Chapitre 10 : Les mystères de l’Atlantide
Alexandrie – 15h – Lundi 17 avril 2013
Antoine et Salif sortaient d’un petit restaurant où ils avaient pu faire un peu mieux connaissance. L’archéologue était un vrai passionné. Il n’avait pas arrêté de lui parler de sa passion pendant tout le déjeuner. Laissant à peine l’occasion à Antoine de lui poser des questions, mais les quelques-unes auxquelles il avait répondu suffirent à Antoine pour en savoir beaucoup plus. Salif avait longtemps œuvré dans la recherche de la cité d’Atlantis. Mais sans succès, ou du moins selon la version des autorités américaines. En effet il avait toujours cru que la cité se trouvait en méditerranée. Gibraltar peut-être, Santorin sûrement. Mais il n’avait jamais pu le prouver. Lors de la découverte de l’avant-poste des anciens et de la vraie cité d’Atlantis, il fut totalement discrédité. On lui coupa la grande majorité de ses ressources et il ne fut plus mis au courant des dernières avancées du programme.
Cela n’empêcha pas la Chine de s’intéresser à cet homme. Et Antoine comprenait bien pourquoi. La porte trouvée dans l’est de la France était similaire à celles de la galaxie de Pégase. Un type de porte plus récent et facilement reconnaissable. A en croire les renseignements trouvés à Coblence, elle pouvait venir du bassin méditerranéen. La probabilité pour qu’elle ait appartenue à une cité ou un avant-poste ancien dans la région était donc importante. Or c’était précisément ce que recherchais Al Kaoutari. Les deux hommes se rendaient à pieds dans le bureau de Salif. Pas le bureau officiel, qui était espionné 24h/24h par les services secrets. Mais son bureau officieux, sa planque. C’était le domicile de l’un de ses anciens élèves partit étudier en Angleterre à Cambridge. Antoine, curieux et surtout méfiant, demanda à Salif pourquoi il se démarquait tant de son employeur. Jusqu’à le trahir pour la France.
Antoine avait été obligé de révéler sa vraie identité. Sans cela il aurait joué à un jeu du chat et de la souris bien stérile tout en perdant un temps précieux. Salif lui révéla qu’il ne croyait pas en la Chine. La politique agressive des chinois était un frein à la coopération du chercheur égyptien. On fond de lui, il savait très bien que la Chine utiliserait ses recherches pour sa propre puissance. Elle se débarrasserait de lui dès qu’elle en aurait l’occasion.
Si bien qu’Antoine était devenu à l’aise en compagnie de Salif. L’archéologue expliquait pourquoi il pensait être sur une bonne piste. Le français reprenait alors espoir dans la réussite de sa mission. Salif arguait qu’il était tout proche de trouver la preuve de son hypothèse. Et toutes ses déclarations mettaient en ébullition le cerveau d’Antoine. Il lui faudrait être très attentif. Ce qu’il n’était pas forcément sauf pour certains détails. Alors que les deux hommes continuaient paisiblement leur route, Antoine s’arrêta de parler. Il demanda à son compère de s’arrêter et de ne pas faire de bruit.
-Vous entendez ça ?
-Non ? Qu’est-ce que c’est ?
-On dirait … oui j’en suis sûr. Par ici !
Il agrippa le bras de l’égyptien et se colla contre un mur. C’est alors que le bruit qu’avait perçu Antoine se démarqua du bruit ambiant de la ville. Juste au-dessus des deux hommes à l’ombre d’un petit recoin, surgit un hélicoptère volant à basse altitude.
-Mi 17. L’armée égyptienne. Mais il ne nous a pas vus.
-Il fait des tours depuis ce matin au-dessus de la ville.
fit remarqué Salif Vous ne pensez quand même pas qu’il est là pour nous ?
-Hmm. Bon allons à votre planque, nous n’avons pas tout notre temps.
