Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

MllePayga
Avatar de l’utilisateur
Sergent
Sergent
Messages : 63
Inscrit : 10 avr. 2025, 18:25
Pays : France

Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

Message par MllePayga »

Dernier message de la page précédente :

Chapitre 51 — Journée sans fin

Payga

Je ne sais plus depuis combien de temps j’ai quitté l’infirmerie. Peut-être une semaine. Peut-être deux. Le temps s’est étiré en une boucle silencieuse. Tout est organisé. Millimétré. Comme si le fait de remplir les cases d’un agenda pouvait m’aider à me remplir moi-même. Chaque jour commence exactement de la même façon :

8h00 - Réveil.
J’ouvre les yeux dans cette chambre lumineuse, trop impersonnelle pour m’appartenir vraiment. Les draps sont toujours lisses, les vêtements soigneusement pliés sur la chaise. Tout est en ordre. Moi… un peu moins.

8h05 - Salle de bain.
Je me regarde dans le miroir. J’essaie de reconnaître les traits. Rien. Pas de souvenir. Pas d’émotion. Juste… ce regard fixe. Curieux, mais vide.

8h30 - Petit déjeuner au réfectoire.
Souvent, Rodney m’y attend. Il ne parle pas beaucoup, pas au début. Il me tend un café - apparemment j’aimais ça. Je le regarde. J’écoute. Et parfois, je ris à ses remarques sarcastiques, même si je ne comprends pas tout. Je crois qu’il le remarque. Et je crois que ça lui fait du bien.

9h00 - Laboratoire scientifique.
Il dit que je travaillais ici. Qu’on était une équipe. Je ne comprends rien à ses équations, à ses analyses. Mais je regarde. Il me répète que ça peut revenir d’un coup. Comme un éclair. Alors j’attends l’éclair.

12h00 - Déjeuner.
C’est souvent Teyla qui m’accompagne. Elle a cette sagesse tranquille, cette façon de m’écouter sans jamais me juger. On parle peu, mais ses silences ne sont jamais vides.

13h00 - Infirmerie.
Je passe mes après-midis avec Carson. Il est… doux. Rassurant. Parfois drôle.
Il me raconte des histoires qu’on a partagées — du moins, selon lui. Des missions, des rires, des blessures. Il ne force rien. Il me laisse venir à moi-même. Et je l’aime bien pour ça.

17h00 - Temps libre.
C’est souvent Rodney qui vient me chercher. Il propose une promenade, un coin tranquille dans la cité. Il me parle… d’avant. Mais pas tout. Jamais tout. Il choisit ses mots. Il dose ce qu’il me dit, comme s’il avait peur de me faire mal. Mais dans ses yeux… Je lis ce qu’il ne dit pas. Je ressens… quelque chose. Un battement lointain. Une mémoire qui palpite sans oser s’éveiller.

19h00 - Dîner.
On rejoint Sheppard, Ronon, les autres. Je souris, je fais semblant de suivre.
Mais souvent, je regarde les visages et je me demande : Avons-nous vraiment partagé tout ça ? Ou est-ce que je l’invente pour me rassurer ?

22h00 - Coucher.
J’éteins la lumière. Et je ferme les yeux avec cette même prière silencieuse :

Fais que cette nuit… je me souvienne.

Parfois, je rêve. Des images floues. Des voix étouffées. Des noms. Des sons.
Toujours les mêmes.

Terokar.
Anomalie.
Atlantis.
Meredith.

Et puis je tends la main vers ce souvenir qui me semble à portée… Et il s’évapore. Et le lendemain, on recommence.

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Rodney

Chaque jour ressemble au précédent. Et pourtant… Je ne m’en lasse pas. Parce que chaque jour, elle est là. Vivante. Présente. Même si elle n’est pas tout à fait elle-même. Même si elle ne se souvient pas de moi. Je l’attends au réfectoire à 8h30 précises. Toujours un café en main - je ne sais même pas si elle l’aime encore. Mais elle le prend. Et parfois, elle sourit. C’est assez pour commencer ma journée. Au labo, je l’installe à côté de moi. Je lui montre des choses, des circuits, des théories qu’elle maîtrisait mieux que moi. Elle observe. Silencieuse. Je fais semblant de croire que ça pourrait revenir d’un coup, comme une révélation magique. Je lui dis que c’est possible. Mais en vrai… je n’en sais rien. Et pourtant, je continue. À 17h, je vais la chercher pour ce qu’ils appellent « son temps libre ». On marche souvent sans parler. Parfois je lui raconte une anecdote - comme le jour où elle a fait exploser un stabilisateur énergétique pendant une expérience. Elle rit un peu. Un rire léger. Pas le sien. Mais c’est un début. Je sens quand elle me regarde sans comprendre. Je sens quand elle cherche dans mes yeux quelque chose qu’elle devrait ressentir. Mais elle ne trouve rien. Et je reste là. Présent. Comme un phare qu’elle ne regarde pas encore, mais qui continue d’éclairer. Le soir, au dîner, je fais comme si tout allait bien. Je parle, je plaisante, je fais le clown pour les autres. Mais quand elle quitte la table, quand elle rentre se coucher. Je m’assois sur le rebord de la balustrade du niveau 7, face à l’océan. Et je me dis :

Il faudra du temps.
Il faudra de la patience.
Et surtout… il faudra l’aimer sans condition. Même si elle ne revient jamais.
MllePayga
Avatar de l’utilisateur
Sergent
Sergent
Messages : 63
Inscrit : 10 avr. 2025, 18:25
Pays : France

Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

Message par MllePayga »

