Episode 01
Partie B
Le lendemain matin, sous un ciel bleu éclatant parfaitement dégagé, Atlantis resplendissait au beau milieu de l’immensité de glace. Voir la cité en Antarctique était quelque chose d’unique. Cela ne s’était plus revue depuis cinq millions d’années, époque à laquelle les Anciens partirent pour Pégase emportant avec eux leur ville presque aussi grande que Paris intramuros.
Dans la salle d’embarquement, au pied de l’escalier central, Richard Woolsey, qui avait abandonné la tenue du personnel de l’expédition, avait renfilé son beau costume taillé sur mesure qu’il s’était offert dans l’une des boutiques très chics de la 5th Avenue, à Manhattan. Une tenue dont il chérissait tant et dont il avait souvent l’occasion de porter lorsqu’il exerçait son métier d’avocat dans l’un des très grands cabinets d’affaire du pays ou encore durant ses moments perdus après le travail sur Atlantis.
Malgré une grande maîtrise de soi, Woolsey n’arrêtait pas de faire les cents pas en se posant sans cesse une série de questions depuis hier, au point de ne pas fermer l’oeil de la nuit. Une venue si soudaine de tous les membres de la Commission devait signifier quelque chose. Même son ami, l’ancien général de l’Air Force, Mikael Keith, tout nouveau dans le programme “porte des étoiles”, avait remarqué l’attitude douteuse de certains Etats membres.
- Prévenez Monsieur Keith de leur arrivée, Chuck.
- Tout de suite, Monsieur.
Un rayon de téléportation asgarde apparut face à Woolsey et un brin de seconde plus tard, l’ensemble des hauts dignitaires du CIS se retrouva présent sur Atlantis.
- Bonjour à tous, soyez le bienvenu sur Atlantis. Annonça-t-il à ses collègues.
- Bonjour Richard. Souleva une voix féminine.
- Xiaoyi.
- Nous avions à coeur de vous revoir Richard. Ramener Atlantis sur Terre était un motif suffisamment légitime pour montrer à tous les membres de la commission où vont les milliards de dollars versés chaque année.
Le programme “Stargate” était, en effet, connue pour ses coûts prohibitifs. Dès la première année d'exploitation, l’ancien sénateur républicain, Robert Kinsey, rattachée à la Commission sénatoriale du budget, avait ouvert une enquête sur les bénéfices potentiels des diverses explorations interplanètaires. D’année en année, les dépenses allaient crescendo au même titre que la menace Goa’uld. Au final, sur les huit premières années d’exploitation, le SGC avait obtenu un budget global de 74 milliards de dollars, hors programme spatial. Et la croisade des Ori avait stoppé nette la réduction du budget pourtant envisagée au départ par la Commission. Le financement d’Atlantis était, quant à lui, réparti de façon proportionnée entre les Etats membres. Les Etats-Unis participaient à hauteur de 50%, la Chine et la Fédération de Russie, 20% chacune ; et enfin, la France et le Royaume-Uni, 5% respectivement.
Quant à Shen Xiaoyi, elle s’était rendue dans Pégase, trois mois auparavant. La rencontre entre elle et Richard Woolsey avait été tendue et la place de ce dernier était déjà sur la sellette...
- J’imagine que cela a été un peu éprouvant pour vous, Richard, au moment de la prise de vos fonctions ? Demanda un autre membre du groupe.
L'individu en question était un homme âgé d'une cinquantaine d'années, de taille moyenne. Son crâne était légèrement dégarni à l'avant et ses cheveux était de couleur poivre sel. L'homme s'avança alors vers Woolsey impatient de connaître à tout prix les impressions de son collègue à propos de son année de commandement.
- Oui, en effet Luthor ! Le fait de diriger un lieu aussi vaste, aussi avancée et qui plus est, en dehors de la Terre, est pour le moins intimidant. C’est là, que je me suis rendu compte que le docteur Weir et le colonel Carter avaient fait un travail remarquable malgré des situations qui auraient pu se terminer fatalement...
