Et voici comme promis, le chapitre 15. Dernier du Tome I de Stargate: L'Odyssée de la terre. Il conclut une merveilleuse première expérience. Une expérience qui continuera par un tome II, ainsi qu'une refonte de ce premier Tome quand j'aurais un peu plus de recul.
Bref bonne lecture et merci à tous!
edit: malgré mes relectures, j'ai cru voir qu'il restait des fautes. Je m'attarde à y remédier.
Chapitre 15 : Joint Operation La Fayette
Fleuve Kourou - Guyane française - Mercredi 24 avril 2013 – Dans l’après midi
Le son des moteurs des pirogues n’arrivaient pas à couvrir celui de la jungle. En file indienne, les deux pirogues naviguaient à allure rapide sur le fleuve guyanais. Un drapeau français flottait sur celle de tête. Les militaires, en tenue de combat kaki et chapeau de brousse sur la tête, se dirigeaient vers un petit camp au bord du fleuve. Mais avant d’y arriver, le commandant Moretti avait prévu une petite série d’exercices pour éprouver physiquement et psychiquement ses nouvelles recrues, sous le regard complice de son alter ego d’infanterie de marine.
Les pirogues s’arrêtèrent dans la mangrove. Le chef des légionnaires ordonnant aux recrues, qui étaient les membres du commando, de se jeter à l’eau et d’effectuer des longueurs entre les pirogues. Varrault et Guichard se prêtèrent au jeu. Autant pour se rafraîchir que pour montrer l’exemple. Et à ce petit jeu c’était Karmen qui se démarquait. Malgré un physique plus léger que les hommes présents dans l’eau, son entrainement de fusilier marin payait ses fruits. Elle avait à cœur de montrer ses compétences. Damien n’en était pas en reste tandis qu’Antoine gardait volontairement ses forces, ayant compris que son séjour en Guyane ne serait pas une partie de plaisir. Les autres de l’équipe donnaient leur maximum pour finir aussi vite que possible l’exercice.
La suite était pire et se déroula au sol. Les recrues furent chargées de débarquer, s’orienter et se déplacer d’un point à un autre. En tant qu’officier la plus gradée, Karmen prit en charge le groupe de Varrault pendant que ce dernier, accompagné de Guichard, supervisait l’entraînement. Au final le plus dur fut de résister aux conditions qu’offrait la jungle. S’ensuivit des épreuves physiques allant du travail foncier basique, pompes et tractions en tout genre, au déplacement de charge lourde à plusieurs, en l’occurrence brancard d’une rive à une autre.
Au bout de plusieurs heures entrecoupées de relatives pauses pour boire et reprendre des forces, l’équipe hétéroclite reprit le chemin des embarcations et s’enfonça encore plus loin sur le fleuve Kourou. Après quelques kilomètres parcourus, un camp militaire, drapeau tricolore hissé bien en l’air, se distingua sur la rive droite du fleuve et donc sur la gauche des français naviguant à contre-courant. Des bidons à moitié vides flottants sur l’eau délimitaient les limites à ne pas dépasser devant l’entrée du camp qui n’était qu’un petit espace ou la jungle avait été dégarni. Le reste du camp comprenait quelques carbets, des tentes militaires, une tour de garde surmontée d’un émetteur radio, des bidons d’essence et d’eau potable. En aval du camp se trouvait les latrines. En amont se tenaient, dans un puits de deux mètre, la réserve d’armes et de munitions, alors qu’un peu plus loin dans la même direction, un champ de tir faisait face à la jungle épaisse.
Antoine découvrit vite qu’il n’y avait que deux moyens de sortir du camp. Le fleuve dont il venait et une piste en terre rouge, dont il devinait l’existence grâce à la présence de sac de sables, qui s’enfonçait dans la jungle noire et hostile. Au milieu du camp, une vulgaire place d’arme, matérialisée par des galets blancs, servait à la fois de place de regroupement et de lieu d’entraînement, comme le comprit Damien à la vue des gants et protection de boxe posés près d’une poutre supportant un carbet. Avec dépit, alors que la nuit tombait et que le feu du camp crépitait en dégageant une large fumée, le sapeur et le pilote de chasse comprirent que le repos n’était pas encore au programme.
Quartier Koenig, ex BA 200 Apt-Saint-Christol - Jeudi 25 avril 2013 – En début de matinée
-Doucement, doucement. – prévint un opérateur de la DGA
-Oui bah ça va ! – chucota le caporal Marc Thiégot à son ami, le sapeur Florent Bodinier - Il est gentil lui, mais il parle à un mec qui manipule des grues à longueur de journée.
-Ta gueule Marc et fais gaffe à la paroi, y a le général qui nous regarde ! – lui répondit Bodinier.
En effet à quelques mètres de là, aux abords du hangar, le général Alexandre Dumarchais suivait avec attention l’arrivé de la porte des étoiles dans sa nouvelle base. La porte était déchargée du camion vers un monte-charge de grande capacité, abrité sous un hangar. Celui-ci était équipé d’un dispositif de brouillage, empêchant les satellites de renseignement d’avoir des images infrarouges ou encore des données électromagnétiques. Le site était situé sur un secteur ultra sécurisé de la base du plateau d’Albion, un massif karstique du sud-est de la France ayant accueilli pendant la guerre froide des silos à missiles balistiques nucléaires.
L’officier n’avait pas eu à parcourir la moitié de la France par la route comme les deux sapeurs du génie. Lui avait eu le droit à un jet de liaison militaire. Malgré tout il sentait l’ennui pointer son nez. Mais c’était sans compter sur un évènement inattendu.
