
Cela faisait assez longtemps que j'envisageais de me lancer dans l'écriture d'une fan fiction ayant pour thème Stargate ou, plus particulièrement, Stargate Universe. Cette série n'a certes pas fait l'unanimité parmi les fans de la franchise.
A titre personnel, j'avoue y avoir pourtant trouvé mon compte, et je confesse d'être resté sur ma faim à l'issue de la fin de la seconde et ultime saison.
Le récit que je vous soumets est une proposition de suite. Alors certes, je ne suis pas le premier à me lancer dans cet exercice. Je sais à quoi je m'expose en postant ces écrits, et j'en accepte donc les conséquences, les critiques.
J'ai pris des libertés en incluant de nouveaux personnages, une nouvelle faction que je vais tenter d'inclure au mieux dans la trame chronologique de SGA et SGU.
Je n'en suis pour l'instant qu'au stade d'une introduction. Je vous la soumets pour recueillir vos avis, savoir si ce que j'ai écrit vaut la peine d'être poursuivi.
Merci d'avance pour vos avis et bonne lecture à tous

Le Messager
Prologue.
Planète Selkis, Siège du Gouvernement de la Confédération d’Andromède.
« Le Chancelier Lamarch vous attends. Veuillez me suivre. »
Richard Woolsey se leva et suivit l’homme en uniforme au travers d’un dédale de couloirs parsemés de bureaux où des hommes et des femmes affairés menaient leur train quotidien.
L’effervescence qui régnait dans le bâtiment n’était pas sans rappeler l’ambiance des cabinets d’avocats New Yorkais dont Woolsey était issu, bien avant de devenir membre du CSI.
Son guide fît enfin halte devant une grande porte à double-battant qui s’ouvrit presque instantanément.
Woolsey pénétra dans une pièce de dimensions comparables à celles du Bureau Ovale à Washington. Son occupant, un homme de taille moyenne, la cinquantaine, des cheveux poivre et sel, une barbe et une moustache généreusement fournies était en train de refermer un dossier qu’il déposa sur une table basse.
Ervin Lamarch était le chef du gouvernement de la Confédération d’Andromède, une vaste alliance de planètes situées dans la galaxie éponyme. Ces dernières avaient décidé il y a plusieurs milliers d’années de mettre en commun leur savoir, ressources et technologies.
Ce fût l’équipe du Colonel John Shepard, en poste à l’époque à la Cité d’Atlantis dans la Galaxie de Pégase, qui entra en contact avec cette civilisation en portant assistance à un vaisseau d’exploration Confédéré endommagé. Afin d’exprimer sa gratitude, la Confédération offrit son aide aux Atlantes en mettant à leur disposition du matériel logistique, dans un premier temps, jusqu’à leur fournir par la suite des EDPZ, de précieux générateurs d’énergie, indispensables pour alimenter les boucliers et les autres fonctions de la Cité atlante. C’est à l’occasion de ces premiers échanges que les confédérés révélèrent aux terriens qu’ils étaient des descendants directs des Anciens. Ces derniers avaient fondé une colonie dans la Galaxie d’Andromède il y a une centaine de milliers d’années.
Une véritable alliance s’instaura alors entre la Terre et la Confédération. Des accords commerciaux et militaires furent conclus. Les confédérés envoyèrent une flotte de vaisseaux de guerre combattre les Wraiths dans la Galaxie de Pégase et permirent de remporter sur ces derniers une victoire décisive.
Ces nouveaux alliés providentiels avaient aidé les Terriens de bonne grâce, n’avaient demandé en retour que des contreparties plus que raisonnables. Ils étaient disposés à partager leurs connaissances et leur technologie. Cette générosité parût dans un premier temps suspecte aux yeux des Terriens. Mais le temps passé à côtoyer cette alliance de peuples finit par venir à bout de leurs doutes.
En pénétrant dans ce bureau, Richard Woolsey se sentait tel un gladiateur dans l'arène : son interlocuteur était réputé pour sa froide intelligence, son incroyable impassibilité et son charisme naturel, qualité essentielle pour un dirigeant. Ainsi en allait-il toujours des relations diplomatiques, des négociations qui en découlaient, et des âpres joutes verbales qui les animaient.
Les deux hommes prirent place autour d’une table ovale. Lamarch prit aussitôt la parole.
« Je dois vous avouer, Monsieur Woolsey, que votre visite nous surprend un peu. Nous ne vous attendions pas avant deux bons mois.
Woolsey rajusta son nœud de cravate et en profita pour préparer sa réponse.
