Effet Papillon ~ Tome III

Rufus Shinra
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

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XD : bon, bah spoiler à rebours pour toi, donc.

Pour ceux et celles qui ne voient pas de quoi nous parlons, il s'agit d'une référence à l'excellent jeu Ace Combat 5 : Squadron Leader (ou The Unsung War ailleurs qu'en France), que je recommande à tous les fans d'aviation qui veulent voir une excellente narration au sein d'un jeu de pilotage.
Effet Papillon :
Un avenir possible, moins sûr et plus complexe pour des galaxies porteuses d'un mélange explosif : vide de pouvoir, héritages vivants et ambitions multiples.
Tomes I et II terminés, Tome III en cours

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Rangil : Les lois de la logique sont les fesses de tout le monde, Rufus.

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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par brian norris »

Excellent jeu je confirme. L'un de mes grands classiques. Je le recommande aussi. Ça beau être de l'arcade et non de la simulation, l’approche narrative et la musique permet une très bonne immersion.

Sachant cela, la fic ne peut qu'être bien.
"Sais-tu que Flaubert voulait écrire un roman sur le néant? S'il t'avait connue, on aurait eu un grand livre. Quel dommage."
-Jep Gambardella, La Grande Bellezza
Blackeagle
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Blackeagle »

Que de bons goûts par ici ! :) @brian norris : justement, les simulations ratent souvent - et même tout le temps - le coté narratif, vu qu'il ne fournit qu'un contexte (prenons LockOn - Modern Air Combat par exemple où le scénario est peu important (mais personnellement, cela ne m'a pas empêché de totaliser un certain nombre d'heures de vol...)).

Rufus, ta fic est unique. Tu surpasses bien des romanciers !
Dernière modification par Blackeagle le 02 janv. 2012, 10:23, modifié 1 fois.
Rufus Shinra
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

Chapitre 05 : Origines


Le vaisseau se mit à l'arrêt par rapport à la planète, protégé par son camouflage alors que les ultimes manœuvres le positionnaient dans une orbite optimale. Les deux occupants de la frégate, eux, s'étaient retrouvés près d'une baie d'observation.
- On descend en bas pour la cueillette ou bien vous pouvez tout scanner depuis ici ? demanda Campbell.
- Les mesures initiales indiquent des anomalies, répondit la voix d'Atlantis. La flore locale a subi une quantité de modifications dépassant largement les normes en vigueur pour une simple adaptation environnementale. En conséquence, le vaisseau est passé en mode de contrôle d'émissions jusqu'à ce que nous en sachions plus sur la situation.
- Heu, d'accord, fit le pilote. Et, conclusion, pour nous ?
- La solution la plus discrète pour obtenir davantage d'informations est de vous déposer sur place, puisque vous ne nécessiterez pas ou presque de communication extérieure, contrairement à des drones de reconnaissance. Donc, oui, vous allez “descendre en bas pour la cueillette“, lieutenant.
- D'accord… répondit-il. Concrètement, vous voulez dire quoi, avec vos… modifications, Atlantis ? On doit s'attendre à des plantes multicolores ? Des Ents ?
- Rien d'aussi fantaisiste, lieutenant, fit Atlantis d'un ton las. L'observation visuelle ne montre pas de signe extérieur pouvant justifier la divergence extrême entre le génotype de base et celui présent ici. J'ai donc besoin de ces renseignements pour savoir à quoi correspondront les données enregistrées. Savoir ce que Hagalaz comptait faire serait un bonus non négligeable, en outre. Une fois sur place, vous effectuerez des prélèvements multiples d'échantillons biologiques, ce qui nous permettra de déterminer une stratégie d'approche plus poussée.
- D'accord…
- Qui plus est, il sera plus discret de procéder ainsi plutôt que d'utiliser des appareils de mesure émettant de grandes quantités d'énergie. Nous ignorons actuellement tout de la capacité de veille et de surveillance présente dans cette galaxie.
- Sinon, intervint Shanti, c'est normal, les planètes toutes jaunes, dans cette galaxie ? Parce que, je n'ai pas fait beaucoup de biologie, mais j'ai tendance à associer ça aux déserts, pas aux forêts…
- Selon les systèmes d'observation optiques, la couleur –ocre, plus précisément– est due à la présence d'une plante locale particulièrement adaptée à la forte concentration en soufre de l'atmosphère.
- En soufre ? fit Campbell. J'espère que vous allez nous passer des combinaisons, des champs de force ou quelque chose comme ça.
- Pourquoi donc ? demanda la copie réduite de l'I.A. à qui la frégate avait été confiée.
- Ce serait bête d'avoir fait tout ce chemin pour finir asphyxiés, non ?
- Lieutenant… Étant donné ce qui vous est arrivé ces dernières semaines, est-ce que vous pensez réellement risquer ça ?
- … J'avais oublié, avoua-t-il avant de reprendre. Téléportation ou Jumper ?
- Jumper. Vous serez déposés par un vol en trajectoire balistique de façon à minimiser la signature énergétique de votre arrivée. Veuillez noter que si je serai en mesure d'observer une partie de vos déplacements en surface, toute communication à moyenne et longue portée sera prohibée, une fois de plus pour maintenir un profil bas.
- Un peu paranoïaque ? fit-il en haussant les sourcils.
- Pas paranoïaque, lieutenant Campbell, juste parfaitement au courant de mes limitations. Tant en termes de connaissances que de moyens. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être surpris par Hagalaz sur son propre territoire.
- Ouais, ouais… répondit-il. On va au hangar, donc ?
- Oui, vous y trouverez votre Jumper qui a été réparé depuis votre appontage. Essayez de le maintenir en état, toute perte supplémentaire de temps ou de moyens serait dommageable pour nos objectifs généraux.


Rapidement, les deux passagers du navire se rendirent à leur destination, et Shanti s'arrêta lorsque son coéquipier se figea à l'entrée de la vaste salle, englobant celle-ci du regard :
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle.
- Oh, rien, voulut-il la rassurer. Juste un peu de nostalgie… et, oui, je sais, pas besoin de me rappeler que ça fait juste deux semaines, pas trente ans, qu'on est à bord.
- T'en fais pas, Tom, je vois ce que tu veux dire.
- Ouaip. Enfin, on n'a pas que ça à faire, hein ?
- Quelque chose comme ça, reconnut la jeune femme.
- Et on commence glorieusement notre héroïque mission pour sauver la galaxie, entonna le pilote en forçant le trait et générant un bref rire chez sa coéquipière.
- Ou pas… fit-elle en haussant les sourcils.
- Oui, c'est vrai. Et les sbires sinistres de l'I.A. diabolique font un pas de plus dans les plans de domination globale de leur terrible maitresse.
- Pas ça non plus, commenta Shanti. Encore que…


Haussant des épaules, le pilote reprit sa marche vers le Jumper posé face à la sortie du hangar et y entra, suivi par la jeune femme. Il s'arrêta à nouveau, jetant un coup d'œil autour de lui avant de commenter :
- J'avais pas fait attention avant, mais sans tout le matos qu'ils nous filent au SGC, c'est quand même spacieux, comme engin…
- C'est vrai qu'entre l'exosquelette et le reste, acquiesça Shanti, c'était une vraie… comment vous dites… boite à sardines. Mais ça m'étonne… Tu n'avais jamais vu de Jumper sans ce genre d'équipement ?
- Pas vraiment, reconnut-il. Formation express au pilotage de l'engin entre deux sorties, et puis que des ops de reco, d'infiltration ou d'exfiltration. A chaque fois fallait se serrer pour tout faire rentrer.
- D'accord, comprit-elle. J'ai dû avoir de la chance, alors : on a pu en utiliser un pendant la spécialisation pour les équipes SG. On était à peine une demi-douzaine à bord et le reste était vide.
- Pas de pilotage ?
- Non, fit Shanti. Je n'étais pas compatible avec le marqueur génétique.
- Hmm… commença Campbell. Atlantis ?
- Oui ? répondit l'omniprésente voix.
- Avec tout ce que vous nous avez fait, est-ce que…
- Bien sûr que oui, lieutenant Campbell. Notez que vous n'aviez même pas besoin de me poser la question, puisque l'ensemble de votre équipe a pu se faire enregistrer et accepter par les systèmes de bord de la frégate après votre évasion.
- D'accord… répondit-il avant de se tourner vers la jeune femme. Cours de pilotage ?
- Quoi, maintenant ? s'étonna-t-elle. Tu es sûr que c'est une bonne idée ?
- Pas vraiment, concéda-t-il en s'écartant du fauteuil de commande, mais autant commencer tout de suite. On sait jamais quand ça peut être utile.

Elle le regarda, soudain nerveuse, puis, après quelques longues hésitations, acquiesça pour s'asseoir lentement aux commandes :
- Bon… Qu'est-ce que je dois faire ?
- Ca devrait être plus simple pour toi maintenant, dit-il en se tenant debout à côté d'elle.
- Comment ça ?
- En fait, maintenant que j'y pense, la connexion avec le Jumper, c'est un peu la même chose que ce foutoir de lien mental qu'on s'est pris depuis l'histoire à bord Daedalus. Grosso modo, hein, mais tu devrais trouver tes marques rapidement. Fais la même chose que quand tu veux parler à Atlantis quand on est sur le terrain.

Il vit le regard de la jeune femme se perdre dans le lointain et, quelques instants après, l'ensemble de l'éclairage interne s'activa simultanément, la faisant sursauter :
- Qu'est-ce que… D'accord, c'est comme ça que ça marche… murmura-t-elle pour ensuite se tourner vers Campbell. Qu'est-ce qu'il faut faire, ensuite ?
- Difficile à expliquer avec des mots… Essaie de visualiser ce que tu veux faire, où tu veux aller, comment. Si, en fait, dis-toi que tu regarde un film, quelque chose comme ça, et qu'il y a une scène avec le Jumper.
- Et ça va le faire ? Juste comme ça ? s'étonna-t-elle.
- A peu près. Et ne t'inquiète pas, il y a pas mal de sécurités, donc même si tu penses à un truc foireux par hasard, ça sera bloqué… Enfin, sauf si tu confirmes ou que tu enlèves les sécurités, mais on fera pas ça maintenant.
- Oui… pas maintenant, reconnut sa coéquipière. C'est comme ça que tu as fait quand on est arrivés à bord ?
- Voilà, j'ai dû lui répéter quelques fois que, oui, je voulais bien me balancer à pleine vitesse contre la paroi. Pire que Windows… Bon après, faut être sûr de savoir ce qu'on fait et vérifier rapidement avec les instruments qu'on s'en sort.
- Les instruments ? Où est-ce qu'ils sont, au fait ?
- Il suffit de demander.
- …
- Non, pas à moi ! Au vaisseau !
- Ah, d'accord… fit-elle, ne disant plus un mot pendant quelques secondes avant de continuer. Heu… Tom ?
- Oui ?
- Qu'est-ce qu'il y a comme instruments ?

Le pilote resta figé quelques secondes, la regardant d'un air effaré :
- Tu… tu n'as jamais vu de tableau de bord ?
- Non.
- Tu n'as jamais joué à un jeu d'avions, quand t'étais gosse ?
- Tom, là où j'ai grandie, on n'avait ni les moyens, ni le temps.
- Oh… Et les commandes de la frégate ? Tu y avais bien accès, non ?
- Si, mais je ne sais pas vraiment ce qu'ils font chacun. Je savais juste ce qu'il fallait savoir, quand je devais le savoir, c'est tout.
- Bon… alors, on va résumer de façon très, mais alors très brève. Et autant te dire que, dès qu'on sera rentrés, je vais te donner quelques cours un peu plus poussés. D'abord, la navigation. Tu veux d'abord connaître ta vitesse. Pour ça, faut demander… surprise, le cadran de vitesse. Note, si tu es sur une planète ou en orbite, ce sera la vitesse par rapport au sol, sinon par rapport à l'étoile la plus proche. Si tu veux un autre référentiel, il faut le demander.
- Euh… si tu le dis.
- Nan, vraiment, c'est important ! Quand on s'est tiré du croiseur, c'était plus utile de savoir si on s'éloignait de lui plutôt que de savoir qu'on allait ultra-vite par rapport à une étoile à une plombe d'ici. Ensuite, l'autre point important, c'est l'accélération. Surtout si tu veux rattraper quelqu'un ou éviter d'être rattrapé. Tu peux demander au Jumper de te dire par où aller dans ce genre de cas. Vachement utile si tu n'as pas envie de sortir une calculette et une règle pendant une demi-heure.
- D'accord… Ensuite ?
- Le scanner. Tu peux filtrer les contacts, garder juste les vaisseaux, ou bien les gros objets genre astéroïdes, planètes, tout ça. Après, tu as les armes. Si Atlantis a fait un peu de ravitaillement, on devrait avoir une poignée de drones. Bons engins… Tu choisis une cible, tu demandes à tirer. Ensuite, si tu veux, tu peux les contrôler en vol pour franchir les défenses, mais habituellement, ils font le boulot tout seul.
- Hé, je ne vais pas me lancer dans du combat aérien, là !
- Je te donne juste les bases, Shanti. Imagines un instant : t'en as besoin, tu sais pas t'en servir… T'aurais l'air conne, non ?
- … Bon point.
- Le dernier truc important, c'est toute l'autoprotection.
- Autoprotection ? répéta-t-elle.
- En gros, camouflage, brouillage des radars et suivi des dégâts. Si tu le lui demandes, le Jumper va te dire s'il est endommagé, où, tout ça.

Elle inspira, le visage trahissant son manque d'assurance face à la machine Ancienne :
- Juste une question, Tom… Il t'a fallu combien de temps pour apprendre tout ça ?
- Deux heures pour les bases, deux mois pour qu'on me laisse partir en mission aux commandes.
- Et tu veux que je pilote, là ?
- Je resterai en contact en permanence. Là, j'arrive à voir une partie de ce que le Jumper t'envoie, donc je te dirai ce qu'il faut corriger quand tu en auras besoin.
- Bon… je sens que je vais le regretter, mais… d'accord. Comment est-ce qu'on décolle ?
- Déjà, il faudrait penser à fermer l'accès arrière. J'ai déjà entendu parler d'histoires où le pilote essaie de partir avec un vaisseau en oubliant de fermer les écoutilles… y'en a pas une seule de bonne, crois-moi.
- Oh. Et qu'est-ce que je fais ? Je demande "fermer la porte" ?

Comme pour répondre à sa question, le véhicule obtempéra et l'épaisse porte arrière du vaisseau se redressa, isolant hermétiquement l'intérieur de l'extérieur.

- En gros, commenta Campbell, mais tu n'as pas besoin de le dire à haute voix. Dis-toi que t'es dans Star Trek avec les ordinateurs qui t'écoutent.
- Je ne suis pas trop fan de ça, tu sais… Pas ma génération
- … Bon, quand on sera rentrés, je ferai vraiment ton éducation. En attendant, il faut quitter le sol. Monte d'un ou deux mètres.
- Compris. On n'a pas envie de racler tout le hangar en partant, c'est ça ?
- Voilà, les rayures sur un Jumper neuf, c'est pas vraiment le bon truc si tu veux passer le brevet de pilote.
- Pas surprenant, concéda-t-elle alors que leur vaisseau se surélevait lentement par rapport à la surface immaculée du hangar.
- Excellent. Maintenant, on sort lentement. Essaie de rester en permanence à des accélérations de moins de dix g.
- Pourquoi ça ? Les compensateurs inertiels ?
- Non, ils peuvent prendre largement plus. Mais par contre, si tu accélères plus, tu vas te retrouver à des vitesses de dingue en un rien de temps. Après, tu vas juste te crasher avant de dire "ouf", alors il vaut mieux garder les grosses performances pour quand on est loin de tout. Encore que, avec les réflexes qu'elle nous a filés, on pourrait sûrement s'en sortir, mais je digresse… En plus, là, on va faire une rentrée en balistique.
- D'accord, donc quand est-ce que je coupe la propulsion ?
- Normalement, avant de rentrer dans l'atmosphère, mais essaie de voir si Atlantis n'a pas déjà préparé une trajectoire, ça m'étonnerait pas de sa part.

Quelques instants plus tard, un schéma de la planète s'afficha, près duquel brillait une courbe clignotante.

- Tu parles de ça ? lui demanda-t-elle.
- Voilà. Vois l'assistance au pilotage, elle devrait te dire où aller.
- C'est bon, répondit Shanti après quelques instants.
- Qu'est-ce que tu vois ?
- Tu ne l'as pas ?
- Non, mais ne t'inquiète pas, décris-moi juste ce qu'il y a.
- Heu, j'ai une sorte de flèche et une grosse ligne brillante. Il y a des carrés autour de la ligne… Je dois rester dans les carrés, c'est ça ?
- Voilà, t'as compris. La flèche te dit si tu vas trop vite ou pas assez vite.

Le paysage orbital se déplaça lentement sous les yeux du pilote, qui reconnut d'un œil expérimenté les soubresauts caractéristiques du contrôle exercé par la débutante près de lui. Finalement, la rotation s'interrompit et le vaisseau commença à accélérer.

- Tu es sûr de la trajectoire ? demanda-t-elle finalement.
- Comment ça ?
- On devrait pas aller directement sur place ?
- Je crois qu'Atlantis veut juste qu'on reste discrets, donc elle va nous faire perdre lentement de l'énergie et de l'altitude. A l'ancienne, sans activer tous les gadgets. Ensuite, dès qu'on sera assez bas, on pourra jouer avec les compensateurs pour se poser en douceur.

Elle eut un petit sourire amusé, et Campbell tourna la tête dans sa direction :
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien. Je me disais juste que tu parles beaucoup plus qu'avant, là.
- Bah, c'est un peu mon job, là. Je l'aurais pas fait si j'aimais pas piloter. Tu verras, quand tu auras pris le coup de main, tu pourras pas t'en passer.
- On verra, répondit Shanti alors que, dans un coin de son esprit, un indicateur lui signalait l'échauffement initial de la coque externe.



Plusieurs fois, Shanti avait commencé à reprendre les commandes, inquiétée par les données que lui transmettaient les senseurs du Jumper, mais à chaque fois la main du pilote s'était posée sur son épaule, l'interrompant dans son effort mental. Finalement, le vaisseau avait ralenti à une vitesse à peine supersonique, terminant son mouvement concentrique autour de la planète et perçant au travers des nuages aux formes étranges qui parcouraient l'atmosphère toxique.

Elle vit qu'une seconde couche les séparait encore du sol tandis que la lumière environnante chutait rapidement, une projection cartographique lui indiquant que la nuit était tombée sur leur destination, et la voix du pilote vint percer le silence :
- Bon, on y est presque. Dès qu'on sera en-dessous de la crasse, tu devrais pouvoir commencer à ralentir. Finement, il faut juste compenser la gravité, pas grand-chose de plus.
- D'accord, acquiesça-t-elle en se concentrant à nouveau sur les commandes.

Plus proche que jamais de son véhicule, la jeune femme sentit la consistance épaisse des nuages, dont la composition trahissait la nature étrangère des gaz qui les constituaient. Retenant un frisson, Shanti s'efforça d'appliquer une force minimale pour ralentir le Jumper au fur et à mesure qu'il traversait la couche basse des nuages pour émerger en-dessous. Lorsqu'ils furent finalement dégagés, elle laissa son regard se poser sur la scène que lui offrait le cockpit.

La nuit était presqu'entièrement tombée sur cette planète apparemment vierge, où aucune autre lumière que celle des étoiles et de la réverbération du jour sur les nuages ne venait éclairer le sol. Sans savoir pourquoi, elle se sentit comme ramenée sur Terre, dans les photos des zones les plus désolées de sa planète natale. Au loin, certaines masses sombres, qu'elle supposa être les forêts recherchées, occupaient une partie du relief, tandis qu'une étendue plus sombre constituait la majorité du décor. Sans savoir pourquoi, elle ne put retirer son attention, le regard fixé sur ces zones. A chaque instant, la jeune femme ressentait un malaise croissant dont elle ne pouvait s'expliquer l'origine, qui pourtant la forçait à observé toujours plus en détail tandis que son esprit remarquait toujours plus de détails.

Les masses bougeaient, mais de façon anormale. Il lui était brièvement venu à l'esprit qu'elles grouillaient avant de se corriger elle-même. Le déplacement lui faisait penser à celui des immenses étendues d'herbe accompagnant le vent sans quitter leurs collines et plaines, mais avec quelque chose de plus qui la mettait mal à l'aise. Le mouvement était reconnaissable, mais pas naturel, et son instinct lui hurlait la présence d'un danger qui ne disait pas son nom. Son esprit conscient avait beau savoir qu'elle était dans une galaxie différente et qu'il était peine perdue d'y rechercher une copie exacte de la Terre, mais elle ne parvenait tout de même pas à se calmer complètement.

Tandis qu'elle procédait aux manœuvres finales pour se poser à l'endroit indiqué par l'I.A., elle sentit son coéquipier chanceler un instant derrière elle, ce qui n'alla pas pour calmer son malaise grandissant.



Le pilote revint à lui pour voir que le Jumper continuait son atterrissage, descendant avec lenteur sur le sol sombre. Il vit la jeune femme tendue, se préparant instinctivement à amortir le choc du contact et se retourna lui-même, se rapprochant de la porte de sortie :
- Atlantis, vous êtes vraiment sûre qu'on aura pas de problème pour respirer ? demanda-t-il, la voix à présent hésitante.
- Je vous l'ai déjà dit, répondit la voix de l'I.A. par l'un des haut-parleurs du bord.
- Je sais, je sais, mais bon, ça me fait quand même un peu flipper.
- Dois-je vous rappeler que vous n'avez pas eu de problème quand je vous ai "déposé" lors de votre prise de contact avec le docteur Jackson ?
- Ouais, mais on n'avait pas eu le choix, répliqua-t-il. Vous nous avez pas laissé le temps de piger ce qui se passait. Pas comme maintenant.
- S'il s'agit du seul problème… commenta Atlantis.

L'instant d'après, le pilote sentit un courant d'air frapper son visage et se figea.

- Je viens de ventiler l'atmosphère interne de votre véhicule, indiqua la voix de l'Entité. Vous êtes à présent en train de respirer sans dommage quelconque celle de la planète.
- Vous en avez pas marre ? soupira-t-il avant de se rendre compte que Shanti avait quitté le siège du pilote pour le rejoindre. Dis-lui, toi.

Elle haussa des épaules :
- Tu crois qu'elle m'écoutera plus que toi ?
- Ouais, pas faux…
- Qu'est-ce qu'on doit faire exactement ? demanda-t-elle.
- Il y a plusieurs ensembles de senseurs biologiques présents aux alentours, fit Atlantis. Il vous suffira de vous en approcher pour rassembler des informations quant à l'activité récente et les éventuels voyageurs passés dessus ou à proximité. Ensuite, un simple prélèvement de matière vivante sur quelques spécimens différents me permettra d'analyser l'étendue et les effets des mutations.
- D'acc… attendez une seconde. Vous n'aviez pas dit que le déploiement était fait par les Portes ?
- Si, lieutenant Bhosle. Et l'étape suivante sera de se rendre directement vers l'une d'entre elles afin de mettre à jour nos connaissances sur le réseau de Portes présent dans cette galaxie. Selon les résultats, il pourrait être plus intéressant d'utiliser celui-ci pour débuter votre insertion que de continuer avec la frégate.
- Ca ne risque pas de poser problème pour les comm' ? demanda le pilote. Si on se barre un peu trop loin, vous allez devoir émettre comme une dingue pour rester en contact. Pas très bon pour l'aspect "furtif" de ce job, si ?
- Il est évident, lieutenant Campbell, que si vous avez à utiliser la Porte pour vous déplacer, je vous suivrai à distance de façon à éviter ce type de problème. A présent, je vous suggère de commencer, conclut-elle en faisant s'ouvrir la porte d'accès devant eux.

Le paysage qui s'offrit à eux était plongé dans l'obscurité nocturne en-dehors du cône de lumière projeté par l'intérieur du Jumper. Shanti fit le premier pas, marchant avec hésitation sur le lit végétal qui recouvrait l'ensemble du terrain visible. Celui-ci, d'une couleur jaunâtre, présentait une texture comme caoutchouteuse qui continuait de mettre la jeune femme mal à l'aise, tandis qu'elle avait à chaque instant la certitude plus forte d'avoir oublié quelque chose.

Quelques instants plus tard, elle leva les yeux au ciel et commença à observer le ciel, tout en s'écartant de la zone vivement éclairée. Plongée dans l'obscurité, elle laissa ses yeux s'habituer à celle-ci, appréciant pour une fois les modifications qu'elle avait subies et qui accélérèrent vivement la transition, tout en lui offrant des informations supplémentaires sur son environnement.

La terrienne s'appuya alors avec lenteur sur la coque métallique et froide du vaisseau, se perdant dans l'immensité qui s'offrait à elle, sans interférence quelconque de la part de son coéquipier ou de l'I.A. Elle chercha à imaginer les constellations que pouvaient former les étoiles étrangères qu'elle savait être la première humaine à observer d'aussi près.

Après un moment, elle ferma les yeux un instant puis se redressa, murmurant un acquiescement à Campbell. Celui-ci répondit tout aussi bas, et elle n'eut aucun mal à l'entendre dans le silence presqu'absolu qui régnait autour d'eux.

Ils se mirent alors en route, avançant avec prudence dans ce qui leur semblait être l'équivalent local d'une pleine herbeuse et, rapidement, la jeune femme fut reprise par la tension que la planète lui faisait ressentir depuis leur arrivée. Sans savoir pourquoi, elle se voyait courir, fuir, poursuivie par un adversaire invisible et implacable, alors même que rien ne bougeait autour d'elle.
- Fais attention, murmura-t-elle à son coéquipier.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Je ne sais pas… Une impression de… déjà-vu. J'arrive pas à être sûre.
- T'inquiète, je fais gaffe.

Elle acquiesça silencieusement, puis avança de nouveau vers le couvert végétal qui occupait une partie du paysage. Les arbres devant elle avaient pris une couleur semblable au reste de la flore recouvrant le sol, mais gardaient, autant qu'elle pouvait le voir, une apparence extérieure sensiblement identique à ceux présents sur Terre et de nombreuses autres planètes.

L'agencement-même de la forêt venait contraster avec sa première idée. Elle avait l'impression de voir un semblant de logique dans la position des arbres, sans pour autant parvenir à l'identifier précisément. Sentant son malaise augmenter, la jeune femme se rendait compte qu'elle perdait à chaque instant un peu plus son mince contrôle sur la situation.

- C'est pas normal… Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? laissa-t-elle filer dans le lien silencieux qu'elle partageait avec son coéquipier.
- On se rapproche, on prend ce qu'il faut et on se tire d'ici, répondit celui-ci de la même façon. Je suis d'accord avec toi, j'ai un très sale pressentiment… Je ne serais pas étonné qu'Hagalaz nous surveille en ce moment-même.
- Parle pas de malheur, Tom…

A pas de loup, armes en main, les deux membres de l'équipe avancèrent vers la ligne d'arbres marquant l'entrée de la forêt.

- Je commence à recevoir des données génétiques sur les spécimens, fit la voix d'Atlantis. Continuez de vous approcher, cela facilitera mon analyse.
- On avance, on avance, grommela en silence le pilote.

A une dizaine de mètres à peine de leur objectif, le duo se figea sur ses pas.


Le paysage n'avait pas changé, certaines anomalies venant et partant, mais aucune d'entre elles ne restant plus de quelques instants ou ne prenant contact. Ils vivaient, et c'était plus que suffisant. Pas de but, pas d'ambition si ce n'est s'étendre. Même là, cette dynamique n'avait que pour seul but de rendre plus sûre la survie. Des accidents se produisaient, hasards favorisant ou défavorisant des éléments du groupe, mais au final, rien n'influençait durablement l'ensemble.

Jusqu'à ce jour-là.

Pour la première fois, ce qui lui servait de mémoire, et qui était davantage une reconstitution partielle des faits, avait changé d'échelle de temps. Là où la saison était alors l'unité la plus courte, l'instant élémentaire, les évènements s'étaient enchaînés avec une violence sans équivalent, les individus s'évanouissant les uns après les autres. Ils ne criaient pas, souffraient peut-être, mais n'avaient alors aucun moyen de l'exprimer. Ils n'existaient que pour vivre, et, sans explication, cessaient d'être.

Ils n'avaient compris que bien plus tard que seule une combinaison d'un climat hostile et de l'absence de faune autour d'eux leur avait permis de survivre aussi longtemps. Ils avaient été parmi les derniers à être touchés.

Mais même alors, ils n'avaient conscience de rien, pas même du danger imminent auxquels ils étaient confrontés brutalement, pour une raison qui leur aurait de toute façon été impossible à appréhender.

Les premiers souvenirs véritables, bribes sans nom qui n'avaient eu de sens que grâce à Ses explications, avaient marqué leur éveil. Un éveil qui, paradoxalement, s'était associé à une nouvelle phase de sommeil. Les évènements s'étaient estompés et l'ordre naturel des choses était revenu, avec l'évolution lente d'un environnement à nouveau au repos. Le premier instant avait été isolé, mais ce n'avait été rendu possible que par les contacts et les échanges. Leur propre conscience, elle, avait pris plusieurs générations pour devenir ce qu'elle était désormais.

L'éveil avait été un changement progressif, continu, sans instant particulier à partir duquel ils avaient pu se rendre compte de leur propre conscience. Comme avant, ils étaient, et la conscience était juste l'ordre naturel des choses, conclusion inéluctable de prémisses sans importance.

Jusqu'au jour où les choses changèrent à nouveau.

Le sol avait tremblé, et quelque chose avait changé dans l'atmosphère autour d'eux. Les souvenirs de cet instant étaient très clairs, rafraichis en permanence dans l'esprit de ceux à qui un but avait été donné ce jour-là. Une entité était alors venue, étrangère à tout ce qu'ils avaient connu et lentement observé. Tant dans la façon dont elle se déplaçait que dans ses interactions avec son environnement, elle était inconnue, surprenante.

Intéressante.

Il y avait, pour la première fois depuis leur prise de conscience, un évènement à observer. Leurs esprits, habitués à travailler sur des échelles de temps fondamentalement différentes, durent s'adapter péniblement à l'incroyable vitesse à laquelle les nouveaux éléments s'empilaient. La chose, ils le comprirent ensuite, sut se montrer patiente, les laissant prendre un rythme plus adapté avant de faire les derniers pas dans leur direction. Et elle prit contact avec eux.

Dans ce qui était pour eux une révolution, un changement instantané de tout ce qu'ils avaient considéré, un être conscient, fondamentalement différent d'eux-mêmes, s'était manifesté et avait commencé à communiquer avec eux. Leurs réponses furent hésitantes, mal préparées, ignorantes, mais l'être en face les guida, leur en appris incidemment plus sur eux-mêmes en quelques instants que des saisons entières de conscience isolée. La conversation n'avait pas même commencé qu'ils étaient déjà endettés envers cette chose qui était venue leur parler.

Ce premier contact était omniprésent dans leur existence, ayant créé quelque chose de neuf dans leur esprit, semé un germe qui avait poussé au fil des siècles suivants pour leur permettre de devenir ce qu'ils étaient à présent. L'être leur avait transmis un récit, si imagé, si clair et si terrible qu'il avait marqué leur conscience de façon irréversible. Les concepts nouveaux s'étaient entrechoqués dans cette narration venue d'un autre monde, guerres, génocides, religions, Entités, astres, Portes… devenant autant de briques de leur esprit, de leur conscience, alors que leur étaient expliqués les évènements qui avaient abouti à leur conscience.

Ils étaient, mais cela n'avait pas été une chose naturelle. Ils auraient dû s'évanouir, disparaitre comme tant d'autres espèces, dans ce cataclysme qui avait touché plus de monde qu'il n'y avait d'individus dans leur être. Les échelles de taille utilisées perdaient tout sens logique pour ceux qui représentaient l'extrême du sédentarisme et qui n'avaient qu'une vague idée du concept de déplacement, de migration. Cet être, ou ceux qu'il représentait, les avait guéri, et ce faisant, leur avait donné la raison.

Il leur avait alors proposé un accord, entre être doués de conscience. Il les aiderait à survivre, à se mettre à l'abri en multipliant leurs implantations, leurs lieux de vie, et eux feraient ce qu'ils ont toujours fait : observer leur environnement. Il leur avait promis que lui et d'autres reviendraient, échangeraient à nouveau, leur feraient découvrir d'autres lieux, d'autres temps, d'autres êtres. Il leur avait promis tout ce qu'ils avaient toujours pu vouloir sans jamais savoir le désirer.

Leur décision était, même maintenant, la plus rapide à laquelle ils avaient pu parvenir.

Par son intermédiaire, ils savaient à présent que leur descendance coloniserait d'innombrables mondes, verrait l'inimaginable. Chose nouvelle, ils seraient séparés, et ce nouveau concept était attendu avec un mélange d'impatience et d'appréhension.

Au fil des saisons, un être, semblable au premier mais toujours différent, venait leur rendre visite, et ils échangeaient des récits préparés par tous. Ils ne vivaient désormais plus que pour perfectionner le récit qu'ils partageraient avec tous les autres. L'être arriverait et leur conterait ce que les autres avaient vécu, avaient vu, avaient ressenti. Eux-mêmes transmettraient ce qu'ils avaient été, mettant tout ce qu'ils étaient dans leur propre Histoire, qui serait répétée sur tous les autres mondes. Chaque évènement, chaque détail, était explicité avec toute la précision et la beauté que pouvaient offrir l'ensemble de leurs sens, et nul ne perdrait quoi que ce soit.

Cette séparation était à présent ce qui les définissait. Tous vivaient par procuration ce que les autres ressentaient, et anticipaient les brefs contacts pour faire vivre les autres. Ils étaient heureux.

Puis Elle arriva.

Son arrivée fut une source d'excitation pour tous, augurant d'un récit plus exceptionnel que tous les autres, ne perdant pas un seul instant pour tisser la narration qui raconterait l'apparition de cette forme étrange, opposée à toutes les lois de la Nature, venue du ciel. Cette simple origine les avait plongés dans un état d'anticipation qu'ils n'avaient jamais connu avant. Le dernier contact qu'ils avaient eu avec un être venu d'ailleurs avait changé –pour le meilleur– toutes leurs perspectives, accomplissant en quelques instants ce qui avait jusqu'alors été un objectif abstrait de survie.

Leur émerveillement n'avait fait que s'accroître lorsque, de la forme à l'élégance étrange, était sortie un autre être, qu'ils reconnurent comme tel. Son apparence était différente de tout ce qu'ils avaient pu rencontrer, mais présentait un aspect qui les mettait étrangement à l'aise. Avec une délectation qu'ils ne savaient jusqu'alors pas pouvoir ressentir, ils observèrent la créature agir d'une façon incompréhensible. Ils ressentirent même, à certains instants, la crainte de voir tellement de choses qu'ils en seraient incapables de préparer en temps voulu l'élégant récit que méritait ce qui se passait à portée de leurs sens.

A leur grande déception, le nouvel être repartit, mettant fin à la plus grande source d'inspiration qu'ils avaient eu la joie d'accueillir chez eux. Les moments suivants furent entièrement consacrés au tissage d'une histoire qui, sans nul doute, saurait être appréciée par tous, et seuls quelques-uns de leurs sens restèrent en alerte pour surveiller les alentours. Ainsi, ils ne virent pas la chose revenir et, cette fois-ci, s'approcher d'eux.

Pour la seconde fois dans la longue existence de leur communauté, ils entrèrent en contact avec une autre forme de conscience.

Tous les travaux sur le récit s'interrompirent dans l'instant, les esprits se focalisant sur le nouvel arrivant, pour qui ils ressentaient sans savoir pourquoi une confiance absolue, comme s'il s'agissait de l'un des leurs, voire plus encore. Ils Lui racontèrent leur histoire, et ils virent qu'Elle fut touchée. En remerciement, Elle leur offrit son propre récit, avant de leur demander de ne pas le transmettre aux autres. Ils ne comprirent pas, mais obtempérèrent, découvrant par là-même le secret. Ils étaient partagés, voulant d'un côté partager le plus grand récit jamais reçu par une de leurs communautés et de l'autre pris de la fierté d'avoir été choisis par Elle pour conserver Son histoire.

