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Et voilà! Comme promis, la suite. Un épisode plus intime, peut-être un peu longuet, au lecteur de juger!@Richy: si tu ne t'es pas lassé d'attendre

6- Le destin de Rilléel
Des exclamations fusèrent. Le docteur Weir calma d’un geste tout le monde, puis s’adressa à Rodney :
-Pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt ?
-Parce que je l’ai découvert il n’y a pas une heure ! Et je voulais garder le meilleur pour la fin.
-Je ne vous connaissez pas ce goût du théâtral, McKay, marmonna le major Sheppard.
-j’ai bien étudié la sphère, reprit Rodney sans plus se soucier des sarcasmes du jeune militaire : il y a un moyen d’y faire retourner Rilléel…
-Parfait ! s’exclama Ford.
-…mais de façon volontaire.
-Oh… reprit le lieutenant décontenancé.
-Je vous demande pardon Rodney ? s’étonna le docteur Weir. Pourquoi ne pouvons-nous pas la contraindre à retourner dans cette sphère?
-Bien sûr, nous pourrions l’attacher de façon à ce qu’elle soit forcer de tenir la sphère comme il faut… Mais puisque pour y faire pénétrer un esprit c’est la personne concernée qui doit prononcer les paroles clés, la personne ne peut être que consentante ! expliqua Rodney.
-Mais, elle a très bien pu y être contrainte par les Anciens ! opposa Sheppard. Ils ont pu la forcer à prononcer la phrase nécessaire.
-Je ne vois pas comment ! rétorqua McKay. Cela reviendrait à « plutôt mourir que mourir ! » : aidez-nous à enfermer votre esprit pour toujours et à détruire votre corps, ou bien vous mourrez ! A moins bien sûr qu’elle n’ait été victime d’une ruse.
-Peut-être qu’elle a sauvegardé son esprit afin d’échapper à quelque chose, hasarda le docteur Weir. Mais à quoi ? Les Anciens n’en étaient qu’aux prémices de la guerre contre les Wraiths lorsqu’elle a été… emprisonnée.
-Oui, vous avez raison, soupira McKay. Mais… attendez !
Une expression d’illumination apparu sur son visage :
-Vous avez dit « emprisonnée », reprit-il. Et si ce système de sphère s’appliquait également au criminels ? Peut-être était-elle tellement dangereuse que les Anciens, lui faisant croire qu’elle partait sur une autre planète, l’ont piégé pour qu’elle entre dans la sphère, ont détruit son corps pour qu’elle ne soit plus jamais en mesure de s’y réincarner et…
-…et on conservé la sphère, termina Weir. Mais dans quel but la garder ?
-Je pense que la sphère n’a pas été conservée de façon officielle, dit Rodney. Sinon, nous l’aurions retrouvé dans une salle d’archive, peut-être avec d’autres. Il en existe sûrement une dans la Cité, que nous n’avons pas encore découverte ! Imaginez…
-Non, Rodney, ça m’étonnerais, rétorqua Sheppard. Je pense, si ce que vous dites est vrai, que le cas de Rilléel est unique. Elle nous a dis elle-même que ces sphères servaient à de longs voyages, je ne vois pas pourquoi il y aurait ici des centaines d’esprits sans corps.
-Oui, je reconnais que vous pouvez avoir raison major, admit à contre-cœur McKay. Profitez-en, ça n’arrivera pas souvent.
-Bon, ceci est peut-être la véritable histoire de Rilléel, dit Weir, mais cela ne nous dit pas comment lui faire prononcer les mots consacrés.
-J’ai une idée, lança le docteur Beckett..
Tous se tournèrent vers lui, surpris.
-Vous Carson ? demanda le docteur Weir. Très bien, je vous écoute.
-Il suffirait juste de lui demander, après l’avoir mis en confiance et lui avoir raconté que nous ne l’avions libérée que par accident et que nous ne connaissons pas le fonctionnement de la sphère, quelles sont les paroles à dire. Et, à ce moment-là, l’enregistrer !
-Oui, je vois ce que vous voulez dire Carson, pensa tout haut le docteur McKay. Mais après, reste à savoir si sa voix ne sera pas dénaturée par l’enregistrement ! Nous n’aurons qu’une seule chance : si nous l’attachons, que nous la forcions à prendre la sphère, mais que l’enregistrement ne fonctionne pas, elle aura perdu toute confiance en nous, et le docteur Donovan ne pourra plus être sauvée. De plus, l’enregistrement devra être en Ancien : lui faire dire la formule en Ancien sera des plus ardus.
-Je le ferais.
McKay se tourna vers Sheppard, qui venait de se proposer.
-Quoi ? demanda le jeune militaire avec un sourire. Vous pensez que je ne suis pas la hauteur ?