- Je suis désolé d’arriver ainsi à l’improviste, mais l’affaire qui m’amène est suffisamment grave pour justifier cette entrevue précipitée.
- Je vous écoute, invita le Chancelier.
- Afin de vous exposer au mieux cette affaire, un préalable est nécessaire. Il y a de cela un peu plus de quatre ans, en parcourant la base de données des Anciens sur Atlantis, nous avons découvert une adresse de porte des étoiles pour le moins atypique.
- Atypique en quel sens ?
- Jusqu’à présent, toutes les adresses que nous connaissions comportaient sept ou huit chevrons. Pour rappel, une adresse à sept chevrons permet de se rendre sur une planète située dans la même galaxie que le point d’origine tandis que le huitième chevron permet de rejoindre une autre galaxie et…
- Monsieur Woolsey, coupa le Chancelier, sans être un expert en la matière, je connais le principe du fonctionnement des portes et de leur adresse. Veuillez poursuivre, je vous prie.
- Certainement. L’adresse que nous avons découverte dans la base de données des Anciens était composée de neuf coordonnées.
Lamarch avait depuis le début de la conversation employé une attitude neutre. Cette dernière information provoqua chez lui un léger haussement de sourcils presque imperceptible qui n’échappa cependant pas à Woolsey.
- Qu’avez-vous appris sur cette adresse ?
- Les premières études que nous avons menées ne nous apprirent qu’une seule chose : la quantité d’énergie nécessaire pour verrouiller le neuvième chevron et maintenir un vortex stable est astronomique. Même une centaine d’EDPZ connectés en série n’y auraient pas suffi. Nous avons donc lancé le projet Icare sur lequel nous avons affecté nos plus brillants scientifiques. Ce projet devait déterminer la quantité exacte d’énergie nécessaire à l’ouverture du vortex. Nous avons, au cours de cette période, découvert une planète située dans la Voie Lactée dotée d'un noyau riche en naquadria. L’énergie dégagée était, selon nos experts, plus que suffisante. Nous y avons donc construit un complexe avec des installations capables de canaliser cette source vers une porte des étoiles…
- Avez-vous en fin de compte pu ouvrir un vortex à partir de cette adresse ? pressa Lamarch.
- La réponse est oui, Chancelier. Sauf qu’au même moment, le complexe était attaqué par des vaisseaux de l’Alliance Luxienne.
- L’Alliance Luxienne ?
- Oui, pardonnez-moi. Il s’agit d’une vaste organisation criminelle qui a mis la main sur la quasi intégralité des ressources de l’Empire Goa’uld suite à sa chute il y a de cela six ans. Visiblement, des espions de l’Alliance nous avaient infiltré des mois auparavant et avaient suivi l’avancement du projet. C’est la seule façon d’expliquer pourquoi cette attaque a été menée juste au moment où nous touchions au but.
- Que s’est-il passé lors de cette attaque ?
- Le personnel du complexe, au total, prés de deux cent personnes, n’a pu évacuer la structure. Le Docteur Nicholas Rush, l’un des principaux responsables du projet, a pris l’initiative de composer l’adresse à neuf chevrons. Tous les hommes et femmes du complexe ont traversé le vortex. Au même moment, la planète, dont le noyau est devenu instable, a explosé. Tout ceci est un résumé, bien entendu.
- Que sont devenues les personnes ayant traversé la porte ?
- Grâce au dispositif des pierres de communication des Anciens, nous avons pu rester en contact avec eux. Nous avons appris que le lieu de destination de l’adresse à neuf chevrons n’était autre qu’un vaisseau spatial.
- Un vaisseau ?
- Oui, un vaisseau sans équipage lancé par les Anciens depuis la Terre il y a plusieurs millions d’années.
- Pourquoi les Anciens auraient-ils lancé un vaisseau vide ? Cela n’a pas de sens.
- Pour être bref, Le Destinée – c’est son nom, a été conçu pour parcourir l’univers en suivant un plan de vol passant par des planètes dotées de portes des étoiles. En sondant ces dernières, il détermine si elles sont habitables ou non et consigne ces informations dans sa base de données. Il dispose d’un moteur de propulsion capable d’atteindre une vitesse environ dix fois supérieure à celle de la lumière et il est en outre capable de recharger ses réserves d’énergie en traversant des soleils, et ce, sans le moindre danger pour l’équipage à son bord. Les Anciens avaient prévu d'y embarquer à terme, d'où la présence d'une porte des étoiles à son bord.
- Interessant. J’imagine cependant que ces informations sont ultra confidentielles et que vous devez avoir une raison impérieuse pour lever le secret et me les révéler.