Chapitre 52 – Meredith

Payga

Je dors. Enfin, je crois. Mais cette fois… c’est différent. Le noir habituel, cette brume épaisse dans laquelle mes rêves se noient… n’est plus là. À la place, il y a une lueur douce. Un blanc chaud. Presque sacré. Et un son. Un son si petit. Si fragile. Des pleurs. Je tourne la tête. Là-bas, au loin… un couffin. Posé au centre de cette clarté diffuse. Comme un ange tombé du ciel, bercé par le silence du monde. Je veux avancer. Je le veux de tout mon être. Mais une douleur me traverse. Brutale. Sourde. Mon ventre. Je baisse les yeux. Sous mes doigts, la trace fine d’une cicatrice. La peau encore sensible. Le vide… encore plus. J’ai porté la vie. Je l’ai perdue. Je vacille. Mes jambes me tiennent à peine. Mais j’avance. Poussée par un instinct plus fort que la peur. Les pleurs se calment. Je m’approche du couffin. Un nom y est brodé, délicatement cousu en lettres roses. La première lettre… Un M. Et les autres suivent. Comme si mon cœur les écrivait à voix haute, battement après battement.

M… E… R… E… D… I… T… H.
Meredith.

Je n’ai pas besoin qu’on me le dise. Ce prénom… C’est une promesse. Un hommage. Un amour. Ma fille. Je tends la main. Je sens la douceur du tissu, la chaleur d’une couverture. Et sous mes doigts, un petit corps paisible. Elle ne pleure plus. Ses yeux sont ouverts. Et elle me regarde. Elle me reconnaît. Comme si elle m’attendait. Elle me sourit. Et dans ce sourire, je vois tout ce que j’ai fui. Tout ce que j’ai perdu. Et tout ce que je suis. Je la prends dans mes bras. Elle a ses yeux. Mais elle a mon nez. Je pleure. Et puis… Tout me revient.

Atlantis.
Terokar.
L’implosion.
Rodney.
Le vortex.
La perte.
La survie.
Les rêves.
Le baiser sous les étoiles.
Et ce prénom… jamais prononcé.

Je me réveille en sursaut. Le souffle court. Le cœur battant à m’en faire mal. La gorge nouée par des larmes que je ne peux plus retenir. Je suis en sueur. Et en larmes. Mais je suis là. Et je murmure, dans le silence de ma chambre, tremblante et bouleversée :

— Je me souviens…

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Rodney

8h30.
Comme chaque matin, je suis au réfectoire. Deux tasses. L’une pleine, l’autre encore fumante. Je n’ai pas besoin de vérifier l’heure. Mon corps connaît le rituel. Elle arrive toujours à l’heure. Parfois un peu plus tôt. Parfois un peu plus lente. Mais elle vient. Et moi… je l’attends. Comme un idiot. Un espoir à la main. Un café tiède. Un cœur en attente. Chaque matin je me demande :

Comment sera-t-elle aujourd’hui ?
Est-ce qu’elle sourira ?
Est-ce qu’elle s’assoira sans rien dire ?
Est-ce qu’elle me regardera sans me voir ?
Et surtout…
Combien de temps ça va encore durer ?

Elle n’est pas vraiment là. Et je l’aime. Bon sang, je l’aime comme un fou. J’aimerais pouvoir la prendre dans mes bras. L’embrasser. Lui dire qu’elle est mon étoile. Mon miracle. Mais je ne peux pas. Elle n’est pas prête. Et je refuse de lui voler ce moment. Alors j’attends.

8h35.
Je jette un coup d’œil vers l’entrée. Rien.

8h40.
Toujours rien. Je commence à m’agiter. Peut-être qu’elle est en avance au labo ? Non. J’y suis passé tout à l’heure, il n’y avait personne.

8h45.
Et là, d’un coup, tout bascule. Elle n’est jamais en retard. Pas depuis qu’elle est sortie de l’infirmerie. Mon cœur rate un battement. Quelque chose ne va pas. Je le sens. Je le sais.

Je me lève si brusquement que la chaise râpe le sol. Je laisse tout là. Je cours. Dans les couloirs. À bout de souffle. Une seule pensée martelant mes tempes : Pas encore. Pas encore. Pas elle. Arrivé devant sa porte, je frappe. Une fois. Deux fois.

— Payga ?

Pas de réponse. J’ouvre. Tant pis pour les protocoles. Je m’en fiche. Et je la vois. Elle est là. En vie. Recroquevillée sur elle-même, au bord du lit. Ses épaules secouées de sanglots. Ses cheveux en bataille. Ses mains crispées sur les draps. Et des larmes. Des rivières de larmes. Je m’approche doucement.

— Payga ?

Elle lève la tête. Et là… tout s’arrête. Son regard. Ce n’est plus le vide habituel. Ce n’est plus l’absence tranquille d’une mémoire envolée. C’est elle. Ses yeux me fixent. Ses lèvres tremblent. Et dans un souffle, elle murmure :

— Rodney… ?

