles présentaient des signes de réveil, répondit McKay. Et alors ? Quel rapport ?
- Le processus semble s’être accéléré avec l’accident, sans que j’arrive à comprendre pourquoi. Le réveil de toutes les zones végétatives de son cortex cérébral est à présent bien réel. L’ennui, c’est que l’activation de ces zones nécessite un important besoin en énergie de la part de son corps. Une énergie qui est transféré au cerveau au détriment de ses organes blessés. Si son cerveau continue à ponctionner de cette manière toute son énergie, son corps ne parviendra pas à guérir. Or ses blessures sont extrêment sérieuses. Nos soins ne peuvent palier cette absence de réaction de la part de son organisme. Depuis son transfert à l’infirmerie, elle s’est déjà considérablement affaiblie… »
Cette dernière nouvelle les consterna tous. Ils fixaient le docteur Beckett sans véritablement le voir, leurs esprits refusant de comprendre ce qui se passait.
« Nous parlons de Gabrielle ! s’écria soudain Daniel, furieux et découragé. Elle a survécu au Fléau ! Elle survivra à ces blessures !
- Docteur Jackson, il s’agit de situations très différentes…
- Pourquoi ne demandez-vous pas aux Asgards de la guérir ?!! Ils en ont les moyens…
- Parce que vous pensez que je n’y avais pas songé ?! cria à son tour Beckett en se levant de son siège, perdant son sang-froid. L’une des leurs, Freyja, est venue examiner Gabrielle ! Mais elle n’a rien pu faire ! Son état est trop sérieux, sans compter que tant que son cerveau continuera à l’épuiser, tout soin se révèlera inutile !
- Vous mentez ! Vous êtes installé dans la plus mythique cité de l’univers, avec une technologie dépassant de loin tout ce que nous avons pu rencontré jusqu’à présent, et vous voulez me faire croire que vous ne pouvez rien faire ?!!
- Daniel ! Calmez-vous !
- Laissez-moi, Jack ! Je refuse de croire qu’il soit impossible de la guérir ! Ou alors vous n’êtes pas un médecin aussi brillant que vous le laisser croire ?!!! Je veux que d’autres personnes l’examinent, que…
- Mais vous ne comprenez pas ?!! hurla Beckett, hors de lui. ELLE EST MOURANTE !!! »
Sa dernière clameur sembla faire l’effet d’un coup de poing à Daniel. Il s’était levé lui-aussi, mais resta immobile, les bras balants, incapable de réagir à ce que le médecin venait de lui crier. Son visage s’était figé, sans expression.
« Daniel, l’appela doucement Samantha. »
Pour toute réponse, l’archéologue sortit de la salle de réunion, les laissant désappointés et totalement atterés.
Infirmerie, Atlantis, galaxie de Pégase.
Gabrielle était étendue sur l’un des lits, inconsciente. Un appareil respiratoire couvrait sa bouche et son nez, tandis qu’un tube reliait son avant-bras à différentes perfusions. Un appareil atlante avait été installé près d’elle, enregistrant l’évolution de son état. Le visage de la jeune femme était d’une pâleur cadavérique. Ses paupières étaient closes. Ses cheveux s’étalaient de part et d’autre de son oreiller, cascades dorées réhaussant la blancheur de son teint.
Daniel sentit sa gorge se nouer. Il s’approcha du lit silencieusement. Le docteur Lam était assise sur une chaise, aux côtés de sa patiente. Ses yeux étaient rouges, et Daniel la soupçonna d’avoir pleuré peu avant son arrivée. Elle lui sourit faiblement.
« Comment va-t-elle ? »
Question dérisoire et inutile qui trahissait la détresse de l’archéologue et son chagrin d’être là à la regarder s’éteindre sans rien pouvoir faire.
« Son état a encore empiré, confessa le docteur Lam en reniflant. Mais il existe une chance infime de la voir s’en sortir, Daniel. Si elle parvient à passer les douze prochaines heures, alors peut-être qu’elle survivra… »
Daniel resta silencieux. Il se sentait tellement frustré… Il n’admettait pas ce que le docteur Beckett lui avait affirmé quelques instants auparavant. Gabrielle était mourante… Il était incapable de l’accepter. Il ne le voulait pas. Il ne le supportait pas.
Il s’assit sur le bord du lit, et prit dans sa main celle, froide et inerte, de la jeune femme.
« Il faut vivre, Gabrielle… Pour vous, pour Tommy… Vous êtes si jeune… Vous avez connu bien pire comme situation… Vous avez survécu au Fléau… Vous ne pouvez pas mourir comme ça… »
Il entendit des bruits de pas derrière lui.
« Daniel ?
- Jack… »
O’Neill était venu seul. Il avait demandé aux autres membres de la réunion de ne pas le suivre, et les avaient chargé de prévenir le reste des membres d’Atlantis de la situation. Le militaire s’approcha de son ami, et posa une main amicale sur son épaule.
« Je n’ai jamais rien vu d’aussi triste, murmura-t-il. »
Daniel ne répondit pas, mais serra un peu plus fort la main de Gabrielle.
« Vous ne pouvez pas rester ici, Daniel… Vous vous faites du mal pour rien… C’est à elle de se battre…seule…
- Et que voulez-vous que je fasse, Jack ? Que je retourne sagement dans mon bureau à me torturer l’esprit pour trouver une solution au Fléau et à la prochaine attaque des wraiths, alors qu’il n’en existe aucune, pendant qu’elle se trouve entre la vie et la mort, c’est ça ? »
Il n’y avait pas de colère dans sa voix, simplement du chagrin.
« Daniel… ?
- Oui, j’en ai bien peur, Jack… »
Il eut un rire nerveux et bref, qui effraya O’Neill. Jusqu’à présent, celui-ci ne s’inquiétait que de l’état de la jeune femme, mais il prit soudainement conscience des conséquences que la mort de Gabrielle pourrait avoir sur Daniel… et sur tous les autres membres de la cité.
Comprenant que Daniel ne bougerait pas, O’Neill approcha une chaise de celle du docteur Lam, et une longue et terrible attente commença. Aucun d’eux ne parlait, le regard fixé sur le visage de la jeune femme. Les heures s’écoulèrent, lentes et insupportables, mais à chacune d’elles l’espoir de la voir s’en sortir grandissait dans le cœur de Daniel. La fin des douze heures approchait doucement, et l’état de Gabrielle semblait s’être stabilisé.
Durant cette angoissante attente, O’Neill songeait à leur situation, sans parvenir à trouver de solution. Si les wraiths attaquaient, ils n’avaient nulle part où se réfugier, et bien qu’à présent ils soient plus nombreux à pouvoir défendre Atlantis, le docteur Weir et McKay lui avaient clairement fait comprendre que leurs moyens de défense étaient insignifiants. Carter avait décidé de se pencher sur le problème du bouclier, unique moyen de défense véritablement efficace contre les wraiths. McKay avait décidé de l’aider, mais O’Neill le soupçonnait d’avoir déjà renoncé à le voir fonctionner, ce dont lui-même était convaincu. Les équipes d’Atlantis avait travaillé à ce problème depuis leur arrivée sans succès, et malgré sa confiance absolue en le génie de Samantha, il doutait qu’elle fut capable de régler à elle seule la question.
Qui plus est, la situation sur Terre le préoccupait également. Presque un mois s’était écoulé depuis leur fuite de la base de Cheyenne Mountain et la reprise du Fléau, et il craignait ne pas pouvoir empêcher l’extinction de la population terrienne. Cette idée lui était intolérable. Mais la seule et unique personne qui aurait pu lui fournir l’aide dont il avait besoin pour lutter était étendue face à lui, plongée dans un coma profond, et en cet instant, O’Neill pouvait ressentir l’entier abysse qui le séparait d’elle et du salut de son peuple. Car malgré tout ce que Gabrielle avait pu dire, il était encore persuadé qu’elle détenait leur avenir entre ses mains. Cette certitude était aussi forte et ancrée dans son esprit que le savoir qu’il possédait : réfuter cette certitude serait revenu pour lui à démentir que la Terre tournait autour du soleil.
« Docteur Lam ? »
Le docteur Beckett venait d’apparaître sur le seuil de l’infirmerie, mais aucun d’eux ne s’en était apperçu.
« Quel est son état ?
- Il semble s’être stabilisé, répondit le docteur Lam en se levant. Cela fait presque huit heures maintenant… Elle est plus forte que prévu… Je pense qu’elle a des chances de s’en sortir, en tout cas plus que ce que nous le supposions…
- Sa résistance est étonnante, en effet… Je vais demander à mon équipe médicale de changer ses perfusions et de vérifier ses bandages. Je suis désolé, messieurs, mais il va falloir que vous sortiez de l’infirmerie quelques instants… »
Se levant à contre-cœur mais rassurés par les paroles du médecin, Daniel et O’Neill se dirigèrent lentement vers la sortie de l’infirmerie, sans un mot.
Mais alors qu’ils s’apprêtaient à franchir la porte, une sonnerie stridente et désagréable les fit stopper net.
« C’est un arrêt cardiaque !!!! »
Beckett et le docteur Lam étaient déjà penchés sur elle, le visage décomposé, lui administrant les premiers soins de réanimation. Un groupe d’infirmiers bouscula violemment O’Neill et Daniel, qui ne comprirent pas tout de suite le drame qui se jouait sous leurs yeux.
« Vite !!! Enlevez-lui l’appareil respiratoire !!! Nous allons utiliser le défibrilateur !!! »
Le docteur Lam déboutonna la blouse de Gabrielle en toute hâte, tandis que Beckett enduisait de gel les deux appareils de réanimation cardiaque.
« Puissance à 250 !!! Ecartez-vous d’elle !!! »
Le corps de la jeune femme décrivit une violente contraction sous le choc électrique, mais la sonnerie lugubre résonnait toujours dans la salle d’infirmerie. Ne s’avouant pas vaincu pour autant, le médecin recommença une deuxième, puis une troisième fois, augmentant la puissance des chocs.
Au bout de sa cinquième tentative pour la ranimer, il reposa l’appareil sur le plateau médical autour duquel s’activaient les infirmiers.
« Il n’y a plus rien à faire… »
Le docteur Lam étouffa un sanglot en portant les mains à son visage, tandis que Daniel considérait la scène sans comprendre encore. Son esprit refusait d’accepter ce que ses yeux lui montraient…
« NOOOOOOON !!!! hurla-t-il soudain en se précipitant vers le lit de la jeune femme, le regard fou, brouillé par les larmes. »
Il attrapa le corps sans vie de Gabrielle, et se mit à le secouer, pour tenter de la ranimer.
« TU N’AS PAS LE DROIT DE ME LAISSER !!! TU ENTENDS, GABRIELLE ?!!! REVEILLE-TOI, JE T’EN PRIE !!! TU DOIS VIVRE !!! POUR MOI, TU DOIS VIVRE !!! JE NE LE SUPPORTERAIS PAS !!! PAS UNE NOUVELLE FOIS !!! GABRIELLE !!! »
Le corps de Daniel était secoué de sanglots violents. Son cœur lui faisait mal, si mal… Brisé, anéanti, il se laissa glisser sur le sol, la main de la jeune femme dans la sienne. Il la porta à son visage, et laissa couler sur la peau blanche et glacée ses larmes de désespoir.
O’Neill voulut le rejoindre, et l’emmener loin du corps de la jeune femme, incapable de voir plus longtemps ce spectacle atroce, mais il s’arrêta à quelques mètres de lui, stupéfait.
Une lumière blanche, éblouissante, semblait émaner de Gabrielle. Durant l’espace de quelques secondes, il crut, il eut la conviction d’assister à l’Ascension de la jeune femme. Son cœur se gonfla d’espoir à cette pensée, tandis que la clarté immaculée flottait au-dessus du lit, puis se dirigeait près de Daniel. Celui-ci avait cessé de pleurer, fasciné par la lumière qui se dégageait de Gabrielle, tout comme l’était le reste de l’équipe médical.
« Je suis désolée, docteur Jakson, murmura une voix douce mais triste… Tellement désolée… »
Jack se rendit compte que le corps de Gabrielle gisait toujours sur le lit d’infirmerie. Daniel avait toujours contre lui la main de la jeune femme. O’Neill observa plus attentivement la lumière blanche, et vit le visage de Chaya apparaître, innondé de lumière. Elle pleurait.
« J’ai essayé de la sauver… en lui proposant l’Ascension… Je n’en avais pas le droit, mais… C’est à cause de moi qu’elle a été blessée… Le tir de Dart aurait dû m’atteindre, pas elle, mais elle s’est interposée, pour me protéger… Alors que je ne craignais rien… Je ne pouvais partir ainsi, alors qu’elle avait donné sa vie pour moi… »
Une de ses larmes tomba sur le sol de la cité, scintillante comme une étoile.
« Je suis restée, pour lui ouvrir la voie de l’Ascension… Mais elle l’a refusée… Je suis navrée… »
Ne pouvant supporter davantage de rester parmi eux, sous leurs regards désemparés et larmoyants, la jeune Ancienne s’envola hors de la pièce, abandonnant le corps de celle qu’elle avait voulu sauver. L’alarme d’activation non programmée de la Porte des Etoiles se fit entendre, indiquant le départ de l’Ancienne de la cité.
O’Neill se tourna à nouveau vers Daniel, bouleversé. Le regard de son ami était devenu vide d’expression, tandis que sur ses joues coulaient ses dernières larmes.
« Je me demande qui est le plus nerveux des deux ? Le major, parce qu’il va revoir Chaya, ou bien Gabrielle, parce qu’elle va se faire scanner le cerveau ? »
Teyla donna une violente bourrade dans le dos de McKay : visiblement son humour ne lui avait pas plu.
« Vous pensez réellement que votre plan va fonctionner ?
- Je n’en sais rien, avoua le scientifique en montant à bord d’un jumper. Je l’espère… Parce que sinon, on va être dans un sacré pétrin ! »
Sheppard et Gabrielle se trouvaient déjà là. La jeune femme était assise à l’arrière du vaisseau, crispée et silencieuse, tandis que le militaire était aux commandes et exécutait d’ultimes vérifications.
« Détendez-vous, ça va bien se passer, la rassura Teyla. Chaya ne vous fera aucun mal. Ce n’est pas dans sa nature.
- Ce n’est pas la perspective d’être sondée par une Ancienne qui m’effraie… C’est l’idée de voler dans cette espèce de pot de yaourt…
- Ah, vous voyez bien, Rodney ! Le jumper ressemble à un pot de yaourt !!! Et ce n’est pas moi qui l’ai dit !!!
- Je vous en prie, major ! Quelle idée aussi d’appeler ces vaisseaux par un nom aussi ridicule… Jumper… ça ne fait pas très sérieux !
- Parce que vaisseau des étoiles c’est plus sérieux comme nom ? En plus, c’est un peu long... »
Les deux membres d’Atlantis entendirent Gabrielle et Teyla pouffer de rire.
« Au moins, maintenant, vous souriez. »
La voix du technicien Bradford se fit soudain entendre.
« Jumper 1, prêt à décoller ?
- Ici Jumper 1. Prêt à décoller. J’entre les coordonnées. »
Tandis que Sheppard appuyait sur les touches du DHD intégré au Jumper, McKay s’installa à la place du copilote. Le jumper sortit du hangar et se retrouva en salle d’embarquement. Sheppard tourna le vaisseau de telle façon à voir la salle de contrôle. Weir, O’Neill, Samantha et Daniel leur faisaient face, debouts sur le ponton surplombant la passerelle d’embarquement de la Porte des Etoiles.
« Bonne chance, major.
- Merci, docteur Weir.
- Essayez de nous ramener un ou deux Anciens, major. J’aurais deux ou trois mots à leur dire pendant qu’on les tiendra.
- Bien reçu, mon général. »
Gabrielle se pencha légèrement pour voir une dernière fois leurs visages.
« Le docteur Jackson semble tendu, remarqua Teyla.
- Il l’est. Il n’a pas arrêté de me tanner pour participer à la mission. Mais Elisabeth et le général étaient contre. Je ne sais pas pourquoi…
- Parce que je le leur ai demandé, major, répondit Gabrielle avec gêne. Il fallait que j’aie l’esprit clair pour cette mission. Daniel ne m’y aurait pas aidé… »
Sheppard et McKay se lancèrent un regard entendu et amusé, tandis que Teyla adressait un sourire complice à la jeune femme.
Sheppard orienta le jumper face à la Porte des Etoiles, et le vaisseau la franchit sans problème. Une fois sorti du vortex, la Porte se referma et Gabrielle se leva pour s’approcher du cockpit, fasciné par l’espace qui s’étendait devant eux.
« La Porte des Etoiles de cette planète se trouve en orbite. C’est pour ça que nous avons dû utiliser un jumper, expliqua Sheppard en amorçant une descente vers la planète.
- Cela arrive souvent ?
- Oui, relativement souvent. Mais ne me demandez pas pourquoi, je n’en ai aucune idée. »
Le jumper pénétra dans l’atmosphère de la planète sans dommage, et Sheppard le posa à proximité immédiate du temple où demeurait Chaya la dernière fois qu’il était venu.
« J’espère qu’elle est toujours ici, murmura-t-il en descendant du vaisseau par l’issue arrière. Je sais qu’elle ne vit pas tout le temps ici, pour préserver sa véritable nature.
- Les habitants de cette planète ignorent totalement ce qu’elle est ?
- Oui. C’est sa punition pour avoir voulu les garder en vie… C’est pour ça que cette mission s’annonce si difficile, ajouta McKay. »
Ils marchèrent une dizaine de minutes avant de parvenir au temple. Le bâtiment semblait désert. Il n’y avait aucun bruit, hormi celui du vent et des oiseaux.
« Cet endroit est très paisible, apprécia Gabrielle en examinant le couloir qu’ils longeaient.
- Content que cet endroit vous plaise. Comme ça on ne sera pas venu pour rien ; vous aurez eu droit à une belle balade !
- Rodney, parfois votre cynisme est un peu lourd.
- Ce n’est pas du cynisme, major. C’est de l’humour. Il serait tant de vous en rendre compte ! »
Ils descendirent une volée de marches et se retrouvèrent dans la cour principale.
« Chaya ?!! appella Sheppard sans grande conviction. Vous êtes là ? C’est John Sheppard !!! De la Terre !!! Vous vous souvenez de moi ?!
- Difficile de vous oublier, répondit McKay en reniflant dédaigneusement.
- Rodney, vous…
- Regardez ! s’écria Teyla, ébahie. »
Une incroyable clarté blanche venait d’apparaître par le mur qui leur faisait face, et flottait à quelques mètres d’eux. Ils restèrent plusieurs secondes à l’observer, avant que l’Ancienne ne se décide à prendre forme humaine.
« Je suis ravi de vous revoir, Chaya, la salua Sheppard, les yeux brillants.
- Moi aussi je suis heureuse de vous revoir, John… Mais je croyais vous avoir demander de ne plus revenir ici…
- Oui, je sais. Je vous l’avais promis… Mais les choses ont changé sur Atlantis. Nous avons besoin de votre aide. »
La jeune Ancienne secoua la tête, chagrinée.
« Je n’ai pas le droit de vous aider, vous le savez. Nos lois nous l’interdisent, à moi plus particulièrement. Il me semblait vous l’avoir expliquer… Repartez sur Atlantis, maintenant. »
Elle voulut se détourner d’eux et reprendre sa forme originelle, mais Gabrielle l’interpela.
« Le major Sheppard dit vrai ! Si vous ne nous aidez pas, notre peuple sera entièrement détruit ! Ceux de la Terre, mais certainement aussi ceux d’Atlantis trouveront la mort si vous refusez de nous écouter ! C’est tout ce que nous vous demandons : entendez-nous simplement. »
Chaya contempla la jeune femme avec suspicion, mais quelque chose dans ses yeux sembla la convaincre.
« Très bien. Je vous écoute. Asseyez-vous ici. »
Elle leur désigna trois bancs de pierre disposés en U. Ils s’y installèrent, et le major lui expliqua en détail la situation sur Terre, et la menace Orii qui tourmentait leur peuple.
« Avez-vous déjà entendu parler de ces êtres auparavant ?
- Les plus sages des êtres élevés m’ont appris que les Anciens étaient originaires de la galaxie d’Ida. Une partie d’entre eux seulement quitta cette galaxie pour la Voie Lactée. Les autres restèrent vivre dans la galaxie d’Ida. Ceux que vous connaissez sous le nom des Anciens furent ceux qui quittèrent la galaxie d’Ida pour s’installer sur Terre, puis dans la galaxie de Pégase. Lorsque la menace des wraiths obligea les Anciens a quitté Pégasus et Atlantis, ils retournèrent sur Terre. Mais avec leur accession à l’état d’Ascendants, certains décidèrent de retourner dans leur galaxie d’origine, rejoindre ceux que leurs ancêtres avaient quittés des millions d’années plus tôt. Leur évolution avait été assez similaire, mais les Anciens ne se rendirent pas compte que leur mentalité était différente. Ils leur ouvrirent le chemin de l’Ascension, sans se douter de ce qu’ils deviendraient. Fort heureusement, leur niveau de sagesse était insuffisant pour qu’ils atteignent un état d’Ascendant complet. Ils devinrent ceux que vous nommez les Oriis.
- Mais ce que vous nous dites n’est-il pas la violation de votre loi de non-intervention ? s’étonna Teyla.
- Non, dans le sens où les miens aidèrent ceux de leur propre peuple à s’élever.
- Une sorte de sens de la famille sélectif, remarqua McKay effrontément.
- Je n’ai pas à juger les actes des miens. Ils ont fait ce qu’ils ont cru juste.
- Mais aujourd’hui, c’est la Terre qui paie pour cette erreur de diagnostic. »
Chaya lança un regard noir au scientifique, qui le lui rendit.
« Je ne peux vous aider, répéta finalement l’Ancienne.
- Vous ne voulez pas nous aider, vous voulez dire, lança méchamment McKay, dont la mauvaise humeur était plus que palpable.
- Si vous préférez.
- Mais notre peuple ne peut se défendre seul ! s’écria Gabrielle avec véhémence. Nous avons pu nous défendre des wraiths, des goa’ulds, des réplicateurs et Dieu sait quoi encore, mais cette menace-là est bien trop grande pour que nous puissions y faire face !
- Je suis sûre que vous trouverez une solution. Les miens ont foi en votre espèce. Vous avez déjà prouvé à maintes reprises que vous étiez capable de faire face au danger.
- Pas cette fois-ci, intervint Sheppard, dont la déception était proche du désespoir.
- Vous ignorez à quel point les Oriis sont dangereux, ajouta Gabrielle.
- Pourtant vous êtes parvenue à surmonter cette épreuve, constata Chaya. Ainsi que cet enfant. C’est donc que vous n’avez pas besoin de notre aide.
- Mais ce que vous dites est totalement aberrant ! s’écria McKay, furieux de l’entêtement de l’Ancienne. Ils s’en sont peut-être sortis, mais avant eux des milliards de vie se sont éteintes !!! »
Chaya se leva.
« De toutes façons, seule je ne peux rien.
- En réalité, nous espérions que vous pourriez jouer les intermédiaires auprès des autres Anciens, avoua Sheppard.
- J’ai refusé de vous aider. Ils en feront de même. S’ils ne sont pas intervenus jusqu’ici, ils ne le feront jamais. Ils estiment eux-aussi que notre intervention n’est pas nécessaire. Je suis désolée, John.
- Attendez ! »
Gabrielle avait saisi Chaya par le poignet, mais pas de façon brutale.
« Vous ne pouvez comprendre ce que vous ne voyez pas. Et si vous ne comprenez pas, vous ne pouvez pas juger non plus.
- C’est juste, admit l’Ancienne, de nouveau attentive.
- Lisez en moi, dans ce cas. Le major m’a dit que vous aviez ce don. Lisez en moi et regardez mes souvenirs, ressentez la souffrance que les Oriis m’ont infligé sans raison aucune.
- Je ne peux…
- Vous le devez ! Par respect pour nous ! Si vous décidez une fois la fusion faite que notre demande n’a vraiment aucun sens, nous partirons… »
Chaya hésita, puis finalement hocha la tête.
« Très bien… Tenez-vous face à moi et n’ayez pas peur… »
Gabrielle ferma les yeux, éblouie, lorsque l’Ancienne eut repris sa forme de pure énergie, puis sentit soudain son corps devenir aussi léger qu’un nuage. Elle avait l’impression que son être tout entier était envahi par la lumière. Elle se sentait en paix.
« Je vais maintenant accéder à vos souvenirs, murmura une voix calme et sereine à son oreille. »
La sérénité qui l’habitait depuis quelques secondes à peine la quitta brusquement, et soudain des milliers d’images défilèrent dans son esprit à une vitesse vertigineuse. Elle revit les images affreuses de mort et de souffrance de ces neuf derniers mois, son combat douloureux contre le Fléau, la mort de sa sœur, le désespoir de ses parents, sa solitude et sa détresse à leurs disparitions, l’amertume de n’avoir pu les sauver, la peur et la tourmente de voir les habitants de la Terre périrent les uns après les autres…
« CELA SUFFIT !!! hurla-t-elle soudain. »
La peine et le chagrin qu’avaient réveillé ces souvenirs étaient si forts que sa poitrine lui faisait mal, comme si un étau l’oppressait. Elle avait le visage ruisselant de larmes, et apperçut Chaya face à elle, reprenant une forme physique, dans un état proche du sien. Tandis que Teyla se précipitait vers Gabrielle pour la soutenir, le major Sheppard avait fait asseoir Chaya sur le banc le plus proche, inquiet.
« Jamais je n’aurais cru…
- Pensez-vous réellement à présent que nous puissions vaincre les Oriis seuls ? hoqueta Gabrielle sans parvenir à retrouver une respiration régulière, secouée par les sanglots.
- Si votre Ascenssion vous a laissé quelques traces d’humanité, vous devez nous aider, supplia McKay. Ou bien nous allons tous mourir, à cause d’une erreur dont nous ne sommes pas responsables. Je vous en prie… »
Chaya les regarda tour à tour, pleurant toujours, atterée par ce qu’elle avait lu dans l’esprit de la jeune femme.
« Fort bien. Je parlerais au Haut Conseil des Anciens… »
Salle d’embarquement, Atlantis, galaxie de Pégase.
« Soyez de nouveau la bienvenue sur Atlantis, Chaya, salua le docteur Weir en adressant un sourire amical à la jeune Ancienne.
- C’est un plaisir de vous revoir.
- Le plaisir est partagé, ajouta Sheppard en la saluant à son tour. »
Chaya lui adressa un sourire équivoque.
« Chaya, j’aimerais vous présenter le général O’Neill, le colonel Carter, Teal’c et le docteur Jackson. Vous connaissez déjà Gabrielle…
- Enchantée de faire la rencontre de nouveaux Terriens. »
Leur ayant adressé un signe de tête en guise de salut, elle se tourna vers la jeune femme restée en retrait.
« Vous êtes-vous remise de notre… première rencontre ? s’inquiéta Chaya.
- Oui, je vais bien. C’est gentil de vous inquiéter. »
La jeune femme semblait en effet avoir bonne mine, mais l’Ancienne attarda son regard sur elle. Elle ignorait pourquoi, mais Gabrielle lui semblait différente de ses compagnons. Elle avait déjà ressenti cette impression la première fois qu’elle l’avait rencontrée. Quelque chose d’étrange émanait d’elle… comme une force naissante, un pouvoir puissant mais pas encore achevé.
« Nous pouvons monter en salle de réunion pour…
- C’est inutile, docteur Weir. Je ne peux m’attarder bien longtemps sur Atlantis. Je dois rejoindre dès que possible ma planète. Les wraiths sont agités ces temps-ci, je l’ai ressenti. Je ne peux laisser mon peuple sans protection pendant une longue période.
- Comme il vous plaira.
- Alors ? Vous avez pu rencontrer d’autres Anciens ? s’enquit O’Neill avec impatience.
- Oui. Le Haut Conseil des Anciens a accepté de se réunir pour m’écouter, et étudier votre requête.
- Et ?
- Il a refusé catégoriquement toutes interventions que ce soit. »
La nouvelle jeta un froid glacial sur les membres du SGC et d’Atlantis. Chaya observa leurs visages défaits et consternés avec gêne. Elle semblait véritablement navrée.
« Ils ne veulent pas nous aider ? répéta McKay sans y croire. Ils vont nous laisser crever sans lever le petit doigt, sans réagir…
- Ils disent que c’est à vous de faire face. Ils estiment ne rien vous devoir…
- Ce n’est pas possible… »
O’Neill était furieux et atterré. Ils frotta ses mains sur son visage, comme s’il avait voulu se réveiller d’un mauvais cauchemard.