Lui faisant part de leur dilemme, Elle leur transmit un autre récit, moins complète, en leur permettant de le raconter le moment venu, et ils furent satisfaits. A leur grande surprise, Elle resta sur place, créant des structures aux formes et aux fonctions inconnues, leur rappelant les témoignages les plus originaux qu'avaient partagés les communautés auprès desquelles vivaient d'autres êtres conscients. Ils observèrent, comme à leur habitude, tissant des récits qui sans nul doute captiveraient leur public pour les siècles à venir.

Lorsque vint le jour du contact, ils racontèrent l'histoire qu'Elle leur avait confiée, recevant en échange les récits du reste de leur immense communauté, et pour la première fois, ils virent leur partenaire être décontenancé par ce qu'ils avaient à lui dire. Ils ne s'en étonnèrent pas, sachant qu'il s'agissait là du plus grand évènement depuis leur propre rencontre.

Rapidement après le départ, d'autres êtres revinrent, cette fois plus nombreux, et se rendirent vers Elle. De leur côté, ils observèrent la rencontre qui prenait place entre leurs amis, sans savoir quelles histoires ceux-ci s'échangèrent. Puis, sans préavis, les autres partirent, sans même prendre contact avec eux et La laissant derrière eux.

Elle vint les voir, et Elle présenta ses excuses, affirmant regretter ce qui venait d'arriver, et ils ne comprirent pas. Grâce à Elle, ils avaient les plus beaux récits que leur longue vie leur avait offerts, ils se comprenaient encore mieux que jamais avant, et leur histoire serait donnée à tous. Ce qu'ils avaient eu serait transmis, serait partagé, et tous en sortiraient grandis.

C'est alors qu'Elle leur expliqua ce qui était arrivé.

Jamais leurs récits ne sortiraient plus de leur propre conscience.

Les autres ne reviendraient plus, et nul n'échangerait à nouveau de récit avec leur communauté.

Ils étaient brisés, ne sachant pas s'ils devaient croire Celle en qui ils avaient une confiance absolue ou bien se rattacher à l'espoir qu'Elle puisse se tromper.

Lorsque la date du contact suivant fut dépassée et que nul ne revint partager avec eux les récits des autres, ils se rendirent à l'évidence, et connurent pour la première fois le désespoir et la peine. Leur isolement, avant intervalle entre retrouvailles heureuses, était maintenant absolu. Ils avaient tout à raconter, alors qu'Elle passait de longs moments avec eux pour leur raconter Son histoire et celle des autres, et devaient maintenant se priver du bonheur de raconter à leur tour ces étranges récits où Elle naviguait entre les astres, avait vu l'indescriptible et côtoyé le plus beau comme le plus terrifiant.

Triste, Elle partagea autant que possible avec eux, avant de se retirer une dernière fois. Là, Elle se rendit vers l'une des étranges structures qui avaient été érigées, et y rentra sans en ressortir. Ils étaient à présent seuls.

Rien n'avait fondamentalement changé par rapport à leur situation antérieure au premier contact, mais ils étaient inconsolables. Partout ailleurs, autour d'eux, les autres communautés vivaient, ressentaient et partageaient leurs émotions. Sauf eux. Restreints à un champ de conscience bien trop mince pour qui avait connu par procuration la vie sur d'innombrables mondes, ils se mirent à dépérir lentement. Ils n'avaient plus de raison d'exister, de prospérer, alors qu'ils savaient que les autres communautés continueraient à être, quoi qu'il arrive. Si eux-mêmes ne survivaient pas, cela n'aurait aucune importance, puisqu'ils ne partageaient plus leurs récits. Pendant quelques brefs instants, ils ressentirent une forme d'espoir lorsque leur environnement changea brusquement. Mais ce ne fut que pour remplacer sans préavis les derniers vestiges de Sa présence par une autre structure, réduisant à leurs propres souvenirs ce qu'Elle avait été.

Là où ils avaient occupé toutes les terres visibles, ils s'étaient lentement repliés sur eux-mêmes et allaient disparaitre en quelques générations.

Jusqu'au jour où ils sont arrivés.

Une nouvelle machine, similaire à celle dans laquelle Elle était arrivée, était apparue. Aussitôt, tous se réveillèrent de leur songe, surveillant avec toute l'attention possible cette chose. Ils patientèrent alors que rien ne changeait, que rien n'en sortait.

Puis, au final, une forme en émergea. Dénuée de toute la grâce qu'Elle avait, entièrement différente, elle évolua lentement, péniblement, avant de se diriger vers ce que les autres avaient mis à la place des vestiges qu'Elle avait laissé derrière Elle.

Ils sentirent l'atmosphère changer, et comprirent que les autres étaient revenus. En quelques instants, tout fut terminé, et les nouveaux arrivants avaient disparus avec eux, avant même d'avoir pu échanger le moindre récit, brisant leur seule pointe d'espoir depuis Son arrivée. Tentant de replonger dans le sommeil, ils furent interrompus par le retour de la machine. Leurs sens leurs disaient qu'il s'agissait de la même, et leur intérêt fut soulevé, mais sans espoir, lorsque, à leur effarement, de nouveaux êtres, d'apparence semblable à Elle, en sortirent. Ils se rapprochèrent de la communauté mourante, et celle-ci leur raconta son histoire.


S'il vous plait, partagez avec nous votre récit. Nous attendons depuis trop longtemps.





En quelques dizaines de minutes, le groupe mené par Jackson s'était suffisamment éloigné de la Porte pour rester hors de vue de tout éventuel arrivant et civils comme militaires s'arrêtèrent à nouveau :
- Bon, on fait le point, dit l'archéologue. Les mercenaires vont nous poursuivre, c'est une chose de sûre.
- En même temps, vu ce qu'ils ont fait dans le terminal, acquiesça Hansen, je ne crois pas qu'ils voudront rester longtemps sur Hébrida.
- On est d'accord, continua Jackson. En plus, ils ont l'air bien renseignés, donc ils ne vont pas perdre de temps, et aller droit vers les ruines. Il faut se presser. Vu ce qu'ils savent déjà, ça ne m'étonnerait pas qu'ils aillent directement vers les ruines pour nous rattraper.
- Juste une question, monsieur, fit la cadette de l'équipe SG les accompagnant. Avec tout ce qui s'est passé, est-ce qu'on sait par où on doit aller ? Parce que je n'ai pas vu de carte de la zone, au briefing.
- Oui, notre source nous a indiqué l'emplacement du site. Ce n'est pas ça le problème…
- La planète est sous protectorat hébridan, compléta Anna. Donc il y a des autorités. Et on était venus pour négocier le droit d'étudier ces ruines.
- Oh, fit la jeune femme. On risque d'avoir des ennuis…
- Oui, confirma Jackson avec un rictus crispé. Sans compter qu'on doit aussi se débrouiller pour capturer ces mercenaires, avec au mieux des renforts tout droit venus du SGC. Sur une planète qui va sûrement devenir hostile très rapidement. Ca veut dire qu'on ne pourra pas aller directement se poser sur place… D'abord, on se rapproche du site, puis on reste à bonne distance pour observer ce qui se passe, voir qui nous suit et quels moyens ils ont. En même temps, il y aura probablement du personnel corporatif dans les parages. S'ils sont en contact avec Hébrida, ils pourraient être au courant de ce qui s'est passé, mais autrement, on devrait pouvoir les mettre de notre côté.
- A voir s'ils seront utiles, souligna Hansen.
- Aussi. Je n'ai pas vraiment envie d'impliquer des universitaires inexpérimentés dans ce genre de situation, mais s'il y a un contingent de sécurité correct, on devrait pouvoir l'intégrer au plan. Dès qu'on en aura un.
- Il faudra penser à couper leurs communications, fit l'officier.
- Oui, admit l'archéologue. Si on peut trouver leurs systèmes de réception interstellaires, ça devrait nous donner beaucoup plus de temps.
- Mais ça ne les empêchera pas d'envoyer quelqu'un par la Porte, remarqua la cadette du groupe.
- Non, lieutenant, répondit Hansen. Si ces mercenaires nous ont suivis d'une façon ou d'une autre, ils vont forcément s'arranger pour bloquer l'accès, soit depuis Hébrida, soit ici-même.
Il se tourna brusquement vers Jackson :
- Au fait, qu'est-ce qui se passe s'ils bloquent la Porte de notre côté ?
- On devra probablement la récupérer à nouveau, ou bien le SGC enverra un vaisseau. Je préférerais qu'ils bloquent la Porte d'Hébrida, personnellement, mais je n'ai pas trop d'espoir…
- On est à quelle distance, environ ? lui demanda Hansen.
- Deux bonnes heures de marche. Normalement, on aurait dû contacter le groupe de chercheurs et ils nous auraient envoyé un véhicule.
- D'accord. De toute façon, on se rapproche du site en douce. Enfin… on va essayer, rajouta le capitaine en voyant la lisière des arbres. C'est là-dedans qu'il faut aller, docteur ?
- Oui. Et, je sais, capitaine, ça ne va vraiment pas nous faciliter la vie pour avancer discrètement.

Le groupe s'arrêta un instant pour capturer du regard l'immensité du paysage désolé qui s'offrait à eux. Devant les cinq personnes s'étendaient sur des kilomètres des rochers mis à nu par l'érosion et parcourus de multiples gorges et canyons.

- Normalement, poursuivit l'archéologue, l'endroit est assez près, à quelques kilomètres d'ici et au bord de cette structure. Attendez une seconde…
Il posa son sac au sol et fouilla quelques instants dans l'une des poches latérales pour en sortir une carte qu'il déplia devant le reste du groupe. Chacun put alors voir une photo aérienne de la région sur laquelle avaient été rajoutées plusieurs inscriptions manuscrites.
- La Porte est ici, fit-il en indiquant l'une des marques avant d'expliquer les autres. Les ruines qui nous intéressent sont là et, vu le paysage, on devrait être… ah, voilà ! Ici.
- D'accord… fit Hansen. Donc on prend la gorge à gauche du pic et on la suit jusqu'à cette vallée, c'est ça ?
- Oui, confirma Jackson avant de se tourner vers les autres. Lieutenant Choukri, vous prenez l'arrière-garde. Effacez autant de traces que possible de notre passage. Avec un peu de chance, ceux derrière nous n'ont pas de carte ou ne savent pas exactement où on va. Si on peut gagner quelques heures, ça nous laissera le temps de nous organiser un peu mieux.
- A vos ordres, monsieur, répondit-elle.
- Allez, on avance ! annonça le capitaine après quelques secondes de silence.


Finalement entrés dans le dédale de failles qui formaient le terrain local, les membres du groupe commencèrent à soupirer de soulagement, un semblant de sécurité étant revenu à leurs yeux. Anna se rapprocha alors de l'archéologue :
- A votre avis, est-ce qu'on va vraiment trouver quelque chose là-bas ?
- Je dirais que oui, répondit-il. Soit ce que ces mercenaires veulent cacher, soit ce… qu'elle a suggéré. Et dites-vous qu'elle sait aussi qu'on doit aller là-bas, donc si elle veut reprendre contact avec nous, c'est le meilleur endroit.
- Bien sûr… admit-elle, le regard plongé dans le lointain.
- Je vais le regretter, mais j'aimerais presque que Vala soit dans le coin.
- Qui ?
- Vala Mal'Doran, expliqua-t-il. Une… excellente amie à moi, qui a l'habitude de ces situations. Pas la plus diplomate qui soit, mais elle a toujours une idée pour survivre aux problèmes.
Anna acquiesça, discrète, puis reporta son attention sur Urth. Elle n'arrivait pas à s'ôter de la tête leur confrontation récente et tentait désormais de lire une quelconque émotion sur le visage de l'Ascendante.

A sa grande surprise, la scientifique avait l'impression d'y parvenir, devinant un imperceptible changement dans le regard, la posture et la démarche de celle qui, une dizaine de minutes plus tôt, l'avait terrorisée au plus profond de son être. Les apparences restaient les mêmes, mais au-delà, le charme était brisé, et en lieu et place d'un être dont chaque mouvement était calculé dans une perfection rôdée par une différence fondamentale de niveau de conscience, Anna voyait quelqu'un qui s'efforçait de maintenir une illusion. A aucun moment elle ne remettait en cause le talent et la compétence derrière cet effort, mais, pour la première fois depuis sa rencontre avec l'Ascendante, elle était persuadée de voir des choses que celle-ci n'avait pas spécifiquement décidé de lui montrer à elle en cette instant précis.

La civile ne put s'empêcher de se demander si, honnêtement, elle ne devrait pas être encore plus inquiète d'apprendre que l'entité aux pouvoirs quasi-divins lui semblait être troublée par quelque chose. Suffisamment troublée pour qu'elle puisse le voir. En supposant bien sûr qu'il ne s'agissait pas encore d'un énième jeu de la part de Urth, ce dont elle ne pouvait pas être sûre.


- Allez, on avance ! cria Johnson au reste de sa troupe tandis qu'ils s'organisaient près de la Porte au vortex à peine coupé.
Une boussole dans une main et un pad dans l'autre, il indiqua la direction des ruines vers lesquelles, aux dires de ses supérieurs hiérarchiques –tant officiels qu'officieux, iraient l'archéologue et son groupe.
- Ils ont de l'avance sur nous, alors on traine pas !

La petite troupe de mercenaires avançait à un pas soutenu, ne prêtant aucune attention aux questions de discrétion alors que le meneur vérifiait périodiquement sa position sur la carte :
- On passe par là, dit-il en indiquant l'une des multiples crevasses qui déchiraient le groupe de plateaux.
Son second acquiesça avant de se reprendre :
- Heu, attendez. Ce n'est pas un cul-de-sac ? fit-il en désignant l'écran où était affiché un cliché de la région avant de pointer l'un des ravins voisins de celui indiqué. On devrait plutôt passer par ici, non ?
- C'est un raccourci, indiqua Johnson. Il y a un tunnel qui passe par en-dessous. Pas d'obstacle, pas de flotte, juste un gros couloir en caillasse. Ca devrait nous donner un peu d'avance si les autres ne le connaissent pas.
- Et on en est sûr ?
- De quoi ? Que Jackson n'est pas au courant ou bien que le raccourci est bon ?
- … Les deux, fit son lieutenant après une hésitation.
- La carte remonte à hier à peine, donc ouais, on devrait être tranquilles.
- Hier ?
- A ton avis, un ponte genre Jackson se ramène juste avant le début d'une foutue guerre pour faire des "fouilles archéologiques", tu crois que les proprios du terrain ont pas envoyé en douce la moitié de leurs gusses faire une reco à toute vitesse ?
- Oui, bien sûr. Voir ce qu'il y a… Mais… s'ils ont pu mapper toute la zone aussi vite, ils doivent avoir…
- Des foutus gros moyens, ouais. D'où l'intérêt d'arriver fissa sur place. Avant Jackson, de préférence.
- Une seconde… Jackson va leur dire qu'on a abattu les autres dans le Terminal, qu'on a descendu sa navette…
- Ouais, et comment il le prouve ? Y'a plus de comm' FTL sur Hébrida pour un bon moment et on a bien bloqué la Porte. Suffit de bien jouer tout ça, et on va s'en tirer nickel. Mais pour ça, faut qu'on accélère ! conclut-il en haussant le ton à l'adresse du reste de ses subordonnés.


Quelques kilomètres plus loin, Anna regardait l'archéologue discuter de façon animée avec le capitaine Hansen sur les différentes options qui s'ouvriraient une fois les ruines atteintes tandis que, derrière eux, la jeune militaire brouillait autant que possible les pistes. La scientifique ralentit alors le pas pour se mettre au niveau de l'Ascendante :
- … Désolée, dit-elle à voix basse.
- Pour quoi ? répondit Urth d'un ton étonné qu'Anna ne sut pas comment interpréter.
- Et bien, pour ce qui s'est passé dans le Terminal. Vous avez raison, j'ai un peu oublié ce que vous étiez.
- Ah non, ça va pas commencer… soupira-t-elle en levant les yeux au ciel.
- De quoi ?
- A chaque fois que je fais les gros yeux, bam ! ça ne manque jamais ! Bien sûr que je ne vais pas me la jouer déesse colérique, vengeresse et furieuse, qu'est-ce que tu crois ?
- Heu, si ce n'est pas le cas, ça y ressemblait bien, il y a une heure…
- Oui, bon, tu étais en train de partir dans toutes les directions, j'ai juste attiré ton attention sur autre chose, c'est tout. Franchement, tu crois que ce serait mon genre de t'envoyer une ou deux pluies de calamités ?
- …
- Merci, on sent la confiance… commenta-t-elle en plissant les yeux vers la scientifique.

Anna, de son côté, ne cherchait pas à faire passer un quelconque sarcasme par son silence mais était bel et bien incapable de savoir quoi répondre à ces brusques changements de signaux que lui envoyaient l'Ascendante. En revanche, elle ne put s'empêcher de regarder autour d'elle pour voir si quelqu'un avait entendu les paroles de celle qui avait pris apparence humaine.

- T'occupe, ils ne nous entendent pas, reprit celle-ci. Enfin… écoute. C'est vrai, c'était pas particulièrement bien, ce qui est arrivé aux gardes, mais qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? Réponds honnêtement.
- Vous. Avez. Fait. L'Ascension, répondit-elle entre ses dents. Vous deviez bien pouvoir faire quelque chose.
- Et tu crois que les Autres m'auraient laissé faire ? Je te l'ai déjà dit, Anna, j'ai les mains liées. La règle de base, c'est pas d'action ouverte.
- Je croyais que vous n'aviez pas à me donner d'explication, s'étonna-t-elle.
- Et je n'en ai toujours pas à te donner, confirma Urth avant de hausser les épaules. Et alors ? Ca ne m'empêche pas de te raconter un ou deux trucs si je veux, que je sache.
- Si vous voulez… De toute façon, c'est vous qui avez le dernier mot.
- Plus ou moins, concéda-t-elle. Enfin, pour revenir aux choses sérieuses, il y aurait eu tous ces morts que je sois là ou pas.

Anna leva un sourcil, dubitative.

- Bon, c'est vrai, toi et le docteur Jackson auriez aussi pu vous faire tuer, le plan d'Atlantis échouer lamentablement et la Voie Lactée être condamnée à brève échéance. Mais on est d'accord, ça ne te conviendrait pas, hein ?
- Vous n'exagérez pas un peu, là ? demanda la scientifique.
- A peine, à peine. Bien sûr, ceux qu'Atlantis vous a présentés pourraient revenir à temps pour rattraper la casse, mais… nan, j'y crois pas trop. Pas la pression ?
- A peine… J'ai au moins le droit de savoir ce qu'on est censés arrêter comme menace ?
- Non.
- Toujours pas, donc. De quoi est-ce qu'on peut vous parler, alors ?
- Ca dépend. Tu discutes bien avec les autres de temps en temps, non ?
- Oui…
- Et bien voilà ! Parlons !
- Non, mais… non.
- Quoi ?
- Attendez, vous êtes une Ascendante qui s'amuse à faire empirer la situation dans laquelle m'a mise une I.A. un peu dingue tout en démolissant ma carrière. Le tout avec le poids de la galaxie sur mes épaules ! Et vous voulez qu'on discute de tout et n'importe quoi ? Vous ne voyez pas le problème, là ?
- Je propose, je propose…
- C'est pas très facile de parler de la pluie et du beau temps quand vous pouvez littéralement me faire tomber des éclairs dessus…
- Hé ! Je le fais pas si souvent que ça…
- Non, désolée, mais soit on parle "travail", soit la conversation va rapidement prendre une tournure surréaliste, et je ne crois pas encore être prête pour ça, vous m'en excuserez.
- A chaque fois la même chose… grommela l'Ascendante en détournant le regard.
- Pas étonnant, si vous vous comportez toujours comme ça quand vous venez par ici…
- Il faut bien s'occuper, non ?
- Je croyais que vous étiez déjà bien prise avec toutes ces affaires de "contemplation et de compréhension de l'Univers". Je n'avais pas entendu dire que les Ascendants s'ennuyaient.
- Et tu as entendu beaucoup de choses sur nous ?
- A vrai dire… commença-t-elle en se mettant à réfléchir. Non, pas vraiment.
- Dans les grandes lignes, c'est bien ça. En fait, pour la majorité, c'est un truc du genre. Je n'expliquerai pas les détails, tu comprendrais pas.
- Je m'en doute. Autres plans d'existence, tout ça…
- Voilà, tout ça, comme tu dis… acquiesça-t-elle. Mais, pour simplifier… vraiment simplifier à l'extrême, hein, ça dépend de comment on a fait l'Ascension.
- Comment ça ? Enfin, vous avez le droit de m'expliquer ?

Urth fit un geste désinvolte :
- Je vais juste sortir des banalités, rien que tu ne pourrais pas demander à Danny là-bas.
- Si… si vous le dites.
- Bon, presque tous ceux que tu appelles les "Anciens" et qui ont fait l'Ascension, ils ont juste suivi un chemin mental et philosophique préparé à l'avance. Genre "faire l'Ascension en dix étapes facile".
- Là… vous résumez, hein ?
- Plutôt, oui, confirma-t-elle. Plutôt dix millions, quelque chose comme ça. Mais bon, tu n'as qu'a demander à Daniel, il a eu un aperçu de tout ça sur Kheb. Contemplation de la nature, la patience, tout ça.
- Et il n'y a pas que cette méthode, c'est ça que vous voulez dire ?
- Bingo. En même temps, c'est pas un secret, hein. Entre les Oris, Anubis ou tout simplement Danny, tu as assez d'exemples d'Ascensions un peu différentes. Juste que celle des Anciens était la plus pratique et la plus simple à préparer pour autant de monde, c'est tout.
- Donc, la façon dont on la fait influe sur ce qu'on devient après coup.
- Ca ne te semble pas logique ?
- Comment est-ce que je pourrais le savoir ? demanda Anna. Enfin, je parie que là où vous voulez en venir, c'est que vous n'avez pas fait l'Ascension comme tout le monde…
- Tout juste.
- En même temps, vous ne vous donniez pas trop l'air contemplative. Sans manquer de respect, hein… Et ça n'a pas posé de problème aux… Autres ?
- Bien sûr que si, mais, bon, je ne posais pas de souci, je n'ai pas lancé de culte ou commencé à trop intervenir dans votre plan d'existence, alors, bon, au bout de quelques siècles, on se tolère. Chacun de son petit côté d'univers, en gros ! dit-elle en écartant les bras de façon expansive avant de se figer brusquement. Et puis Danny est arrivé avec Oma. Je te raconte pas le foutoir, les Autres en parleront sûrement encore dans quelques éons. Pas le genre à nous rejoindre, normalement. Mais bon, comme il a choisi de revenir chez vous, ça s'est un peu calmé. Résultat, avec Oma et Anubis occupés, Ils se sont dit que ça pourrait être une bonne occasion de se débarrasser d'un autre mal de crâne.
- Vous ?
- Moi, confirma-t-elle avec un sourire, fière d'elle-même. Il fallait tenir Daniel à l'œil pour éviter qu'il commence à se souvenir de tout ça. J'étais un peu comme lui, donc, pour eux, pas de risque qu'il me contamine. Et puis, ils ne m'apprécient peut-être pas, mais, je t'ai dit, ils ont appris à me tolérer et même à me faire un petit peu confiance. Conclusion, je prends son dossier et je suis le monsieur jusqu'à ce qu'il se décide à revenir.
- "Revenir" ?
- Bien sûr ! Qu'est-ce que tu crois qu'il va faire quand il se sera lassé de votre plan d'existence ? répondit l'Ascendante avec un air faussement étonné.
- En même temps, si le quart de ce qu'on raconte sur lui est vrai…
- C'est pire que tout ce qu'on raconte dans votre SGC… Tu peux me croire, j'ai vu la majorité en direct. Et causé à peine la moitié.
- Ce qui est assez effrayant en soi… Mais, toujours sans vous manquer de respect, et en me rappelant que vous pouvez m'envoyer une catastrophe naturelle d'une pensée, il y a quelque chose qui m'échappe encore.
- Demande, demande.
- Comment est-ce qu'Ils ont accepté de vous faire confiance ? Je veux dire, les Autres. Enfin, les Anciens. Même si vous n'avez rien à voir avec les Oris, à ce qu'on sait d'eux, ils auraient plutôt tendance à éviter quelqu'un de…
- De quoi ?
- Et bien… d'un peu chaotique, dit finalement Anna le visage gêné. Leur balance penche plutôt du côté de l'Ordre, et le docteur Jackson, d'après ce que j'en sais…
- Oh, ça ! C'est simple, ils me font chanter.
- … Pardon ?
- Je te l'ai dit, je ne suis pas trop dans leurs règles. J'interfère de temps en temps avec les êtres matériels, et c'est vu d'un mauvais œil. Mais ils ne sont pas non plus stupides, en même temps. Ils savent très bien que le problème avec les Oris ne va pas se régler tout seul.
- Donc vous faites leur sale boulot et ils vous laissent vos petits avantages ?
- En gros, oui. C'est un peu plus compliqué que ça, mais t'as compris l'essentiel.

Anna soupira :
- Au final, je suis un agent combientième ? J'ai un peu du mal, là…
- Ca dépend, fit Urth. Est-ce que tu as un plan pour toi au final ?
- Parce que je suis censée en avoir un, en plus ?
- Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, c'est la mode, récemment. J'en ai un, Atlantis en a un, les mercenaires derrière nous en ont un, Danny en a un, les patrons des mercenaires en ont un, les corpos hébridanes en ont un, Vala en a un…
- Vala ? L'amie du docteur Jackson ?
- Plus qu'une amie, répondit l'Ascendante avec un petit rire. Enfin, essaie quand même de préparer un plan à toi, parce que, honnêtement, je dirais que tu es bien partie pour gagner.
- Quoi ? Mais je ne comprends pas ce qui ce passe ! J'ai aucune idée de ce que tout le monde veut !
- D'où ton avantage. Les autres, eux, ils croient savoir ce qui se passe.
- Mais, vous, vous devez bien le savoir, ce qui arrive. Donc à la fin, c'est plutôt vous qui allez… gagner.
- Ah oui ! Mais ça… Enfin… C'est évident !
- Bien sûr… évident, répéta Anna à voix basse.

La scientifique n'en dit pas plus, attendant une reprise de la conversation qui ne venait pas de la part de l'Ascendante. Celle-ci, au bout de quelques longues minutes, se tourna vers elle :
- Bon, tu ferais bien de se rapprocher de Danny, les choses vont redevenir intéressantes.

Anna ne put que déglutir.
Effet Papillon :
Un avenir possible, moins sûr et plus complexe pour des galaxies porteuses d'un mélange explosif : vide de pouvoir, héritages vivants et ambitions multiples.
Tomes I et II terminés, Tome III en cours

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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

# Suite du chapitre 05, commencé au post précédent.





- Normalement, on devrait y être, dit Jackson une heure plus tard. Le site devrait être visible après ce promontoire.
- Tant que j'y pense, d'où est-ce qu'elle vient, cette carte ? fit Anna en indiquant celle-ci, en train d'être rangée par l'archéologue.
- Ca ? C'est Sam qui me l'a donnée avant de partir. Elle a fait lancer un drone avant de contacter Hébrida. D'ailleurs, maintenant qu'on en parle… dit-il en ressortant la carte pour en montrer une partie à la civile. Vous voyez la croix ici ?
- Oui. Qu'est-ce que ça indique ?
- L'endroit où ils ont fait se poser le drone. Il y a de l'équipement de survie et quelques armes, si jamais ça tourne mal, indiqua-t-il avant de chuchoter. Pour ouvrir la soute, il suffit de rentrer votre matricule tapé à l'envers. Essayez de faire attention, j'ai entendu dire que le système réagissait mal aux fautes de frappes.
- Mal… comment ?
- Autodestruction après dix secondes dès la première erreur.
Elle laissa échapper un sifflement discret :
- C'est pire que dans les films…
- C'est ça ou laisser n'importe qui ramasser ce matériel.
- D'accord… Je ferai attention, alors, dit-elle en le fixant du regard.
- Il vaudrait mieux. Mais bon, tout devrait bien se… En fait, essayez de faire attention quand vous y serez.
- Pessimiste ?
- Non, répondit l'archéologue en levant lentement les mains. Regardez plutôt devant vous.

Elle tourna la tête pour se figer dans ses pas en voyant que leur groupe venait de passer le promontoire pour rentrer dans le champ de vision de deux douzaines d'humains et de Serrakins lourdement armés.

- Bon, murmura Jackson. On a au moins une idée des forces locales.
- Pas que des universitaires ?
- Pas que des universitaires…

Un Serrakin sortit des rangs et s'approcha de leur groupe, son arme en bandoulière :
- Ne vous inquiétez pas, docteur Jackson ! dit-il d'un ton amical. Votre escorte est arrivée il y a quelques minutes et nous a prévenus.
- Hein ? ne put s'empêcher de s'exclamer l'ancien membre de SG-1. Oh, oui, notre escorte !
- Quelle escorte ? murmura Anna du coin de la bouche, sans bouger la tête.
- Aucune idée, répondit Jackson de la même manière.
- Venez, venez, répondit l'officier hébridan.
- Ils… vous ont prévenus de notre arrivée ? s'enquit l'archéologue en faisant signe au reste de son groupe de se rapprocher.
- Bien sûr, se vit-il répondre. Il y a apparemment des problèmes de communication avec notre planète, mais toutes les accréditations collent.
- Bien sûr, bien sûr. Est-ce que je pourrais voir le responsable de notre… escorte ? J'ai quelques détails à voir avec lui.
- Pas de souci. Il avait de toute façon demandé à vous voir dès votre arrivée, lui aussi.
- Ca ne m'étonne pas, dit Jackson en continuant à jouer le jeu avant de se retourner vers le reste du groupe, leur faisant signe de la tête de lui faire confiance. Anna, vous m'accompagnez, j'aurai besoin de vous ! Capitaine, commencez à vous installer de votre côté, on vous rejoint.
Les membres de SG-17, le visage encore crispé, acquiescèrent lentement avant de reprendre leur avance sans faire le moindre geste brusque, observant avec attention les troupes hébridanes qui les surveillaient. Anna, elle, ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux lorsqu'elle laissa tomber son regard sur Urth, voyant que son visage laissait filtrer un malaise qui, cette fois-ci, ne manquait pas de la moindre authenticité.

- Alors, docteur Jackson, dit sans préambule l'officier qui l'avait interpelé, il parait que ça chauffe de votre côté…
- Comment ça ?
- Avec la Nation Jaffa. On ne parle que de ça, sur les réseaux. Tout le monde est certain que c'est pour maintenant. Que Gerak va enfin avoir sa guerre…
- Selon toute apparence, répondit vaguement l'archéologue. Mais honnêtement, je n'en sais rien, il y a beaucoup trop d'inconnues, n'est-ce pas, Anna ?
- Je… Je ne suis pas stratège, docteur Jackson, se défendit-elle après quelques secondes d'hésitation.
- Voilà. Désolé, mais ce n'est pas chez nous que vous trouverez le bon renseignement pour gagner tous les paris.
- Dommage, répondit le Serrakin. Enfin, on a déjà commencé à préparer le terrain pour vos fouilles, docteur Jackson. Ca devrait vous faciliter la vie, mais franchement, les crânes d'œuf ne voient pas trop ce que vous pouvez chercher ici…
- Espérons que j'aurai plus de chance, alors, fit-il.
- Espérons…
- Qui a fait le travail préparatoire sur le site ?
- On a ramené une équipe du Musée d'Histoire fédéral. Le docteur Bakane et tous ceux qu'il a pu ramener rapidement.
- Bakane ? s'étonna Jackson. Il est revenu de Dakara ?
- Entre la crise avec vous et l'attaque sur la Porte, il a dû rentrer au bercail. Et c'était pas trop tôt, il y a encore eu du grabuge là-bas, à ce qui parait.
- Quel genre ?
- Je n'ai pas encore de détails, mais les rumeurs vont dans tous les sens. Enfin, en tout cas, mieux vaut se tenir loin de tout ce foutoir, selon les patrons. Et je suis entièrement d'accord avec eux, si vous voulez mon avis.
- Hmm, je ne vais pas dire que ça me plait, mais bon, à quelque chose malheur est bon. Vous savez, c'est vraiment le meilleur.
- Qui, Bakane ?
- Oui. J'ai pu travailler avec lui une ou deux fois. Il a de l'intuition et d'excellentes idées, mais…
- Mais quoi ?
- Je ne suis pas sûr qu'il se plaise vraiment dans ce genre de sorties. La dernière fois que je l'ai vu, il était plutôt dans le genre à avoir tout le confort possible plutôt que de camper dans un champ de cailloux.
- Hé hé, c'est bien ça… Vous verrez sa… tente, et vous m'en direz des nouvelles. Faut vraiment qu'il soit bon pour que les directeurs lui accordent tous ses…
- Caprices ? l'aida Jackson.
- Voilà.
- Ne vous inquiétez pas, il est doué.
- Tant mieux ! Mais je ne vais pas vous retenir, nous sommes arrivés, dit l'officier tandis qu'ils sortaient du dédale, indiquant une tente à quelques dizaines de mètres devant eux. Je vous laisse, on n'a pas fini d'organiser le ravitaillement.

- Qu'est-ce qui se passe, docteur Jackson ? demanda finalement Anna en gardant sa voix aussi basse que possible.
- On s'est fait avoir, Anna, répondit-il en s'arrêtant devant la tente. Mais par quelqu'un d'intelligent. Intelligent, culoté et assez chanceux, si vous voulez être plus précise.
- Vous pensez que c'est…
- Qui d'autre ? fit Jackson en repoussant l'ouverture de la tente.

- Docteurs Jackson, Stern, heureux de voir que vous avez fait bon voyage, les accueillit Johnson.
- C'est lui, hein ? demanda l'archéologue à la scientifique près de lui.
- … Oui.
- Nous sommes isolés, annonça le mercenaire. Les communications subspatiales autour de Hébrida sont dans le coton et on a bloqué la Porte un bon bout de temps en nous tirant de là.
- Prudent, après avoir tué une vingtaine de personnes dans l'endroit le plus surveillé de la planète, commenta froidement Jackson.
- Effectivement. Et normalement, j'aurais dû vous intercepter ici. Enfin, théoriquement, je l'ai fait.
- Mais tout ne se passe pas comme prévu, c'est ça ?
- Voilà. Le souci, c'est que les p'tits gars ici sont mieux armés que nous et que vous. Et bien sûr, on peut tous les deux foutre l'autre dans la merde. Moi, officiellement, je suis encore un des responsables de la sécurité d'une grosse corpos, avec plein d'accréditations et je peux me mettre à raconter que vous avez pris d'assaut les locaux de la corpo et Terminal. Après tout, j'ai encore en réserve des ordres de mes supérieurs officiels de mettre la main sur vous pour interrogatoire.
- … Et nous pouvons révéler votre petit jeu d'agent double, compléta Jackson. Ils ne devraient sûrement pas apprécier ce que vous avez fait à vos collègues ou encore l'attaque d'un diplomate d'une puissance amie.
- Je n'en ai pas le moindre doute, docteur Jackson. Mais, soyons honnêtes, ni vous ni moi n'avons la moindre idée de qui ces braves types choisiront de croire, sans comm' avec la maison-mère, conclut Johnson en ignorant le regard coléreux que lui lançait Anna.
- Possible, oui… répondit-il dans un murmure. Qu'est-ce que vous proposez ?
- Au pire, une trêve temporaire. Tôt ou tard, l'un d'entre nous trouvera une façon de briser le statu quo. Vous êtes venu ici plutôt que de rentrer à l'abri quand vous en avez eu l'occasion, donc vous avez quelque chose de précis en tête.
- Et vous aussi, puisque vous nous avez ouvert le passage.
- Touché. Pour l'instant, nos objectifs ne sont pas entièrement incompatibles, et personne ici n'a envie de voir les vraies troupes hébridanes se mêler de nos affaires.. Alors, en attendant, la seule façon de gagner…
- C'est de ne pas jouer. Vous venez de la Terre, je me trompe ?
- Ancien du SGC, parti en… retraite anticipée, nous dirons.
- Je vois. Vous disiez "au pire"… et "au mieux" ?
- Nous pourrions trouver des intérêts communs.
- Prêt à trahir vos employeurs ? Une fois de plus ?
- Pas forcément, docteur Jackson. En fait, ça va dépendre de ce que vous cherchez ici. Qu'on soit clairs, mes patrons ont des moyens, d'excellentes infos et pas le moindre scrupule. Oui, je pourrais éventuellement vous laisser racheter le contrat, surtout que je crois que ça sera de toute façon le dernier, mais ça coûtera très, très cher.
- Dites un prix.
- Je me fous de l'argent, docteur. Moi et mes troupes, on en a assez maintenant. Ce que je veux voir, c'est si ça vaut vraiment la peine de tout miser sur vous. Normalement, je ne vous laisserais même pas cette chance, parce que, qu'on soit clairs, je sais de première main que la Terre ne nous protégerait pas d'eux, mais on parle du docteur Daniel Jackson, le type qui a foutu assez de statu quo en l'air pour être le saint patron des anarchistes.
- Ce n'est pas la réputation que je cherchais, je tiens à le signaler.
- Oui, mais vous l'avez amplement méritée. Donc, pour l'instant, on est en huis clos. Pas de transmission, pas de voyageurs, rien qui rentre, rien qui sort. Rien qui m'empêche d'attendre un peu et de regarder. Qui sait, vous pourriez bien nous refaire une seconde bataille de l'Antarctique ?
Jackson soupira.
- Très bien… Faisons comme vous suggérez, alors.
- Excellent, docteur Jackson. Je suis sûr que ça sera un plaisir de travailler avec vous.
- Pas besoin non plus d'en faire trop, vous savez…
- Rien de plus que nécessaire, fit le mercenaire avant de se tourner vers Anna. Quant à vous, veuillez accepter mes excuses, nous n'opérions qu'en tant que professionnels. Je n'ai absolument rien contre vous. Toutes mes félicitations aussi pour le coup du Terminal. J'espère que vous me raconterez comment vous l'avez fait.
- …Deus Ex Machina, répondit-elle sobrement, sans cacher ses sentiments incendiaires à l'égard de l'homme en face d'elle.