-Mon général ! – le prévint son attaché de camp, le lieutenant Jérôme Cahors – Un appel pour vous.
-Plus tard Jérôme, on descend la porte dans le puits. Je veux être sûr que tout se passe correctement.
-Mon général, il s’agit du lieutenant Takeukhi.
Instantanément, le général retourna la tête et fit signe à son lieutenant de lui donner le téléphone portable. Il s’éloigna de quelques mètres du bruyant monte-charge. Il regardera autour de lui pour être sûr que personne n’écoutait sa conversation. Mais avec tous les dispositifs de sécurité présents sur le site, il paraissait bien difficile de garder cet appel confidentiel.
-Allo ! Lieutenant Takeukhi ? Bon sang mais qu’est-ce qui vous prends à m’appeler sur ce portable ? – enragea l’officier
-Général, je suis arrivé en France avec un Katana sans que la douane de votre aéroport ne le détecte. Par contre je vous rappelle que je préfère que vous m’appeliez Kanbeï. Je vous l’ai déjà dit plusieurs fois.
Le général éloigna son téléphone de son oreille et masqua avec sa main le micro du smartphone avant de prononcer quelques jurons bien prononcés. Ce défouloir passé, il reprit l’appareil et se remit à converser avec le japonais. Mais il entendit un son qui le gênait.
-Attendez, je vous entends mal lieutenant. Mais … vous êtes … dans un train ???
A quelques deux cents kilomètres de là, Kanbeï, adossé à la paroi du compartiment bagage d’un TGV, se demanda si il devait avouer ou non la raison de son déplacement. Mais le général, qui avait donné la possibilité au nippon de sortir du camp de la DGSE, comprit bien vite ou allait le hacker.
-Non, ne me dites pas que vous allez à …
-Désolé mon général, mais il serait de bon ton de revoir vos protections informatiques.
-Bon – se résigna le général – dans combien de temps serez-vous au Plateau d’Albion ?
-Dans deux heures je pense.
-Compris, je vous fais escorter jusqu’au site. Attendez-vous à une sacrée remontrance. A tout à l’heure. – Alexandre s’apprêta à raccrocher quand Kanbeï le fit sursauter
-Vous ne voulez pas d’abord savoir ce que j’avais à vous dire ?
-Hmm …
-Votre intuition était bonne général. Le chef de votre armée s’apprête à vous doubler. Il compte nommer le général Lacazette chef du programme.
Dumarchais fut estomaqué, il voulut crier toute sa colère mais parvint à se retenir. Il ne lui fallait pas perdre de temps. En prévenant De Beaune le plus vite possible, il avait une chance de sauver sa tête. Forcé de constater que le japonais avait montré tout son talent et son dévouement, il se dut de le remercier.
-Je ne sais comment vous remercier lieutenant Takeukhi. Vous avez pris des risques pour une affaire à laquelle vous n’étiez pas mêlé.
-Vous pourriez commencer par m’appeler par mon surnom … Kanbeï. Quant aux risques, vous savez après ce qu’on a connu en Égypte …
Camp de fortune sur le fleuve Kourou - Guyane française - Jeudi 25 avril 2013 – 5h49 heure locale
Pour la quatrième fois de la nuit, le lieutenant Estienne fut réveillé par le jet d’eau d’une gamelle en plein visage. A peine les yeux difficilement ouvert qu’on lui cria dessus. Le lieutenant Guichard lui attrapa le bras gauche pendant que le caporal-chef Michelet s’occupait du droit. Les deux poids lourds du commando ne mirent pas longtemps pour trainer l’aviateur hors de sa moustiquaire. Antoine, comprenant qu’on allait encore le trainer sur la place d’arme, se mit sur ses deux jambes, pour faciliter la tâche de ses agresseurs d’un soir. Mais Guichard lui asséna un coup de pied derrière le genou gauche qui fit tomber en avant le pilote de chasse.
Au bout d’une dizaine de mètres, Antoine se retrouva, écroulé sur le sol, au milieu du terrain. A côté de lui, Karmen se remettait tant bien que mal de son combat, le nez en sang. L’aspirant Berson se chargeant de lui apporter un sac de glace pour ses hématomes. Plus loin, en plein combat, Damien luttait. Contre la fatigue ou les poings de Varrault, personne ne le savait. Le sapeur se protégeait tant bien que mal. Ses mains le faisaient souffrir depuis les épreuves de monter de corde dans la soirée. Il gardait son poing droit en face de sa tête et son gauche légèrement sur le côté. En face de lui, Varrault, qui était boxeur amateur et en pleine forme physique, lui envoyait coup sur coup. Soudain, l’homme du Génie sembla déceler une opportunité. Il frappa de toutes ses forces avec son poing gauche. Malgré sa force de gaucher, son coup fut paré par le commandant. Ce dernier renvoya directement un uppercut du gauche, qui fit trembler toute la mâchoire du sergent, suivi d’une droite en plein visage. KO, Delcourt s’effondra en arrière.