Je ne peux pas bouger. Je retiens ma respiration. Puis elle dit, la voix brisée mais pleine d’éclat :

— Je me souviens…
MllePayga
Avatar de l’utilisateur
Sergent
Sergent
Messages : 63
Inscrit : 10 avr. 2025, 18:25
Pays : France

Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

Message par MllePayga »

Chapitre 53 — L’au revoir

Payga

Il est là. Rodney. Mon Rodney. Et je me souviens. De tout. Son regard incrédule. Ses yeux qui brillent d’un choc qu’il n’ose pas encore croire. Sa main à peine tendue vers moi. Comme s’il avait peur de me briser. Mais moi… Mon cœur le reconnaît. Mon corps le reconnaît. Et sans réfléchir, sans prévenir - je me jette dans ses bras. Et l’espace d’un instant… Le monde s’efface. Je sens la chaleur de sa peau, son odeur, ses bras qui m’enlacent avec une force contenue depuis trop longtemps. Et mes lèvres trouvent les siennes. Naturellement. Inévitablement. Comme si tout en moi savait que ce moment devait exister. Je l’embrasse. De tout mon être. De toute ma mémoire retrouvée. De toute ma douleur cicatrisée. Il répond à mon baiser comme s’il se réveillait d’un long sommeil. Ses mains dans mes cheveux. Ma respiration dans la sienne. Nos cœurs qui battent à l’unisson. Et le monde… enfin à l’endroit. Quand je m’écarte enfin, essoufflée, je garde son visage entre mes mains.

— Tu n’as pas changé, dis-je dans un sourire. Tu es toujours aussi paniqué quand je pleure.

Il rit, ému, troublé.

— Tu… tu te souviens vraiment ?

Je hoche la tête. Une larme coule le long de ma joue, cette fois sans douleur.

— Oui. Tout. Absolument tout.

On finit par s’asseoir au bord du lit, ses doigts toujours enroulés autour des miens. Il veut comprendre. Je le vois. Je le sens. Alors je lui raconte. Mon rêve. Le halo de lumière. Le couffin. Les pleurs. Et ce prénom…

— Meredith, dis-je dans un murmure.

Ses yeux se ferment. Il connaît ce nom. Il l’a compris bien avant moi.

— Ce n’était pas qu’un rêve, Rodney. C’était un souvenir.

Un souvenir enfoui sous des couches de douleur que je n’avais jamais affrontées. Je serre ses doigts.

— Je ne voulais pas me souvenir d’elle. Parce que si je m’en souvenais… alors je devais accepter qu’elle ne fût plus là. Que je ne la tiendrais jamais dans mes bras. Que je ne verrais jamais ses premiers pas.

Un silence lourd s’installe. Mais il est doux, enveloppant.

— Et cette nuit, elle est venue à moi. Elle m’a souri. Comme si… elle savait.
Comme si elle m’avait attendu pour me dire "tu peux avancer maintenant, maman."

Je pose ma tête contre son épaule.

— C’était plus qu’un adieu à elle. C’était un adieu à ce monde-là. À celui que j’ai laissé derrière. À celui auquel je n’appartiens plus.

Rodney m’entoure de ses bras, plus fort que jamais. Et pour la première fois depuis si longtemps… Je ne ressens plus ce vide. Je ne ressens plus ce manque. Je suis là. Avec lui. Et je suis entière.

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Rodney

Je n’ai pas bougé depuis qu’elle m’a dit « Je me souviens. » Je crois que je ne pourrais plus jamais bouger, en fait. Je pourrais rester là des heures à simplement la regarder respirer. Mais elle insiste pour venir à l’infirmerie. « Juste pour vérifier que tout va bien », dit-elle. Et Carson s’est empressé d’approuver, évidemment. Il est tout sourire, tout émotion, presque plus ému que moi. Presque. Il lui pose mille questions, vérifie chaque constante, examine son cerveau avec un scanner portable dernière génération. Et moi, je suis là, debout à côté du lit, bras croisés, regard fixé sur elle. Elle parle avec Carson comme si elle n’avait jamais oublié quoi que ce soit. Comme si ces dernières semaines n’avaient jamais existé. Et je devrais me réjouir, je le sais. Mais y’a un truc… un détail…

— Meredith ? je finis par lâcher, sourcils froncés.

— Humm ? fait Payga, un peu distraite par le bip d’un moniteur.

Je me tourne vers elle, l’air profondément choqué.

— Meredith ! Sérieusement ? Sur toute la planète Terre et toutes les bases de données de prénoms intergalactiques, c’est celui-là que tu choisis ?

Elle me regarde. Sourit. Et hausse les épaules avec un air beaucoup trop innocent.

— C’était pour te rendre hommage.

Je lève les yeux au ciel.

— Oh super. Rien de tel qu’un hommage posthume à moi-même sous la forme d’un prénom de... secrétaire britannique du 19e siècle.

Carson pouffe en silence derrière son masque. Et Payga, elle… Elle rit. Un vrai rire. Cristallin, chaleureux, vivant. Le genre de rire que je n’avais plus entendu depuis des mois. Et d’un coup, je ne trouve plus ça si ridicule. Je détourne les yeux.

— Meredith… murmuré-je, un peu plus doucement cette fois.

Je la sens m’observer.

— Elle avait tes yeux, tu sais, dit-elle.

Je la regarde. Et là, tout s’arrête. Elle le dit avec une telle tendresse, une telle certitude. Comme si elle l’avait réellement tenue dans ses bras. Peut-être qu’elle l’a fait, en rêve, dans ce lieu hors du temps qu’elle m’a décrit. Peut-être que c’était sa façon à elle de faire la paix avec cette douleur. Et peut-être que maintenant… On peut recommencer. Pas oublier. Mais avancer. Je m’approche du lit, m’assieds à ses côtés, doucement. Je prends sa main. Et je dis, sans rire, sans détour :

— Moi aussi… je me souviens.
MllePayga
Avatar de l’utilisateur
Sergent
Sergent
Messages : 63
Inscrit : 10 avr. 2025, 18:25
Pays : France

Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

Message par MllePayga »

Chapitre 54 — La fin d’un chant

Payga

J’étais assise sur le lit d’examen, un drap sur les jambes et un gobelet d’eau tiède entre les mains. Rodney ne me lâchait pas des yeux. Jennifer, elle, m’observait à distance, discrète mais attentive. Et Carson… Carson lisait en silence les dernières lignes d’un scan cérébral, l’air aussi concentré que s’il lisait la carte d’un champ de mines.