-Je suis ici officiellement pour demander de l’aide à la Confédération. La majorité des personnes à bord du Destinée ne sont pas censées s’y trouver. Le vaisseau est en très mauvais état, et ne demeure fonctionnel que grâce à des réparations de fortune réalisées par l’équipage. Nous devons ramener ces hommes et ces femmes sur Terre, Chancelier. Nous avons tenté tout ce qui était en notre pouvoir. A deux reprises, nous avons tenté de composer depuis le Destinée l’adresse de la Terre, en utilisant une étoile pour fournir l’énergie nécessaire. Cela s’est chaque fois soldé par un échec. Nous avons également songé à composer l’adresse du vaisseau pour leur faire parvenir du matériel et des vivres. Malheureusement, les planètes dans notre galaxie présentant les caractéristiques d’Icare sont rarissimes, et quand bien même nous en trouverions une, il nous faudrait au moins un an pour rebâtir les installations nécessaires, délai dont nous ne disposons pas, je le crains.
- Pourquoi ? Quelle est la situation à bord du Destinée ?
- Le vaisseau a subi de lourds dommages suite à des confrontations répétées avec des vaisseaux drones construits par une civilisation que nous supposons depuis longtemps disparue. Ces appareils sont entièrement robotisés et sont programmés pour détruire toute technologie qui leur est étrangère. Ils traquent le Destinée et l’empêchent de se ravitailler en postant des vaisseaux devant les planètes dotées de portes des étoiles ainsi que devant les étoiles de type naine rouge. Le vaisseau ne disposant plus que du tiers de sa réserve d’énergie, l’équipage a tenté le tout pour le tout en lui faisant traverser une géante bleue que les drones ne surveillaient pas, bien plus dangereuse du fait de sa très haute température et de ses puissants champs magnétiques. L’opération était donc délicate mais elle a réussi, et le Destinée a pu recouvrer l’intégralité de ses réserves.
- Restait pour autant le problème des drones…
- J’y venais. Après avoir traversé la géante bleue, et comprenant qu’ils seraient traqués sans relâche, les membres de l’équipage ont programmé le vaisseau pour effectuer un énorme bon hyper-spatial afin de quitter cette galaxie infestée de ces drones et joindre la prochaine prévue dans le plan de vol du vaisseau. Mais ayant évalué le délai d’arrivée a environ trois ans, et ne disposant que d’un mois de vivres, l’équipage s’est mis en hibernation dans des modules de stase.
- Si je comprends bien, le Destinée est actuellement en transit entre deux galaxies. Combien de temps reste-t-il avant qu’il n'atteigne sa destination ?
- Environ deux ans et quatre mois.
- Avez une idée, même approximative, de sa localisation ?
- Oui. Lors des différents échanges via les pierres de communication, le Docteur Rush nous a montré sur une carte stellaire de l’ordinateur de bord le parcours effectué par le Destinée depuis son départ de la Terre. Actuellement, le vaisseau est à environ dix milliards d’années lumière de la Voie Lactée.
- Je vois… Qu’attendez-vous de nous exactement ?
- N’importe quoi en fait. Une idée, une piste. Vous possédez une plus grande connaissance que nous de la technologie des Anciens. Toute suggestion est la bienvenue. Nous avons abattu toutes nos cartes et nous sommes désormais à court de solutions.
Le Chancelier fixa Woolsey, pensif. Un bref silence régnait dans la pièce. Puis il reprit la parole.
- Votre problème révolutionne l’idée que je me faisais des situations critiques…
- Allez-vous nous aider ?
Lamarch eût un demi-sourire.
- Nous sommes alliés, Monsieur Woolsey. Je pourrais, pour la forme, ouvertement vous reprocher de ne pas nous avoir révélé plus tôt l’existence du projet Icare. Mais, pour être honnête, je pense que nous en aurions fait de même à votre place étant donné les enjeux. Je vais soumettre ce problème à mon cabinet de travail ainsi qu’à la Marine Spatiale. S’il existe une solution, nous la trouverons et nous vous aiderons »
***
En orbite autour de la planète Selkis, le vaisseau terrien Georges Hammond semblait immobile. Une escadrille de quatre chasseurs F-302 parcourait en survol à faible vitesse les quelques trois-trente mètres qui séparaient la poupe de la proue.
« En douceur les gars, transmit Telford à ses trois coéquipiers. Robbins, réduisez votre vitesse de cinq pourcent.
Chaque chasseur était équipé d’une caméra placée sous le cockpit. Leur téléobjectif était braqué sur la coque dorsale du George Hammond.