« Croyez bien que j’ai tout tenté pour les convaincre… Mais en vain. Ils m’ont également fait comprendre que si j’essayais d’intervenir seule, les conséquences pour moi, mon peuple mais pour vous également seraient terribles.
- Quelle bande de planqués sournois ! maugréa O’Neill de plus belle.
- Nous ne vous reprochons rien, Chaya, la rassura Sheppard. Merci d’avoir essayé…
- J’aurais voulu faire plus.
- Vous avez déjà fait beaucoup, admit le docteur Weir en esquissant un sourire. Nous ne vous dérangerons plus… »
Elle rejoignit O’Neill et SG1 qui avaient déjà commencé à monter les escaliers pour rejoindre la Porte des Etoiles. Sheppard la quitta à son tour, à contre-cœur, après l’avoir saluée.
« Ils semblent vraiment déçus…
- Ils le sont. Non, en fait c’est pire que ça. Ils sont au bord du désespoir. »
Chaya avait rejoint Gabrielle, qui s’était assise sur l’une des premières marches de l’escalier. La Porte s’était désactivée et la pénombre avait regagné la pièce. Il était tard sur Atlantis, et tout était silencieux.
« Pourquoi refusent-ils de nous aider, je ne comprends pas, murmura Gabrielle. Ils étaient humains après tout, avant leur ascension… Vous n’éprouvez donc plus aucune compassion ? »
Chaya dévisagea la jeune femme avec intérêt.
« Nous sommes encore capables d’éprouver des émotions, ce n’est pas le problème. Mais l’accès au savoir et à la connaissance a son prix. Vous devez comprendre quels risques nous encouront à nous mêler de l’évolution d’êtres moins élevés que nous-même. Plusieurs d’entre nous en ont fait l’amère expérience, et ils l’ont chèrement payé… Et nos interventions, même en ayant des intentions louables, peuvent nuire gravement aux peuples intéressés.
- Oui… Le major Sheppard m’a expliqué votre punition…
- Je n’aurais pas dû intervenir dans le destin de mon peuple…
- Ce n’est pas moi qui vous en blâmerais… J’aurais agi de la même façon, sans aucune hésitation. Si j’étais une Ancienne, je pourrais les sauver … »
Chaya comprit qu’elle parlait de ceux restés sur Terre. Elle se souvint des images entrevus dans l’esprit de Gabrielle, de la blessure douloureuse et toujours à vif qu’avait laissé la mort de ses parents et de sa sœur.
« Ils croient que je détiens la solution à notre crise, ajouta Gabrielle tristement. Mais ce n’est pas le cas… J’avais tellement espéré que l’intervention des votres le leur ferait comprendre. Mais je crois bien qu’au plus profond d’eux-même, ils savaient qu’ils refuseraient d’intervenir et ils ont continué d’espérer en moi…
- Cet espoir que vous représentez, vous ne semblez pas l’assumer… ni l’apprécier…
- C’est un poids trop lourd à porter, d’autant que je sais ne rien pouvoir faire… »
Une pointe d’amertume était perceptible dans sa voix. Elle doutait fortement d’elle, c’était certain. Pourtant Chaya sentait au plus profond d’elle-même que l’espoir que le peuple de la Terre avait placé en elle n’était pas une erreur.
« Vous êtes étrange… Il y a quelque chose de différent en vous, que je n’avais jamais ressenti chez aucun autre de vos semblables…
- Ce doit être dû à ma résistance au Fléau… Je fais cet effet-là à beaucoup de gens…
- L’espoir que votre peuple a placé en vous n’est pas une méprise, selon moi… Il y a une raison pour que ce que vous avez vécu soit arrivé, et je… »
Mais Gabrielle ne sut jamais ce que Chaya voulut ajouter. La Porte des Etoiles qui se trouvait face à elle s’activa soudain. Toutes deux se levèrent d’un même mouvement, surprises, mais elles ne songèrent pas à s’éloigner.
« Gabrielle ! Chaya ! Quittez la salle d’embarquement immédiatement ! ordonna la voix du docteur Weir dans les hauts parleurs. »
Le vortex s’ouvrit l’instant suivant. Aucune d’elles n’avait bougé. Teal’c, Sheppard et O’Neill se précipitèrent hors de la salle de contrôle, en direction de l’escalier.
« Je reçois un code d’identification ! s’écria le technicien Bradford. Il s’agit de l’équipe de ravitaillement commandé par le docteur Kavanagh !
- Ouvrez l’iris, commanda Weir, soulagée. »
Le bouclier d’énergie fut désactivé immédiatement, lorsque soudain une communication fut transmise par l’équipe de ravitaillement.
« Atlantis, ici Jumper 3 !!! Nous essuyons actuellement le tir ennemi de trois vaisseaux wraiths ! Je répète : l’ennemi nous a pris pour cible !!! Tenez-vous prêts à fermer l’iris dès notre retour !!! »
Elisabeth jeta un regard inquiet à Samantha, qui était restée dans la salle de contrôle, puis appuya sur l’un des cristaux de l’ordinateur de contrôle pour diffuser un message d’alerte aux unités de sécurité. Mais elle avait à peine prononcé trois mots qu’un premier tir de dart traversa la Porte.
Une explosion assourdissante ébranla la salle de contrôle. Elle entendit O’Neill ordonner aux hommes armés guettant près de la Porte de reculer immédiatement. Un second tir de dart toucha l’un des piliers de la salle d’embarquement.
« Jumper 3, ici Weir !!! Nous avons déjà subi deux tirs de dart ici !!!
- Nous arrivons, madame !!! »
Un troisième tir de dart fit trembler une nouvelle fois les murs de la cité. Elisabeth sortit en courant de la salle de contrôle, le visage défait. Le jumper apparut soudain dans la salle d’embarquement, la coque noircie à différents endroits, là où les tirs avaient atteint le vaisseau. L’iris fut réactivé presque aussitôt.
« Tout le monde va bien ?! »
L’équipe d’O’Neill, ainsi que les équipes de sécurité d’Atlantis, quittèrent leurs abris et la rassurèrent. Visiblement, il y avait eu plus de peur que de mal.
« Aucun homme de touché, c’est un miracle ! s’écria O’Neill en la rejoignant. »
Ni lui, ni Teal’c, ni Sheppard n’avait pu descendre en salle d’embarquement durant l’attaque et étaient restés cachés derrière la rembarde du ponton.
« C’est toujours comme ça ? insista le militaire, cynique.
- Oh non. Là c’était calme, mon général, répondit Sheppard sur le même ton. Nous ne… »
Un cri provenant du pied de l’escalier le coupa brusquement. Chaya se tenait au bas des marches, à genou, le buste penché au-dessus d’un corps inanimé.
« C’est pas vrai ! gromela O’Neill, inquiet, en dévalant l’escalier, imité par Teal’c et Sheppard.
- Une équipe médicale de toute urgence en salle d’embarquement ! cria Elisabeth en se précipitant à leur suite. Gabrielle a été touchée !!! »
Salle de briefing, Atlantis, galaxie de Pégase.
Daniel était assis seul à la table de réunion lorsque le docteur Weir, le général O’Neill, les autres membres de SG1 et l’équipe SGA du major Sheppard entrèrent, accompagnés de Thor. L’archéologue ne semblait pas avoir remarqué leur entrée. Son regard était fixe, perdu dans un flot de pensées mouvantes et désordonnées. Samantha et O’Neill échangèrent un regard soucieux, mais ils ne soufflèrent mot. Tous prirent place autour de la table.
« Très bien, j’ai décidé que cette réunion se limiterait aux personnes présentes en cet instant, afin de pouvoir faire le point aussi calmement que possible sur la situation. »
Elisabeth jeta un regard autour d’elle, mais nul ne songea à désapprouver sa décision.
« Comme vous le savez, l’équipe de ravitaillement de ce matin s’est faite attaquée par les wraiths il y a quelques heures. Nous avons malheureusement pu constaté que l’un des membres de cette équipe manquait à l’appel… Le docteur Kavanagh est porté disparu. Nous présumons qu’il a été capturé par nos ennemis, car nous n’avons eu aucune nouvelle de lui depuis le retour du jumper. Or s’il était encore vivant et libre de ses mouvements, il est plus que probable qu’il aurait essayé de nous contacter… »
Les paroles de la jeune femme furent accueillies par un silence pesant, lourd de menaces équivoques.
« Autrement dit, vous êtes en train de nous annoncer que la sécurité même de la cité est fortement compromise, interpréta O’Neill, le visage grave.
- Même dans le cas, incertain, où le docteur Kavanagh n’ait pas été pris par les wraiths, poursuivit Sheppard. Le fait que l’équipe se soit enfuie en jumper n’a pu leur échapper. Or les jumpers sont originaires d’Atlantis, et nous sommes censés l’avoir détruite… Nous soupçonnions depuis quelques temps que les wraiths suspectaient certains d’entre nous d’avoir survécu… Mais ces quelques soupçons n’étaient pas inquiétants en soi. Enfin pas jusqu’à présent.
- Le risque est-il si grand, pour les personnes vivant dans Atlantis ? demanda Samantha, sceptique quant au fait que le danger soit si immédiat.
- Comprenez ceci, colonel Carter, intervint McKay. Nous avons réveillé les wraiths, et ceux-ci sont aujourd’hui nombreux et affamés. Nous avons dû utiliser une bombe nucléaire lors de leur dernière attaque, pour leur faire croire que nous étions tous morts et nous en sortir sans trop de casse… Ils ne vont pas tardés à débarquer ici prochainement, pour achever le travail ! Restez sur Atlantis s’avèrerait une pure folie, surtout que maintenant ils risquent de gober ce genre de numéro de passe-passe plus difficilement…
- Alors que proposez-vous ? l’interrogea O’Neill avec défiance. Retourner sur Terre nous faire exterminer par les Oriis ?! »
McKay secoua la tête, un sourire contraint sur les lèvres.
« Peut-être pourrions-nous trouver refuge sur une autre planète ? proposa Teyla à brûle-point.
- Nous ne pouvons pas, Teyla… J’y ai déjà songé, mais nous sommes bien trop nombreux et visibles, répondit Weir. Les Asgards ne pourraient-ils nous aider à préparer notre défense sur Atlantis ?
- Cette cité est bien trop grande, et vous êtes bien trop nombreux, pour que nous puissions vous assurer une protection efficace, avoua Thor, ennuyé.
- Mais vous avez vos vaisseaux, insista Sheppard.
- Il s’agit de vaisseaux de transport, et non de combat, major Sheppard. De plus, nous ignorons totalement si nos armes sont efficaces contre la technologie wraith… Je ne peux faire courir ce risque aux membres de mon équipage…
- Nous comprenons tout à fait, Thor, le remercia malgré tout O’Neill. D’ailleurs, je vous conseille d’éloigner vos vaisseaux d’ici, si vous ne voulez pas que ça chauffe pour votre jolie peau grise…
- Nous avons déjà débuté le transfert de nos équipes à bord de nos vaisseaux… Nous espérons quitter rapidement la galaxie de Pégase, et avoir le temps de prévenir les notres du danger encouru ici, afin de vous envoyer de l’aide. Mais cela risque de prendre du temps…
- Et pourquoi ne pas tous nous emmener ? proposa McKay.
- Je vous l’ai déjà dit : vous êtes trop nombreux. Nos vaisseaux ne pourraient transporter qu’une partie seulement d’entre vous. Etes-vous prêts à un tel acte ?
- Certainement pas ! s’écria Weir avec véhémence, choquée par une telle idée. Nous n’abandonnons jamais personne sans nous battre auparavant ! N’est-ce pas, général ?
- C’est on ne peut plus juste. Mais le problème reste entier… Combien de temps avons-nous, selon vous, avant de voir une de ces saletés débarquer ici ?
- Difficile à dire, estima Sheppard. Un jour, une semaine, un mois… Tout dépend où leurs vaisseaux-ruches sont stationnés…
- Etant donné que la planète sur laquelle notre équipe a été attaquée n’était pas très éloignée de nous, on peut craindre une courte période de répis avant de les voir arriver, jaugea McKay après quelques secondes de réflexion.
- Parfait !!! On est bien avancé ! »
La mauvaise humeur d’O’Neill croissait à chaque minute, mais à la vérité, Samantha savait que cet excès de colère cachait une profonde inquiétude, non seulement pour leur situation, mais aussi pour Gabrielle. Depuis que la jeune femme avait été transportée à l’infirmerie de toute urgence, ils n’avaient plus eu de nouvelles, le docteur Lam ayant interdit à quiconque l’accès à l’infirmerie, hormi au personnel médical. Cela s’était passé il y avait déjà près de six heures.
« Et cette Ancienne… Chaya… Ne pourrait pas nous héberger ? suggéra O’Neill sans trop y croire.
- Non, c’est impossible, répondit Sheppard en soupirant. Il s’agit justement de l’une des règles imposées par les Anciens lorsqu’elle a été punie…
- Forcément, ça aurait été trop beau… Mais au fait, où notre invité est-elle passée ? Elle est repartie sur sa planète ?
- C’est une bonne question, remarqua Elisabeth en fronçant les sourcils. Mais je ne me souviens pas que la Porte ait été réactivée après l’attaque…
- Parce qu’elle ne l’a pas été, avoua McKay. Le major et moi-même l’avons cherché partout, mais sans résultat…
- Et c’est maintenant que vous le dites ?! les réprimanda Weir.
- Chaya n’est pas un danger, rétorqua Sheppard. Si elle a disparu mais qu’elle se trouve encore dans la cité, j’imagine qu’elle a ses raisons… Je ne pense pas qu’il s’agisse de notre problème prioritaire…
- Major, j’ai la désagréable impression d’entendre parler l’homme plutôt que le militaire, insinua O’Neill désapprobateur.
- En effet, j’apprécie beaucoup Chaya, mais je suis parfaitement capable de faire la part des choses, mon général, répondit Sheppard, rageur. Et je…
- Messieurs, s’il vous plaît, les coupa Weir sur un ton de reproche. »
Les deux militaires se lancèrent un dernier regard de défi, mais sans rien ajouter. Ils étaient tous tendus, les nerfs à vif. Le docteur Weir estima que leur état n’apporterait rien de bon à la réunion, aussi décida-t-elle d’y mettre un terme, afin que chacun puisse se reposer et reprendre ses esprits.
Mais au moment où ils se levaient, le docteur Beckett fit irruption dans la salle. Ses traits étaient tirés, et il semblait littéralement épuisé et las. Daniel, qui durant tout le temps de la réunion était resté silencieux et pensif, sortit brutalement de sa torpeur et se précipita vers lui, anxieux.
« Comment va Gabrielle ? demanda-t-il sans détour.
- Je crois que vous devriez vous rasseoir… Ce ne sont pas de bonnes nouvelles que j’apporte. »
Daniel pâlit horriblement à ses mots, mais se laissa tombé sur l’un des sièges près de lui, l’air accablé. Inquiets, les autres membres du SGC et d’Atlantis l’imitèrent, tandis que Beckett prenait place face à eux. Thor s’excusa, puis sortit afin de régler les derniers détails de son départ.
« Elle va donc si mal ? s’alarma Samantha.
- Ses blessures sont beaucoup plus graves que ce que nous pensions, avoua le médecin en se frottant les yeux. De nombreux organes vitaux ont été touchés, et elle souffre de multiples hémoragies internes. Elle est très faible…
- Mais elle va s’en sortir, n’est-ce pas ? insista Daniel, abattu par ce qu’il venait d’entendre.
- Je ne peux pas me prononcer, je suis désolé. J’aimerais vous répondre, mais j’en suis incapable. D’autant que son état est très particulier… »
Il soupira, mais devant l’air interrogateur de ses compagnons, il reprit, patiemment.
« Vous souvenez-vous de ce que je vous avais dit concernant les zones dormantes du cerveau de Gabrielle ?
- Qu’elles présentaient des signes de réveil, répondit McKay. Et alors ? Quel rapport ?
- Le processus semble s’être accéléré avec l’accident, sans que j’arrive à comprendre pourquoi. Le réveil de toutes les zones végétatives de son cortex cérébral est à présent bien réel. L’ennui, c’est que l’activation de ces zones nécessite un important besoin en énergie de la part de son corps. Une énergie qui est transféré au cerveau au détriment de ses organes blessés. Si son cerveau continue à ponctionner de cette manière toute son énergie, son corps ne parviendra pas à guérir. Or ses blessures sont extrêment sérieuses. Nos soins ne peuvent palier cette absence de réaction de la part de son organisme. Depuis son transfert à l’infirmerie, elle s’est déjà considérablement affaiblie… »
Cette dernière nouvelle les consterna tous. Ils fixaient le docteur Beckett sans véritablement le voir, leurs esprits refusant de comprendre ce qui se passait.
« Nous parlons de Gabrielle ! s’écria soudain Daniel, furieux et découragé. Elle a survécu au Fléau ! Elle survivra à ces blessures !
- Docteur Jackson, il s’agit de situations très différentes…
- Pourquoi ne demandez-vous pas aux Asgards de la guérir ?!! Ils en ont les moyens…
- Parce que vous pensez que je n’y avais pas songé ?! cria à son tour Beckett en se levant de son siège, perdant son sang-froid. L’une des leurs, Freyja, est venue examiner Gabrielle ! Mais elle n’a rien pu faire ! Son état est trop sérieux, sans compter que tant que son cerveau continuera à l’épuiser, tout soin se révèlera inutile !
- Vous mentez ! Vous êtes installé dans la plus mythique cité de l’univers, avec une technologie dépassant de loin tout ce que nous avons pu rencontré jusqu’à présent, et vous voulez me faire croire que vous ne pouvez rien faire ?!!
- Daniel ! Calmez-vous !
- Laissez-moi, Jack ! Je refuse de croire qu’il soit impossible de la guérir ! Ou alors vous n’êtes pas un médecin aussi brillant que vous le laisser croire ?!!! Je veux que d’autres personnes l’examinent, que…
- Mais vous ne comprenez pas ?!! hurla Beckett, hors de lui. ELLE EST MOURANTE !!! »
Sa dernière clameur sembla faire l’effet d’un coup de poing à Daniel. Il s’était levé lui-aussi, mais resta immobile, les bras balants, incapable de réagir à ce que le médecin venait de lui crier. Son visage s’était figé, sans expression.
« Daniel, l’appela doucement Samantha. »
Pour toute réponse, l’archéologue sortit de la salle de réunion, les laissant désappointés et totalement atterés.
Infirmerie, Atlantis, galaxie de Pégase.
Gabrielle était étendue sur l’un des lits, inconsciente. Un appareil respiratoire couvrait sa bouche et son nez, tandis qu’un tube reliait son avant-bras à différentes perfusions. Un appareil atlante avait été installé près d’elle, enregistrant l’évolution de son état. Le visage de la jeune femme était d’une pâleur cadavérique. Ses paupières étaient closes. Ses cheveux s’étalaient de part et d’autre de son oreiller, cascades dorées réhaussant la blancheur de son teint.
Daniel sentit sa gorge se nouer. Il s’approcha du lit silencieusement. Le docteur Lam était assise sur une chaise, aux côtés de sa patiente. Ses yeux étaient rouges, et Daniel la soupçonna d’avoir pleuré peu avant son arrivée. Elle lui sourit faiblement.
« Comment va-t-elle ? »
Question dérisoire et inutile qui trahissait la détresse de l’archéologue et son chagrin d’être là à la regarder s’éteindre sans rien pouvoir faire.
« Son état a encore empiré, confessa le docteur Lam en reniflant. Mais il existe une chance infime de la voir s’en sortir, Daniel. Si elle parvient à passer les douze prochaines heures, alors peut-être qu’elle survivra… »
Daniel resta silencieux. Il se sentait tellement frustré… Il n’admettait pas ce que le docteur Beckett lui avait affirmé quelques instants auparavant. Gabrielle était mourante… Il était incapable de l’accepter. Il ne le voulait pas. Il ne le supportait pas.
Il s’assit sur le bord du lit, et prit dans sa main celle, froide et inerte, de la jeune femme.
« Il faut vivre, Gabrielle… Pour vous, pour Tommy… Vous êtes si jeune… Vous avez connu bien pire comme situation… Vous avez survécu au Fléau… Vous ne pouvez pas mourir comme ça… »
Il entendit des bruits de pas derrière lui.
« Daniel ?
- Jack… »
O’Neill était venu seul. Il avait demandé aux autres membres de la réunion de ne pas le suivre, et les avaient chargé de prévenir le reste des membres d’Atlantis de la situation. Le militaire s’approcha de son ami, et posa une main amicale sur son épaule.
« Je n’ai jamais rien vu d’aussi triste, murmura-t-il. »
Daniel ne répondit pas, mais serra un peu plus fort la main de Gabrielle.
« Vous ne pouvez pas rester ici, Daniel… Vous vous faites du mal pour rien… C’est à elle de se battre…seule…
- Et que voulez-vous que je fasse, Jack ? Que je retourne sagement dans mon bureau à me torturer l’esprit pour trouver une solution au Fléau et à la prochaine attaque des wraiths, alors qu’il n’en existe aucune, pendant qu’elle se trouve entre la vie et la mort, c’est ça ? »
Il n’y avait pas de colère dans sa voix, simplement du chagrin.
« Daniel… ?
- Oui, j’en ai bien peur, Jack… »
Il eut un rire nerveux et bref, qui effraya O’Neill. Jusqu’à présent, celui-ci ne s’inquiétait que de l’état de la jeune femme, mais il prit soudainement conscience des conséquences que la mort de Gabrielle pourrait avoir sur Daniel… et sur tous les autres membres de la cité.
Comprenant que Daniel ne bougerait pas, O’Neill approcha une chaise de celle du docteur Lam, et une longue et terrible attente commença. Aucun d’eux ne parlait, le regard fixé sur le visage de la jeune femme. Les heures s’écoulèrent, lentes et insupportables, mais à chacune d’elles l’espoir de la voir s’en sortir grandissait dans le cœur de Daniel. La fin des douze heures approchait doucement, et l’état de Gabrielle semblait s’être stabilisé.
Durant cette angoissante attente, O’Neill songeait à leur situation, sans parvenir à trouver de solution. Si les wraiths attaquaient, ils n’avaient nulle part où se réfugier, et bien qu’à présent ils soient plus nombreux à pouvoir défendre Atlantis, le docteur Weir et McKay lui avaient clairement fait comprendre que leurs moyens de défense étaient insignifiants. Carter avait décidé de se pencher sur le problème du bouclier, unique moyen de défense véritablement efficace contre les wraiths. McKay avait décidé de l’aider, mais O’Neill le soupçonnait d’avoir déjà renoncé à le voir fonctionner, ce dont lui-même était convaincu. Les équipes d’Atlantis avait travaillé à ce problème depuis leur arrivée sans succès, et malgré sa confiance absolue en le génie de Samantha, il doutait qu’elle fut capable de régler à elle seule la question.
Qui plus est, la situation sur Terre le préoccupait également. Presque un mois s’était écoulé depuis leur fuite de la base de Cheyenne Mountain et la reprise du Fléau, et il craignait ne pas pouvoir empêcher l’extinction de la population terrienne. Cette idée lui était intolérable. Mais la seule et unique personne qui aurait pu lui fournir l’aide dont il avait besoin pour lutter était étendue face à lui, plongée dans un coma profond, et en cet instant, O’Neill pouvait ressentir l’entier abysse qui le séparait d’elle et du salut de son peuple. Car malgré tout ce que Gabrielle avait pu dire, il était encore persuadé qu’elle détenait leur avenir entre ses mains. Cette certitude était aussi forte et ancrée dans son esprit que le savoir qu’il possédait : réfuter cette certitude serait revenu pour lui à démentir que la Terre tournait autour du soleil.
« Docteur Lam ? »
Le docteur Beckett venait d’apparaître sur le seuil de l’infirmerie, mais aucun d’eux ne s’en était apperçu.
« Quel est son état ?
- Il semble s’être stabilisé, répondit le docteur Lam en se levant. Cela fait presque huit heures maintenant… Elle est plus forte que prévu… Je pense qu’elle a des chances de s’en sortir, en tout cas plus que ce que nous le supposions…
- Sa résistance est étonnante, en effet… Je vais demander à mon équipe médicale de changer ses perfusions et de vérifier ses bandages. Je suis désolé, messieurs, mais il va falloir que vous sortiez de l’infirmerie quelques instants… »
Se levant à contre-cœur mais rassurés par les paroles du médecin, Daniel et O’Neill se dirigèrent lentement vers la sortie de l’infirmerie, sans un mot.
Mais alors qu’ils s’apprêtaient à franchir la porte, une sonnerie stridente et désagréable les fit stopper net.
« C’est un arrêt cardiaque !!!! »
Beckett et le docteur Lam étaient déjà penchés sur elle, le visage décomposé, lui administrant les premiers soins de réanimation. Un groupe d’infirmiers bouscula violemment O’Neill et Daniel, qui ne comprirent pas tout de suite le drame qui se jouait sous leurs yeux.
« Vite !!! Enlevez-lui l’appareil respiratoire !!! Nous allons utiliser le défibrilateur !!! »
Le docteur Lam déboutonna la blouse de Gabrielle en toute hâte, tandis que Beckett enduisait de gel les deux appareils de réanimation cardiaque.
« Puissance à 250 !!! Ecartez-vous d’elle !!! »
Le corps de la jeune femme décrivit une violente contraction sous le choc électrique, mais la sonnerie lugubre résonnait toujours dans la salle d’infirmerie. Ne s’avouant pas vaincu pour autant, le médecin recommença une deuxième, puis une troisième fois, augmentant la puissance des chocs.
Au bout de sa cinquième tentative pour la ranimer, il reposa l’appareil sur le plateau médical autour duquel s’activaient les infirmiers.
« Il n’y a plus rien à faire… »
Le docteur Lam étouffa un sanglot en portant les mains à son visage, tandis que Daniel considérait la scène sans comprendre encore. Son esprit refusait d’accepter ce que ses yeux lui montraient…
« NOOOOOOON !!!! hurla-t-il soudain en se précipitant vers le lit de la jeune femme, le regard fou, brouillé par les larmes. »
Il attrapa le corps sans vie de Gabrielle, et se mit à le secouer, pour tenter de la ranimer.
« TU N’AS PAS LE DROIT DE ME LAISSER !!! TU ENTENDS, GABRIELLE ?!!! REVEILLE-TOI, JE T’EN PRIE !!! TU DOIS VIVRE !!! POUR MOI, TU DOIS VIVRE !!! JE NE LE SUPPORTERAIS PAS !!! PAS UNE NOUVELLE FOIS !!! GABRIELLE !!! »
Le corps de Daniel était secoué de sanglots violents. Son cœur lui faisait mal, si mal… Brisé, anéanti, il se laissa glisser sur le sol, la main de la jeune femme dans la sienne. Il la porta à son visage, et laissa couler sur la peau blanche et glacée ses larmes de désespoir.
O’Neill voulut le rejoindre, et l’emmener loin du corps de la jeune femme, incapable de voir plus longtemps ce spectacle atroce, mais il s’arrêta à quelques mètres de lui, stupéfait.
Une lumière blanche, éblouissante, semblait émaner de Gabrielle. Durant l’espace de quelques secondes, il crut, il eut la conviction d’assister à l’Ascension de la jeune femme. Son cœur se gonfla d’espoir à cette pensée, tandis que la clarté immaculée flottait au-dessus du lit, puis se dirigeait près de Daniel. Celui-ci avait cessé de pleurer, fasciné par la lumière qui se dégageait de Gabrielle, tout comme l’était le reste de l’équipe médical.
« Je suis désolée, docteur Jakson, murmura une voix douce mais triste… Tellement désolée… »
Jack se rendit compte que le corps de Gabrielle gisait toujours sur le lit d’infirmerie. Daniel avait toujours contre lui la main de la jeune femme. O’Neill observa plus attentivement la lumière blanche, et vit le visage de Chaya apparaître, innondé de lumière. Elle pleurait.
« J’ai essayé de la sauver… en lui proposant l’Ascension… Je n’en avais pas le droit, mais… C’est à cause de moi qu’elle a été blessée… Le tir de Dart aurait dû m’atteindre, pas elle, mais elle s’est interposée, pour me protéger… Alors que je ne craignais rien… Je ne pouvais partir ainsi, alors qu’elle avait donné sa vie pour moi… »
Une de ses larmes tomba sur le sol de la cité, scintillante comme une étoile.