Base aérienne 117 – Paris – 16h
Dumarchais était de retour au PC clandestin. Il n’eut même pas le temps d’enlever sa veste qu’il dut faire face aux regards inquisiteurs des membres du PC, Hortense en tête. Il ne s’attarda pas et vint directement au vif du sujet. L’atmosphère de la réunion avait été encore plus détestable que les autres fois. Tout le monde avait fait mine de ne pas être au courant de l’origine de l’attentat de Büchel. Les chinois avaient mêmes apportés leur soutien public aux américains. Derrière cet hypocrite soutien, ils avaient demandé un vote pour statuer sur le futur détenteur des artéfacts trouvés en France.
Il avait été répertorié, une porte des étoiles, une navette wraith, des armes et équipements wraiths en tout genre et surtout 2 EPPZ dont un était chargé à 96% l’autre à seulement 1.2%. L’enjeu était tellement énorme qu’aucunes parties n’avaient vraiment de stratégie pré établie. Les chinois comme les français cherchaient en vain un moyen de s’accaparer la porte. Les américains cherchaient quel camp défendre, les russes cherchaient à deviner qui gagnerait ce petit jeu pour pouvoir réclamer des milliards en échange de leur vote. Quant à la Grande Bretagne, elle était bien seule.
Planque d’Al Kaoutari – Alexandrie à la même heure
A peine arrivé dans son bureau Salif déposa son sac remplit de bouquins. Il avait complètement dénaturé le petit appartement de son ancien étudiant. Le salon était rempli de fiches, de dossiers. Il y avait des cartons remplis de d’objets pris dans d’innombrables fouilles. Il y a avait des schémas, des cartes, des dessins sur tous les murs du taudis.
Salif proposa un thé à Antoine. Ce dernier, qui n’avait toujours pas avoué à l’égyptien qu’il n’aimait pas cette boisson, déclina poliment l’offre. Les deux hommes se retrouvèrent alors des deux côtés d’une table basse, assis sur des coussins. L’archéologue, trifouillant dans ses notes et baragouinant le même discours depuis le trajet jusqu’à l’appartement, était le sujet de l’attention d’Antoine.
-Bien voyez-vous, j’ai toujours été intrigué par cette cité. Elle est pour moi plus importante que n’importe quelle divinité. Mêmes les plus grands des pharaons étaient émerveillés par sa splendeur.
-Oui je sais, ça vous me l’avez dit, vous êtes passionné par cette … attendez qu’est-ce que vous avez dit ?
-Que c’était la recherche de ma vie ?
Antoine, se rapprocha de l’homme en s’appuyant des mains sur la table. Il cherchait à fixer son regard.
-Non pas ça. Vous parliez des pharaons.
-Oui les pharaons d’Egypte.
-Vous dites qu’ils étaient impressionnés par la cité ancienne ?
-Oui. On a retrouvé beaucoup d’écrits en Egypte sur des témoignages de la cité atlante.
-Wait wait wait wait. Quand son apparus les premiers pharaons ?
-On peut considérer qu’ils ont unifié l’Egypte lors de la première dynastie qu’on appelle Dynastie 0. Le terme apparait pour les rois suivant cette dynastie. Ils dirigent le royaume unifié en reprenant l’habit de Rê.
-Rê ?
-Lieutenant, êtes-vous sûr d’avoir vraiment fait des études d’histoire ?
-Oui sûr certain, j’étais particulièrement intéressé par la Rome Antique. Non le problème c’est que je ne comprends pas. Dites-moi à quelle époque se passe cette unification ?
-Vers 3000 avant Jésus Christ, pourquoi ? A quoi pensez-vous ?
-Plusieurs choses me viennent à l’esprit. Mais j’ai besoin d’en être sûrs. Vous avez un téléphone ?
-Oui là-bas dans la cuisine.
-Vous permettez ?
-Bien sûr mais … allez-vous me dire ce que vous avez trouvé ?