- Contrôle, ici Telford, nous vous transmettons les premières images.
- Bien reçu, répondit aussitôt une voix retentissant du haut parleur radio. »
La procédure d’inspection de la coque était en cours, d’une routine presque déprimante. Mais elle permettait au moins à Telford de garder son esprit occupé… et d’éviter de penser à ce qui se tramait actuellement à la surface de Selkis. Le sort de l’équipage du Destinée était en partie en train de se décider actuellement. Et cela ne dépendait pas de lui…
Le Colonel David Telford était un miraculé : la seule personne à bord du Destinée étant parvenue à rejoindre la Terre. Depuis lors, tout son esprit et son corps étaient occupés à rechercher une solution visant à secourir ses compagnons d’infortune.
En la Confédération d’Andromède résidait leur dernier espoir. Le Chancelier Ervin Lamarch était un homme froid et peu avenant. Allait-il accepter de les aider ? Cela dépendrait avant tout des talents de négociateur de Woolsey.
« Telford, ici contrôle, rien à signaler pour le moment, vous pouvez directement passer à la section de communication ».
Les propulseurs des chasseurs donnèrent une légère impulsion. L’escadrille se plaça au dessus de l’antenne de transmission du vaisseau.
***
Le F-302 de Telford fut le dernier appareil de l’escadrille à regagner le George Hammond. Comme tout le monde s’y attendait, hormis quelques éraflures sans aucune conséquence pour l’intégrité de sa structure, la coque du vaisseau était en excellent état.
Alors qu’il était en train de retirer sa combinaison de pilote, un Marine arriva à sa rencontre.
« Mon Colonel, le Colonel Carter m’envoie vous demander de la rejoindre immédiatement en salle de réunion.
- Du nouveau ? interrogea Telford anxieux.
- Oui, Colonel, Monsieur Woolsey est de retour »
Telford sortit du hangar à chasseurs, traversa deux coursives puis arriva devant une porte qui s’ouvrit automatiquement à son passage. Samantha Carter et Richard Woolsey étaient assis autour d’une grande table rectangulaire.
« Prenez place, David, invita Carter.
- Comment s’est déroulé cet entretien ? demanda Telford à l’adresse de Woolsey tout en s’asseyant.
- Plutôt bien fît ce dernier d’un air préoccupé tout en essuyant les verres de ses lunettes de vue. J’ai exposé dans son ensemble la situation au Chancelier et ce dernier m’a assuré qu’ils allaient tenter de nous apporter toute l’aide possible. Notre cas va être soumis à son Cabinet ainsi qu’au Commandement Militaire.
- C’est une bonne nouvelle, non ? fît Carter .Je vous aurais cru un brin plus enthousiaste.
- Oui bien sûr c’est une bonne chose pour nous, concéda Woolsey. Cela dit, mon expérience en matière de négociations et relations diplomatiques m’ont appris à déchiffrer chez mon interlocuteur le langage du corps. Et ce dernier peut parfois exprimer des choses contraires à celles énoncées par la parole.
- Était-ce le cas en ce qui concerne Lamarch ? demanda Telford.
- Disons que j’ai eu le sentiment que ce que je lui ai révélé sur le Destinée et le projet Icare ne l’a pas vraiment surpris…
- Vous pensez qu’il nous cache des informations ? fit Carter.
- Oui, bien que cette « dissimulation » ne soit pas forcément animée par de mauvaises intentions. Après tout, de notre côté, il nous a fallu obtenir l’aval du Conseil de Surveillance International pour révéler aux Confédérés l’existence et l’aboutissement du Projet Icare. Il est fort probable que Lamarch soit également en possession d’informations confidentielles et qu’il ne soit pas autorisé à nous en parler.
- N’est-il pas le chef du gouvernement ? interrogea Telford.
- Oui mais ses pouvoirs se limitant à l’exécutif, il est malgré tout soumis au respect de la confidentialité relative aux informations scientifiques et militaires.
- Si vous avez vu juste, Richard, et que les informations qu’il détient sont en rapport avec le neuvième chevron ou voire même directement avec le Destinée, alors il y a bon espoir que la Confédération soit en mesure de nous apporter une aide concrète fît Carter, confiante.
- C’est aussi mon avis, et il y a d’ailleurs un autre fait qui vient accréditer cette théorie.
- Lequel ? pressa Telford.