-Non, je me demandais juste quels genres d’arguments vous alliez lui… exposer… pour qu’elle accepte de faire cela, répondit Rodney, moqueur.
-Je sais être très convaincant, rétorqua Sheppard d’un sourire charmeur.
-Vous voulez la séduire ? rigola Ford.
-C’est une bonne idée, décida le docteur Weir. Bien sûr, vous devez vous souvenir que ce n’est pas le corps de Rilléel, mais celui du docteur Donovan, et que son esprit est peut-être conscient de ce qui se passe autour d’elle. Donc…
-Evidemment ! s’exclama Sheppard. Je ne parlais que d’une séduction… intellectuelle.
Weir acquiesça avec un demi-sourire, et les derniers points du plan furent mis au point. Il restait de plus de nombreuses affaires à traiter, dont le problème des Athosiens, présents dans la base. La réunion prit fin une heure plus tard. En sortant, John entendit McKay marmonner juste assez fort pour qu’il entende :
-« Séduction intellectuelle » ! J’aurais tout entendu…
Sheppard haussa les épaules et se dirigea vers l’infirmerie.
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-Comment vous sentez-vous ?
John Sheppard et Rilléel étaient sur l’un des balcons surplombant le calme océan qui entourait la Cité.
-Je vais mieux, répondit Rilléel. C’est étrange de penser qu’il n’y a pas de bouclier pour protéger Atlantis. N’avez-vous pas peur que les Wraiths vous attaquent ?
-Eh bien, je dois avouer que nous sommes inquiets, mais nous devons aller de l’avant. Et l’ennemi ne vient pas toujours de l’extérieur…
Le major se mordit les lèvres : il ne savait pas pourquoi, mais il sentait qu’il n’était pas toujours sur ces gardes. Rilléel tourna vers lui ses yeux d’eau : quand elle était avec lui, elle semblait se détendre et être également moins sur la défensive. Elle ne saisit pourtant pas l’allusion, et se trompa sur le sens de cette affirmation :
-Serait-ce les Athosiens que vous craigniez ? demanda t’elle. Dans un sens, il est dangereux d’introduire des autochtones dans la Cité. Ah, reprit-elle après un bref éclat de rire, Néamis serait fou s’il était là : le bouclier envolé et les Athosiens…
-Vous avez déjà parlé de Néamis : qui est-ce ? demanda Sheppard.
Sa mission se révélait plus ardue qu’il ne l’avait pensé : depuis deux jours, il s’acharnait à créer des liens entre lui et Rilléel, mais elle ne se confiait que peu, et était méfiante : ils lui avaient fait penser qu’ils n’avaient cru qu’a un cauchemar lorsque Donovan s’était manifestée. C’était un peu gros, mais ils étaient partis du principe que Rilléel ne possédait pas du tout le corps à cet instant, et qu’elle ne s’était dans ce cas pas rendue compte de tout ce qu’avait dit la scientifique. Et si elle avait ensuite pu le savoir en forçant l’esprit de Donovan, elle aurait pu penser, avec un peu de chance, qu’ils n’avaient tenu ces propos que comme délires et mauvais songes.
-Le dirigeant d’Atlantis, quand j’y étais tout du moins, c’est à dire il y a plus de dix mille ans ! Je n’arrive pas à croire que je sois aussi vieille.
-Vous ne faites pas vos dix mille ans, je vous rassure, sourit Sheppard.
Elle sembla apprécier la plaisanterie, mais les paroles du militaires lui rappelèrent quelque chose :
-Je voulais vous dire, dit elle d’un air contrit, je suis vraiment désolée pour votre amie. Mais manipuler une sphère est bien plus dangereux qu’elle n’a semblé le croire… Elle est morte sans souffrir.
Ils admettaient devant elle que le docteur Donovan était décédée, son esprit n’ayant pu survivre. John se força à sourire :
-Nous la regrettons tous, mais nous savons que ce n’est pas de votre faute. Elle s’est entêtée à prononcer ces paroles anciennes qui ont libéré votre esprit de la sphère. Quelle était cette phrase déjà ? « Ae liberato… », enfin, je ne sais plus.
-« Ae liberatoe Rilléel », rectifia Rilléel. Mais vous m’aviez dit que vous n’étiez pas présent à ce moment…
-Euh, non, bien sûr. C’est le docteur McKay qui me l’a dit.
-Je vois, acquiesça Rilléel.
Il y eut un silence. La brise marine venait se perdre dans les cheveux d’or chaud dénoués de Rilléel, qui encadraient son visage aux traits fins en volutes inachevées. Parfois, Sheppard s’imaginait être avec le docteur Donovan : c’était bien ses yeux, son visage, ses mains. Son regard perdu. Mais dès le moment où elle parlait, elle redevenait Rilléel, avec son regard glacé et sa voix tranchante.