- Eh bien, à première vue, nous constatons que vous êtes toujours en vie et que la cité semble toujours debout.
La réponse fut suivie, durant un bref instant, d'un silence lourd et pesant. Alors que les deux hommes se fixèrent droit dans les yeux, comme si ils étaient en train de s'envoyer des messages par télépathie, Shen Xiaoyi - qui se trouvait aux côtés de Luthor Marshall - finit par casser ce mutisme qui semblait interminable, en émettant un discret toussotement tout en plaçant sa main droite près de sa bouche. Immédiatement, les deux hommes cessèrent de se regarder et portèrent toute leur attention envers l'ambassadrice.
- Richard, faites nous le plaisir de nous faire visiter la cité, je vous prie.
- Oui... oui, bien sûr. Par ici.
Les membres de la commission avec Woosley en tête empruntèrent l'un des couloirs latéraux de la salle d'embarquement. Entre-temps, l'ancien général Keith s'était discrètement joint au groupe pour participer à la découverte des merveilles laissées par les Anciens.
- Vos affaires ont été déposées dans vos quartiers. Informa Woolsey à ses collègues.
- Pour certains, Richard, le séjour sera bref. Il ne s’agit pas de s’éterniser mais de traiter rapidement de certaines dossiers. Répondit Luthor Marshall
- Certains dossiers ? Mais de quelle nature ?
- La Commission souhaite passer en revue l’ensemble des recherches scientifiques qui sont en cours sur la cité. Elles font appel à des moyens assez significatifs. C’est pourquoi, il est crucial que nous réexaminions les priorités de certaines d’entre elles.
Woolsey allait de surprise en surprise en écoutant avec attention les dires de Luthor Marshall. Dans le même temps, la délégation entreprit la visite des différents laboratoires et les enchaîna les uns après les autres tout au long de la matinée. Lorsque l’heure du déjeuner approcha et après un kilomètre de marche au total, la plupart des membres de la commission exprimèrent leur lassitude, généralement habitués, en effet, à travailler le moins possible mais surtout, à parler pour ne rien dire et à ne pas agir.
En revanche, tel ne fut pas le cas pour Shen Xiaoyi, l’ambassadrice chinoise, qui avait dévoré des yeux chaque section de la cité, plus que la fois dernière. Et les rapports des divers chefs scientifiques rattachés aux projets de recherche avaient véritablement éveillé l’intérêt des chinois, au point de rester aux abois.
Richard Woolsey avait lui gardé le meilleur pour la fin, en les amenant au département biologique et médico-légal, dirigés par le docteurs Beckett et Biro.
- Docteur Biro.
- OH ! Monsieur Woolsey ! Répondit la doctoresse toute guillerette. Comment allez-vous ? Ajouta-t-elle en riant.
- Où est le docteur Beckett ?
- Oh, le docteur Beckett n’est pas là. Il a dû s’absenter pour des raisons personnelles. Je crois que c’est en rapport avec sa mère. Elle est morte... de vieillesse... Oui, c’est bien ça. Enfin... il me semble. S’interrogea-t-elle durant un long moment. Ah vous savez, ça arrive ces choses là. C’est ça la vie ! Reprit-elle avec un air très jovial mais qui n'était pas vraiment au goût des membres de la Commission qui restèrent de marbre.
- Hum... oui, bien... Voici les représentants des Etats membres auprès de la Commission internationale de surveillance, docteur.
- Messieurs, dames !
- Faites-nous l’honneur, docteur, de nous présenter vos travaux en cours.
- Euh... Très bien ! Alors, j’étais en train d’effectuer des autopsies de cadavres de Wraiths.
- Ceux que vous avez récupéré dans le Nevada ? Demanda alors Shen Xiaoyi.
- Ceux-là même. Confirma Woolsey.
- Ces corps, voyez-vous, étaient encore en bon état malgré le crash de leur dart, ce qui a permis au docteur Beckett et à moi-même de continuer nos recherches sur la wraithropologie.
- La quoi ? Souleva Luthor Marshall, intrigué.