- Le Chancelier nous a demandé de demeurer dans l’espace de Selkis jusqu’à la fin de la semaine. Il m’a promis que d’ici là, il serait en mesure de nous apporter une réponse. Cela ne peut signifier que deux choses…
-Soit il a dorés et déjà pris la décision de nous refuser l’aide de la Confédération, coupa Telford, anticipant ce que Woolsey allait dire, soit il entrevoit une solution pour secourir le Destinée. On ne communique pas de délai de réponse sans connaître cette dernière par avance.
- Oui. Espérons toutefois que la seconde hypothèse soit la bonne… »
***
Ervin Lamarch tînt ses engagements. Cinq jours après son entrevue avec Richard Woolsey, il invita les représentants terriens à se rendre sur Selkis, au Palais de la Chancellerie.
La délégation terrienne, outre le représentant du CSI, comprenait également le Colonel Samantha Carter et le Colonel David Telford. Le protocole prévoyait également une escorte militaire composée de six marines.
Le George Hammond téléporta le groupe directement au pied de l’édifice gouvernemental, un immense bâtiment rectangulaire en pierre grise, surmonté d’un dôme dont la forme et le style rappelaient vaguement celui de la Maison Blanche.
La Chancellerie était au cœur de Telsia-Eynedia, la ville capitale de la Planète Selkis. Peuplée d’un peu plus d’un million d’habitants, la cité avait un aspect futuriste, avec ses gratte-ciel en forme cylindrique et ses véhicules volants.
Les Terriens furent conduits jusqu’au Bureau du Chancelier où les attendaient, assis à la table ovale, ce dernier ainsi que deux autres personnes : un homme portant l’uniforme de la Marine Spatiale confédérée, âgé d’une soixantaine d’années et une femme, visiblement beaucoup plus jeune, habillée en civil et dont la rousseur des cheveux irradiait dans la pièce.
Lamarch se chargea de faire les présentations. L’individu en uniforme militaire était le Général Tiron Serannis et représentait officiellement le Commandement Suprême de la Flotte Militaire Confédérée. La jeune femme était, quant à elle, une éminente tête pensante du Département Recherche et Développement au Ministère des Sciences. Le Docteur Kiera Lyonsson salua les représentants terriens d’un vague geste de la tête.
« Bien, fît le Chancelier, invitant tout le monde à prendre place, je pense que nous pouvons commencer. Tout d’abord, Monsieur Woolsey, fît-il en s’adressant au chef de la délégation terrienne, je pense que je vous dois des excuses.
- Pour quelle raison ? interrogea ce dernier.
- Lors de notre entrevue, je vous ai laissé m’exposer votre découverte relative au neuvième chevron et au Destinée, je vous ai même questionné, vous demandant de plus amples détails…
- Alors qu’en réalité, je ne vous apprenais rien du tout ou du moins pas grand-chose de nouveau, anticipa Woolsey. Vous vouliez tout au plus me tirer les vers du nez.
Le Chancelier acquiesça d’un signe de tête. Samantha Carter souriait sous cape. Richard Woolsey ne s’était pas trompé !
- Je ne pouvais rien vous dire sur le moment, pas sans l’accord de notre armée et de notre Conseil de Sécurité. C’est pourquoi je vous ai demandé de patienter durant ces cinq jours.
- Pardonnez-moi de vouloir presser un peu les choses, Chancelier, intervint le Colonel Telford, mais avez-vous une solution concrète à nous proposer ?
- Il s’agirait plutôt d’un début de solution, Colonel, fît Lamarch en se saisissant d’une télécommande qui était posée sur la table ovale. Il dirigea cette dernière vers le plafond.
Aussitôt, apparût au dessus de la table une image holographique en trois dimensions. Cette dernière représentait un vaisseau spatial dont la forme évoquait un peu celle d’une ancre marine, la partie la plus large étant située à la poupe de l’appareil… Une forme que Telford reconnût aussitôt…
- Mais c’est le…
- Oui, je dois reconnaître que la ressemblance doit être assez troublante, Colonel Telford. Toutefois, ce vaisseau n'est pas le Destinée. Il appartient à notre flotte et se nomme le Messager.
Richard Woolsey et Samantha Carter échangèrent des regards mêlés de stupeur et d’incompréhension.
- Je ne comprends pas, fît cette dernière. Toutes nos informations tendaient à affirmer que le Destinée était un modèle unique… Comment êtes-vous entrés en possession de ce vaisseau ? demanda-t-elle en désignant l’hologramme.
- Je vais laisser le soin au Général Serannis de répondre, dit Lamarch tout en invitant l’officier militaire à prendre la parole.