Antoine ne répondit pas et se précipita sur l’appareil. C’était un vieux téléphone filaire à cadran. Estienne en composant le numéro de Kanbeï esquissa un léger sourire. Le téléphone lui rappelait celui de son grand père qui vivait dans le sud de la France. Il adorait y passer ses étés. L’après-midi, sous la chaleur écrasante du midi, il se réfugiait dans la vieille bâtisse aux volets fermés et jouait avec le cadran du téléphone.
Après quelques sonneries, un message se fit entendre. « Kodak ! » Ce à quoi Antoine répondit « Talbot ! ». C’était sûr que personne d’autre ne connaissait ce code. Il entendit un crépitement puis la voix de Kanbeï.
-Antoine, d’où tu m’appelles ?
-Ne Cherches pas ! J’ai besoin d’infos. C’est très urgent. J’avais vu dans les dossiers du CIS la semaine dernière que les anciens étaient revenus sur Terre. Quand ?
-A peu près 10.000 ans avant JC. C’est là qu’ils ont perdus la guerre contre les wraiths dans Pégase.
-D’accord et les Goa’ulds, le peuple qui nous avait mis en esclavage, quelle a été leur période de domination sur Terre ? Et leur disparition ?
-On ne connait pas vraiment leur arrivée, mais c’est probablement après 10.000 ans avant JC. Quant à leur départ, c’est avec la chute de Ra. Lors d’un soulèvement du peuple. En partie orchestré par O’neill et SG1 lorsqu’ils ont remonté le temps pour mettre la main sur un EPPZ
-Salif, demanda Antoine vers l’égyptien, Ra c’est bien l’autre nom de Rê ?
-Oui sidi.
-Donc, reprit le français, si il y a des témoignages de la cité ancienne au temps des pharaons et ce après le départ des goa’ulds, que la porte que nous avons trouvé est de type Pégasienne, on peut exprimer l’hypothèse que les anciens, ou du moins ceux qui utilisaient la porte, étaient présent avant les goa’ulds, pendant et après. Comment est-ce possible ? Ils n’auraient jamais tolérés les goa’ulds ?
-Qui vous dit qu’ils l’ont fait ? répliqua Salif.
-Expliquez-vous, dit le français en levant bien droit le combiné pour que Kanbeï puisse entendre.
-Je connais l’histoire du voyage dans le temps de SG1. Je sais que vous pensez que j’ai une rancune contre Jackson, mais en dehors de tout ressentiment personnel, j’ai du mal à y croire. Rê était le plus puissant des grands maîtres. Il avait une flotte qu’aucun goa’uld n’avait. Comment aurait-il pu être défait par des insurgés dans une pyramide ?
-On aurait aidé les terriens, lâcha Antoine ?
-Tout à fait sidi, c’est la seule explication possible. Si la flotte n’est pas entrée en scène, c’est que quelque chose ou quelqu’un la bien empêché.
-Tu as entendu ça Kanbeï ?
-Oui Antoine, c’est un raisonnement logique. Mais pourquoi les anciens auraient attendu ce moment-là pour chasser les goa’ulds ? Et puis selon Jackson, il ne restait que des civils ici et là, qui s’intégraient tant bien que mal parmi les populations. Donc pourquoi et comment ?
-Ecoute Jackson disait à l’origine qu’il n’y avait qu’une porte, puis deux et enfin on en a découvert une troisième. Donc ne prenons pas tout au pied de la lettre. Et puis on doit quand même bien émettre l’hypothèse que si les anciens étaient présents, il y a de fortes chances pour qu’ils aient empêché la flotte goa’uld d’attaquer la Terre comme ce fut le cas il y a quelques années.
-Je dois reconnaître que tu n’as pas tort. Mais si c’est le cas, notre découverte sera bien plus importante que prévue. Cela voudra dire qu’il y avait encore des anciens il y a 3000 ans, et qu’ils étaient assez puissants pour nous débarrasser des goa’ulds. Mais il nous faut des preuves de l’existence de la porte en Egypte. C’est ce qui nous importe dans notre mission. On doit redoubler d’efforts.