Varrault s’assura que le sergent respirait et fit signe à Gaboriot de le sortir du milieu de la place. Alors qu’Antoine, assis en tailleur, regardait la scène, il reçut un coup de pied dans le bas du dos. Guichard lui dit de se lever en l’insultant ce qui irrita le pilote. Michelet se plaça devant lui. Il commença par s’excuser. En fait le caporal-chef était ceinture noir de judo. Or Antoine n’avait que trop peu de technique dans ce sport de combat. Il tenta d’appliquer ce que lui avait montré, dix ans auparavant, son ami Kanbeï. Mais c’était inutile. Le caporal-chef était largement supérieur. Plusieurs ippons dévastateurs eurent raison du pilote. On ramena ensuite les trois martyrs vers leurs tentes. Damien fut porté à bout de bras à cause de son KO. Pendant le trajet, Antoine put rapidement conversé avec Karmen.
-Pourquoi il n’y a que nous à prendre des coups capitaine ? – demanda le pilote
-Ils nous testent. J’ai connu pareil au stage commando de la marine. Et ils ne sont pas prêts de se lasser. Alors vous et le sergent Delcourt, tâchez de reprendre des forces et de rester lucide dans n’importe quelle condition.
Au même endroit, le dimanche en pleine après-midi …
C’était de nouveau le tour d’Antoine. Et que le supplice était dur. Il était attaché à une chaise en plein soleil depuis plusieurs dizaines de minutes. Il n’avait aucune manière de se protéger des rayons. De temps en temps, le lieutenant Guichard le narguait en buvant de l’eau en bouteille juste devant lui. Il faisait alors miroiter sa victime en approchant le goulot de la bouteille de sa bouche, sans jamais ne laisser la moindre goute au malheureux. Puis venait les deux commandants, Moretti et Varrault. Le légionnaire donnait des claques, à gauche, à droite, puis encore à gauche. Le marsouin lui proposait alors un marché. Il lui assurait la fin de la sentence si Estienne lui révélait le nom de sa planète et ses coordonnées par la porte. Le lieutenant se bornait à répéter qu’il n’était pas autorisé à répondre à cette question. Et ainsi la torture recommençait, privation d’eau, coups, insultes, intimidations. Résister se dit le bellopratain. Ils ne pouvaient pas le laisser mourir ici. Enfin … normalement.
Plus loin, au champ de tir, Karmen s’exerçait au tir. Secondé par l’aspirant Berson. La jeune fusilier marin s’avançait d’une cible située à une cinquantaine de mètres en tirant au coup par coup avec un fusil d’assaut, puis un pistolet. L’aspirant était surpris. Depuis la veille la brestoise effectuait un remarquable parcours. Proche du sans faute. L’élève officier s’était montré très correcte avec elle. Lui indiquant ce qu’il savait. Et elle en retour, chef d’une équipe de fusilier marin, fit comme si elle découvrait ses conseils. Le Guelen aurait aimé avoir quelqu’un comme lui sous ses ordres. Elle comprenait pourquoi Varrault lui faisait confiance. Il était à peine plus âgé qu’elle, mais dégageait une grande confiance en soi. Quelques blagues, un sourire communicatif. Le portrait type du soldat idéal pour la bretonne. A des années lumières du commandant, qui lui paraissait n’être qu’un baroudeur misogyne.
Un peu à gauche, Damien cru voir partir son épaule en lambeau en tirant une rafale courte de FN Minimi. Michelet l’aida à ajuster sa technique pendant que Gaboriot donnait des astuces de tireur d’élite pour améliorer sa visée. Damien et Mathieu s’entendaient bien. Ils avaient fait chambrés commune sur le Dixmude. Le mitrailleur était un grand enfant malgré ses 120 kilos. Il mettait les autres à l’aise avec son fort accent toulousain. Son côté altruiste et généreux étaient aussi ses principales qualités. Delcourt se demandait comment un tel homme pouvait servir sous Varrault. Michelet lui avait dit qu’il n’aimait pas les connards, or pour Damien, Loïc Varrault en avait tout d’un. Ce à quoi le caporal-chef avait répondu que le commandant était peut-être dur, mais juste. Damien était étonné. Le contingent était déséquilibré au possible. Le vulgaire Guichard s’opposait en tout point au réservé Gaboriot. Et le gentil Michelet n’avait rien de l’odieux Varrault. Le débat se finit quand Michelet reprit son arme en main et tira une rafale longue de près de 10 secondes.
-Ouais allez ! Gab, qu’est-ce t’en dit de ça ?
-Tu sais Mitch, je peux t’atteindre à un kilomètre deux avec mon Hécate.
-Ouais mais attends, contre une dizaine de ces saloperies, une bonne rafale, et c’est bon ! Tatatatata et bam plus de métalleux aux grosses dents ! – dit-il avec de grands gestes
-Hmm … si tu veux – lui répondit le sniper du bout des lèvres avant de repartir dans son coin
Si le contact était facile avec Michelet du fait de son expressivité, ce n’était pas le cas avec l’autre caporal-chef, Martin Gaboriot. Certes il était nouveau dans l’unité au même titre que Le Guelen, Estienne ou Delcourt. Mais sa timidité et un caractère froid n’aidaient pas à son intégration. Beau garçon, parlant peu, le sniper aux yeux bleus passait inaperçu, même dans son unité. Ne sortant pas en boite de nuit, ne s’impliquant pas dans la vie associative de sa base, restant silencieux au possible lors de ses missions. Une qualité dans sa spécialité en somme. Mais cela rendait mal à l’aise les autres personnes à ses côtés.
-Vous en faites pas pour lui, il est timide. –assura Michelet à Delcourt - C’est pas simple de faire le boulot qu’on fait. – il regarda ce qui se passait dans le camp. - Bon on dirait que le chef est toujours occupé avec votre lieutenant. Allez, fin de l’entrainement pour vous sergent. Vous pouvez aller vous boire une bière. On a saisi un stock de contrebande.