« Je suis restée, pour lui ouvrir la voie de l’Ascension… Mais elle l’a refusée… Je suis navrée… »
Ne pouvant supporter davantage de rester parmi eux, sous leurs regards désemparés et larmoyants, la jeune Ancienne s’envola hors de la pièce, abandonnant le corps de celle qu’elle avait voulu sauver. L’alarme d’activation non programmée de la Porte des Etoiles se fit entendre, indiquant le départ de l’Ancienne de la cité.
O’Neill se tourna à nouveau vers Daniel, bouleversé. Le regard de son ami était devenu vide d’expression, tandis que sur ses joues coulaient ses dernières larmes.
Re: [FanFic] La troisième évolution
Salle de contrôle, Atlantis, galaxie de Pégase.
Samantha se tenait debout face à l’écran principal, tandis que Bradford exécutait les ordres qu’elle lui donnait sur le panneau de contrôle. Cela faisait près de deux jours déjà que Gabrielle avait perdu la vie, et les évènements s’étaient précipités sur Atlantis. Alors que les Asgards venaient de repartir avec l’ensemble de leurs vaisseaux, les satellites Anciens disposés en orbite autour de la planète avaient soudain détectés l’approche de nombreux vaisseaux-ruches wraiths, sortis de l’hyper-espace à quelques dizaines d’années lumière de leur position. McKay et Samantha avaient estimé leur arrivée à une dizaine de jours. Depuis, la cité était en pleine effervescence.
Malgré tout, O’Neill et Weir avaient décidé d’assurer la cérémonie d’incinération du corps de Gabrielle. Ses cendres devaient être par la suite disséminées sur la cité depuis le sommet de la plus haute tour d’Atlantis.
« Sam ? Vos travaux avancent ? »
O’Neill venait d’entrer dans la salle de contrôle, le visage sombre, fatigué.
« Nous terminons, mon général. Je…
- Bradford, vous pourriez nous laisser seuls quelques instants, s’il vous plaît ? »
Le technicien hocha la tête et sortit de la salle sans un mot. Samantha observa O’Neill surprise, et légèrement inquiète aussi. Il s’approcha d’elle et la prit dans ses bras. Prise au dépourvu, elle mit quelques secondes à réaliser qu’O’Neill pleurait.
« Jack…
- Sam… Je n’en peux plus de tout ça… La mort de tous ces malheureux sur Terre, l’attaque imminente des wraiths, le décès de Gabrielle…
- Depuis combien de temps n’avez-vous pas dormi, Jack ?
- Une éternité, sans doute… »
Il s’écarta d’elle et s’assit dans le siège de Bradford.
« Je me fais aussi beaucoup de souci pour Daniel…
- Où est-il ?
- Toujours à veiller le corps de Gabrielle… Teal’c est avec lui… Il n’a pas dit un mot depuis sa mort, Sam. Il me fait peur… J’ai peur… »
Samantha ne savait plus quoi dire, ni faire. Le voir ainsi, si abattu, si fragile, la mettait mal à l’aise et l’effrayait aussi. D’autant plus qu’elle partageait ses angoisses, sans pour autant le lui avouer.
« Je n’avais jamais vu Daniel dans cet état, c’est vrai…
- Hormi à la mort de Sha’re, remarqua O’Neill.
- Il s’agissait de la mort de sa femme… C’est différent, Jack.
- En êtes-vous si sûre ? »
Il eut un pauvre sourire. Samantha le regarda avec intérêt, incertaine de ce qu’il venait de sous-entendre.
« Vous pensez que Daniel aimait Gabrielle ? C’est ridicule, Jack… C’était presque une enfant… Et elle était très différente de Sha’re… ou de Valla…
- Justement, Sam… C’est bien ça qui m’inquiète…
- Je ne vous suis pas. »
Il lui adressa un nouveau sourire, amusé. Elle avait autant de difficulté que lui à parler de sentiments.
« Gabrielle n’était pas si jeune que cela, Sam… Elle avait 21 ans, et la différence d’âge n’est pas très choquante en soi… Mais vous l’avez dit, Gabrielle était très différente de Sha’re. Pourtant, Daniel m’a presque avoué juste avant sa mort qu’il éprouvait quelque chose de fort pour elle. Et je crains que ce quelque chose ne soit beaucoup plus fort que tout ce qu’il ait pu epprouver jusqu’à présent…
- Même pour Sha’re ?
- Même pour Sha’re, Sam… Il a eu beaucoup de mal à se remettre de la mort de son épouse… Dans le cas présent, j’ai bien peur que ce ne soit pire… »
Elle s’assit à ses côtés, hébétée par ces révélations. Elle avait bien vu plusieurs fois, c’était vrai, le regard de Daniel s’attarder de curieuses façons sur la jeune femme, mais jamais elle n’aurait cru qu’il ait pu s’agir d’amour. Pourtant, plus elle essayait de se remémorer le regard de l’archéologue à ces moments-là, et plus elle se rendit compte à quel point O’Neill devait avoir raison. Sans compter toutes les fois où Daniel avait voulu protéger Gabrielle…
« J’ai peur que sa mort n’ait brisé quelque chose en lui, Sam… Quelque chose qui avait pourtant tenu bon, même après la mort de Sha’re…
- Mais ce n’est pas Daniel qui vous met dans un tel état, n’est-ce pas, Jack ? Vous vous inquiétez pour lui, je le sens bien, mais ce n’est pas tout.
- Comment allons-nous faire sans elle, Sam ? Pour lutter contre cette saleté de Fléau ? Elle seule était parvenue à comprendre son fonctionnement… Elle seule savait comment s’en défendre… Elle était notre unique et dernier espoir de nous en débarasser… Les autres membres d’Atlantis le pensaient aussi, et je vois bien à présent quels doutes les hantent… Ils se préparent à une attaque des wraiths, mais ils ne savent même plus pour quoi ils vont se battre… Moi-même je l’ignore…
- Nous allons nous battre pour vivre, Jack… Pour l’humanité, pour la préserver… Pour préserver nos valeurs, et nos croyances… Par foi en nous, Jack… Je refuse de croire que tout est fini… Ce n’est pas possible… Nous n’avons pas traversé toutes ces épreuves, depuis la mise en place du projet Stargate, pour que tout cesse soudain de cette façon…
- Oui, murmura O’Neill, les yeux brillants. Vous avez raison… Et puis qui taquinerait Thor si nous ne sommes plus là ? »
Samantha esquissa un sourire. Elle ne s’habituerait jamais à son humour, mais elle était heureuse de l’entendre. O’Neill se pencha vers elle pour l’embrasser, chose qu’il n’avait plus faite depuis longtemps maintenant.
« O’NEILL !!! COLONEL CARTER !!! »
Teal’c entra dans la salle de contrôle précipitemment, consterné. Il semblait terrorrisé.
« Il faut vite que vous veniez à l’infirmerie…
- Qu’est-ce qui se passe encore ? s’enquit O’Neill en se levant brusquement, un mauvais pressentiment en tête.
- C’est Daniel Jackson… Il a été pris de convulsions alors que nous sortions de la pièce où repose le corps de Gabrielle… Le docteur Beckett l’a transféré de toute urgence à l’infirmerie… Il est inconscient et souffre de fortes fièvres… »
Les visages d’O’Neill et de Samantha se décomposèrent à cette nouvelle.
« Oh, mon Dieu, Jack, ce sont les symptômes de…
- Pas ça, mon Dieu, je vous en prie… Pas Daniel… »
Ils sortirent de la salle de contrôle en courant.
Infirmerie, Atlantis, galaxie de Pégase.
Le docteur Weir et McKay se trouvaient déjà auprès de Daniel lorsque Teal’c revint, accompagné d’O’Neill et Samantha.
« Quel est son état ?! interrogea O’Neill sans préambule.
- Il est déjà dans le coma, et la fièvre vient de tomber. Le docteur Beckett effectue des analyses complèmentaires, mais les symptômes sont trop évidents…
- Il s’agit du Fléau, n’est-ce pas ?
- Le docteur Jackson en présente tous les signes. »
Samantha étouffa un cri de détresse, tandis qu’O’Neill s’approchait du lit où était étendu Daniel. Il semblait simplement endormi ainsi.
« Je passe ma vie à l’infirmerie ces temps-ci, maugréa-t-il pour cacher angoisse. Bon sang, c’est pas vrai !!! »
Il tapa du poing sur la table de chevet, où étaient disposés quelques instruments médicaux qui tombèrent sous la violence du choc. Il se prit la tête dans les mains, à bout de nerf. Elisabeth s’approcha de lui, inquiète.
« Général, vous devriez prendre un peu de repos… Ici même si vous le désirez. Vous ne pouvez rien faire pour lui dans cet état…
- Dans cet état ou dans un autre, je ne pourrais rien faire, de toutes façons…
- Si, vous pouvez lui parler… Comme l’avaient fait les Hanlow avec Tommy. Gabrielle m’avait expliqué la façon dont elle avait procédé. Qui sait si cela ne marcherait avec le docteur Jackson ? Après tout, vous êtes ses plus proches amis…
- Non, c’est inutile… C’est la mort de Gabrielle qui l’a mis dans cet étatet qui a permis aux Oriis de trouver le chemin de son esprit… Bon sang ! »
Les efforts qu’il faisait pour rester calme et retenir les larmes qui l’étouffaient faisaient peine à voir. Néanmoins, il sembla vouloir suivre le conseil du docteur Weir, et alla s’asseoir sur l’un des lits de l’infirmerie.
« Sortons, il est inutile de rester ici. Le docteur Lam ne devrait pas tarder à revenir… Elle veillera sur eux. »
Joignant le geste à la parole, et parce qu’elle ne supportait pas de voir Daniel inconscient et O’Neill en état de faiblesse, elle entraîna Teal’c, McKay et Samantha hors de l’unité médicale.
« Nous avons tous besoin d’air, je crois. »
Elle les conduisit vers l’un des balcons de la tour, celui qu’elle préférait et où elle aimait se rendre pour réfléchir lorsque la situation devenait trop tendue sur Atlantis.
« Je ne comprends pas une chose, déclara soudain McKay après plusieurs minutes de silence, passées à observer la cité dans toute sa splendeur.
- Moi, c’est beaucoup de choses que je ne comprends pas, remarqua Samantha avec un cynisme qui ne lui ressemblait pas.
- Pourquoi seulement maintenant ?! »
Weir et Teal’c considérèrent le scientifique avec attention, curieux de savoir ce qu’il voulait dire.
« Je veux dire… pourquoi n’y-t-il eu aucun autre cas de Fléau, avant le docteur Jackson ?
- La situation est désespérée, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, rétorqua Samantha avec dédain. Et si vous aviez suivi les explications de Gabrielle, vous sauriez que le Fléau n’agit pas comme une maladie, qui peut hiberner pendant un temps infini avant de se réveiller. Ce sont des intrusions mentales qui provoquent la mort.
- D’accord, j’ai mal posé ma question. Pourquoi le docteur Jackson a-t-il été infecté ?
- Vous le faites exprès ? s’emporta Samantha, excédée. Ce n’est pas une maladie !
- Bien, donc si ce n’est pas une maladie, et comme Atlantis n’a jamais connu ce genre de problème jusqu’à maintenant, pouvez-vous me dire comment vous avez ramené cette saleté ici ? »
Samantha voulut lui répondre par une réplique cinglante, lorsque la question de McKay prit soudain tout son sens. Comment, en effet, le Fléau avait-il réussi à traverser toute la galaxie pour les atteindre ici même ?
« Le Fléau est une intrusion mentale… Elle doit donc être émise par l’un de ses créateurs pour pouvoir exister, résonna la femme militaire, le front plissé par la réflexion. Mais je doute que ce genre d’ondes psychiques puisse couvrir de grandes distances… donc…
- Donc vous êtes en train d’insinuer qu’il y aurait un de ces émetteurs d’intrusions mentales ici-même, dans la cité, comprit Weir, horrifiée.
- Autrement dit, reprit Teal’c. Nous aurions amené un Orii avec nous.
- Ce serait logique, en effet, approuva Samantha. D’ailleurs Gabrielle affirmait que l’unique moyen d’arrêter le Fléau était d’éliminer les Oriis, puisque ce sont eux les responsables. Ils n’agissent pas par l’intermédiaire de machines ou d’armes chimiques et biologiques… Ils n’utilisent que leur esprit et leurs pouvoirs… Ils doivent donc se trouver avec leurs victimes pour pouvoir être actifs.
- Donc si nous trouvons cet Orii, nous avons une chance de sauver Daniel Jackson, conclut Teal’c, dont le visage s’éclaira. »
Cependant, les visages de McKay et de Samantha restaient sombres. Même s’ils étaient parvenus à cette conclusion, de nouveaux problèmes se posaient, bien plus sérieux.
« Le danger que court Daniel reste malheureusement entier… Nous n’avons pas les moyens de neutraliser cet Orii… En espérant qu’il soit seul.
- Les Oriis sont-ils des êtres de pure énergie, comme les Anciens ? demanda Elisabeth, plongé dans ses réflexions.
- Théoriquement oui. Il y a quelques différences, malgré tout, entre eux. D’après ce qu’on sait d’eux, ils ne vivent pas sur le même plan d’existence.
- Mais ils sont tout de même composés d’énergie, insista Weir.
- Oui. Pourquoi ? Vous avez une idée ? »
Elisabeth se mordilla la lèvre inférieure, ennuyée.
« Je ne suis pas une spécialiste dans ce domaine mais… Peu de temps après notre arrivée ici, nous avons dû faire face à une entité alienne qui se nourrissait uniquement d’énergie, et qui, je crois me souvenir, était composée d’énergie. Elle avait été libérée d’un appareil ancien capable de l’y enfermer, et nous avons dû nous débarasser de cette chose en lui faisant traverser la Porte des Etoiles. D’après Rodney, cette créature avait été capturée pour étude par les Anciens. Ceux-ci cherchaient déjà probablement un moyen de s’élever à l’époque où ils l’ont capturé, d’où son intérêt.
- Tout cela est très intéressant, docteur Weir, mais je ne vois pas le rapport.
- Ce qu’Elisabeth essaie maladroitement de vous expliquer, colonel Carter, c’est qu’on pourrait essayer d’utiliser l’appareil qui retenait cette chose contre l’Orii. Ce qui, si vous voulez mon avis, est une idée complètement loufoque !
- Mais au moins, c’est une idée Rodney !
- Cela pourrait marcher, colonel Carter ? interrogea Teal’c, intéressé.
- Je l’ignore. Il faudrait que j’étudie cet appareil d’abord… »
Weir et Samantha jetèrent toutes deux un regard équivoque à McKay. Celui-ci leva les yeux au ciel, et soupira.
« Très bien. Si vous avez du temps à perdre, suivez-moi. Je vais vous montrer cet appareil… Mais même si vous arrivez à la modifier, nos chances de capturer un Orii sont quasi-nulles ! Vous vous en rendez bien compte ?! En plus, il faut d’abord lui mettre la main dessus…
- Ça je m’en charge, répondit Teal’c tandis que Samantha poussait McKay vers la porte. J’ai ma petite idée pour le repérer, grâce à la technologie des Anciens… »
Le jaffa s’inclina respectueusement devant Weir, et disparut à son tour, lançant seule la responsable d’Atlantis, dont le visage exprimait les plus vives inquiétudes, mais dont les yeux brillaient d’un espoir nouveau.
Salle de contrôle, Atlantis, galaxie de Pégase.
« Vous savez que je devrais être en train de préparer mes hommes à l’attaque iminente des wraiths, Teal’c ?! remarqua Sheppard avec mauvaise humeur. »
Le jaffa se contenta de froncer les sourcils. Il était penché en compagnie de Bradford sur l’un des panneaux de contrôle de la cité, celui-là même que Chaya avait activé malencontreusement lors de sa première venue sur Atlantis. Teyla était assise à côté du major, silencieuse, fixant l’écran principal avec intensité. Elle avait revêtu l’un de ses vêtements de cérémonie athosiens, celui de deuil. La crémation de Gabrielle avait eu lieu la veille au soir.
« Pour une fois, je dois reconnaître que Rodney n’a pas tout à fait tort, vous savez. Votre idée est complètement dingue ! Je veux bien croire qu’un Orii se cache parmi nous. Mais de là à espérer le capturer et l’éliminer… »
Teal’c releva la tête et lui lança un regard noir. Sheppard esquissa une grimace d’excuse.
« Moi je disais ça histoire de meubler la conversation… »
L’écran principal afficha soudain une série de courbes mouvantes, semblables à des encéphalogrammes.
« C’est très beau, remarqua Sheppard avec ironie. Qu’est-ce que c’est ? »
Teal’c s’approcha de l’écran, et pointa son doigt vers la première courbe.
« Celle-ci est votre spectre, major Sheppard.
- Je suis très ému de le voir.
- Celle du dessous est la mienne. Etant jaffa, vous pouvez apercevoir quelques différences avec la votre…
- Hmmm… Et celle du dessous ?
- Il s’agit de celle de Teyla. J’imagine que son spectre diffère du votre à cause de ses gènes wraiths…
- Sans doute, admit-elle avec sagesse. »
Sheppard observa silencieusement pendant plusieurs minutes l’écran, puis il se tourna vers Teal’c, front plissé.
« Et alors ?
- Le docteur Rodney McKay m’a expliqué la manière dont vous avez découvert la véritable nature de l’Ancienne Chaya…
- Qu’il a découvert serait plus juste, Teal’c. Moi je n’avais rien remarqué de spécial chez elle.
- Son spectre était différent des votres, poursuivit Teal’c, imperturbable. J’imagine donc que le spectre des Oriis est également différent de ceux-ci.
- Bonne déduction, apprécia Teyla. Vous voulez donc utiliser cet appareil pour trouver l’Orii.
- C’est exact.
- Je n’avais rien prévu pour cet après-midi, répondit Sheppard en se levant. Je vais cherché nos armes et…
- Inutile d’être armés. Nous attirerions l’attention de l’ennemi, et l’appareil sur lequel travaillent le colonel Carter et le docteur McKay n’est pas encore opérationnel. Nous devons simplement nous contenter de repérer l’Orii.
- Et s’il nous attaque ?
- Il n’a aucune raison de le faire… Après tout, nous ne sommes pas un danger, et il n’a aucune raison de se méfier. Qui plus est, nos armes sont inefficaces sur ces êtres. S’il veut nous tuer, il y parviendra sans difficulté.
- C’est très réconfortant ! »
Bradford tendit à Teal’c un petit boitier informatique, dont l’écran affichait les spectres des personnes situées face à l’appareil. Sheppard y jeta un coup d’œil, tandis que le technicien expliquait au jaffa le fonctionnement de l’appareil.
« Les trois premières courbes sont les votres : il m’a semblé judicieux de les afficher toutes les trois afin que vous puissiez avoir un point de repère. La quatrième courbe, qui pour le moment n’est pas visible, est la courbe de la personne étudiée.
- Nous allons devoir scanner tout le personnel de la base ?! demanda Sheppard que cette perspective ne semblait pas réjouir.
- Non, simplement le personnel du SGC. L’ennemi se trouve parmi eux.
- Voilà qui s’annonce plaisant ! Autant nous y mettre tout de suite ! »
Ils sortirent de la salle de contrôle et commencèrent leur inspection. Afin d’être sûrs et certains de n’oublier personne, chaque pièce de la cité devait être passée au crible. Au bout de trois heures, ils en avaient déjà visité près des trois quarts, sans repérer la moindre anomalie dans les spectres de leurs compagnons.
« Vous êtes certain au moins qu’il y a bien un Orii parmi nous ? bailla le major Sheppard.
- Nous n’avons toujours pas terminé nos recherches, remarqua Teal’c. Nous trouverons cet Orii. »
Ils traversèrent le couloir sans croiser qui que ce soit, et se retrouvèrent face à une grande porte donnant sur l’une des plates-formes extérieures de la cité. Teal’c considéra la porte d’un air ennuyé. Un autre couloir bifurquait sur leur gauche, les ramenant à la salle d’embarquement. Des bruits de pas se faisaient entendre.
« Tiens tiens ! Teal’c ! s’écria O’Neill en apparaissant soudain en compagnie du docteur Weir. Joli gadget !
- Général O’Neill, docteur Weir, s’inclina Teal’c respectueusement.
- Vous allez disperser les cendres de Gabrielle, n’est-ce pas ? »
Teyla avait avisé le pot que tenait Elisabeth entre ses mains. La jeune femme hocha la tête.
« Oui. Nous n’avons pas pu le faire hier soir à cause du mauvais temps, et comme tout le monde a pu assisté à son incinération, nous avons estimé qu’il était inutile de réunir à nouveau tout le personnel pour ce dernier salut.
- Pouvons-nous nous joindre à vous, dans ce cas ? demanda Teal’c avec gravité.
- Bien sûr, je n’y vois aucun inconvénient. Et vous, général ?
- Aucun non plus, approuva O’Neill en franchissant la porte. Vous avez trouvé quelque chose avec ce machin-là ? Sam m’a expliqué vos soupçons et la manière dont vous comptiez choper cet Orii.
- Nous n’avons toujours rien, mon général, répondit Sheppard. Mais Teal’c espère toujours mettre la main dessus. Mais si vous voulez mon avis, s’il y avait un Orii ici, il a dû partir en apprenant l’attaque imminente des wraiths.
- Alors, dans ce cas, pourquoi Daniel est-il toujours cloué dans son lit à l’infirmerie, à lutter contre la mort ? »
La question d’O’Neill n’avait rien de méprisable. Les quelques heures qu’il avait passées à l’infirmerie l’avaient reposé, et bien que la situation était toujours aussi intolérable pour lui, il l’appréhendait avec un plus grand calme.
« Daniel Jackson ne va toujours pas mieux ?
- Non, Teal’c… J’ai essayé de lui parler pourtant, Sam également, mais ça n’a rien changé. »
Ils étaient parvenus sur les bords de la cité, face à l’océan d’un bleu-gris scintillant… la même couleur que les yeux de Gabrielle. Ils le remarquèrent tous, mais ne dirent mot. Le docteur Weir ouvrit le pot contenant les cendres de la jeune femme.
« A vous l’honneur, général, dit-elle en tendant l’urne à O’Neill. Si le docteur Jackson avait pu, c’est lui qui l’aurait fait…
- Merci, docteur Weir. »
Jack lui prit le pot avec précaution, observa l’océan quelques secondes encore, puis il tendit le bras en avant et déversa tout doucement le contenu de l’urne dans l’eau calme et miroitante. Une poussière grise et légère se posa à la surface de l’eau, trop légère pour couler. O’Neill pencha davantage la main, afin de laisser tomber d’avantage de cendres. Il eut soudain l’impression de voir scintiller au milieu des cendres des éclats d’or, qui s’envolèrent, emportés par la brise. Il secoua la tête, pensant avoir rêvé, et retourna le pot entièrement, pour en finir, car le geste lui parut soudain sinistre. Ce qui suivit, il ne le comprit pas tout à fait. Ce ne furent pas des cendres qui s’écoulèrent de l’urne, mais une véritable pluie de paillettes dorées, brillantes comme des diamants. La brise les emporta à nouveau, tant elles semblaient légères. O’Neill cligna des yeux.
« Vous avez vu ça ? »
Il se tourna vers le docteur Weir, qui regardait devant elle, bouche bée.
« J’ignorais que vous mélangiez de l’or aux cendres de vos défunts. »
O’Neill dévisagea Teal’c, et esquissa un sourire sarcastique.
« Nous ne mélangeons pas d’or aux cendres de nos défunts, Teal’c, je peux vous l’assurer.
- Dans ce cas, qu’est-ce que c’était que ça ? demanda Sheppard, intrigué.
- Aucune idée. En tout cas, le vent l’a emporté, répondit O’Neill en haussant les épaules.
- Mais il n’y a pas de vent, général. »
O’Neill se tourna à nouveau vers Elisabeth, et se rendit soudain compte qu’elle avait raison. Il ne sentait pas le plus petit souffle d’air sur son visage. Pourtant ils avaient bien tous vu cette poudre d’or s’envoler.
« Regardez ça !!! s’écria soudain Teyla, dont le visage était tourné vers l’océan. »
O’Neill leva les yeux vers l’immense étendue d’eau, et étouffa un cri de surprise. Face à eux, à une centaine de mètres, une sorte de petit brouillard s’était formé. Il flottait au-dessus de l’eau, immobile. Il ne devait pas mesurer plus d’un mètre soixante-dix de hauteur, mais le plus étonnant était sa largeur, d’à peine une cinquantaine de centimètres. O’Neill plissa les yeux, afin de mieux l’étudier. Les quelques rayons de soleil qui le traversaient faisaient étinceler la poussière d’or qui le composait en masse compacte.
« Mais qu’est-ce que c’est que ça ? murmura Sheppard, fasciné. »
Il aurait souhaité l’étudier plus à loisir, lorsque derrière eux, Samantha les interpella. Le groupe se tourna vers elle, surpris de son intrusion soudaine. Elle courut vers eux.
« Le docteur McKay et moi avons terminé de modifier l’appareil. En principe, il est à présent capable d’emprisonner tout type d’énergie grâce à… Ça ne va pas ? »
O’Neill la regardait rêveusement. Il tourna la tête à nouveau vers l’océan, mais il n’y avait plus rien. La brume d’or avait disparu.
« Qu’est-ce que c’était ? demanda-t-il distraitement.
- De quoi parlez-vous ?
- Il y avait un nuage, là-bas, expliqua Teyla, songeuse. Un petit nuage doré…
- Un petit nuage doré ?! répéta Samantha sans pouvoir s’empêcher de sourire, incrédule.
- Je vous assure, Sam… »
La jeune femme les considéra tous les cinq avec suspicion, puis avisa le pot resté entre les mains d’O’Neill.
« Ce que vous avez fait vous a sans doute bouleversés…
- Non, Sam. Je vous assure qu’il y avait vraiment une espèce de nuage de paillettes d’or. C’était étrange… Il est sorti de là-dedans… »
Il lui tendit l’urne. Samantha le prit, examina l’intérieur, mais hormi quelques résidus de cendres, elle ne vit rien de particulier.
« Allons à l’infirmerie, dit-elle, soudain inquiète. Je voudrais que le docteur Beckett vous examine… Teal’c ? Qu’est-ce qui vous arrive ? »
Pour toute réponse, le jaffa lui tendit l’appareil qu’il tenait à la main. Samantha l’examina, et poussa un petit sifflement.
« Très bien, je vous crois…
- Qu’est-ce qu’il y a sur ce gadget, qui ait pu vous faire changer d’avis, Sam ?
- Ceci, mon général. »
Sous les trois courbes témoins de l’appareil, une quatrième courbe totalement différente était apparue.
« Il faut vérifier sur l’ordinateur principale de la salle de contrôle, mais je crois bien que vous venez de croiser un Orii. »
Salle de contrôle, Atlantis, galaxie de Pégase.
« Mais qu’est-ce que faisait cet Orii dans l’urne funéraire de Gabrielle ?! demanda pour la dixième fois O’Neill à haute voix, à l’adresse des autres membres d’Atlantis.
- D’un point de vue pratique, c’est une excellente cachette, général, remarqua McKay très pince-sans-rire. Jamais on n’aurait eu l’idée de le chercher là-dedans…
- C’était bien la peine qu’on se donne tout ce mal à scanner le personnel de la cité, grogna Sheppard. Ah c’est sûr ! On aurait passé toute la soirée sans tomber dessus !
- En tout cas, ce que vous avez vu ne correspond à rien de connu, admit Samantha en relevant la tête du tableau de commande. Je viens de vérifier dans la base de données de la cité, et ce spectre ne correspond à rien : ni humain, ni jaffa, ni ancien, ni asgard. »
Elle afficha les quatre courbes sur l’écran principal de la salle de contrôle, puis y ajouta celle de la mystérieuse entité rencontrée quelques instants plus tôt.
« Je croyais que cet Orii avait pris une forme physique pour pouvoir s’infiltrer parmi nous, remarqua O’Neill.
- C’est ce que nous avons supposé, répondit Samantha, gênée. Peut-être que les évènements actuels l’ont poussé à reprendre sa forme première…
- Humm… Cela pose-t-il un problème à votre plan ? Il faudrait vous presser… Daniel n’a plus beaucoup de temps devant lui.
- Je sais, mon général. Pour répondre à votre question, d’un point de vue technique, son aspect présent ne pose pas de difficulté particulière, au contraire. Non, l’ennui ça va être de lui mettre la main dessus… »
Elle jeta un regard suppliant aux autres membres SG, dans l’espoir que l’un d’eux trouverait subitement une idée. L’état comateux dans lequel l’archéologue se trouvait avait encore empiré, et Samantha craignait de voir arriver le docteur Lam à chaque minute pour leur annoncer la mort de Daniel.