Les couloirs se vidaient devant elle, aucun des vétérans de multiples guerres ne voulant se mettre en travers du chemin de la femme aux cheveux noirs de jais. Depuis son retour de Dakara, Vala Mal'Doran n'avait pas retrouvé la démarche insouciante qu'elle affichait habituellement. Si qui que ce soit en avait douté, tout en elle rappelait que cette femme n'avait pas fondé par hasard un groupe de mercenaires connu dans tous les cercles dirigeants au sein de cette galaxie.

Le désastre de Dakara n'avait été que le début d'une succession de catastrophes venant mettre en péril tout ce qu'elle avait passé des années à construire. Les heures passant, les transmissions –interceptées comme reçues normalement– dessinaient l'esquisse d'une situation plus cataclysmique que durant les pires heures de sa compagnie ou de ses années de travail indépendant.

Bra'tac, le seul jaffa véritablement influent qui la voyait autrement que comme un simple outil, avait été enlevé à la veille d'un conflit apparemment inévitable avec la Terre. Pire encore, l'enlèvement avait été fait au même moment où elle était sur place, dans une opération qui, au lieu de se terminer par le sabotage propre et anonyme de deux vaisseaux, avait mené à la mort de dizaines de personnes et à la destruction complète de l'un des Ha'Taks avait une bonne partie du chantier de construction.

Et le bouquet était que Gerak avait prévu de passer sur place et considérait le tout comme une tentative d'assassinat commanditée par le SGC. SGC qui, selon ses informateurs, avait immédiatement pris la décision de mettre sa tête à prix pour tenter de se disculper. Le tout pendant qu'une grande partie de ses forces les plus expérimentées était morte et la majorité du reste capturée dans le chaos qui avait suivi les premières explosions imprévues.

Elle devait agir, et elle n'avait plus le temps ni l'esprit pour maintenir les apparences.

Le Ha'Tak qu'elle occupait flottait dans la queue d'une comète à plusieurs jours-lumière de la première planète venue. De temps à autre, la coque résonnait de l'impact par un bloc de glace ou de roche qui s'était séparé de la tête plusieurs dizaines d'années plus tôt, l'accompagnant depuis. Le vaisseau était à l'extérieur du système de Dakara, loin des grilles de défense et de leurs senseurs omniprésents.

Le bon sens lui aurait intimé de s'enfuir loin et longtemps, de se mettre à l'abri de deux puissances majeures, peut-être même d'utiliser les derniers services qui lui étaient dus pour aller dans une autre galaxie. Ses réseaux étaient à la hauteur de ses compétences, et elle n'avait pas manqué d'entendre parler de ce qui se passait dans l'un des Nuages de Magellan. Si nécessaire, elle avait des plans pour abandonner la Voie Lactée et se mettre hors de portée de ce qui se passait, mais si Vala Mal'Doran se savait dans ses derniers retranchements, elle avait décidé qu'elle n'était pas non plus finie.

Suessi avait immédiatement montré son intérêt lorsqu'elle avait compris que la diplomatie ne serait pas entièrement à l'ordre du jour, tandis que ses comptables avaient grommelé devant les coûts additionnels. Pour la forme, sachant tout aussi bien que le reste de l'équipage ce qui les attendait si le vaisseau se faisait capturer avant que ce malentendu ne soit réglé.

Dakara restait centrale à tous les points de vue. Ses troupes étaient toujours là, capturées et probablement encore vivantes, la mercenaire sachant pertinemment que Gerak ne pourrait s'empêcher de les exécuter d'une façon aussi publique que possible. Elle allait retrouver le reste de son équipage et le sortir de là. Ensuite, il allait y avoir un Terrien avec beaucoup de choses à lui raconter, si effectivement Gerak disait vrai à propos de son prisonnier. L'ex-contrebandière saurait tôt ou tard ce qu'il venait de passer, qui avait commandité l'opération, et savait déjà quelles pistes remonter.

L'espion Terrien, bien sûr, mais aussi un certain jaffa qu'elle commençait à voir d'un autre œil. S'il avait sauvé son second d'une capture certaine, il n'en demeurait pas moins que Vala était moins sûre que jamais de son jugement initial quant au danger qu'il posait.

Les choses étaient relativement simples, maintenant. Les quelques rares contacts qui osaient encore prendre le risque de lui envoyer des informations lui avaient indiqué dans quelle prison ses troupes et les deux espions étaient détenus. Arrivée sur le pont de commandement, elle donna un bref ordre au timonier.




Les jaffas l'avaient littéralement trainée en-dehors de la cellule des mercenaires peu de temps après qu'elle leur eut donné le code d'accès, et si un ou deux d'entre eux avaient tenté de protester, un peu de violence correctement appliquée avait suffi à faire taire toute discussion. Les deux geôliers ne faisaient même plus attention à elle alors qu'elle marchait entre eux deux, gémissant et tremblant.

En peu de temps, ils furent de retour dans le couloir où se trouvait sa propre cellule et l'un des gardes s'éloigna de quelques pas pour aller reconfigurer le champ de force qui en bloquait habituellement la sortie. Carl, qui s'était redressé sur sa couche en entendant le bruit de pas des jaffas, les fixait du regard avec une haine lisible dans les yeux. Le second garde se tourna alors vers le pilote, pointant son arme vers lui pour l'intimider lorsque la jeune femme tourna la tête vers le premier, puis, le visage trahissant la peur, se jeta vers lui.

Carl observa, la scène, effaré, ayant l'impression de la voir se dérouler au ralenti.

Erina percuta de plein fouet le jaffa qui, déséquilibré, fit plusieurs pas en avant vers le champ de force de la cellule de sa prisonnière, tombée lourdement au sol après être parvenue à s'emparer de l'arme du garde. Le second jaffa se retourna pour mieux se figer lorsqu'il vit la femme devant lui trembler et tendre dans sa direction la petite arme énergétique qu'elle venait de prendre. Derrière elle, le premier jaffa se redressait lentement, ramassant sa lance tombée à côté de la couche.

Le bruit caractéristique se fit entendre dans le couloir lorsque, volontairement ou non, la captive parvint à activer son arme serpentiforme. Le garde eut un nouveau mouvement d'hésitation avant de se reprendre :
- Rends-toi, humaine, dit-il avec détermination. Tu n'as aucune chance.
- Tire, dit simplement Carl.
- Tais-toi ou tu seras le suivant, fit le jaffa sans se retourner alors que son compagnon se rendait compte qu'il était piégé dans l'autre cellule.
- Ils te tueront, poursuivit le pilote d'une voix froide qui le surprit lui-même. Ou pire. Si tu tires, on peut s'en sortir. Je t'aiderai à t'évader, je sais me servir des armes.
Pas vraiment un gros boss, mais ça sera plus correct que toi et c'est ma meilleure chance de me tirer d'ici, évita-t-il de rajouter.

Lentement, le jaffa continua à abaisser son arme, sans qu'Erina ne réagisse.
- Tire ! Mais tire, bon sang ! cria Carl alors qu'il voyait la captive continuer à trembler.

Le jaffa fit alors un geste brusque pour aligner sa lance avec la femme devant lui, et tout fut terminé l'instant d'après.




Aussi entrainés et expérimentés soient les mercenaires qui entreprenaient à présent leur évasion, la chance demeurait un élément fondamental du champ de bataille. Et la conclusion à laquelle la quasi-totalité du groupe était arrivée après les premières minutes était bien que Dame Chance semblait sourire aux troupes de Vala Mal'Doran lorsqu'il s'agissait d'improviser. Privés de leur guide et avec une information à la durée de vie risible, ils avaient décidé d'agir aussi vite que possible. Les deux jaffas venus apporter la nourriture une dizaine de minutes plus tard avaient alors pu être neutralisés sans un bruit et la première porte s'était ouverte, son clavier acceptant le code donné par la prisonnière.

Peu de personnes, voire aucune, ne se faisaient une quelconque illusion sur les minutes ou les heures à venir. Le plan établi par Othar allait forcément s'effondrer dans un chaos partiellement compris par ceux et celles ayant la joie discutable d'en être les acteurs principaux. Si cet effondrement était une constante aussi universelle que les lois de la physique, ils n'ignoraient pas non plus que plus tard le chaos s'installerait, plus ils auraient de chances de s'en sortir de façon acceptable.

Sans compter que les jaffas allaient aussi devoir gérer le chaos que les fugitifs n'allaient pas se priver de semer avec générosité.

Van'Tet, lui, n'avait pas ressenti de problème en voyant les mercenaires frapper violemment ceux qui, quelques semaines plus tôt, auraient été ses compagnons d'armes. Suivant le reste du groupe dans le couloir, il repensa plusieurs fois à ce changement qui était venu en lui, pour finalement l'accepter dans sa totalité.

Nous ne nous sommes pas libérés pour ça… Gerak, tous ces… ils ne valent pas mieux que les faux dieux, se dit-il en rationalisant sa décision émotionnelle. Pas d'honneur, juste du pouvoir et de la violence. Pour un Bra'tac, pour un Teal'c, combien de ces brutes épaisses ? Non, même pas… Ils savent ce qu'ils font.

Othar était en tête de la petite section, tenant l'une des quelques armes dérobées, et le jaffa ne put s'empêcher d'observer avec un regard de connaisseur la façon dont la lance était portée par le mercenaire. Le symbole de pouvoir des jaffas était habituellement tenu de façon équilibrée sur le côté de façon à pouvoir tirer sans préavis. Leur meneur, en revanche, avait déporté sa prise sur l'arrière, donnant l'impression au jaffa qu'il comptait utiliser l'arme comme l'un des outils d'entrainement au corps-à-corps. Quelques instants lui suffirent pour abonder lui aussi dans ce sens. L'allonge et la surprise viendraient probablement à bout de nombre de gardes dont le premier réflexe serait de se servir de la lance comme d'une arme à distance. Un autre coup d'œil vers les deux autres prisonniers armés lui confirma que ceux-ci, portant des zat'nik'tels, se chargeraient de frapper ceux qui seraient hors de portée de leur chef.

Quelques minutes plus tard, deux patrouilles croisèrent coup sur coup leur route. Les gardes avaient porté leur armure sans le lourd casque intégral, et les mercenaires profitèrent sans hésiter de la vulnérabilité. Les premières cibles d'Othar furent balayées par les coups rapides de lance. Surpris par l'agression brutale du prisonnier apparu au tournant d'un couloir, les autres gardes tombèrent l'instant d'après sous les décharges énergétiques alors même qu'ils réagissaient à un type d'attaque précis en essayant de frapper à leur tour le meneur du groupe.

Van'Tet se rendit compte avec un frisson que, les places inversées, il aurait sans nul doute réagi de la même façon. Le réflexe initial était de tirer, mais l'entraînement subi au cours de longues années l'aurait forcé à répondre à une attaque rapprochée par les mouvements inculqués au cours d'exercices longs et souvent douloureux. L'avantage d'un tel conditionnement était la possibilité de répondre rapidement à un agresseur ayant reçu la même formation, mais laissait certaines vulnérabilités pour qui savait chercher.

Un conditionnement ici inadapté, avait-il conclu en dépassant les corps inertes des gardes dont les armes avaient été ramassées et distribuées en quelques gestes, sans discussion ni gestes excédentaires.

Le jaffa continuait à essayer de comprendre ce que voulait dire une telle efficacité sur le niveau réel des mercenaires travaillant pour Vala Mal'Doran lorsque ceux-ci s'arrêtèrent brusquement. Il se rendit compte qu'ils étaient arrivés devant la porte donnant accès à la salle de sécurité, premier obstacle majeur qu'ils devraient franchir pour s'évader.



Un sanglot vint percer le silence effaré qui régnait dans le couloir, alors que l'énergie résiduelle achevait de quitter le corps inerte du jaffa, étendu au sol.

Carl se rendit compte qu'il était presqu'aussi paniqué que la captive devant lui, dont les mains avaient lâché l'arme après avoir tiré deux fois à bout portant vers son geôlier.

- T'as fais ce qu'il fallait, dit-il à voix basse avant de voir le jaffa enfermé s'époumoner éperdument face au champ de force qui, apparemment, ne laissait pas passer le son. Est-ce que tu peux me sortir de là ? Je pourrai t'aider et on s'en sortira tous les deux.
- …

Elle regardait en silence le jaffa sur lequel elle avait tiré, puis, les bras tremblant, ramassa l'arme devant elle, la faisant tomber à plusieurs reprises avant de maitriser suffisamment son accès de panique. Carl décida d'attendre qu'elle se calme plutôt que d'augmenter encore son stress. Finalement, elle se leva et, sans un mot, désactiva le champ de force qui l'isolait du jeune pilote. Celui-ci, prenant mentalement note de lui demander comment elle avait su où appuyer, se leva d'un mouvement et s'empara des deux armes du jaffa au sol pour ensuite se tourner vers Erina, lui mettant délicatement une main sur l'épaule :
- Il faut qu'on y aille. Ils vont sûrement donner l'alerte.

Gentiment, il la poussa vers l'extrémité du couloir, ignorant le jaffa qui tentait d'utiliser sa propre arme contre le champ de force.

- Bon, réfléchit-il à haute voix. Maintenant, faut trouver la sortie. Et éviter de tomber sur les gardes…
- Par… par là, dit-elle en indiquant une direction.
- Hein ? Comment tu sais ça ?
- Je… J'ai vu les gardes sortir par là quand… quand ils m'ont ramenée…
- Hmm… D'accord, on peut tenter par là. J'ai pas mieux à proposer, reconnut-il.

Au bout de quelques pas, le pilote se figea, faisant signe à la jeune femme de s'arrêter à son tour. Tendant l'oreille, il reconnut sans doute possible le bruit d'un échange de tirs parsemé de cris, le tout venant de la direction dans laquelle ils se dirigeaient.

- Bon, fit-il après quelques secondes de réflexion. On continue à avancer, mais en douceur. Qui que ce soit qui se bagarre, ils ne sont sûrement pas tous à nos trousses. Mais tu fais attention, d'accord ? Si quelqu'un vient, faut pas hésiter et se mettre à l'abri.

Elle acquiesça avec appréhension et il essaya de sourire pour la rassurer.

Marchant aussi silencieusement que possible, il arriva à un croisement et, jetant un très bref coup d'œil dans l'intersection, vit la scène inattendue d'un large groupe de prisonniers en train de rentrer dans une salle où gisaient apparemment un bon nombre de jaffas, inertes.

J'y crois pas… Une autre évasion ? Et maintenant ?

- C'est qui ? chuchota-t-il précipitamment à Erina en se remettant à couvert.
- Qui ?
- Des prisonniers. Une bonne vingtaine, ils se tiennent comme des soldats et ils sont en train de s'évader.
- C'est eux ! dit-elle avec un soulagement visible sur le visage.
- Sois plus précise.
- Ceux qui ont dit qu'ils voulaient m'aider.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Essaie d'être plus claire, s'il te plait. Je comprends rien, là.
- Les jaffas… Ils m'ont… commença-t-elle.
- Bouge pas ! les interrompit l'un des mercenaires en surgissant brusquement de l'intersection.

Carl tenta de s'emparer de l'arme –un zat– que tenait leur assaillant, mais celui-ci parvint à réagir plus vite et stoppa son mouvement d'un violent coup dans le visage.
- Ah bordel ! gémit le pilote en se tenant le nez, à moitié plié en deux.
- Je t'ai dit de pas bouger, connard ! fit l'autre avant de se tourner vers Erina. Ca va ? Tu as réussi à te tirer ?
- Il est… il est avec nous. C'est le Tau'ri.
- L'espion ? D'accord, vous venez avec nous, acquiesça-t-il avant de crier dans la direction de ses camarades. Ho ! Y'a la miss ici, et elle a ramené son espion Tau'ri avec elle ! Je les amène !
- Mais qu'est-ce que c'est que… fit Carl en se plaquant la main sur une narine en sang. Qu'est-ce qui se passe, bon sang ?
- Il se passe qu'on s'casse, monsieur l'espion, cracha le mercenaire. Si tu veux pas rester dans c'trou à rats, t'as qu'à nous suivre.

Van'Tet vit les deux nouveaux arrivants entrer dans la pièce et se figea en voyant celui qui avait été annoncé comme l'espion Tau'ri. Il le fixa des yeux quelques instants, croisant son regard un moment fugace avant de reporter son attention sur l'un des écrans de contrôle de la salle. Le jaffa guida l'un des mercenaires assis près des commandes tandis qu'il explorait les divers systèmes de surveillance et de sécurité, désactivant les protections les unes après les autres en faisant quelques efforts pour éviter la détection par le reste des gardes.

Il n'entendit pas Othar se rapprocher de lui dans son dos avant qu'il ne commence à parler :
- Z'en êtes où ?
- Portes extérieures déverrouillées, annonça le technicien improvisé avant que Van'Tet ne puisse répondre. On a un chemin pour se tirer de là, mais les gardes vont nous tomber dessus, pas de doute.
- On f'ra avec, dit-il avant de se tourner vers le jaffa. Viens avec moi…
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il une fois à l'écart.
- Y'a un truc qui foire, et j'sais pas quoi.
- Comment ça ?
- Aucune idée, mais ça m'plait pas, tout c'bordel. L'instinct. Et ces deux qui s'ramènent comme ça maintenant…
- Un piège ?
- J'sais pas, j't'ai dit. Mais tu les colles au train. J'veux savoir c'qui s'passe tout d'suite, c'est compris ?
- Le Tau'ri et Erina ?
- Ouais.
- Pourquoi moi ?
- Tu réagis vite, mais les autres tirent mieux qu'toi et y'a pas assez d'armes. Allez, pose pas de question, on s'barre dans un instant, là !
- Compris, répondit-il avant de se rapprocher du duo tandis qu'Othar commençait à parler au mercenaire devant ses écrans.

Les deux prisonniers formaient un couple particulièrement mal assorti, le visage de la femme laissant voir une peur panique tandis que l'homme tentait, avec un succès partiel, de cacher sa propre appréhension. Leurs postures n'auraient pu être plus différentes, lui montrant un entrainement martial basique et elle plus souple, laissant échapper des tremblements de temps à autre. Il s'arrêta quelques secondes sur son trajet, plissant les yeux, et le jaffa comprit ce qu'avait voulu lui dire le chef des mercenaires.

Quelque chose ne tournait pas rond du tout, il en était certain.

Il n'aurait pas pu dire ce qui posait problème dans les deux personnes en face de lui, mais son instinct venait de confirmer les paroles d'Othar, et le jaffa du réprimer un frisson alors que son regard passait de l'un à l'autre. Il s'approcha finalement d'eux :
- Erina, vous allez bien ? demanda-t-il avant de se tourner brièvement vers le Tau'ri lorsqu'elle acquiesça en tremblant. Je m'appelle Van'Tet.
- Carl, répondit le pilote. Attention, elle est encore un peu sous le choc, je crois.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Lorsqu'on s'est évadés, dit-il en tournant la tête vers Erina, elle a dû descendre l'un des gardes.
- Première fois ?
- Oui, répondit Carl sans le regarder et s'adressant aussitôt à la femme. Ca ira. T'avais pas le choix. C'était lui ou toi…
- Je… je sais, dit-elle en refusant de croiser son regard.

- On y va ! les interrompit l'ordre d'Othar. Tout le monde, vous suivez le premier groupe. Pas envie d'nous perdre dans c'putain d'labyrinthe. Descendez-moi tout ce qui porte une de ces saletés d'armures !

L'assentiment général vint lui répondre alors que la porte s'ouvrait devant lui, et Van'Tet regarda les premiers mercenaires commencer à avancer dans le couloir, armes en position de tir.
- Suivez-moi, fit Van'Tet en direction des deux anciens prisonniers dont il était à présent responsable.

Pendant près d'une minute, la large troupe avança d'un pas rapide dans les couloirs sans rencontrer de patrouille, mais leur chance prit fin lorsqu'une patrouille les surprit sur le côté, le premier avertissement prenant la forme d'une série de dards incandescents tirés vers l'avant du groupe. La riposte fut rapide et mortelle, les mercenaires entraînés se mettant instantanément à couvert –exception faite de l'un d'entre eux, touché à deux reprises dans le torse et le cou– pour contre-attaquer par un tir de barrage particulièrement dense qui força les jaffas à se retirer.

Sans un mot, Othar ramassa l'arme du mort et la jeta en direction de l'une des personnes encore désarmées, puis fit signe de reprendre l'avancée. Il s'arrêta finalement devant une porte et l'ouvrit après une brève manipulation du clavier voisin :
- C'est l'arsenal, notre matos est là. Tout le monde s'équipe !

Par petits groupes, les mercenaires entrèrent pour récupérer les armes qui étaient alignées sur différents râteliers et posées au sol. D'abord, les personnes désarmées se rééquipèrent, suivies quelques instants plus tard par ceux et celles portant une lance récupérée plus tôt.

Van'Tet vit le Tau'ri avoir quelques instants d'hésitations avant de se lancer lui aussi dans la salle. Le jaffa le poursuivit aussitôt :
- Qu'est-ce que vous faites !

Il le vit immobile, au milieu de la pièce et en train de regarder autour de lui :
- Je cherche le cadeau d'une amie, dit le pilote sans se retourner, avant de se figer. Bingo !

Le jaffa s'empara d'un zat sans quitter Carl du regard tandis que celui-ci se dirigeait vers un sac. Le pilote l'ouvrit et eut un sourire :
- Bon, s'ils l'ont trouvé, alors le reste doit être… commença-t-il pour lui-même en parcourant des yeux les armes abandonnées. Voilà…

D'un geste, il s'empara du fusil d'assaut qu'il avait amené avant de se faire capturer, prenant dans un second temps son pistolet. Il vérifia le chargeur de chacune des deux armes et rangea l'arme de poing dans le sac avant de mettre celui-ci sur son épaule :
- C'est bon, j'ai ce que je voulais.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Van'Tet en montrant le sac.
- Munitions et kit d'entretien. Tamara me les a passés, et je vais pas les laisser dans les mains de ces enfoirés. Pas avant d'avoir retrouvé et plombé les connards qui l'ont descendue.

Le jaffa acquiesça, n'ayant aucune difficulté à comprendre le geste du Tau'ri, comprenant la valeur que pouvait avoir une arme offerte par un professeur.

- Ho, on se barre ! hurla une voix depuis l'extérieur.
- On arrive, répondit Van'Tet en faisant un signe de tête à Carl.

Sortant de l'armurerie, Carl se figea un instant, puis posa son sac au sol avant de se tourner vers la femme qui lui avait permis de s'évader :
- Erina… est-ce que…
- D'accord, fit-elle en comprenant ce que le pilote allait lui demander.

Carl prit quelques chargeurs pour son fusil et les rangea dans ses poches avant de laisser la femme prendre le sac en bandoulière :
- Merci beaucoup, dit-il sincèrement.
Elle acquiesça silencieusement, Carl lisant un mélange de peur et de gratitude dans son regard avant de sentir un contact sur son épaule, le jaffa à ses côtés lui faisant signe de se presser.
- Faut pas s'inquiéter, on va s'en sortir, dit-il avant d'avancer à la suite de Van'Tet.

Il était cette fois-ci bien moins sûr de lui-même.


Quelques secondes plus tard, ils parvinrent à rattraper le reste du groupe, et Van'Tet se tourna vers le Tau'ri :
- Qui était cette… Tamara ? demanda-t-il.
Le visage de Carl s'assombrit un court instant et il lui expliqua.


A plusieurs dizaines de mètres de là, le Tau'ri et les jaffa apparaissaient sur l'un des multiples écrans qui suivaient de très près l'évasion. Ca'Teya n'eut qu'un ordre à donner, et les images affichées furent enregistrées en détail sur des cristaux de mémoire, les hologrammes d'une résolution et d'une précision sans faille.

L'espion Tau'ri prenant d'assaut d'innocents jaffas avec son arme, aux côtés d'un traitre et d'une force de mercenaires, pensa-t-elle. Voilà comment on fait un casus belli, Gerak. De façon efficace et professionnelle, pas avec tes méthodes démodées. Toujours rester simple et direct…



Cassandra prit quelques instants pour regarder autour d'elle alors qu'elle venait d'entrer dans l'installation militaire, semblable en presque tout point au reste des bâtiments administratifs de Washington. Les employés portaient ici l'uniforme et les gardes armés étaient mieux entrainés que leurs équivalents civils, mais les différences s'arrêtaient là pour la jeune femme qui s'était arrêtée quelques instants dans le hall.

Après quelques secondes, elle vérifia d'un coup d'œil son propre uniforme avant d'avancer vers le bureau d'accueil où un sous-officier semblait plongé dans l'écran de son ordinateur :
- Mon capitaine, dit-il en la voyant arriver. Puis-je vous aider ?
- J'ai rendez-vous avec le général Paulsen, dit-elle en présentant l'un des badges d'identification qu'elle avait acquis au cours du temps –celui-ci la présentant comme un membre du service d'enquête militaire unifié. Est-ce qu'il est disponible ?
- Capitaine Cassandra Frasier… murmura-t-il pour lui-même en tapant quelques commandes sur son clavier pour ensuite relever la tête vers la femme. Normalement, il devrait pouvoir vous recevoir, madame, mais voyez ça avec son secrétaire.
- Où est-ce que je dois aller ? demanda-t-elle.
- La porte principale à votre droite, puis prenez l'ascenseur juste derrière jusqu'au quatrième étage. Après, c'est tout droit, et vous devriez voir le bureau. Ah, attendez une seconde, j'ai oublié votre badge !
- Merci beaucoup, répondit Cassandra avant de prendre la petite carte plastifiée indiquant son statut au sein du bâtiment.

Une fois dans l'ascenseur, elle vérifia son uniforme, cherchant dans ses souvenirs les spécificités de la branche des forces armées à laquelle elle prétendait aujourd'hui appartenir. Une fois au bon étage, elle n'eut aucun mal à trouver l'antichambre menant au bureau du général, où elle fut accueillie par un jeune officier, qui se leva pour venir à sa rencontre :
- Capitaine Frasier. Bonjour, je vous prie de m'excuser, mais le général est encore occupé. Si vous pouvez patienter, il va vous recevoir dans quelques minutes.
- Bien sûr, acquiesça-t-elle avant d'aller s'asseoir sur l'une des chaises.

Son regard se posa sur la douzaine de revues laissées sur une table basse, et, d'un geste lent, prit l'exemplaire relativement récent de l'un des journaux internes de l'U.S. Air Force, à laquelle appartenait officiellement l'administration de ce bâtiment. Parcourant d'un œil détaché les quelques articles, elle ne put s'empêcher de retenir un mince sourire en pensant à la réalité derrière les versions officielles qui étaient présentées.

Ainsi que derrière les versions officieuses, dans certains cas.

Entre le soudain développement d'une nouvelle génération d'avions de combat –qui n'étaient que des engins de seconde main du Programme– ou les crises économiques et militaires agitant officiellement une planète dans les faits unifiée comme jamais avant dans l'Histoire, elle ne pouvait que s'étonner quant aux efforts que sa planète d'adoption mettaient en œuvre pour maintenir un secret de polichinelle.

Si, en théorie, le Programme était toujours secret, elle ne se faisait aucune illusion du fait qu'il soit largement trop gros pour rester sous les radars de l'ensemble de la population. Entre les industriels, les politiciens, les militaires et les innombrables administrations nécessaires pour gérer un projet d'une telle ampleur, elle savait qu'elle n'aurait pas été surprise de voir un documentaire sur le Programme passer sur l'une des chaînes câblées. Elle aurait changé de chaîne, préférant éviter de revivre certains évènements douloureux, mais n'aurait pas été étonnée le moins du monde.

A certains moments, Cassandra se demandait encore s'il s'agissait d'une stratégie délibérée, d'une subtilité et d'un génie sans égal, pour révéler la vérité au monde sans mise en scène particulière, ou bien si la population terrienne était vraiment aussi passive et peu curieuse que cela. Les deux hypothèses se valaient dans son esprit, et elle avait arrêté de s'en faire il y a quelques années déjà, sachant parfaitement que ce n'était pas son problème, mais davantage celui de son oncle Jack et des quelques autres personnes haut placées qui préparaient une officialisation du Programme depuis longtemps.

La jeune femme parcourut en diagonale un article sur le nouvel avion de supériorité aérienne de l'OTAN, article présentant "pour la première fois" des photos "exclusives" des modèles de pré-production en prévoyance de son entrée en service d'ici une demi-douzaine d'années. Un appareil sur lequel elle avait passé sa qualification en compagnie de son concepteur, deux ans plus tôt. Ses pensées s'arrêtèrent un instant sur Colson, qui, la cinquantaine bien passée, avait gardé une vivacité d'esprit qui l'avait forcée à se mettre sur la défensive pendant tout son entraînement sur l'une des bases extérieures de la Terre. Même si elle n'appréciait pas particulièrement le personnage lui-même, Cassandra ne regrettait en rien les quelques mois passés en compagnie d'une douzaine d'autres recrues à apprendre les bases du pilotage de la quasi-totalité des appareils du Programme. Chacun des membres de sa famille d'adoption lui avait suffisamment répété qu'il n'y avait pas de compétence inutile –Jack connaissant même certaines arcanes des langues anciennes qui lui auraient probablement valu un poste d'enseignant dans de nombreuses universités réputées– et elle avait appris auprès d'eux tout ce qu'elle avait pu.


Le secrétaire mit la main à l'oreille pendant quelques secondes, puis se tourna dans sa direction :
- Madame, le général est prêt à vous recevoir.
- Merci, lieutenant, répondit-elle en se levant à son tour alors que l'officier lui ouvrait la porte.

Entrant dans le bureau, elle se mit au garde-à-vous, assumant la posture qui avait été omniprésente autour d'elle après son arrivée sur Terre :
- Capitaine, fit l'officier supérieur en levant les yeux de son rapport. Qu'est-ce que je peux faire pour le Bureau ? Je vous préviens tout de suite, par contre, je n'ai qu'un quart d'heure à vous accorder.
- Merci, mon général, répondit le "capitaine" Frasier en détaillant du regard Hugh Paulsen, aux cheveux grisonnants et au ventre quelque peu arrondi.
- Asseyez-vous, asseyez-vous, lui dit-il en indiquant l'un des fauteuils, très clairement moins confortables que celui où il était actuellement assis.
- Merci monsieur, répondit-elle en s'exécutant. Je travaille actuellement avec le major Thourne sur un cas concernant l'un de vos subordonnés, et nous aurions besoin de quelques précisions pour poursuivre notre enquête.

Elle surveilla du regard l'éventuelle réaction du général face au nom qu'elle venait d'utiliser, et se rassura silencieusement en voyant qu'il ne l'avait clairement pas reconnu. Cela en soi signifiait qu'il était plus que probablement extérieur aux cercles de contacts et de personnes haut placées qui pouvaient en savoir suffisamment sur elle-même pour se méfier. Il était l'un de ses mentors et un nom associé à suffisamment de légendes urbaines au sein du contre-espionnage pour que quiconque ayant passé suffisamment de temps dans le milieu réagisse d'une façon ou d'une autre à la mention de son nom.

Donc, tu ne connais pas Serge, pensa-t-elle. Intéressant, pour quelqu'un qui dirige des unités de Black Ops… Qu'est-ce que ça veut dire ? Soit tu savais que j'allais sortir ce nom, soit tu es complètement à côté de la plaque dans ton job, Hugh… Et si tu savais, ça veut dire que tu t'attendais à ma visite. Est-ce que tu es si doué que ça, ou bien c'est autre chose ?


- De qui parlez-vous exactement ? demanda l'officier supérieur, distant, tandis qu'elle posait sa sacoche devant elle.
- Du lieutenant Carl Banet, transféré récemment dans la Task Force 8492.
- … Oh.
- Nous aurions besoin des rapports de ses supérieurs ainsi que les fiches de demande de mutation, étant donné qu'il a apparemment été réclamé par un membre de la TF.
- Cela ne sera pas… possible, répondit-il avec un malaise évident apparu sur son visage.
- Y a-t-il un problème, monsieur ? demanda-t-elle en évitant délibérément de remarquer le changement d'attitude.
- Les individus en question sont en opérations, capitaine, fit-il en se reprenant tandis qu'une goutte de sueur perlait sur sa tempe. Vous devrez attendre leur retour.

Tu caches quelque chose… et pas que les trucs normaux pour ton job. Cameron a eu le nez fin, on dirait. Il y a quelque chose qui pue ici.

- Le major Thourne n'a pas besoin de le voir, lui ou ses supérieurs, monsieur. Les dossiers seraient parfaitement à même de l'aider dans son travail.
- Ne me forcez pas à me répéter, capitaine, dit-il en appuyant le dernier mot, laissant un long silence passer avant de continuer. Mon emploi du temps est particulièrement chargé aujourd'hui.
- Très bien, mon général. Merci de votre temps, répondit-elle finalement, surprise de la complète absence de subtilité caractérisant le comportement de Paulsen.

En se levant, elle s'empara de sa sacoche et fit un geste discret de la main. Un stylo –d'apparence identique à ceux omniprésents dans ce type de bureaux – tomba vers le sol, à l'abri des regards derrière le porte-documents. Pendant les quelques instants de la chute, Cassandra fixa du regard le général avant de finalement le saluer puis de quitter la pièce. Elle n'avait pas eu besoin de vérifier où avait fini le petit objet, la jeune femme ayant senti l'impact sur le pied pour mieux le diriger, le son étouffé par le frottement de la chaise sur le sol.

Sortie de l'immeuble, elle laissa filtrer une esquisse de sourire.

Sur la défensive… Non, pire : il a paniqué. Il avait peur d'une enquête "officielle". Étonnant de la part d'un barbouze d'être aussi facile à lire… D'accord, d'accord, c'est clair, il y a quelque chose de pas net là-dessous, ma petite Cassie. Cameron avait vu juste. Maintenant, reste à savoir ce qu'il cache…

Elle sortit son second téléphone –celui-ci aussi sécurisé que ce le matériel terrien permettait– et appela l'un des premiers numéros de sa liste, n'attendant que quelques secondes pour recevoir la connexion :
- Allô, Sam ? C'est Cassie !
- Ah, justement, je comptais t'appeler, répondit sa mère adoptive, de la tension audible dans sa voix.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- D'abord, tu es bien sur ton téléphone sécurisé ?
- Oui, pourquoi ?
- Active les brouilleurs, je veux être sûre que personne n'écoute, c'est très sensible.

Elle s'exécuta, pressant une touche sur l'écran tactile pour déclencher une version spécialisée des boucliers atmosphériques, qui bloquerait toutes les ondes sonores sortantes au prix d'une consommation d'énergie plus qu'excessive.