-Santorin ! cria Salif
-Pardon ? Attends Kanbeï ne raccroche pas.
Antoine posa sa main sur le combiné pour cacher le son de sa voix et s’adressa à Salif qui marchait nerveusement en rond en parlant dans sa barbe en arabe.
-Salif qu’il y a-t-il ?
-Lieutenant, Santorin ! Je sais que beaucoup ont disserté sur le sujet, mais je ne vois que ça. Jusqu’à l’explosion de l’île, Théra était reconnue en Egypte comme un lieu prodigieux. C’est forcément l’Atlantide. Ca y est, j’en suis quasiment sûr, exulta l’égyptien. Je pense qu’il faut chercher en lien avec le mythe de …
-Non Salif, Salif ! Vous vous égarez. Désolé mais la vraie cité d’Atlantis se trouve à San Francisco. Et il y a 3000 ans elle était dans la galaxie de Pégase.
-Mais …
-Il n’y a pas de mais, il n’y a qu’une seule Atlantis et elle n’est pas à Santorin !
-Non c’est vous qui ne m’avez pas compris lieutenant. Je ne suis pas stupide ! Je sais très bien qu’Atlantis, celle qui en porte le nom est aux États-Unis. Mais ça n’empêche pas qu’il y en ait eu une deuxième.
-Hein ?
-Voyez-vous Platon parlait de l’Atlantide d’après des récits qu’il eut entendu sur elle. Il ne l’a jamais vu. Et sa description est plus un comte politique qu’un essai historique. Si bien que ne connaissant pas les anciens, et cherchant à fonder son mythe, il a très bien pu mélanger les versions.
-Comme ?
-Et bien, quand il décrit l’Atlantide ou Atlantis, il fait référence à la civilisation minoenne. Les détails sont flagrants. Mais quand il parle de la disparition de la cité, il fait référence à l’Atlantis de Pégase. Au mythe de la cité engloutie.
-Donc il y aurait plusieurs cités ? Attendez deux secondes, Antoine reprit le combiné, Kanbeï existe-t-il plusieurs cités comme celle d’Atlantis ?
-Aussi grande et puissante je ne sais pas. Mais dans le même genre oui.
-Vraiment ? Détaille moi ça tu veux ?
-Si mes souvenirs sont bons, l’équipe de Sheppard dans Pégase à découvert plusieurs types de cités assez proches de celle d’Atlantis. Ils avaient trouvés une cité basée sur un continent et possédée à l’heure actuelle par une société de type féodale. Ah et ils ont aussi trouvé sur la planète Taranis une base militaire. Un lieu extrêmement stratégique ou était entreposé un vaisseau appelé Hippaforalkus je crois. Mais la planète a explosé à cause d’une réaction de la chambre magmatique. Elle était utilisée comme une sorte de source géothermique par l’installation.
-Ça irait dans votre sens Salif !
-Mais bien sûr puisque Théra, ou Santorin si vous préférez, a été détruite avec l’éruption du volcan sous ses pieds.
-Kanbeï ?
-J’ai entendu Antoine. Si la cité a volée en éclat, c’est forcément là que la porte a été endommagée. Mais qu’est-elle devenue après ? Il nous faut savoir où elle a atterri. On a besoin de preuves matérielles. Il nous faut localiser le point de chute d’origine de la porte.
-Hmm, On va avoir besoin d’aide extérieure. Fait passer le message à Paris, on a besoin d’experts en balistique et en volcanologie. Et ne perds pas de temps, on décampe de là !
-Bien reçu terminé !