« Au fond, pourquoi cette chose a-t-elle repris sa forme originelle ? demanda McKay.
- Pour pouvoir nous échapper ?! suggéra Sheppard.
- Elle n’a rien à craindre de nous…
- Peut-être à cause de l’attaque prochaine des wraiths, proposa Teyla.
- Ou alors tout simplement parce que sous cette forme, elle est beaucoup plus discrète pour pouvoir aller dans certains endroits… ou encore passer la Porte des Etoiles, répondit McKay, satisfait de sa réponse.
- Mais elle pourrait le faire, même sous une forme physique ! intervint le docteur Weir avec justesse. Rien ne justifie ce retour à sa forme d’énergie. »
Rodney fit la moue, déçu de voir sa réponse ainsi malmenée.
« Dans ce cas, je ne voie pas… Attendez une minute… »
Il se dirigea vers l’ordinateur principal, et commença à effectuer diverses recherches.
« Combien sommes-nous censés être dans cette cité, depuis l’arrivée du général et de ses hommes ? demanda-t-il en continuant à pianoter sur le panneau de contrôle.
- Il y a encore une semaine, nous devions être 204, sans compter les Asgards. Mais nous devons retirer Gabrielle et Kavanagh de ce chiffre. Ainsi que l’Orii, étant donné qu’il ne se fait plus passer pour l’un d’entre nous, énuméra Elisabeth après quelques instants de réflexion. Donc théoriquement, nous sommes 201 à vivre ici. Pourquoi ?
- Parce que je viens de demander à l’ordinateur de la cité d’établir un rapide recensement des personnes présentes, et il en a compté 202.
- C’est impossible ! s’écria Samantha en rejoignant le scientifique. Vous avez dû faire une erreur…
- Si une erreur a été commise, c’est à l’ordinateur Ancien que vous devez vous en prendre, colonel Carter. J’ai lancé la vérification deux fois de suite, et il m’a donné à chaque fois le même chiffre.
- Et qu’est-ce que cela signifie ? demanda Sheppard, un peu perdu.
- Qu’on ne peut utiliser l’ordinateur pour repérer l’Orii, étant donné qu’il semble incapable de le repérer… Si le chiffre se maintient à 202, c’est bien qu’il ne parvient pas à établir de différence entre nous et cet Orii…
- Ou alors l’Orii a repris forme humaine depuis notre dernière rencontre avec lui, ou encore, il n’a jamais changé d’apparence, et ce que vous avez vu était quelque chose d’autre, hypothéqua Weir.
- Mouais… Mais toutes ces belles paroles ne vont pas sauver la vie de Daniel, maugréa O’Neill, dont la patience atteignait ses dernières limites. Je vous signale qu’il est… »
L’alarme d’activation de la Porte des Etoiles retentit, l’empêchant de terminer sa phrase. O’Neill se tourna vers Weir, mécontent.
« Je croyais vous avoir demandé de me prévenir dès que l’une de vos équipes allait faire un tour, docteur Weir ?
- Nous n’avons aucune équipe de sortie, se défendit Elisabeth en secouant la tête surprise.
- Ce n’est pas une activation extérieure, général, intervint McKay, effaré, en consultant le DHD de la salle. C’est nous qui sommes en train d’activer la Porte…
- QUOI ?!! McKay, fermez l’iris et essayez d’arrêter ça !!! Teal’c, Carter et Sheppard avec moi en salle d’embarquement !!! »
Tandis que les trois militaires et le jaffa sortaient en toute hâte de la salle de contrôle, Weir et Teyla se précipitèrent vers les baies vitrées donnant sur la salle d’embarquement.
La Porte des Etoiles enclencha le septième chevron, et l’horizon des évènements apparut aussitôt, argenté et scintillant. Alors qu’il ne se trouvait qu’à la moitié des escaliers, O’Neill apperçut ce qui avait activé la Porte des Etoiles. Une brume de taille réduite, constituée de poussière d’or, flottait vers la Porte des Etoiles, ignorant totalement les hommes armés qui venaient de prendre position autour de la passerelle d’embarquement.
« Ecartez-vous de ce truc !!! ordonna O’Neill en s’égosillant. »
Les soldats lui obéirent, suivant avec le canon de leurs armes la trajectoire de l’étrange nuage. Weir et Teyla la regardèrent progresser lentement, fascinées.
« McKay !!! L’iris !!! »
Le bouclier d’énergie fut activé au moment même où O’Neill cria son ordre. Mais l’apparition de cet obstacle ne parut pas troubler plus que ça la mystérieuse entité… qui traversa le champ d’énergie sans difficulté, et disparut.
« C’est dingue, balbutia Sheppard en continuant à fixer la Porte, même après que celle-ci se fut désactivée. Ça a traversé l’iris comme s’il s’était s’agi d’une simple toile d’araignée…
- Vous avez noté l’adresse, McKay ? Histoire de savoir où cette saleté est partie se réfugier…
- Oui, général. Mais vous connaissez déjà cette planète…
- Je vous demande pardon ?
- Il s’agit des coordonnées de la planète de Chaya…
- L’Ancienne ? interrogea O’Neill, médusé. Mais qu’est-ce que tout ça signifie ?! »
Salle de contrôle, Atlantis, galaxie de Pégase.
« Vous n’irez nulle part, major !!! Me suis-je bien fait comprendre ?!! »
Le regard de Sheppard lançait des éclairs. Il était visiblement furieux.
« Mais Chaya est sans doute en danger !!! Je dois aller la…
- Et que voulez-vous faire ?! Affronter cet Orii à vous tout seul, c’est ça ?! Réveillez-vous, bon sang, major !!! Vous ne pouvez rien faire face à cette créature du diable ! Chaya est une Ancienne, elle saura se défendre seule ! »
O’Neill était rouge de colère. Ne trouvant rien à répondre, Sheppard sembla se résigner et s’assit dans l’un des fauteuils de la salle de contrôle, la mine boudeuse, mécontent.
« La situation est complètement en train de nous échapper, gromela O’Neill. J’ai besoin de la présence de chacun de vous, ici. Major, vous êtes le mieux placé pour organiser les défenses d’Atlantis, et je n’ai pas l’intention de vous envoyer à une mort certaine en vous laissant poursuivre cet Orii ! »
Le major haussa les épaules, mais parut se calmer. Pendant l’espace de quelques instants, il n’avait plus pensé qu’à Chaya, et la menace wraith lui était totalement sortie de l’esprit.
« Il y a malgré tout un point positif à la fuite de cet Orii, remarqua McKay. Maintenant qu’il a quitté la cité et qu’il se trouve loin d’ici, le docteur Jackson devrait pouvoir guérir…
- Je ne comprends vraiment pas pourquoi il a quitté si soudainement Atlantis, en se dévoilant par-dessus le marché, s’interrogea Samantha, sceptique. Il n’avait aucune raison apparente de le faire…
- Il s’est peut-être dit qu’avec l’attaque imminente des wraiths, son travail d’élimination était réglé d’avance et il est parti voir ailleurs... Pour soumettre d’autres humains à son culte, hasarda Teal’c, la mine sombre. Mais il est étonnant qu’il ait choisi pour commencer une planète protégée par une Ancienne…
- C’est aussi ce que j’étais en train de me dire, déclara Samantha. Il risque de rencontrer de sérieuses difficultés face à Chaya…
- Ouais, ben ça lui fera les pieds !!! Et si cela peut sauver Daniel…
- J’en doute, général. »
Le docteur Lam entra dans la salle, le visage grave.
« Daniel est … ? s’enquit O’Neill, alarmé, redoutant le pire.
- Non, il est toujours en vie. Mais son état ne fait qu’empiré. Le docteur Beckett est avec lui pour le moment, mais il ne lui donne pas plus de quelques heures…
- Sans vouloir paraître sinistre, il ne devrait pas déjà être mort ? demanda McKay en esquissant une grimace d’excuse.
- En théorie, vous avez raison, docteur McKay. La plupart des patients souffrant du Fléau et que j’ai eu à veiller jusqu’à présent s’éteignaient après une douzaine d’heures de coma. Or Daniel est dans cet état depuis près de 24 heures maintenant…
- C’est peut-être bon signe ? espéra Samantha. Peut-être qu’il est en train de lutter, comme l’avait fait Gabrielle…
- Non. Son encéphalogramme indique que son coma devient de plus en plus profond… Je crois que le Fléau rencontre certaines difficultés à affaiblir l’esprit de Daniel, mais il y arrive inexorablement. Il met un peu plus de temps à agir, c’est tout. »
Le docteur Lam baissa la tête, désolée. O’Neill se passa la main dans les cheveux, amer.
« Pourtant l’Orii est parti d’Atlantis…
- Je vous demande pardon, général ? L’état de Daniel tend à prouver le contraire. »
O’Neill, Samantha, Teal’c, Weir et Sheppard échangèrent un regard entendu.
« Il y aurait donc toujours un Orii dans la cité ? interrogea Teyla en exprimant à haute voix l’idée générale. Mais qu’est-ce qui a passé la Porte, dans ce cas ?
- Peut-être y’avait-il deux Oriis, suggéra McKay, pas très convaincu. Ça expliquerait que nous soyons toujours 202 sur la cité…
- Mais pourquoi l’un d’eux aurait-il pris une forme physique et pas l’autre ? Et d’ailleurs, pourquoi n’avons-nous jamais repéré cet Orii qui serait resté sous sa forme d’énergie ?!
- Je vous signale, colonel Carter, qu’il était caché dans une urne funéraire quand nous l’avons découvert… Qui sait dans quoi d’autre il a pu se cacher ?!
- Dans ce cas-là, il peut très bien y en avoir des dizaines planquées n’importe où sur Atlantis, gromela O’Neill avec mauvaise humeur.
- Ils n’ont pas besoin d’être des dizaines pour tous nous exterminer, mon général. Mais c’est tout de même étrange…
- Ce qui me semble étrange à moi, Sam, c’est que nous soyons là, à parler de ces ignominies, alors que Daniel est en train de mourir à petit feu, et qu’une flotte de sangsues répugnantes à peau verte est en train de nous foncer dessus. »
L’humeur d’O’Neill devenait exécrable. Samantha rougit violemment, un peu honteuse.
« Pourquoi ne pas envoyer le docteur Jackson sur une autre planète, avec une équipe réduite pour s’occuper de lui ? suggéra soudain Teyla. »
O’Neill la considéra avec attention, soudain interessé.
« Si nous parvenons à nous assurer qu’aucun Orii ne franchisse la Porte avec cette équipe, nous pourrions parvenir à sauver le docteur Jackson, pousuivit l’Athosienne.
- C’est juste, approuva Samantha, dont le visage s’éclaira. C’est une solution simple, et apparemment efficace…
- Et si on s’apperçoit qu’un Orii essaie de passer avec l’équipe ? interrogea McKay. On lui demande gentiment de ne pas les suivre ?! Parce que je suis bien sûr que ces créatures ne sont pas du genre à laisser échapper leurs victimes, vu qu’elles sont parvenues à vous suivre jusqu’ici…
- Et bien, dans ce cas, nous installerons l’appareil que nous sommes parvenus à modifier à côté de la Porte, pour parer à toutes éventualités. Et Teal’c se postera en bas de la rampe d’embarquement de la Porte avec son appareil de mesure de spectres, afin de tout vérifier, personnes et bagages compris.
- Nous avons scanner le presque totalité du personnalité d’Atlantis, remarqua Sheppard. Et nous n’avons rien trouvé…
- Et bien peut-être que l’Orii que nous cherchons se trouve dans la part manquante, répondit Samantha en souriant. De toutes façons, nous n’avons pas le choix. Si nous voulons sauver Daniel, nous devons l’éloigner d’ici. »
O’Neill approuva silencieusement.
« Le transfert de Daniel pose-t-il un problème ? questionna Samantha.
- Non, pas le moindre, affirma le docteur Lam. Il est faible, mais un voyage à travers la Porte des Etoiles ne devrait pas avoir d’incidence sur lui… Général, docteur Weir, puis-je faire partie de cette mission ? Et puis-je me charger du recrutement de l’équipe qui accompagnera le docteur Jackson ?
- Ma foi, je n’y vois aucun inconvénient, répondit Weir. Je souhaitais justement que Carson reste avec nous…
- Je suis d’accord aussi, approuva O’Neill. J’aurais simplement une demande à formuler concernant votre équipe, docteur Lam.
- Je vous écoute.
- Emmenez Tommy et sa famille avec vous. Je ne pense pas que les laisser ici, alors que nous nous préparons à livrer bataille contre les wraiths, soit une bonne idée.
- Comme il vous plaira, général. »
Le médecin sortit sans plus attendre.
« Très bien. Fixons le départ de cette équipe à un délai de quatre heures. D’ici là, nous devrons organiser la sécurité de ce transfert. »
Samantha se tenait debout face à l’écran principal, tandis que Bradford exécutait les ordres qu’elle lui donnait sur le panneau de contrôle. Cela faisait près de deux jours déjà que Gabrielle avait perdu la vie, et les évènements s’étaient précipités sur Atlantis. Alors que les Asgards venaient de repartir avec l’ensemble de leurs vaisseaux, les satellites Anciens disposés en orbite autour de la planète avaient soudain détectés l’approche de nombreux vaisseaux-ruches wraiths, sortis de l’hyper-espace à quelques dizaines d’années lumière de leur position. McKay et Samantha avaient estimé leur arrivée à une dizaine de jours. Depuis, la cité était en pleine effervescence.
Malgré tout, O’Neill et Weir avaient décidé d’assurer la cérémonie d’incinération du corps de Gabrielle. Ses cendres devaient être par la suite disséminées sur la cité depuis le sommet de la plus haute tour d’Atlantis.
« Sam ? Vos travaux avancent ? »
O’Neill venait d’entrer dans la salle de contrôle, le visage sombre, fatigué.
« Nous terminons, mon général. Je…
- Bradford, vous pourriez nous laisser seuls quelques instants, s’il vous plaît ? »
Le technicien hocha la tête et sortit de la salle sans un mot. Samantha observa O’Neill surprise, et légèrement inquiète aussi. Il s’approcha d’elle et la prit dans ses bras. Prise au dépourvu, elle mit quelques secondes à réaliser qu’O’Neill pleurait.
« Jack…
- Sam… Je n’en peux plus de tout ça… La mort de tous ces malheureux sur Terre, l’attaque imminente des wraiths, le décès de Gabrielle…
- Depuis combien de temps n’avez-vous pas dormi, Jack ?
- Une éternité, sans doute… »
Il s’écarta d’elle et s’assit dans le siège de Bradford.
« Je me fais aussi beaucoup de souci pour Daniel…
- Où est-il ?
- Toujours à veiller le corps de Gabrielle… Teal’c est avec lui… Il n’a pas dit un mot depuis sa mort, Sam. Il me fait peur… J’ai peur… »
Samantha ne savait plus quoi dire, ni faire. Le voir ainsi, si abattu, si fragile, la mettait mal à l’aise et l’effrayait aussi. D’autant plus qu’elle partageait ses angoisses, sans pour autant le lui avouer.
« Je n’avais jamais vu Daniel dans cet état, c’est vrai…
- Hormi à la mort de Sha’re, remarqua O’Neill.
- Il s’agissait de la mort de sa femme… C’est différent, Jack.
- En êtes-vous si sûre ? »
Il eut un pauvre sourire. Samantha le regarda avec intérêt, incertaine de ce qu’il venait de sous-entendre.
« Vous pensez que Daniel aimait Gabrielle ? C’est ridicule, Jack… C’était presque une enfant… Et elle était très différente de Sha’re… ou de Valla…
- Justement, Sam… C’est bien ça qui m’inquiète…
- Je ne vous suis pas. »
Il lui adressa un nouveau sourire, amusé. Elle avait autant de difficulté que lui à parler de sentiments.
« Gabrielle n’était pas si jeune que cela, Sam… Elle avait 21 ans, et la différence d’âge n’est pas très choquante en soi… Mais vous l’avez dit, Gabrielle était très différente de Sha’re. Pourtant, Daniel m’a presque avoué juste avant sa mort qu’il éprouvait quelque chose de fort pour elle. Et je crains que ce quelque chose ne soit beaucoup plus fort que tout ce qu’il ait pu epprouver jusqu’à présent…
- Même pour Sha’re ?
- Même pour Sha’re, Sam… Il a eu beaucoup de mal à se remettre de la mort de son épouse… Dans le cas présent, j’ai bien peur que ce ne soit pire… »
Elle s’assit à ses côtés, hébétée par ces révélations. Elle avait bien vu plusieurs fois, c’était vrai, le regard de Daniel s’attarder de curieuses façons sur la jeune femme, mais jamais elle n’aurait cru qu’il ait pu s’agir d’amour. Pourtant, plus elle essayait de se remémorer le regard de l’archéologue à ces moments-là, et plus elle se rendit compte à quel point O’Neill devait avoir raison. Sans compter toutes les fois où Daniel avait voulu protéger Gabrielle…
« J’ai peur que sa mort n’ait brisé quelque chose en lui, Sam… Quelque chose qui avait pourtant tenu bon, même après la mort de Sha’re…
- Mais ce n’est pas Daniel qui vous met dans un tel état, n’est-ce pas, Jack ? Vous vous inquiétez pour lui, je le sens bien, mais ce n’est pas tout.
- Comment allons-nous faire sans elle, Sam ? Pour lutter contre cette saleté de Fléau ? Elle seule était parvenue à comprendre son fonctionnement… Elle seule savait comment s’en défendre… Elle était notre unique et dernier espoir de nous en débarasser… Les autres membres d’Atlantis le pensaient aussi, et je vois bien à présent quels doutes les hantent… Ils se préparent à une attaque des wraiths, mais ils ne savent même plus pour quoi ils vont se battre… Moi-même je l’ignore…
- Nous allons nous battre pour vivre, Jack… Pour l’humanité, pour la préserver… Pour préserver nos valeurs, et nos croyances… Par foi en nous, Jack… Je refuse de croire que tout est fini… Ce n’est pas possible… Nous n’avons pas traversé toutes ces épreuves, depuis la mise en place du projet Stargate, pour que tout cesse soudain de cette façon…
- Oui, murmura O’Neill, les yeux brillants. Vous avez raison… Et puis qui taquinerait Thor si nous ne sommes plus là ? »
Samantha esquissa un sourire. Elle ne s’habituerait jamais à son humour, mais elle était heureuse de l’entendre. O’Neill se pencha vers elle pour l’embrasser, chose qu’il n’avait plus faite depuis longtemps maintenant.
« O’NEILL !!! COLONEL CARTER !!! »
Teal’c entra dans la salle de contrôle précipitemment, consterné. Il semblait terrorrisé.
« Il faut vite que vous veniez à l’infirmerie…
- Qu’est-ce qui se passe encore ? s’enquit O’Neill en se levant brusquement, un mauvais pressentiment en tête.
- C’est Daniel Jackson… Il a été pris de convulsions alors que nous sortions de la pièce où repose le corps de Gabrielle… Le docteur Beckett l’a transféré de toute urgence à l’infirmerie… Il est inconscient et souffre de fortes fièvres… »
Les visages d’O’Neill et de Samantha se décomposèrent à cette nouvelle.
« Oh, mon Dieu, Jack, ce sont les symptômes de…
- Pas ça, mon Dieu, je vous en prie… Pas Daniel… »
Ils sortirent de la salle de contrôle en courant.
Infirmerie, Atlantis, galaxie de Pégase.
Le docteur Weir et McKay se trouvaient déjà auprès de Daniel lorsque Teal’c revint, accompagné d’O’Neill et Samantha.
« Quel est son état ?! interrogea O’Neill sans préambule.
- Il est déjà dans le coma, et la fièvre vient de tomber. Le docteur Beckett effectue des analyses complèmentaires, mais les symptômes sont trop évidents…
- Il s’agit du Fléau, n’est-ce pas ?
- Le docteur Jackson en présente tous les signes. »
Samantha étouffa un cri de détresse, tandis qu’O’Neill s’approchait du lit où était étendu Daniel. Il semblait simplement endormi ainsi.
« Je passe ma vie à l’infirmerie ces temps-ci, maugréa-t-il pour cacher angoisse. Bon sang, c’est pas vrai !!! »
Il tapa du poing sur la table de chevet, où étaient disposés quelques instruments médicaux qui tombèrent sous la violence du choc. Il se prit la tête dans les mains, à bout de nerf. Elisabeth s’approcha de lui, inquiète.
« Général, vous devriez prendre un peu de repos… Ici même si vous le désirez. Vous ne pouvez rien faire pour lui dans cet état…
- Dans cet état ou dans un autre, je ne pourrais rien faire, de toutes façons…
- Si, vous pouvez lui parler… Comme l’avaient fait les Hanlow avec Tommy. Gabrielle m’avait expliqué la façon dont elle avait procédé. Qui sait si cela ne marcherait avec le docteur Jackson ? Après tout, vous êtes ses plus proches amis…
- Non, c’est inutile… C’est la mort de Gabrielle qui l’a mis dans cet étatet qui a permis aux Oriis de trouver le chemin de son esprit… Bon sang ! »
Les efforts qu’il faisait pour rester calme et retenir les larmes qui l’étouffaient faisaient peine à voir. Néanmoins, il sembla vouloir suivre le conseil du docteur Weir, et alla s’asseoir sur l’un des lits de l’infirmerie.
« Sortons, il est inutile de rester ici. Le docteur Lam ne devrait pas tarder à revenir… Elle veillera sur eux. »
Joignant le geste à la parole, et parce qu’elle ne supportait pas de voir Daniel inconscient et O’Neill en état de faiblesse, elle entraîna Teal’c, McKay et Samantha hors de l’unité médicale.
« Nous avons tous besoin d’air, je crois. »
Elle les conduisit vers l’un des balcons de la tour, celui qu’elle préférait et où elle aimait se rendre pour réfléchir lorsque la situation devenait trop tendue sur Atlantis.
« Je ne comprends pas une chose, déclara soudain McKay après plusieurs minutes de silence, passées à observer la cité dans toute sa splendeur.
- Moi, c’est beaucoup de choses que je ne comprends pas, remarqua Samantha avec un cynisme qui ne lui ressemblait pas.
- Pourquoi seulement maintenant ?! »
Weir et Teal’c considérèrent le scientifique avec attention, curieux de savoir ce qu’il voulait dire.
« Je veux dire… pourquoi n’y-t-il eu aucun autre cas de Fléau, avant le docteur Jackson ?
- La situation est désespérée, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, rétorqua Samantha avec dédain. Et si vous aviez suivi les explications de Gabrielle, vous sauriez que le Fléau n’agit pas comme une maladie, qui peut hiberner pendant un temps infini avant de se réveiller. Ce sont des intrusions mentales qui provoquent la mort.
- D’accord, j’ai mal posé ma question. Pourquoi le docteur Jackson a-t-il été infecté ?
- Vous le faites exprès ? s’emporta Samantha, excédée. Ce n’est pas une maladie !
- Bien, donc si ce n’est pas une maladie, et comme Atlantis n’a jamais connu ce genre de problème jusqu’à maintenant, pouvez-vous me dire comment vous avez ramené cette saleté ici ? »
Samantha voulut lui répondre par une réplique cinglante, lorsque la question de McKay prit soudain tout son sens. Comment, en effet, le Fléau avait-il réussi à traverser toute la galaxie pour les atteindre ici même ?
« Le Fléau est une intrusion mentale… Elle doit donc être émise par l’un de ses créateurs pour pouvoir exister, résonna la femme militaire, le front plissé par la réflexion. Mais je doute que ce genre d’ondes psychiques puisse couvrir de grandes distances… donc…
- Donc vous êtes en train d’insinuer qu’il y aurait un de ces émetteurs d’intrusions mentales ici-même, dans la cité, comprit Weir, horrifiée.
- Autrement dit, reprit Teal’c. Nous aurions amené un Orii avec nous.
- Ce serait logique, en effet, approuva Samantha. D’ailleurs Gabrielle affirmait que l’unique moyen d’arrêter le Fléau était d’éliminer les Oriis, puisque ce sont eux les responsables. Ils n’agissent pas par l’intermédiaire de machines ou d’armes chimiques et biologiques… Ils n’utilisent que leur esprit et leurs pouvoirs… Ils doivent donc se trouver avec leurs victimes pour pouvoir être actifs.
- Donc si nous trouvons cet Orii, nous avons une chance de sauver Daniel Jackson, conclut Teal’c, dont le visage s’éclaira. »
Cependant, les visages de McKay et de Samantha restaient sombres. Même s’ils étaient parvenus à cette conclusion, de nouveaux problèmes se posaient, bien plus sérieux.
« Le danger que court Daniel reste malheureusement entier… Nous n’avons pas les moyens de neutraliser cet Orii… En espérant qu’il soit seul.
- Les Oriis sont-ils des êtres de pure énergie, comme les Anciens ? demanda Elisabeth, plongé dans ses réflexions.
- Théoriquement oui. Il y a quelques différences, malgré tout, entre eux. D’après ce qu’on sait d’eux, ils ne vivent pas sur le même plan d’existence.
- Mais ils sont tout de même composés d’énergie, insista Weir.
- Oui. Pourquoi ? Vous avez une idée ? »
Elisabeth se mordilla la lèvre inférieure, ennuyée.
« Je ne suis pas une spécialiste dans ce domaine mais… Peu de temps après notre arrivée ici, nous avons dû faire face à une entité alienne qui se nourrissait uniquement d’énergie, et qui, je crois me souvenir, était composée d’énergie. Elle avait été libérée d’un appareil ancien capable de l’y enfermer, et nous avons dû nous débarasser de cette chose en lui faisant traverser la Porte des Etoiles. D’après Rodney, cette créature avait été capturée pour étude par les Anciens. Ceux-ci cherchaient déjà probablement un moyen de s’élever à l’époque où ils l’ont capturé, d’où son intérêt.
- Tout cela est très intéressant, docteur Weir, mais je ne vois pas le rapport.
- Ce qu’Elisabeth essaie maladroitement de vous expliquer, colonel Carter, c’est qu’on pourrait essayer d’utiliser l’appareil qui retenait cette chose contre l’Orii. Ce qui, si vous voulez mon avis, est une idée complètement loufoque !
- Mais au moins, c’est une idée Rodney !
- Cela pourrait marcher, colonel Carter ? interrogea Teal’c, intéressé.
- Je l’ignore. Il faudrait que j’étudie cet appareil d’abord… »
Weir et Samantha jetèrent toutes deux un regard équivoque à McKay. Celui-ci leva les yeux au ciel, et soupira.
« Très bien. Si vous avez du temps à perdre, suivez-moi. Je vais vous montrer cet appareil… Mais même si vous arrivez à la modifier, nos chances de capturer un Orii sont quasi-nulles ! Vous vous en rendez bien compte ?! En plus, il faut d’abord lui mettre la main dessus…
- Ça je m’en charge, répondit Teal’c tandis que Samantha poussait McKay vers la porte. J’ai ma petite idée pour le repérer, grâce à la technologie des Anciens… »
Le jaffa s’inclina respectueusement devant Weir, et disparut à son tour, lançant seule la responsable d’Atlantis, dont le visage exprimait les plus vives inquiétudes, mais dont les yeux brillaient d’un espoir nouveau.
Salle de contrôle, Atlantis, galaxie de Pégase.
« Vous savez que je devrais être en train de préparer mes hommes à l’attaque iminente des wraiths, Teal’c ?! remarqua Sheppard avec mauvaise humeur. »
Le jaffa se contenta de froncer les sourcils. Il était penché en compagnie de Bradford sur l’un des panneaux de contrôle de la cité, celui-là même que Chaya avait activé malencontreusement lors de sa première venue sur Atlantis. Teyla était assise à côté du major, silencieuse, fixant l’écran principal avec intensité. Elle avait revêtu l’un de ses vêtements de cérémonie athosiens, celui de deuil. La crémation de Gabrielle avait eu lieu la veille au soir.
« Pour une fois, je dois reconnaître que Rodney n’a pas tout à fait tort, vous savez. Votre idée est complètement dingue ! Je veux bien croire qu’un Orii se cache parmi nous. Mais de là à espérer le capturer et l’éliminer… »
Teal’c releva la tête et lui lança un regard noir. Sheppard esquissa une grimace d’excuse.
« Moi je disais ça histoire de meubler la conversation… »
L’écran principal afficha soudain une série de courbes mouvantes, semblables à des encéphalogrammes.