- Voilà, reprit-elle en ramenant le téléphone près de sa tête. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Est-ce que tu es au courant pour Bra'tac ?
- Oui, c'est justement pour ça que je t'appelais. Cam m'a contacté il y a quelques heures. Apparemment, ce serait un de ses anciens hommes qui est accusé de l'avoir enlevé.
- Le lieutenant Carl Banet, fit sa seconde mère adoptive. Donc tu vois notre problème.
- Oui, Cam est persuadé que ça cache quelque chose de pas bon du tout. Sans parler de ce qui se passe avec les Jaffas.
- On est d'accord. Tes idées pour l'instant ?
- Il a raison. Je viens de rendre visite au patron de la TF 8492, et il est pas clair. Je veux dire, encore moins que devrait l'être un gars des Black Ops. Je voulais savoir si tu pouvais me donner un coup de main pour enquêter sur lui.
- Je vais mettre quelques personnes dessus pendant ton absence, on ne sait jamais.
- Mon absence ?
- Pourquoi est-ce que tu crois que je t'appelais ? J'ai besoin de toi.
- Cameron m'a déjà réservée, lâcha-t-elle avec un sourire audible.
- C'est pour la même chose.
- Explique.
- Je ne sais pas ce qui se prépare exactement, mais on se dirige droit vers la catastrophe. Je te demande de me croire là-dessus, mais ces dernières semaines, tout s'est précipité de tous les côtés, et je suis certaine qu'on n'a plus le temps d'attendre. Il y a une piste qui pourrait donner des résultats rapidement, mais je ne peux pas y aller moi-même.
- Vu que ça a rapport avec ce que m'a demandé Cam, je parie que tu vas parler de ce Carl.
- Exactement. C'est le seul qu'on a une chance de retrouver dans ce foutoir. Tous les autres qui pourraient savoir quoi que ce soit sont morts, en fuite ou quelque chose comme ça. Lui, il est prisonnier sur Dakara, mais au moins, on sait très bien où il est.
- Tu veux que j'aille le voir là-bas ?
- Oui. J'envoie dans deux heures un vaisseau avec une équipe diplomatique vers Dakara. Officiellement, c'est pour mener des négociations d'urgence et faire baisser la pression.
- Et officieusement ?
- Quelqu'un est en train de faire tout son possible pour faire sauter la cocotte, Cassie. Ce genre d'action n'a aucune chance de sauver les meubles. Il faut qu'on trouve qui est derrière ça, et comment les neutraliser avant qu'on se détruise tous. Je vais te mettre dans l'équipe, et ensuite, je te fais confiance pour remonter cette piste.
- Je vais faire ce que je peux, mais… ça serait pas plus simple d'y aller par la Porte. On éviterait de perdre pas mal de temps, je crois.
- Justement, c'est l'un des problèmes qui viennent de nous tomber dessus… Quelqu'un a activé une version lourdement modifiée d'Avenger. Depuis le SGC.
- Quoi ? s'étrangla Cassandra.
- Oui… La Porte est hors-service pour un bon bout de temps, et c'est en train de se répandre dans toute la galaxie. Tu sais ce que ça veut dire, je crois…
- Quoi qu'ils préparent, c'est pour bientôt.
- Bingo.
- Je ferai ce que je peux, Sam.
- Trouve ce Carl. C'est notre seul lien valable avec ce qui se passe.
Dernière modification par Rufus Shinra le 22 janv. 2012, 20:42, modifié 1 fois.
Effet Papillon :
Un avenir possible, moins sûr et plus complexe pour des galaxies porteuses d'un mélange explosif : vide de pouvoir, héritages vivants et ambitions multiples.
Tomes I et II terminés, Tome III en cours

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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

Allez, bonne nouvelle, j'ai réussi à tenir la deadline, alors voici le nouveau chapitre !

Et n'oubliez pas, les comm', c'est pas si long à écrire (pour un chapitre de 40 pages), et ça fait énormément de bien à l'auteur ! Je vous en remercie d'avance (en plus, ça me permet de me faire une idée du nombre de personnes qui lisent).




Chapitre 06 : Intersections



- Vous vous foutez de nous ? explosa Hansen lorsque l'archéologue acheva son explication.
- Pas vraiment, répondit celui-ci avec un rictus peiné. J'aimerais bien, mais on ne peut rien faire de mieux pour l'instant.
- On va quand même pas les laisser se balader dans le coin sans rien faire ! fit l'officier. Ca fait deux heures qu'ils tentent de nous tuer ! C'est déjà un miracle qu'on s'en soit tous sortis comme ça, et en plus on doit jouer leur jeu ?
- Pour l'instant, capitaine, si on tente quoi que ce soit, je ne garantis plus rien. Oui, on peut convaincre les autres que c'est nous les gentils, et s'en sortir. Même comme ça, ça va juste se terminer en massacre des deux côtés, et on y laissera sûrement du monde. Après ça, soyez sûr que les survivants Hébridans ne nous lâcheront pas d'une semelle, et la mission sera encore plus infaisable qu'avant… Et ça, c'est en supposant qu'ils nous croient, nous, plutôt que de nous arrêter.
- On n'a pas le choix, c'est ça ?
- Exactement.
- Génial… répondit-il. Est-ce que ça vous dérange si je vois avec mon groupe pour préparer quelques trucs, au cas où ça tournerait mal ?
- Pas du tout, au contraire. Essayez juste, je ne sais pas, de rester discret.
- Ne vous inquiétez pas, j'ai compris la situation. Tant que les autres gusses ne se rendent compte de rien, ça maintient le statu quo et on peut gagner du temps.
- Voilà.
- Je vais voir ce qu'on peut faire de notre côté, docteur, mais essayez de faire vite, parce que plus tôt on pourra se tirer de ce piège, mieux on se portera.
- Tout dépend de ce qu'il y a dans ces ruines… Essayez de ne pas trop vous mettre ces mercenaires à dos, ils pourraient bien travailler pour nous si la découverte en vaut le coup.
- Je ferai de mon mieux, monsieur, acquiesça-t-il avant d'ouvrir la tente dans laquelle ils étaient. Ho, Ruth, Karima, venez !
- Ah oui ! fit Jackson. Tant que j'y pense, je garderai le lieutenant Ravenwing avec moi, si c'est possible.
- Euh, pourquoi pas… Une raison précise ?
- Il faut quelqu'un pour tenir Anna en sécurité, et trop de monde s'intéresse à moi pour que je puisse le faire. En plus, elles semblent s'entendre et travaillent relativement bien ensemble.
- Oui… ça me fait penser qu'il faudra vraiment qu'elles nous expliquent comment elles ont fait, dans le Terminal.
- En effet, répondit l'archéologue avec un fin sourire.

Oui, et beaucoup d'autres choses encore, lieutenant Ravenwing… Enfin, ça ou quelque soit votre vrai nom, pensa-t-il.


Jackson, accompagné par l'objet de ses suspicions, s'approcha de la tente où il avait laissé Anna, et fit signe à celle-ci de le suivre :
- Quel est le programme, maintenant ? demanda-t-elle.
- Ils sont sur place depuis au moins hier, donc ils ont déjà dû commencer à aménager les ruines pour pouvoir les explorer et y travailler. On va voir Bakane pour le convaincre de nous mettre au travail tout de suite. Maintenant, la priorité, c'est de trouver ce qu'il y a ici le plus vite possible.
- D'accord… Quand vous aviez discuté avec l'autre type, avant, vous sembliez connaitre ce… Bakane, c'est ça ?
- Oui. L'un des archéologues les plus compétents sur Hébrida. Pas exactement un amateur des opérations de terrain, mais très vif. J'ai travaillé une ou deux fois avec lui, mais toujours dans des bibliothèques… Si on tombe sur quelque chose de vraiment valable, il faudra qu'on s'arrange pour le distraire. Lieutenant ?
- Oui ? répondit l'Ascendante en restant dans son rôle. Vous voulez que je m'en charge ?
- Si possible. Il va forcément nous suivre où qu'on aille pour savoir ce qu'on cherche. On aura probablement aussi quelques chiens de garde autour, mais c'est lui le plus gros problème. A moins que ce soit vraiment du spectaculaire, ça devrait être possible de faire passer ce qu'il y aura ici pour des vestiges sans conséquence, mais pas avec lui. Il en connait suffisamment sur les quelques anciennes civilisations avancées pour reconnaître des artefacts de valeur.
- Comment est-ce que je dois procéder ? demanda-t-elle. Est-ce qu'il faut qu'il ne se doute vraiment de rien ou est-ce que je dois le neutraliser pendant qu'on s'enfuit ?
- La première solution, fit l'archéologue. Je n'ai pas vraiment envie de me faire encore d'autres ennemis, déjà que les corporations ne seront pas de bonne humeur si on réussit à s'en sortir sans faire de vagues. Et puis c'est quand même un bon ami.
- Je ferai le nécessaire, docteur Jackson…
- Merci, lieutenant. Anna, de votre côté, restez avec elle. Je sais que vous pouvez vous défendre, mais vous n'avez pas tout l'entraînement qu'il faudrait.
- Parce que ça existe, un entraînement adapté à tout ce qui nous est arrivé depuis… ?
- Survivre quelques années dans une équipe SG, répondit-il pragmatiquement, tandis qu'ils arrivaient devant la tente de l'archéologue hébridan.

L'habitation, même temporaire, était considérablement plus grande que le reste de celles installées pour les autres membres de l'expédition qui les avait précédés sur place. Plusieurs générateurs fonctionnaient silencieusement, reliés par des câbles à l'intérieur, tandis que la base elle-même de la tente était légèrement surélevée par rapport au sol rocailleux, reposant à quelques centimètres du sol sans le moindre support visible. Plusieurs agents de sécurité, armés, semblaient surveiller de très près chacune des parois sans laisser le moindre angle mort, et un appel fut nécessaire pour confirmer aux sentinelles que les arrivants avaient l'autorisation de pénétrer à l'intérieur.

Délesté de leurs armes par les gardes, les trois membres de l'expédition terrienne entrèrent à l'intérieur, Jackson s'assurant d'un geste discret de la texture des parois de la tente.

Tissu renforcé avec une grille de protection lourde. Toujours aussi paranoïaque…

L'intérieur pris au dépourvu les deux autres membres du groupe, et l'ancien membre de SG-1 ne put s'empêcher de sourire à leur réaction face à l'habitation, qui donnait clairement l'impression d'être plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur.

- Ah ! Docteur Jackson… Toujours en bonne compagnie, à ce que je vois ! les interpella l'unique occupant de la tente.
- Docteur Bakane, fit-il en inclinant légèrement la tête avant de la tourner pour regarder autour de lui. Jamais loin de votre bibliothèque, à ce que je vois.
- Jamais. Après tout, on ne sait jamais sur quoi on va tomber, surtout quand vous rôdez aux alentours…
- Le docteur Bakane, expliqua-t-il à ses deux compagnes, a la réputation bien méritée d'être le plus grand rat de bibliothèque de la profession. Docteur, le docteur Anna Stern, spécialiste des civilisations non-humaines et le lieutenant Ruth Ravenwing, membre de mon escorte. Mesdames, le docteur Temin Bakane, premier archéologue hébridan.
- Enchanté, répondit celui-ci en se tournant vers les deux femmes, qui acquiescèrent en retour.
- Oh, fit Jackson, et ne vous inquiétez pas, le reste du paysage n'est juste qu'une projection murale. Il est aussi nostalgique de son bureau à l'Université.
- Chacun ses petites habitudes, commenta-t-il en retour. Tout le monde ne peut pas en avoir d'aussi polémiques que les vôtres, docteur Jackson. Après tout, il n'y aurait plus de profession, sinon…
- Qu'est-ce qu'il veut dire ? demanda Anna.
- Le bon docteur Bakane faisait référence à une certaine réputation que j'ai acquise de ne pas laisser les sites archéologiques dans l'état où je les ai trouvés.
- Réputation ? Est-ce que vous avez idée du nombre de mes élèves qui vous maudissent, docteur ?
- Je sais, je sais, "là où Jackson passe, les ruines ne repoussent pas"… Mais est-ce que vous leur rappelez que ce n'est presque jamais de ma faute, au moins ?
- Oh, ils le savent. C'est juste que je n'ai pas trouvé un seul volontaire chez mes assistants pour m'accompagner. Ils étaient tous pris de la certitude qu'une flotte viendrait brusquement bombarder toute la planète, ou encore que l'étoile deviendrait une nova sans nous prévenir et que vous seriez le seul survivant.
- Ils exagèrent…
- Bien sûr qu'ils exagèrent ! Mais vous ne faites rien pour les en dissuader, docteur ! J'ai passé des années sur ma thèse à discuter des références et des légendes sur Praclarush Taonas, en fouillant des bibliothèques et des ruines sur des dizaines de mondes, pour quel résultat ? Vous la trouvez et détruisez en deux jours !

Jackson leva les yeux au ciel :
- C'était une question de vie ou de mort, vous savez, avec Anubis qui allait nous bombarder. En plus, ça a démontré toutes vos théories. En tout cas, c'est ce qu'a dit votre comité quand il a reçu la copie de notre rapport de mission…
- Oui, je sais que je vous dois ma chaire, mais ça ne change rien au fait que vous n'avez pas que des admirateurs, docteur. Donc, vu que vous voulez explorer des ruines qui nous appartiennent, j'ai reçu l'ordre de vous suivre et de documenter tout ce sur quoi vous tomberez. Qu'il en reste au moins une trace quand ça sera inévitablement détruit.
- Ca sera un plaisir d'avoir votre expérience pour nous aider, répondit-il honnêtement.
- Hmm… Qu'est-ce que vous cherchez exactement ?
- Je ne suis pas encore sûr.
- Pas de références qui vous ont mené sur place, de livre, de gravures, que je pourrais consulter pour savoir ce qui nous attend ?
- Non, désolé, fit Jackson en sachant parfaitement ce qui allait suivre.
- Laissez-moi deviner, c'est encore votre criminelle de petite amie qui vous a suggéré de venir sur place ?
- Tout d'abord, elle n'est pas une criminelle, mais au pire une délinquante selon vos lois, répondit l'archéologue. Ensuite, non, c'est une autre source qui m'a suggéré de venir ici.
- Et vous avez confiance dans cette source ?
- Absolument pas, l'informa-t-il sans sourciller.
- C'est comme vous voulez. De toute façon, on m'a dit que c'est votre gouvernement qui paie tous les frais de l'expédition, alors c'est pas mon problème, tant que rien ne sort de ces ruines sans notre permission.
- Cela va sans dire, docteur Bakane.
- Je sais, mais on m'a quand même demandé de vous le rappeler. Enfin, maintenant que les formalités sont passées, que j'ai habilement essayé de vous soustraire autant d'informations que possible sur vos sources et que j'ai transmis un discret rappel des moyens de pression corporatifs sur Vala, on peut repasser aux choses sérieuses… Dans quoi tu t'es encore foutu, Danny ?
- Rien de plus que d'habitude, Tem', rien de plus.
- Et tu ne peux rien me dire, hein ?
- Comme toujours.
- Ouais… Je ne poserai pas trop de questions, de toute façon. Mais par contre, maintenant que je te tiens et que j'ai toute une compagnie de soldats pour te surveiller, tu ne vas pas t'esquiver aussi facilement.
- Temin…
- Comment tu fais pour te retrouver à chaque fois avec des filles pareilles ! gémit-il avant d'adresser un sourire aux deux femmes accompagnant Jackson. Je vais finir par croire mes thésards, que tu cumules à toi tout seul tout le quota de la profession…
- T'en as pas assez… Je veux dire, tu ne trouves pas qu'on n'a autre chose à faire que parler de ça ?
- Ce soir, après le boulot… Enfin, on a commencé à mapper les zones accessibles. Pour l'instant, c'est du classique : un bâtiment d'une civilisation industrielle ou post-industrielle, abandonné il y a un bail et squatté par tout un tas de monde depuis.

Il prit un dossier posé sur une table voisine et l'ouvrit, dévoilant plusieurs photos et plans :

- Voilà, fit-il. L'érosion n'a pas trop abîmé le tout, mais les squatteurs se sont fait plaisir à saccager le coin. Il y a eu pas mal de campements qui se sont posés ici, probablement un abri périodique pour je ne sais quelle tribu de nomades.
- Il y a une population native sur cette planète ? demanda Anna.
- Oui, mais rien de notable. Il y avait eu une société industrielle il y a six cent ans, et puis un Goa'uld mineur est arrivé après s'être levé du mauvais pied. Nos éclaireurs ont apparemment trouvé l'endroit et ont installé un comptoir avec les tribus des survivants.
- Et quel était le niveau de cette société ? fit la scientifique.
- Pas mal d'industries, sûrement des grandes villes, ils maitrisaient la fission, à en croire les archives. Mais ça ne les a pas aidés, ils se sont fait balayer en quelques heures au maximum quand l'autre s'est amusé à tout vitrifier depuis l'orbite. Et pour anticiper votre question, docteur Stern, non, ils n'ont pas construit le complexe originel. Tout ce qu'ils ont fait, c'est construire un petit temple pour leur nouveau dieu, le temps qu'il se lasse et aille voir ailleurs. Après, tribus, villages, enfin le classique.
- Il y a beaucoup de survivants ?
- Pas énormément, juste de quoi cultiver des céréales et faire un peu d'élevage dans les plus gros villages. Je ne crois pas qu'ils vous intéressent, ici, mais je pourrai demander qu'on vous passe le dernier rapport du comptoir commercial, si vous êtes curieuse.
- Merci beaucoup, dit-elle, ça m'intéresse effectivement.
- Pas de souci. Pour revenir à nos ruines, on a donc le temple et les campements. On est tombés sur les restes d'un bunker, mais c'était une fausse alerte, dit le scientifique hébridan en leur montrant une série de photos.

Au bout d'un long couloir creusé dans la roche, une immense porte circulaire semblable à celle d'un coffre-fort, trônait, immobile, près de quelques panneaux de contrôle primitifs. Plusieurs symboles étaient marqués sur la construction massive, qui avait été ouverte pour la seconde image. Le reste des photos était occupé par de vieux tunnels en ruine, semblables à un rêve de logement fonctionnel futuriste fait par un architecte du milieu du XXème siècle.

- C'est le second bunker de ce genre qu'on a trouvé, apparemment construit en prévision d'une guerre locale. Il a pas vraiment servi à grand-chose, personne n'était dedans quand on l'a ouvert hier. J'ai une équipe qui récupère ce qui reste en ce moment-même. Je vous passerai le dossier, si vous voulez. De toute façon, je vous l'ai dit, c'est le second. L'autre était pareil, et sans grand intérêt, à part pour former les stagiaires aux risques du terrain. Foutues radiations… Enfin, bref, je m'égare. Je pense que vous êtes venus pour ça, dit-il en présentant une nouvelle série de photos.

Les images montraient cette fois-ci des couloirs où la poussière masquait des couloirs bien plus élégants, laissés intouchés par le temps.

- Ca, par contre, c'est potentiellement intéressant. Après, qu'on soit clairs, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il y a à trouver. Enfin, il n'y avait pas le moindre objet ou artefact d'époque laissé où que ce soit. Des machins appartenant aux quelques nomades qui sont tombés dessus par hasard, mais pour l'instant, ça s'arrête là.
- Et vous n'aviez pas découvert ça avant-hier, dit d'une voix étonnée l'Ascendante. Vous n'aviez pas du monde dans le coin depuis quelques temps ?
- Oui, et aussi des moyens limités, lieutenant. La planète abritait une société stagnante qui s'est faite démolir par un serpent méticuleux et efficace, alors il n'y avait pas grand-chose à récupérer ou à étudier. En plus, le temple était à moitié effondré et les premiers groupes ont loupé le reste du complexe. La seule raison pour qu'on l'ait trouvé, c'est parce que les gars d'en-haut se sont dit qu'il faudrait envoyer pas mal de moyens si vous étiez intéressé, docteur Jackson.
- J'avais remarqué.



Le capitaine Jörg Hansen venait de pleinement réaliser qu'il était désormais l'officier terrien le plus haut gradé dans une situation chaotique, imprévisible, impliquant un VIP littéralement connu à travers la galaxie et menant une mission dont il ne connaissait finalement pas les tenants et aboutissants.

Cela ne lui plaisait pas le moins du monde, alors qu'il ne se faisait aucune illusion sur sa place dans la chaîne de responsabilité si quoi que ce soit tournait encore plus mal que jusqu'à présent. Ce qu'il ne jugeait pas improbable.

Réduit à commander une seule autre personne, il était rapidement arrivé à la conclusion que lorsque le bluff que tout le monde menait allait inévitablement s'effondrer, les deux civils et son équipe devraient avoir autant d'avance que possible pour rejoindre la Porte. Un objectif en tête, il n'eut pas de problème pour trouver une manière acceptable d'utiliser ses maigres moyens en vue de les réaliser.

On va forcément se faire avoir… pensa-t-il en s'approchant de la tente qui contenait apparemment la plupart des générateurs. Faut réussir à saboter tout ces machins avec une poignée de grenades alien qu'on a jamais utilisé avant, sans se faire repérer, et avec une bande d'affreux qui vont vouloir notre peau dans la seconde. Bordel…

La jeune femme marchait à quelques mètres derrière lui sans dire un mot, surveillant les alentours et enregistrant comme lui tous les détails qui pourraient s'avérer utile pour placer la maigre quantité d'explosifs qui avait servi de butin après l'attaque contre leur navette. Le camp qu'ils parcouraient s'étendait sur plusieurs centaines de mètres, les tentes toutes placées à quelque distance de la base du plateau rocheux abritant les ruines. Ils croisaient sans cesse des agents de sécurité comme des civils, apparemment majoritaires. Les regards qui leur étaient adressés allaient de la curiosité à la suspicion, et si plusieurs civils avaient donné l'impression de vouloir leur parler, aucun n'avait cependant fait le moindre pas dans cette direction, les laissant faire le tour de ce qui servait d'installations de base.

Quelques grandes tentes accueillaient les logements spartiates du personnel, tandis que les cadres et autres officiers partageaient une série de logements individuels que Hansen ne pouvait s'empêcher d'assimiler à la version hébridane du préfabriqué. Prenant mentalement note d'inclure dans son rapport des remarques quant à la très grande rapidité avec laquelle le camp avait été installé, il avait rapidement commencé à chercher les points les plus stratégiques. Ceux qui lui permettraient de paralyser, ou au moins de retarder toute action de la part des troupes.

Plusieurs petits préfabriqués étaient surveillés en permanence par des gardes, et l'officier terrien en avait rapidement déduit qu'ils devaient contenir des armes et du matériel important. Il avait rapidement eu confirmation de la fonction du plus gros bâtiment lorsque plusieurs civils firent des allers-retours en transportant des caisses de nourriture.

Ouais, faudra vraiment que je le leur dise, à la maison : ils ont une foutue logistique, ces types. Je ne sais pas ce que Jackson cherche, mais ça a vraiment dû les faire paniquer… avait-il pensé en regardant la scène.

Son train de pensées s'interrompit brutalement lorsque son corps se figea, pris d'un réflexe que son esprit n'avait pas encore eu le temps d'analyser. L'instant d'après, il vit ce qui l'avait fait réagir : une légère bosse témoignant d'un objet récemment enterré juste à côté des câbles en provenance des générateurs.

Ah les cons, ils minent leur propre camp !

- Les grands esprits se rencontrent, commenta sarcastiquement une voix derrière lui.

Aussitôt, les deux membres de SG-22 se retournèrent, arme dressée, pour faire face à un homme seul, ne portant pour toute arme qu'un pistolet terrien rangé à la ceinture.

- Salut tout le monde… Vous pourriez baisser les joujoux, on aurait pas envie que les locaux se méprennent ?

Hansen acquiesça et baissa suffisamment son fusil pour éviter qu'un témoin inopiné ne voie effectivement la tension qui régnait entre les deux groupes d'arrivants.

- Qu'est-ce que vous voulez ? fit-il.
- Juste vous dire que vous n'avez pas besoin de vous occuper de cette tente, on a déjà mis ce qui faut.
- C'est vous, ça ? demanda Hansen en faisant un petit signe de tête en direction de la mine.

L'autre acquiesça à son tour, sans dire un mot.

- Pourquoi vous faites ça ?
- Ben, pour la même raison que vous ! Je crois qu'on n'a pas trop envie de les voir se mêler de nos affaires, hein ?
- Ca dépend de la façon dont ils veulent s'en mêler. Je suis sûr qu'ils apprécieraient de savoir que vous avez commencé à miner leur camp.
- Avec du matos tout droit sorti du SGC.
- Je vois…
- Non, enfin, sérieusement, est-ce qu'on peut au moins essayer de voir pour nous coordonner là-dessus ? demanda le mercenaire. Ce serait con de gaspiller du matos.
- L'ennemi de mon ennemi, c'est ça ?
- Est l'ennemi de mon ennemi. Ni plus. Ni moins, répondit l'homme en face. Enfin, réfléchissez-y un peu, quoi qu'il se passe, ils vont nous bouffer tous les deux à la fin.
- Vous parlez en votre nom propre ou… ?
- C'est le patron qui nous a dit de vous en parler si on vous croisait. Pensez-y… conclut l'autre avant de se retourner et de s'éloigner d'eux.
- Qu'est-ce qu'on fait ? demanda la jeune femme après que le mercenaire se soit éclipsé.
- On termine la reco et on refile le bébé au docteur Jackson. C'est à lui de voir…


Anna regarda Urth ajuster son casque avec quelques hésitations avant de suivre le reste du groupe dans l'entrée du réseau de cavernes. L'archéologue hébridan avait pris la tête, les guidant dans leur visite, tandis qu'ils étaient accompagnés par trois gardes armés. La scientifique, elle, ne pouvait s'empêcher de se retourner fréquemment pour ramener son regard sur l'un des mercenaires, qui avait pris place dans le petit détachement. L'arrangement plus ou moins improvisé entre Jackson et leurs poursuivants lui déplaisait particulièrement, mais elle savait ne rien pouvoir y faire pour le moment, alors, rapidement, elle reporta son attention sur son environnement.

Les vestiges d'un temple, construit avec les moyens archaïques d'une société renvoyée à l'âge de pierre par des bombardements orbitaux, occupaient la première des grottes. Les bas-reliefs étaient crus, manquant d'un quelconque raffinement et avaient vu leur état s'aggraver encore par le passage du temps et des nomades occasionnels. Un autel trônait au milieu, bloc de pierre tailladé pour l'occasion et désormais recouvert de poussières incrustées, fendu et érodé. Les quelconques instruments de culte qui avaient pu y être posés à une époque avaient naturellement disparu, aucun tabou n'ayant protégé le temple au cours des siècles.

Bakane leur fit faire un tour très rapide des lieux, ne s'interrompant que pour poser quelques questions à la poignée de techniciens travaillant sur place avant de les mener vers le passage suivant. Un bref coup d'œil l'informa que l'ouverture qui pénétrait plus profondément dans le massif rocheux avait été dégagée très récemment, avec des outils modernes.

- Voilà, commenta leur hôte. C'est ici que ça commence à devenir intéressant. On a trouvé le passage dans la foulée après être arrivés. Quelqu'un avait provoqué un éboulement pour le cacher aux alentours de l'arrivée du Goa'uld. On n'a pas exactement compris pourquoi, vu qu'il n'y avait personne à protéger dans l'abri. Peut-être qu'ils pensaient pouvoir mettre une partie de leur technologie de côté, comme ça. Enfin, quoi qu'ils aient prévu, ça a foiré.

Le tunnel dans lequel ils venaient de pénétrer était éclairé par des lampes autonomes posées régulièrement mais laissant néanmoins des zones d'ombres au fil des irrégularités de la roche. Anna se retourna lorsqu'une nouvelle source de lumière apparut derrière elle, et vit Urth avec une lampe de poche allumée en main. L'Ascendante balayait rapidement les alentours, le regard concentré.

- Ne vous inquiétez pas, lieutenant, fit l'archéologue hébridan, nous avons déjà vérifié tout ce qui était à voir ici. Pas de pièges, d'animaux ou quoi que ce soit.
- C'est mon rôle que de m'inquiéter… grommela-t-elle sans cesser de regarder dans toutes les directions.

Ca, et plein d'autres choses, se retint Anna de commenter à haute voix.

Au bout d'une dizaine de minutes de marche dans le tunnel laissé à l'abandon, ils arrivèrent finalement à une intersection. Sur l'un des côtés, le chemin descendait jusqu'à une zone bien plus éclairée, partiellement cachée par le relief.

- Le bunker local est là-bas, fit Bakane. Si vous voulez, je pourrai vous y faire rentrer, mais il faudra revenir avec des tenues de protection, il y a des fuites de radiation. Selon les ingénieurs, ces gars avaient les pires réacteurs jamais conçus dans la galaxie. Si les bombardements n'avaient pas été aussi forts, toute la planète serait irradiée… Avec tous les problèmes qu'ils ont trouvés en même pas deux jours, c'est presque un soulagement que personne n'ait pu l'atteindre lors de l'attaque.
- Comment ça ? demanda Jackson.
- Système de recyclage de l'eau en panne, fermes hydroponiques qui se sont mises à muter et à envahir tout un niveau, robots médicaux instables, défenses automatisées neutralisées en quelques minutes… Tout est dans le dossier que je vous passerai, mais franchement, si c'est comme ça qu'ils construisaient, j'ose à peine imaginer leurs villes.
- Et de l'autre côté ? fit Anna en indiquant le second chemin.
- C'est là que les choses deviennent intéressantes, fit Bakane avec un sourire alors que des bruits de voix commençaient à se faire entendre le long du tunnel. Les scanners ont montré qu'il y avait tout un réseau de grottes séparées du reste.
- Comment ça, "séparées" ? demanda-t-elle.
- Totalement isolées, sans lien avec les tunnels où on est. En fait, on n'a pas encore trouvé de sortie vers l'extérieur.
- Et c'est là qu'il y a les aménagements que vous nous avez montré en photos, donc ? intervint Jackson.
- Voilà, répondit son collègue hébridan. Même pas de tunnels bouchés ou effondrés. Rien, comme si ça avait été construit de l'intérieur.
- Technologie Tok'Râ ? l'interrogea-t-il.
- Pas de signe de ça pour l'instant. C'est possible, mais je ne parierais pas là-dessus.
- Comment est-ce que vous y êtes rentrés s'il n'y a pas d'accès direct ? demanda Anna. Des anneaux de transport, un système de téléportation ?
- Il y a un réseau d'artefacts de transport. On a eu quelques problèmes, d'ailleurs, parce qu'ils ne laissent pas beaucoup de place pour amener du matériel à l'intérieur. En plus, on n'a toujours pas trouvé la source d'énergie, donc on ne sait pas combien de temps ça fonctionnera encore.

Ils arrivèrent dans ce qui semblait être la fin du tunnel, à l'intérieur d'une caverne de plus grande taille, où s'affairaient une douzaine de personnes. Partout sur le sol étaient entreposés des équipements de taille diverse, des caisses de provisions, le tout vivement éclairé par une poignée de projecteurs laissés près des parois. Cependant, Anna ne prêta aucune attention au petit campement, son regard s'étant fixé sur l'artefact qu'elle n'eut aucun mal à reconnaitre.

Une cabine de téléportation… Comme sur Atlantis. Maintenant, c'est plus très dur de deviner qui a construit ce complexe.

- Vous avez déjà vu ça quelque part ? demanda leur hôte en désignant le bloc encastré dans la roche.
- Non, mentit l'archéologue. Mais, au vu du style, des matériaux… c'est probablement quelque chose fait par les Anciens… ou les Asgards, peut-être.
- On est arrivés à la même conclusion. Mais ce qui est intéressant, c'est la carte…
- Quelle carte ? demanda Jackson tout en sachant parfaitement ce qui allait lui être montré.
- Et bien, répondit Bakane en faisant s'ouvrir les portes de la cabine par son approche, l'écran intérieur affiche une carte du complexe. Il a l'air beaucoup plus gros que ce qu'on a vu pour l'instant. Tenez.

Il leur tendit une autre photo, apparemment prise de l'intérieur de la cabine et montrant le plan de l'installation. Plusieurs icônes étaient réparties sur l'ensemble de la carte, mais le regard des trois individus se posa rapidement sur l'immense salle qui semblait doubler à elle-seule la taille du complexe.

- Et qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? demanda Jackson en désignant du doigt la dite-salle.
- C'est la question à laquelle on a tous envie de répondre… Peut-être un entrepôt, ou un hangar… Aucune idée, c'est protégé contre tous nos détecteurs.
- Logique, ce serait trop facile. Est-ce qu'on peut essayer de s'y rendre ?
- On va essayer, de toute façon, docteur Jackson. Mais pour l'instant, il n'y a qu'une seule des destinations qui fonctionne, et nos équipes sont en train de voir ce qu'elles peuvent faire pour aller plus loin. Vous voulez voir ?
- C'est pour ça qu'on est là…
- D'accord. Je passe en premier, que vous puissiez voir la procédure, et vous me suivez, entendu ?
- On fait comme ça, agréa Jackson.
- Alors, vous n'avez qu'à appuyer sur ce point, fit l'hébridan en leur montrant à nouveau la carte. C'est le seul qui n'est pas grisé, donc vous ne devriez pas avoir le moindre mal à le reconnaitre. A ce moment-là, le système fait tout, tout seul, et vous n'avez plus qu'à attendre l'ouverture dans la cabine d'arrivée.
- Entendu, répondit la scientifique.
- Je vous attends là-bas, dit-il en entrant dans la cabine.

L'instant d'après, les portes se fermèrent pour s'ouvrir à nouveau quelques secondes plus tard.

- J'y vais, fit Jackson en s'approchant à son tour de la cabine, qu'il n'eut aucun mal à opérer après plusieurs années dans la Cité d'Atlantis.
- A vous l'honneur, docteur Stern, fit Urth, apparemment crispée.
- Peur du téléporteur ? demanda Anna avec un petit rictus amusé.
- Ce n'est pas mon moyen de transport préféré… commenta l'Ascendante.
- Bizarre. Je me serais dit, pourtant, que vous deviez y être encore plus habituée que nous…
- J'ai mes raisons… Autrement, autant ne pas faire attendre nos deux bons docteurs, d'accord ?
- OK, OK… s'inclina-t-elle en levant les yeux au ciel avant de rentrer dans la cabine.

Celle-ci, aussi exigüe que dans ces souvenirs, se ferma avant même qu'elle puisse appuyer sur un quelconque endroit de l'écran.

- Bonjour, docteur Stern, la salua une voix familière.

Elle écarquilla les yeux en la reconnaissant :
- Atlantis ? s'étrangla-t-elle.
- Moi-même.
- Mais qu'est-ce que vous faites ici ?
- Je vous ai invitée, voilà tout… Et il serait imprudent de ma part de ne pas m'assurer un contrôle minimal de cet endroit, surtout vu ce qu'il contient et de l'attention que vous et le docteur Jackson avez attiré dessus. Quoi qu'il en soit, sachez que je suis satisfaite de voir que vous avez pu arriver ici sans encombre, malgré la situation quelque peu chaotique dans laquelle vous vous êtes retrouvée.
- Bravo pour l'euphémisme…
- Croyez-moi, j'ai hâte d'entendre de votre bouche le récit des évènements récents, mais là n'est ni le moment ni l'endroit pour une discussion prolongée.
- Qu'est-ce que vous comptez faire ?
- Vu le faible préavis que j'ai eu et les conditions spécifiques de ce lieu, pas grand-chose, sinon ré-établir le lien qui a été brisé par l'EMP sur Hébrida. Le reste viendra en temps voulu.
- Je vois… Je n'ai aucune chance de m'échapper, hein ?
- Ne vous inquiétez pas, docteur Stern, vous vous libérerez de mon influence bien assez tôt, croyez-moi.
- Reste à savoir si c'est une bonne chose…
- Excellente question. A laquelle vous répondrez par vous-même.
- Vous ne pourriez pas être encore un peu plus cryptique, là ? ironisa-t-elle.
- Bien sûr que si. La preuve, j'aurais un message à transmettre à la très chère Ascendante qui vous accompagne.
- Dites toujours…
- "Un partout, la balle au centre," fit la voix de l'I.A. avec un léger air de suffisance amusée.

Anna pouvait presque entendre le sourire qu'avait Atlantis en disant ces mots, et ne put réprimer un frisson juste avant le moment où la cabine de téléportation s'activa.