-Sympa. En récompense tu peux me tutoyer Mitch
Les deux partirent s’ouvrir une bière tout en plaisant.
JT du 20h de TF1 – Lundi 29 avril 2013
« Passons maintenant à la défense nationale. Le ministre de la défense a annoncé par décret la nomination d’un nouveau chef d’état-major des armées. Il s’agit de l’amiral Jean Becquet, actuel chef d’état-major de la Marine Nationale. Il succède donc au général d’armée Marc-Olivier Daubrance, qui prends sa retraite. Le nouveau chef de l’armée française aura comme première responsabilité la prise de commande d’un commandement terrestre de l’OTAN par l’armée française. Transféré d’Heidelberg en Allemagne à Lille, il renforce encore un peu plus la coopération entre l’alliance atlantiste et l’Hexagone.
Enfin c’est jeudi dans la nuit qu’aura lieu le prochain lancement d’une fusée Ariane 5 en Guyane … »
Hôtel de Brienne – Paris – Mardi 30 avril 2013
-Dites donc Dumarchais, vous avez l’air drôlement content. C’est bien l’une des premières fois ou je vous vois sourire franchement. – fit remarquer le général Serge Lacazette
Venant de sa part, cela n’en était que plus cocasse. L’ancien CEMA avait presque réussi son coup. Il avait cru pouvoir placer Lacazette, un homme respecté et loin des intrigues de pouvoir, pour ce poste. Lui laissant ainsi une grande influence. Mais grâce à Kanbeï, Dumarchais pu mettre la main sur les preuves de la tentative de l’ex chef d’état-major des armées.
En faisant sauter le général Daubrance, De Beaune et le sommet de l’exécutif témoignaient leur confiance en Dumarchais. Quant à Becquet, c’était un marqueur important de la volonté politique vis-à-vis de la porte. L’amiral avait été concerné en premier par l’attaque wraith subie trois semaines plutôt. Il avait montré de bonnes dispositions vis-à-vis du programme Stargate. Il serait un maillon de poids dans la création du programme porte des étoiles françaises. On lui avait signifié qu’il n’était pas le chef sur cette question. Que le programme serait monté en parallèle de l’armée, ne laissant qu’une marge restreinte d’action pour le CEMA. La vraie autorité venant du coordinateur exécutif de la mission française dans Pégase, Patrick De Beaune. Malgré tout, il entendait bien apporter sa pierre à l’édifice. C’est pourquoi à la fin de la réunion d’état-major, il convoqua Dumarchais pour un tête à tête.
-Félicitations amiral pour votre nomination !
-Arrêtez vos conneries, général ! Je ne suis pas dupe. Si j’ai été nommé c’est parce que les relations entre vous et le CEMA étaient désastreuses. Comme avec une grande partie de l’armée de terre d’ailleurs. Mais enfin comment avez-vous fait pour avoir de si mauvaises relations ?
-Hmm … j’ai peut-être été un peu trop … distant de la pensée stratégique de l’armée à certains moments. – répondit Dumarchais
-Il n’y a bien que ce pauvre Lacazette qui ai du respect pour vous. Vous étiez sous ses ordres non ?
En 2006, Dumarchais était encore colonel. Il dirigeait le 2ème RIMa, régiment qu’il n’avait pas quitté depuis ses débuts au Kosovo. Il fut envoyé au Liban. Chargé d’évacuer les ressortissants français menacés par les combats, il avait mis à contribution son expérience passée de casque bleu. Il discuta avec les belligérants des deux camps. Devenant respecté des israéliens, comme du Hezbollah. Son action avait permis de gagner du temps et d’éviter une catastrophe au début des opérations. Très vite, le général Lacazette, le chef des opérations, l’avait relevé de son commandement. Il employa le colonel pour des missions diplomatiques, effectués presque toujours avec l’aspirant de l’époque qu’était Jérôme Cahors. Se rendant en jeep P4 derrière les lignes de front pour relayer directement les messages français auprès des acteurs du conflit.
Après la fin des opérations il ne retrouva plus jamais d’affectations régimentaires. Trop utile de par sa faculté à comprendre les champs d’actions politiques, il fut envoyé à l’académie militaire de West Point, aux États-Unis. Il y suivit une formation sur les nouvelles données géostratégiques ainsi que les méthodes d’actions dans les conflits asymétriques. Mais il fut avant tout marqué par l’affaire du général Stanley McChrystal, qui se moqua dans la presse du vice-président américain. Malgré ses états de services, McChrystal paya les frais de son erreur et fut relevé de ses fonctions. Alexandre se promit de ne jamais faire cette erreur de vexer les politiques.
De retour en France, on le nomma général de brigade, il prit les commandes de la Brigade des Forces Spéciales Terre. Son plus grand fait de guerre restant la Bataille de l’Est contre les wraiths. Et depuis peu il retrouvait un nouveau commandement. Celui de chef du programme porte des étoiles françaises. Un programme qui était encore au stade d’embryon. De plus le nom n’était pas arrêté. On se refusait à parler officiellement de programme porte des étoiles. Pour les américains, la France se servait de la porte comme d’un atout diplomatique. Il fallait qu’il en soit ainsi pendant les prochains mois. On refusa donc de parler de programme. Mais plutôt de détachement français, de contingent. Et enfin on choisit le terme de brigade. Ce qui collait avec le grade d’Alexandre Dumarchais et ce même si dans les faits on était loin d’une brigade. Après quelques minutes de discussions, les deux officiers en arrivèrent à parler de cette nouvelle brigade.