« C’est très beau, remarqua Sheppard avec ironie. Qu’est-ce que c’est ? »
Teal’c s’approcha de l’écran, et pointa son doigt vers la première courbe.
« Celle-ci est votre spectre, major Sheppard.
- Je suis très ému de le voir.
- Celle du dessous est la mienne. Etant jaffa, vous pouvez apercevoir quelques différences avec la votre…
- Hmmm… Et celle du dessous ?
- Il s’agit de celle de Teyla. J’imagine que son spectre diffère du votre à cause de ses gènes wraiths…
- Sans doute, admit-elle avec sagesse. »
Sheppard observa silencieusement pendant plusieurs minutes l’écran, puis il se tourna vers Teal’c, front plissé.
« Et alors ?
- Le docteur Rodney McKay m’a expliqué la manière dont vous avez découvert la véritable nature de l’Ancienne Chaya…
- Qu’il a découvert serait plus juste, Teal’c. Moi je n’avais rien remarqué de spécial chez elle.
- Son spectre était différent des votres, poursuivit Teal’c, imperturbable. J’imagine donc que le spectre des Oriis est également différent de ceux-ci.
- Bonne déduction, apprécia Teyla. Vous voulez donc utiliser cet appareil pour trouver l’Orii.
- C’est exact.
- Je n’avais rien prévu pour cet après-midi, répondit Sheppard en se levant. Je vais cherché nos armes et…
- Inutile d’être armés. Nous attirerions l’attention de l’ennemi, et l’appareil sur lequel travaillent le colonel Carter et le docteur McKay n’est pas encore opérationnel. Nous devons simplement nous contenter de repérer l’Orii.
- Et s’il nous attaque ?
- Il n’a aucune raison de le faire… Après tout, nous ne sommes pas un danger, et il n’a aucune raison de se méfier. Qui plus est, nos armes sont inefficaces sur ces êtres. S’il veut nous tuer, il y parviendra sans difficulté.
- C’est très réconfortant ! »
Bradford tendit à Teal’c un petit boitier informatique, dont l’écran affichait les spectres des personnes situées face à l’appareil. Sheppard y jeta un coup d’œil, tandis que le technicien expliquait au jaffa le fonctionnement de l’appareil.
« Les trois premières courbes sont les votres : il m’a semblé judicieux de les afficher toutes les trois afin que vous puissiez avoir un point de repère. La quatrième courbe, qui pour le moment n’est pas visible, est la courbe de la personne étudiée.
- Nous allons devoir scanner tout le personnel de la base ?! demanda Sheppard que cette perspective ne semblait pas réjouir.
- Non, simplement le personnel du SGC. L’ennemi se trouve parmi eux.
- Voilà qui s’annonce plaisant ! Autant nous y mettre tout de suite ! »
Ils sortirent de la salle de contrôle et commencèrent leur inspection. Afin d’être sûrs et certains de n’oublier personne, chaque pièce de la cité devait être passée au crible. Au bout de trois heures, ils en avaient déjà visité près des trois quarts, sans repérer la moindre anomalie dans les spectres de leurs compagnons.
« Vous êtes certain au moins qu’il y a bien un Orii parmi nous ? bailla le major Sheppard.
- Nous n’avons toujours pas terminé nos recherches, remarqua Teal’c. Nous trouverons cet Orii. »
Ils traversèrent le couloir sans croiser qui que ce soit, et se retrouvèrent face à une grande porte donnant sur l’une des plates-formes extérieures de la cité. Teal’c considéra la porte d’un air ennuyé. Un autre couloir bifurquait sur leur gauche, les ramenant à la salle d’embarquement. Des bruits de pas se faisaient entendre.
« Tiens tiens ! Teal’c ! s’écria O’Neill en apparaissant soudain en compagnie du docteur Weir. Joli gadget !
- Général O’Neill, docteur Weir, s’inclina Teal’c respectueusement.
- Vous allez disperser les cendres de Gabrielle, n’est-ce pas ? »
Teyla avait avisé le pot que tenait Elisabeth entre ses mains. La jeune femme hocha la tête.
« Oui. Nous n’avons pas pu le faire hier soir à cause du mauvais temps, et comme tout le monde a pu assisté à son incinération, nous avons estimé qu’il était inutile de réunir à nouveau tout le personnel pour ce dernier salut.
- Pouvons-nous nous joindre à vous, dans ce cas ? demanda Teal’c avec gravité.
- Bien sûr, je n’y vois aucun inconvénient. Et vous, général ?
- Aucun non plus, approuva O’Neill en franchissant la porte. Vous avez trouvé quelque chose avec ce machin-là ? Sam m’a expliqué vos soupçons et la manière dont vous comptiez choper cet Orii.
- Nous n’avons toujours rien, mon général, répondit Sheppard. Mais Teal’c espère toujours mettre la main dessus. Mais si vous voulez mon avis, s’il y avait un Orii ici, il a dû partir en apprenant l’attaque imminente des wraiths.
- Alors, dans ce cas, pourquoi Daniel est-il toujours cloué dans son lit à l’infirmerie, à lutter contre la mort ? »
La question d’O’Neill n’avait rien de méprisable. Les quelques heures qu’il avait passées à l’infirmerie l’avaient reposé, et bien que la situation était toujours aussi intolérable pour lui, il l’appréhendait avec un plus grand calme.
« Daniel Jackson ne va toujours pas mieux ?
- Non, Teal’c… J’ai essayé de lui parler pourtant, Sam également, mais ça n’a rien changé. »
Ils étaient parvenus sur les bords de la cité, face à l’océan d’un bleu-gris scintillant… la même couleur que les yeux de Gabrielle. Ils le remarquèrent tous, mais ne dirent mot. Le docteur Weir ouvrit le pot contenant les cendres de la jeune femme.
« A vous l’honneur, général, dit-elle en tendant l’urne à O’Neill. Si le docteur Jackson avait pu, c’est lui qui l’aurait fait…
- Merci, docteur Weir. »
Jack lui prit le pot avec précaution, observa l’océan quelques secondes encore, puis il tendit le bras en avant et déversa tout doucement le contenu de l’urne dans l’eau calme et miroitante. Une poussière grise et légère se posa à la surface de l’eau, trop légère pour couler. O’Neill pencha davantage la main, afin de laisser tomber d’avantage de cendres. Il eut soudain l’impression de voir scintiller au milieu des cendres des éclats d’or, qui s’envolèrent, emportés par la brise. Il secoua la tête, pensant avoir rêvé, et retourna le pot entièrement, pour en finir, car le geste lui parut soudain sinistre. Ce qui suivit, il ne le comprit pas tout à fait. Ce ne furent pas des cendres qui s’écoulèrent de l’urne, mais une véritable pluie de paillettes dorées, brillantes comme des diamants. La brise les emporta à nouveau, tant elles semblaient légères. O’Neill cligna des yeux.
« Vous avez vu ça ? »
Il se tourna vers le docteur Weir, qui regardait devant elle, bouche bée.
« J’ignorais que vous mélangiez de l’or aux cendres de vos défunts. »
O’Neill dévisagea Teal’c, et esquissa un sourire sarcastique.
« Nous ne mélangeons pas d’or aux cendres de nos défunts, Teal’c, je peux vous l’assurer.
- Dans ce cas, qu’est-ce que c’était que ça ? demanda Sheppard, intrigué.
- Aucune idée. En tout cas, le vent l’a emporté, répondit O’Neill en haussant les épaules.
- Mais il n’y a pas de vent, général. »
O’Neill se tourna à nouveau vers Elisabeth, et se rendit soudain compte qu’elle avait raison. Il ne sentait pas le plus petit souffle d’air sur son visage. Pourtant ils avaient bien tous vu cette poudre d’or s’envoler.
« Regardez ça !!! s’écria soudain Teyla, dont le visage était tourné vers l’océan. »
O’Neill leva les yeux vers l’immense étendue d’eau, et étouffa un cri de surprise. Face à eux, à une centaine de mètres, une sorte de petit brouillard s’était formé. Il flottait au-dessus de l’eau, immobile. Il ne devait pas mesurer plus d’un mètre soixante-dix de hauteur, mais le plus étonnant était sa largeur, d’à peine une cinquantaine de centimètres. O’Neill plissa les yeux, afin de mieux l’étudier. Les quelques rayons de soleil qui le traversaient faisaient étinceler la poussière d’or qui le composait en masse compacte.
« Mais qu’est-ce que c’est que ça ? murmura Sheppard, fasciné. »
Il aurait souhaité l’étudier plus à loisir, lorsque derrière eux, Samantha les interpella. Le groupe se tourna vers elle, surpris de son intrusion soudaine. Elle courut vers eux.
« Le docteur McKay et moi avons terminé de modifier l’appareil. En principe, il est à présent capable d’emprisonner tout type d’énergie grâce à… Ça ne va pas ? »
O’Neill la regardait rêveusement. Il tourna la tête à nouveau vers l’océan, mais il n’y avait plus rien. La brume d’or avait disparu.
« Qu’est-ce que c’était ? demanda-t-il distraitement.
- De quoi parlez-vous ?
- Il y avait un nuage, là-bas, expliqua Teyla, songeuse. Un petit nuage doré…
- Un petit nuage doré ?! répéta Samantha sans pouvoir s’empêcher de sourire, incrédule.
- Je vous assure, Sam… »
La jeune femme les considéra tous les cinq avec suspicion, puis avisa le pot resté entre les mains d’O’Neill.
« Ce que vous avez fait vous a sans doute bouleversés…
- Non, Sam. Je vous assure qu’il y avait vraiment une espèce de nuage de paillettes d’or. C’était étrange… Il est sorti de là-dedans… »
Il lui tendit l’urne. Samantha le prit, examina l’intérieur, mais hormi quelques résidus de cendres, elle ne vit rien de particulier.
« Allons à l’infirmerie, dit-elle, soudain inquiète. Je voudrais que le docteur Beckett vous examine… Teal’c ? Qu’est-ce qui vous arrive ? »
Pour toute réponse, le jaffa lui tendit l’appareil qu’il tenait à la main. Samantha l’examina, et poussa un petit sifflement.
« Très bien, je vous crois…
- Qu’est-ce qu’il y a sur ce gadget, qui ait pu vous faire changer d’avis, Sam ?
- Ceci, mon général. »
Sous les trois courbes témoins de l’appareil, une quatrième courbe totalement différente était apparue.
« Il faut vérifier sur l’ordinateur principale de la salle de contrôle, mais je crois bien que vous venez de croiser un Orii. »
Salle de contrôle, Atlantis, galaxie de Pégase.
« Mais qu’est-ce que faisait cet Orii dans l’urne funéraire de Gabrielle ?! demanda pour la dixième fois O’Neill à haute voix, à l’adresse des autres membres d’Atlantis.
- D’un point de vue pratique, c’est une excellente cachette, général, remarqua McKay très pince-sans-rire. Jamais on n’aurait eu l’idée de le chercher là-dedans…
- C’était bien la peine qu’on se donne tout ce mal à scanner le personnel de la cité, grogna Sheppard. Ah c’est sûr ! On aurait passé toute la soirée sans tomber dessus !
- En tout cas, ce que vous avez vu ne correspond à rien de connu, admit Samantha en relevant la tête du tableau de commande. Je viens de vérifier dans la base de données de la cité, et ce spectre ne correspond à rien : ni humain, ni jaffa, ni ancien, ni asgard. »
Elle afficha les quatre courbes sur l’écran principal de la salle de contrôle, puis y ajouta celle de la mystérieuse entité rencontrée quelques instants plus tôt.
« Je croyais que cet Orii avait pris une forme physique pour pouvoir s’infiltrer parmi nous, remarqua O’Neill.
- C’est ce que nous avons supposé, répondit Samantha, gênée. Peut-être que les évènements actuels l’ont poussé à reprendre sa forme première…
- Humm… Cela pose-t-il un problème à votre plan ? Il faudrait vous presser… Daniel n’a plus beaucoup de temps devant lui.
- Je sais, mon général. Pour répondre à votre question, d’un point de vue technique, son aspect présent ne pose pas de difficulté particulière, au contraire. Non, l’ennui ça va être de lui mettre la main dessus… »
Elle jeta un regard suppliant aux autres membres SG, dans l’espoir que l’un d’eux trouverait subitement une idée. L’état comateux dans lequel l’archéologue se trouvait avait encore empiré, et Samantha craignait de voir arriver le docteur Lam à chaque minute pour leur annoncer la mort de Daniel.
« Au fond, pourquoi cette chose a-t-elle repris sa forme originelle ? demanda McKay.
- Pour pouvoir nous échapper ?! suggéra Sheppard.
- Elle n’a rien à craindre de nous…
- Peut-être à cause de l’attaque prochaine des wraiths, proposa Teyla.
- Ou alors tout simplement parce que sous cette forme, elle est beaucoup plus discrète pour pouvoir aller dans certains endroits… ou encore passer la Porte des Etoiles, répondit McKay, satisfait de sa réponse.
- Mais elle pourrait le faire, même sous une forme physique ! intervint le docteur Weir avec justesse. Rien ne justifie ce retour à sa forme d’énergie. »
Rodney fit la moue, déçu de voir sa réponse ainsi malmenée.
« Dans ce cas, je ne voie pas… Attendez une minute… »
Il se dirigea vers l’ordinateur principal, et commença à effectuer diverses recherches.
« Combien sommes-nous censés être dans cette cité, depuis l’arrivée du général et de ses hommes ? demanda-t-il en continuant à pianoter sur le panneau de contrôle.
- Il y a encore une semaine, nous devions être 204, sans compter les Asgards. Mais nous devons retirer Gabrielle et Kavanagh de ce chiffre. Ainsi que l’Orii, étant donné qu’il ne se fait plus passer pour l’un d’entre nous, énuméra Elisabeth après quelques instants de réflexion. Donc théoriquement, nous sommes 201 à vivre ici. Pourquoi ?
- Parce que je viens de demander à l’ordinateur de la cité d’établir un rapide recensement des personnes présentes, et il en a compté 202.
- C’est impossible ! s’écria Samantha en rejoignant le scientifique. Vous avez dû faire une erreur…
- Si une erreur a été commise, c’est à l’ordinateur Ancien que vous devez vous en prendre, colonel Carter. J’ai lancé la vérification deux fois de suite, et il m’a donné à chaque fois le même chiffre.
- Et qu’est-ce que cela signifie ? demanda Sheppard, un peu perdu.
- Qu’on ne peut utiliser l’ordinateur pour repérer l’Orii, étant donné qu’il semble incapable de le repérer… Si le chiffre se maintient à 202, c’est bien qu’il ne parvient pas à établir de différence entre nous et cet Orii…
- Ou alors l’Orii a repris forme humaine depuis notre dernière rencontre avec lui, ou encore, il n’a jamais changé d’apparence, et ce que vous avez vu était quelque chose d’autre, hypothéqua Weir.
- Mouais… Mais toutes ces belles paroles ne vont pas sauver la vie de Daniel, maugréa O’Neill, dont la patience atteignait ses dernières limites. Je vous signale qu’il est… »
L’alarme d’activation de la Porte des Etoiles retentit, l’empêchant de terminer sa phrase. O’Neill se tourna vers Weir, mécontent.
« Je croyais vous avoir demandé de me prévenir dès que l’une de vos équipes allait faire un tour, docteur Weir ?
- Nous n’avons aucune équipe de sortie, se défendit Elisabeth en secouant la tête surprise.
- Ce n’est pas une activation extérieure, général, intervint McKay, effaré, en consultant le DHD de la salle. C’est nous qui sommes en train d’activer la Porte…
- QUOI ?!! McKay, fermez l’iris et essayez d’arrêter ça !!! Teal’c, Carter et Sheppard avec moi en salle d’embarquement !!! »
Tandis que les trois militaires et le jaffa sortaient en toute hâte de la salle de contrôle, Weir et Teyla se précipitèrent vers les baies vitrées donnant sur la salle d’embarquement.
La Porte des Etoiles enclencha le septième chevron, et l’horizon des évènements apparut aussitôt, argenté et scintillant. Alors qu’il ne se trouvait qu’à la moitié des escaliers, O’Neill apperçut ce qui avait activé la Porte des Etoiles. Une brume de taille réduite, constituée de poussière d’or, flottait vers la Porte des Etoiles, ignorant totalement les hommes armés qui venaient de prendre position autour de la passerelle d’embarquement.
« Ecartez-vous de ce truc !!! ordonna O’Neill en s’égosillant. »
Les soldats lui obéirent, suivant avec le canon de leurs armes la trajectoire de l’étrange nuage. Weir et Teyla la regardèrent progresser lentement, fascinées.
« McKay !!! L’iris !!! »
Le bouclier d’énergie fut activé au moment même où O’Neill cria son ordre. Mais l’apparition de cet obstacle ne parut pas troubler plus que ça la mystérieuse entité… qui traversa le champ d’énergie sans difficulté, et disparut.
« C’est dingue, balbutia Sheppard en continuant à fixer la Porte, même après que celle-ci se fut désactivée. Ça a traversé l’iris comme s’il s’était s’agi d’une simple toile d’araignée…
- Vous avez noté l’adresse, McKay ? Histoire de savoir où cette saleté est partie se réfugier…
- Oui, général. Mais vous connaissez déjà cette planète…
- Je vous demande pardon ?
- Il s’agit des coordonnées de la planète de Chaya…
- L’Ancienne ? interrogea O’Neill, médusé. Mais qu’est-ce que tout ça signifie ?! »
Salle de contrôle, Atlantis, galaxie de Pégase.
« Vous n’irez nulle part, major !!! Me suis-je bien fait comprendre ?!! »
Le regard de Sheppard lançait des éclairs. Il était visiblement furieux.
« Mais Chaya est sans doute en danger !!! Je dois aller la…
- Et que voulez-vous faire ?! Affronter cet Orii à vous tout seul, c’est ça ?! Réveillez-vous, bon sang, major !!! Vous ne pouvez rien faire face à cette créature du diable ! Chaya est une Ancienne, elle saura se défendre seule ! »
O’Neill était rouge de colère. Ne trouvant rien à répondre, Sheppard sembla se résigner et s’assit dans l’un des fauteuils de la salle de contrôle, la mine boudeuse, mécontent.
« La situation est complètement en train de nous échapper, gromela O’Neill. J’ai besoin de la présence de chacun de vous, ici. Major, vous êtes le mieux placé pour organiser les défenses d’Atlantis, et je n’ai pas l’intention de vous envoyer à une mort certaine en vous laissant poursuivre cet Orii ! »
Le major haussa les épaules, mais parut se calmer. Pendant l’espace de quelques instants, il n’avait plus pensé qu’à Chaya, et la menace wraith lui était totalement sortie de l’esprit.
« Il y a malgré tout un point positif à la fuite de cet Orii, remarqua McKay. Maintenant qu’il a quitté la cité et qu’il se trouve loin d’ici, le docteur Jackson devrait pouvoir guérir…
- Je ne comprends vraiment pas pourquoi il a quitté si soudainement Atlantis, en se dévoilant par-dessus le marché, s’interrogea Samantha, sceptique. Il n’avait aucune raison apparente de le faire…
- Il s’est peut-être dit qu’avec l’attaque imminente des wraiths, son travail d’élimination était réglé d’avance et il est parti voir ailleurs... Pour soumettre d’autres humains à son culte, hasarda Teal’c, la mine sombre. Mais il est étonnant qu’il ait choisi pour commencer une planète protégée par une Ancienne…
- C’est aussi ce que j’étais en train de me dire, déclara Samantha. Il risque de rencontrer de sérieuses difficultés face à Chaya…
- Ouais, ben ça lui fera les pieds !!! Et si cela peut sauver Daniel…
- J’en doute, général. »
Le docteur Lam entra dans la salle, le visage grave.
« Daniel est … ? s’enquit O’Neill, alarmé, redoutant le pire.
- Non, il est toujours en vie. Mais son état ne fait qu’empiré. Le docteur Beckett est avec lui pour le moment, mais il ne lui donne pas plus de quelques heures…
- Sans vouloir paraître sinistre, il ne devrait pas déjà être mort ? demanda McKay en esquissant une grimace d’excuse.
- En théorie, vous avez raison, docteur McKay. La plupart des patients souffrant du Fléau et que j’ai eu à veiller jusqu’à présent s’éteignaient après une douzaine d’heures de coma. Or Daniel est dans cet état depuis près de 24 heures maintenant…
- C’est peut-être bon signe ? espéra Samantha. Peut-être qu’il est en train de lutter, comme l’avait fait Gabrielle…
- Non. Son encéphalogramme indique que son coma devient de plus en plus profond… Je crois que le Fléau rencontre certaines difficultés à affaiblir l’esprit de Daniel, mais il y arrive inexorablement. Il met un peu plus de temps à agir, c’est tout. »
Le docteur Lam baissa la tête, désolée. O’Neill se passa la main dans les cheveux, amer.
« Pourtant l’Orii est parti d’Atlantis…
- Je vous demande pardon, général ? L’état de Daniel tend à prouver le contraire. »
O’Neill, Samantha, Teal’c, Weir et Sheppard échangèrent un regard entendu.
« Il y aurait donc toujours un Orii dans la cité ? interrogea Teyla en exprimant à haute voix l’idée générale. Mais qu’est-ce qui a passé la Porte, dans ce cas ?
- Peut-être y’avait-il deux Oriis, suggéra McKay, pas très convaincu. Ça expliquerait que nous soyons toujours 202 sur la cité…
- Mais pourquoi l’un d’eux aurait-il pris une forme physique et pas l’autre ? Et d’ailleurs, pourquoi n’avons-nous jamais repéré cet Orii qui serait resté sous sa forme d’énergie ?!
- Je vous signale, colonel Carter, qu’il était caché dans une urne funéraire quand nous l’avons découvert… Qui sait dans quoi d’autre il a pu se cacher ?!
- Dans ce cas-là, il peut très bien y en avoir des dizaines planquées n’importe où sur Atlantis, gromela O’Neill avec mauvaise humeur.
- Ils n’ont pas besoin d’être des dizaines pour tous nous exterminer, mon général. Mais c’est tout de même étrange…
- Ce qui me semble étrange à moi, Sam, c’est que nous soyons là, à parler de ces ignominies, alors que Daniel est en train de mourir à petit feu, et qu’une flotte de sangsues répugnantes à peau verte est en train de nous foncer dessus. »
L’humeur d’O’Neill devenait exécrable. Samantha rougit violemment, un peu honteuse.
« Pourquoi ne pas envoyer le docteur Jackson sur une autre planète, avec une équipe réduite pour s’occuper de lui ? suggéra soudain Teyla. »
O’Neill la considéra avec attention, soudain interessé.
« Si nous parvenons à nous assurer qu’aucun Orii ne franchisse la Porte avec cette équipe, nous pourrions parvenir à sauver le docteur Jackson, pousuivit l’Athosienne.
- C’est juste, approuva Samantha, dont le visage s’éclaira. C’est une solution simple, et apparemment efficace…
- Et si on s’apperçoit qu’un Orii essaie de passer avec l’équipe ? interrogea McKay. On lui demande gentiment de ne pas les suivre ?! Parce que je suis bien sûr que ces créatures ne sont pas du genre à laisser échapper leurs victimes, vu qu’elles sont parvenues à vous suivre jusqu’ici…
- Et bien, dans ce cas, nous installerons l’appareil que nous sommes parvenus à modifier à côté de la Porte, pour parer à toutes éventualités. Et Teal’c se postera en bas de la rampe d’embarquement de la Porte avec son appareil de mesure de spectres, afin de tout vérifier, personnes et bagages compris.
- Nous avons scanner le presque totalité du personnalité d’Atlantis, remarqua Sheppard. Et nous n’avons rien trouvé…
- Et bien peut-être que l’Orii que nous cherchons se trouve dans la part manquante, répondit Samantha en souriant. De toutes façons, nous n’avons pas le choix. Si nous voulons sauver Daniel, nous devons l’éloigner d’ici. »
O’Neill approuva silencieusement.
« Le transfert de Daniel pose-t-il un problème ? questionna Samantha.
- Non, pas le moindre, affirma le docteur Lam. Il est faible, mais un voyage à travers la Porte des Etoiles ne devrait pas avoir d’incidence sur lui… Général, docteur Weir, puis-je faire partie de cette mission ? Et puis-je me charger du recrutement de l’équipe qui accompagnera le docteur Jackson ?
- Ma foi, je n’y vois aucun inconvénient, répondit Weir. Je souhaitais justement que Carson reste avec nous…
- Je suis d’accord aussi, approuva O’Neill. J’aurais simplement une demande à formuler concernant votre équipe, docteur Lam.
- Je vous écoute.
- Emmenez Tommy et sa famille avec vous. Je ne pense pas que les laisser ici, alors que nous nous préparons à livrer bataille contre les wraiths, soit une bonne idée.
- Comme il vous plaira, général. »
Le médecin sortit sans plus attendre.
« Très bien. Fixons le départ de cette équipe à un délai de quatre heures. D’ici là, nous devrons organiser la sécurité de ce transfert. »
Re: [FanFic] La troisième évolution
Salle d’embarquement, Atlantis, galaxie de Pégase.
Une trentaine de personnes se tenaient au bas de la passerelle d’embarquement, dans l’attente de leur départ imminent. Sur les conseils de Teyla, le choix de la planète s’était porté sur celle d’un peuple de fermiers pacifiques, dont la localisation était très éloignée de celle d’Atlantis. Cela laissait ainsi craindre de très faibles probabilités d’une attaque wraith. Etendu sur une civière, Daniel aurait tout aussi bien pu être mort tant son teint était pâle. Le docteur Lam était à ses côtés et le veillait, assistée par deux infirmiers.
« Vous avez détecté quelque chose de particulier dans le matériel, Teal’c ? demanda O’Neill en rejoignant le jaffa près de l’un des chars de transport motorisé. »
Teal’c secoua la tête négativement.
« Nous avons également remarqué que la plupart des personnes choisies par le docteur Lam avaient déjà été soumises au détecteur, O’Neill. Peut-être que l’Orii a senti que nous avions remarqué sa présence…
- Restez vigilant. »
O’Neill rejoignit le docteur Weir et Samantha, occupées à donner leurs dernières recommandations aux membres de l’équipe.
« Alors ?!
- Ils sont près à partir, annonça Elisabeth. Nous leur avons recommandé de rester vigilant, et de ne revenir ici qu’une fois le docteur Jackson totalement remis, dans l’espoir qu’il guérisse…
- Il va guérir, assura O’Neill, sardonique. Daniel s’en est toujours sorti. Et même dans le cas contraire, et bien il fera l’Ascension une fois de plus ! »
Elisabeth et Samantha ne purent s’empêcher de pouffer.
« Ah !!! Général O’Neill ! Colonel Carter !!! Cela faisait une paie que je ne vous avais vu !!! »
Surpris, les deux militaires et le docteur Weir regardèrent approcher d’eux le professeur Lefebvre, un sourire éclatant sur les lèvres.
« J’avais complètement oublié que vous aviez fait partie du voyage, avoua O’Neill.
- Il n’y a pas de mal. D’ailleurs, j’ai été très occupé ici… Cette cité est incroyable…
- Vous faites partie de l’équipe ?! s’étonna Samantha en avisant le sac qu’il portait.
- Eh bien oui, quand j’ai appris votre idée, je me suis porté volontaire et le docteur Lam a accepté ma venue. Elle pense que je pourrais être utile… Mais entre nous, je crois qu’elle a accepté parce qu’elle sait bien que je ne serais pas très utile lors de l’attaque prochaine des wraiths.
- Vous m’étonnez, remarqua O’Neill en souriant. »
Appelé par l’un des membres de l’équipe, le Français salua le trio d’un signe de tête et s’éloigna d’eux.
« Je ne m’habituerais jamais à son accent, déclara O’Neill gravement.
- Moi je trouve qu’il s’est amélioré, remarqua Samantha en souriant.
- Puis-je donner l’ordre à Bradford de composer l’adresse, général ?
- Allez-y, docteur Weir. Je ne pense pas que l’Orii va se montrer finalement… »
Elisabeth fit un signe de la main au technicien resté dans la salle de contrôle. Le premier chevron s’enclencha.
« Docteur Lam, veillez bien sur Daniel.
- Ne vous inquiétez pas, général. Vous pouvez compter sur moi. »
O’Neill s’approcha de la civière, le cœur serré. Il lui en comptait de laisser ainsi partir Daniel, mais il n’avait pas le choix.