Le militaire savait que c’était le moment idéal. Il savait aussi qu’à chaque fois qu’il se trouvait avec elle, le micro que lui avait remis McKay trahissait leur conversation. Le scientifique écoutait chacun de leurs dialogues en « live », afin de pouvoir enregistrer la fameuse formule. Au début cela gênait John de savoir que Rodney entendait tout ce qu’ils se racontaient, mais il s’y était habitué au fil des heures.
-Et alors, se lança-t’il, quand vous êtes entrée dans la sphère… cela vous a fait peur ?
Il aurait jurer. Il avait encore éviter la vrai question.
« Ce n’est que reculer pour mieux sauter » pensa-t’il. Rilléel lui répondit qu’elle ne s’était rendue compte de rien. Elle le regardait dans les yeux. Sheppard pensa soudain qu’elle se doutait peut-être de quelque chose. Il tentait de voir dans ses prunelles une trace de la présence de Donovan. Il se décida alors à posé LA question, le but de sa mission :
-Et donc, vous…
-Pourquoi vous rapprochez-vous ? le coupa Rilléel.
Sans s’en rendre compte, le militaire s’était penché insensiblement vers elle. Il eut envie de se redresser, mais en une fraction de seconde il songea que si Rilléel se pensait courtisée, elle se confierais peut-être plus facilement. Il tenta donc le tout pour le tout, et se rapprocha un peu plus :
-Parce que… parce que découvrir une Ancienne vivante dans ce corps me trouble…
« Mon Dieu ! Rodney doit se payer le plus beau fou rire de sa vie ! »
-…et que plus je passe de temps avec vous, plus je vous trouve… étrange… enfin je veux dire…
« Imbécile ! C’est génial comme compliment ‘je vous trouve étrange’, vraiment… »
-… spéciale ! Voilà, vraiment différente.
-Différente… d’elle ? demanda Rilléel.
Elle avait mordu. Sheppard souffla intérieurement. Non, il n’était pas si nul que cela à ce jeu finalement. Il se rappela soudain que Rilléel avait 41 ans. Pour elle, se trouver dans un corps aussi jeune et… plein de santé devait être déroutant et exultant à la fois. De plus, l’Ancienne considérait sûrement sa race comme supérieure aux humains. D’où son étonnement restreint au fait qu’ils fassent si rapidement le deuil de Donovan, si c’était pour avoir parmi eux une Lantienne.
-Bien sûr, répondit John, vous êtes tellement plus… intéressante. Vous avez vu tant de chose. Evidemment, le docteur Donovan nous était chère, mais nous ne pouvons nous permettre de vous bouder.
-je comprends, affirma Rilléel.
Il y avait dans cette simple phrase comme une note de triomphe sous le ton compatissant. Une pointe de supériorité affirmée. Sheppard se sentit gagné par une colère incontrôlable : elle ressemblait en cet instant à un Wraith, par son attitude condescendante. Les Wraiths qui avait tué tant de gens, dont Summer. Penser à cela le décourageait et l’endurcissait en même temps. Et si cette Ancienne était aussi mauvaise que ces créatures inhumaines ?
-Ce que je ne comprends pas, reprit Sheppard, c’est comment vous avez transféré votre esprit dans cette sphère.
On ne pouvait faire plus lourdaud, c’était certain. Le Major se demanda s’il n’avait pas gâché toutes ses chances par cette simple demande implicite.
Effectivement, la jeune femme tourna vers lui un regard où se dissimulait une colère rentrée (et de la tristesse ?) derrière un masque de politesse.
-En quoi cela vous intéresse t’il ? demanda t’elle sur ces gardes.
-Je… Eh bien, les technologies Anciennes sont pour nous une source continuelle de surprise et d’admiration, réussit-il à se rattraper.
Il avait bien joué sur ce coup, il le lut dans ses yeux. Elle sembla se détendre un peu. Son regard fixa plus que jamais l’horizon, comme si elle voulait se perdre dans la vague nuée lointaine séparant le ciel et l’océan. Elle resta silencieuse quelques secondes, et Sheppard n’osait plus bouger.
-Bien, dit-elle finalement. Ecoutez moi John, je vais vous confier quelque chose, mais je veux que vous le gardiez pour vous. J’ai plusieurs fois parlé de Néamis. Il supervisait le commandement d’une partie de la Cité, du moins à mon époque…
Et elle raconta son histoire : Rilléel avait des responsabilités de scientifique à Atlantis. La guerre contre les Wraiths débutaient, et les Anciens avaient mesuré l’ampleur du potentiel ennemi. Elle et son équipe effectuaient des recherches sur cet adversaire peu commun, et tentaient de trouver leur faille, le moyen de triompher d'eux le plus rapidement possible. Elle et Néamis étaient amants. Elle l’avoua rapidement, comme elle aurait dit aimer la musique. Ils se cachaient malgré que ce genre de relations ne soient pas prohibées, quoique implicitement déconseillées ; et pour cause, Rilléel était mariée. Sheppard avait l’impression d’écouter le résumé d’un épisode de soap opera.