-Wraithropologie, c’est le nom que l’on a donné à propos de l’étude sur l’évolution de leur espèce.
- Et qu’avez-vous appris ? Posa alors la chinoise.
- En examinant attentivement leur système cérébral... Tenez... Regardez ! Répondit Biro tout en exhibant devant les membres visiblement rebutés, un cerveau wraith qui fut finement tranché en plusieurs lamelles sur une planche de cuisine.
- Leur cerveau est beaucoup plus évolué que le nôtre. Par exemple, nous savons comment ils sont capables de communiquer à distance.
- Vraiment ? Dit Shen Xiaoyi.
- Oui. Pour communiquer, les Wraiths utilisent en même temps trois régions de leur cerveau. Deux aux extrémités que sont, le lobe frontal pour l’émission du langage silencieux et le lobe occipital pour la réception et la perception du message. Mais, c’est surtout leur hypothalamus qui est une véritable merveille. C’est lui, qui assure la connexion simultanée entre les deux lobes et qui confère à ces créatures une portée significative de leur moyen de communication ! Cela explique aussi leur faculté télépathique comme le pouvoir de contrôler des êtres humains. Mais avec le docteur Beckett, nous avons aussi découverts que les Wraiths, durant les prémices de leur évolution, étaient des prédateurs intelligents, fonctionnant de manière sophistiquée et surtout territoriaux. Ce qui confirme, de nos jours, la préservation de certaines de ces caractéristiques. En effet, à leur début, ils avaient pour habitude de chasser en groupe et de coordonner leurs efforts pour l’assaut final. L’instinct de survie demeurait au sein du groupe. Un peu comme avec les lionnes ou les vélociraptors, si vous voyez ce que je veux dire.
- Fascinant, docteur ! Répondit Xiaoyi. Et, selon vous, y a-t-il moyen de pénéter dans cet espèce de réseau psychique de communication ?
- Hum... C’est possible, oui. Encore faut-il trouver la “bonne fréquence”. Et ça, c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais en pareil cas, il serait tout à fait possible, par exemple, de neutraliser ce moyen de communication et ainsi d’isoler les unités wraiths au combat...
- Bien, merci docteur ! Interrompit alors Woolsey dans le but d'épargner les membres du monologue de Biro, connue pour déblatérer jusqu'à n'en plus finir.
Au même moment, aux abords de la ville de Vancouver, située dans la province canadienne de la Colombie-Britannique, une atmosphère gaie et familière se dégageait dans l'une des maisons blanches en bois du quartier résidentiel. Elle appartenait aux Miller. A l'intérieur, un déjeuner venait tout juste de s'achever, réunissant Jeannie, Kheb et leur fille, Madison, entourée de Jennifer Keller et de Rodney.
Pour Keller, ce moment partagé avec plusieurs personnes lui rappelait les quelques repas de fin de semaine qu'elle passait avec toute sa famille, plus particulièrement avant le décès brutal de sa mère. Son père, qui était Brigadier Général chez les Marines, partait souvent en mission et multipliait ainsi les allers-retours entre Chippawa Falls et une région quelconque du globe. Sa fille, quant à elle, n'avait d'autre choix que de passer le plus clair de son temps en pension, à Lake Forest Academy. N'ayant pas eu suffisamment le temps de profiter de l'amour et de l'affection maternelle et avec un père qui était souvent appelé à servir son pays, Jennifer a dû, durant toute son enfance, se forger sa propre personnalité et à apprendre par elle-même les défis de la vie. Elle était par nature réservée et il lui arrivait souvent d'être charriée par un groupe de filles qui étaient plus en phase avec la mode de l'époque. Elle s'habillait en effet, de façon conventionnelle, et délaissait le maquillage et autres accessoires de beauté, ce qui permettait ainsi, de mieux révéler son vrai visage et sa beauté naturelle aux garçons de l’école qui tentaient en vain une touche avec elle.