Ce dernier se leva et saisit la télécommande que lui tendit le Chancelier. L’image du Messager disparût, laissant la place à une carte stellaire. Visiblement cette dernière représentait la galaxie d’Andromède.
- Il y a trente de vos années terrestres, commença Serrannis, l’une de nos flottes effectuait une patrouille de routine aux limites du territoire Confédéré. Cette dernière capta un signal sub-spatial inconnu. Sa piste mena la flotte jusqu’à un immense astéroïde dont les dimensions atteignaient la moitié de celles d’une lune.
L’image de ce dernier s’afficha aussitôt dans la pièce. L’hologramme se mît en mouvement, décrivant une rotation sur lui-même.
- Nos vaisseaux, poursuivit le Général, procédèrent alors à une analyse complète du corps astral et révélèrent la présence d’une structure artificielle en son cœur même.
- Qu’entendez-vous par « structure artificielle » ? intervînt Telford.
- Pour être bref, cet astéroïde abritait une immense base, comportant des habitations civiles, des laboratoires de recherche ainsi qu’un vaste chantier de construction naval. Nous avons estimé que ces installations pouvaient accueillir facilement cinq mille personnes.
- Étaient-elles habitées lorsque votre patrouille a découvert les lieux ? demanda Woolsey.
- Non, l’endroit était désert, visiblement depuis très longtemps. Mais hormis les dommages causés par l’usure du temps, la base était intacte. Nous avons pu remettre en service l’ordinateur central et accéder à ses bases de données. Les informations qu’elles contenaient étaient rédigées en langue Ancienne, ce qui ne laissa aucun doute quant à l’identité des constructeurs de ce complexe.
- Qu’avez-vous appris de ces informations ? interrogea Carter.
- Que ce complexe a été construit il y a environ deux millions d'années, et qu’il était dédié à des recherches sur la propulsion VSL - Vitesse Supra-Luminique. Nous avons découvert que les Anciens ont tout d’abord construit une première génération de vaisseaux dotés d’un moteur capable d’atteindre une vitesse largement supérieure à celle de la lumière. Cette première génération aurait été conçue sur une planète située dans une galaxie lointaine.
- La Terre, conclut Telford.
- Nous l’ignorions à l’époque, acquiesça le Général. Nous n’avons pu faire le lien qu’avec les informations que Richard Woolsey a révélées au Chancelier il y a cinq jours.
- Si je comprends bien, intervînt Woolsey, ce complexe a été construit bien après que le Destinée ait quitté la Terre.
- Exact. D’après les données compilées dans l’ordinateur central, les Anciens ont développé une seconde génération de vaisseaux. Visiblement, des améliorations importantes ont été apportées au moteur VSL. La première génération était capable d’atteindre une vitesse dix fois supérieure à celle de la lumière alors que la seconde portait ce chiffre à cinquante.
- Le Messager est-il issu de cette dernière génération ? demanda Telford.
- Absolument. Nous l’avons découvert, accosté, à l’un des docks du chantier naval.
Toutefois, sa construction n’était visiblement pas achevée. L’armement n’était pas installé, des pans entiers du vaisseau étaient à l’air libre. Fort de cette découverte, la Confédération a dépêché sur la base ses meilleurs scientifiques et techniciens. Tout le complexe a été remis en service. Les bases de données ont été sauvegardées, leurs informations passées au crible. Nous avons pu mettre la main sur les plans de construction du Messager ainsi que sur les travaux de recherche liés au nouveau moteur. Il nous a fallu prés de dix ans pour assimiler toutes ces connaissances. Suite à quoi, nous avons achevé la construction du vaisseau, tout en l’agrémentant de nos technologies de pointe.
- Tout ceci va à l'encontre de ce que nous savons des Anciens, intervînt Carter. Nous savons qu'ils avaient prévu à l'origine de rejoindre le Destinée au moyen de la porte des étoiles mais qu'ils ont abandonné ce projet au moment de la découverte de l’Ascension. Or, d’après vos informations, cette base aurait été construite après cet évènement. Cela ne colle pas.
- Certes, mais il est fort possible qu'un groupe d'Anciens ait décidé de ne pas suivre le chemin de l'Ascension et qu'il ait quitté la Voie Lactée pour s'établir dans la galaxie d'Andromède. Après-tout, ce ne serait pas la première fois qu'une dissidence au sein de leur communauté se produise.
- Cet appareil fait-il partie de votre plan ? avança Woolsey, désireux de revenir à l'objet initial de cette réunion.
Serannis hocha la tête et invita le Chancelier Lamarch à prendre le relais.
