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4) histoire de LazsloAprès deux semaines de voyage, ils entrèrent en Bretagne. Un jour, ils s’arrêtèrent pour passer la nuit dans une forêt non loin de Rennes. Ivan et le roi dressèrent la tente tandis que Genève ramassait du petit bois pour faire du feu. Ensuite, ils étudièrent tous les trois avec soin la carte. Ils ne tenaient pas à se perdre dans une des nombreuses forêts maléfiques du coin. Hélas pour eux, c’était bien ce qui était arrivé. Ils avaient pénétré par erreur dans une forêt que hantait la sorcière de l’étang. Celle-ci était bien connue des villageois des environs qui fuyaient ce lieu comme la peste. Malheur ! Ivan, Genève et Rature étaient entrés dans la forêt de Briocheland!
La sorcière avait un fils, qu’elle avait nommé Lazslo, en hommage à son père, un chevalier hongrois qui avait trouvé la mort au cours d’une chasse au dragon. Lazslo était jeune et beau.
Malheureusement, comme il avait été élevé à la campagne, il avait des manières guère civiles, et jurait à toutes heures du jour et de la nuit. C’est pourquoi, dans les environs, on le surnommait : Lazslo, le chevalier au langage de charretier!
Sa mère, lorsqu’il eut douze ans, décida de le confier à un maître d’armes qui devrait lui apprendre les rudiments du maniement de l’épée, de l’arc, de la hache, de la dague, de la lance, de l’arbalète, et, comme Lazslo se blessait souvent à table, du couteau, de la fourchette et de la cuillère. La sorcière couvait énormément son fils unique et tenait à lui faire apprendre tous les arts qui lui permettraient de survivre dans ces temps troublés. En effet, à cette époque, l’espérance de vie d’un être humain était très courte. L’homme est programmé pour vivre soixante dix ans environs. Mais de nombreux facteurs réduisaient cette espérance de vie à peau de chagrin. Les bêtes féroces pullulaient en ces temps là et réduisaient de dix ans l’espérance de vie d’un homme. La mauvaise qualité de leur cuisine leur en enlevait également dix. Les guéguerres que se livraient les petits seigneurs locaux dix. Pour finir, il convient de ne pas oublier l’influence des druides. Comme nous l’avons dit dans notre premier chapitre, les Bretons aimaient bien la filoche et ne refusaient que très rarement une petite bagarre. Généralement, les combats se finissaient par de petites blessures et nécessitaient que l’on aille chez ceux qui servaient de médecins, c'est-à-dire les druides. Pour leur malheur d’ailleurs ! Car, en Bretagne, lorsqu’un cancre ne parvenait pas à passer en classe supérieure, on lui donnait le choix entre la vie de clochard, ou l’apprentissage du métier de druide. Bien souvent, le cancre choisissait de devenir druide.
Le taux de mortalité chez les patients des druides était effroyablement élevé. L’espérance de vie des hommes en Bretagne ne dépassait donc pas, à l’époque, la trentaine d’année.
Lazslo avait passé une dizaine d’année chez son maître d’armes lorsqu’il décida de rentrer chez lui, dans la forêt de Briocheland. Il retrouva son cher lac, ou plutôt son étang boue. Celui ci faisait deux cent mètres de long sur cent de large. Mais il ne faisait que quarante centimètres de profondeur. La sorcière de l’étang habitait un petit palais situé au fond de cet étang trouble et insalubre. Elle avait déniché deux ou trois morceaux de ferraille qu’elle avait travaillés de sa baguette pour en faire un logis potable. Elle ne savait pas que le fer rouillait au contact de l’eau. La rouille donna à son logis une jolie couleur rouge brique.
Les retrouvailles de la mère et de son fils furent joyeuses. La sorcière fit préparer un festin. De son côté, Lazslo, pour faire plaisir à sa mère, qui habitait au fond de l’eau décida d’apprendre à nager. Cela lui permettrait de rendre visite à sa mère dans sa demeure.
A la fin d’un repas bien arrosé, Lazslo se mit en tête de plonger dans l’étang et d’apprendre à nager à la lueur des torches.
Un gigantesque PLOUF réveilla Ivan, Rature et Genève. Ils sortirent de la tente pour inspecter les environs, en proie à la terreur. Ils redoutaient de tomber sur des bêtes féroces et cruelles. Un second PLOUF les fit sursauter. Ivan et le roi ordonnèrent à la future reine de rester où elle était afin de tirer toute cette histoire au clair. Genève se laissa tomber au sol, et murmura, les yeux pleins de larmes : « j’ai peur de fermer les yeux ; mais j’ai trop peur pour les garder ouverts. Pardon, maman, pardon Papa. C’est ma faute si nous en sommes là ».
Pendant ce temps, nos deux jeunes héros se rapprochaient de la source des bruits. Sauf qu’il n’entendaient plus seulement des « plouf », ils entendaient aussi des « blub blub » et des « au secours ». Ils parvinrent jusqu’à l’étang et virent que le jeune Lazslo était en train de se noyer. Sa mère, qui ne marchait plus très droit, le tira de ce mauvais pas. Elle lui dit :
- « Vous avez beau dire, mon fils ! Ce serait plus pratique si vous consentiez à enlever votre cuirasse pour apprendre à nager !
- Hic! Un chevalier n’enlève jamais sa cuirasse, pas même, hic, pour dormir.
- Vraiment ? Cela vous causera des problèmes quand vous aurez une femme dans votre lit !
- Peut être, hic ! Mais, pour l’instant, ne suis-je point le chaste Lazslo ?
- Si fait, mon fils ! Et, m’est avis que, doué comme vous l’êtes, vous le resterez longtemps encore ! ».
Rature et Ivan décidèrent d’avancer à découvert et de se présenter au chevalier et à sa mère.
Lazslo, dont le caractère fougueux et bouillonnant allait servir au roi plus tard, défia Rature et lui promis de se mettre à son service dans le cas où il serait défait. Ce qui arriva. Rature n’était pas une lumière, mais il maniait parfaitement l’épée. Au bout de deux passes, il parvint à se mettre dans le dos de son adversaire et coupa avec Esqualibure les bretelles qui retenaient le pantalon en cottes de maille du jeune Lazslo. Le froc du jeune chevalier tomba d’un coup, laissant à l’air libre un superbe caleçon à fleurs et à petits cœurs roses.
-« Sire, vous m’avez vaincu ! Et ce sera pour moi un grand honneur que de vous suivre dans vos quêtes !
- Très bien, Lazslo ! Tu es désormais un chevalier de la table immonde ! »
Le lendemain, après avoir pris congé de sa mère, qui était heureuse de se débarrasser d’un tel boulet, Lazslo se mit en route pour le château de Camelot, accompagné du roi, d’Ivan et de la future reine, Genève.
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