Le japonais raccrocha et remplia toutes ses affaires. Il était dans le kebab depuis des heures. Sa présence n’était sûrement pas passée inaperçue. Il lui faudrait faire très attention. Il décida donc d’appeler Dumarchais en se déplaçant. Le pari fou d’Antoine se révélait payant
Camp d’Abou Qir – Alexandrie – 17h30
Situé à la pointe nord d’Alexandrie, le camp d’Abou Qir abritait un QG de l’armée égyptienne. C’est dans ce lieu qu’une partie du pouvoir égyptien était détenu. Il était partagé entre plusieurs généraux. Ils avaient tous en commun le fait de tenir leur pouvoir de la force armée. Ils étaient aguerris aux basses manœuvres. Pour les faire plier, il fallait beaucoup d’ingéniosité.
Et le plus ingénieux aujourd’hui c’était cet homme à la tête de criminel de guerre. Ses traits du visage avaient été marqués par les éléments, par les combats, par la mort. Il avait échappé à cette dernière seulement quelques jours plutôt. Sa tête avait bien failli pencher du mauvais côté de la balance. A la suite de l’attentat en Allemagne, la Chine avait voulu nettoyer ses arrières en supprimant tous les témoins gênants. Perhan avait été chargé de s’occuper des préparatifs de vols, du recrutement des pilotes, de l’achat des armes. Il était mouillé jusqu’au coup par cette affaire. Il avait tout juste réussi à se maintenir en vie en arguant qu’il avait fait son devoir. Ce à quoi les autorités chinoises furent attentives. Elles ne pouvaient sacrifier un mercenaire aussi utile que le trafiquant serbe
La mission de Perhan était simple. Les chinois n’avaient plus de traces depuis le début de la journée d’un de leurs chercheurs. Le professeur Salif Al-Kaoutari. Il était vital pour l’empire du pays de retrouver la trace de l’archéologue. Et pour ça ils ne pouvaient utiliser leurs propres services de renseignement. L’affrontement évité de justesse avec les Etats-Unis le matin même les avaient dissuadés d’utiliser leurs propres. Par contre, il n’y aurait pas de problème à ce que les autorités égyptiennes s’en charge. Il fallait donc pourvoir les recruter a son compte.
-Messieurs les généraux, j’espère que vous aurez compris que ces étrangers qui cherchent à fomenter un coup d’état sont très dangereux. Ils mettent en péril votre force.
-Monsieur Perhan, dit un officier égyptien, laissez nous nous occuper de nos affaires.
-Mais bien sûr général, sachez juste, que les israéliens et les américains attendent le moment opportun pour s’en prendre à vous. Il vous faut être prudent dans votre défense.
-Que voulez-vous dire ?
-Si vous me donnez des hommes et du matériel, je pourrais les liquider au moment adéquat sans mettre en péril votre nation. Mais votre armée ne doit rien savoir, si il y a des fuites la mission sera un échec.
Les généraux réfléchirent une dernière fois avant de rendre leur jugement. Et finalement, ils acceptèrent la proposition. Perhan se vu offrir un détachement blindé et des hommes de confiance pour sa mission. Il n’en demandait pas tant.
Alexandrie – 18h
La nuit approchait et il fallait vite déguerpir de cette ville. Kanbeï avait eu le temps et les moyens en marchant de mettre au courant Paris. L’info avait fait l’effet d’une bombe là-bas. C’était la première fois qu’ils avaient quelque chose à se mettre sous la dent. Ils ne manqueraient sûrement pas de moyens dans cette dernière ligne droite.
Mais malgré cette bonne nouvelle, le faux légionnaire était soucieux. Il sentait une présence. Depuis plus d’un quart d’heure il ne se sentait pas à l’aise. Les rues étaient bondées à cette heure-ci. Les gens rentraient chez eux après une dure journée de travail. Le soldat nippon gardait bien haute sa djellaba. Et il n’hésitait pas à changer brusquement de direction, à regarder derrière lui ou bien encore à s’arrêter dans des recoins. Mais rien n’y changeait. Quelqu’un le suivait. Il en était sûr. L’homme marchait à bonne distance derrière lui. S’arrêtant quand Kanbeï s’arrêtait. Il suivait le moindre de ses déplacements. La tension montait.