— Alors ? soufflai-je, ma voix plus cassée que je ne l’aurais voulu.

Il releva la tête, ses yeux bleus un peu embués. Il était là pour m’aider. Je le sentais.

— Alors, répéta-t-il en s’approchant, j’ai une explication. Ou du moins… une piste solide.

Rodney se redressa aussitôt. Jennifer se rapprocha elle aussi. Beckett inspira doucement.

— Quand Jennifer a synthétisé le traitement contre le virus présent sur Lyrien, elle a réussi à créer un antisérum puissant… mais la vitesse à laquelle il a été administré et diffusé dans ton organisme a provoqué une réaction inattendue.

Il tourna l’écran vers moi.

— Ici, dans ton cortex temporal, une zone très précise liée à la mémoire autobiographique a été temporairement désactivée. Non pas détruite - c’est là la bonne nouvelle - mais comme "gelée", mise en veille.

— Comme si… j’avais verrouillé mes souvenirs ? proposai-je à demi-mot.

— Exactement, confirma-t-il, soulagé. Et la raison de ce verrouillage… est plus émotionnelle que biologique.

Il me laissa un instant.

— Ton corps a réagi à la souffrance refoulée. À ce deuil que tu n’avais jamais vraiment affronté. Il fallait un choc - une reconnexion émotionnelle profonde - pour que la mémoire se rouvre.

Je croisai brièvement le regard de Rodney. Meredith.

— Tu veux dire que je me suis… protégée ? chuchotai-je.

— Oui, répondit Carson doucement. Ton esprit a voulu survivre. Alors il a tout verrouillé.

Un silence. Dense. Chargé. Rodney s’approcha.

— Mais maintenant que tu te souviens…

— …je peux guérir, finis-je, un sourire timide aux lèvres.

Jennifer s’approcha à son tour, plus douce que jamais.

— Ce que tu as vécu… c’est rare, mais pas impossible. Ton système neurologique est intact. Tu es… extraordinaire, Payga.

Je ne répondis pas. Je regardai Rodney. Et dans ses yeux… je vis la même chose que dans mon rêve. Un éclat d’espoir. Et cette certitude étrange, profonde, viscérale : J’étais revenue. Entière. Enfin.

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Rodney

Je crois que je n’ai jamais autant redouté une sortie d’infirmerie. Payga avançait d’un pas léger dans les couloirs d’Atlantis, comme si elle venait de se réveiller d’un très long sommeil. Et quelque part, c’était exactement ça. Elle souriait à tout. À tout le monde. À chaque détail qu’elle redécouvrait.

— Tu sais, je crois que cette passerelle-là a changé de lumière, dit-elle en passant à côté d’un panneau mural.

Je haussai un sourcil, amusé malgré moi.

— Non, c’est juste que tu l’as vue avec des yeux tout neufs.

Elle m’adressa un sourire radieux. Et moi… j’avais envie de le lui rendre. Mais quelque chose coinçait. Une boule dans la gorge. Une sensation d’urgence, de dissonance. Elle ne savait pas. Pas encore. Elle voulait reprendre les recherches sur Lyrien, revoir les images, retrouver des traces, croire qu’il y avait encore une chance. Et moi… Moi je savais que ce n’était plus qu’un champ silencieux. Je me raclai la gorge, nerveusement.

— Payga… faut que je te parle d’un truc.

Elle s’arrêta. Son regard plongea dans le mien, confiant. Ouvert. Et ce fut pire.

— Oh. Tu veux qu’on aille en salle 4N ? Tu as découvert quelque chose ? Tu crois qu’il y a d’autres planètes liées à Lyrien ? D’autres lieux d’exode ?

Je n’ai rien dit. Pas tout de suite.

— Non… enfin si. Un peu. Mais pas dans ce sens-là.

Son sourire s’effaça doucement. Pas complètement. Juste assez pour me poignarder dans l’estomac. On s’arrêta dans un renfoncement de couloir, à l’écart. Je respirai profondément. Puis je lui dis. Tout. Ce que Jennifer avait trouvé. La composition de l’atmosphère. Le virus. Le fait que toute l’équipe avait été exposée, mais qu’elle seule en avait souffert. Et enfin…

— Ils étaient là, Payga. Les tiens. Ils avaient survécu à la destruction de Terokar. Ils avaient érigé un camp, installé une base de vie… Mais le virus était déjà là. Et quand ils sont arrivés, il les a… exterminés.

Elle ne bougea pas. Juste un souffle. Un petit bruit presque imperceptible. Un rêve qui se brise.

— Non, murmura-t-elle.

Je ne savais plus quoi dire. Je ne voulais pas lui mentir. Mais j’aurais tout donné pour la protéger.

— On a trouvé leurs restes, les archives, les structures de fortune… Zelenka pense qu’ils ont tenu quelques semaines. Peut-être un mois. Mais… pas plus.

Un silence lourd, si lourd que je crus en suffoquer. Et alors qu’elle fermait les yeux, lentement, une larme coula le long de sa joue. Une seule.

— Je suis vraiment la dernière, souffla-t-elle.

Je m’approchai. Posai ma main sur la sienne.