Pendant ce temps, Rodney s’affairait en cuisine avec sa soeur. L’aidant à faire la vaisselle, cette dernière échangea avec son frère sur divers sujets jusqu’à ce qu’elle aborda le point sensible...
- Tu vas te marier avec elle ?
- Qu’est ce que tu racontes, bien sûr que non.
-Oh, Meredith !
- Quoi ?
- Tu n’arriveras pas à tout cacher à ta soeur ! Tu l’aimes... tu m’aimes énormément, ça se voit ! Répondit-elle, toute curieuse.
Son frère, qui, par nature, n’était pas très en clin à dévoiler ses sentiments au premier venue, sauf pour se venter d’une drague infructueuse, finit par avouer à sa soeur ses sentiments envers Jennifer.
- Je ne me suis jamais senti aussi bien à ses côtés. Avec elle, tout semble simple, j’ai les idées claires. J’ai l’impression que l’on se comprend et...
- Vous êtes fait l’un pour l’autre ! Coupa alors sa soeur, se rendant à l’évidence. C’est certain !
- Oui enfin.... ça durera le temps que cela durera.
- Bon sang, Meredith ! Toi et les relations sentimentales, ça n’a jamais été ton fort ! S’exclama-t-elle, sur un ton agacé.
Elle posa alors son torchon sur le côté de l’évier et s’approcha de son frère pour lui reposer la fameuse question.
- Qu’est ce que t’attends pour lui demander sa main ?
- Quoi ?
- Tu m’as bien comprise.
- C’est que...
- C’est que quoi ?
- C’est que, j’appréhende toujours ce qui va se passer ensuite.
- Mais voilà pourquoi le peu de relations que tu as eues n’étaient qu’éphémères. Et encore, quand je dis peu, c’est un euphémisme, la dernière ça remontait, si on met de côté Katie Brown, à la fac. Comment s'appelait-elle déjà ?
- Lisa.
- Lisa, en effet !
- Oh arrête, ne me reparle plus de ça, veux-tu, rétorqua son frère.
- Lors de la soirée de fin d’année, tu avais quand même eu le courage de l’inviter à danser. Et alors que tout semblait idyllique, elle avait souhaité que tu l’embrasses. Et que fait mon frère ? Hein, que fait-il ? Il l’abandonne en plein milieu de la piste de danse pour aller se jeter sur la nouvelle tournée de petits fours.
- Oooh... S'il te plaît.
- Non, mais sérieux Mérédith, quelle tâche !
- Mais, elle avait un bouton d’herpès sur le coin de la lèvre ! Répondit alors Rodney, l’air affolé. Tu sais que c’est contagieux soeurette. Ajouta-t-il ensuite.
- Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Et pour Jennifer, qu’est ce que tu vas trouver comme motif ? Dis moi !
- Euh... bah... euh...
- Crois moi, si tu ne sautes pas le pas, un jour ou l’autre, tu finiras par le regretter parce qu’il sera trop tard !
- Ok, je vais y réfléchir.
- Ouais bah ne tarde pas trop ! Je veux pouvoir être fier de mon frère !
- Tu ne l’es pas déjà ?
- Si... mais une fois marié, je le serai encore plus ! Reprit-elle alors, l’air exulté.
De nouveau sur Atlantis, alors qu'elle finissait la rédaction de son rapport dans ses quartiers, Shen Xiaoyi reçut un appel crypté de son supérieur. La voix de son interlocuteur n’était pas si étrangère. Il avait été le premier de son pays à découvrir l’existence du programme “Stargate” durant une réunion d’Etat au Pentagone en 2002, en compagnie d’autres ambassadeurs, mais aussi, du général Hammond, du major Davis, du sénateur Kinsey et du Colonel Chekhov.
- Notre gouvernement n’accepte plus de continuer à jouer les second rôles. Faites le nécessaire pour convaincre les autres membres, Shen.
- Un bon nombre s’est rangé derrière nous.
- Dois-je vous rappeler les termes de notre arrangement ?
- Ce n’est pas la peine !
- Bien. Je veux un résultat net dans les plus brefs délais.