Kanbeï suait à grosse goutte. Il regardait de plus en plus derrière lui. Il arrivait près d’un passage piéton d’une rue très fréquentée par les automobiles. Le feu était au rouge pour les voitures, mais le japonais s’arrêta et se fixa cette fois le long d’un poteau. Il attendit quelques secondes qui lui parurent durer des heures. Sentant se rapprocher lentement dans son dos l’inconnu menaçant. Le suiveur qui ressemblait à un marchand avec un sac de bric et de broc n’en était pas un, c’était sûr. Il s’apprêtait à attraper le bras de Kanbeï quand ce dernier sauta d’un bond en avant. Le feu venait de passer au vert.
Le japonais se lança dans une course devant les voitures qui démarraient. Il traversa à grandes enjambés la voie qu’empruntait déjà son poursuivant. Manquant de se faire écraser au passage par les voitures. Kanbeï couru aussi vite qu’il le pouvait. C’est-à-dire très vite. Esquivant ici et là des passants. Les frôlant et parfois les faisant tombés. Après quelques centaines de mètres il enquilla une petite ruelle sur sa gauche et disparut dans la pénombre.
Son poursuivant n’avait pas démérité. Malgré tout son barda il ne s’était pas fait distancer. Haletant comme un chien il s’engagea à son tour dans la ruelle. Elle était étroite et sombre. L’allée était remplie de détritus. L’homme qui avait arrêté de courir s’avança petit à petit dans le cul de sac. Il faisait attention à ou il mettait les pieds. Mais le danger ne venait pas du sol mais des airs. Kanbeï, agrippé aux barreaux d’une fenêtre du premier étage d’un bâtiment, se jeta sur lui. L’homme déséquilibré par son sac tomba sur le côté. Il essaya de se relever mais le nippon lui assena un coup de pied dans l’abdomen avant de le retourner sur le dos. Et sans même enlever le foulard de l’homme à terre, il s’apprêta à tuer, une nouvelle fois en deux jours, en dirigeant un caisson de bouteille vers la carotide de l’ennemi.
-Non !!!
Le japonais s’arrêta net dans son geste alors qu’il faisait déjà légèrement pression sur la gorge du détenu.
-C’est moi lieutenant ! Delcourt ! dit Damien en soulevant son foulard.
-Bordel sergent j’ai failli vous trancher la gorge !
-Merci de ne pas l’avoir fait …
Planque d’Al Kaoutari – même moment
C’était bien beau d’être à peu près sûr de la localisation d’origine de la porte. De même que de savoir qu’elle avait dû être propulsée par l’éruption de Santorin. Phrase un peu lourde. Il y avait aussi peu de doute sur son point de chute, le bassin sud méditerranéen. Mais c’était bien trop vaste pour une quelconque recherche approfondie. Il fallait être plus précis.
Antoine commençait à être de plus en plus gêné par la fatigue qui le rattrapait. La migraine ne voulait pas le quitter et ses yeux ne supportaient presque plus la lumière. Le pilote pris sur lui une nouvelle fois. Il pouvait endurer bien plus. L’heure du rendez-vous avec Kanbeï approchant, il pressa Salif pour trouver une piste le plus vite possible. Il ne partirait pas sans.
Mettant leurs qualités respectives en commun, les deux hommes se retrouvèrent devant une énorme carte de l’Egypte sur l’un des murs du salon. Cette carte était parsemée d’épingles de différentes couleurs qui symbolisaient les différents types de fouilles répertoriés par le vieil homme. Antoine demanda à Salif de lui citer tous les points un par un en expliquant brièvement leur intérêt historique.
Il y avait des objets issus de commerce. Ils étaient représentés par la couleur bleu. Antoine décida de les décrocher de la carte. Ils étaient forcément antérieurs à l’explosion de la cité. La couleur verte symbolisait la découverte de traces écrites, de témoignages. Là aussi le pilote de chasse les mit de côté. La couleur jaune était le signe de vestige de bâtiments, d’infrastructures, elle fut à son tour décrochée. Il ne restait que la couleur rouge. Celle des pièces qui n’avaient pas d’explications. De cas non résolus.