— Pas la dernière. La survivante.
MllePayga
Avatar de l’utilisateur
Sergent
Sergent
Messages : 63
Inscrit : 10 avr. 2025, 18:25
Pays : France

Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

Message par MllePayga »

Chapitre 55 — Celle qui reste

Payga

Je suis née dans un univers. Pas celui-ci. Un autre. Plus lumineux, plus innocent peut-être. J’ai grandi sur une planète que j’aimais, que je croyais comprendre. Terokar. J’y ai construit mes rêves, mes convictions, mes équations. Et un jour, malgré toute ma science… Je l’ai perdue. J’ai vu ses fondations s’effondrer. J’ai senti son cœur imploser. Mais j’ai survécu. La seule. Je suis arrivée ici. À Atlantis. Dans une cité étrangère, avec des visages que je n’avais jamais vus, mais que j’allais finir par aimer. J’ai appris à revivre. À parler une autre langue. À marcher dans d’autres couloirs. À aimer… une première fois. Puis l’univers a recommencé. Pas un monde cette fois. Un univers. Le mien. Il a disparu dans les flammes et les cris. Et encore une fois, j’ai été… projetée ailleurs. Encore une fois… j’ai survécu. Je suis restée. J’ai tenu. J’ai tout reconstruit dans un monde qui n’était pas le mien. J’ai porté un enfant que j’ai perdu. J’ai regardé un homme identique à mon mari… devenir quelqu’un d’autre à mes yeux. Et enfin, je me suis dit que c’était fini. Que je pouvais recommencer. Rechercher les miens. Retrouver des traces. Peut-être… ne plus être seule. Mais eux aussi… Ils sont morts. Pas par ma main. Pas vraiment. Mais par la faute d’une planète liée à la mienne. Par un virus qui, encore une fois, m’a laissée vivre quand tous les autres sont tombés. Alors je me demande.

Suis-je vraiment une survivante…
Ou suis-je la destruction incarnée ?

Je suis passée à travers deux mondes. Deux apocalypses. Deux pertes. Deux renaissances. À chaque fois, je me relève. Je continue. Mais chaque fois… quelque chose ou quelqu’un y reste.

Quand cela s’arrêtera-t-il ?
Est-ce qu’un jour ça finira ?
Est-ce qu’un jour… je cesserai d’enterrer ce que j’aime ?

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Rodney

Je l’ai trouvée là, dans le silence du balcon nord, celui qui surplombe l’océan. Celui qu’elle préfère. Elle ne m’a pas vu approcher. Ou bien elle l’a fait exprès. Ses épaules étaient légèrement voûtées, son regard perdu dans les reflets noirs de la mer. Je la connaissais assez maintenant pour comprendre : elle pensait. Trop. Encore. Je me suis approché doucement, sans bruit, et me suis tenu à ses côtés sans un mot. Le vent jouait dans ses cheveux. La mèche violette dessinait un contraste presque irréel contre le ciel en feu du couchant.

— Tu veux que je m’en aille ? murmurai-je.

Elle secoua la tête, juste un peu. Puis elle parla. D’une voix calme. Brisée.

— Je crois que je suis une anomalie vivante. Chaque monde que je touche… il finit en cendres. Je suis née sur une planète détruite, j’ai fui un univers qui s’est effondré. Et maintenant que je suis ici… même ceux que j’espérais retrouver sont partis. Je suis toujours la dernière. Toujours celle qui reste.

Elle se tourna enfin vers moi, ses yeux brillants, mais secs. Et ça… c’était pire que les larmes.

— Dis-moi, Rodney. Est-ce que je suis la destruction ?

Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai senti quelque chose se briser en moi à ces mots. Elle, croire ça. Elle, douter d’elle. Elle, se tenir là et ne plus croire en sa propre valeur… Je me suis tourné vers elle. Je lui ai pris les mains. Et je lui ai parlé, d’une voix que je ne savais pas avoir.

— Non, Payga. Tu n’es pas la destruction. Tu es ce qui reste quand tout est détruit. Tu es l’éclat de vie que l’univers n’a pas pu écraser. Tu es l’espoir. Tu es la résistance. La preuve qu’il existe quelque chose au-delà du chaos.

Elle ne bougea pas. Ses mains dans les miennes étaient glacées. Je continuai, plus doucement.

— Tu crois que tu as tout perdu, encore et encore… mais regarde-toi. Tu marches encore. Tu relèves la tête. Tu aimes encore. Et tu inspires… tellement plus que tu ne détruis.

Je me penchai un peu, cherchant son regard.

— Tu es un cadeau, Payga. Un cadeau que même les univers parallèles n’ont pas réussi à briser. Et je t’aime pour ça.

Son souffle se coupa. Et dans le silence qui suivit… elle se remit à respirer.
MllePayga
Avatar de l’utilisateur
Sergent
Sergent
Messages : 63
Inscrit : 10 avr. 2025, 18:25
Pays : France

Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

Message par MllePayga »

Chapitre 56 — Unique

Payga

— Non, Radek, je t’assure que si tu rediriges les lignes d’énergie par ce sous-réseau-là, tu vas perdre 12 % de rendement.

— 12 % ? Mais c’est ridicule ! C’est négligeable !

— Pas quand on parle d’un E2PZ. Douze pour cent, c’est l’équivalent d’un générateur terrien de classe zéro-deux en moins.

— Tu me tortures, Payga.

Je souris, le regard plongé dans l’interface flottante du module de cartographie. Zelenka était dans son élément : ronchon, brillant, passionné. Et moi… je me sentais bien. Depuis mon retour, les choses reprenaient doucement leur rythme. Pas le même qu’avant - plus calme, plus réfléchi - mais chaque pas me rapprochait un peu plus de ce que je voulais être. De ce que j’étais devenue.

— Tu sais, reprit Radek en se penchant vers un cristal de contrôle, j’ai une théorie selon laquelle les Anciens adoraient embrouiller les interfaces. Juste pour nous frustrer.