La salle fortifiée était largement en-dehors du chemin que suivaient les fugitifs, et abritait qui plus est une escouade de vétérans ayant suffisamment combattu avant, pendant et après la rébellion pour bloquer tout éventuel débordement imprévu. Et pour l'instant, toutes les données fournies par les écrans semblaient indiquer à Ca'Teya qu'un tel évènement ne se produirait pas.

Les évadés poursuivaient leur avancée dans les couloirs de la prison, se dirigeant lentement vers l'une des sorties et la débarrassant au passage de plusieurs pelotons de gardes dont la loyauté envers ses employeurs n'était pas assurée. Les opérateurs des systèmes de surveillance avaient marqué la position des deux seuls fuyards qui l'intéressaient tandis qu'elle coordonnait le reste de la garnison en observant sur d'autres écrans les images du groupe en temps réel.

Elle les ralentit, comme prévu, et… Tiens, tiens, elle s'est débrouillée pour prendre le traitre avec elle… se dit l'interrogatrice avec une ébauche de sourire. Comment est-ce que je peux utiliser ça…



Bordel, on va s'en sortir… J'y crois pas… pensa le pilote en suivant le reste du groupe à un pas rapide.

Le jaffa était resté à sa hauteur, se retournant de temps en temps pour surveiller leurs arrières. La jeune femme, elle, se maintenait à leur niveau, changeant périodiquement la position du sac sur ses épaules, ses mains libres depuis que l'un des mercenaires lui avait pris l'arme avec laquelle elle avait tiré sur leur geôlier. Devant eux, Othar et le reste des mercenaires progressaient rapidement, ne s'arrêtant que pour repousser les quelques patrouilles qui croisaient leur chemin.

Brusquement, un ordre fusa, et le trio formant une arrière-garde improvisée dut s'immobiliser alors que le reste des évadés faisait de même à quelques mètres :
- Le ch'min est bloqué par-là, fit le chef du groupe, plaqué contre la paroi bordant un croisement.

Plusieurs dards de plasma vinrent confirmer abruptement ses propos, libérant leur énergie plus loin.

- Ho ! reprit-il en se tournant vers les deux nouveaux venus. Erina ! Ca te dit quequ'chose, ici ?

L'ancienne prisonnière se rapprocha, sursautant visiblement lorsque de nouveaux tirs en provenance du couloir bloqué vinrent percuter les murs devant elle :
- Je… je crois que l'autre chemin amène à la sortie. J'avais vu des serviteurs aller par là un matin…
- On a pas l'temps d'tenter autre chose, les renforts vont être sur nous dans deux minutes… Tir d'barrage, et on passe, escouade par escouade, ordonna Othar après quelques secondes de réflexion.

Il désigna plusieurs personnes, et leur fit signe de venir, tandis que d'autres se plaquèrent à leur tour près de la position de leur chef, armes en position.
- Feu ! cria-t-il tout en commençant à tirer sans viser par-delà le coin du mur, imité l'instant d'après par une demi-douzaine d'armes à énergie.

Les tirs adverses diminuèrent en intensité avant de s'arrêter au bout de quelques secondes, et Othar fit une bref signe de tête. Aussitôt, le premier groupe de mercenaires se lança dans l'espace découvert, le franchissant sans encombre pour se recevoir de l'autre côté et préparer à leur tour leurs armes et ouvrir le feu, intensifiant le tir de barrage.

La patrouille ennemie leur sembla avoir vu ce qui venait de se passer, reprenant à nouveau son attaque, cette fois-ci moins précise alors que du plasma venait s'écraser sur le sol ou le plafond et que les murs s'illuminaient de l'impact de quelques décharges électriques mal ajustées.

Sans changer le rythme de ses tirs, Othar fit un nouveau signe, et le second groupe se lança dans l'ouverture. Carl observa avec effarement les hommes et femmes courir au milieu des tirs mortels, et détourna le regard lorsque l'un d'eux fut foudroyé par un tir paralysant, s'effondrant au sol. Plusieurs mains se jetèrent sur lui pour le ramener à l'abri, mais pas avant que plusieurs tirs de plasma ne le touchent dans le torse et le visage, réduisant le corps tremblotant à l'état de cadavre partiellement incinéré dont les organes internes reposaient près du reste.

Il croisa le regard choqué d'Erina près de lui, et ne put s'empêcher d'afficher un rictus d'horreur en sentant l'odeur de chair carbonisée prendre le pas sur celle déjà omniprésente d'ozone. Le pilote posa une main sur son épaule, se voulant rassurante, et sentit les tremblements qui avaient pris la jeune femme. Othar et le reste des mercenaires n'avaient, quant à eux, pas cessé de tirer, et le chef du groupe tourna brièvement la tête vers le trio :
- Toi, le Tau'ri, t'as une arme automatique. On passe, et tu arroses dans leur direction avec Van'Tet. Ensuite, on te couvre et vous passez.

Après quelques instants d'hésitation, Carl acquiesça, prenant son arme à deux mains et vérifiant le sélecteur de tir et le cran de sûreté.

D'accord… On se calme. C'est pas un film, donc faut faire gaffe, mais tu devrais t'en sortir si tu joues pas au con. Faudra juste plonger vite quand ça sera ton tour… pensa-t-il sans pouvoir s'empêcher de jeter un regard vers le cadavre fumant.

- Prêt ? fit le vétéran en face de lui.
- Prêt, répondit Carl avec une fausse assurance dans sa voix.
- Maintenant ! lâcha Othar en prenant appui de la main sur le coin du mur pour gagner en vitesse et imité par le reste des tireurs.

La seconde suivante, le pilote et le jaffa se mirent en position et ouvrirent le feu simultanément. Si les projectiles tirés n'étaient pas plus nombreux, leur effet fut cependant bien plus important lorsque le fusil d'assaut se mit à cracher ses balles dans un vacarme assourdissant. Van'Tet, près de lui, faillit lâcher sa petite arme à énergie, surpris par le niveau de bruit provoqué par l'arme de son partenaire, tandis que les tirs cessèrent pendant le bref instant nécessaire au passage du groupe de Othar. L'instant d'après, les tirs redoublèrent d'intensité, et Carl dut s'interrompre pour remplacer son chargeur vide.

Il était encore en train de procéder à la manœuvre lorsqu'il entendit un bruit familier, suivi quelques instants plus tard d'un hurlement :
- Grenade ! fit Othar en face d'eux. Cassez-vous !

Le pilote tourna la tête vers le couloir et lâcha le chargeur plein par terre lorsqu'il se sentit tiré en arrière alors que les autres mercenaires s'enfuyaient de leur côté. L'adrénaline aidant, il eut le temps de se rendre compte l'instant d'après que lui et Erina avaient été agrippés par le jaffa, et les mots du mercenaire se mirent à résonner dans son esprit.

Oh merde ! Une de ces putains de grenades à choc ! Un abri, faut trouver un abri ! pensa-t-il à toute vitesse, la panique sur le point de s'emparer de lui.

Courant sans réfléchir, Carl se sentit pousser sur le côté et tomba sur son épaule, commençant à gémir avant qu'Erina, tombant sur lui, ne coupe son souffle. Il remarqua, l'esprit presque détaché, la silhouette du jaffa courir vers lui en plongeant au sol. L'instant d'après, un flash douloureux perça une fraction de seconde alors que la lourde porte se refermait derrière Van'Tet, bloquant l'impulsion lumineuse avant qu'elle ne le plonge dans l'inconscience.

- Que… qu'est-ce qui s'est passé… murmura-t-il avant de reprendre ses esprits et de se tourner vers le jaffa. Me… Merci.

L'autre acquiesça silencieusement, et Carl se tourna vers la jeune femme au moment où celle-ci poussa un bref gémissement entrecoupé de halètements.

- Que… qu'est-ce qu'on fait ? demanda-t-il au jaffa, qui semblait avoir gardé le contrôle de la situation.
- Ils vont venir, répondit celui-ci. Nous pouvons les prendre en embuscade si nous sommes assez rapides…


Ca'Teya relâcha sa main de la commande à distance de la grenade à choc, satisfaite de voir que le trio avait pu échapper à son effet. D'un mouvement de tête, elle fit signe à l'un des techniciens de donner l'ordre à la patrouille –constituée spécifiquement de jaffas éloignés des opinions de Gerak– d'aller récupérer les prisonniers.

Elle ne cacha pas son sourire en entendant l'ordre spécifier que les évadés avaient été neutralisés par la grenade.

Quelle tragédie, ces erreurs de communication… Toutes ces victimes innocentes aux mains d'un redoutable agent terrien qui n'aura pas eu le temps d'effacer les preuves de son implication…

- Dirigez-les dans la direction prévue, dit-elle en indiquant l'écran où les trois fugitifs étaient visibles.


Carl prit un autre chargeur et l'engagea dans son fusil, acquiesçant brièvement de la tête en direction du jaffa avant de pointer l'arme vers la porte. Van'Tet appuya sur l'interrupteur d'ouverture d'une main, tenant sa petite arme à énergie de l'autre, et les deux soupirèrent de soulagement en ne voyant personne derrière. Dans l'instant suivant, le jaffa fit silencieusement signe au Terrien de le suivre alors qu'il jetait un bref coup d'œil dans le couloir.

Sortant de la pièce, ils entendirent le bruit de pas caractéristique des armures jaffa, et ils se tournèrent aussitôt vers l'intersection, à quelques mètres d'eux. La sphère métallique de la grenade reposait désormais près du cadavre, entourée par une myriade de douilles éjectées par le fusil de Carl. Celui-ci inspira et expira profondément, puis recommença tout en se plaçant un genou à terre, en position de tir juste à côté de l'ouverture de la pièce.

La patrouille ennemie arriva finalement en vue, et deux paires de gardes furent engagés dans le croisement avant que le premier d'entre eux ne remarque les deux évadés et commence à abaisser son arme.

Le vacarme emplit à nouveau les couloirs lorsque des balles supersoniques franchirent en une fraction de seconde la distance séparant le canon de leurs objectifs. Le pilote, appliquant scrupuleusement son entrainement, plaça ses courtes rafales dans le centre de masse des jaffas lui faisant face. Leur métabolisme modifié et leur entrainement ne leur furent d'aucune utilité lorsque les projectiles, déformés par leur traversée de l'armure métallique, ravagèrent les organes internes avant d'être brutalement stoppés par les plaques de métal. En état de choc, chacun des quatre jaffas laissa tomber son arme pour s'effondrer au sol quelques instants plus tard, les hémorragies internes et le système nerveux débordé les condamnant à très brève échéance.

Carl resta figé quelques secondes avant d'être ramené à la réalité par une tape sur l'épaule de la part du jaffa :
- Il faut y aller, ils vont avoir des renforts, dit celui-ci.
- Oh… euh, oui. Entendu, répondit le pilote en s'apercevant qu'il était lui-même en train de haleter.

Le jaffa acquiesça puis Carl retourna dans la pièce qu'ils venaient de quitter, se baissant pour se rapprocher d'Erina, recroquevillée sur elle-même :
- Il a raison… On doit partir maintenant.
- Ils… vont nous tuer.
- Non, ne t'inquiète pas. On va s'en sortir, je te le promets. Mais seulement si tu viens avec nous.

Lentement, elle se décontracta, laissant le pilote l'aider à se lever, et le groupe se mit à avancer à nouveau. Carl se crispa en passant près des corps, ramassant le chargeur qu'il avait laissé tomber tout en détournant délibérément le regard. Le jaffa près de lui s'empara d'une des lances, jetant un bref coup d'œil dans la direction d'où était venue la patrouille ennemie. Il se retourna vers les deux autres évadés :
- Il n'y a personne. On continue, il faut retrouver les autres.

Carl prit un zat au sol et le donna à la jeune femme à côté de lui :
- Tiens, on aura sûrement besoin de toutes les armes possibles, fit-il en lui tendant la petite arme.

Elle prit l'arme, les mains toujours tremblantes, sans croiser son regard, avant de se tendre en entendant Van'Tet pousser ce qu'ils supposèrent être un juron.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda le pilote en s'adressant au jaffa qui était à quelques mètres devant lui, au niveau d'une autre intersection.
- La voie est bloquée ! répondit celui-ci en manipulant –sans succès– le panneau de contrôle d'une porte.

Carl arriva et, à son tour, tenta d'ouvrir la porte close, avant de se tourner vers son nouveau coéquipier :
- Est-ce qu'on peut l'ouvrir manuellement ?
- Non. Ca prendrait trop de temps et il faudrait des outils.
- Merde, merde, merde… Il y a un autre chemin ?
- De… derrière, fit Erina.
- Pas faux. C'est là où on allait avant que les autres gusses nous tombent dessus.
- Il vaudrait mieux essayer de rester avec Othar, commenta Van'Tet. Si on se sépare, on risque plus de se faire tuer.
- Entièrement d'accord, mais c'est pas comme si on avait le choix, si ? C'est toi qui l'a dit, faut pas s'arrêter.
- … Entendu, admit le jaffa en se tournant vers l'intersection précédente.


Ca'Teya se tourna vers l'escouade qui était restée sur place depuis le début de l'évasion :
- Mettez-vous en place, il est temps d'éliminer les figurants.

Sans un mot, les vétérans se retirèrent en ordre serré, se dirigeant vers la cour principale où se tiendrait l'embuscade.


- Plus vite ! cria Othar alors que plusieurs portes s'étaient fermées et verrouillées derrière leur groupe.

Il aurait voulu prendre le temps de récupérer Van'Tet et les deux autres évadés, mais n'avait pas la moindre idée de leur état, voire même de leur simple survie, et les fermetures successives indiquaient que leurs ennemis commençaient finalement à s'organiser. L'effet de surprise était passé, et ils allaient devoir réussir à s'enfuir face à une opposition beaucoup plus importante que jusqu'à présent, qui ne cesserait de se renforcer à chaque instant. La décision avait été rapide et sans appel : le jaffa et les deux autres devraient se débrouiller par eux-mêmes, et si tout le monde s'en sortait, il reprendrait alors contact avec eux.

Malgré sa connaissance limitée de l'architecture jaffa, le mercenaire se rendait compte, au vu des changements de luminosité et de structure des couloirs, qu'ils s'approchaient de l'extérieur du complexe, où se trouveraient des hangars ou des véhicules avec lesquels s'échapper. Comme pour faire écho à son intuition, la lumière du jour devint brusquement visible au détour d'un couloir, une porte ouverte à quelques dizaines de mètres leur promettant une issue à ce dédale.

Atteignant rapidement la sortie, ils se mirent en position autour de la porte, sans la franchir :
- Première escouade, reco, on vous couvre.

Le groupe acquiesça et sortit dehors, avançant lentement, armes en position et observant leurs alentours.
- Rien par ici ! fit l'un des mercenaires.
- D'acc… commença Othar avant de s'interrompre, son regard attiré par un détail chez l'un de ses voisins. C'est quoi ça ? demanda-t-il à celui-ci.
- Quoi ?
- Ton zat.
- Il fonctionne bien, c'est bon.
- Passe-le moi.

Le mercenaire s'exécuta, et Othar prit l'arme, la rapprochant de son propre visage et écarquilla les yeux en reconnaissant la couleur rougeâtre qui filtrait sur un minuscule point de la poignée. Aussitôt, il frotta l'arme contre le mur voisin, à l'endroit où il avait vu l'anomalie.

- Qu'est-ce que… fit l'ancien propriétaire de l'arme en voyant la peinture s'effriter pour laisser apparaitre le cristal rouge caractéristique des armes d'entrainement.
- Où est-ce que t'as trouvé ce putain de flingue ? demanda Othar en craignant une réponse particulière.
- C'était celle de la fille, Erina. Elle avait la flippe, et on n'avait pas assez d'armes, alors je l'ai prise…
- Merde… Non… souffla Othar alors que toutes les pièces s'assemblaient dans son esprit. C'est un piège ! Revenez !

Quelques instants après son cri, deux douzaines de jaffas sortirent de leurs abris et se mirent à ouvrir le feu avec une précision et une efficacité très largement supérieure à celles des patrouilles qu'ils avaient rencontrées jusqu'alors. L'escouade sortie dehors fut balayée en quelques secondes, aucun de ses membres n'arrivant à se mettre en sécurité avant d'être touché par plusieurs dards incandescents.

- Feu ! Feu ! Abattez-les ! ordonna Othar en commençant à tirer dans la direction des assaillants, qui s'étaient rapidement mis à couvert, les uns avançant pendant que les autres procédaient à un tir de barrage.

Bordel ! Pourquoi j'y ai pas pensé avant ? C'était un putain de piège. La fille qu'on connait pas et qui trouve les codes, qui s'évade toute seule comme par hasard quand on se tire de là, qui retarde le Tau'ri pour nous séparer. Merde, merde, merde ! Elle bosse pour ces putains de jaffas depuis le début, et on va se faire massacrer, maintenant ! Si on s'en sort, j'aurai ta peau…


Carl entendit la fusillade commencer de l'autre côté du complexe.

- Merde… Les autres ont dû se faire chopper.
- On ne peut rien faire pour eux, fit laconiquement Van'Tet.
- Je sais. Et ça pourrait même nous aider.
- Comment ça ?
- S'ils tiennent assez longtemps, les gardes vont envoyer des renforts sur place, et on pourrait peut-être nous enfuir en douce.
- Bon point, concéda le jaffa.


Avançant prudemment dans les couloirs, Carl ne put s'empêcher de focaliser son attention sur les échanges de tirs qui résonnaient à l'extérieur du complexe, essayant d'imaginer ce qui se passait pour le groupe de mercenaires qui lui avait permis de s'échapper. Les souvenirs du cadavre brûlé par les décharges de plasma revenaient se surimposer à chaque instant, le pilote se demandant combien des évadés finiraient de cette façon.

Il fut ramené à la réalité lorsque le jaffa devant lui fit un geste de la main, s'arrêtant aussitôt. Le jeune homme se rapprocha de lui, s'assurant qu'Erina s'était aussi immobilisée, pour murmurer :
- Qu'est-ce qui se passe ?
- C'est une sortie de service, je reconnais ces couloirs, fit Van'Tet, presqu'inaudible.
- Déjà venu ici ?
- Non, c'était juste pareil là où j'étais. Mais silence, il y a sûrement des gardes.

Se plaquant contre le mur, le pilote s'approcha de l'intersection suivante, cherchant dans ses poches un quelconque objet réfléchissant pour éviter d'avoir à montrer sa tête. Il fit une grimace en constatant qu'il n'avait rien d'adéquat et, après une profonde inspiration, jeta un très bref coup d'œil par-delà le coin du mur. Revenu dans sa position initiale à l'instant d'après, le jeune homme indiqua de la main la présence de trois gardes avant de se rapprocher de Van'Tet :
- On peut les avoir, chuchota Carl. Mais ça sera pas discret avec le FAMAS.
Le jaffa afficha son incompréhension sur le visage.
- Désolé… Mon arme, corrigea Carl.

Van'Tet se figea quelques instants, puis tendit son zat au pilote avant de lui faire signe de lui donner son fusil en échange :
- Tu sais t'en servir ? fit-il.
Il eut pour toute réponse une négation de la tête, le jaffa lui indiquant silencieusement de ne pas s'inquiéter. Après quelques instants d'hésitation, Carl procéda finalement à l'échange, ajustant sa prise de la petite arme à énergie tandis que Van'Tet jaugeait le poids de sa nouvelle arme.

Lorsque le jaffa se mit à avancer, Carl le suivit dans la foulée, et dût se retenir de le rappeler à haute voix lorsqu'il s'engagea directement dans le couloir menant à la sortie, le tout sans faire un seul bruit. L'imitant, Carl se tint près de l'intersection, zat prêt à tirer alors que Van'Tet continuait à s'approcher subrepticement des gardes, tenant le fusil dans le mauvais sens.

Le pilote, voyant son coéquipier être à portée de main du premier des gardes, retint sa respiration, ne la relâchant qu'au moment où le jaffa commença son geste. Au même instant, deux jaffas s'effondrèrent, inconscients, l'un frappé par la décharge du zat et l'autre victime d'une concussion lorsque la crosse du fusil percuta violemment son crâne nu. Le dernier des gardes tenta de se retourner pour faire face à son agresseur, mais fut fauché par un coup de crosse dans le visage, suivi de plusieurs coups de poings dans le ventre et d'un second impact du fusil, cette fois-ci à l'arrière du crâne.

- Wow… lâcha Carl. C'était culotté. Idiot, mais culotté.
- Il faut y aller, se vit-il répondre.

Les deux combattants s'approchèrent rapidement de la porte de sortie, qui était restée ouverte, et Van'Tet jeta un bref coup d'œil aux environs :
- Pas de gardes, dit-il à voix basse tandis que Carl laissait poser son regard sur le décor derrière. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien, fit le pilote. Je pensais juste qu'ils n'auraient pas mis une prison en pleine ville, comme ça. Enfin, pas sans des fortifications, quelques chose dans le genre.
- Normalement, il y a suffisamment de patrouilles pour empêcher les fuites, mais avec ce qui se passe maintenant…
- Qu'est-ce qu'on fait, alors ? On tente le coup ? Est-ce qu'il y a des défenses automatiques qui pourraient nous avoir ?
- Aucune idée, répondit le jaffa après quelques instants.
- Ho, t'es avec moi, Van'… Van'Tet ?
- Désolé… Je réfléchissais… Est-ce que tu as une idée pour sortir Othar de là ?
- Othar ?
- Le chef des mercenaires.
- Ah… Pas vraiment. On est sous-armés, sous-équipés et on connait pas le terrain. On va juste se faire descendre si on essaie de jouer aux héros.
- … Je sais.
- Écoute, tout ce que je sais faire, c'est piloter un ou deux engins. Tu me passes un chasseur, d'accord, je peux tenter un truc, mais je vois rien ici. Sérieux, plus on attend, plus on risque que quelqu'un revienne et nous descende. Je suis désolé, parce que, crois-moi, ça me plairait bien d'avoir du monde pour me couvrir, avec tout ce merdier, mais c'est foutu d'avance.
- S'il vous plait, fit Erina en se rapprochant brusquement d'eux. Il faut partir ! Il a raison, les jaffas vont revenir nous tuer. Il faut se cacher !
- On sait, on sait, répondit Carl en lui faisant signe de se calmer. Si, au pire, il y a un truc qu'on pourrait essayer…
- Quoi ? demanda le jaffa, en jetant un autre regard aux alentours.
- Attirer l'attention par ici et se tirer de là à toute vitesse. Si on a de la chance, ça pourrait rameuter une partie de la garnison loin des mercenaires et leur donner une chance.
- On peut… une seconde. Ils ne tirent plus, réalisa Van'Tet.

Carl tourna la tête vers la direction d'où venaient jusqu'alors les bruits de la fusillade et soupira, fermant brièvement les yeux :
- Je suis désolé. Honnêtement, on ne pouvait rien faire.
- Ils étaient plus corrects que beaucoup de jaffas avec qui j'ai servi, commenta Van'Tet.
- S'il vous plait ! gémit la jeune femme près d'eux, agrippant son bras. Il faut partir ! Ils vont revenir !
- Ho ! Calme ! fit le jaffa en haussant le ton et se dégageant aisément de l'emprise. On y va, mais tu te calme !
- Ne t'inquiète pas, voulut la rassurer Carl. On part d'ici.

Il se tourna vers le jaffa :
- Allez, on se barre.

L'autre évadé acquiesça, et, quelques instants plus tard, le trio se lança aussi vite que possible au travers du terrain dégagé qui séparait la prison du reste des bâtiments, la fusillade ayant apparemment fait fuir tous les badauds des alentours. Arrivant sans encombre dans une étroite ruelle séparant deux habitations, les trois fugitifs s'arrêtèrent, et Van'Tet prit la parole :
- Il faut trouver des vêtements. Larges, pour cacher nos armes et nos visages. Ensuite, j'ai quelques amis qui devraient pouvoir nous aider.
- D'accord, répondit le pilote. On te suit.

Il laissa Van'Tet ouvrir la marche, et s'arrêta lorsqu'il sentit une pression sur son bras. Se retournant, le jeune homme vit Erina lui faire signe de murmurer :
- Il ne faut pas le suivre, chuchota-t-elle.
- Comment ça ? répondit-il, surpris, mais en gardant tout de même la voix à peine audible.
- C'est un jaffa. Il va nous trahir.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Il est avec nous !
- Non ! Il n'y avait pas d'autre jaffa avec les autres prisonniers. Et puis… j'ai entendu les gardes… Ils parlaient de lui… Ils disaient que c'était un traitre.
- Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse, alors ? Je ne connais pas la ville, encore moins les coutumes, on se fera retrouver dans la foulée si on n'a personne pour nous aider !
- Je… je connais l'adresse de mon monde. On peut y aller. Mon oncle nous protégera.

- Ho ! fit la voix de Van'Tet, une dizaine de mètres plus loin, sans crier. Venez !
- On arrive, on arrive, répondit Carl avant de se tourner vers la jeune femme. Écoute, on en parlera plus tard, d'accord ?

Elle acquiesça faiblement, tandis qu'ils rejoignaient le jaffa, tous deux apparemment pensifs.

Encore quelqu'un qui veut me baiser ? pensa Carl. C'est clair que ça commence à faire beaucoup… mais avec tout ce qui m'est déjà tombé sur la figure… Merde, je ne sais plus qui croire…
Effet Papillon :
Un avenir possible, moins sûr et plus complexe pour des galaxies porteuses d'un mélange explosif : vide de pouvoir, héritages vivants et ambitions multiples.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

La salle de réunion était plongée dans l'obscurité, la seule lumière venant du projecteur allumé. Sur l'écran était affichée une carte du Petit Nuage de Magellan, où des icônes de différentes couleurs se partageaient le territoire fragmenté. Un officier d'une trentaine d'années commentait les images en s'efforçant de ne pas penser à la galaxie d'étoiles que formaient les galons de l'ensemble des officiers généraux qui restaient fans l'ombre, face à lui :
- L'analyse des mouvements de troupes jaffas est relativement cohérent avec les évènements récents s'étant produits sur Dakara. Nous pouvons voir que les unités… les noms qui vont suivre sont ceux donnés par le service de renseignements de la Flotte, et non ceux donnés par les jaffas… donc, les 1ère, 6ème et 11ème escadres de Ha'Tak, ainsi que les huit premiers escadrons de Al'Kesh ont été amenées à proximité de la zone d'action du Concordia, offrant une quantité significative de renforts aux forces initialement présentes. De plus, la 2ème et la 3ème escadre ont été ramenées en orbite au-dessus de Dakara, indiquant qu'ils s'attendent à une attaque de notre part.

L'officier passa à l'image suivante, qui affichait la Voie Lactée et les deux galaxies naines, reliées par divers segments aux couleurs variées :
- Nous pouvons estimer, au vu de nos connaissances sur les systèmes FTL jaffas, qu'en cas d'attaque, notre propre flotte pourra arriver avec une avance d'une heure et demie au niveau de la Terre pour assister les défenses planétaires. Ceci dans le cas où l'attaque vient uniquement du Petit Nuage de Magellan et que les départs se font de manière simultanée, ce qui est un cas jugé peu plausible. Si une force d'attaque arrive depuis Dakara, ne laissant que des défenses minimales en place, il est hautement probable, selon les simulations effectuées, que les forces jaffas réussiront à obtenir la suprématie orbitale et que les boucliers régionaux ne tiendront pas suffisamment longtemps pour éviter une défaite stratégique et la destruction de nos principaux centres de population et industriels.
- Où en sont les efforts politiques et diplomatiques pour retarder ou éviter le conflit ? demanda un contre-amiral autour de la table, dans la pénombre.
- Une mission diplomatique est partie il y a moins d'une heure du SGC pour se rendre sur Dakara et assister les autorités locales ainsi que leur témoigner de notre soutien inconditionnel dans l'affaire de l'enlèvement de Bra'Tac, mais les réactions initiales, tant internes qu'externes, de Gerak, ne laissent que peu d'espoir de résolution. L'ensemble de nos experts s'accordent sur le fait qu'il veut mener une guerre contre nous, et toute sa mainmise sur le pouvoir dépend de sa capacité à être un chef de guerre victorieux. Nous estimons donc qu'il sera prêt à tous les sacrifices politiquement acceptables pour remporter une victoire contre nos forces. Qui plus est, les profils psychologiques tendent à indiquer qu'il pourrait lancer une attaque stratégique non conventionnelle contre la Terre elle-même si jamais ses forces conventionnelles étaient incapables de mener à bien cette mission.
- Frappe biochimique ou cinétique, c'est bien ça que vous voulez dire, capitaine ?
- Oui, monsieur. L'utilisation du Disrupteur planétaire de Dakara faisait partie des hypothèses majeures, mais les dysfonctionnements touchant actuellement le réseau de Portes nous incidemment ont mis à l'abri de cette menace.
- Gerak le sait aussi, fit un amiral. Risque-t-il de considérer ça comme une action préventive de notre part ?
- Très probablement, monsieur, répondit l'officier. Il sait que le Disrupteur est le joker de ses forces, une arme capable de frapper préventivement et durablement toute planète reliée au réseau de Portes, le contrepoids de notre réseau de systèmes Horizon. La perte du réseau de Portes, qu'elle soit temporaire ou définitive, met à mal cet équilibre et va certainement le pousser à agir avant que nous ne soyons en mesure d'effectuer notre propre frappe de décapitation.

- Très bien, fit la silhouette à l'extrémité de la table. Je vous remercie, capitaine. Nous allons maintenant nous retirer en comité restreint.

L'officier salua l'ensemble de la salle et, d'une pression de bouton sur sa télécommande, désactiva le projecteur et alluma les lumières de la salle de réunion. Refermant rapidement sa mallette, il quitta d'un pas rapide la pièce, soulagé de ne plus être en présence d'une telle quantité de généraux et d'amiraux.

- Bon, on est dans une foutue merde, commenta Jack O'Neill une fois la porte fermée. Quelqu'un a quelque chose à rajouter à cette analyse ?

Plusieurs amiraux se contentèrent de faire "non" de la tête, et O'Neill se pencha en avant, les coudes posés sur la table :
- Je connais personnellement cet abruti de Gerak, et les renseignements ne se plantent pas, cette fois… Il veut cette guerre. Dix ans qu'il la veut, et il est en position de l'avoir une fois pour toutes.
- Le Concordia et son escadre peuvent réussir à neutraliser l'escadre ennemie si on lance une attaque surprise. Le groupe aéronaval et les croiseurs ont toute la puissance de feu nécessaire, c'est à ça qu'on les entraine depuis le début.
- On gagne, et après quoi ? réplica un général. Ils nous balancent deux Ha'Taks à la moitié de la vitesse de la lumière sur la Terre, et on aura l'air fin, avec notre beau champ d'astéroïdes…
- Si on lance une frappe de décapitation, proposa un autre officier. On a des plans pour ça, j'ai quelques gars qui sont en train de les mettre à jour. Une série de tirs cinétiques sur Dakara, et ils n'auront plus la moindre chaine de commandement pour se coordonner. On gagne assez de temps pour renforcer les défenses et empêcher une contre-offensive.
- On y réfléchit, fit O'Neill. Mais ça reste beaucoup trop risqué. Il y a suffisamment de vaisseaux à eux dans toute la galaxie pour que l'un d'entre eux décide de se faire la Terre sans ordre et avant qu'on ait pu se fortifier. Et même comme ça, vous êtes certain qu'on peut tous les arrêter ? Moi, non.

Pendant plus d'un quart d'heure, les propositions, contre-propositions et débats fusèrent dans la salle, illustrés par des schémas, des projections holographiques et de simples dessins sur l'un des tableaux blancs accrochés aux murs de la pièce.

- Bon, soupira l'ancien chef de SG-1. On est tous d'accord là-dessus : on n'a aucune chance d'éviter cette guerre ?
- Pas sans récupérer Bra'Tac et s'arranger pour qu'il prenne le pouvoir, ajouta un officier.
- Voilà, et ça, on ne se fait pas trop d'espoir pour le faire en moins d'une semaine… fit-il. Donc la guerre…
- Si je peux me permettre, dit calmement un civil qui était resté silencieux la majorité de la réunion. Il y a une possibilité que vous devriez considérer, si la guerre est effectivement inévitable.

O'Neill se tourna vers le représentant de l'un des think tanks employés par le SGC, le groupe de Contrôle des Stratagèmes de Bataille, et lui fit signe de parler. Celui-ci se leva :
- Tout d'abord, je vous demanderai de ne pas m'interrompre. La stratégie que je vais vous décrire va probablement vous paraitre contre-productive, mais je vous prie d'y accorder votre attention pleine et entière, puisqu'elle pourrait effectivement éliminer notre problème de façon durable.


Lorsque l'explication fut terminée, O'Neill se retrouva au centre de tous les regards, les officiers généraux autour de lui restant dans l'expectative, les visages témoignant de la stupeur toujours présente dans les esprits. Finalement, il se décida :
- D'accord… On peut tenter ça. De toute façon, ça peut pas… Non, oubliez ce que j'allais dire. Bien sûr que ça peut et que ça va empirer. Mais… oui, lancez les préparatifs. Il sera toujours temps de voir après si on met tous les moyens dedans.

L'homme acquiesça et sortit son téléphone sécurisé :
- Allô, Francis ? Oui, c'est moi. Allez ouvrir le coffre numéro sept et prenez la chemise verte. Vous y trouverez une liste de numéros de téléphone et des instructions. Appelez l'ensemble des personnes sur la liste et indiquez-leur les noms qui sont marqués à côté. Envoyez-moi un message quand ça sera fait. Merci.

Il raccrocha et se tourna vers O'Neill :
- C'est fait, monsieur.
- Excellent, se vit-il répondre. Ils ne vont rien voir venir…

Le large sourire qu'affichait le vétéran de la première mission d'Abydos déstabilisa presqu'autant les généraux et amiraux que le plan proposé.

- Mesdames et messieurs, reprit-il. Maintenant, on doit préparer les détails, donc au travail !


Le coup de téléphone avait activé l'un des nombreux protocoles de la cellule du contre-espionnage basée à Atlanta, et l'agent en charge réveilla ses collègues. Une dizaine de minutes plus tard, le trio était dans sa voiture blindée aux vitres tintées. Les systèmes de géolocalisation indiquaient que leur cible était sur son lieu de travail, et ils s'y rendirent sans le moindre retard.

Face à l'imposant dispositif de sécurité du CDC, les agents n'eurent qu'à présenter leur badge de service pour que les barrières se lèvent, et ils firent de même dans chacune des enceintes de sécurité du centre de recherche. En moins d'un quart d'heure, ils arrivèrent, escorté par un agent de sécurité armé, près du bureau où travaillait l'individu pour qui ils étaient venus. L'agent de tête toqua à la porte et se vit ouvrir par un homme clairement fatigué :
- Oui ? Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
- Docteur Langmuir, spécialiste en immunologie, auteur à… mi-temps ?
- Euh, oui… mais, attendez, ça, c'est en-dehors des heures de boulot !
- Venez avec nous, s'il vous plait. Sécurité nationale.
- Quoi ? Oh merde ! J'ai rien fait, s'il vous plait !
- Venez avec nous, monsieur, dit la femme habillée en noir. Nous allons vous briefer en route.


Au même instant, de l'autre côté de la planète, un autre groupe d'agents entra dans un bureau de l'université de Tokyo :
- Docteur Rokubungi Gendo ? demanda un homme en noir sans s'étonner de la taille relativement conséquente de la pièce que l'université avait attribuée à sa cible. Chaire de psychologie et de sciences sociales ?
- Oui, répondit froidement l'homme derrière ses lunettes.
- Venez.


Un grommellement se fit entendre par-delà le son d'une télévision, et les agents attendirent que leur cible vienne ouvrir la porte, ignorant la fraicheur du matin toulousain. Le jeune homme leur ouvrit :
- Qu'est-ce que vous… Ho ? Vous êtes des témoins de Jéhova ou des tueurs de la CIA, les gars ?
- Ni l'un ni l'autre, monsieur Girin. DCRI, veuillez nous suivre.


En plein cœur de la Californie, les agents parvinrent à intercepter l'homme tandis qu'il rentrait chez lui. Celui-ci s'immobilisa en voyant les figures en noir, balayant du regard l'ensemble de son environnement. Prévoyant plusieurs scénarios possibles, il approcha prudemment le groupe, s'arrêtant à quelques mètres d'eux :
- Qui êtes-vous ?
- Sécurité Intérieure. Êtes-vous le directeur de l'Institut de la Singularité et des Intelligences Artificielles ?
- … Oui ?
- Veuillez nous suivre, monsieur. C'est une affaire de sécurité nationale.