-… et mon mari a découvert cette liaison, continua t’elle. Je ne sais comment. Il a été en parler à Néamis après m’avoir fait une scène incroyable. Il l’a menacé de couvrir son nom de déshonneur devant le conseil Ancien. De me répudier et de briser ma carrière si nous ne cessions sur-le-champ. Par peur, nous avons dit oui à toutes ses exigences. On a retrouver le corps de Ganéal, mon époux, environ une semaine plus tard : il est décédé d’une rupture d’anévrisme. Malheureusement, son cadavre se trouvait dans un couloir proche de mon laboratoire. Lieu où moi-même étudiait une arme utilisée… enfin, je veux dire, que nous avions mis au point, et qui provoquait la mort par rupture d’anévrisme.
» Bien sûr, on pensa tout d’abord à une mort naturelle, mais le fait que Ganéal n’ait que 49 ans orienta le Conseil Ancien vers la possibilité d’un meurtre. Pour ne pas être accusé, Néamis avoua notre liaison au Conseil, et mit en doute mon innocence ; la proximité du cadavre et de mon labo, ajouté à la cause de la mort fit que je devint le principal suspect.
Elle s’arrêta. Le souvenir de la trahison de son amant semblait revenir la hanter. Elle reprit :
-Le fait que Néamis m’ait accusé m’a tout de suite éclaircit les idées : soit il voulait se débarrasser de moi pour que je ne nuise plus à ses affaires, soit lui-même est l’assassin.
-Ou les deux… suggéra Sheppard.
Le bref récit l’avait estomaqué : de telles magouilles chez les Anciens ! Ne valait-ils donc pas mieux que les humains ?
-Je ne sais pas ce que vous imaginiez à notre propos, dit Rilléel, semblant lire ses sentiments sur le visage de Sheppard. Nous ne sommes pas parfaits. Enfin, nous ne l’étions pas. Maintenant, d’après ce que vous m’avez dit, ceux que j’ai connus ne sont pas de la même génération que les Anciens qui ont du abandonné la Cité.
-Que s’est-il passé ensuite ? demanda Sheppard après avoir acquiescé.
Elle sembla hésiter, comme si sa mémoire n’était plus assez fiable.
-Je… je ne sais pas ! s’écria-t’elle. Le Conseil devait statuer sur mon compte. Et Néamis est venu me trouver pour m’offrir une chance de m’en sortir. Il m’a proposer un voyage, un exil en réalité, sur une planète dans la bordure extérieure de Pégase. Le trajet devait être très long, alors j’ai du utiliser un Nartès pour conserver mon esprit, tandis que le vaisseau devait conservé mon corps. La dernière chose dont je me souvienne, c’est le visage de Néamis : il venait de m’apporter la sphère, et j’ai prononcé les paroles clés…
Frustré, le Major se rendit compte qu’elle avait achevé son récit.
-Quels sont ces mots dont vous parlez ? osa-t’il enfin demander.
-Ae anima nartès, répondit-elle l’esprit ailleurs. De toute façon, qu’est-ce que ça peut bien vous faire ?
-Ne m’agressez pas, répondit Sheppard avec douceur. Je ne suis pour rien dans vos malheurs.
Il doutait que cette réponse pitoyable calme de possibles soupçons de sa part, mais il ne voyait pas quoi dire d’autre sans s’embrouiller. Cela fonctionna, la jeune femme baissa les yeux et sembla replonger dans ses pensées. Son front se plissa soudainement, ses lèvres tremblèrent.
« Pleure-t’elle ? » se demanda Sheppard.
Elle sembla se contrôler, mais quand elle tourna son visage vers lui, il constata que ses yeux brillaient de façon inhabituelle. Elle reprit avec difficulté :
-Je le vois encore… me donner cette sphère et me dire que tout irait bien. Je ne pense pas être stupide : ce sont les circonstances qui ont dicté ma conduite. Malgré tout, j’ai été aveuglée : je n’aurais jamais du avoir confiance en lui. Cette erreur me pèse. Et quand j’ai prononcé les mots…
-… ae liberatoe Rilléel ? dit Sheppard.
-Non, non, ceux-là sont pour la libération de l’esprit. Pour l’isoler, j’ai du dire « ae anima Rilléel ». Donc quand j’ai prononcé ces mots…
Elle continua, mais le major n’écoutait plus vraiment. McKay avait sans aucun doute entendu, tout était enregistré : ils avaient une chance de libérer le docteur Donovan.