« Pourvu qu’il ne soit pas trop tard, murmura-t-il en observant le visage blanc et figé de son ami. »
Le troisième chevron se vérouilla. O’Neill s’éloigna du brencard, que deux infirmiers soulevèrent, prêts à embarquer. Le militaire rejoignit Samantha et Weir.
« J’espère que tout ira bien pour Daniel, souhaita Samantha à haute voix, tendue.
- Je l’espère aussi, Sam… »
Le cinquième chevron se vérouilla à son tour, lorsque se produisit la première explosion.
« Qu’est-ce que c’est encore ?! »
Le sol de la cité se mit soudain à frémir. Cela dura quelques secondes à peine.
« Les wraiths, mon général !!! s’écria Bradford dans les hauts-parleurs. Il s’agit de trois escadrons de Darts ! »
O’Neill voulut se précipiter dans la salle de contrôle, mais une seconde explosion ébranla beaucoup plus fortement les murs de la cité, faisant vaciller ses occupants. O’Neill conserva l’équilibre tant bien que mal, tandis que Teal’c, Teyla et Sheppard se précipitaient vers lui en titubant.
« Je croyais qu’ils ne devaient pas débarquer ici avant une huitaine de jours ?! cria le militaire à l’adresse de Samantha.
- C’est ce que McKay et moi avions estimé ! Ce n’est pas une science exacte !!! Nous avons fait les calculs à partir des données récoltées lors de leur dernière attaque !!! Ils ont dû améliorer leurs vaisseaux depuis leur dernière attaque !
- Et pourquoi n’a-t-on pas été prévenu plus tôt ?! »
O’Neill était furieux. Derrière lui, la Porte enclencha son sixième chevron.
« Faites quand même évacuer Daniel ! cria-t-il à l’équipe qui était restée au pied de la rampe d’embarquement, totalement désorientée. »
Ceux-ci se rassemblèrent tant bien que mal, dans l’attente de l’ouverture du vortex. O’Neill s’empara de la radio qu’il portait sur son uniforme, dont la fréquence était branchée sur celle des unités militaires placées à l’extérieur de la cité.
« Quelle est la situation dehors ?!
- Ça chauffe ici, mon général ! Mais nous sommes parvenus à éliminer près de la moitié des Darts !!!
- Parfait, continuez comme ça !
- Mon général ! J’ai bien peur qu’il ne s’agisse là que de simples escardrons-éclaireurs… Ils testent notre résistance !
- Dans ce cas ne les décevez pas !!! Bottez-leur le derrière !!! »
Samantha attrapa soudain le bras d’O’Neill, horrifiée.
« Mon général !!! Le vortex !!! »
O’Neill jeta un coup d’œil à la Porte des Etoiles, et poussa un juron. Face à lui, le vortex ne s’était pas ouvert, bien au contraire. Le septième chevron semblait refuser de s’enclencher.
« Mais c’est une malédiction !!! »
Weir voulut s’approcher de la Porte, incrédule et catastrophée, lorsque soudain celle-ci se réactiva. L’adresse composée par Bradford se désenclencha, pour laisser place à une nouvelle série de glyphes.
« Mais qu’est-ce que ça veit dire, Bradford ?!!
- La Porte est activée de l’extérieur, général ! hurla le technicien, paniqué. Je ne peux rien y faire !!!
- Que toute l’équipe évacue immédiatement la salle d’embarquement !!! ordonna O’Neill en s’armant de l’un des P-90 que lui tendait un militaire de l’équipe de transfert qui se tenait à ses côtés. Dépêchez-vous !!! »
Les infirmiers chargés de la civière de Daniel Jackson passèrent au petit trot devant le militaire. O’Neill les regarda disparaître dans le couloir, une expression douloureuse peinte sur le visage. Il fallait à tout pris transférer Daniel hors de la cité, et le plus vite possible.
O’Neill se posta sur les côtés de la rampe d’embarquement, à couvert, prêt à faire feu sur leurs mystérieux visiteurs. Le vortex s’établit après quelques secondes d’attente. A l’extérieur, les tirs de Darts semblaient avoir diminuer de volume. L’iris s’activa.
Plusieurs minutes passèrent, sans que rien ne se passe. Sheppard, qui se tenait au côtés d’O’Neill, tenait fébrilement son arme devant lui, le canon pointé vers la Porte des Etoiles. Ses yeux s’attardèrent quelques secondes sur les chevrons activés.
« Général, s’étrangla Sheppard, suffoquant presque. Il s’agit de la planète de Chaya…
- Quoi ?!!!
- C’est l’adresse de la Porte de sa planète !!! J’en suis certain !!! »
O’Neill grimaça. Cela ne lui disait rien de bon.
Salle d’embarquement, Atlantis, galaxie de Pégase.
Au-dessus de la cité d’Atlantis, la bataille faisait rage. De nouveaux escadrons wraiths survolaient la cité, et dix vaisseaux-ruches se rapprochaient dangereusement d’Atlantis. La situation était critique. Les membres de la mythique cité des Anciens se battaient avec l’énergie du désespoir, en vain. L’ennemi était beaucoup plus fort et nombreux. Ils allaient tous bientôt être submergés.
Dans la salle des générateurs, McKay s’activait autour du générateur du bouclier. Il savait qu’il ne parviendrait pas à le faire fonctionner, mais sa panique était telle qu’il ne savait plus vraiment ce qu’il faisait.
Dans la salle d’embarquement, au contraire, tout était calme. Aucun des militaires postés le long de la rampe ne bougeait, le visage fixé sur la Porte des Etoiles. Samantha, O’Neill et Sheppard s’étaient regroupés d’un côté, tandis que Teal’c, Teyla et Weir occupaient l’autre côté, tous tendus dans l’attente de ce qui allait survenir. Mais rien ne se passait, et la Porte restait activée.
« Que fait-on, mon général ? finit par lâcher Sheppard. »
Cette attente mettait ses nerfs à rude épreuve, d’autant qu’il entendait ses hommes se battre à l’extérieur et que lui était là, immobile, n’aidant en aucune manière à la défense de la cité.
Des bruits de pas se firent soudain entendre, provenant de l’un des couloirs lattéraux menant à la salle d’embarquement. Le professeur Lefebvre apparut. O’Neill lui jeta un rapide coup d’œil, puis reprenant son observation, lui ordonna de retourner se mettre à l’abri. Mais le Français ne bougea pas.
Il fixait la Porte des Etoiles et l’horizon des évènements, comme fasciné, les bras balants.
« Vous êtes devenus sourd, Lefebvre ?! Retournez dans les quartiers de sécurité !!! »
L’homme n’obéissait toujours pas. Au contraire, il s’était avancé jusqu’à la passerelle et se tenait face à la Porte. Il paraissait comme hypnotisé.
« C’est beau, n’est-ce pas ? l’entendit soudain dire O’Neill. J’aurais pu partir bien avant, mais ma curiosité était trop forte… Et puis, il y avait le docteur Jackson… Je ne pouvais pas partir de cette façon… Cela aurait tout gâché… »
O’Neill échangea un regard équivoque avec Teal’c, placé de l’autre côté de la passerelle. Manifestement, l’attaque soudaine des wraiths semblait voir fait perdre l’esprit au Français : celui-ci était en pleine crise de délire.
« Professeur Lefebvre, mieux vaut vous mettre à l’abri, insista Samantha, inquiète. C’est dangereux de rester ici…
- Je ne crains rien ni personne. »
Il s’avança en direction de la Porte. Faisant fi du danger potentiel de la situation, Samantha quitta sa position et se précipita vers le chercheur pour l’empêcher d’aller plus loin. Elle l’attrapa par le bras et voulut l’entraîner en arrière, mais c’est à peine si elle parvint à le faire stopper dans son avancée.
« Vous êtes fou ! Vous ne pouvez pas traverser la Porte ! De toutes façons, l’iris est fermé !!! Qu’est-ce que vous faites ? »
Il tourna son visage vers elle, et le sang de Samantha se glaça dans ses veines. Elle voulut s’éloigner de lui, mais il l’attrapa par le poignet et le serra fort, très fort. Les os de son bras craquèrent de façon sinistre. O’Neill se précipita à son tour vers lui.
« Lâchez-la immédiatement !!! Vous avez perdu la tête ?!! Je vous ordonne de la lâcher, Lefebvre !!!
- M’ordonner ? Mais on ne m’ordonne rien à moi… »
Sa voix avait changé, et avait perdu son ton chaleureux et grave. C’était une voix étrange, froide, sinistre… Une voix d’outre-tombe. O’Neill s’arrêta net à quelques mètres du Français, qui tenait toujours le poignet de Samantha dans sa main. La jeune femme avait le visage déformé par la douleur.
« N’approchez pas, Jack… balbutia-t-elle en grimaçant. C’est lui… »
Le chercheur leva vers O’Neill un regard goguenard, et le militaire sentit son cœur s’arrêter de battre l’espace d’une seconde. Les yeux du professeur Lefebvre étaient devenus entièrement noirs. Son visage était figé en un sourire de dément.
« Vous… Depuis le début nous vous avons fait confiance, et vous…
- Votre espèce est tellement primitive. Suffisante pour nous adorer, mais tellement naïve.
- Vous êtes un Orii ?!
- Qui d’autre puis-je être ?! Je dois reconnaître que vous m’avez beaucoup diverti. Et je tiens à vous remercier pour m’avoir conduit jusqu’ici… Le dernier bastillon de votre civilisation…
- Vous vous êtes servi de nous pour trouver Atlantis ?
- Bien sûr. Nous savions qu’une partie d’entre vous était parvenu à se réfugier, peu avant notre Fléau, dans une autre galaxie, mais nous ignorions où. Nous avons donc fait en sorte de vous y conduire. Pour nous faire économiser un temps précieux.
- Alors vous avez usurpé l’identité du professeur Lefebvre ?
- Vous n’avez pas perdu au change. J’étais parfait dans mon rôle, et sa venue était l’occasion idéale de nous infiltrer dans le SGC.
- Pourquoi ne pas l’avoir fait sous votre forme originelle ? J’imagine qu’avec tous vos pouvoirs, vous en auriez été parfaitement capable.
- Votre peuple est primitif, mais vos esprits sont plus complexes que ceux des autres créatures vivantes. Pénétrer un esprit par la force aurait causé à celui-ci des dégâts irréversibles… Cela aurait été dommageable. Nous avons beaucoup appris par cette autre manière.
- Et Gabrielle ? C’était un leur ? »
Le visage de l’Orii s’éclaira d’un horrible sourire sadique.
« Cette humaine a été la surprise de cette mission. Nous ignorions qu’une des votres avait pu survivre à nos intrusions mentales. C’était une nouvelle stupéfiante. Et sa mort soudaine m’a beaucoup déçu, je dois l’avouer. J’aurais aimé l’étudier davantage… Quant au docteur Jackson… Quand j’ai vu dans quel état mental la mort de cette humaine l’avait laissée, je n’ai pas pu résister à l’idée de me débarasser de lui… Comme je me suis débarassé de tant d’autres hommes avant. Les miens m’avaient recommandé de me tenir tranquil ici, afin de récolter autant d’informations que possible, mais lorsque j’ai su que les wraiths allaient revenir, j’ai su qu’il ne me restait plus beaucoup de temps pour m’amuser avec vous. Alors j’ai fait honneur au docteur Jackson : il sera ma dernière victime. »
L’Orii éclata d’un rire tonnant et monstrueux, insupportable. La rage faisait bouillir le sang dans les veines d’O’Neill.
« Inutile de songer à me tuer, vous n’en avez pas le pouvoir. Le pouvoir… Il n’y a rien d’autre qui gouverne l’univers. Ces imbéciles d’Anciens n’ont décidément rien compris… »
L’Orii fit un nouveau pas en arrière. Il repoussa Samantha violemment vers O’Neill.
« Saviez-vous qu’en tant qu’énergie, nous pouvions traverser un vortex sans nous soucier de son sens d’ouverture ? Mais non, j’oubliais que vous êtes trop primaires… Toujours soumis aux lois de la nature… »
Les contours du corps de l’Orii devenaient flous, comme si tout son corps se transformait soudain en fumée sombre.
« On dirait…
- Une lumière noire, oui j’ai aussi remarqué. »
Les lumières noires, se rappela O’Neill, celles citées dans les quatrains de Nostradamus. La mort prochaine de Daniel lui revint soudain à l’esprit. L’Orii n’était plus qu’à quelques centimètres de l’horizon des évènements.
« Ne vous inquiétez pas, général O’Neill, gloussa l’Orii. Le docteur Jackson ne devrait plus tarder à perdre la vie, grâce à mes bons soins. »
L’Orii n’était plus à présent qu’une ombre mouvante. Un dernier rire de dément résonna dans la salle. O’Neill et Samantha regardèrent l’Orii disparaître par le vortex, désemparés, pétrifiés.
« Jack… Daniel est… »
La voix de Samantha se brisa. O’Neill restait immobile, hagard, les yeux toujours fixés sur l’horizon des évènements. La Porte ne s’était toujours pas désactivée.
« Sam !!! A terre !!! cria soudain O’Neill en projetant la jeune femme sur le sol, tandis que lui-même en faisait autant. »
Une boule d’énergie éblouissante venait de surgir de la Porte violemment, et alla s’écraser contre les escaliers face à la Porte dans un bruit infernal. O’Neill écarquilla les yeux, estomaqué.
Soudain, à l’extérieur, une formidable explosion retentit, secouant toute la cité. Un souffle brûlant fit voler en éclat tous les vitraux de la salle d’embarquement, projetant des bouts de verre multicolors un peu partout.
« O’Neill ! Colonel Carter !!! cria Teal’c, au bord de l’hystérie. Derrière vous !!! »
Un nuage de poussière d’or venait à son tour d’apparaître par la Porte des Etoiles. A ses côtés se tenait une lueur blanche, éblouissante. Un Ancien.
« Il faut agir vite ! Nous n’avons pas beaucoup de temps, Chaya, s’éleva une voix douce et féminine de la brume dorée. Occupez-vous des wraiths. Je me charge de cette abomination. »
L’Ancienne émit un sifflement étrange, comme un appel, et soudain une multitude de lumières blanches passèrent à leur tour la Porte des Etoiles et disparurent dans l’un des couloirs latéraux menant à la salle d’embarquement, à la suite de Chaya. Sheppard comptabilisa au moins une trentaine d’Anciens.
« Relève-toi ! ordonna soudain l’entité de couleur d’or qui était restée devant la Porte des Etoiles. »
O’Neill se releva, imité par Samantha, tous deux se demandant vaguement auquel des deux l’étrange être vaporeux s’adressait. Un mouvement dans les escaliers où s’était écrasé la boule d’énergie quelques minutes plus tôt attira leur attention. O’Neill manqua s’étrangler de rage et d’effaremment.
Au beau milieu des marches, les vêtements en loques et l’air pitoyable, l’Orii se tenait. Il avait repris sa forme physique.
Salle d’embarquement, Atlantis, galaxie de Pégase.
Le corps de l’Orii présentait plusieurs blessures à différents endroits, de mauvais aspects. Son visage était déformé par la fureur, mais Samantha crut également y déceler de la peur.
« Est-ce toi qui m’a fait ça ?!! »
Les yeux noirs de l’Orii jetèrent un regard mauvais en direction de la mystérieuse entité, qui resta immobile et silencieuse.
« Est-ce toi qui m’a fait ça ?!! répéta-t-il, fou de colère.
- En effet.»
O’Neill observait la brume de poussière d’or avec attention. Une aura de séreinité et de puissance se dégageait d’elle. Plus il l’étudiait, et plus il se sentait calme, en paix. Mais une impression étrange l’avait également saisi lorsqu’il avait entendu la voix de l’entité. Elle lui rappelait quelque chose de familier, sans qu’il saisisse pour autant quoi.
« Il me semblerait juste de savoir ce que tu es, gronda l’Orii. Car tu n’es pas une Ancienne, n’est-ce pas ? »
Il n’eut pas de réponse immédiatement.
« Ce que je suis, moi-même je l’ignore. »
L’Orii parut décontenancé par sa réponse. Teal’c sentit cependant que les paroles de l’étrange créature étaient franches. Il ne s’agissait pas d’une ruse de sa part.
« Tu as bien au moins un nom ?!
- Ceux présents ici pourraient te le donner. Toi-même tu le connais. Mais il est inutile que tu le saches.
- Ah non ?
- Non.
- Et pourquoi cela ?
- Parce que tu vas mourir. C’est pour cela que je suis ici.»
L’Orii éclata de rire, mais O’Neill sentit clairement faiblir en lui son assurance.
« Seul un Ancien pourrait y parvenir.
- Ceci était encore vrai il y a quelques temps. Mais les choses ont changé. Les choses sont en perpétuel changement. »
L’Orii la considéra avec mépris. Les paroles de l’entité semblaient lui déplaire, le faire douter. Il avait malgré tout conserver un sourire narquois. Il descendit les quelques marches qui le séparaient de la passerelle d’embarquement, où se tenaient toujours O’Neill et Samantha.
« Je te détruirais sans aucune difficulté, puis je les tuerais à leur tour, avant que les Anciens que tu as amené avec toi ne me trouvent… »
Et soudain, il s’élança vers Samantha et O’Neill, reprenant sa forme de lumière noire, terrible et destructeur. Samantha poussa un hurlement, tandis qu’O’Neill la serrait brutalement contre lui pour la protéger, fermant les yeux, attendant le choc. Un nouveau hurlement déchira la salle d’embarquement. Mais il ne fut poussé ni par O’Neill, ni par Samantha. Le militaire ouvrit les yeux, surpris. A quelques mètres de lui, l’Orii avait de nouveau repris sa forme humaine. Il était prostré par terre, gémissant, se tordant de douleur. Autour de lui, tel un essaim d’abeilles furieuses, une miriade d’étoiles scintillantes à l’éclat froid et meurtrier s’acharnait sur l’Orii, le traversant de part en part, laissant sur sa peau noire des traces de brûlure sanguinolente.
« Arrêtez ça ! Je vous l’ordonne ! hurla l’Orii en tentant de se relever, en vain. »
Son visage tordu par la souffrance trahissait à présent une terreur sans nom.
« Ton temps est révolu, déclara froidement l’étrange et puissante entité. Tu as torturé et malmené les miens, tu as voulu détruire mon peuple et tu t’en es pris aux êtres auxquels je tenais le plus… Pour tout cela, ta punition sera la mort.
- JE NE … PEUX PAS … MOURIR !!! haleta l’Orii, dont la vue devenait insupportable pour les membres d’Atlantis qui le regardaient.
- Tout être peut disparaître. Même si certains échappent à la règle, la mort finit malgré tout par trouver le chemin. Grâce à toi, j’ai pu la semer pour quelques temps et accomplir ce en quoi les miens me pensaient capable. »
L’Orii leva des yeux de fou vers l’entité, et manqua suffoquer. Le nuage de poussière d’or semblait soudain se masser en une silouhette compacte. Humaine. Une jeune femme d’une beauté étrange, irréelle, apparut face à lui. Elle était grande, potelée. Ses cheveux, couleur de feu et de soleil, tombaient en cascades ondulées dans son dos. Un pâle éclat doré émanait de sa peau pourtant blanche. Elle portait une robe faite d’un voile unique, léger, scintillant, comme s’il n’avait été composé que de minusules goutelettes d’or, laissant ses bras, ses épaules, son dos et le haut de son buste à nu. Elle l’observait, impassible, de ses yeux pâles, mais transperçants, de couleur gris-bleu.
« Toi ?! gargouilla-t-il, sentant la vie s’échapper de son corps. C’est impossible… Tu es morte… Ton corps a été brûlé, je l’ai vu…
- Mais comme le phénix, je renais de mes cendres. »
Elle s’approcha de lui, et s’agenouilla à côté de son corps, tandis que l’essaim de lumières achevait son travail.
« Une de ma terre géométrique naquit,
Et dans la ville grise vivra sans cri,
Mais la fuite vers le cheval sera une nécessité,
Car la bêtise de l'ancienne humanité sera restée.
Les lumières noires obscurcissant le soleil blanc,
Diffuseront la pâle vérité tant redoutée,
Et une fin connue d'Une, l'enfant de l'humanité,
Des étoiles du cheval l'abomination l'ignorant, récita Gabrielle à l’oreille de l’Orii mourant. Le seul ennui, c’est que la fin connue de moi n’était pas celle que ton peuple espérait. »
Salle d’embarquement, Atlantis, galaxie de Pégase.
Le corps de l’Orii se désintégra en fine poussière dès qu’il eut rendu son dernier souffle. Gabrielle se releva, et ne put retenir un soupir. Son visage exprimait un profond soulagement. O’Neill voulut s’approcher d’elle, lorsqu’une nouvelle explosion ébranla à nouveau la cité, beaucoup plus violemment que les précédentes. Tous les membres sans exception d’Atlantis perdirent l’équilibre et tombèrent lourdement sur le sol.
« Les wraiths sont en train d’utiliser la grosse artillerie !!! hurla Sheppard à l’adresse de SG1. La cité ne tiendra plus très longtemps s’ils continuent comme ça !!! »
O’Neill se retourna vers Gabrielle, qui elle aussi était à terre.
« Faites quelque chose !!! la supplia-t-il. Ou la destruction de cet Orii n’aura servi à rien !!!
- Détruire un Orii et combattre à moi toute seule tout une armée de wraiths sont deux choses très différentes, général !!! cria la jeune femme dont la voix était à peine audible.
Ce n’est pas à moi d’intervenir !!! »
Elle semblait faire clairement allusion au groupe d’Anciens qui l’avait accompagné lors de son retour sur Atlantis.
« Qu’ont-ils l’intention de faire ?! demanda Samantha en se rapprochant de Gabrielle en se traînant sur le sol jonché de verre et de poussière.
- Activez le bouclier !!!
- C’est impossible !!! Les quatre EPPZ des générateurs sont totalement vides !!!
- Vous oubliez qu’ils sont des êtres de pure énergie !!! Cela ne devrait donc pas poser de problème !!! »
Samantha la fixa comme si elle avait perdu l’esprit.
« Vous voulez dire qu’ils vont activer le bouclier avec leur propre énergie ?!!
- C’est exactement ça !!! »
Une nouvelle explosion les dissuada de se relever. Gabrielle jetait des regards inquiets en direction de l’ancien emplacement des vitraux. Une ouverture béante leur donnait un apperçu de la situation à l’extérieur.
« Pourvu qu’ils parviennent à activer le bouclier à temps ! »
Sheppard rampa vers Gabrielle avec difficulté.
« Pourquoi ne les éliment-ils pas tout simplement en utilisant leurs pouvoirs ?!
- Parce que s’ils faisaient ça, major, le Haut Conseil des Anciens les en empêcheraient, et nous ignorons totalement les conséquences que cela pourrait avoir sur Atlantis !!! En se contentant de redonner de l’énergie au bouclier, ils évitent d’intervenir directement et minimisent la violation de leur loi de non-intervention !!! »
Ils s’étaient à présent tous regroupés autour de Gabrielle, au centre de la salle d’embarquement. Les explosions qui secouaient la cité étaient à présent tellement nombreuses que le sol ne cessait de trembler, les empêchant de reprendre une position verticale.
« Nous vous pensions morte !!! hurla soudain O’Neill sur un ton de reproche. Pourquoi avoir fui la cité sans nous dire la vérité ?!
- Parce que j’ignorais, et j’ignore encore totalement ce qui m’est arrivé !!! J’étais terrifiée lorsque je me suis rendue compte de ce que j’étais devenue ! Alors je me suis tournée vers la seule personne qui pouvait répondre à mes angoisses…
- Une Ancienne ?!
- Oui !!! Je pensais que Chaya pourrait m’expliquer, mais quand j’ai quitté Atlantis, la situation était critique !!! Alors je ne lui ai rien demandé mais je l’ai convaincu de vous aider !
- Comment ?! Nous avions essayé auparavant, sans succès !
- Je n’en sais rien ! J’ai simplement réitéré ma demande d’aide, et elle a immédiatement accepté ! D’autres Anciens sont arrivés par la suite, sans doute appelés par elle… Je crois que c’est mon état qui les a convaincu, mais j’ignore pourquoi !!! »
Une explosion se produisit, non loin de l’ouverture béante qui s’ouvrait face à la Porte, et une multitude de projectiles pénétra dans la salle, manquant de peu de les blesser.
« Daniel est mourant !!! hurla soudain Samantha. »
Le visage de Gabrielle se tourna brusquement vers elle, défait.
« Quoi ?!!!
- Peu après votre… votre mort présummée… L’Orii l’a contaminé avec le Fléau !!! Il… Gabrielle !!!! »
La jeune femme n’en attendit pas davantage. Sous le regard médusé de SG1 et des autres membres d’Atlantis, Gabrielle reprit sa forme vaporeuse, et s’envola en direction de l’infirmerie, où elle supposait qu’avait été mis en sûreté Daniel.
Infirmerie, Atlantis, galaxie de Pégase.
Le docteur Lam était assise près de la civière où reposait toujours Daniel Jackson. Les appareils atlantes qui se trouvaient près de lui indiquaient une tension artérielle dangereusement basse, sans compter l’affaiblissement général de la plupart de ses organes vitaux.
Le médecin avait eu beau lui faire plusieurs injections afin de stimuler son organisme, rien n’y avait fait. Daniel se mourait.
« Carolyn ? Vous devriez prendre du repos. Depuis qu’il est dans cet état, vous n’avez pas dormi… »
Le docteur Beckett s’agenouilla à côté d’elle, et lui tendit un verre d’eau. Elle le remercia, mais ne bougea pas de sa chaise.
« Je tiens à être là quand il… quand il partira. Vous comprenez ?
- Oui, je comprends. »
La mine du docteur Beckett ne valait guère mieux que celle de sa consoeur, à la vérité. L’infirmerie croulait sous les blessés, et c’était sans compter les morts que Beckett ne parvenait plus à supporter.
Située au cœur même de la cité, l’infirmerie subissait moins le choc des explosions que la salle de contrôle. Même les bruits de la bataille ne leur parvenaient que très faiblement.
Le docteur Lam porta le verre à ses lèvres, lorsque l’électrocardiagramme indiqua soudain un arrêt total des pulsations cardiaques du cœur de Daniel. Cette lugubre alarme, le docteur Lam l’attendait avec angoisse depuis des heures déjà.
« Vite, Carson !!! Apportez-moi un défribrilateur !!! »
Le médecin s’exécuta, aidé de deux infirmiers. Elle fit subir une dizaine d’électrochocs au corps de Daniel, sans résultat. Hystérique, refusant de s’avouer face à cette mort qu’elle avait tant redouté et qu’elle savait irrémédiable pour l’avoir vécu des centaines de fois, elle s’acharna en débutant un massage cardiaque manuel. Carson et les deux infirmiers la regardaient faire, impuissants, incapables de réagir face à cet acharnement inutile.
Epuisée, le médecin considéra pendant plusieurs minutes le corps sans vie de Daniel, silencieusement. Elle repoussa lentement le défibrilateur, et les larmes coulèrent sur ses joues.
« Daniel ?!!! »
Gabrielle venait d’apparaître face à eux, dans toute l’étrangeté et la beauté de sa nouvelle nature. Beckett recula brusquement, buttant contre les deux infirmiers stupéfaits. Le docteur Lam poussa un petit cri de frayeur, persuadée d’avoir face à elle le fantôme de la jeune femme qu’elle n’avait pas non plus, une fois de plus, pu sauver.
Le visage de Gabrielle se décomposa à la vue du corps inerte de Daniel. Elle poussa un hurlement déchirant, et se précipita vers lui, sanglotant, désemparée.
« Daniel ! Non, je t’en prie ! Je suis revenue pour toi ! S’il te plaît… »
Elle ferma ses yeux brouillés par les larmes, le visage enfoui dans les draps recouvrant le corps de Daniel. Les yeux clos, tout ce qui l’entourait s’éloigna lentement. Elle ne percevait plus rien du monde extérieur. Elle était seule, seul avec sa peine et son désespoir.