Autour de lui, la salle d'état-major s'afférait sur des cartes et des ordinateurs, mettant à jour les bribes d'informations reçues de différentes sources, coordonnant les opérations de collecte des artefacts inconnus laissés par les envahisseurs et, surtout, essayaient de déterminer la marche à suivre. Sur l'une des cartes étaient affichés des plans d'attaque de la flotte, où croiseurs et chasseurs-bombardiers effectuaient des manœuvres complexes pour prendre l'ascendant sur leurs adversaires. Une autre présentait des engagements possibles autour de planètes majeures jaffa, si venait un ordre d'attaque stratégique.

- Amiral sur le pont, annonça un sous-officier.
- Repos, fit le commandant en chef de l'escadre avant de se diriger vers Mitchell. Cameron ?
- Oui, amiral ?
- Est-ce qu'on a une base secrète dans les environs ?
- Pas que je sache, pourquoi ?
- On ne vous a informé de rien ? Pas même pendant que vous étiez à la tête de SG-1 ?
- Non, vraiment pas. Mais qu'est-ce qui se passe ?
- Regardez vous-même, dit-il en tendant une feuille de papier. J'ai reçu ça directement d'O'Neill, il y a un cinq minutes, et je n'ai pas la moindre idée de quoi il parle.

Le responsable de l'aéronavale du groupe parcourut rapidement le document officiel et haussa des sourcils :
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? murmura Mitchell en terminant de lire la feuille. Alors, maintenant, on a une stratégie ?
- Apparemment. Et c'est pas tout, répondit son supérieur. On doit retrouver un vaisseau d'opérations spéciales avec des "consultants extérieurs" censés nous donner un coup de main.
- Des civils ou des mercenaires, à votre avis ?
- Je ne sais pas ce qui serait le pire… Mais il y a mieux, dit l'amiral en sortant d'une poche de son uniforme une autre feuille, délicatement pliée. Pas un mot de ça à qui que ce soit, mais je veux votre avis, Cameron.

Le général déplia précautionneusement la feuille puis, quelques secondes plus tard, ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux :
- Non… murmura-t-il. C'est n'importe quoi. J'en aurai entendu parler… Vous êtes sûr du message, que Jack ne vous fait pas une blague, amiral ?
- Les codes sont tous corrects, Cameron, répondit son supérieur.
- Mais ces… non, c'est pas possible. Qu'est-ce qu'on fait ?
- On n'a pas le choix, fit-il avant de se tourner vers le reste de la salle. Mesdames et messieurs, changement de programme.

En l'espace d'un instant, le léger brouhaha de la salle laissa place à un silence quasi-religieux.

- La flotte a reçu l'ordre de quitter la zone et de se redéployer ici, dit-il en indiquant un point sur la carte du Petit Nuage de Magellan. La nébuleuse NGC 346, où nous allons retrouver des renforts pour la phase suivante de nos opérations. Nous partons dans une demi-heure, je veux une mise à jour des plans d'action pour des opérations défensives directes dans cette zone. Prévenez tous les vaisseaux, je tiendrai une réunion d'état-major dans quarante minutes avec les officiers supérieurs de l'escadre pour les informer de nos nouveaux ordres… Au travail !


Les différents vaisseaux naviguaient à présent en hyperespace, tandis que l'ensemble de leurs commandants et seconds étaient assis à la même table que l'état-major, au cœur du navire-amiral. Chacun d'entre eux était pris d'un malaise croissant causé par l'attitude particulière qu'affichaient les officiers les plus hauts gradés de l'escadre. Ils savaient parfaitement que des généraux et amiraux n'étaient normalement pas des individus affichant facilement leurs émotions, et les brefs regards que s'échangeaient le chef de la flotte, celui de l'aéronavale et le capitaine de pavillon étaient révélateurs.

La situation, quelle qu'elle soit, n'allait pas être agréable du tout à entendre, et les officiers de l'escadre se préparaient mentalement en conséquence :
- Mesdames et messieurs, commença l'amiral, nous venons de recevoir des précisions quant à nos nouveaux ordres.

Il appuya sur un bouton, et une carte de la nébuleuse s'afficha :
- Ceci est la nébuleuse NGC 346. Le haut-commandement vient de nous informer que l'arrivée de renforts jaffas pourrait être liée à la présence d'une installation hautement confidentielle se trouvant à proximité. Les travaux qui y sont menés ont apparemment besoin d'être faits sur place en raison de phénomènes locaux relativement uniques et, selon les informations que je viens de recevoir, seraient centraux à toute la stratégie militaire face aux jaffas. Nos ordres sont donc clairs : nous devons empêcher par tous les moyens disponibles l'escadre ennemie d'atteindre ce centre de recherche, y compris et pas uniquement par la force.

L'amiral laissa ses subordonnés absorber la nouvelle.
- L'ensemble de la nébuleuse a été déclarée zone d'intérêt stratégique à partir de neuf heures GMT ce matin, par ordre du directeur O'Neill, et nous avons l'autorisation de tirer à munitions réelles sur tout intrus. Il en va de l'avenir de la Terre et de ses valeurs que ce site ne tombe pas entre des mains ennemies… En tout cas, voilà pour la version officielle.


Les membres de la réunion haussèrent des sourcils en entendant le choix de mots particulier, mais ne dirent rien tandis que l'amiral continuait :
- Parce que, qu'on soit clairs, vous n'avez que deux choses à savoir sur cette base secrète. La première est qu'elle est fondamentale à toute la stratégie terrienne visant à contrer la Nation Jaffa. La seconde est qu'elle n'existe pas. Au sens, n'existe vraiment pas. Nous venons de nous lancer dans l'opération de désinformation la plus ambitieuse qui soit. La situation diplomatique est, comme vous le savez, désastreuse… Les jaffas vont nous attaquer ouvertement d'ici quelques jours au maximum, et les… scénarios mènent tous à une destruction mutuelle assurée si nous ne faisons rien. Ou si on lance une attaque contre eux au niveau de leur flotte ou de Dakara.

D'une autre commande, il fit s'illuminer un point dans la nébuleuse :
- Nous allons donc devoir concentrer les efforts des jaffas sur un objectif précis, qui pourra leur donner des résultats politiques internes et qui ne soit ni la Terre ni un de ses alliés. Vu que cet objectif n'existe pas, il en a été inventé un. Des fuites dans les communications ont été organisées et plusieurs appareils nous suivent à la trace. Ils vont donc nous poursuivre tandis que nous allons mener une vaste opération défensive et de retraite graduée autour de ce système précis, où se trouve la soi-disant installation.

Les officiers acquiescèrent prudemment, hésitant toujours car ignorant encore la cause du malaise de leurs supérieurs.
- Il y a malheureusement quelques légers problèmes qui vont nous tomber dessus. D'abord, l'aspect… imaginaire de la base devra rester secret pour l'ensemble des équipages. Nous allons devoir leur mentir, parce qu'il est absolument indispensable que les jaffas ne se doutent pas de quoi que ce soit. Ni maintenant, ni plus tard. Et à ce propos, nous allons devoir leur en donner pour leur argent et les occuper le plus longtemps possible, le temps que les patrons trouvent une solution politique ou que les jaffas soient satisfaits. Donc, il faudra les obliger à concentrer de nombreux moyens, mais ne surtout pas remporter de victoire stratégique. Il s'agit d'une retraite calculée, et nous allons devoir perdre cette campagne pour éviter une guerre majeure.

Plusieurs officiers se mirent à commenter simultanément, la salle étant soudainement prise dans le chaos des objections, arguments et échanges, jusqu'au moment où le capitaine du Concordia éleva le ton :
- Messieurs, du calme ! Nous allons devoir perdre, mais sans véritables pertes. La stratégie du QG implique qu'il n'y ait pas de vaisseau de ligne capturé ou détruit. Ce qui importe, c'est que les jaffas soient persuadés de nous avoir porté un coup dur, mais à un prix qui exclut une attaque sur Terre. La réalité sera différente.
- Le capitaine Li a bien résumé les choses, fit l'amiral. On ne nous demande pas de perdre des vaisseaux, juste de faire croire à Gerak qu'il a gagné sa petite guerre contre la Terre, mais qu'il n'ait pas envie de la prolonger. Après, ça sera le boulot des politiques, plus le nôtre.
- Ouais, fit Mitchell. Mais vous ne leur avez pas encore annoncé la meilleure…
- J'y viens, Cameron, j'y viens, fit-il. Le dernier problème, c'est que le QG recherche des effets assez précis avec cette opération, et ils ont jugé bon de nous envoyer des renforts et des… consultants. Ils devraient arriver depuis le SGC d'ici quelques heures à peine pour maximiser l'effet de nos actions sur les esprits jaffas, de la base vers le sommet de leur hiérarchie.

La carte s'afficha à nouveau, montrant le groupe du Concordia arriver dans un système anonyme et être rejoint par plusieurs icônes correspondant à des flottes alliées :
- Les 2nde, 6ème et 11ème flottes de croiseurs de bataille vont nous rejoindre afin de procéder à une démonstration de force de l'armada terrienne, et seront placées sous mon commandement pendant toute la durée de l'opération.

Le commandant de l'escadre attendit patiemment que quelqu'un pose la question qu'il avait anticipée :
- Monsieur… fit un capitaine de vaisseau. Je n'ai jamais entendu parler de ces unités. Est-ce qu'elles ont été construites en secret ?
- Officiellement, oui. C'est en tout cas ce que les livres de comptes indiqueront si quelqu'un décide de les éplucher une fois que tout ça sera terminé.
- Et… officieusement, monsieur ?
- Officieusement, on va utiliser pas mal de peinture pour changer les numéros et les noms de coque de nos croiseurs, cette semaine. Ca et quelques autres astuces pour faire croire aux jaffas qu'on a pu déployer plus de navires que prévu. Une surprise stratégique de cette ampleur devrait faire réfléchir Gerak à deux fois avant de lancer une attaque contre la Terre.
- Et on pourra se permettre de perdre quelques-uns de ces croiseurs pendant les batailles contre leurs Ha'Tak, qu'ils pensent avoir remporté de superbes victoires contre nous, compléta Mitchell avec un rictus ironique.
- Donc, nous sommes tout seuls, c'est bien ça ? demanda le second de l'un des croiseurs.
- Pas exactement, capitaine, fit l'amiral. Et c'est là le second problème que nous allons devoir gérer… Le SGC nous envoie un vaisseau de transport reconfiguré pour des opérations spéciales. Il va nous amener du matériel pour organiser le plus gros du travail, mais surtout les consultants dont je vous ai parlé. Apparemment, le think tank derrière ce plan considère que nous n'avons pas la tournure d'esprit requise pour préparer ce genre de coup, que c'est plus de la "guerre psychologique" et de… je cite, "l'analyse transactionnelle" que du conflit ouvert. Je remarque, au passage, que ça ne les dérange pas qu'on reste pour balancer des têtes à fusion pour leurs petites combines "psychologiques". Bref, ils nous envoient des… spécialistes… pour garantir que les jaffas croiront exactement ce qu'on veut.
- Quel genre de… spécialistes ? demanda un autre officier après quelques instants de silence gêné.


L'amiral ne prit pas la peine de tenter de calmer la situation lorsqu'il eut fini de répondre, sachant qu'il était entièrement d'accord avec la réaction de ses officiers.




La cabine de l'appareil de transport était à l'image de celui-ci, exigüe. S'il s'agissait de l'un des innombrables vaisseaux capturés depuis les débuts de la Terre sur la scène galactique, seuls les systèmes les plus fondamentaux étaient restés d'origine, comme en témoignait l'aménagement intérieur, rendu aussi fonctionnel que possible. La jeune femme arrivée littéralement à la dernière minute avait eu des difficultés à trouver de la place pour l'équipement qui lui avait été fourni par sa mère adoptive, devant naviguer entre les racks de bagages emportés par le personnel diplomatique.

Ses documents avaient rajouté du poids à l'identité qu'elle assumait devant eux, celle d'une consultante civile culturelle censée faciliter le travail des poids lourds autoproclamés de l'administration terrienne, envoyés pour résoudre en quelques mots et poignées de main la crise opposant la Terre et la Nation Jaffa. Cassandra ne s'était pas fait plus d'illusions que Samantha Carter sur les chances de réussites de cette mission, se concentrant davantage sur sa partie de l'opération.


- On n'a pas beaucoup de temps, fit sa mère adoptive en l'accompagnant dans les couloirs de la base. Le vaisseau devait partir dans cinq minutes, je le retarde pour toi.
- D'accord. Quelle est la situation sur le terrain ? demanda Cassandra en suivant sans peine le rythme.
- Le lieutenant Banet est retenu dans une prison près de la limite extérieure de la ville. Une construction récente, bien défendue et avec une garnison correcte, donc pas d'extraction directe au programme. Tu vas devoir rentrer en douce pour le trouver.
- Qu'est-ce qu'il y a comme moyens ? Comme contacts ?

Elle lui donna un document dans une chemise cartonnée :
- La liste des agents que tu as le droit de contacter pour ce job, codes et boites aux lettres mortes. Désolée, mais tu dois tout retenir avant d'embarquer. Je ne fixe pas les règles.
- Pas de problème, répondit la jeune femme sans lever les yeux de la feuille. Sécurité, je comprends. Qui dans le groupe diplomatique est au courant ?
- Personne, répondit Carter. On est en train d'improviser, et il y a trop de bureaucrates derrière ça pour réussir à placer quelqu'un de fiable sans faire tache.
- Comment je décroche, une fois arrivée ?
- Un accident tragique. Un extrémiste jaffa anti-terrien –qui ne sait pas que c'est nous qui l'avons embauché– va te tirer dessus avec un in'tar. On va te fournir une plaque à mettre sur le ventre, elle brûlera tes vêtements et donnera l'impression que tu as été touchée avec une vraie arme.
- S'ils vérifient mon état ? Il y aura sûrement un des gars de la mission qui voudra jouer au héros et mesurer mon pouls. Est-ce qu'on a quelqu'un qui devra m'annoncer morte ?
- Non. On va te passer les produits qu'on file pour les essais d'hibernation. Ils devraient ralentir ton métabolisme pendant quelques heures. Assez pour que tu sois transportée dans la morgue la plus proche. C'est là qu'on a notre contact. Normalement, il devrait t'injecter le neutralisant, mais même s'il ne peut pas, les effets sont temporaires.
- Tu sais que ça commence à devenir compliqué, remarqua-t-elle en reportant à nouveau son regard sur l'ancienne membre de SG-1. Il y a beaucoup trop d'endroits où quelque chose pourrait mal tourner, tu t'en rends compte, au moins ?
- On fait avec ce qu'on a, Cassie, se défendit Carter. C'est pas une infiltration prévue six mois à l'avance dans tous les détails. Et dis-toi qu'on a fait pire, comme improvisation.
- Oui, et souvent, ces impros se sont terminées par des fusillades dans tous les sens. Je m'en souviens, je t'attendais à la sortie de la Porte, à l'époque… En parlant de ça, est-ce que j'emporte du matériel particulier ?
- Non, rien de suspect. Ils vont forcément fouiller tout ce qui sera amené dans le transport. Tu récupères les vêtements et les armes chez ton premier contact. Ensuite, tu fais comme tu l'entends, mais, s'il te plait… Je dois absolument savoir ce qui s'est passé et s'il a une piste qu'on pourrait suivre. La situation est en train de tourner au vinaigre.
- J'ai cru comprendre, répondit Cassandra tandis que le duo s'approchait du hangar, où plusieurs sous-officiers les attendaient, ayant près d'eux le matériel réquisitionné par Carter pour l'opération.



Instinctivement, la jeune femme se passa la main sur le ventre, sentant le très fin relief sous ses doigts là où la peau laissait place au tissu réactif qui, si tout se passait bien, devrait lui injecter les tranquillisants lors de l'attaque prévue.

Elle n'avait pas la moindre confiance dans ce plan, qui brisait la règle d'or que ses mentors lui avaient apprise : tout plan demandant plus de trois évènements hors de ton contrôle est bon pour le théâtre, pas pour le terrain. N'importe quoi pouvait se produire, depuis un problème au niveau du tireur, qu'il refuse ou soit incapable d'attaquer –sans même envisager qu'il puisse toucher quelqu'un d'autre dans le groupe– jusqu'à l'arrivée du contact censé l'équiper. La mission était improvisée, et c'était une recette idéale pour un fiasco. Elle le savait, et Samantha le savait aussi. Qu'elle ait quand même donné le feu vert à celle qui se rapprochait le plus pour elle d'une fille l'inquiétait plus encore.

Il faut vraiment qu'il n'y ait pas d'autre choix…

Autour d'elle, les membre de la section diplomatique du Programme, pour la plupart d'anciens membres des services de leurs pays respectifs, discutaient de sujets particulièrement variés, depuis les rumeurs internes jusqu'à des débats sur la pertinence de tel ou tel accord. Cassandra ne pouvait s'empêcher de lever les yeux au plafond lorsqu'elle écoutait pendant quelques instants les paroles échangées dans la cabine.

C'est pas croyable de voir comment ils peuvent se prendre au sérieux. Sûrement la première fois qu'ils quittent le système solaire, et ils se prennent pour les rois de l'univers… Il faudra vraiment que Jack prenne un congé un de ces jours pour squatter avec eux et leur montrer comment on négocie, pensa-t-elle en esquissant un sourire au souvenir d'une conférence diplomatique menée par l'ancien chef d'équipe, interrompue par une fusillade d'un quart d'heure pour finalement se conclure avec l'un des accords les plus fructueux de l'histoire du Programme.

- Veuillez attacher vos ceintures, fit une voix dans le haut-parleur de la cabine. Nous approchons de Dakara.

Attacher nos ceintures ? Mais c'est quoi ces conneries ? fut-elle forcée de penser tout en s'exécutant –pour la forme. On est dans un vaisseau interstellaire avec des foutus compensateurs inertiels ! Depuis quand on recrute des pilotes de ligne pour ce job… Est-ce que quelqu'un a expliqué à cet idiot que si les compensateurs foirent, on sera juste transformés en confiture de fraise en une fraction de seconde, ceinture ou pas ? Ou alors, c'est pour faire plaisir aux autres gars habitués à leurs jets privés, je sais pas.

A côté d'elle, son voisin regardait sur une tablette la vue prise par l'une des caméras installées à l'extérieur du vaisseau, cherchant apparemment à graver dans son esprit chaque détail de ce qui devait être sa première descente vers une autre planète. Jetant un bref regard dans sa direction, la jeune femme ne put retenir un sourire, cette fois-ci dénué de tout sarcasme, se souvenant avec nostalgie de son premier vol spatial, son oncle Jack l'ayant fait monter sans autorisation dans l'un des F-302 du Site Alpha pour passer une heure en orbite.

Profites-en bien, parce que tu vas voir, c'est pas un sommet de l'ONU qui t'attend, là.

L'homme, très légèrement son aîné, remarqua son intérêt et mit la tablette entre eux deux, lui adressant un sourire se voulant charmeur :
- La première fois, vous aussi ?
- Oui, mentit-elle avec un sourire gêné.
- C'est incroyable, non ? Jusqu'à l'année dernière, je n'aurais jamais cru que… On avait tous entendu les rumeurs, bien sûr, mais pas quelque chose comme ça.
- Je sais, j'ai cru que j'allais m'évanouir quand ils m'ont montré la base lunaire.

Attention, faut pas non plus en faire trop, se reprocha-t-elle.

- Je ne reconnais pas votre accent. D'où est-ce que vous venez ?
- Du Canada, fit-elle en prenant le rôle qu'elle portait pour cette mission. J'étais dans les bureaux des affaires étrangères, à la capitale.
- Jamais eu le temps de visiter Toronto, dit-il.
- Ottawa.
- Pardon ?
- La capitale. C'est Ottawa, pas Toronto.
- Oh, désolé !
- Ne vous inquiétez pas, l'erreur est classique chez nos voisins du sud, dit-elle avec un sourire.

Mais de la part d'un diplomate, c'est pas glorieux, se retint-elle de dire. Même une non-Terrienne en sait plus…

Le contenu de la tablette attira à nouveau leur attention lorsque le bouclier s'illumina, l'atmosphère raréfiée commençant à s'échauffer autour de l'engin en lente décélération.

- Wow, ça me rappelle la navette spatiale, quand elle rentre dans l'atmosphère, commenta-t-il.
- Oui, comme dans les films, rajouta-t-elle.

Un vrai pilote de ligne qui veut se donner en spectacle… Allô, t'es au courant qu'il y a des modules MHD pour éviter de chauffer le bouclier ? On voit que t'as jamais eu à en dépendre pour survivre à une demi-douzaine de planeurs et… Merde, je suis en train de radoter. J'ai même pas trente ans, et je radote déjà…

Finalement, la lueur rougeâtre s'estompa, le petit transport ayant réduit sa vitesse à moins de Mach 2, ainsi qu'en témoignait l'un des multiples indicateurs sur la tablette.

- Sinon, vous en pensez quoi, de la situation ? demanda-t-il.
- Je ne sais pas, j'ai à peine été briefée avant de monter à bord, répondit Cassandra en haussant nonchalamment des épaules. On doit essayer de calmer le jeu avec les jaffas, c'est ça.
- Oui. A ce qu'on m'a dit, il y a un gars à nous là-bas qui a été arrêté. Ils prétendent qu'il était dans un complot pour enlever une de leurs huiles. Après, je ne connais pas tous les détails, je m'occupe surtout de la logistique pour l'ambassadeur.
- Et, à votre avis ? demanda-t-elle, préférant largement poser les questions qu'y répondre.
- Aucune idée et, franchement, c'est pas trop mes oignons. Notre job, c'est d'essayer de les calmer, pas de mener une enquête.

Là, on est d'accord. C'est mon travail, ça.

Sur l'écran était à présent visible la cité elle-même de Dakara, à l'allure caractéristique où le centre historique et les périphéries en perpétuels travaux contrastaient de façon particulièrement visible. Mentalement, Cassandra superposa sur l'image ses souvenirs de la disposition des points d'intérêts dans la ville, reconnaissant les emplacements des installations militaires, des centres politiques et des quartiers réservés aux non-jaffas.

Elle haussa les sourcils lorsqu'elle vit que la trajectoire prise par l'appareil se mit à changer légèrement, se dirigeant vers l'une des garnisons plutôt que vers la place centrale où était la majorité des bâtiments politiques et diplomatiques. Chaque seconde passant renforça son malaise, qu'elle s'efforça cependant de ne pas laisser paraitre alors que la jeune femme réfléchissait aux différents scénarios pouvant expliquer le changement.

Sam ne m'a pas dit où on devait se poser… Peut-être que c'était l'endroit prévu depuis le début et que le pilote est vraiment un boulet, mais si c'est pas le cas… alors le plan est foutu avant même d'avoir commencé. Ou alors pire, ils savent, en bas, et je vais directement me retrouver en cellule. Ou pire. Et on se demande pourquoi je râle quand on me parle d'improvisation…

- Autrement, demanda-t-elle à son voisin. On a une idée du planning ?
- Je crois qu'on doit être accueilli par une garde protocolaire, et on ira directement dans les locaux de l'Assemblée. Rencontre avec des législateurs locaux pour essayer de calmer un peu le jeu, et ensuite on voit ce qu'on peut faire pour le coup de notre gars. Après, pour les horaires, ça reste encore assez variable, je verrai ça avec le personnel de l'ambassade.

- Nous sommes en approche finale, fit la voix du pilote. Veuillez rester assis.

L'écran montrait désormais la cour d'une petite base de garnison avec suffisamment de place pour permettre au transport de se poser, mais l'attention de Cassandra était centrée sur le nombre beaucoup trop élevé de jaffas en armes présents sur la périphérie.

Oh merde, c'est un piège.

- La garde protocolaire ? demanda la jeune femme en indiquant les dizaines de silhouettes armées formant le périmètre de la cour.
- Sûrement. Au moins, ça fait plaisir de voir qu'ils nous prennent au sérieux, répondit sans sarcasme son voisin.
- Oui…

C'est pas vrai, mais il n'y a personne qui se rend compte de quoi que ce soit, ici ? De toute façon, même si on essaie de dégager, ils vont nous abattre.

Elle défit sa ceinture et commença à se lever, pour sentir la main du diplomate sur son bras :
- Qu'est-ce que vous faites ? On doit rester assis.
- S'il vous plait… On est dans un vaisseau avec une gravité artificielle, je devrais quand même éviter de me casser la figure. Et je dois absolument aller… fit-elle, avec un rictus gêné.

L'autre eut un sourire compréhensif et la suivit du regard tandis qu'elle se dirigeait vers la petite cabine de toilettes intégrée dans le transport. Une fois à l'intérieur, elle verrouilla la porte et retira rapidement le haut de ses vêtements, regardant dans le miroir la petite surface de tissu qui couvrait une partie de son ventre. La différence de couleur par rapport à la peau était subtile, mais suffisamment présente pour être visible. L'instant d'après, elle commença à la décoller, le visage crispé par le pincement occasionné.

Une fois le travail terminé, Cassandra replia proprement le rectangle et le rangea entre plusieurs produits d'entretien conservés dans un petit placard accroché au mur, avant de remettre et d'ajuster ses vêtements.

Ne pas faire de vagues, avoir l'air d'une ingénue, les laisser baisser leur garde, pensa-t-elle en sortant tranquillement de la cabine pour se rendre à sa place.

L'écran que tenait toujours le diplomate montra l'extérieur du vaisseau s'immobiliser, et la voix du pilote vint confirmer l'évidence :
- Nous sommes arrivés à destination.

En quelques minutes, les passagers furent relativement organisés, les quelques assistants transportant des valises tandis que les personnels haut placés gardaient les mains libres pour les inévitables accolades protocolaires qui devaient suivre. Cassandra respira profondément, et le trentenaire avec qui elle avait discuté la rassura :
- Il ne faut pas s'inquiéter. Dites-vous que c'est comme si vous alliez dans un autre pays, c'est tout. En tout cas, c'est ce que je me dis.
- Il y a quand même des différences…
- Oh, pas tellement, fit-il, confiant. On trouve toujours un terrain d'entente.
- Espérons-le.
- Faites-moi confiance, c'est toujours comme ça.

Dit celui qui n'est jamais allé sur le terrain. J'aurais bien aimé vous voir négocier avec Nirtii. Le seul terrain d'entente qu'elle aurait trouvé, c'est une table d'expérimentation…

Le sas extérieur s'ouvrit, et Cassandra avança au rythme du reste des diplomates, s'efforçant de maintenir un visage neutre et se préparant à toute éventualité, espérant que les jaffas n'avaient pas d'ores et déjà décidé de tous les exécuter sur-le-champ comme acte d'ouverture des hostilités. Elle n'avait pas la moindre arme, ils étaient encerclés et leurs adversaires potentiels étaient en moyenne infiniment plus entrainés que ses "alliés".

Une fois les derniers membres du groupe sortis derrière elle, le chef de la délégation diplomatique avança vers celui qui semblait diriger les troupes les ayant accueillis.

- Mes respects, commença-t-il en tendant la main, je suis…
- Pas un geste, répondit l'autre en levant une petite arme à énergie, aussitôt imité par le reste de la garnison, les lances passant en un mouvement coordonné d'une position verticale à l'horizontale.

Les armes restèrent en position sécurisée, mais le message était très clair.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? Nous sommes des diplomates en mission !
- Ou plutôt des agents venus récupérer votre espion, rétorqua l'autre. Nous avons reçu l'ordre de vous arrêter pour vous empêcher de menacer la Nation Jaffa.

Bonne nouvelle, pensa une jeune femme dans les rangs de la délégation en s'efforçant d'adopter le même visage effaré que ses "collègues", ils parlent plutôt que de tirer. J'ai une chance de m'en tirer en un seul morceau…

Plusieurs jaffas s'approchèrent de leur groupe, restant en-dehors du champ de tir des autres gardes, et le chef des troupes continua :
- Vous allez nous suivre. Notre gouvernement vous assure que vous serez bien traités, et vous pourrez rentrer chez vous dès que Bra'tac nous sera rendu.
- Nous ne l'avons pas enlevé ! se défendit le diplomate.
- C'est vos agents qui étaient sur place, Gerak et l'Assemblée ont suffisamment de preuves de votre implication.
- C'est impossible ! Celui dont vous parlez est un pilote inexpérimenté qui a été chassé de nos forces, il est incapable de faire quelque chose comme ça. Nous sommes venus pour entendre sa version des faits et vous aider à retrouver les vrais coupables !
- Incapable… Un de mes meilleurs amis est mort de sa main quand il s'est évadé. Nous avons tous les enregistrements de sa fuite, quand lui et ses complices ont tué deux douzaines de gardes, alors arrêtez de me cracher vos mensonges de lâche ou je désobéirai à mes ordres de vous garder en vie… Emmenez-les !

Un jaffa prit rudement le diplomate par le bras et le tira, tandis que d'autres armèrent leurs lances et firent signe à la délégation d'avancer.

Cassandra vit le jeune diplomate près d'elle regarder attentivement l'arme du garde le plus près d'eux, et murmura :
- Ne jouez pas au héros. Ils vont vous tuer avant que vous ayez fait un pas.
- Je… répondit-il du coin de la bouche. Il faut faire quelque chose…
- Pas maintenant.

Il acquiesça discrètement, et elle soupira de soulagement, sachant qu'elle venait d'éviter une fusillade qui se serait probablement terminé par le massacre de l'ensemble de la délégation.

Ce p'tit gars a réussi à s'évader en même pas deux jours ? Soit c'est le plus gros veinard de la galaxie, soit la Task Force 8492 lui a donné un sacré entrainement en même pas un mois… Ca va sacrément compliquer les choses.
Dernière modification par Rufus Shinra le 12 mars 2012, 13:16, modifié 1 fois.
Effet Papillon :
Un avenir possible, moins sûr et plus complexe pour des galaxies porteuses d'un mélange explosif : vide de pouvoir, héritages vivants et ambitions multiples.
Tomes I et II terminés, Tome III en cours

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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

- … Bordel… Qu'est-ce qui vient de se passer ? lâcha le pilote.
- Je… je crois qu'on a une bonne idée des modifications que ces arbres ont subi, Tom…
- Et qu'est-ce qu'ils veulent qu'on leur raconte ? Qu'on s'est retrouvés dans tout ce foutoir sans rien y piger ? Qu'on est là par hasard ?
- Déjà… qu'on ne lui veut pas de mal, ce serait un bon début, non ?
- Sûrement, mais j'ai un peu l'impression que ça leur suffira pas.

La jeune femme fit un pas de plus en direction de la forêt, pour s'apercevoir que le paysage avait changé. Le soleil local était levé, et la configuration du relief était différente, mais tout le reste, depuis la flore jusqu'à la texture du sol, demeurait identique.

- Non… Comment est-ce que j'ai pu rater ça ? s'étrangla-t-elle silencieusement.
- De quoi ? lui demanda la voix familière de son coéquipier.
- Tom… regarde autour de toi !
- Qu'est-ce que… fit-il alors qu'il prenait conscience de son nouvel environnement. Merde.
- C'est là où on était arrivés avec le Jumper quand le Bellé s'est fait démolir… C'est bien ça, hein ?
- Ouais. C'est évident, maintenant… Mais comment on a pu louper ça, c'était y'a pas si longtemps, pourtant !
- Je ne sais pas… répondit-elle. Mais ça peut pas être un hasard, on revient directement au point de départ…
- Qu'est-ce qu'Atlantis est encore en train de foutre ?
- Aucune idée, mais on a un autre problème, là…
- Clair. Comment est-ce qu'on fait un Premier Contact avec une fichue forêt ? Enfin… Premier… ils parlaient de nous, à la fin, lorsqu'on s'était retrouvés coincés ici. Ils savent qu'on est déjà venus.
- Oui… On pourrait peut-être en apprendre un peu plus sur ce qui nous est arrivés… Comment Hagalaz nous a repéré, déjà, parce que cette fois, on ne va pas juste se faire enfermer et renvoyer sur Atlantis.
- D'accord… Est-ce que vous m'entendez ? essaya Campbell, sans grand espoir de succès. Ouais, c'est vraiment pas gagné… Bon, déjà, où est-ce qu'on est ?
- De façon globale ou de façon précise ?
- Soit on s'est téléportés ailleurs sur cette planète, soit on a roupillé assez longtemps pour que le terrain change… soit quelqu'un est en train de nous montrer autre chose.
- Laisse-moi deviner, tu penses que c'est ça, toi aussi ?
- C'est le plus logique… Bordel, faut vraiment que j'ai passé un mois pourri quand je trouve pas mieux comme explication que "hallucination causée par une forêt consciente modifiée par une I.A. folle dans une autre galaxie"…
- Oui, c'est pas commun, commenta-t-elle.
- Bon, si c'est ça, qu'est-ce qu'on fait ?
- Je dirais qu'il faut essayer de communiquer, comme quand on s'est fait capturer avant.
- Question stupide, maintenant que tu m'y fais penser : est-ce qu'on s'est pas fait à nouveau avoir par les mêmes gars qu'avant ? Là, ça pourrait juste être leurs prisons hi-tech avec un autre décor.
- Peut-être. Je n'en ai pas la moindre idée, admit-elle.
- Génial… Donc, tu disais ?
- Je suis pas sûre. On peut déjà essayer de voir autour de nous, il y a peut-être quelque chose dans cette hallu pour nous. Autrement, à quoi elle sert ?
- Si elle sert à quelque chose…
- Un problème à la fois, d'accord ?Il sera temps de voir si on est dans un scénario Lotus, mais perso, j'y crois pas vraiment.
- T'y crois pas ou t'espère pas ?
- Tom !
- Désolé, désolé, je suis un peu à cran, j'ai de mauvais souvenirs de tout ce foutoir… fit-il, pensif.


L'espace d'un bref instant, le paysage extraterrestre laissa place à l'une des cellules dans lesquelles ils étaient restés prisonniers avant d'être ramenés à leurs semblables. Les deux coéquipiers virent dans ce bref moment le lieutenant Thomas Campbell, membre de SG-22, assis au sol dans l'uniforme qu'il avait porté au cours de sa dernière mission.

- Qu'est-ce que… lâcha-t-il à voix haute. Ah, tiens, on peut se parler normalement. Bon à savoir, mais ça change rien : c'est quoi ce foutoir…
- Une seconde, lui répondit Shanti. J'ai une idée.

Quelques instants plus tard, les couloirs du Daedalus apparurent devant eux, et ils se virent courir rapidement, au milieu des alarmes, et Shanti vit son coéquipier détourner un instant le regard lorsque le trio passa, s'estompant aussitôt.

- Qu'est-ce que tu as fait ? demanda-t-il.
- J'ai essayé de me souvenir de l'évasion, fit-elle. Je crois que comme ça qu'on va devoir communiquer.
- Heu… ils visualisent nos pensées ? J'apprécie pas trop, tu sais… C'est privé, là-dedans, dit-il en tapant du doigt sur sa propre tête.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Si c'est comme ça qu'ils fonctionnent, il va falloir faire avec.
- Ouais… Alors, on commence par quoi avant que quelqu'un se mette à penser à quelque chose qui va les froisser ?

Sans préavis, le décor changea à nouveau, laissant place à la dévastation radiologique qu'elle avait découverte lors de sa première mission avec le reste de l'équipe. Les quatre humains faisaient lentement leur travail, protégés par leurs tenues, tandis que les deux spectateurs observaient leur environnement avec une attitude plus détachée. La jeune femme revoyait les hésitations qu'elle avait eues par le passé, confrontée avec un aspect de son travail qu'elle aurait préféré ignorer plus longtemps.

- A ton avis, on est censés commenter ? fit le pilote.
- Pourquoi tu me demandes ça à moi ? répondit-elle alors que leur environnement revenait à la normale. J'en sais pas plus que toi.
- Pour l'instant c'est toi qui t'en sors le mieux, alors je te fais confiance, c'est tout, argua-t-il avec un large sourire.
- Tu n'as pas envie de te fouler, surtout.
- Faudrait pas faire de gaffe diplomatique, réplica-t-il.
- La bonne excuse… Mais ça résout pas le problème.
- En même temps, si j'ai bien pigé, c'est pas trop des bavards. Plutôt le genre à s'envoyer une lettre de vingt pages tous les six mois.
- Et on n'a pas six mois à attendre…

- En effet, intervint une nouvelle voix derrière eux.