- Notre idée, poursuivit ce dernier, serait de mettre sur pied une mission de sauvetage conjointe. Nous lançons le Messager à la poursuite du Destinée. Nous fournirons chacun de notre côté de manière équitable les ressources humaines et matérielles nécessaires. Précisons toutefois que le vaisseau sera manœuvré par un équipage et un Commandant Confédérés.
- Je ne vois sur ce dernier principe aucun inconvénient, commenta Richard Woolsey. Je trouve en revanche beaucoup plus à redire sur le plan en lui-même. Votre projetez de partir à la rencontre d'un vaisseau qui se trouve actuellement à plusieurs milliards d’années lumière de notre position et ce, avec un appareil doté d'une propulsion archaïque. Je crains qu'il ne reste plus personne à secourir lorsque les deux vaisseaux se seront rejoints.
Le demi-sourire qu’afficha alors le Chancelier indiqua qu’il n’avait pas encore abattu toutes ses cartes.
- Docteur Lyonsson ? fît Lamarch en se tournant vers la scientifique.
La jeune femme, qui n’avait pas encore prononcé le moindre mot depuis le début de la réunion dut se racler la gorge avant de prendre la parole.
- Laissez-moi tout d’abord vous montrer ceci, fît-elle en pointant la télécommande vers l’émetteur du projecteur holographique.
L'image en trois dimensions du Messager apparut à nouveau.
- Lorsque nous avons pris la décision de poursuivre la construction de ce vaisseau, commença Lyonsson, croyez bien que ce n'était pas dans le but d'exploiter la propulsion VSL. En revanche, nous trouvions tout à fait remarquable sa faculté à pouvoir recharger son énergie en traversant les étoiles. C'était de très loin le système le plus abouti pour obtenir une autonomie quasi-illimitée.
- Mais qu'en est-il pour la propulsion ? demanda Telford.
- Nous l'avons tout simplement remplacée par une toute nouvelle technologie, qui n'a d'ailleurs pour le moment été implémentée sur aucun autre appareil de notre flotte.
La jeune femme, désireuse de tenir son auditoire en haleine laissa sa dernière phrase en suspens. Ce Docteur Lyonsson est la version féminine de Rodney McKay, pensa Carter.
- Peut-être pourriez vous nous en dire un peu plus à ce sujet ? Invita Woolsey.
- Laissez-moi vous poser une question, Monsieur, reprit Lyonsson. Aujourd'hui, à votre connaissance, quel est le moyen le plus rapide pour se déplacer entre deux galaxies ?
- Je dirais sans hésiter la porte des étoiles mais...
- Effectivement, le vortex généré par cette dernière permet un déplacement infiniment plus rapide que la plus performante des hyper-propulsions.
- Vous ne faites qu'enfoncer une porte ouverte...
- Cette technologie se limite toutefois au passage d'êtres vivants, compte-tenu des dimensions standard des portes, trop petites pour laisser passer un vaisseau spatial. Imaginez un instant que cette contrainte soit levée.
- Je vous répondrais, Docteur, que cela ne constituerait en rien une inovation. Les Oris, afin de nous envahir, avaient construit une super-porte des étoiles dans la Voie Lactée.
Une super porte fonctionnait selon le même principe qu’une porte « classique » ; la différence notable résidait en sa taille gigantesque, conçue pour y faire passer des vaisseaux spatiaux.
- Vous m'avez sans doute mal comprise, Monsieur Woolsey. Lorsque je parlais de contrainte, je ne pensais pas à la taille, mais plutôt à la nécessité d'utiliser une porte afin de générer un vortex.
- Que voulez-vous dire ? fît le représentant du CSI en fronçant les sourcils.
- Que nous avons mis au point un dispositif permettant au Messager de composer une adresse et générer un vortex de manière autonome, c'est à dire, sans porte des étoiles !
L'annonce de cette nouvelle provoqua l'incrédulité générale au sein de la délégation terrienne.
Samantha Carter était toutefois plus perplexe que stupéfaite. La génération et le maintien d'un vortex permettant le passage d'un vaisseau spatial demandait une quantité d'énergie phénoménale. Seul un trou noir ou une micro singularité étaient en mesure de la fournir en abondance, ce qu'elle fît remarquer au Docteur Lyonsson
- Ce n'est plus vrai désormais répondit la scientifique. Nous avons mis au point un générateur qui nous permet de nous passer de l'énergie provenant de l'antimatière et …
- Docteur, coupa le Chancelier, vous aurez tout le loisir d'échanger avec le Colonel Carter sur ce sujet après cette réunion. Veuillez poursuivre votre exposé sur le Messager, je vous prie.