-Pour l’instant votre commandement ne comprend aucune unité excepté le COS général. Il est possible que le 2ème Régiment Étranger du Génie, qui garde le Plateau d’Albion, passe sous votre tutelle. Mais ce n’est pas encore le cas.
-C’est vrai amiral, mais vous oubliez les équipes techniques qui travaillent sur la porte des étoiles. –rectifia Dumarchais.
-Non, elles sont sous contrôle de la DGA. Et le GIRP de mademoiselle Riveron commence à se mettre en place. Vous allez devoir vous aussi remplir votre brigade, si je puis dire. Je vous laisse quelques semaines à la suite des quelles j’apporterais mes préconisations. – le CEMA ne pouvait guère faire plus.
-Bien amiral, je vais m’acquitter de cette tâche dans les plus brefs délais. J’ai déjà commencé l’étude du plan organisationnel.
-Bien. Très bien, général. – alors qu’il raccompagna son hôte, il se rappela d’une chose – Ah au fait, il serait peut-être bon de lui trouver un nom à cette brigade …
Centre spatial de Kourou - Guyane française - Jeudi 02 mai2013 – 0h32 heure locale
Les soldats arrêtèrent de parler au moment du décompte. Assis dans l’herbe, à distance de sécurité du site, ils étaient aux premières loges pour le lancement d’une nouvelle fusée Ariane 5. Le vol de ce soir avait pour objectif la mise en orbite d’un satellite de transmission militaire, Hadès 5. Digne successeur de l’engin perdu au-dessus de Égypte deux semaines auparavant.
Sans lune il faisait nuit noire. Le groupe distinguait le pas de tir uniquement grâce aux projecteurs du site. A l’allumage, une lumière aveuglante jaillit des entrailles du monstre. Suive par une épaisse fumée blanche. Un crépitement assourdissant rempli l’atmosphère, interdisant toute conversation pour les membres de la future équipe d’Atlantis. Bientôt seule la trainée lumineuse du moteur Vulcain de la fusée fut visible. Semblable à une lente étoile filante s’échappant de la Terre. Le terrible bruit s’estompant, les hommes et femmes purent se reparler, le regard porté vers les étoiles.
-Vous vous rendez compte lieutenant Estienne ? On sera bientôt dans l’espace. – fit remarquer Delcourt
-Beaucoup plus haut sergent. Nous irons des millions de fois plus loin que cette fusée. Bon, rejoignons les autres avant de se faire engueuler par le commandant.
Quartier Maréchal Koenig – Plateau d’Albion - Jeudi 02 mai2013 – 16h30 heure de Paris
-Jérôme, aidez-moi s’il vous plait.
-Oui mon général.
-Tenez bien haut ce cadre pendant que je le fixe au mur.
Le général prenait ses quartiers dans sa nouvelle base. Il avait amené avec lui quelques effets personnels. Le Plateau d’Albion était loin de tout. Ses particularités géologiques et géographiques en avait fait un site de la dissuasion nucléaire pendant la Guerre froide. A présent utilisé par la DGSE et la légion étrangère, il devenait l’endroit parfait pour y placer la porte des étoiles. La France s’inspirait du travail effectué au SGC. La porte était à près de quatre cent mètres sous terre, protégée par de la roche et du béton armé.
L’artefact avait rejoint le sous-sol par un monte-charge avant d’être amené dans la plus large galerie du complexe. Celle-ci s’étendant depuis le bâtiment du Quartier Maréchal Koenig ou se trouvait l’accès au sous-sol. Ainsi la porte était totalement isolée. Pour atteindre son emplacement, il fallait parcourir près de treize kilomètre. Une série de travaux étaient en cours sur toute la longueur du trajet. Et cet accès était le seul, la galerie s’arrêtant dans la roche après la salle de la porte.
Le chemin, ultra sécurisée, était le suivant. Le hangar n°3, visible depuis le bureau de Dumarchais, du secteur PE du QMK, le Quartier Maréchal Koenig, comprenait une succession de montes charges permettant de descendre en toute sécurité du matériel lourd dans les entrailles de la Terre. A deux cents mètres de profondeur, les monte-charges laissaient la place aux portes blindées de la dite galerie, qui commençait pas un léger dénivelé sur six kilomètres en ligne droite. Au bout de la descente, une zone de quarantaine, de contrôle et de logistique, appelée Intersection Sécurisée n°1 (IS1). A 90° à gauche, la galerie continuait en étant toujours droite et cette fois ci parfaitement horizontale sur deux kilomètres. Sur les côtés de la galerie allait bientôt être creusé à même la roche des succursales pour servir de dépôt de matériel et de casernements en tout genre.
Passé ces deux kilomètres, se trouvaient une autre plateforme de contrôle et de quarantaine, la IS2. Celle-ci donnait sur deux issues. La première, un ancien Poste de Contrôle de Tir datant de l’ancienne base, réaffecté en Poste de Contrôle de la Porte des Étoiles (PCPE). Un bunker enfouit sous terre ou seront établis, dans un futur proche, les organes du contrôle de la porte. Distant de près de six cent mètres de l’IS2, il se situait dans l’angle gauche du point de contrôle. Alors qu’à droite, une nouvelle fois à angle droit, la galerie continuait encore sur deux kilomètres.