— Ça expliquerait bien des choses…

Je me laissai aller dans ce moment simple, entre diagnostics croisés et chiffres projetés. Et puis, soudain… Une phrase. Floue. Presque éteinte. Mais présente.

Validation en cours. Sujet compatible. Anomalie stabilisée.Je me figeai.

— … Payga ?

Je ne répondis pas tout de suite. Le module. La salle blanche. La voix. Celle qui avait parlé quand j’avais été téléportée. Quand l’analyse avait été lancée. « Anomalie stabilisée. » Mon esprit s’alluma d’un coup, comme si une série d’engrenages longtemps figés se remettaient en route.

— Radek… tu peux isoler le protocole de scan énergétique du module ? Celui qui identifie les sources de ZPM ?

— Bien sûr, mais pourquoi… ?

— Je veux essayer de le croiser avec… celui de l’autre salle. Celle de l’analyse.
Tu te souviens ? L’endroit où j’ai été transportée.

— Tu crois que les deux sont connectés ?

Je hochai lentement la tête.

— Je crois… que ce n’était pas un hasard. Que cette machine n’était pas simplement là pour m’analyser. Elle m’a validée.

Je marquai une pause. Mon cœur s’emballait. Quelque chose était là, juste à portée de compréhension.

— Et si elle m’avait… reconstruite ? Stabilisée.

Zelenka releva la tête, plus sérieux maintenant.

— Tu veux dire que c’est… ça, la raison pour laquelle tu es toujours en vie ? Alors que Sheppard, lui, a succombé dans les heures qui ont suivi votre arrivée ici ?

Je le regardai, la gorge nouée.

— Je crois… que je viens peut-être de trouver le début d’une réponse.

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Rodney

Encore une erreur. Encore un sous-dossier mal classé. Encore un pseudo-ingénieur qui ne sait pas différencier un système de régulation de phase d’un grille-pain atlante. J’étais dans mon bureau, les mains dans les cheveux, en train de tenter de corriger les dégâts d’un stagiaire zélé qui avait réinitialisé le relais secondaire d’énergie… sans sauvegarder la matrice de répartition.

— Non mais bien sûr, pourquoi faire les choses correctement quand on peut foutre en l’air trois jours d’optimisation énergétique en un clic, hein ? C’est moi l’abruti, évidemment, c’est moi qui dois tout refaire…

Je marmonnais en pianotant rageusement sur l’interface quand la porte s’ouvrit à la volée. Payga. Essoufflée. Les joues rouges. Les yeux brillants d’un feu que je n’avais pas vu depuis longtemps.

— Rodney !

Je me levai d’un bond, l’adrénaline prenant le pas sur l’agacement.

— Qu’est-ce qui se passe ? Tu as couru ? Il y a un problème ? Tu t’es blessée ?

— Non ! Non. Rien de tout ça. C’est… C’est énorme.

Elle parlait trop vite. Je fronçai les sourcils.

— Ralentis. Je ne comprends rien. Respire.

Elle prit une grande inspiration, ferma les yeux un instant… puis planta son regard dans le mien.

— Je sais pourquoi je suis toujours en vie.

Un frisson me traversa. Elle s’approcha, intense, animée, les mains illustrant chaque mot.

— Je viens de connecter le module de cartographie et le protocole de la salle d’analyse… Tu sais, celle où j’ai été téléportée ! Il y a un lien entre les deux. Ils communiquent. Et dans ce protocole… il y avait cette phrase. « Anomalie stabilisée. »

Je restai figé. Elle continuait, emportée.

— À l’époque je n’avais pas compris. Mais maintenant je sais. Je n’ai pas été juste "acceptée" par ce système. J’ai été validée. Il m’a reconnue comme stable. Parce que je ne suis pas une anomalie. Je suis une énigme.

Son regard s’illumina.

— Je suis née sur une planète qui n’existe plus ni ici, ni là-bas. Mon ADN, mes marqueurs biologiques, ma signature énergétique… rien ne correspond à ce qu’on connaît ici ou là-bas. Je ne suis pas le double d’une autre. Je ne partage rien avec les Payga de cet univers. Parce qu’il n’y en a pas.

Elle posa une main sur sa poitrine, doucement, presque émue.

— Je suis unique. Des deux côtés.

Un silence. Dense.

— Et c’est pour ça que je suis toujours là. Parce que je n’étais pas une anomalie à éliminer. Je suis… une donnée isolée. Sans doublon. Sans danger.

Je n’avais pas réalisé que je retenais mon souffle. Elle reprit, plus doucement.

— Je n’ai plus cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête, Rodney. Je ne suis plus en sursis.

Je m’approchai, incapable de détourner les yeux d’elle.

— Tu veux dire que tu es… enfin libre ?

Elle hocha la tête.

— Libre.

Je ne trouvai rien à dire. Rien qui soit à la hauteur. Alors je fis ce que je pouvais. Je lui souris. Et elle me rendit ce sourire - celui qui disait : je suis là, vivante, et je vais le rester.
MllePayga
Avatar de l’utilisateur
Sergent
Sergent
Messages : 63
Inscrit : 10 avr. 2025, 18:25
Pays : France

Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

Message par MllePayga »

Chapitre 57 — Une année-lumière

Payga

Je ne comprenais pas pourquoi Rodney insistait tant pour que je passe au réfectoire. Il avait cet air bizarre, comme lorsqu’il ment mal. Ce qui veut dire… toujours. Il m’avait juste dit :

"Passe-y. Y’a quelque chose… euh, de neuf. Tu verras."