Aux alentours de 18h, la cité des Anciens commençait à s’illuminer progressivement à mesure que l’obscurité venait dévorer le restant de la lumière du jour. Les températures glaciales, même en février, provoquaient la contraction de la tôle et des métaux qui composaient les édifices d’Atlantis.
Les membres de la délégation était réunis dans la salle du conseil atlante, tout autour de cette table lumineuse qui, autrefois, réunissait les sages lantiens tels que Morros, Janus ou encore Melia.
- Tout le monde est présent, nous allons pouvoir commencer. Répondit Luthor Marshall.
Dès qu’il eut fini de parler, les portes entourant la salle du conseil se refermèrent pour donner lieu à un huis clos entre les membres.
- Depuis l’attaque de la super-ruche, il semble qu’il n’y ait plus de nouvelles menaces extérieures. Selon vous, Richard, seule cette super-ruche a pu détecter le signal émanant de l’autre côté ?
- D'après le docteur McKay, c’est la seule explication plausible. Il faut une capacité d’énergie phénoménale pour capter un message issue d’un univers parallèle.
- Une capacité comme la détention d’un extracteur de potentiel de point zéro ?
- Exact.
- Mais cette source d'énergie avait été donné par votre ami... allié... peu importe, Wraith, du nom de... Todd, si je ne me trompe ? Lui répondit-il, tout en reparcourant certains rapports de mission.
- Où voulez-vous en venir, Luthor ?
- C’est très simple Richard, vous avez à de multiples reprises collaboré avec lui, notamment lorsque vous étiez à bord de l’Odyssée dans le but de procéder à l’innoculation du rétrovirus sur sa faction. Intervint brièvement l’ambassadrice chinoise.
- Je vois où vous voulez en venir ! Mais, il a montré qu'il pouvait, ô combien, se montrer utile dans le combat qui nous unie contre les Wraiths.
- Sauf qu'à de multiples reprises, il a su faire double jeu.
Euh, attendez... J’ai ici, sous mes yeux, le rapport du colonel Caldwell. Il y a 6 mois, il a pris le contrôle du Dédale et ait parvenu à téléporter son équipage dans le but de le lancer à pleine vitesse contre une installation Ancienne.
Voyez-vous, ce genre de péripétie, ou devrais-je plutôt dire, ce genre de mésaventure, me dérange quelque peu Richard. Quelque part sur Terre, nous détenons une créature effroyable qui n’hésiterait pas à vampiriser un gosse tout ça pour une question de survie. Je crois que nous aussi, nous pourrions lui rendre la pareille et nous servir de lui à nos propres fins. En somme, faire aussi, double jeu !
- Quoi ? Le soumettre à une expérience scientifique ? Le disséquer . C’est ça que vous voulez, Luthor ? Fustigea Woolsey.
- Je connais certaines personnes qui rêveraient de l’étudier à la loupe. Mais, encore une fois, les militaires font toujours tout pour garder leur petit secret. Et adieu ces belles découvertes. Soupira Luthor Marshall, en zieutant dans le vide.
- J'en reste médusé ! Vous me reprochez d'avoir commis certaines erreurs et ce que vous faites, VOUS, c'est d'en commettre d'autres ! Et pas n'importe où ! Sur notre planète !
- Ne commençez pas à nous fatiguer, Richard. La raison de notre venue était très clairement de clarifier certaines choses et de décider ce qu’il adviendra de l’expédition Atlantis.
- Oh... Pardon... Adviendra ?
- Maintenant que la cité est de retour sur Terre et plus particulièrement au pôle sud, c'était mieux comme çà d'ailleurs, il me paraît plus que normal, en effet, de revoir nos objectifs.
- Objectifs ?
- Ecoutez, dès le départ, le but d’un tel voyage était de faire profiter l’ensemble de nos partenaires. Au regard de sa distance, un contingent militaire paraissait essentiel pour protéger nos intérêts. Maintenant que la menace est écartée, le programme doit davantage se tourner vers une finalité purement... civile.
- Par conséquent ? Demanda alors Woolsey, d’une voix agacée.