La galerie n’était rien d’autre qu’une ancienne galerie d’accès aux différents bunkers, conçu pour être facilement défendable. Chaque portion se croisait à angle droit et se continuait sur deux kilomètres. En cas de besoin on pouvait s’y retrancher et mieux défendre contre un intrus forcément à découvert. Une possibilité très appréciée après l’expérience du débarquement wraith de la Ligne Maginot.
Il y avait encore deux IS, les numéros 3 et 4. La portion IS3-IS4 étant parallèle à l’IS1-IS2. La dernière intersection donnait sur la salle de la porte, dans l’axe exact de l’IS1. Cloisonnée par une porte blindée, la salle de la porte pouvait aussi être condamnée par un dispositif d’explosifs faisant écrouler la fin de la galerie entre elle et l’IS4. Enfin, en cas de force majeure, une tête nucléaire de 2.6 mégatonnes pouvait être déclenchée sous la salle. L’explosion serait suffisante pour détruire la salle, mais pas pour remonter directement à la surface. L’effondrement de la galerie, les portes blindées à chaque IS et la configuration même de la galerie permettait de circoncire l’explosion et de l’empêcher de refaire surface. Une bien meilleure solution que le bombardement nucléaire envisagée en Lorraine trois semaines plutôt. Une nuit, dont le général ne voulait retenir que les leçons et non la peur qu’il avait éprouvée sur le moment. Étant en période de calme, en espérant ne pas croiser de tempête trop vite, le général avait une belle journée printanière devant lui.
-Voilà ! C’est parfait, merci lieutenant
Le tableau accroché à gauche de la porte du bureau était un encadrement d’un drapeau français en tissu. En lettre dorée était brodée l’inscription Honneur et Patrie. Mais aucun insigne n’était présent. Le bureau devenait peu à peu un petit nid douillet pour Dumarchais qui s’apprêterait bien vite à y passer ses journées. La décoration fut pensée pour coller avec la porte des étoiles. Des photographies de l’espace trônaient dans des cadres accrochés aux murs. Le général n’y trouva rien à changer quand quelqu’un vint frapper à la porte.
-Ah lieutenant, cela doit être mademoiselle Riveron. Faites-la entrer et laissez-nous.
-Bien mon général. – il partit aussitôt accomplir son ordre
La directrice du Groupement Industriel de Recherche dans Pégase fit son entrée avec un tailleur impeccable. Révélant les formes de son corps. Alexandre ne voulut pas placer de regard indiscret mais il en fut incapable. Inévitablement il fut démasqué par l’énarque, qui lui fit comprendre des yeux qu’il devait regarder plus haut.
-Hrmmff … heu ... asseyez-vous je vous en prie mademoiselle.
Ce qu’elle fit en posant sur ses cuisses une petite mallette qu’elle commença à ouvrir nonchalamment. Soit Dumarchais l’avait vexé, soit elle avait quelque chose qui la tracassait. Dans les deux cas le général pouvait dire adieu à ses rêves les plus fous. Il se hasarda à la questionner.
-Un problème avec les travaux ?
-Non, le chantier suit son cours. Et j’ai pu discuter avec votre légionnaire, Takeukhi. Il a demandé à rejoindre le groupe de Marianne Le Blanc, qui s’occupe de la remise en fonction de la porte. Selon elle, le japonais serait d’une grande aide.
-Eh bien c’est parfait. Nous avançons …
-Sauf que j’ai refusé !
-Hein ?!?
-Général je vous avais demandé de ne pas réintroduire cet agent double. Et voilà que vous me le refourguez dans les pattes !
-Attendez, ce n’est pas un agent double. – tempéra-t-il
-Et qu’est-ce que vous en savez ? – cria-t-elle sur un ton paniquée
Puis, pour se justifier auprès de son interlocuteur, elle sortit de sa mallette un dossier qu’elle conservait jalousement depuis près de deux semaines. Dumarchais était le premier à pouvoir le voir. Hortense jeta une série de clichés photographiques en noir et blanc sur le bureau du général qui s’attendait à tout sauf à ça.
-Elles ont été prises par le MI6 il y a 5 ans, à Moscou. Vous reconnaissez votre homme, Estienne, à droite ?
-Oui en effet.
-Au centre, le commandant Igor Alexenko, chef du porte-avions russes Kouznetsov. Et surtout, le plus grave, à gauche un homme qui se nommerait Mikhaïl 91 selon la CIA. Il serait ukrainien et activement recherché par les services secrets de nombreux pays. Dont Israël et les États-Unis.
-Quoi ? Mais enfin vous n’êtes pas sérieuse ? Je lui donne 15 ans. C’est un ado. Quant à l’autre homme, Alexenko, ou est le problème ? Estienne a mené des recherches historiques sur l’aviation soviétique. Il n’est pas étonnant qu’il soit rentré en contact avec des militaires.
-Sauf que général, ce n’est pas n’importe quel militaire. Il avait été désigné pour être le commandant du croiseur RFS Korolev avant d’être doublé par le colonel Chekov. Et l’autre n’est pas recherché pour rien. Il serait un informateur free-lance, vendant ses renseignements aux plus offrant. J’ai questionné Interpol, Mikhaïl 91 est actif depuis quelques années.
Le discours de Riveron mettait le doute dans l’esprit de Dumarchais. S’il avait du mal à croire que l’adolescent sur la photo soit devenu entre-temps un mercenaire recherché, il ne pouvait ignorer les arguments d’Hortense Riveron .Il comprit alors pourquoi elle avait des réserves sur Kanbeï. Lui aussi était recherché. Le japonais et l’ukrainien étaient liés de près ou de loin à Antoine. Quant à Alexenko, il était au courant de l’existence de la porte des étoiles. Cela commençait à faire beaucoup contre le lieutenant Estienne. Puis, Dumarchais se rappela de sa conversation avec Stepovich.