Je l’avais suivi du regard quand il était parti, suspicieuse. Mais j’étais curieuse. Alors j’avais marché. Tranquillement. Une journée banale, pensai-je. Jusqu’à ce que la porte du réfectoire s’ouvre. Et que tout bascule.

— SURPRIIIIISE !!!

Des dizaines de voix. Un éclat de couleurs. Des ballons. Des guirlandes.
Et tous les visages familiers, tournés vers moi, souriants, heureux. Rodney au premier rang, les bras croisés, faussement détaché. Mais son sourire… le trahissait. Je restai figée un instant, incapable de respirer. Puis, lentement, je fis un pas. Et un autre. Mon cœur battait trop fort.

« Aujourd’hui… ça fait un an. »

C’est Sheppard qui l’avait dit, sourire aux lèvres, en s’approchant. Un an depuis que j’étais arrivée. Un an depuis l’effondrement de mon monde. Un an depuis ma chute… et ma renaissance. Et alors, je les vis. Tous. Un à un. Et mes pensées les rattrapèrent.

✧ Zelenka
Il était près du buffet, une assiette déjà bien remplie. Naturellement. Il leva son verre en me voyant et me fit un clin d’œil malicieux.
« Souviens-toi, quand tu as corrigé ma formule de stabilisation de flux au bout de dix minutes. »
« J’ai su ce jour-là que tu étais brillante. Et que j’allais devoir partager mon statut de génie. »
Je souris. Radek. Toujours prêt à détendre l’atmosphère, à relancer une blague. Il avait été mon premier éclat de normalité ici. Un souffle d’humanité.
« Merci pour les sourires, les chamailleries… et les équations. »

✧ Ronon
Il se tenait adossé au mur, comme toujours, les bras croisés. Discret. Présent.
Nos regards se croisèrent, et je vis l’ombre d’un sourire. Ce qui, chez lui, équivalait à une ovation.
« T’as progressé. Même Teyla le dit. »
Ronon avait été mon épreuve du feu. Celui qui m’avait montré la résilience du corps, comme Teyla m’avait appris celle de l’âme.
« Merci de m’avoir poussée. D’avoir cru que je pouvais encaisser. Tu avais raison. »
Même si Rodney n’en pense pas autant, pensai-je avec amusement.

✧ Sheppard
Il m’attrapa dans une accolade rapide, bourrue, mais sincère.
« Alors, un an, hein ? Toujours là. Et en un seul morceau, en plus. »
Je ris doucement. John. Le protecteur râleur. Le frère que je n’avais jamais eu.
Il m’avait poussée à avancer quand tout paraissait flou. Il ne disait pas grand-chose. Mais il agissait. Toujours.
« Merci pour les regards en coin, les tapes dans le dos… et les moments silencieux qui voulaient tout dire. »

✧ Teyla
Elle arriva sans un mot. Elle ne dit jamais grand-chose dans ces moments-là. Elle m’enlaça. Longuement. Chaleureusement. Teyla. Ma sœur d’âme. Celle qui avait marché à mes côtés dans la douleur. Celle qui m’avait offert les silences nécessaires, et les mots justes.
« Tu m’as aidée à comprendre que guérir n’est pas oublier. »
« Merci d’avoir tenu ma main quand je tombais. »

✧ Rodney
Et puis… lui. Il était resté un peu à l’écart. Comme s’il voulait me laisser ce moment. Quand j’approchai, il feignit l’indifférence.
« Tu ne devais pas avoir une réunion de labo ? »
Je le fixai. Ses yeux avaient ce bleu si familier, si rassurant. Rodney. Celui que j’avais aimé dans deux univers. Mais surtout celui que j’avais appris à aimer ici. Pas par substitution. Par évidence. Je posai ma main sur la sienne.
« Merci d’avoir attendu que je revienne à moi. Merci d’avoir été là… même quand je n’y étais plus. »
Il serra mes doigts.
« Je t’aime, tu sais ?
— Je sais. »

Et je souris. Je me tournai vers eux tous. Mes amis. Ma famille.

— Je viens d’un monde qui n’existe plus. Et pourtant, aujourd’hui… je n’ai jamais été aussi chez moi.

Et dans le vacarme des rires, des verres qui s’entrechoquent, des regards qui brillent…

Je soufflai intérieurement cette pensée :

J’ai survécu à un univers. Et trouvé le mien.

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Rodney

La fête touchait à sa fin. Les derniers éclats de rire s’éparpillaient doucement, comme des bulles de champagne qui retombaient sur la surface paisible de la soirée. Les uns se levaient, les autres débarrassaient. Teyla m’avait lancé un regard complice. Sheppard, un clin d’œil discret. Ils savaient. Moi, j’étais tendu comme une corde de violon. J’avais passé des semaines à préparer ce moment. Des nuits à vérifier chaque détail. Et pourtant, maintenant que l’instant approchait, j’aurais volontiers refait le monde - ou au moins Atlantis - pour gagner un peu de temps. Mais je la vis, debout, souriante, rayonnante.
Et mon cœur se calma.

— Viens, j’ai… quelque chose à te montrer.

Elle arqua un sourcil, curieuse. Mais elle me suivit sans poser de question. Nous traversâmes les couloirs silencieux de la cité. La lumière bleutée, familière. Le bruit de nos pas, rythmé. Et puis, la porte de la salle 4N. Elle s’ouvrit dans un souffle. Et elle resta figée. L’hologramme stellaire était déjà activé. Des constellations flottaient tout autour, en rotation lente, caressant les parois d’une lumière douce et vivante. Au centre, sur le sol, une grande couverture épaisse, et un seau à champagne, deux flûtes. Comme une île au milieu de l’univers. Elle tourna la tête vers moi.