-Salif, vous avez datés ces points ?
-Oui ils sont tous datés au carbone 14.
-Ne gardez que ceux qui datent précisément date de la date probable de l’explosion.
Al-Kaoutari s’exécuta. Mais il restait encore bon nombre d’épingles de coutures sur la carte. Antoine prit alors un crayon à papier et dessina à main levée un cercle avec pour centre Santorin et pour extrémité les zones où il y avait le plus d’épingles. Mais c’était inutile. Il le savait. Seul des experts de la balistique et de la volcanologie avaient une chance de déterminer le point de chute de la porte en prenant en compte la force probable de l’explosion, le poids de la porte et tant d’autres paramètres nécessaire à une bonne analyse de trajectoire. C’était sans fin.
Les deux hommes s’étaient tus. Salif regardait Antoine qui se tenait la tête baissée avec son point à l’instar du Penseur d’Auguste Rodin. Il était muet depuis presque 10 minutes et il n’avait pas rouvert ses yeux. Restant prostré devant la carte sans même la regarder. Salif s’était reculé laissant le français seul au milieu de la pièce. Il se posa sur un fauteuil et alluma une cigarette tout en se demandant si le lieutenant Estienne ne dormait pas.
Et ce n’était pas loin d’être le cas. Antoine se remémorait religieusement ses derniers jours. Cherchant un indice, une idée, n’importe quoi qui pourrait l’aider. Il était parasité par une réflexion malsaine. Que faisait-il ici ? Une dizaine de jours avant il était aux commandes d’un avion de chasse et passait ses journées dans les nuages. Là il était dans un taudis à chercher l’origine d’un artéfact ancien en Egypte parce qu’il en avait trouvé la trace dans des archives nazies …
-Putain mais oui !
Cria Antoine en relevant la tête ce qui fit sursauté Salif.
-Quoi qu’il y a-t-il sidi ?
Antoine s’approcha de la carte, l’observa un court instant pendant que l’archéologue égyptien le rejoignit. Le lieutenant pointa un endroit de la carte avec son index droit.
-El-Alamein ! Les nazis ont bien du prendre cette porte à un moment ou un autre. El-Alamein est l’avancée maximale des troupes de l’Axe en Egypte. S’ils ont dû récupérer la porte en secret, ils ont dû passer à travers les lignes. Peut-être avec des paras, ou des sous-marins, je ne sais pas. Mais ça devait être proche de leur ligne de front.
-Mais qu’est ce qui nous dit que la porte a atterri là-bas directement ? Quelle n’a pas été déplacée ?
-Ca à la rigueur je m’en fous !
-Pardon ?
-Moi ce que je veux c’est savoir qui l’a trouvé en premier ! Et prouver qu’elle a été trouvée en Egypte ! Le reste ce n’est pas mon affaire, en tout cas pas maintenant. Allez faut y aller. On n’a plus le temps. Je vois qu’il y a des sites archéologiques là-bas.
-Oui j’en compte …
-Très bien. Alors on y va !
-Attendez je dois noter nos découvertes quelque part. Il faut une trace de ce que nous avons trouvé.
-Non surtout pas, pas de traces. Retenez ce que vous pouvez, je retiendrais le reste dit-il avec autorité.
Antoine n’eut pas de doute quant à sa capacité de retenir les lieux indiqués par la carte. Sa formation de pilote de chasse l’avait entrainé à retenir les renseignements vite et bien. Salif voulu prendre quelques affaires mais Estienne l’en empêcha. Le pilote partit dans les toilettes. Il en revint avec une bombonne à gaz de désodorisant. Salif ne comprit pas ce que faisait le pilote de chasse.
-Salif, allez crier au feu dans la cage d’escalier !
-Quoi ? Mais il n’y a pas de feu ?
-Maintenant si !