Le souvenir de sa mort lui revint alors à l’esprit, sans qu’elle l’ait vraiment cherché. Elle s’était retrouvée également dans un endroit froid et noir comme celui où elle se trouvait à présent, lorsque son esprit avait quitté son corps. Elle avait grelotté et attendu, puis soudain une petite lueur, pas plus grosse qu’un grain de sable, était apparue face à elle et avait un peu dissipé les ténèbres qui l’environnaient. Elle avait alors entendu la voix de Chaya. La jeune Ancienne voulait lui indiquer la voie de l’Ascension, pour la remercier d’avoir donner sa vie pour elle, parce qu’elle estimait qu’elle le méritait. Pour accéder à cette Ascension, Gabrielle n’aurait eu qu’à suivre la lueur…
Mais elle avait hésité. Elle avait demandé à Chaya quelles règles régissaient l’existence d’Ascendant, à quels interdits elle devrait se soumettre. Mais surtout, elle lui avait demandé si cette Ascension lui permettrait d’aider et de revoir ceux qui l’avaient protégé sur Terre. La réponse de Chaya l’avait horrifié : elle devrait se contenter d’observer les siens, sans jamais intervenir, même si leur situation lui semblait désespérée. Elle ne pourrait plus leur parler. Elle devrait vivre séparé d’eux, bien qu’ayant toujours la possibilité de suivre l’évolution de leurs vies.
Gabrielle avait refusé. Elle n’aurait jamais pu se soumettre à de telles règles de vie. D’ailleurs, quel genre de vie était donc celle d’un Ascendant ? Quel intérêt y’avait-il à vivre si c’était simplement pour voir et apprendre ?
Elle avait refusé, et de nouveau elle s’était retrouvée seule dans les ténèbres. Elle y avait attendu, longtemps. Très longtemps. Et puis elle s’était rendue compte soudain que bien que tout fût noir autour d’elle, elle parvenait encore à se voir. Son corps était visible. Pourtant c’était impossible dans de telles ténèbres. C’est ainsi qu’elle avait découvert qu’une étrange lumière émanait d’elle : elle irradiait. Et alors que cette vérité éclatait à ses yeux, une seconde lueur apparut face à elle, aussi minuscule que la précédente. Mais cette lueur semblait plus fragile. Gabrielle n’hésita pas, poussée par une foi sans borne envers cette lueur : elle l’avait suivie.
Et à présent, elle se trouvait de nouveau dans cette infirmerie, pleurant Daniel, maudissant l’Orii qui l’avait tué, se maudissant elle-même d’avoir trop tardée à comprendre ce qu’elle était devenue et à intervenir.
Et soudain, alors que ses yeux clos refusaient de s’ouvrir sur cette mort qu’elle ne parvenait pas à accepter, elle vit apparaître de nouveau une lueur dans les ténèbres, fugitive, très faible. L’apparition ne dura que quelques secondes, mais ce fut suffisant.
Gabrielle se redressa soudain, les yeux grands ouverts. Elle contempla une dernière et ultime fois le visage pâle et sans vie de Daniel, et reprit sa forme vaporeuse sous le regard pétrifié des deux médecins et des infirmiers.
Salle d’embarquement, Atlantis, galaxie de Pégase.
Le tremblement qui secouait la cité depuis plus d’une dizaine de minutes déjà cessa brusquement. O’Neill, Samantha, Teal’c, Sheppard, Weir et Teyla échangèrent des regards surpris et effrayés.
« Vous pensez que c’est terminé ? s’enquit Sheppard, méfiant.
- Regardez à l’extérieur !!! s’écria Elisabeth. »
Le ciel était devenu d’une intense couleur bleue. Les tirs de Dart et de canons avaient également brutalement cessé. Et soudain, ce fut une explosion de cris de joie et d’applaudissement qui résonna dans toute la cité, parvenant jusque dans la salle d’embarquement.
Bradford sortit précipitemment de la salle de contrôle et dévala l’escalier, les yeux agards, mais le visage illuminé.
« Le bouclier s’est activé !!! C’est un miracle !!! C’est un miracle !!! »
L’équipe se regarda, d’abord silencieuse, puis soudain ce fut un éclatement de rire général. Rires nerveux, rires de soulagement, rires pour saluer la vie qu’ils étaient parvenus à garder, rires d’espoir et rires de bonheur.
« Ça faisait une éternité que je n’avais pas ri comme ça !!! pouffa O’Neill en s’essuyant les yeux. »
Son sourire était éclatant. Il ne parvenait pas à croire à un tel renversement de situation. Gabrielle était vivante, la cité avait tenu bon, ils n’étaient pas mort, l’un des Oriis responsables du Fléau avait été vaincu, et les Anciens les avaient aidé face aux wraiths.
« Que croyez-vous qu’il va se passer, maintenant ? demanda Samantha, soudain grave. Pour les Anciens ? Et pour Gabrielle ?
- Vous craignez que le Haut Conseil des Anciens prenne des mesures punitives, n’est-ce pas ?
- N’ayez crainte. Ils n’en feront rien. »
Ils firent volte-face, surpris. Chaya se tenait face à eux, lumineuse et légère. Elle souriait.
« Les miens vérifient certains derniers détails, afin que le bouclier puisse tenir un certain temps encore sans que nous ayons à revenir.
- Vous nous quittez déjà ? Mais la fête vient à peine de commencer… »
La jeune Ancienne adressa un sourire amusé à O’Neill.
« Le Haut Conseil des Anciens va attendre de nous des explications pour ce que nous avons fait.
- Vous risquez de sévères sanctions ? s’inquiéta Sheppard en se relevant, à l’instar de ses compagnons.
- Non. Nous sommes trop nombreux à être intervenus pour risquer une sanction. C’est un fait sans précéder pour les miens, qui aura sans doute de lourdes conséquences pour l’avenir… »
Ils gardèrent le silence, approuvant sans avoir à parler les paroles de l’Ancienne.
« Où se trouve Gabrielle ? Je souhaiterais qu’elle nous accompagne au Conseil des Anciens. Sa présence sera précieuse… autant pour notre défense que pour plaider votre cause.
- Vous pensez sérieusement qu’ils accepteront de l’écouter ? s’étonna Samantha, incrédule.
- Bien sûr ! Il ne peut en aller autrement ! »
Devant leurs visages interrogateurs, elle comprit qu’ils n’avaient pas saisi l’ampleur de ce qui venait de se passer depuis ces dernières heures.
« Avez-vous seulement compris ce qu’était devenue Gabrielle ?
- Non. A vrai dire, je crois qu’elle non plus, répondit O’Neill, sarcastique.
- Elle est le résultat, très involontaire il est vrai, du Fléau. J’imagine que les Oriis ne s’attendaient vraiment pas à ce que leur Fléau ait de telles conséquences sur votre évolution.
- Notre évolution ? répéta le docteur Weir, abasourdie.
- Votre peuple était la seconde évolution de notre civilisation. Gabrielle se trouve être la troisième évolution de l’humanité.
- Vous plaisantez ? demanda Samantha, sans parvenir à croire les paroles de l’Ancienne. Ce genre d’évolution demande des milliers, voire des millions d’années ! Vous en êtes l’exemple parfait !
- C’est exact ! A l’état naturel, il faut une très longue période pour espérer voir une telle évolution s’effectuer. Mais j’imagine que le Fléau subi par votre peuple a hâté les choses… Gabrielle est la première et unique représentante d’une nouvelle grande race d’hommes. »
La Porte des Etoiles s’activa soudain derrière eux.
« Les miens ont dû terminer leurs vérifications… »
Sa supposition fut confirmée la seconde suivante. A nouveau, une multitude d’êtres élevés illumina la salle d’embarquement, et disparut par la Porte des Etoiles, sans plus s’attarder.
« Pas très causants, remarqua O’Neill.
- Ils redoutent plus que moi le Conseil des Anciens. L’évolution de Gabrielle les a convaincu de vous aider, afin de présercer la continuité de cette nouvelle race, mais ils craignent malgré tout les retombées de leurs actes.
- Tous des planqués, maugréa O’Neill. Sauf votre respect… »
L’Ancienne ne sembla pas s’en offusquer et s’avança en direction de la Porte. Son visage prit, malgré tout, une petite expression soucieuse.
« Je suis inquiète de la disparition prolongée de Gabrielle…
- La voilà ! s’écria Teyla en désignant l’un des couloirs lattéraux. »
Ce n’était pas tout à fait exact. En réalité, deux nuages de poussières d’or s’avançaient vers eux. Les visages des membres de SG1 et d’Atlantis prirent une expression stupéfaite, mais Chaya se contenta de sourire d’un air entendu.
Gabrielle reprit sa forme physique. Un sourire radieux éclairait son visage lorsqu’elle se tourna vers son compagnon, qui semblait hésiter, quant à lui, à se transformer.
« DANIEL !!! »
Samantha et O’Neill se précipitèrent vers l’archéologue, pleurant à chaudes larmes.
« Oh mon dieu, on vous croyait mort, sanglota Samantha.
- En fait, c’était le cas… »
Les deux militaires s’écartèrent, fous de joie. Mais ce fut seulement lorsqu’ils l’eurent bien observé et que les premières émotions des retrouvailles se furent dissipées qu’ils prirent conscience de ce qu’était devenu leur ami.
« Vous avez également évolué ?
- Bien vu, Jack.
- Mais comment… ?
- C’est un peu de ma faute, avoua Gabrielle en esquissant un sourire gêné. »
Elle jeta un coup d’œil à Chaya, qui hocha la tête. Elle avait le temps de leur expliquer.
« Lorsque je vous ai quitté pour retrouver Daniel, j’avais espéré le trouver encore vivant. J’aurais pu le guérir, je le savais. Mais lorsque je suis enfin arrivée à l’infirmerie, il était déjà trop tard…
- Son désarroi était aussi violent que le mien, lorsque j’ai cru qu’elle avait perdu la vie, intervint Daniel en prenant la main de la jeune femme. Alors elle m’a montré le chemin… Une sorte de troisième porte lorsque vient le moment de la mort… »
Il eut un sourire tendre pour la jeune femme, et porta sa main à ses lèvres. O’Neill ne put s’empêcher de pouffer, amusé par la scène.
« Pourquoi ce genre de choses n’arrive-t-il toujours qu’à vous, Daniel ?!
- Allez savoir… Je dois avoir de mauvaises ondes… »
Les deux hommes échangèrent un sourire complice.
« Nous devons y aller… »
Le sourire d’O’Neill se figea soudain douloureusement.
« Vous partez également, Daniel ? s’inquiéta Samantha. »
Daniel hocha la tête.
« Si nous parvenons à convaincre les Anciens de vous aider à lutter contre les Oriis, vous pourrez retourner sur Terre, Sam, et sauvez ceux qui sont encore vivants… Et qui sait si ne nous parviendrons à les éliminer totalement de la Voie Lactée…
- Daniel a raison, approuva Gabrielle. C’est une chance inespérée pour vous, et pour le reste de la population terrienne. Mais ce n’est qu’un au revoir, colonel Carter. Nous reviendrons sur Atlantis. Nous ne sommes pas soumis aux règles des Anciens. Ils ne nous feront rien de mal… »
Samantha se contenta de renifler bruyamment, et enlaça Daniel, puis Gabrielle avec une vive émotion. O’Neill, Teal’c, Sheppard et Daniel échangèrent de longues poignées de mains tandis que Gabrielle saluait avec effusion le docteur Weir.
Chaya traversa la Porte la première. Daniel et Gabrielle se prirent une nouvelle fois la main, échangeant un regard équivoque, puis se tournèrent une dernière fois vers leurs compagnons des étoiles.
« Amusez-vous bien, Daniel !!! Et profitez-en aussi pour me rapporter quelques souvenirs ! s’écria O’Neill avec un sourire. Et, attendez, j’oubliais une chose… Ah oui !!! Tous mes vœux de bonheur ! »
Pour toute réponse, Daniel se contenta d’embrasser Gabrielle, et tous deux disparurent par la Porte des Etoiles.
FIN DE CETTE PREMIERE PARTIE.
Une trentaine de personnes se tenaient au bas de la passerelle d’embarquement, dans l’attente de leur départ imminent. Sur les conseils de Teyla, le choix de la planète s’était porté sur celle d’un peuple de fermiers pacifiques, dont la localisation était très éloignée de celle d’Atlantis. Cela laissait ainsi craindre de très faibles probabilités d’une attaque wraith. Etendu sur une civière, Daniel aurait tout aussi bien pu être mort tant son teint était pâle. Le docteur Lam était à ses côtés et le veillait, assistée par deux infirmiers.
« Vous avez détecté quelque chose de particulier dans le matériel, Teal’c ? demanda O’Neill en rejoignant le jaffa près de l’un des chars de transport motorisé. »
Teal’c secoua la tête négativement.
« Nous avons également remarqué que la plupart des personnes choisies par le docteur Lam avaient déjà été soumises au détecteur, O’Neill. Peut-être que l’Orii a senti que nous avions remarqué sa présence…
- Restez vigilant. »
O’Neill rejoignit le docteur Weir et Samantha, occupées à donner leurs dernières recommandations aux membres de l’équipe.
« Alors ?!
- Ils sont près à partir, annonça Elisabeth. Nous leur avons recommandé de rester vigilant, et de ne revenir ici qu’une fois le docteur Jackson totalement remis, dans l’espoir qu’il guérisse…
- Il va guérir, assura O’Neill, sardonique. Daniel s’en est toujours sorti. Et même dans le cas contraire, et bien il fera l’Ascension une fois de plus ! »
Elisabeth et Samantha ne purent s’empêcher de pouffer.
« Ah !!! Général O’Neill ! Colonel Carter !!! Cela faisait une paie que je ne vous avais vu !!! »
Surpris, les deux militaires et le docteur Weir regardèrent approcher d’eux le professeur Lefebvre, un sourire éclatant sur les lèvres.
« J’avais complètement oublié que vous aviez fait partie du voyage, avoua O’Neill.
- Il n’y a pas de mal. D’ailleurs, j’ai été très occupé ici… Cette cité est incroyable…
- Vous faites partie de l’équipe ?! s’étonna Samantha en avisant le sac qu’il portait.
- Eh bien oui, quand j’ai appris votre idée, je me suis porté volontaire et le docteur Lam a accepté ma venue. Elle pense que je pourrais être utile… Mais entre nous, je crois qu’elle a accepté parce qu’elle sait bien que je ne serais pas très utile lors de l’attaque prochaine des wraiths.
- Vous m’étonnez, remarqua O’Neill en souriant. »
Appelé par l’un des membres de l’équipe, le Français salua le trio d’un signe de tête et s’éloigna d’eux.
« Je ne m’habituerais jamais à son accent, déclara O’Neill gravement.
- Moi je trouve qu’il s’est amélioré, remarqua Samantha en souriant.
- Puis-je donner l’ordre à Bradford de composer l’adresse, général ?
- Allez-y, docteur Weir. Je ne pense pas que l’Orii va se montrer finalement… »
Elisabeth fit un signe de la main au technicien resté dans la salle de contrôle. Le premier chevron s’enclencha.
« Docteur Lam, veillez bien sur Daniel.
- Ne vous inquiétez pas, général. Vous pouvez compter sur moi. »
O’Neill s’approcha de la civière, le cœur serré. Il lui en comptait de laisser ainsi partir Daniel, mais il n’avait pas le choix.
« Pourvu qu’il ne soit pas trop tard, murmura-t-il en observant le visage blanc et figé de son ami. »
Le troisième chevron se vérouilla. O’Neill s’éloigna du brencard, que deux infirmiers soulevèrent, prêts à embarquer. Le militaire rejoignit Samantha et Weir.
« J’espère que tout ira bien pour Daniel, souhaita Samantha à haute voix, tendue.
- Je l’espère aussi, Sam… »
Le cinquième chevron se vérouilla à son tour, lorsque se produisit la première explosion.
« Qu’est-ce que c’est encore ?! »
Le sol de la cité se mit soudain à frémir. Cela dura quelques secondes à peine.
« Les wraiths, mon général !!! s’écria Bradford dans les hauts-parleurs. Il s’agit de trois escadrons de Darts ! »
O’Neill voulut se précipiter dans la salle de contrôle, mais une seconde explosion ébranla beaucoup plus fortement les murs de la cité, faisant vaciller ses occupants. O’Neill conserva l’équilibre tant bien que mal, tandis que Teal’c, Teyla et Sheppard se précipitaient vers lui en titubant.
« Je croyais qu’ils ne devaient pas débarquer ici avant une huitaine de jours ?! cria le militaire à l’adresse de Samantha.
- C’est ce que McKay et moi avions estimé ! Ce n’est pas une science exacte !!! Nous avons fait les calculs à partir des données récoltées lors de leur dernière attaque !!! Ils ont dû améliorer leurs vaisseaux depuis leur dernière attaque !
- Et pourquoi n’a-t-on pas été prévenu plus tôt ?! »
O’Neill était furieux. Derrière lui, la Porte enclencha son sixième chevron.
« Faites quand même évacuer Daniel ! cria-t-il à l’équipe qui était restée au pied de la rampe d’embarquement, totalement désorientée. »
Ceux-ci se rassemblèrent tant bien que mal, dans l’attente de l’ouverture du vortex. O’Neill s’empara de la radio qu’il portait sur son uniforme, dont la fréquence était branchée sur celle des unités militaires placées à l’extérieur de la cité.
« Quelle est la situation dehors ?!
- Ça chauffe ici, mon général ! Mais nous sommes parvenus à éliminer près de la moitié des Darts !!!
- Parfait, continuez comme ça !
- Mon général ! J’ai bien peur qu’il ne s’agisse là que de simples escardrons-éclaireurs… Ils testent notre résistance !
- Dans ce cas ne les décevez pas !!! Bottez-leur le derrière !!! »
Samantha attrapa soudain le bras d’O’Neill, horrifiée.
« Mon général !!! Le vortex !!! »
O’Neill jeta un coup d’œil à la Porte des Etoiles, et poussa un juron. Face à lui, le vortex ne s’était pas ouvert, bien au contraire. Le septième chevron semblait refuser de s’enclencher.
« Mais c’est une malédiction !!! »
Weir voulut s’approcher de la Porte, incrédule et catastrophée, lorsque soudain celle-ci se réactiva. L’adresse composée par Bradford se désenclencha, pour laisser place à une nouvelle série de glyphes.
« Mais qu’est-ce que ça veit dire, Bradford ?!!
- La Porte est activée de l’extérieur, général ! hurla le technicien, paniqué. Je ne peux rien y faire !!!
- Que toute l’équipe évacue immédiatement la salle d’embarquement !!! ordonna O’Neill en s’armant de l’un des P-90 que lui tendait un militaire de l’équipe de transfert qui se tenait à ses côtés. Dépêchez-vous !!! »
Les infirmiers chargés de la civière de Daniel Jackson passèrent au petit trot devant le militaire. O’Neill les regarda disparaître dans le couloir, une expression douloureuse peinte sur le visage. Il fallait à tout pris transférer Daniel hors de la cité, et le plus vite possible.
O’Neill se posta sur les côtés de la rampe d’embarquement, à couvert, prêt à faire feu sur leurs mystérieux visiteurs. Le vortex s’établit après quelques secondes d’attente. A l’extérieur, les tirs de Darts semblaient avoir diminuer de volume. L’iris s’activa.
Plusieurs minutes passèrent, sans que rien ne se passe. Sheppard, qui se tenait au côtés d’O’Neill, tenait fébrilement son arme devant lui, le canon pointé vers la Porte des Etoiles. Ses yeux s’attardèrent quelques secondes sur les chevrons activés.
« Général, s’étrangla Sheppard, suffoquant presque. Il s’agit de la planète de Chaya…
- Quoi ?!!!
- C’est l’adresse de la Porte de sa planète !!! J’en suis certain !!! »
O’Neill grimaça. Cela ne lui disait rien de bon.
Salle d’embarquement, Atlantis, galaxie de Pégase.
Au-dessus de la cité d’Atlantis, la bataille faisait rage. De nouveaux escadrons wraiths survolaient la cité, et dix vaisseaux-ruches se rapprochaient dangereusement d’Atlantis. La situation était critique. Les membres de la mythique cité des Anciens se battaient avec l’énergie du désespoir, en vain. L’ennemi était beaucoup plus fort et nombreux. Ils allaient tous bientôt être submergés.
Dans la salle des générateurs, McKay s’activait autour du générateur du bouclier. Il savait qu’il ne parviendrait pas à le faire fonctionner, mais sa panique était telle qu’il ne savait plus vraiment ce qu’il faisait.
Dans la salle d’embarquement, au contraire, tout était calme. Aucun des militaires postés le long de la rampe ne bougeait, le visage fixé sur la Porte des Etoiles. Samantha, O’Neill et Sheppard s’étaient regroupés d’un côté, tandis que Teal’c, Teyla et Weir occupaient l’autre côté, tous tendus dans l’attente de ce qui allait survenir. Mais rien ne se passait, et la Porte restait activée.
« Que fait-on, mon général ? finit par lâcher Sheppard. »
Cette attente mettait ses nerfs à rude épreuve, d’autant qu’il entendait ses hommes se battre à l’extérieur et que lui était là, immobile, n’aidant en aucune manière à la défense de la cité.
Des bruits de pas se firent soudain entendre, provenant de l’un des couloirs lattéraux menant à la salle d’embarquement. Le professeur Lefebvre apparut. O’Neill lui jeta un rapide coup d’œil, puis reprenant son observation, lui ordonna de retourner se mettre à l’abri. Mais le Français ne bougea pas.
Il fixait la Porte des Etoiles et l’horizon des évènements, comme fasciné, les bras balants.
« Vous êtes devenus sourd, Lefebvre ?! Retournez dans les quartiers de sécurité !!! »
L’homme n’obéissait toujours pas. Au contraire, il s’était avancé jusqu’à la passerelle et se tenait face à la Porte. Il paraissait comme hypnotisé.
« C’est beau, n’est-ce pas ? l’entendit soudain dire O’Neill. J’aurais pu partir bien avant, mais ma curiosité était trop forte… Et puis, il y avait le docteur Jackson… Je ne pouvais pas partir de cette façon… Cela aurait tout gâché… »
O’Neill échangea un regard équivoque avec Teal’c, placé de l’autre côté de la passerelle. Manifestement, l’attaque soudaine des wraiths semblait voir fait perdre l’esprit au Français : celui-ci était en pleine crise de délire.
« Professeur Lefebvre, mieux vaut vous mettre à l’abri, insista Samantha, inquiète. C’est dangereux de rester ici…
- Je ne crains rien ni personne. »
Il s’avança en direction de la Porte. Faisant fi du danger potentiel de la situation, Samantha quitta sa position et se précipita vers le chercheur pour l’empêcher d’aller plus loin. Elle l’attrapa par le bras et voulut l’entraîner en arrière, mais c’est à peine si elle parvint à le faire stopper dans son avancée.
« Vous êtes fou ! Vous ne pouvez pas traverser la Porte ! De toutes façons, l’iris est fermé !!! Qu’est-ce que vous faites ? »
Il tourna son visage vers elle, et le sang de Samantha se glaça dans ses veines. Elle voulut s’éloigner de lui, mais il l’attrapa par le poignet et le serra fort, très fort. Les os de son bras craquèrent de façon sinistre. O’Neill se précipita à son tour vers lui.
« Lâchez-la immédiatement !!! Vous avez perdu la tête ?!! Je vous ordonne de la lâcher, Lefebvre !!!
- M’ordonner ? Mais on ne m’ordonne rien à moi… »
Sa voix avait changé, et avait perdu son ton chaleureux et grave. C’était une voix étrange, froide, sinistre… Une voix d’outre-tombe. O’Neill s’arrêta net à quelques mètres du Français, qui tenait toujours le poignet de Samantha dans sa main. La jeune femme avait le visage déformé par la douleur.
« N’approchez pas, Jack… balbutia-t-elle en grimaçant. C’est lui… »
Le chercheur leva vers O’Neill un regard goguenard, et le militaire sentit son cœur s’arrêter de battre l’espace d’une seconde. Les yeux du professeur Lefebvre étaient devenus entièrement noirs. Son visage était figé en un sourire de dément.
« Vous… Depuis le début nous vous avons fait confiance, et vous…
- Votre espèce est tellement primitive. Suffisante pour nous adorer, mais tellement naïve.
- Vous êtes un Orii ?!
- Qui d’autre puis-je être ?! Je dois reconnaître que vous m’avez beaucoup diverti. Et je tiens à vous remercier pour m’avoir conduit jusqu’ici… Le dernier bastillon de votre civilisation…
- Vous vous êtes servi de nous pour trouver Atlantis ?
- Bien sûr. Nous savions qu’une partie d’entre vous était parvenu à se réfugier, peu avant notre Fléau, dans une autre galaxie, mais nous ignorions où. Nous avons donc fait en sorte de vous y conduire. Pour nous faire économiser un temps précieux.
- Alors vous avez usurpé l’identité du professeur Lefebvre ?
- Vous n’avez pas perdu au change. J’étais parfait dans mon rôle, et sa venue était l’occasion idéale de nous infiltrer dans le SGC.
- Pourquoi ne pas l’avoir fait sous votre forme originelle ? J’imagine qu’avec tous vos pouvoirs, vous en auriez été parfaitement capable.
- Votre peuple est primitif, mais vos esprits sont plus complexes que ceux des autres créatures vivantes. Pénétrer un esprit par la force aurait causé à celui-ci des dégâts irréversibles… Cela aurait été dommageable. Nous avons beaucoup appris par cette autre manière.
- Et Gabrielle ? C’était un leur ? »
Le visage de l’Orii s’éclaira d’un horrible sourire sadique.
« Cette humaine a été la surprise de cette mission. Nous ignorions qu’une des votres avait pu survivre à nos intrusions mentales. C’était une nouvelle stupéfiante. Et sa mort soudaine m’a beaucoup déçu, je dois l’avouer. J’aurais aimé l’étudier davantage… Quant au docteur Jackson… Quand j’ai vu dans quel état mental la mort de cette humaine l’avait laissée, je n’ai pas pu résister à l’idée de me débarasser de lui… Comme je me suis débarassé de tant d’autres hommes avant. Les miens m’avaient recommandé de me tenir tranquil ici, afin de récolter autant d’informations que possible, mais lorsque j’ai su que les wraiths allaient revenir, j’ai su qu’il ne me restait plus beaucoup de temps pour m’amuser avec vous. Alors j’ai fait honneur au docteur Jackson : il sera ma dernière victime. »
L’Orii éclata d’un rire tonnant et monstrueux, insupportable. La rage faisait bouillir le sang dans les veines d’O’Neill.
« Inutile de songer à me tuer, vous n’en avez pas le pouvoir. Le pouvoir… Il n’y a rien d’autre qui gouverne l’univers. Ces imbéciles d’Anciens n’ont décidément rien compris… »
L’Orii fit un nouveau pas en arrière. Il repoussa Samantha violemment vers O’Neill.
« Saviez-vous qu’en tant qu’énergie, nous pouvions traverser un vortex sans nous soucier de son sens d’ouverture ? Mais non, j’oubliais que vous êtes trop primaires… Toujours soumis aux lois de la nature… »
Les contours du corps de l’Orii devenaient flous, comme si tout son corps se transformait soudain en fumée sombre.
« On dirait…
- Une lumière noire, oui j’ai aussi remarqué. »
Les lumières noires, se rappela O’Neill, celles citées dans les quatrains de Nostradamus. La mort prochaine de Daniel lui revint soudain à l’esprit. L’Orii n’était plus qu’à quelques centimètres de l’horizon des évènements.
« Ne vous inquiétez pas, général O’Neill, gloussa l’Orii. Le docteur Jackson ne devrait plus tarder à perdre la vie, grâce à mes bons soins. »
L’Orii n’était plus à présent qu’une ombre mouvante. Un dernier rire de dément résonna dans la salle. O’Neill et Samantha regardèrent l’Orii disparaître par le vortex, désemparés, pétrifiés.
« Jack… Daniel est… »
La voix de Samantha se brisa. O’Neill restait immobile, hagard, les yeux toujours fixés sur l’horizon des évènements. La Porte ne s’était toujours pas désactivée.
« Sam !!! A terre !!! cria soudain O’Neill en projetant la jeune femme sur le sol, tandis que lui-même en faisait autant. »
Une boule d’énergie éblouissante venait de surgir de la Porte violemment, et alla s’écraser contre les escaliers face à la Porte dans un bruit infernal. O’Neill écarquilla les yeux, estomaqué.
Soudain, à l’extérieur, une formidable explosion retentit, secouant toute la cité. Un souffle brûlant fit voler en éclat tous les vitraux de la salle d’embarquement, projetant des bouts de verre multicolors un peu partout.
« O’Neill ! Colonel Carter !!! cria Teal’c, au bord de l’hystérie. Derrière vous !!! »
Un nuage de poussière d’or venait à son tour d’apparaître par la Porte des Etoiles. A ses côtés se tenait une lueur blanche, éblouissante. Un Ancien.