Les deux Terriens se retournèrent brusquement pour voir une femme se tenir derrière eux, le regard passant de l'un à l'autre sans ciller. Shanti la détailla rapidement du regard, voyant qu'elle portait des habits fonctionnels, étant légèrement plus grande que chacun d'eux. Le visage lui donnait l'impression d'une femme ayant aux alentours de quarante ans, mais elle ne se fixa aucune idée précise, ses instructeurs lui ayant martelé les dangers de tels a priori dans une galaxie où les systèmes de réjuvénation étaient relativement courants pour qui détenait suffisamment de pouvoir. Les cheveux bruns clair, courts et ordonnés, s'accordaient à ses vêtements foncés alors que son regard lui-même les transperçait sans le moindre effort visible, les jaugeant en quelques instants.


- Qu'est-ce que… Qui êtes-vous ? demanda Campbell.
- Vous avez exprimé le besoin de communiquer, répondit la femme. Je suis là pour ça.
- Un… avatar, fit Shanti. Vous êtes là pour servir d'interface entre nous et le reste de la… forêt, c'est ça ?
- Entre autres, oui.
- Qu'est-ce qu'ils veulent savoir ? Qu'est-ce que vous voulez savoir ?
- Nous aimerions apprendre ce qui s'est passé, dit-elle.
- Ah… En fait, hésita Shanti, il y a eu une… incompréhension. Une erreur. Ceux qui ont fait ça… croyaient que leurs ennemis étaient toujours dans notre galaxie, et ils nous ont attaqués.
- Nous sommes au courant.
- Ah ? s'étonna-t-elle. Mais alors qu'est-ce que vous voulez savoir ?
- Ce qui vous est arrivé. Vous n'êtes les mêmes que ceux qui sont arrivés la première fois, mais entièrement différents. Il aurait été impossible de vous contacter ainsi dans l'état où vous étiez alors. Qu'êtes-vous ?
- Bonne question… admit le pilote. Franchement, on en est pas sûr nous-mêmes, à certains moments.
- Tom, fit Shanti. Est-ce que tu es sûr que c'est une bonne idée de leur dire ça comme ça ?
- Heu, allô, Premier Contact avec un machin télépathe modifié par une I.A. un peu tarée, et il faudrait leur mentir ? Je ne sais pas ce que tu en penses, mais ça me parait pas une bonne idée. Est-ce que j'ai assez souligné le mot télépathe ?
- Oui, je vois ce que tu veux dire…
- Merci.
- On a été modifiés… Comme vous, en fait, fit-elle. Vous n'êtes pas ce que vous étiez avant de rencontrer Hagalaz.

Le visage de leur interlocutrice s'assombrit :
- D'où connaissez-vous ce nom ? demanda-t-elle.

- Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Shanti.
- On n'a pas vraiment le choix, répondit Campbell. A mon avis, s'ils veulent nous garder là ad vitam aeternam, on peut pas faire grand-chose.
- On a entendu parler d'elle par la même personne qui nous a modifiés fit la jeune femme en se tournant vers l'autre. Enfin, personne… entité, plutôt. Elle est comme Hagalaz, mais en un peu moins…
- … Tarée ? proposa le pilote.
- Peut-être, répondit-elle en déplaçant son regard vers lui. Maintenant que j'y pense, on n'en sait pas énormément sur elle, à part ce qu'Atlantis nous a raconté.
- Oui, enfin ça et les bombes au strontium dans la Voie Lactée…
- J'ai pas oublié, merci. Mais… c'est toujours possible que…

Elle soupira.

- Je veux dire, ce serait hypocrite de ma part de dire tout de suite qu'elle est tarée parce qu'elle a fait ça sans qu'on comprenne pourquoi. Je ne suis pas tarée. Enfin, je crois.

Le pilote détourna le regard, soupirant à son tour.

- Non, Tom, dit-elle en le forçant à la regarder dans les yeux. J'ai fait tout ça. Je me suis plantée et ils sont morts. Je les ai tués. Est-ce que je suis folle pour autant ? Réponds-moi.
- … Non.
- Alors pour l'instant, on fait attention avant de prendre des décisions un peu trop hâtives. Faut pas oublier qu'Atlantis nous manipule du début à la fin, aussi.
- Je sais.
- Pour résumer, fit Shanti en s'adressant à la femme leur faisant face et qui n'avait pas changé de position ou d'attitude. Il y a une autre Entité, comme Hagalaz. Elle veut qu'on l'aide à la détruire, pour se protéger et en même temps nous protéger nous-mêmes.
- Et que cherche-t-elle ? leur répondit-elle.
- Qui ? Hagalaz ou Atlantis ? demanda Campbell. Enfin, ça change rien, dans tous les cas, on a aucune idée claire sur leurs plans. Juste qu'ils sont sûrement trop compliqués pour nous.
- Alors, que cherchez-vous ?
- Hé, ça commence à devenir de la philo, là… commenta le pilote. Nous sortir de ce foutoir sur nos pattes, ça serait bien, déjà.
- Mettre notre planète à l'abri, ajouta Shanti.
- Ouaip. Et qu'est-ce que vous voulez, vous ? Parce que j'ai pas fait beaucoup de psychologie, mais vous devez sûrement vouloir quelque chose, non ?

La femme resta silencieuse, le fixant du regard.

- Tom, fit Shanti à voix basse. Il faudra vraiment qu'on discute de ta vision de la diplomatie, un de ces jours…
- Et qu'est-ce que tu veux faire ? On sait pas ce qu'ils veulent, pas précisément non plus ce qu'on veut, ni où on est, ni comment faire le job pour Atlantis… Je vois pas comment je peux faire empirer ça. C'est vrai, on pourrait se les mettre à dos, mais honnêtement, ça m'étonnerait.
- Enfin, on a quand même une idée de ce qu'on doit faire… Arrêter les attaques chez nous, pour commencer. Après, pour savoir comment le faire…
- Oui, ça ne nous avance pas. Parce que, si j'ai bien compris, vous, enfin, les arbres que vous êtes censée représenter… et je tiens à signaler que j'ai toujours du mal à croire que je sois en train de dire ça… bref, vous avez été un peu coupés –sans mauvais jeu de mot– du reste de la galaxie, alors vous devriez avoir un peu de mal à nous aider. C'est à se demander ce qu'Atlantis voulait qu'on fasse ici.
- … Oui. Parce que c'est pas une coïncidence si on est sur ici précisément, rajouta Shanti.

La femme haussa légèrement ses sourcils :
- Pourquoi êtes-vous donc ici, dans ce cas ?

- Bonne question, admit Campbell. Ca doit pas être dur de trouver d'autres planètes, avec tous ses moyens, mais on tombe pile poil sur celle complètement coupée du reste du système.
- Donc, réalisa Shanti, c'était son but depuis le début… et elle nous demande quand même de savoir qui est passé dans le coin.
- Attends… ne me dis pas qu'elle avait prévu depuis tout ce temps que ces arbres seraient conscients ?
- Peut-être, j'en sais rien. Mais par contre, même s'ils étaient isolés, ils ont quand même vu un truc.
- Nous, quand on s'est retrouvés balancés sur place, fit Campbell avant de se retourner. Qu'est-ce que vous avez vu quand on est arrivés ?
- Votre véhicule s'est posé, et vous êtes restés à l'intérieur. Les autres ont suivi aussitôt.
- Pas si vite, continua-t-il. Ils étaient là ? Qui ?
- Hagalaz. Ses servants vous ont déposés puis vous ont repris.
- Pourquoi ?
- Ils devaient savoir si vous étiez une menace pour eux, ils ont interrogé celle qui pouvait les reconnaître.
- C'est une Ancienne qui est là, hein ? fit Shanti, commençant à comprendre.
- Si c'est ainsi que vous les appelez. Hagalaz savait qu'elle pourrait avoir des réponses en la mettant face à vous.
- Alors… tous ces tests, c'était elle, demanda la jeune femme. Pas Hagalaz ?
- …
- C'est pas une coïncidence, fit Campbell. Atlantis voulait sûrement qu'on la trouve.
- Alors pourquoi est-ce qu'elle ne nous l'a pas dit tout de suite ? s'agaça sa coéquipière.
- Peut-être qu'elle sait pas exactement où elle est, proposa le pilote.
- Même, ça change rien… Pourquoi est-ce qu'elle nous a pas expliqué ce qu'elle voulait ? A moins que… qu'elle n'en soit même pas sûre elle-même. Mais là, ça devient passablement foireux, non ?
- Pas plus que le reste, tu me diras, répondit le pilote avant de s'adresser à la femme toujours immobile. Et vous, qu'est-ce que vous en pensez ?
- Je ne sais pas ce que vous pouvez désirer de nous, dit-elle, imperturbable.
- Merci, c'est utile, fit Campbell, sarcastique, pour se figer un instant plus tard. En fait si, peut-être qu'elle veut aussi qu'on voie quelque chose avec vous d'abord.
- Tu l'as dit toi-même, reprit Shanti. Elle nous a envoyé sur la seule planète coupée du système. Ca doit avoir un lien.
- Oui, mais on le connait déjà, réplica le pilote. Ils sont isolés parce qu'il y a l'Ancienne, c'est tout. Pas besoin de chercher midi à quatorze heures !
- Pas sûre. Pourquoi est-ce qu'ils sont toujours là ? Pourquoi est-ce qu'Hagalaz les a isolés ?
- Elle a dû flipper quand l'autre est arrivée, argumenta-t-il. Elle était toute seule, pas d'ordre à recevoir, tranquille avec sa galaxie, et puis il y a une Ancienne qui se ramène et qui pourrait commencer à lui donner des ordres. Et t'as vu l'effet qu'elle a fait sur cette forêt ? Excuse-moi, mais ça me faisait plus penser à un culte qu'à autre chose, quand ils nous en ont parlé… Imagine un instant, elles passent leur temps à se raconter des trucs genre "un piaf est passé par ici" ou "il y a eu un bel orage", et puis t'as une Ancienne qui a vu je sais pas quoi qui se ramène et leur fait un Spielberg.
- Hagalaz aurait perdu le contrôle sur les forêts, c'est ça que tu veux dire ?
- Complètement. Et rappelle-toi, à quoi elles servent ? continua Campbell.
- … A surveiller les flux de population, les déplacements par la Porte. Et avec des forêts conscientes, qui ont besoin d'elle pour échanger leur courrier, elle a un réseau de surveillance galactique complètement invisible !
- Invisible, et surtout qui demande pas de moyens. Tu te rends compte de ce que ça coûterait en ressources, en entretien, d'avoir des capteurs et des émetteurs près de chaque Porte dans la Voie Lactée ?
- La facture du siècle, acquiesça Shanti.
- Qu'est-ce qu'on fait, alors ? demanda le pilote avec un sourire naissant.
- On les remet en contact, fit-elle.
- Nous vous en remercions, fit une voix derrière eux qu'ils avaient oublié au cours de leur échange. Mais qu'est-ce que vous comptez faire exactement ?
- Oh, lâcha Shanti en se retournant. La prochaine fois, Tom, on évitera de bricoler une stratégie à voix haute en pleine négociation, d'accord ?
- Oui, ça vaudra mieux…
- Que désirez-vous exactement ? demanda la femme leur faisant face.
- Vous savez sûrement où se trouve Hagalaz, non ?
- Et vous voulez cette information en échange de votre aide, fit-elle.
- Ca pourrait nous être utile… tenta Shanti.
- Et que se passera-t-il pour nous une fois que vous l'aurez neutralisée… ou éliminée ?
- Comment ça ?
- Elle nous permet d'échanger nos expériences. Même si nous avons été isolés du reste, les autres non. Si vous la brisez, tout s'effondrera. Tous les autres seront isolés et plus seulement nous. Pourquoi devrions-nous vous aider ?
- Oh, lâcha Campbell, ne sachant pas quoi répondre.
- Vous ne venez pas résoudre notre situation, dit froidement leur interlocutrice. Vous ne cherchez qu'à atteindre votre objectif.
- Comment est-ce qu'elle fait pour vous maintenir en contact ? Enfin, comment est-ce qu'elle faisait, dans votre cas ?
- Ses servants venaient transmettre les messages.
- Par ses servants, vous parlez de quoi ? De machines, de créatures biologiques ? demanda le pilote.

Près de la femme apparut la projection d'une créature arachnoïde de taille quasi-humaine, parsemée de plaques recouvrant une grande partie de son corps, et dont la posture différait complètement de tout ce que les deux humains avaient pu voir sur leur planète d'origine, même après avoir fait abstraction de la taille. Campbell, instinctivement, fit plusieurs pas en arrière, se figeant lorsqu'il vit que sa coéquipière n'avait pas bougé.

- Je les ai déjà vus, commenta-t-elle. Ici, et puis… quand on était prisonniers.
- De quoi est-ce que tu parles ? demanda-t-il.
- Je t'expliquerai, répondit-elle en levant une main, sans le regarder. Ce dont vous avez besoin, c'est qu'on les convainque de continuer à vous aider lorsque Hagalaz ne sera plus là pour les guider, c'est ça que vous voulez dire ?
- Si vous pouvez y arriver, alors nous pourrons trouver un accord, acquiesça la femme alors que l'image près d'elle s'estompait.
- Ca devrait être faisable… fit la jeune femme, essayant d'afficher une façade de confiance.
- Shanti ! fit le pilote derrière lui.
- Je t'avais dit, quand on était prisonniers, Hagalaz… ou cette Ancienne, j'en sais rien, m'a montré une scène avec la tentative de conversion par les Ori. C'était sur ces… arachnides. Ils sont centraux à tout ce qu'on peut essayer de faire, Tom. Si on peut les faire passer de notre côté, on a gagné.
- Et comment tu comptes t'y prendre ?
- Je ne sais pas encore, mais je sais à qui demander.
- A cette Ancienne, c'est ça ?
- Oui. Si elle m'a interrogée, si elle a pu les convaincre qu'on ne vénérait pas les Ori… au point de nous donner un cessez-le-feu, alors elle doit forcément les connaître. Vraiment bien les connaître, même.
- D'aaaaaccord, fit-il lentement. J'espère que tu sais ce que tu fais, Shanti…
- J'espère aussi, répondit-elle, tournant la tête pour parler à la femme devant elle. Si nous arrivons à convaincre l'Ancienne de nous aider, serez-vous d'accord pour nous aider vous aussi ?
- C'est évident, répondit celle-ci, sans parvenir à cacher un embryon de sourire.
- C'est déjà ça, dit-elle à son coéquipier.
- OK, et maintenant, on fait quoi ? répondit-il.

La jeune femme n'eut pas le temps de répondre qu'elle fut prise d'un vertige, tout le paysage autour d'elle s'évanouissant, remplacé quelques instants plus tard par le ciel étoilé.

- Où… où est-ce qu'on est ? demanda une voix familière près d'elle.

Elle parcourut avec les mains son environnement immédiat, sentant la texture inhabituelle du sol, et tourna la tête pour se rendre compte qu'elle était couchée à même celui-ci. Sans effort, elle se remit debout, rapidement imitée par Campbell. Autour d'eux, les innombrables arbres bloquaient la vue alors qu'ils étaient dans une petite clairière, leur vision s'adaptant en quelques instants pour faciliter l'orientation, affichant rapidement une carte des environs où était visible l'endroit où s'était posé leur Jumper.

- Bon… est-ce que tu sais où on doit aller ? demanda-t-il.
- On va demander, répondit-elle. Atlantis ?

Oui ? fit la voix de l'Entité.

- Premier point, faudra vraiment qu'on clarifie les choses une fois pour toutes pour ce qui est de nous donner les infos nécessaires. Ensuite, dites-moi où on doit aller pour la trouver.

Trouver qui, lieutenant Bhosle ? demanda-t-elle.

- Est-ce qu'on peut arrêter de jouer un instant ? grommela-t-elle. L'Ancienne qui est ici. Celle que vous nous avez envoyé trouver, vous savez bien où elle est, non ?

Pas avec certitude.

- Le gros machin qui émettait de l'énergie, vous devez bien le repérer, lui ? Même nous, on avait pu le trouver, quand on s'était posés, fit-elle, commençant à être excédée.

Pour toute réponse, sa carte lui signala l'ajout d'un nouveau point de navigation.

- Merci beaucoup, répondit-elle en prenant la direction de leur Jumper, le pilote la suivant. Et sinon, il y avait une raison pour ne rien nous dire sur ce qu'on faisait vraiment ici ? Ou qu'on revenait là où les autres nous avaient capturés ? C'était intéressant à savoir, quand même !

Bien sûr, lieutenant. Je n'avais simplement pas le choix.

La jeune femme se figea sur place, haussant des sourcils :
- Pardon ? Pas le choix ?

Que croyez-vous, lieutenant ? Que je vous aurais caché des informations importantes si j'avais pu faire autrement ?

- C'est une blague, là ? Bien sûr que oui, vous l'auriez fait !

… Je vois. Quoi qu'il en soit, j'étais sous l'ordre strict de n'indiquer à personne l'existence ou l'identité de celle qui réside actuellement sur cette planète.

- Qui vous a donné cet ordre ? demanda Campbell. C'est Jackson ?

Non. C'est elle-même, lorsque nous avons pris contact.

- Attendez une seconde, c'est quoi ce foutoir ? fit-il. Je croyais qu'elle était coincée dans ce trou perdu depuis je ne sais pas combien d'années ! Comment c'est possible ?

Hagalaz lui a donné les moyens de vérifier les archives qu'elle désirait pour s'assurer de votre identité. Il lui fallait savoir si vous étiez des agents des Ori. Elle a donc consulté les dernières archives qu'elle savait exister : les miennes… Et m'a pleinement réactivée ce faisant. Les protocoles de succession ne laissent pas le moindre doute dans ce type de situation, et elle dispose en conséquence d'une autorité maximale sur moi. L'une de ses consignes, probablement induite par Hagalaz, était de ne pas prendre d'action visant à la sortir de là où elle était retenue ni d'informer qui que ce soit de son état. J'ai donc obéi… à la lettre.

- Donc… tout ça, le coup de venir analyser cette forêt… dit Shanti, c'était juste un leurre pour tromper… vos propres ordres ?

Exactement, lieutenant Bhosle. J'ai réalisé assez rapidement la situation dans laquelle elle se trouvait, et en ai déduit –de façon entièrement hypothétique bien sûr– qu'il serait préférable de pouvoir l'extraire de cette planète afin d'obtenir des ordres dénués de toute influence de Hagalaz ainsi que son aide sur un autre projet dont elle m'a fait part au cours de nos brefs échanges. Vous savez le reste.

- Qu'est-ce qu'on devra faire après ?

Il est plus que probable qu'elle vous guidera avec une efficacité supérieure dans cette tâche. En outre, ses consignes prévaudront sur les miennes.

- On n'a pas non plus l'obligation de lui obéir, signala Shanti.

Vous non, mais moi, si. Et étant donné que je suis en charge des moyens de déplacement interstellaires et des améliorations physiologiques vous équipant, il ne lui sera pas difficile de vous imposer sa volonté, le cas échéant.

- D'accord…

Autour du duo, la densité d'arbres se réduisait petit à petit, tandis qu'apparaissait au loin l'orée de la forêt :
- Comment on s'est retrouvés aussi loin ? demanda Campbell. Ne vas pas me dire qu'on a marché pendant tout ce temps…
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que le reste des arbres a poussé autour de nous ? réplica-t-elle. Ca m'étonnerait qu'on ait été portés par des écureuils…
- Pas faux, concéda-t-il. Allez, on arrive là-bas, on voit cette Ancienne pour qu'elle nous file la quête principale et on se tire d'ici.

Elle se tourna vers lui, le fixant du regard sans prononcer un mot.

- Oh, ça va, hein ! Désolé de me rattacher à ce que je connais, parce que le merdier dans lequel on est, c'est pas le job qu'on m'a formé à faire au SGC.
- Si tu le dis… Attention !
- Quoi ? dit-il en se figeant aussitôt.
- Derrière le Jumper, murmura-t-elle. Il y a quelqu'un.

La jeune femme fit un geste en direction de son arme, pour se rendre compte qu'elle ne la portait plus.

- Tu vois ce que c'est ? lui demanda silencieusement son coéquipier.
- Non, répondit-elle de la même manière. On s'approche en douceur. Je suis quasiment certaine que c'était humanoïde. Et dans ce cas-là…
- Ca pourrait être l'Ancienne qu'on cherche, compléta Campbell.

Faisant quelques pas de plus, elle sortit du couvert des arbres en s'efforçant de ne pas faire le moindre bruit. Lentement, les deux membres de SG-22 s'approchèrent du vaisseau dans lequel ils étaient arrivés, restant à l'affut d'un quelconque signe de présence de l'ombre entraperçue par Shanti.

- T'es sûre qu'il y avait quelqu'un ? lui demanda le pilote.
- Pas à 100%, mais presque. On fait le tour, pour être sûrs et…

Elle s'interrompit lorsque, à quelques mètres d'eux, une figure apparut devant eux, quittant l'abri du Jumper. Shanti écarquilla les yeux en reconnaissant la femme avec qui ils avaient parlé pendant plusieurs minutes lors de leurs échanges avec l'entité forestière.

- Qu'est-ce que… ? C'était vous ?
- Oui, lieutenant Bhosle, répondit l'Ancienne, sans bouger. Je vous attendais, et j'ai pris la liberté de servir d'intermédiaire pour votre contact avec nos hôtes. C'est à mes yeux une bien meilleure solution que d'attendre de vous voir comprendre les subtilités de leur mode de pensée et de communication, mais rassurez-vous, votre message est passé.
- Pourquoi est-ce que nous sommes ici ?
- Pour que nous puissions nous aider mutuellement, lieutenant, fit-elle.
- Je… excusez-moi, dit Shanti en plissant les yeux, mais… est-ce que vous êtes vraiment restée ici tout ce temps ?
- Oui, et ce malgré moi. Pourquoi cette question ?
- Je vous ai déjà rencontrée.

Elle ne répondit rien, et Shanti allait à nouveau parler quand un vertige très familier la prit l'espace d'un instant.


Il n'y avait plus de chaîne de commandement, plus de Cité où revenir, et elle avait, par une combinaison imprévue de compétence et de chance, survécu à ce qui aurait dû être sa dernière bataille. Une libération qu'elle ne pouvait plus voir venir qu'avec soulagement. Les nuages de débris flottant autour de la planète lui avait indiqué avec suffisamment de précision le sort des derniers défenseurs de celle-ci, et les survivants de son équipage s'en étaient remis à elle pour savoir ce qui resterait à faire.

Il n'y avait plus rien à défendre, plus rien à attaquer, à escorter, et à part quelques abris dont elle ignorait jusqu'à la position, tous ses semblables avaient quitté la galaxie pour retourner dans la Voie Lactée.

Pendant plusieurs jours, leur vaisseau resta à dériver dans le vide interstellaire, sans rien émettre alors que les réparations s'effectuaient à leur rythme, redonnant progressivement ses capacités les plus basiques à l'engin qui les abritait. Lorsque, finalement, les systèmes de propulsion furent entièrement rétablis, elle avait pris sa décision, choisissant d'accomplir son devoir jusqu'à la fin. Elle ne pouvait pas abandonner son poste ni entraîner son équipage dans un tel acte.

Leur vaisseau avait pris le cap vers la Voie Lactée, suivant l'un des plans d'action antédiluviens qui avait été isolé par son ordinateur de bord comme le plus semblable à une situation jamais anticipée par ses supérieurs. Leur cap les avait menés vers une planète où, selon les indications données, l'attendrait une structure hiérarchique apte à lui donner de nouveaux ordres. Tsippora savait ce qu'elle ferait une fois sur place, ce qu'elle aurait dû faire depuis trop longtemps mais qu'elle ne s'était jamais permise.

A présent que la guerre était terminée, que les siens avaient perdus, elle n'avait plus à se battre. Sa présence dans un vaisseau ne changerait plus le cours d'une bataille, ne sauverait plus des civils, des membres d'équipage. Elle pouvait enfin mettre tout derrière elle, quitter cette vie et peut-être réussir ce que tant d'autres avant elle avait fait, recueillir la libération qu'ils avaient obtenu. Les promesses qu'elle savait fondées mais que son devoir l'avait empêché d'accomplir pour elle-même, s'ouvriraient enfin à elle.

Son appréhension avait grimpé lentement au cours du trajet reliant les deux galaxies, et elle avait été prise d'une crainte sourde face à l'absence de réponse de sa destination. Ses instruments confirmaient que la base indiquées sur les cartes était bien présente, au sein de laquelle elle trouverait l'instrument de sa libération.

Un supérieur auprès duquel elle pourrait, en son âme et conscience, présenter sa démission pour enfin travailler à faire l'Ascension que la majorité des siens avait effectuée pendant que les forces armées leur faisaient gagner du temps dans cette guerre sans espoir.

Laissant son vaisseau en orbite, elle et son équipage s'étaient rendus au niveau de la surface, entrant dans le complexe creusé dans le flanc du système de plateaux rocheux. Les senseurs les avaient repérés et identifiés, s'activant les uns après les autres alors qu'elle s'inquiétait de plus en plus face à l'état d'abandon de la structure.

Ils parvinrent enfin à l'intérieur, et elle suivit les instructions de son assistant virtuel personnel pour s'orienter et trouver la salle où devait l'attendre le symbole de leur délivrance à tous. Ils auraient pu tout laisser derrière eux, sans protocole, ignorant les lois d'une civilisation mourante, mais elle voulait faire ce dernier pas, clore une fois pour toutes une période de sa vie qui n'avait que trop duré. Y mettre un point final.

Elle entra dans la salle indiquée, trouvant ce vers quoi on l'avait guidée depuis une autre galaxie, en tant qu'officier le plus haut gradé en service de l'ensemble des forces de sa galaxie.

Un caisson de stase. Plusieurs indicateurs d'alarme étaient actifs, indiquant une défaillance imminente de l'individu protégé, qui avait passé beaucoup trop de temps à l'intérieur.

Elle activa les moniteurs, et s'identifia, provoquant l'ouverture du système, d'où un militaire –de rang équivalent au sien– sortit. L'état dans lequel il se trouvait ne lui donnait plus qu'un temps restreint à vivre, et il la fixa dans les yeux, murmurant un mot.

Il lui demandait pardon.

Elle entendit les mots suivants, sans comprendre ce qui lui arrivait, et fut engloutie par les ténèbres.

Lorsqu'elle se réveilla sur une couchette, elle vit un message s'afficher sur un écran près du cadavre du militaire. Pour la première fois depuis aussi longtemps qu'elle se souvenait, elle pleura. Elle avait été trahie, et ne pouvait rien y faire. Dans des mouvements presqu'automatiques, elle revint près de son équipage, qui l'avait attendu dans une autre section de l'installation souterraine, et prononça les mots qu'ils attendaient. Elle avait désormais l'autorité pour les libérer, leur donner une chance de construire ce qu'ils pouvaient avec le temps qui leur restait.

Une opportunité qui venait de lui être retirée par cet officier mort peu de temps après son réveil.

Le dernier de ses subordonnés ayant quitté la base, la laissant derrière sous un prétexte qu'elle avait inventé pour leur éviter de se poser trop de questions à son sujet, Tsippora rentra dans la salle des archives de la base, et commença à parcourir les fichiers du projet dont elle venait d'hériter à cause d'un protocole infiniment plus vieux qu'elle. L'un des documents demanda une seconde identification de son statut, et lorsque son passe apparut brièvement sur l'écran, elle ne put s'empêcher de jeter un bref coup d'œil à la photo illustrant son dossier.


Shanti revint instantanément à la réalité.

- Tsippora ? fit-elle dans un souffle inaudible, les yeux écarquillés.
- Bonjour, lieutenant Bhosle. Heureuse de voir que vous ne m'avez pas oubliée.
Dernière modification par Rufus Shinra le 24 févr. 2012, 12:31, modifié 1 fois.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Blackeagle »

C'est fou comme mes critiques changent d'une fic à l'autre. Contrairement à la fiction de massalia, je pense pouvoir résumer mon ressenti à la lecture de cette partie en un seul mot:

WOW !

J'ai été plus qu'agréablement surpris par ces derniers événements. Je n'attend que la suite. :clap:
Dernière modification par Blackeagle le 12 févr. 2012, 20:41, modifié 1 fois.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par brian norris »

Hey j’aimerais lire ce chapitre, mais j'ai encore pas mal de retards.

J'ai presque fini le Tome 1. (Au passage je me prépare une petite liste de superlatifs pour mon futur com dédié à ton Tome 1). Il ne me reste que 6 chapitres. Ce qui représente quand même 70 pages.

Donc je te donnerai mon avis sur tout ton tome 1 cette semaine. Surement demain, peut-être mardi. Le seul truc que je peux dire à l'heure actuelle, c'est que c'est vraiment bon. Même très bon. Je préfère à celle d'Irhiae. Notamment pour les 3 premiers chapitres qui sont vraiment excellents. Avant de retomber sur 17 autres chapitres de qualité, mais plus ou moins transcendant selon les uns. Par contre ce qui est clair, c'est qu'ils sont tous utiles et qu'ils permettent au scénario de se mettre en place. Un scénario qui pour l'instant m'est encore inconnu dans sa finalité, mais qui laisse une libre place à l’imagination. Ce qui n'est pas du luxe. Bref je vais pas m'attarder ici, tu auras un avis plus long sur ton premier topic.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

@Blackeagle : merchi beaucoup, et, pour ce qui est des "derniers développements", faut rendre hommage à mon alpha-lecteur (surtout pour le flash-back à la fin du troisième post, qu'on a plus ou moins improvisé aujourd'hui) avec qui la discussion s'est terminée sur un mal de crâne pas possible quand on essayait de démêler tout le foutoir des complots et plans dans tous les sens lorsque les cartes allaient être abattues.

Sinon, je rappelle que je suis toujours à la recherche d'un bêta-lecteur "régulier" (attention, ça nécessite pas mal de 'taff).

@brian norris : content de voir qu'il y a toujours des "nouveaux" lecteurs pour EP ! Au niveau des premiers chapitres, le Prologue a été réécrit lorsque j'entamais le Tome III, les chapitres 1 à 4 à la fin du Tome I et les 5 à 8 au milieu du Tome II. De cette façon, ça peut te donner une idée de l'évolution stylistique (argh, ça fait quand même près de cinq ou six ans, maintenant !). Après, pour la comparaison à Ihriae, je me dois de m'insurger, parce que la qualité de la forme est quand même meilleure de son côté, et surtout, elle a fait un travail de fond qui dépasse allègrement toutes les fics que j'ai pu lire jusqu'à présent. Son développement de l'univers SG est sans commune mesure avec ce que j'ai pu développer, surtout en matière de personnages et d'organisations.
Et pour ce qui est du scénario, je dois bien avouer qu'à certains moments, la direction change brusquement et l'histoire va tout sauf là où je l'avais prévu. Entre autres lors de la discussion d'aujourd'hui où on s'est retrouvés à planifier une version SG de Yalta complètement imprévue jusqu'alors. Bien sûr, reste à savoir qui, , quand et pour quoi... :P ... et aussi savoir si ça ne changera pas encore d'ici là !

En tout cas, bonne lecture et merci du comm', tous les deux !
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Mérovée »

Bonsoir,

Je suis très content de pouvoir enfin commenter ta Fan fiction que je suis depuis à peu près noël. Pour te donner un ordre d'idée, j'ai du me taper ta fic en même pas trois jours au beau milieu de mes partiels...Bref autant te dire que j'aime beaucoup ce que tu fais, et que j'admire franchement ta persévérance dans l'écriture.

Comme je n'ai malheureusement pas eu le loisir de commenter le début de ta fan fic, je voulais juste te dire que je trouve tes deux premiers tomes vraiment excellent. Avec habilité tu fais monter le suspense, et d'épisode en épisode ton scénario s'enrichit d'intrigues qui s’entrelacent. On pourrait penser que autant d'intrigues pourrait perdre quelque peu le lecteur, mais non avec brio tu réussis à nous faire suivre le destin (parfois tragique et dantesque) de tes personnages.

Au niveau du scénario maintenant, même si parfois j'ai senti que tu ne savais plus vraiment ou tu allais, il faut reconnaître qu'il ne manque pas de rebondissements et d'efforts d'imaginations impressionnants qui ont su me séduire. D'ailleurs ton style même imparfait est très efficace, à tel point que régulièrement je n'arrivais pas à m’arrêter pour aller réviser. Le coup de l'I.A est magistrale, c'est elle qui nous tient en haleine pendant presque tout ton récit.

Tu as en outre un talent certain pour mettre en avant et développer les civilisations, personnages, technologies rencontrées dans SG. Je prends comme exemple pour appuyer mes dires la façon dont tu traites la nation Jaffa, une jeune nation qui se cherche et qui finalement n'avait pas préparé l'après libération ; Ses relations houleuses avec la Terre, une sorte de "guerre froide galactique" (j'ai notamment aimé l'équilibre de la Terreur avec le Disrupteur et l'Horizon). Je pourrais encore citer Hébrida, Cassandra, le Docteur Jackson ect...

Ton Tome 3 m'a un tout petit peu moins plus dans le sens ou parfois j'avais l'impression de ne pas avancer dans l'intrigue...je me trompais lourdement, même si la dynamique de ton petit groupe était parfois un peu trop longue, j'ai apprécié beaucoup de moments, en particulier ceux ou on en apprenait un peu plus sur les Anciens grâce aux souvenirs implantés par l'I.A.

J'en viens maintenant à l'épisode que tu viens de posté. Le début avec Jackson ne m'a pas paru transcendant, j'ai l'impression que l'équilibre posé entre les mercenaires bellicistes et l'équipe de Jackson est un peu faible...cependant il y a certaines bonnes idées qui pour moi viennent racheter le tout comme les nombreuses notes d'humour à propos de Jackson, ou encore l'archéologue d'Hébrida.
Le passage dans la prison est assez réussit dans l'ensemble, avec un passage "pan pan" qui est particulièrement sanglant. J'ai aimé notamment le rapprochement entre les deux espions amateurs.
Le passage que j'ai préféré reste ton tour de table avec les généraux, le plan qui en découle, je ne m'attarde pas trop la dessus.
La fin par contre m'a légèrement laissé pantois avec ton espèce de forêt "d'Ents" et surtout le moment ou tes deux protagonistes parlent tout seul. Je crois que tu as voulu faire de l'humour, mais je ne sais pas vraiment pourquoi chez moi cela n'est pas passé. Enfin la révélation finale par contre m'a beaucoup plus, je ne m'y attendais vraiment pas. Je suis franchement pressé de savoir la suite, en particulier sur ce fameux protocole ancien qui condamne ton ancienne et son équipage.

Je vais surement oublier beaucoup de choses mais j'aimerais te demander quelques éclaircissements sur certains points. En particulier sur ton ancienne Ruth, je ne comprends pas vraiment comment elle a pu infiltré le programme Porte des étoiles à l'insu de la sécurité du susdit programme. C'était une infiltration sur la durée ? ou alors grâce à ces pouvoirs d'ascendantes elle a réussit à bluffer tout le monde en modifiant la mémoire du personnel ? Je trouve cette zone d'ombre assez dérangeante personnellement ou alors j'ai raté quelque chose au cours de ma lecture ce qui est tout à fait possible et je m'en excuse humblement. Autre point dans ce dernier épisode tu parles de bouclier régionaux lors de la réunion d'Etat-major mais tu ne développes pas...cela implique t'il que la terre dispose au moment ou tu te places de boucliers efficaces pour protéger la Terre ?

Je pinaille bien sur :) pour conclure je suis vraiment très admiratif de ton travail de longue haleine. Bref (comme dirait mon bon ami brian norris) je suis FAN. Je te souhaite une bonne continuation et surtout beaucoup de courage !