- La cité d’Atlantis se retrouvera sous le contrôle exclusif du comité international de surveillance et non plus, sous tutelle du Pentagone. Et, un changement dans la chaîne de commandement semble aussi être nécessaire...
Très rapidement, la réunion prit une tournure étonnante. Elle se traduisit par un procès d’intention faite à l’encontre même de Richard Woolsey ! Petit à petit, l’homme comprit que tout cela était orchestré dès le départ, par un clan dont le chef de troupe n'était autre que Shen Xiaoyi, l’ambassadrice chinoise, restée muette pour le coup et s'avourant sa vengeance avec délectation.
- Désormais et avec effet immédiat, Richard, nous vous retirons le leadership d'Atlantis. L'ensemble du personnel fera l'objet d'un réexamen en vue d'un possible renouvellement. Conclut alors Luthor Marshall.
Malgré la grande prestance de Richard Woolsey, l'homme ne pouvait répondre face à ce coup de massue. Comme son ami, Michael Keith, il était témoin d'un changement de rapport de force au sein des grandes puissances qui composaient cette Commission. L'avenir d'Atlantis et de tout le personnel actuel reposait maintenant entre les mains des membres asiatiques, surtout chinois, qui étaient parvenus à convaincre les autres pays secondaires à participer davantage dans le programme.
Le lendemain, Sheppard et ses deux acolytes, Teyla et Ronon, étaient de retour au pôle sud.
L'officier alla se présenter au bureau de Woolsey afin d'aller aux nouvelles et faire acte de présence. Très vite, l’officier s’aperçut d’un changement très net dans la décoration de la pièce.
Les plantes caoutchouc, de même que les ficus, sans oublier, la table de travail en acier et inox, avaient été remplacées par quelque chose de plus austère. En réalité, seule une petite table bon marché et une simple chaise trônaient au beau milieu. Ce changement ne présageait ni plus ni moins qu’une arrivée du nouveau commandant d’Atlantis. Mais qui ? Ce qui était certain, c’est que John Sheppard avait remarqué qu’une ambiance assez pesante régnait depuis ce matin sur la base. Les visages n’étaient plus aussi familiers et souriants, en particulier venant des étrangers. De nouvelles recrues, spécialement asiatiques, venaient de faire leur apparition et avaient pris quartier dans le secteur sud de la ville. La curiosité et en même temps la rogne qui rongeaient l’officier étaient grandes. Mais cette dernière finit par disparaitre lorsqu’enfin, le remplaçant de Woolsey apparut face à lui.
- Colonel Sheppard, j’imagine ! Demanda brusquement l’individu avec une pointe d’accent russe. Bonjour, ravi de faire votre connaissance. Je suis le Général Antòn Petrovitch. Reprit-il.
- Mon Général. Répondit Sheppard, tout en faisant son salut militaire. On m'a prévenu sur le tas, de votre arrivée. Vous avez fait bon voyage ? J’ai cru comprendre que vous avez été amené par un avion cargo.
- Oui, c’est exact. Le Hammond est maintenant trop occupé pour la finalisation du voyage vers P4X-351. J’ai donc pris comme bon nombre de mes camarades un Antonov. C’est la première fois que je me rends en Antarctique. Sympa comme région, ça me rappelle Iakoutsk, la ville où je suis né. Souleva l’officier russe de manière austère.
- Ah ! Vous serez ravis d’apprendre, mon général, que nous sommes alors deux dans ce cas. J’ai été rattaché durant un an et demi à la station McMurdo comme pilote d’hélicoptère et...
- Je sais, j’ai lu votre dossier Sheppard. Répliqua Petrovitch en l’interrompant. D’ailleurs, ça tombe bien que vous soyez là, il fallait que je vous parle de votre implication au sein de l’expédition Atlantis !
A l’entendre, Sheppard était tout bonnement interloqué par les propos du Russe. Suspicieux, il attendit sa réponse. Une réponse qui, vraisemblablement, ne présageait rien de bon pour lui...
À suivre...