Antoine aidé d’un briquet et du désodorisant répandit un large spectre de flammes le long des murs parsemés de papiers qui s’enflammèrent instantanément. Il continua avec les rideaux alors que Salif lui suppliait d’arrêter de massacrer l’appartement de son ancien élève. Antoine n‘en fit rien et lança la bombe dans un coin du salon avant de prendre par le bras l’égyptien qui tentait d’éteindre le feu. Il l’emmena avec lui dans la cage d’escalier en criant au feu pour faire évacuer l’immeuble. Alors que les autres locataires sortaient peu à peu de leur appartement, Antoine arriva à la porte d’entrée de l’immeuble. Elle s’ouvrit sans qu’il n’ait eu rien à faire. Il tomba en arrière, surpris par la présence de Kanbeï.
-Antoine ça craint, faut se barrer !
-Je te le fais pas dire ! Allez venez Salif ! dit-il en se mettant debout avec l’aide de ses compères.
Al-Kaoutari et Estienne sortirent dans la rue précédée par Kanbeï. Devant le trio, un vieux tacot jaune et noir, couleur des taxis locaux, se mit à klaxonner. C’était Damien qui était au volant. Antoine était doublement surpris. Ils avaient un véhicule, et en plus un taxi. Il demanda à Kanbeï comment ils avaient fait. Son ami lui répondit que ce n’était pas à lui qu’il fallait poser la question mais au sergent.
Les trois hommes montèrent dans la pittoresque automobile. Kanbeï était assis à la place de passager avant à côté de Damien, et Antoine était à droite de la banquette arrière. Comme à Coblence en soit. Sauf que cette fois ci la voiture avait moins de cachet et qu’un archéologue égyptien apeuré qui récitait le coran se trouvait à leurs côtés. La voiture démarra sur les chapeaux de roue. Damien sans qu’on lui demanda partit sur le périphérique. Antoine demanda ou en était la mission de chacun. Kanbeï lui assura que Paris planchait sur l’explosion de Santorin et attendait d’autres infos de la part du trio. Damien lui avait trouvé tous les objets que lui avait demandé Estienne. Le contrat était donc rempli puisque Antoine savait plus ou moins ou chercher.
-El-Alamein, c’est là-bas qu’on va. Sergent vous trouverez la sortie ?
-Pas de problème mon lieutenant, on est parti !
Rassuré par ces quelques paroles mais aussi exténué par le stress et tous ses efforts, l’aviateur s’écrasa en arrière en soufflant un grand coup. Il avait bien besoin d’une pause. Damien le voyant complètement affalé sur la banquette arrière eu l’idée de lui remonter le moral.
-Ah au fait lieutenant, comme j’avais un peu de temps et qu’il me restait de l’argent, j’ai réussi à nous trouver une petite surprise. Je me suis dit qu’on ne pouvait pas quitter Alexandrie sans ça.
Le chauffeur conduisait de sa main gauche tout en sortant une cassette d’une poche de sa chemise avec son autre main. Sous le regard silencieux des autres passagers il entra la cassette dans l’autoradio. Et c’est un son de très mauvaise qualité d’une chanson disco que connaissaient très bien les deux français qui se fit entendre dans le taxi.
« Alexandra Alexandrie
Alexandrie où tout commence et tout finit
J'ai plus d'appétit
Qu'un Barracuda »
-BA-RRA-CU-DA ! ! ! cria Delcourt.
Et alors que le taxi s’en allait en suivant le soleil, Antoine retrouva le sourire le temps d’un instant. Il avait bien mérité ce petit moment de plaisir …
La suite dans le
Chapitre 11: Une histoire ancienne
N'hésitez pas à faire d'éventuelles remarques. Ça fait toujours progresser le lecteur!
"Sais-tu que Flaubert voulait écrire un roman sur le néant? S'il t'avait connue, on aurait eu un grand livre. Quel dommage."
-Jep Gambardella, La Grande Bellezza