« Il faut agir vite ! Nous n’avons pas beaucoup de temps, Chaya, s’éleva une voix douce et féminine de la brume dorée. Occupez-vous des wraiths. Je me charge de cette abomination. »
L’Ancienne émit un sifflement étrange, comme un appel, et soudain une multitude de lumières blanches passèrent à leur tour la Porte des Etoiles et disparurent dans l’un des couloirs latéraux menant à la salle d’embarquement, à la suite de Chaya. Sheppard comptabilisa au moins une trentaine d’Anciens.
« Relève-toi ! ordonna soudain l’entité de couleur d’or qui était restée devant la Porte des Etoiles. »
O’Neill se releva, imité par Samantha, tous deux se demandant vaguement auquel des deux l’étrange être vaporeux s’adressait. Un mouvement dans les escaliers où s’était écrasé la boule d’énergie quelques minutes plus tôt attira leur attention. O’Neill manqua s’étrangler de rage et d’effaremment.
Au beau milieu des marches, les vêtements en loques et l’air pitoyable, l’Orii se tenait. Il avait repris sa forme physique.
Salle d’embarquement, Atlantis, galaxie de Pégase.
Le corps de l’Orii présentait plusieurs blessures à différents endroits, de mauvais aspects. Son visage était déformé par la fureur, mais Samantha crut également y déceler de la peur.
« Est-ce toi qui m’a fait ça ?!! »
Les yeux noirs de l’Orii jetèrent un regard mauvais en direction de la mystérieuse entité, qui resta immobile et silencieuse.
« Est-ce toi qui m’a fait ça ?!! répéta-t-il, fou de colère.
- En effet.»
O’Neill observait la brume de poussière d’or avec attention. Une aura de séreinité et de puissance se dégageait d’elle. Plus il l’étudiait, et plus il se sentait calme, en paix. Mais une impression étrange l’avait également saisi lorsqu’il avait entendu la voix de l’entité. Elle lui rappelait quelque chose de familier, sans qu’il saisisse pour autant quoi.
« Il me semblerait juste de savoir ce que tu es, gronda l’Orii. Car tu n’es pas une Ancienne, n’est-ce pas ? »
Il n’eut pas de réponse immédiatement.
« Ce que je suis, moi-même je l’ignore. »
L’Orii parut décontenancé par sa réponse. Teal’c sentit cependant que les paroles de l’étrange créature étaient franches. Il ne s’agissait pas d’une ruse de sa part.
« Tu as bien au moins un nom ?!
- Ceux présents ici pourraient te le donner. Toi-même tu le connais. Mais il est inutile que tu le saches.
- Ah non ?
- Non.
- Et pourquoi cela ?
- Parce que tu vas mourir. C’est pour cela que je suis ici.»
L’Orii éclata de rire, mais O’Neill sentit clairement faiblir en lui son assurance.
« Seul un Ancien pourrait y parvenir.
- Ceci était encore vrai il y a quelques temps. Mais les choses ont changé. Les choses sont en perpétuel changement. »
L’Orii la considéra avec mépris. Les paroles de l’entité semblaient lui déplaire, le faire douter. Il avait malgré tout conserver un sourire narquois. Il descendit les quelques marches qui le séparaient de la passerelle d’embarquement, où se tenaient toujours O’Neill et Samantha.
« Je te détruirais sans aucune difficulté, puis je les tuerais à leur tour, avant que les Anciens que tu as amené avec toi ne me trouvent… »
Et soudain, il s’élança vers Samantha et O’Neill, reprenant sa forme de lumière noire, terrible et destructeur. Samantha poussa un hurlement, tandis qu’O’Neill la serrait brutalement contre lui pour la protéger, fermant les yeux, attendant le choc. Un nouveau hurlement déchira la salle d’embarquement. Mais il ne fut poussé ni par O’Neill, ni par Samantha. Le militaire ouvrit les yeux, surpris. A quelques mètres de lui, l’Orii avait de nouveau repris sa forme humaine. Il était prostré par terre, gémissant, se tordant de douleur. Autour de lui, tel un essaim d’abeilles furieuses, une miriade d’étoiles scintillantes à l’éclat froid et meurtrier s’acharnait sur l’Orii, le traversant de part en part, laissant sur sa peau noire des traces de brûlure sanguinolente.
« Arrêtez ça ! Je vous l’ordonne ! hurla l’Orii en tentant de se relever, en vain. »
Son visage tordu par la souffrance trahissait à présent une terreur sans nom.
« Ton temps est révolu, déclara froidement l’étrange et puissante entité. Tu as torturé et malmené les miens, tu as voulu détruire mon peuple et tu t’en es pris aux êtres auxquels je tenais le plus… Pour tout cela, ta punition sera la mort.
- JE NE … PEUX PAS … MOURIR !!! haleta l’Orii, dont la vue devenait insupportable pour les membres d’Atlantis qui le regardaient.
- Tout être peut disparaître. Même si certains échappent à la règle, la mort finit malgré tout par trouver le chemin. Grâce à toi, j’ai pu la semer pour quelques temps et accomplir ce en quoi les miens me pensaient capable. »
L’Orii leva des yeux de fou vers l’entité, et manqua suffoquer. Le nuage de poussière d’or semblait soudain se masser en une silouhette compacte. Humaine. Une jeune femme d’une beauté étrange, irréelle, apparut face à lui. Elle était grande, potelée. Ses cheveux, couleur de feu et de soleil, tombaient en cascades ondulées dans son dos. Un pâle éclat doré émanait de sa peau pourtant blanche. Elle portait une robe faite d’un voile unique, léger, scintillant, comme s’il n’avait été composé que de minusules goutelettes d’or, laissant ses bras, ses épaules, son dos et le haut de son buste à nu. Elle l’observait, impassible, de ses yeux pâles, mais transperçants, de couleur gris-bleu.
« Toi ?! gargouilla-t-il, sentant la vie s’échapper de son corps. C’est impossible… Tu es morte… Ton corps a été brûlé, je l’ai vu…
- Mais comme le phénix, je renais de mes cendres. »
Elle s’approcha de lui, et s’agenouilla à côté de son corps, tandis que l’essaim de lumières achevait son travail.
« Une de ma terre géométrique naquit,
Et dans la ville grise vivra sans cri,
Mais la fuite vers le cheval sera une nécessité,
Car la bêtise de l'ancienne humanité sera restée.
Les lumières noires obscurcissant le soleil blanc,
Diffuseront la pâle vérité tant redoutée,
Et une fin connue d'Une, l'enfant de l'humanité,
Des étoiles du cheval l'abomination l'ignorant, récita Gabrielle à l’oreille de l’Orii mourant. Le seul ennui, c’est que la fin connue de moi n’était pas celle que ton peuple espérait. »
Salle d’embarquement, Atlantis, galaxie de Pégase.
Le corps de l’Orii se désintégra en fine poussière dès qu’il eut rendu son dernier souffle. Gabrielle se releva, et ne put retenir un soupir. Son visage exprimait un profond soulagement. O’Neill voulut s’approcher d’elle, lorsqu’une nouvelle explosion ébranla à nouveau la cité, beaucoup plus violemment que les précédentes. Tous les membres sans exception d’Atlantis perdirent l’équilibre et tombèrent lourdement sur le sol.
« Les wraiths sont en train d’utiliser la grosse artillerie !!! hurla Sheppard à l’adresse de SG1. La cité ne tiendra plus très longtemps s’ils continuent comme ça !!! »
O’Neill se retourna vers Gabrielle, qui elle aussi était à terre.
« Faites quelque chose !!! la supplia-t-il. Ou la destruction de cet Orii n’aura servi à rien !!!
- Détruire un Orii et combattre à moi toute seule tout une armée de wraiths sont deux choses très différentes, général !!! cria la jeune femme dont la voix était à peine audible.
Ce n’est pas à moi d’intervenir !!! »
Elle semblait faire clairement allusion au groupe d’Anciens qui l’avait accompagné lors de son retour sur Atlantis.
« Qu’ont-ils l’intention de faire ?! demanda Samantha en se rapprochant de Gabrielle en se traînant sur le sol jonché de verre et de poussière.
- Activez le bouclier !!!
- C’est impossible !!! Les quatre EPPZ des générateurs sont totalement vides !!!
- Vous oubliez qu’ils sont des êtres de pure énergie !!! Cela ne devrait donc pas poser de problème !!! »
Samantha la fixa comme si elle avait perdu l’esprit.
« Vous voulez dire qu’ils vont activer le bouclier avec leur propre énergie ?!!
- C’est exactement ça !!! »
Une nouvelle explosion les dissuada de se relever. Gabrielle jetait des regards inquiets en direction de l’ancien emplacement des vitraux. Une ouverture béante leur donnait un apperçu de la situation à l’extérieur.
« Pourvu qu’ils parviennent à activer le bouclier à temps ! »
Sheppard rampa vers Gabrielle avec difficulté.
« Pourquoi ne les éliment-ils pas tout simplement en utilisant leurs pouvoirs ?!
- Parce que s’ils faisaient ça, major, le Haut Conseil des Anciens les en empêcheraient, et nous ignorons totalement les conséquences que cela pourrait avoir sur Atlantis !!! En se contentant de redonner de l’énergie au bouclier, ils évitent d’intervenir directement et minimisent la violation de leur loi de non-intervention !!! »
Ils s’étaient à présent tous regroupés autour de Gabrielle, au centre de la salle d’embarquement. Les explosions qui secouaient la cité étaient à présent tellement nombreuses que le sol ne cessait de trembler, les empêchant de reprendre une position verticale.
« Nous vous pensions morte !!! hurla soudain O’Neill sur un ton de reproche. Pourquoi avoir fui la cité sans nous dire la vérité ?!
- Parce que j’ignorais, et j’ignore encore totalement ce qui m’est arrivé !!! J’étais terrifiée lorsque je me suis rendue compte de ce que j’étais devenue ! Alors je me suis tournée vers la seule personne qui pouvait répondre à mes angoisses…
- Une Ancienne ?!
- Oui !!! Je pensais que Chaya pourrait m’expliquer, mais quand j’ai quitté Atlantis, la situation était critique !!! Alors je ne lui ai rien demandé mais je l’ai convaincu de vous aider !
- Comment ?! Nous avions essayé auparavant, sans succès !
- Je n’en sais rien ! J’ai simplement réitéré ma demande d’aide, et elle a immédiatement accepté ! D’autres Anciens sont arrivés par la suite, sans doute appelés par elle… Je crois que c’est mon état qui les a convaincu, mais j’ignore pourquoi !!! »
Une explosion se produisit, non loin de l’ouverture béante qui s’ouvrait face à la Porte, et une multitude de projectiles pénétra dans la salle, manquant de peu de les blesser.
« Daniel est mourant !!! hurla soudain Samantha. »
Le visage de Gabrielle se tourna brusquement vers elle, défait.
« Quoi ?!!!
- Peu après votre… votre mort présummée… L’Orii l’a contaminé avec le Fléau !!! Il… Gabrielle !!!! »
La jeune femme n’en attendit pas davantage. Sous le regard médusé de SG1 et des autres membres d’Atlantis, Gabrielle reprit sa forme vaporeuse, et s’envola en direction de l’infirmerie, où elle supposait qu’avait été mis en sûreté Daniel.
Infirmerie, Atlantis, galaxie de Pégase.
Le docteur Lam était assise près de la civière où reposait toujours Daniel Jackson. Les appareils atlantes qui se trouvaient près de lui indiquaient une tension artérielle dangereusement basse, sans compter l’affaiblissement général de la plupart de ses organes vitaux.
Le médecin avait eu beau lui faire plusieurs injections afin de stimuler son organisme, rien n’y avait fait. Daniel se mourait.
« Carolyn ? Vous devriez prendre du repos. Depuis qu’il est dans cet état, vous n’avez pas dormi… »
Le docteur Beckett s’agenouilla à côté d’elle, et lui tendit un verre d’eau. Elle le remercia, mais ne bougea pas de sa chaise.
« Je tiens à être là quand il… quand il partira. Vous comprenez ?
- Oui, je comprends. »
La mine du docteur Beckett ne valait guère mieux que celle de sa consoeur, à la vérité. L’infirmerie croulait sous les blessés, et c’était sans compter les morts que Beckett ne parvenait plus à supporter.
Située au cœur même de la cité, l’infirmerie subissait moins le choc des explosions que la salle de contrôle. Même les bruits de la bataille ne leur parvenaient que très faiblement.
Le docteur Lam porta le verre à ses lèvres, lorsque l’électrocardiagramme indiqua soudain un arrêt total des pulsations cardiaques du cœur de Daniel. Cette lugubre alarme, le docteur Lam l’attendait avec angoisse depuis des heures déjà.
« Vite, Carson !!! Apportez-moi un défribrilateur !!! »
Le médecin s’exécuta, aidé de deux infirmiers. Elle fit subir une dizaine d’électrochocs au corps de Daniel, sans résultat. Hystérique, refusant de s’avouer face à cette mort qu’elle avait tant redouté et qu’elle savait irrémédiable pour l’avoir vécu des centaines de fois, elle s’acharna en débutant un massage cardiaque manuel. Carson et les deux infirmiers la regardaient faire, impuissants, incapables de réagir face à cet acharnement inutile.
Epuisée, le médecin considéra pendant plusieurs minutes le corps sans vie de Daniel, silencieusement. Elle repoussa lentement le défibrilateur, et les larmes coulèrent sur ses joues.
« Daniel ?!!! »
Gabrielle venait d’apparaître face à eux, dans toute l’étrangeté et la beauté de sa nouvelle nature. Beckett recula brusquement, buttant contre les deux infirmiers stupéfaits. Le docteur Lam poussa un petit cri de frayeur, persuadée d’avoir face à elle le fantôme de la jeune femme qu’elle n’avait pas non plus, une fois de plus, pu sauver.
Le visage de Gabrielle se décomposa à la vue du corps inerte de Daniel. Elle poussa un hurlement déchirant, et se précipita vers lui, sanglotant, désemparée.
« Daniel ! Non, je t’en prie ! Je suis revenue pour toi ! S’il te plaît… »
Elle ferma ses yeux brouillés par les larmes, le visage enfoui dans les draps recouvrant le corps de Daniel. Les yeux clos, tout ce qui l’entourait s’éloigna lentement. Elle ne percevait plus rien du monde extérieur. Elle était seule, seul avec sa peine et son désespoir.
Le souvenir de sa mort lui revint alors à l’esprit, sans qu’elle l’ait vraiment cherché. Elle s’était retrouvée également dans un endroit froid et noir comme celui où elle se trouvait à présent, lorsque son esprit avait quitté son corps. Elle avait grelotté et attendu, puis soudain une petite lueur, pas plus grosse qu’un grain de sable, était apparue face à elle et avait un peu dissipé les ténèbres qui l’environnaient. Elle avait alors entendu la voix de Chaya. La jeune Ancienne voulait lui indiquer la voie de l’Ascension, pour la remercier d’avoir donner sa vie pour elle, parce qu’elle estimait qu’elle le méritait. Pour accéder à cette Ascension, Gabrielle n’aurait eu qu’à suivre la lueur…
Mais elle avait hésité. Elle avait demandé à Chaya quelles règles régissaient l’existence d’Ascendant, à quels interdits elle devrait se soumettre. Mais surtout, elle lui avait demandé si cette Ascension lui permettrait d’aider et de revoir ceux qui l’avaient protégé sur Terre. La réponse de Chaya l’avait horrifié : elle devrait se contenter d’observer les siens, sans jamais intervenir, même si leur situation lui semblait désespérée. Elle ne pourrait plus leur parler. Elle devrait vivre séparé d’eux, bien qu’ayant toujours la possibilité de suivre l’évolution de leurs vies.
Gabrielle avait refusé. Elle n’aurait jamais pu se soumettre à de telles règles de vie. D’ailleurs, quel genre de vie était donc celle d’un Ascendant ? Quel intérêt y’avait-il à vivre si c’était simplement pour voir et apprendre ?
Elle avait refusé, et de nouveau elle s’était retrouvée seule dans les ténèbres. Elle y avait attendu, longtemps. Très longtemps. Et puis elle s’était rendue compte soudain que bien que tout fût noir autour d’elle, elle parvenait encore à se voir. Son corps était visible. Pourtant c’était impossible dans de telles ténèbres. C’est ainsi qu’elle avait découvert qu’une étrange lumière émanait d’elle : elle irradiait. Et alors que cette vérité éclatait à ses yeux, une seconde lueur apparut face à elle, aussi minuscule que la précédente. Mais cette lueur semblait plus fragile. Gabrielle n’hésita pas, poussée par une foi sans borne envers cette lueur : elle l’avait suivie.
Et à présent, elle se trouvait de nouveau dans cette infirmerie, pleurant Daniel, maudissant l’Orii qui l’avait tué, se maudissant elle-même d’avoir trop tardée à comprendre ce qu’elle était devenue et à intervenir.
Et soudain, alors que ses yeux clos refusaient de s’ouvrir sur cette mort qu’elle ne parvenait pas à accepter, elle vit apparaître de nouveau une lueur dans les ténèbres, fugitive, très faible. L’apparition ne dura que quelques secondes, mais ce fut suffisant.
Gabrielle se redressa soudain, les yeux grands ouverts. Elle contempla une dernière et ultime fois le visage pâle et sans vie de Daniel, et reprit sa forme vaporeuse sous le regard pétrifié des deux médecins et des infirmiers.
Salle d’embarquement, Atlantis, galaxie de Pégase.
Le tremblement qui secouait la cité depuis plus d’une dizaine de minutes déjà cessa brusquement. O’Neill, Samantha, Teal’c, Sheppard, Weir et Teyla échangèrent des regards surpris et effrayés.
« Vous pensez que c’est terminé ? s’enquit Sheppard, méfiant.
- Regardez à l’extérieur !!! s’écria Elisabeth. »
Le ciel était devenu d’une intense couleur bleue. Les tirs de Dart et de canons avaient également brutalement cessé. Et soudain, ce fut une explosion de cris de joie et d’applaudissement qui résonna dans toute la cité, parvenant jusque dans la salle d’embarquement.
Bradford sortit précipitemment de la salle de contrôle et dévala l’escalier, les yeux agards, mais le visage illuminé.
« Le bouclier s’est activé !!! C’est un miracle !!! C’est un miracle !!! »
L’équipe se regarda, d’abord silencieuse, puis soudain ce fut un éclatement de rire général. Rires nerveux, rires de soulagement, rires pour saluer la vie qu’ils étaient parvenus à garder, rires d’espoir et rires de bonheur.
« Ça faisait une éternité que je n’avais pas ri comme ça !!! pouffa O’Neill en s’essuyant les yeux. »
Son sourire était éclatant. Il ne parvenait pas à croire à un tel renversement de situation. Gabrielle était vivante, la cité avait tenu bon, ils n’étaient pas mort, l’un des Oriis responsables du Fléau avait été vaincu, et les Anciens les avaient aidé face aux wraiths.
« Que croyez-vous qu’il va se passer, maintenant ? demanda Samantha, soudain grave. Pour les Anciens ? Et pour Gabrielle ?
- Vous craignez que le Haut Conseil des Anciens prenne des mesures punitives, n’est-ce pas ?
- N’ayez crainte. Ils n’en feront rien. »
Ils firent volte-face, surpris. Chaya se tenait face à eux, lumineuse et légère. Elle souriait.
« Les miens vérifient certains derniers détails, afin que le bouclier puisse tenir un certain temps encore sans que nous ayons à revenir.
- Vous nous quittez déjà ? Mais la fête vient à peine de commencer… »
La jeune Ancienne adressa un sourire amusé à O’Neill.
« Le Haut Conseil des Anciens va attendre de nous des explications pour ce que nous avons fait.
- Vous risquez de sévères sanctions ? s’inquiéta Sheppard en se relevant, à l’instar de ses compagnons.
- Non. Nous sommes trop nombreux à être intervenus pour risquer une sanction. C’est un fait sans précéder pour les miens, qui aura sans doute de lourdes conséquences pour l’avenir… »
Ils gardèrent le silence, approuvant sans avoir à parler les paroles de l’Ancienne.
« Où se trouve Gabrielle ? Je souhaiterais qu’elle nous accompagne au Conseil des Anciens. Sa présence sera précieuse… autant pour notre défense que pour plaider votre cause.
- Vous pensez sérieusement qu’ils accepteront de l’écouter ? s’étonna Samantha, incrédule.
- Bien sûr ! Il ne peut en aller autrement ! »
Devant leurs visages interrogateurs, elle comprit qu’ils n’avaient pas saisi l’ampleur de ce qui venait de se passer depuis ces dernières heures.
« Avez-vous seulement compris ce qu’était devenue Gabrielle ?
- Non. A vrai dire, je crois qu’elle non plus, répondit O’Neill, sarcastique.
- Elle est le résultat, très involontaire il est vrai, du Fléau. J’imagine que les Oriis ne s’attendaient vraiment pas à ce que leur Fléau ait de telles conséquences sur votre évolution.
- Notre évolution ? répéta le docteur Weir, abasourdie.
- Votre peuple était la seconde évolution de notre civilisation. Gabrielle se trouve être la troisième évolution de l’humanité.
- Vous plaisantez ? demanda Samantha, sans parvenir à croire les paroles de l’Ancienne. Ce genre d’évolution demande des milliers, voire des millions d’années ! Vous en êtes l’exemple parfait !
- C’est exact ! A l’état naturel, il faut une très longue période pour espérer voir une telle évolution s’effectuer. Mais j’imagine que le Fléau subi par votre peuple a hâté les choses… Gabrielle est la première et unique représentante d’une nouvelle grande race d’hommes. »
La Porte des Etoiles s’activa soudain derrière eux.
« Les miens ont dû terminer leurs vérifications… »
Sa supposition fut confirmée la seconde suivante. A nouveau, une multitude d’êtres élevés illumina la salle d’embarquement, et disparut par la Porte des Etoiles, sans plus s’attarder.
« Pas très causants, remarqua O’Neill.
- Ils redoutent plus que moi le Conseil des Anciens. L’évolution de Gabrielle les a convaincu de vous aider, afin de présercer la continuité de cette nouvelle race, mais ils craignent malgré tout les retombées de leurs actes.
- Tous des planqués, maugréa O’Neill. Sauf votre respect… »
L’Ancienne ne sembla pas s’en offusquer et s’avança en direction de la Porte. Son visage prit, malgré tout, une petite expression soucieuse.
« Je suis inquiète de la disparition prolongée de Gabrielle…
- La voilà ! s’écria Teyla en désignant l’un des couloirs lattéraux. »
Ce n’était pas tout à fait exact. En réalité, deux nuages de poussières d’or s’avançaient vers eux. Les visages des membres de SG1 et d’Atlantis prirent une expression stupéfaite, mais Chaya se contenta de sourire d’un air entendu.
Gabrielle reprit sa forme physique. Un sourire radieux éclairait son visage lorsqu’elle se tourna vers son compagnon, qui semblait hésiter, quant à lui, à se transformer.
« DANIEL !!! »
Samantha et O’Neill se précipitèrent vers l’archéologue, pleurant à chaudes larmes.
« Oh mon dieu, on vous croyait mort, sanglota Samantha.
- En fait, c’était le cas… »
Les deux militaires s’écartèrent, fous de joie. Mais ce fut seulement lorsqu’ils l’eurent bien observé et que les premières émotions des retrouvailles se furent dissipées qu’ils prirent conscience de ce qu’était devenu leur ami.
« Vous avez également évolué ?
- Bien vu, Jack.
- Mais comment… ?
- C’est un peu de ma faute, avoua Gabrielle en esquissant un sourire gêné. »
Elle jeta un coup d’œil à Chaya, qui hocha la tête. Elle avait le temps de leur expliquer.
« Lorsque je vous ai quitté pour retrouver Daniel, j’avais espéré le trouver encore vivant. J’aurais pu le guérir, je le savais. Mais lorsque je suis enfin arrivée à l’infirmerie, il était déjà trop tard…
- Son désarroi était aussi violent que le mien, lorsque j’ai cru qu’elle avait perdu la vie, intervint Daniel en prenant la main de la jeune femme. Alors elle m’a montré le chemin… Une sorte de troisième porte lorsque vient le moment de la mort… »
Il eut un sourire tendre pour la jeune femme, et porta sa main à ses lèvres. O’Neill ne put s’empêcher de pouffer, amusé par la scène.
« Pourquoi ce genre de choses n’arrive-t-il toujours qu’à vous, Daniel ?!
- Allez savoir… Je dois avoir de mauvaises ondes… »
Les deux hommes échangèrent un sourire complice.
« Nous devons y aller… »
Le sourire d’O’Neill se figea soudain douloureusement.
« Vous partez également, Daniel ? s’inquiéta Samantha. »
Daniel hocha la tête.
« Si nous parvenons à convaincre les Anciens de vous aider à lutter contre les Oriis, vous pourrez retourner sur Terre, Sam, et sauvez ceux qui sont encore vivants… Et qui sait si ne nous parviendrons à les éliminer totalement de la Voie Lactée…
- Daniel a raison, approuva Gabrielle. C’est une chance inespérée pour vous, et pour le reste de la population terrienne. Mais ce n’est qu’un au revoir, colonel Carter. Nous reviendrons sur Atlantis. Nous ne sommes pas soumis aux règles des Anciens. Ils ne nous feront rien de mal… »
Samantha se contenta de renifler bruyamment, et enlaça Daniel, puis Gabrielle avec une vive émotion. O’Neill, Teal’c, Sheppard et Daniel échangèrent de longues poignées de mains tandis que Gabrielle saluait avec effusion le docteur Weir.
Chaya traversa la Porte la première. Daniel et Gabrielle se prirent une nouvelle fois la main, échangeant un regard équivoque, puis se tournèrent une dernière fois vers leurs compagnons des étoiles.
« Amusez-vous bien, Daniel !!! Et profitez-en aussi pour me rapporter quelques souvenirs ! s’écria O’Neill avec un sourire. Et, attendez, j’oubliais une chose… Ah oui !!! Tous mes vœux de bonheur ! »
Pour toute réponse, Daniel se contenta d’embrasser Gabrielle, et tous deux disparurent par la Porte des Etoiles.
FIN DE CETTE PREMIERE PARTIE.
Re: [FanFic] La troisième évolution
cette fiction semble être peu intéressante visiblement...



Re: [FanFic] La troisième évolution
Si moi j'adore vraiment ! 

- donnerstag
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- Inscrit : 08 avr. 2005, 22:07
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Re: [FanFic] La troisième évolution
je n'ai lu que le début mais ça s'annonçe fameux 

Dernière modification par donnerstag le 29 déc. 2005, 21:49, modifié 1 fois.
Re: [FanFic] La troisième évolution
C'est excellent!!!
Si tu a tout inventé, bravo. C"est le meilleur des Fanfic que j'ai vu jusqu'a présent. Continue!
J'espère que la saison neuf sera à la hauteur de ton histoire.
Si tu a tout inventé, bravo. C"est le meilleur des Fanfic que j'ai vu jusqu'a présent. Continue!
J'espère que la saison neuf sera à la hauteur de ton histoire.
Dernière modification par Ienpk le 30 déc. 2005, 01:29, modifié 1 fois.
Do you have any memories of Mars?
Re: [FanFic] La troisième évolution
Merci beaucoup !!!
J'suis très contente que ça vous plaise !
J'ai mis du temps à l'écrire, mais visiblement ça valait le coup...
J'espère que la suite que je prépare vous plaire tout autant...


J'ai mis du temps à l'écrire, mais visiblement ça valait le coup...

J'espère que la suite que je prépare vous plaire tout autant...

- lokilanjkiller
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Re: [FanFic] La troisième évolution
un chef d'oeuvre!!!!! continu! please
Oubliez tout ce que vous avez appris, commencez par rever et le reve sera alors réalité..
Défenseur des épisodes sans P90 et des Anciens topics.
Défenseur des épisodes sans P90 et des Anciens topics.
Re: [FanFic] La troisième évolution
c est vraiment bien, bon courage pour la suite
Re: [FanFic] La troisième évolution
Tres tres bon c est la meilleur ou tout du moins une des deux meilleur fanfic que j ai eu l occase de lire sur ce forum(je les ai toute lu
) honnetement c est tres bon, j aimerai que ca soit vraie, qu il y ait 3-4 zodes de cette histoire. C est tres bon, t arretes pas la stp c est trop bon....

Re: [FanFic] La troisième évolution
Vachement exellent je suis rester dessu de 22h a 00h pour finir avant de me coucher bravo vive la suite
Re: [FanFic] La troisième évolution
FanFic réussie a 300% De 00H à 02H pour la lire 

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