-Attendez, le diplomate russe Léonid Stepovich m’a parlé d’une possible coopération entre la France et la Russie lors du dernier sommet du CIS. Notamment scientifique. Il avait mis en avant le travail de mademoiselle Le Blanc.
-Quoi ? – cria la femme de la quarantaine – et que vous a-t-il dit d’autre à son sujet ?
-Rien, pourquoi ? Il y a-t-il quelque chose que je devrais savoir ?
-Je … général, vous devez vous méfier. Je n’ai pas confiance, ni en Takeukhi, ni en Estienne.
-Bon, écoutez. En absence d’autres preuves, je vais les faire surveiller. Mais je doute que Kanbeï se laisse …
-Qui ?
-Euh … je veux dire Takeukhi, se laisse faire. Croyez-moi, il saura qu’on l’espionne. En attendant, donnez-lui une autre affectation. Il est trop précieux pour qu’on le laisse sur le bord de la touche. Quant à Estienne, je vais prévenir Varrault. Il ne présentera pas de danger. Mais maintenant vous allez me dire ce que vous gardez secret sur Marianne Le Blanc !
Nellis Air Force Base – Nevada – Vendredi 03 mai 2013
Le commandant Varrault relut plusieurs fois le message qu’on lui avait joint depuis la France. Il avait été écrit en lettre manuscrite par Dumarchais. En face de lui, dans l’hélicoptère Black Hawk, Antoine le regardait impassible. Content d’avoir quitté la Guyane et espérant découvrir des merveilles dans la mythique cité des anciens. Le chef du détachement mémorisa chaque mot du papier comme il était entrainé à le faire. Puis il sortit un briquet et brula, devant le regard étonné de tout le groupe, le bout de papier en fixant Antoine des yeux.
Les militaires français avaient, à leur arrivée à Nellis, été amené à revêtir leurs uniformes de parades. Ceci exaspéra les commandos qui avaient pris leur temps pour parfaire leurs bagages. Une fois en habits de cérémonies, ils avaient eu le droit à un hélicoptère en guise de taxi jusqu’à la base secrète de Groom Lake. Une base dans la base de Nellis. L’un des lieux les plus secrets au monde.
Quand l’hélicoptère toucha le sol, les français furent émerveillés. Devant eux, à moins de cent mètres, était posé le dernier fleuron des États-Unis, le croiseur DSC-310 Ernest Littlefield de classe Dédale. Il brillait sous le soleil de plomb du Nevada. De nombreux officiers de l’Air Force, des Marines et aussi, plus étonnant, de la Navy prenaient place sur des rangées de chaises. Ils étaient aux premières loges pour le discours qui se tiendrait sur un podium trônant fièrement près de l’avant du vaisseau. Varrault, parlant anglais avec un accent incompréhensible n’arriva pas à se faire comprendre d’une jeune militaire américaine.
-Excusez-moi, commandant Varrault, forces spéciales françaises, je cherche le major Davis.
-Le major Davis ? – répondit l’officier Catherine Ambrose – J’ai cru l’apercevoir près de l’estrade. Ah le voici. Je pense qu’il vous a vu.
-Merci.- puis se tournant vers l’homme recherché – Major Davis, commandant Loïc Varrault, enchanté.
-Le plaisir est partagé commandant. Veuillez me suivre, la cérémonie va commencer.
A la surprise des français, ils se retrouvèrent au premier rang à droite de l’allée centrale. Le rang ne comprenait que huit chaises. Les invités avaient donc un rang pour eux seuls. Alors qu’à gauche se trouvait une accumulation de sommités américaines. A commencer par le président des États-Unis, James Oswald Cunard. On les mettait clairement à l’honneur, ce qui rendait quelque peu nerveux les français.
O’neill égrenait sa nouvelle fonction de commandant de l’USMILWAYCOM, le commandement unifié des forces américaines de la galaxie de la voie Lactée. A ce titre, et en tant que futur employeur du DSC-310, il prit la parole en premier. Il lisait un discours mal préparé et sans conviction. Il décrivit brièvement le vaisseau. Croiseur de classe Dédale incorporant quelques technologies asgards comme les phazers. Antoine fut impressionné et ravi par ce qu’il entendait. Lui, le pilote et passionné d’aéronautique, n’était que plus admiratif devant le nouveau venu. O’neill parla aussi de Littlefield. Malheureusement décédé naturellement un an plutôt. Et là il trouva les mots justes pour rendre hommage à l’homme qu’il avait lui-même secouru lorsqu’il faisait encore parti de la prestigieuse unité SG-1.
Une série d’applaudissements chaleureux et sincères terminèrent les mots d’O’neill qui laissa place à son ultime supérieur, le président républicain Cunard. L’homme d’une cinquantaine d’année, membre du Tea Party, représentait la nouvelle génération de politicien conservateur. En parfait communicant, il dressa un portrait flatteur d’un homme qu’il ne connaissait pas. Il décrivit Littlefield comme premier américain à voyager dans l’espace, d’où la devise du vaisseau
Always The First, deux décennies avant le très connu Neil Armstrong. Et à ce titre, il lui fut remis à titre posthume la
Medal Of Honor.