- Je vous prie de m'excuser, Monsieur, fît la jeune femme en rougissant. Je voudrais maintenant vous montrer ceci, dit elle en utilisant à nouveau la télécommande
Une immense carte stellaire s’afficha. Des points lumineux clignotaient en surbrillance. Un segment partant du point situé le plus à gauche de la carte vint joindre le point le plus proche de ce dernier. Puis un autre segment se dessina et reproduit la même opération avec le point suivant. Et ainsi de suite.
- Ce que vous voyez actuellement n’est autre que le parcours du Destinée depuis son départ de la Terre, poursuivit le Docteur Lyonsson.
Le Colonel Telford reconnut immédiatement ce tracé. Le Docteur Nicholas Rush lui avait montré le même lorsqu’il se trouvait à bord du Destinée
- Comment avez-vous eu accès à ce plan de vol ? demanda-t-il, stupéfait.
- Nous l’avons découvert dans la base de données du complexe des Anciens, répondit la scientifique. Le Messager était normalement censé suivre la même route que son ancêtre. Si vos informations sont exactes, Monsieur Woolsey, et que le vaisseau se trouve effectivement à approximativement dix milliards d'années lumière de la Terre, alors il devrait se situer dans ce secteur, fît-elle en effectuant un agrandissement. Un cercle entoura cinq points contigus.
- Ce qui représente tout de même cinq galaxies à explorer, fit remarquer Samantha Carter.
- Cela ne sera pas si fastidieux pour autant, intervint le Général Serannis. D'une part, nous connaissons le plan de vol du Destinée et donc l'ordre dans lequel nous devrons les inspecter. Par ailleurs, nous disposons d'un indice primordial . Nous savons que le vaisseau est actuellement en vol VSL entre deux galaxies, la première étant celle où se trouvaient les fameux drones qui l'ont attaqué. Si nous les trouvons, il ne nous restera plus qu'à nous rendre vers le prochain amas d'étoiles figurant dans le plan de vol.
- Ce que vous suggérez est fort risqué. Vous semblez ignorer la puissance de destruction de ces machines. Vous enverriez ainsi tout droit le Messager et son équipage dans la gueule du loup ! S'alarma Woolsey.
- Nous avons équipé ce vaisseau avec un armement dernier cri et les plus solides des boucliers et chacun d'entre eux est renforcé par un EDPZ. Il en va de même pour les moteurs sub-luminiques. Croyez-moi, nous n'avons pas pour habitude de sous-estimer une menace. Mais je peux vous affirmer que le Messager est prêt pour un éventuel affrontement avec ces drones.
- Soit, concéda Telford. Il ne suffit pas toutefois de retrouver le vaisseau et son équipage. Comment allons-nous par la suite ramener tout ce petit monde à bon port ? Dois-je vous rappeler que le Destinée est en fort mauvais état et qu'il ne supportera pas la durée du voyage retour ?
- Le Messager n'arrivera pas les soutes vides, intervint le Général Serannis. Nous avons lu les rapports que vous avez rédigé, Colonel Telford ainsi que ceux du Colonel Everett Young. Ces documents nous ont été précieux afin évaluer l'étendue des réparations de première nécessité à effectuer. Nous transporterons les matériaux et pièces détachées adéquates et procéderons aux travaux avant d'envisager le retour.
- Il reste bien évidement une foule de détails à régler pour préparer cette expédition, reprit Lamarch. Il semble toutefois prématuré de les évoquer maintenant. Monsieur Woolsey, lors de notre dernière entrevue, vous attendiez de nous avant tout des idées. Ce que nous vous proposons est à mon sens votre seul recours envisageable. Toutefois, étant donné que l'équipage du Destinée est d'origine terrienne, il me semble juste que la décision de mener à bien ou non cette mission de sauvetage vous revienne.
- J'entends bien, Chancelier. Votre plan est vraiment inespéré pour le coup. Je ne puis cependant vous donner de réponse immédiate, n'étant pas investi de pouvoir décisionnaire. Je soumettrai votre proposition à notre Conseil de Surveillance dés notre retour sur Terre.
- Ce dernier est-il toujours présidé par Coolidge ?
- Toujours, fît Woolsey en souriant.
- Alors vous n'êtes pas au bout de vos peines compatit, le Chancelier.
- Rassurez-vous. Je pense qu'il comprendra assez rapidement qu'il est dans son propre intérêt et celui du Conseil de donner l'aval pour cette expédition... Comme vous vous nous le faisiez justement remarquer, il s'agit de notre unique recours. »