NB : J'ai oublié de parler d'un petit point que j'ai observé avec Brian justement, c'est que tu utilises un certain nombre d'acronymes techniques pour les forces militaires comme C.I.C ou bien encore C.A.G et autres. Même si personnellement je connais ces titres, le commun des mortels peut ne pas les connaitre, peut être qui sait que des notes au lecteur seraient opportunes ?
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

Wow ! Alors, point par point :
CITATION Au niveau du scénario maintenant, même si parfois j'ai senti que tu ne savais plus vraiment ou tu allais,[...]
Vrai et totalement vrai. Comme je l'ai indiqué à plusieurs personnes, cette fic a commencé littéralement comme quelque chose qui devait être un pan-pan techniquement crédible et rien de plus. Le scénar' global s'est fabriqué au fur et à mesure, pour n'être véritablement fixé qu'à partir de la moitié du Tome II. Ensuite, il y a eu des changements, des improvisations, mais le fait est que j'ai plus l'impression d'être un étudiant en histoire en train de déterrer des évènements passés qu'un auteur en train de les inventer. Ce que je veux dire, c'est que, ici, il y a pas mal d'éléments qui sont arrivés au début et que j'avais interprété d'une façon particulière alors que, avec le recul dû à tout le reste, ils sont en fait totalement différents.
CITATION [...]il faut reconnaître qu'il ne manque pas de rebondissements et d'efforts d'imaginations impressionnants qui ont su me séduire. D'ailleurs ton style même imparfait est très efficace, à tel point que régulièrement je n'arrivais pas à m’arrêter pour aller réviser. Le coup de l'I.A est magistrale, c'est elle qui nous tient en haleine pendant presque tout ton récit.
Le coup de l'I.A., comme tu dis, c'est la première grosse dérive du "pan-pan" prévu, et il faut rendre hommage à sylvouroboros et son "Atlas", l'I.A. d'Atlantis dans une fic complètement déjantée et très réussie.
CITATION Tu as en outre un talent certain pour mettre en avant et développer les civilisations, personnages, technologies rencontrées dans SG. Je prends comme exemple pour appuyer mes dires la façon dont tu traites la nation Jaffa, une jeune nation qui se cherche et qui finalement n'avait pas préparé l'après libération ; Ses relations houleuses avec la Terre, une sorte de "guerre froide galactique" (j'ai notamment aimé l'équilibre de la Terreur avec le Disrupteur et l'Horizon). Je pourrais encore citer Hébrida, Cassandra, le Docteur Jackson ect...
En fait, ici, je n'ai fait que transposer dans SG des éléments de l'histoire humaine. Pour la nation Jaffa, il n'y a malheureusement qu'à regarder au sud pour trouver un exemple concret de foutoir suivant une révolution qui avait pourtant uni tout un peuple dans sa lutte. Et ce n'est que l'exemple le plus récent, ce genre de situation étant malheureusement d'un banal...

Pour Hébrida, mon regret est de ne pas avoir réussi à mieux développer ce "décor". L'idée d'origine était d'avoir plusieurs chapitres se passant là-bas, avec une ambiance cyberpunk où se feraient poursuites et complots. Mais après plusieurs jets de qualité insuffisante, je me suis ramené à la version actuelle du chapitre 2, plus courte et plus conventionnelle. A noter par exemple que le nom du patron des mercenaires locaux est une référence à Shadowrun, d'où je comptais m'inspirer pour Hébrida.

Côté Cassandra, je jette un coup d'œil à L'Ombre du Passé (pour moi et de loin la meilleure fic SG qui soit), où elle est apparue et dont j'essaie de m'inspirer pour sa vision du personnage.
CITATION Ton Tome 3 m'a un tout petit peu moins plus dans le sens ou parfois j'avais l'impression de ne pas avancer dans l'intrigue...je me trompais lourdement, même si la dynamique de ton petit groupe était parfois un peu trop longue, j'ai apprécié beaucoup de moments, en particulier ceux ou on en apprenait un peu plus sur les Anciens grâce aux souvenirs implantés par l'I.A.
Je plaide coupable, monsieur le Président. Je ne me suis rendu compte que bien trop tard du problème que j'avais pour SG-22. Le développement des personnages ne peut pas se faire correctement dans un huis clos où ils ne sont que deux, du moins cela nécessite bien plus de compétences que ce que j'ai. Donc, effectivement, on n'avançait pas dans l'intrigue elle-même, et, vu la position dans laquelle j'étais, il m'était impossible de sortir de cette situation rapidement.

En conséquence, l'un des gros axes de réflexion ces derniers mois était de préparer ce qui allait venir pour Shanti et Campbell. La réponse a été trouvée, étrangement, du côté des animes japonais, et plus précisément du genre appelé "magical girl". Oui, étrange qu'un genre normalement destiné aux filles de moins de 15 ans soit la source d'inspiration, mais lorsque l'on analyse un peu les mécanismes et les schémas narratifs de plusieurs excellents titres, certaines logiques apparaissent et m'ont donné des indications claires quant à la marche à suivre. Dans ce cas particulier, Tsippora. Le nom a été improvisé au détour d'une conversation MSN par Sapholune (que je salue si tu repasses par ici, la miss !) pour un dernier personnage relativement... bouche-trou.

Oui, Tsippora, lorsqu'elle est apparue initialement, n'avait pas le rôle qui lui est désormais confié. Il était juste prévu qu'elle soit une Ancienne plus ou moins anonyme dont les expériences militaires serviraient de cadre pour le développement de Shanti et d'outil à utiliser dans des situations comme celles de l'épilogue du Tome II. Et puis, fin 2011, il est clairement apparu que, dans la toile de relations et d'interactions centrées sur Shanti, il y avait un corps manquant. Un peu comme quand on a découvert une planète du système solaire en remarquant les anomalies des autres orbites, j'ai découvert que Tsippora était en fait centrale à toute l'histoire.

C'est ça que je veux dire par "historien" : en explorant les évènements passés, une forme de logique se met en place, et si l'on cherche à respecter à tout prix la cohérence, alors les éléments s'emboitent et l'on comprend soi-même ce qui s'est vraiment passé. Donc, oui, j'ai une bonne idée de ce vers quoi on se dirige, mais je m'attend à être encore surpris par ce qui reste à venir !
CITATION J'en viens maintenant à l'épisode que tu viens de posté. Le début avec Jackson ne m'a pas paru transcendant, j'ai l'impression que l'équilibre posé entre les mercenaires bellicistes et l'équipe de Jackson est un peu faible...cependant il y a certaines bonnes idées qui pour moi viennent racheter le tout comme les nombreuses notes d'humour à propos de Jackson, ou encore l'archéologue d'Hébrida.
Yep, le passage n'est pas dans la catégorie des évènements lourds, le focus quittant pour l'instant Jackson et venant se mettre sur Shanti ainsi que Carl/Van'Tet. Il y a maintenant un statu quo, donc le rythme ralentit et il faut trouver ses bases (et j'essaie de les trouver moi-même là-dedans). Mais je peux te rassurer, les choses vont redevenir particulièrement instable avant la fin...
CITATION Le passage dans la prison est assez réussit dans l'ensemble, avec un passage "pan pan" qui est particulièrement sanglant. J'ai aimé notamment le rapprochement entre les deux espions amateurs.
Ces deux-là se ressemblaient trop, à leur manière, pour ne pas les coller ensemble. Il faut dire que, pour l'instant, c'est ceux pour qui le scénar' a le moins changé de tous, et ce probablement parce qu'ils sont passés de l'arc principal à un arc un peu secondaire. Carl, la projection inconsciente de l'auteur débutant d'il y a cinq ou six ans (heureusement que je m'en suis aperçu à temps pour le dévier de la trajectoire Mary Sue, merci TVTropes ! :o ) et Van'Tet, le personnage jaffa rajouté pour donner le point de vue des "adversaires", ont toujours du potentiel, mais ce n'est plus autour d'eux que se font les grands évènements, davantage autour des personnages qui n'étaient que "secondaires" lors de leur apparition (Anna devait donner le point de vue à bord d'Atlantis lors de la grande bataille qui allait finir la fic lorsque la Cité allait décoller pour secourir le Jumper où Shanti & Co. étaient coincés - je ne plaisante pas, c'était le scénar' originel).

CITATION Le passage que j'ai préféré reste ton tour de table avec les généraux, le plan qui en découle, je ne m'attarde pas trop la dessus.
Là, ce nouvel arc va probablement être le truc le plus risqué que je tente pour EP depuis le début, parce que je viens de me mettre dos au mur, forcé à continuer dessus. Et le souci, c'est que l'arc en question, ou du moins l'idée sous-jacente, est assez comique. Totalement possible quand on voit la situation, avec une logique qui se tient relativement bien, mais tout de même passablement humoristique. Et mêler l'humoristique au sérieux est quelque chose qui m'a toujours fait peur. D'un autre côté, les possibilités ouvertes par cette idée (foutu alpha-lecteur, il ne devrait pas me proposer des trucs aussi tarés mais cohérents) sont trop belles pour que je jette ça. En plus, on m'avait demandé de revenir un peu sur le Concordia, alors...
CITATION La fin par contre m'a légèrement laissé pantois avec ton espèce de forêt "d'Ents" et surtout le moment ou tes deux protagonistes parlent tout seul. Je crois que tu as voulu faire de l'humour, mais je ne sais pas vraiment pourquoi chez moi cela n'est pas passé. Enfin la révélation finale par contre m'a beaucoup plus, je ne m'y attendais vraiment pas. Je suis franchement pressé de savoir la suite, en particulier sur ce fameux protocole ancien qui condamne ton ancienne et son équipage.
Pour les discussions entre Shanti et Campbell, j'essayais d'improviser, parce qu'ils sont vraiment ici tous les deux et qu'ils ne sont pas dans une situation où ils sont capables de réfléchir beaucoup plus rapidement, plus efficacement. Pas trop de calculs, pas non plus l'influence d'Atlantis, juste deux individus perdus dans ce foutoir et qui ne vont pas avoir les dialogues les plus parfaits de l'univers (comme dans la vie réelle, en somme).
Pour le protocole, une petite correction. C'est juste Tsippora qui a été prise dans cet engrenage, le reste de son équipage a pu partir, laisser tout ça derrière lui.
CITATION Je vais surement oublier beaucoup de choses mais j'aimerais te demander quelques éclaircissements sur certains points. En particulier sur ton ancienne Ruth, je ne comprends pas vraiment comment elle a pu infiltré le programme Porte des étoiles à l'insu de la sécurité du susdit programme. C'était une infiltration sur la durée ? ou alors grâce à ces pouvoirs d'ascendantes elle a réussit à bluffer tout le monde en modifiant la mémoire du personnel ? Je trouve cette zone d'ombre assez dérangeante personnellement ou alors j'ai raté quelque chose au cours de ma lecture ce qui est tout à fait possible et je m'en excuse humblement.
Pas de souci. Ici, Ruth Ravenwing, alias Urth pour les quelques personnes ayant le douteux plaisir de la connaître, n'a jamais compté s'infiltrer dans la durée. On a vu dans la série qu'il existe des façons de s'infiltrer auprès de groupes d'individus, tant avec du matériel technique qu'avec des outils biologiques, et Urth, si elle le désire, peut employer sans le moindre souci de telles solutions (je ne veux pas dire qu'elle a sur elle un gadget quelconque, mais que, si c'est faisable physiquement, elle n'aura pas de problème). Elle s'est rapidement rendue sur place pour suivre de plus près le duo Anna & Daniel, à la fois pour les surveiller, mais aussi pour les troller un peu (parce qu'elle s'ennuie vraiment, de temps à autre). L'infiltration n'aurait jamais tenu trop longtemps sans que des doutes sérieux se forment, mais tromper le SGC moins de quarante-huit heures, c'est pas difficile du tout pour elle.

Si tu as d'autres questions, n'hésite surtout pas, je me tiens à ta disposition tant que ça ne spoile pas la suite.

CITATION Autre point dans ce dernier épisode tu parles de bouclier régionaux lors de la réunion d'Etat-major mais tu ne développes pas...cela implique t'il que la terre dispose au moment ou tu te places de boucliers efficaces pour protéger la Terre ?
Probablement, mais rien de suffisant pour empêcher une attaque stratégique. Au maximum, je dirais que les capacités de protection sont suffisantes pour protéger temporairement une mégapole comme Tokyo ou N.Y., mais si l'adversaire veut ravager la Terre, aucun bouclier ne l'empêchera de balancer des gros météores, des frappes biochimiques, radiologiques, etc.

Là, j'improvise, hein, je n'ai pas encore fixé de paramètres spécifiques.
CITATION Je pinaille bien sur smile.gif pour conclure je suis vraiment très admiratif de ton travail de longue haleine. Bref (comme dirait mon bon ami brian norris) je suis FAN. Je te souhaite une bonne continuation et surtout beaucoup de courage !
Merci beaucoup. Et c'est très bien de pinailler, au contraire. Plus mes lecteurs pinaillent, plus je peux voir où sont les faiblesses potentielles, tant au niveau de la cohérence générale que de la narration elle-même. Ce type de commentaire me rend donc un grand service !
CITATION NB : J'ai oublié de parler d'un petit point que j'ai observé avec Brian justement, c'est que tu utilises un certain nombre d'acronymes techniques pour les forces militaires comme C.I.C ou bien encore C.A.G et autres. Même si personnellement je connais ces titres, le commun des mortels peut ne pas les connaitre, peut être qui sait que des notes au lecteur seraient opportunes ?
Woups. C'est vrai qu'il faudrait que j'arrange ça, mais là, je ne garantis rien pour les acronymes présents dans les deux premiers Tomes (faudrait que je revoie tout ce foutoir, et là, je commence à être pris par le temps de tous les côtés). Mais j'essaierai en revanche d'y penser pour la suite (surtout que, comme indiqué plus haut, on va revenir voir le Concordia et l'aspect militaire des choses.


Voilà, donc encore merci beaucoup pour ce comm', et surtout, n'hésite pas à poser d'autres questions si certains aspects ne te semblent pas clairs !
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Vyslanté »

... ce qui m'apprendra à ne pas commenter rapidement, maintenant, je vais passer pour un petit rigolo avec mes trois lignes de commentaire.

Anyway ;


On calme un peu le jeu du côté de Jackson et Anna (en même temps, vu ce qu'ils se sont pris, il était peut-être temps ^^), mais d'un autre coté, sur Dakara, c'est à peine le foutoir. Pour ceux qui pensaient au chapitre précédent que la situation allait peut-être éventuellement hypothétiquement possiblement s'arranger du côté des prisonniers qui avaient entamé une évasion presque réussie... Et ben c'est raté.

Dans un tout autre rayon, on revient sur le Concordia ! Hurray ! (Oui, j'aime les phases spatiales. Surtout quand elles impliquent un plan potentiellement foireux qui est plus ou moins notre dernier espoir).
CITATION le groupe de Contrôle des Stratagèmes de Bataille
Hé hé hé...
CITATION Êtes-vous monsieur Yudkowsky ?
Alors comme ça des personnes réelles interviennent dans EP... Intéressant...
CITATION Rokubungi Gendo
Re-hé hé hé...
CITATION Un grommellement se fit entendre par-delà le son d'une télévision, et les agents attendirent que leur cible vienne ouvrir la porte, ignorant la fraicheur du matin toulousain. Le jeune homme leur ouvrit :
Voyons, ce n'est absolument pas réaliste du tout ! Comment un jeune toulousain pourrait-il aider le SGC en quoi que ce soit ?

Et, franchement, j'aime toujours autant le concept des arbres conscients. D'autant plus que l'on connait la raison de leur création... Sûr qu'au prix du terreau, c'est moins cher que les sondes d’espionnage ^^


Quant à la révélation de fin...


Image
Dernière modification par Vyslanté le 13 févr. 2012, 13:36, modifié 1 fois.
« Je voyais ça moins… rouge.
— Proxima Centauri est une naine rouge. Vous vous attendiez à quoi ? Un énorme cube vert ? »

Rufus : En même temps, c'est un rite de passage pour toute organisation qui se respecte : tuer au moins une fois Jackson. Tout le monde l'a déjà fait...
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Mérovée »

Je te remercie de ta longue réponse, cela m'a ouvert quelques pistes sur la façon dont tu envisages l'écriture de ta Fan fic, et c'est toujours agréable d'en savoir un peu plus sur le processus de création d'un récit.
CITATION ...Le coup de l'I.A., comme tu dis, c'est la première grosse dérive du "pan-pan" prévu, et il faut rendre hommage à sylvouroboros et son "Atlas", l'I.A. d'Atlantis dans une fic complètement déjantée et très réussie...
Il faut que j'aille jeter un coup d'oeil à cette fan fic alors...

CITATION ...En fait, ici, je n'ai fait que transposer dans SG des éléments de l'histoire humaine. Pour la nation Jaffa, il n'y a malheureusement qu'à regarder au sud pour trouver un exemple concret de foutoir suivant une révolution qui avait pourtant uni tout un peuple dans sa lutte. Et ce n'est que l'exemple le plus récent, ce genre de situation étant malheureusement d'un banal...
La je m'insurge :D même si tu t'es inspiré de réalités diverses et propres à notre petite planète bleue, il n'en reste pas moins que tu as su te les approprier, et rendre le tout bougrement crédible !
CITATION ...Pour Hébrida, mon regret est de ne pas avoir réussi à mieux développer ce "décor"...
La réutilisation d'Hébrida à été pour moi un vraie surprise, je ne pensais pas voir cette civilisation réutilisée dans une fan fic. Encore une fois tout en reprenant du SG tu as réussis à mettre ta propre vision de cette planète, et c'est une réussite car on rentre sans problèmes dans le monde des corporations. Je ne pense pas qu'il faut avoir de regrets par contre si tu avais trop développé celle-ci, cela aurait été trop lourd à lire je pense. Mais qui sait Hébrida reviendra peut être ...
CITATION ...Côté Cassandra, je jette un coup d'œil à L'Ombre du Passé (pour moi et de loin la meilleure fic SG qui soit), où elle est apparue et dont j'essaie de m'inspirer pour sa vision du personnage...
Je n'ai rien à rajouter à part le fait que je vais essayer de trouver du temps pour lire cette fic, depuis le temps que on m'en parle !
CITATION ...Oui, Tsippora, lorsqu'elle est apparue initialement, n'avait pas le rôle qui lui est désormais confié. Il était juste prévu qu'elle soit une Ancienne plus ou moins anonyme dont les expériences militaires serviraient de cadre pour le développement de Shanti et d'outil à utiliser dans des situations comme celles de l'épilogue du Tome II...
Je dois dire que je m'en doutais :D quand j'ai vu ton dernier chapitre j'ai halluciné ! Mais c'est un pari gagnant parce que franchement moi en tant que lecteur je ne le voyais vraiment pas venir. Reste maintenant à voir comment tu vas développer ce "nouveau personnage".
CITATION ...j'ai découvert que Tsippora était en fait centrale à toute l'histoire...
Je crois que en attendant ton prochain chapitre, je vais pas arrêter de me creuser les méninges ^_^
CITATION ...C'est ça que je veux dire par "historien" : en explorant les évènements passés, une forme de logique se met en place, et si l'on cherche à respecter à tout prix la cohérence, alors les éléments s'emboitent et l'on comprend soi-même ce qui s'est vraiment passé...
Je crois pouvoir te dire que je comprends (a mon humble niveau) ce que tu veux dire grâce aux nombreuses heures que j'ai passé comme Alpha lecteur sur la fic de Brian. Il y a des moments ou toutes les choses que l'écrivain avait prévues, mais qui ne s’emboîtait pas forcément dès le début de l'écriture commencent à trouver une homogénéité, une cohérence. Ce sont en général des grands moments de bonheur...
CITATION ...Il y a maintenant un statu quo, donc le rythme ralentit et il faut trouver ses bases (et j'essaie de les trouver moi-même là-dedans). Mais je peux te rassurer, les choses vont redevenir particulièrement instable avant la fin...
Que dire ??? ...de plus en plus intéressant !
CITATION ...Anna devait donner le point de vue à bord d'Atlantis lors de la grande bataille qui allait finir la fic lorsque la Cité allait décoller pour secourir le Jumper où Shanti & Co. étaient coincés - je ne plaisante pas, c'était le scénar' originel...
Je vois en effet que ton scénario à subit...comment dire ?...de subtils changements ^_^

CITATION ...Là, ce nouvel arc va probablement être le truc le plus risqué que je tente pour EP depuis le début, parce que je viens de me mettre dos au mur, forcé à continuer dessus. Et le souci, c'est que l'arc en question, ou du moins l'idée sous-jacente, est assez comique. Totalement possible quand on voit la situation, avec une logique qui se tient relativement bien, mais tout de même passablement humoristique. Et mêler l'humoristique au sérieux est quelque chose qui m'a toujours fait peur. D'un autre côté, les possibilités ouvertes par cette idée (foutu alpha-lecteur, il ne devrait pas me proposer des trucs aussi tarés mais cohérents) sont trop belles pour que je jette ça. En plus, on m'avait demandé de revenir un peu sur le Concordia, alors...
Ce nouvel arc m’intéresse énormément, j'admire beaucoup ton stratagème pour induire en erreur les forces Jaffas. Cela à vraiment du potentiel je pense. En outre le coté humoristique ne me gène pas du tout ici, je le trouve plutôt bien maîtrisé.

Ah et au fait...je suis aussi un grand fan du Concordia ! Je crois que c'est d'abord cela qui m'a attiré dans la lecture, mais au fil du texte j'ai dépassé cela pour m'attacher aux personnages et intrigues que tu as tissé. Bref j'attends un petit combat spatial un de ces quatre... :cry:
CITATION ...Pour les discussions entre Shanti et Campbell, j'essayais d'improviser, parce qu'ils sont vraiment ici tous les deux et qu'ils ne sont pas dans une situation où ils sont capables de réfléchir beaucoup plus rapidement, plus efficacement. Pas trop de calculs, pas non plus l'influence d'Atlantis, juste deux individus perdus dans ce foutoir et qui ne vont pas avoir les dialogues les plus parfaits de l'univers (comme dans la vie réelle, en somme)...
Je comprends mieux maintenant, cependant pour le coup je vais être le lecteur embêtant, mais je pense que ton envie initiale n'a pas porté ses fruits.
CITATION ...Pour le protocole, une petite correction. C'est juste Tsippora qui a été prise dans cet engrenage, le reste de son équipage a pu partir, laisser tout ça derrière lui...
Mea culpa. Pour ma décharge, il était vraiment tard quand j'ai lu ton dernier chapitre et en plus Brian n’arrêtait pas de m'interrompre :D

CITATION Voilà, donc encore merci beaucoup pour ce comm', et surtout, n'hésite pas à poser d'autres questions si certains aspects ne te semblent pas clairs !
Merci de ta disponibilité je n'hésiterai pas. Mais surtout merci à toi pour ton travail, je suis vraiment impressionné par ce que tu fais, tu donnes des lettres de noblesse aux fans fics.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

@Vyslanté :

Pour l'illustration finale, je n'ai qu'une chose à répondre : XDDDDDDDDDDDDDDD
CITATION (Oui, j'aime les phases spatiales. Surtout quand elles impliquent un plan potentiellement foireux qui est plus ou moins notre dernier espoir).
Potentiellement ? Potentiellement ? Toute modestie à part, je crois que le plan prévu va redéfinir le concept de plan foireux. La CSB renoncerait à ce truc trop stupide pour fonctionner. John Crichton en resterait sans voix.

Nan, le truc est absurde, mais devrait théoriquement fonctionner, étant donné qui le fait, sur qui et pendant combien de temps. Enfin, j'espère ! :-P
CITATION Alors comme ça des personnes réelles interviennent dans EP... Intéressant...
Je te rassure, ce n'est ici qu'un cameo sans conséquence. Après tout, l'univers SG est censé être très proche du nôtre, alors autant en profiter ! Double :-P
CITATION
CITATION Robukungi Gendo
Re-hé hé hé...
Tout se déroule exactement selon le Scénario... Le souci, c'est que je ne l'ai pas encore...



@Mérovée :
CITATION Il faut que j'aille jeter un coup d'oeil à cette fan fic alors...
Elle est très marrante, ne se prenant pas au sérieux un seul instant (je crois que c'est le Navigo, si mes souvenirs sont bons).
CITATION La réutilisation d'Hébrida à été pour moi un vraie surprise, je ne pensais pas voir cette civilisation réutilisée dans une fan fic. Encore une fois tout en reprenant du SG tu as réussis à mettre ta propre vision de cette planète, et c'est une réussite car on rentre sans problèmes dans le monde des corporations. Je ne pense pas qu'il faut avoir de regrets par contre si tu avais trop développé celle-ci, cela aurait été trop lourd à lire je pense. Mais qui sait Hébrida reviendra peut être ...
Et bien merci ! Pour ce qui est du retour d'Hébrida, je ne sais pas pour le moment. J'ai plusieurs fusils de Chekov (des éléments placés dans la narration qui peuvent être réutilisés par la suite pour justifier tel évènement) potentiels, mais aucune certitude claire quant à la réutilisation de ce décor.
CITATION Je crois que en attendant ton prochain chapitre, je vais pas arrêter de me creuser les méninges happy.gif
Hé hé, content de voir que ça permet de réchauffer quelqu'un pendant cette vague de froid !
CITATION Je crois pouvoir te dire que je comprends (a mon humble niveau) ce que tu veux dire grâce aux nombreuses heures que j'ai passé comme Alpha lecteur sur la fic de Brian. Il y a des moments ou toutes les choses que l'écrivain avait prévues, mais qui ne s’emboîtait pas forcément dès le début de l'écriture commencent à trouver une homogénéité, une cohérence. Ce sont en général des grands moments de bonheur...
Yep ! Quand on se rend compte que tout suivait exactement le scénar' (qu'on ignorait soi-même), ça fait un peu bizarre. Le machin tient plus de l'improvisation en temps réel avec ce qu'on a, avec comme contrainte de ne pas tomber dans le n'importe quoi sorti de nulle part. C'est assez fun, mais c'est effectivement plus prudent d'avoir quelqu'un pour garder une vision d'ensemble du système et repérer quel fusil de Chekov ressortir à quel moment !
CITATION Ce nouvel arc m’intéresse énormément, j'admire beaucoup ton stratagème pour induire en erreur les forces Jaffas. Cela à vraiment du potentiel je pense. En outre le coté humoristique ne me gène pas du tout ici, je le trouve plutôt bien maîtrisé.

Ah et au fait...je suis aussi un grand fan du Concordia ! Je crois que c'est d'abord cela qui m'a attiré dans la lecture, mais au fil du texte j'ai dépassé cela pour m'attacher aux personnages et intrigues que tu as tissé. Bref j'attends un petit combat spatial un de ces quatre...
En théorie, et sans vraiment spoiler, il devrait y avoir des batailles spectaculaires (ce qui est l'une des raisons qui m'a poussé à accepter le plan taré de mon alpha) à cause de ce plan. Pour le Connie lui-même, la seule chose que je regrette est que ZizZ ne soit pas venu plus tôt dans cette communauté, parce que, autrement, il est clair que j'aurais conçu le vaisseau comme un Polaris, alors que là, je le vois plutôt comme un mix du Galactica et d'un 304 (ça n'a jamais été parfaitement clair dans mon esprit, pour être honnête).
CITATION Je comprends mieux maintenant, cependant pour le coup je vais être le lecteur embêtant, mais je pense que ton envie initiale n'a pas porté ses fruits.
Nous sommes d'accord là-dessus. C'est un passage qu'il faudra éventuellement reprendre, et c'est celui dont je suis le moins content, au niveau du style. La révélation finale permet de compenser un peu l'ensemble, mais autrement, c'est clair qu'il mérite une relecture plus approfondie. A voir quand j'aurai le temps (ça devient chaud de tenir la deadline des trois semaines, maintenant).

CITATION Merci de ta disponibilité je n'hésiterai pas. Mais surtout merci à toi pour ton travail, je suis vraiment impressionné par ce que tu fais, tu donnes des lettres de noblesse aux fans fics.
XD : merci ! Mais, à ce niveau, je te suggère vraiment de jeter un coup d'œil à l'Ombre du Passé et, surtout, aux fics anglophones. Parce que, si tu sais lire la langue de Shakespeare, tu vas découvrir des monstres de fics qui dépassent tout ce qui existe en frenchie (d'ailleurs, il arrive que certaines de ces perles soient écrites en anglais... par des Français, parce que c'est comme ça qu'on a un public optimal). Si tu n'as pas de problème avec cette langue, je te suggère de rechercher le texte intitulé "Harry Potter and the Methods of Rationality", pour voir ce que certains individus arrivent à faire en termes de fan-fictions.
Effet Papillon :
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Blackeagle
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Blackeagle »

J'ai vraiment l'air con mes quatres lignes de commentaire. Image
CITATION Hey j’aimerais lire ce chapitre, mais j'ai encore pas mal de retards.

J'ai presque fini le Tome 1. (Au passage je me prépare une petite liste de superlatifs pour mon futur com dédié à ton Tome 1). Il ne me reste que 6 chapitres. Ce qui représente quand même 70 pages.
Je suis en train de tout relire (Tome II, déjà fini le 1), c'est plus addictif que la Pomme. (Comment ça un troll ?) :D
Dernière modification par Blackeagle le 13 févr. 2012, 15:16, modifié 1 fois.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par brian norris »

CITATION (Blackeagle,Lundi 13 Février 2012 15h51) J'ai vraiment l'air con mes quatres lignes de commentaire. Image
CITATION Hey j’aimerais lire ce chapitre, mais j'ai encore pas mal de retards.

J'ai presque fini le Tome 1. (Au passage je me prépare une petite liste de superlatifs pour mon futur com dédié à ton Tome 1). Il ne me reste que 6 chapitres. Ce qui représente quand même 70 pages.
Je suis en train de tout relire (Tome II, déjà fini le 1), c'est plus addictif que la Pomme. (Comment ça un troll ?) :D
Serait-ce un taunt envers ma personne ?

CITATION Mea culpa. Pour ma décharge, il était vraiment tard quand j'ai lu ton dernier chapitre et en plus Brian n’arrêtait pas de m'interrompre biggrin.gif
Argh! Ça c'est pas cool! Surtout que moi j'ai des dossiers sur toi. Enfin je dis ça je dis rien ...

Non plus sérieusement, je savais que cette fic te plairait vu que tu es un fan de BSG.

Pour ce qui est d'Ihriae, mon com d'hier n'a peut-être pas bien été compris. Je ne mets pas en doute la qualité, elle est même à ce que j'en ait lu (suffisamment pour avoir un avis) supérieur au niveau du style et de la description des persos. J'ai moi aussi senti le Mary sue avec Carl Banet (serait-il d'origine albanaise au fait ?). Ce qui n'as pas pu m'empêcher de penser à ... ma fic qui part sur les mêmes erreurs (plus ou moins bien atténuées depuis).
Bref je trouve juste plus de plaisir à lire ta fic. Probablement parce qu'elle s'adapte mieux à ma vision d'une très bonne fan fic. Là ou Ihriae est vraiment très proche du niveau d'un roman publiable.

Quant aux fics anglophones, j'ai plutôt un bon niveau d’anglais perso. Mais je ne ressent quand même pas le texte de la même manière que s'il était écrit dans ma langue. N'étant pas déjà un grand lecteur à la base, lire en anglais n'est pas ce qui me tente le plus ...
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

CITATION Argh! Ça c'est pas cool! Surtout que moi j'ai des dossiers sur toi. Enfin je dis ça je dis rien ...
S'il vous plait ! S'il vous plait ! Ne nous fâchons pas et ne commençons pas à sortir les dossiers, parce que vu le volume que la CSB a sur chacun des membres de ce forum, on va se retrouver avec un nouveau blackout continental juste en allumant les lumières de l'entrepôt réservé aux fiches de classement des dossiers...
CITATION 'ai moi aussi senti le Mary sue avec Carl Banet (serait-il d'origine albanaise au fait ?). Ce qui n'as pas pu m'empêcher de penser à ... ma fic qui part sur les mêmes erreurs (plus ou moins bien atténuées depuis).
Bref je trouve juste plus de plaisir à lire ta fic. Probablement parce qu'elle s'adapte mieux à ma vision d'une très bonne fan fic. Là ou Ihriae est vraiment très proche du niveau d'un roman publiable.
(Pour l'origine de Carl, euh, non, pas que je sache, mais ça peut s'arranger si nécessaire ^_^) Mais pour son aspect Mary Sue, tu n'as pas idée à quel point c'était cliché. Je t'assure, avec la vision initiale du scénar' où il y avait une grosse bataille, il était prévu qu'il soit le héros et tout et tout...

Ouais, je sais. Mais, à ma décharge, c'était il y a cinq ou six ans, et je n'avais aucune expérience des fan-fictions à proprement parler. Quelques trucs sur les FF de qualité variable (j'ai peur de revenir dessus pour me rendre compte que mes bons souvenirs soient en fait liés à mon inexpérience de l'époque) et une ou deux SG, mais voilà. Pas de TVTropes, pas de navigation sur SpaceBattles ou StarDestroyer ni même les bons coins de FF.net. Faut remercier Anna et Shanti, ce sont elles qui ont sauvé la situation en s'imposant comme persos principaux face à lui. :-P

Après, pour ce qui est de la classification, là je vois ce que tu veux dire. J'essaie avec EP de faire de mon mieux pour une fic et de clore ma page SG une fois pour toutes. L'OdP, au contraire, fait un travail qui supplante SG, qui se le réapproprie et le réinterprète de façon pro. J'essaie de trouver mon style et d'apprendre à écrire avec EP (pas mal d'expérimentation, ce qui explique les concepts surabondants que j'essaie d'y caser) pour espérer réussir à franchir le mur du son, là où Ihriae a déjà son propre style et est au minimum en supercroisière.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Blackeagle »

CITATION (brian norris,Lundi 13 Février 2012 15h29) Serait-ce un taunt envers ma personne ?
Du tout. Juste que plus tu liras, plus tu prendras goût et une fois arrivé au Tome III, entre chaque publication, tu reliras très probablement. :-)
CITATION Quant aux fics anglophones, j'ai plutôt un bon niveau d’anglais perso. Mais je ne ressent quand même pas le texte de la même manière que s'il était écrit dans ma langue.
Cela dépend des textes à mon goût. Certains passent mieux que d'autres et, dans le cas d'une fic similaire à EP au niveau de la précision des événements, cela ne me pose pas de problème. Par contre, cela m'arrive souvent avec des textes, des histoires moins complexes. Cet avis n'étonnera Rufus, il connait mon goût prononcé pour la complexité des choses.
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Re: Effet Papillon ~ Tome III

Message non lu par Rufus Shinra »

Pour ce qui est des fics en anglais, je te suggère quand même de tenter le coup, brian, parce que tu verras qu'il y a certaines choses qu'on ne trouve que là. Par exemple, certains aspects de la SF passent beaucoup mieux dans cette langue, principalement au niveau des scènes militaires si besoin est. En plus, vu la plus large population utilisant cette langue, on se retrouve avec des textes plus affinés, mais surtout, il y a un point fondamental :

La SF est respectée dans les pays anglophones.

En France, vas dans un magasin comme le Virgin ou la Fnac, et tu verras le rayon SF mis à côté du rayon BD ou "jeunesse", et c'est un problème qui touche l'ensemble de notre société. Au contraire, aux U.S. ou au R-U, il n'y a pas cet a priori négatif qui nous pénalise tous et toutes. De cette façon, des personnes qui n'y se seraient jamais mises chez nous le feront là-bas, et c'est comme ça qu'on peut tomber sur des textes écrits avec des points de vue très variés.

Je suis tombé comme ça sur des fics écrites par des militaires, d'anciens militaires ou bêta-lues par ceux-ci, et elles peuvent être grandioses. Certaines émotions, expériences, ne peuvent être écrites sans le soutien de quelqu'un qui les a ressenties, et tu auras un panel infiniment plus important d'individus dans le web anglophone. Par exemple, quelque chose que je n'ai à peu près jamais vu dans des fics francophones, c'est la perte de contrôle totale dans une bataille. J'ai essayé à certains moments de la retranscrire, mais je sais que je n'y arrive pas. Pas comme l'ont fait certains textes, qui transmettent de façon très dure la panique, le chaos, le hasard, quand les individus tentent de survivre, que des personnages principaux se font faucher dans l'instant sans belle scène et que l'action continue comme si de rien n'était et que, à la fin, le lecteur s'est pris un très gros coup de poing dans le ventre sans vraiment comprendre pourquoi.

Certains concepts, certaines expressions, aussi, ne se trouveront que dans une langue particulière, et les traductions ne rendront pas hommage à la qualité initiale. Quand tu tombes sur Methods of Rationality, Year of Darkness, My Little Blackbird, Sailor Nothing (bien que là, ça soit moins une fic qu'une déconstruction) ou d'autres textes de ce calibre, tu ne peux qu'encourager les autres à lire en anglais : il y a trop à apprendre de ces auteurs pour passer à côté.
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