Pour tous les anciens du SGC présents, l’émotion ne fut que plus forte lorsque Daniel Jackson, qui fut supporté par Catherine Langford, l’épouse du docteur Littlefield, fit son apparition sur l’estrade. Daniel, de manière très solennelle, rendit hommage au couple qu’avaient formé Littlefield et Langford. Un amour, perdurant cinquante années durant, disant de millions de kilomètres. Les larmes vinrent très vite parmi les anciens proches des défunts, provoquant un silence pesant parmi l’assemblée alors que Daniel terminait son hommage. On lui apporta ensuite un petit boitier.
-Bon il se dépêche l’archéologue ? On crève sous ce cagnard ! J’ai pas envie de finir comme Estienne. – chuchota le lieutenant Guichard, assis à côté de Varrault.
Le commandant ne put s’empêcher de laisser échapper un léger rictus. Puis, reprenant son sérieux, il asséna un discret mais efficace coup de coude dans les côtes de son second. A l’autre bout du rang, Antoine, qui avait tout entendu, se pencha pour fixer des yeux les deux marsouins du COS. Bardé de coups de soleils, le pilote de chasse ne goutait guère aux moqueries des deux commandos.
Sur l’estrade,Jackson appuya sur le bouton du boitier. Il actionnait un dispositif relâchant une bouteille de champagne venant s’écraser contre la coque du vaisseau. Toute l’assemblée relança une volée d’ovations. Mais le clou du spectacle allait venir. Daniel Jackson reprit la parole. Saluant en premier le futur équipage du DSC-310, puis il en vient à parler des invités du jour.
-Il n’y a pas de plus beau combat que celui de la liberté, de la lutte contre l’oppression. De la victoire de la justice sur la barbarie. Et dans ce combat nous sommes fières, nous, citoyens des États-Unis d’Amérique, de pouvoir compter, depuis le début de notre histoire, sur l’aide d’un allié indéfectible. Plus qu’un allier, un compagnon de la Liberté. Se dressant toujours contre la tyrannie. Défendant le droit des peuples à demeurer libres et égaux. Nous pouvons être fières, nous, États-Unis d’Amérique, d’avoir la France comme allié.
Toute l’assemblée dirigea alors son regard vers le premier rang de droite. Les français, surpris, se sentirent épiés de toutes parts alors qu’une série de compliments s’amoncelait dans la bouche de Jackson. Par politesse, et ne savant pas quoi faire d’autre, Varrault remercia par un mouvement de la tête l’archéologue qui termina son discours.
-Nous accueillons à bras ouverts la République Française dans notre noble combat. Celui de la défense de la Liberté dans l’Univers. Maintenant j’appelle s’il le veut bien le commandant Loïc Varrault de la Brigade Dumont d'Urville, qui participera avec ses hommes à la première mission franco-américaine dans Pégase. La
Joint Operation La Fayette.
Alors que de nouveaux applaudissements sortaient des travées, Varrault déchanta. Il n’aimait pas, mais vraiment pas, la tournure des évènements. Sur sa droite, Antoine se pencha et lui adressa un large sourire narquois. C’était de bonne guerre et le commandant jura de se venger plus tard.
Après une prestation laborieuse du chef français, peu habitué à ce genre de moments, la délégation française fut amenée directement dans un hangar, sans voir le président Cunard, qui n’accordait pas d’importance aux huit hommes. Une fois dans un hangar de Groom Lake, le Major Davis prévint ses invités qu’ils allaient rejoindre Atlantis, actuellement basée à San Francisco. Antoine eut à peine le temps de demander comment, qu’une lumière blanche aveugla le groupe de militaires. Ils ne sentirent rien et pourtant leur corps se dématérialisa et se re-matérialisa dans la salle de la porte d’Atlantis. Antoine ne gouta pas du tout à l’expérience. Si on pouvait déplacer son corps contre son gré à plusieurs milliers de kilomètres, on pouvait bien le faire réapparaitre dans l’espace, sous l’eau ou au milieu d’un volcan. Il prit ça comme une démonstration de puissance. A l’image du reste de la journée en somme.
Parmi les français, Varrault, Guichard et donc Estienne, furent les seuls à garder les pieds sur terre. Le pilote de chasse comptant bien se démarquer du commandant pour glaner une place privilégiée auprès des américains. En haut des escaliers menant à la porte les attendaient le personnel d’Atlantis. Son actuel directeur Richard Woolsey, le chef de l’équipe d’exploration le lieutenant-colonel John Sheppard, les docteurs Mckay, Keller et Beckett et enfin les engagés volontaires Teyla et Ronon. Une banderole déployée derrière le personnel d’Atlantis indiquait : « Welcome France ». De son côté, le major Davis jouait le rôle de guide touristique. Donnant quelques chiffres et informations aux nouveaux venus, ébahis par la découverte. Il ne vit même pas le commandant et les deux lieutenants français s’éloigner du groupe pour rejoindre leurs hôtes. Quand Karmen s’aperçut qu’elle était à la traine avec le reste du groupe, elle pesta intérieurement car comme Antoine, elle espérait jouer sa carte à fond. Elle rameuta bien vite les retardataires et c’est un seul groupe, uni, qui se retrouva au pied des marches d’où descendaient lentement Woolsey et Sheppard.
-Messieurs, dame – prononça Woolsey – le voyage ne fait que commencer.
Avec ces quelques paroles, une page de l’Odyssée de la Terre se terminait …
Fin du Tome I

"Sais-tu que Flaubert voulait écrire un roman sur le néant? S'il t'avait connue, on aurait eu un grand livre. Quel dommage."
-Jep Gambardella, La Grande Bellezza