— Rodney… c’est…

— Chut, soufflai-je doucement, le cœur battant comme un tambour fou.

Je pris sa main.

— Viens. Au centre de tout ça. Là où tout converge.

Elle me suivit. Et nous nous arrêtâmes, là, au cœur de l’univers. Là où tout avait commencé. Je la regardai. Et soudain, ce n’était plus difficile. C’était évident. Je posai un genou au sol. Je sortis doucement l’écrin de ma poche.
Ses yeux s’écarquillèrent. Je sentais mon pouls dans mes tempes. Mon souffle court. Mes mains tremblaient à peine. Mais ma voix… Elle était claire.

— Payga. Tu es arrivée dans ma vie comme une anomalie impossible. Une étrangère d’un autre monde, d’un autre temps. Et pourtant, tu as été la chose la plus évidente qui me soit jamais arrivée. Tu as survécu à tout. À la perte. À l’exil. À l’oubli. Et pourtant tu es là. Debout. Et… je suis tombé amoureux. Lentement. Puis complètement.

Je levai l’écrin. Un anneau simple, fin. Doré comme la lumière des étoiles.

— Tu es mon miracle, Payga. Alors je te le demande, au centre de cet univers qui nous a tout pris mais aussi tout offert… Veux-tu m’épouser ?

Silence. Juste les étoiles holographiques tournant autour de nous. Ses yeux se remplirent. Lentement. Ses lèvres tremblèrent. Puis s’étirèrent.

— Oui, souffla-t-elle. Oui. Sans hésiter. Sans peur. Oui, Rodney.

Elle se jeta dans mes bras. Et le monde s’effaça. Il n’y avait plus que son parfum. Ses bras. Et le battement furieux de mon cœur. Ce soir, l’univers s’était penché sur nous. Et il avait dit :

C’est ici. C’est maintenant. C’est pour toujours.


Fin.
MllePayga
Avatar de l’utilisateur
Sergent
Sergent
Messages : 63
Inscrit : 10 avr. 2025, 18:25
Pays : France

Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

Message par MllePayga »

Épilogue — Héritage

La Porte des étoiles était déjà active. Le vortex pulsait doucement dans la salle d’embarquement, lançant des reflets bleutés sur les murs. Je l’avais vue s’ouvrir des dizaines de fois. Mais jamais pour moi. Pas comme aujourd’hui.
Aujourd’hui… c’était ma toute première mission. J’avais le cœur qui tambourinait dans ma poitrine, comme s’il voulait me rappeler que j’étais vivant, et que j’étais en train de faire un pas de géant. Littéralement. Je laissai mon regard courir sur les visages autour de moi.

✧ Zelenka.
Toujours les cheveux en bataille, des lunettes mal posées, et l’air concentré sur un écran qui clignotait. Je l’appelais le scientifique fou quand j’étais petit.
Maintenant, je continue… mais avec plus d’affection. Je lui fais encore des blagues de temps en temps. Pas méchantes. Juste pour le voir râler en tchèque. C’est mon sport préféré.

✧ Ronon.
Debout, les bras croisés, silencieux. Le même depuis… toujours. Il nous entraîne, Nerya et moi. Mais il est plus dur avec elle. Peut-être parce qu’elle est sa fille. Peut-être parce qu’il sait qu’elle tiendra tête à n’importe qui. Même à lui.

✧ Teyla.
Un sourire doux, un regard profond. Elle est ma marraine, mais elle a toujours été plus que ça. Une présence, un repère. Elle m’a appris la patience. Et le respect de l’équilibre entre la force et la paix. Torren est comme un grand frère pour moi. Il me bat encore à la course. Mais plus pour longtemps.

✧ Sheppard.
Tonton Sheppard. Il pense que son autorité m’impressionne. Mais on sait tous les deux qu’il est le premier à contourner les règles… surtout quand il s’agit de m’apprendre un truc trop cool. C’est lui qui m’a montré comment piloter un Jumper. Sans permission. On a failli s’écraser. C’était génial.

Et puis…

✧ Papa. Maman.
Ils se tiennent juste derrière moi. Leurs regards sont calmes, fiers. Un peu inquiets, peut-être. Mais ils savent. Ils m’ont raconté leur rencontre. Leur histoire. Des dizaines de fois. Je les appelle les Péripéties de Payga et Rodney. Je les connais par cœur. Elles sont gravées en moi comme des constellations qu’on ne peut pas effacer. Maman dit qu’elle a traversé les mondes. Papa dit qu’il a traversé ses peurs. Et qu’au bout, il y avait elle.

La vie sur Atlantis a changé. De nouveaux visages, de nouvelles équipes. Mais au fond, elle est restée la même. Un foyer. Un champ de batailles et de rêves. Un endroit pour se découvrir, pour grandir, pour aimer. Je sens une vibration sur ma droite. Une main me tape doucement l’épaule.

— Eryos... fait une voix familière.

Je tourne la tête. Nerya. Mon amie. Elle sourit jusqu’aux oreilles, son sac déjà en bandoulière.

— Réveille-toi. On y va … !

Je souris à mon tour. Et je fais un pas en avant. Vers la lumière du vortex. Vers l’inconnu. Vers mon avenir.
Lucb8694
Avatar de l'utilisateur
Soldat
Messages : 4
Inscrit : 29 mai 2025, 22:20
Pays : France

Re: Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

Message par Lucb8694 »

Super histoire j'ai vu les derniers chapitres d'une tréte et je dois dire que plus ça allait plus c'était prenant avec une fin magnifique :) .

Auront nous les aventures d'Eryos, Nerya et peut-être Torren un jour en guise de suite ?
Répondre

Revenir à « Fan Fictions »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit