Sokar

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Sokar
Mythologie
Égyptienne
Nom
Sokar, Seker, Sekery
Autres noms
Sokaris
Fonctions
Dieu funéraire et du monde souterrain
Fonctions secondaires
Dieu de l'artisanat et patron des forgerons
Représentation
Homme momifié à la tête de faucon
Région de culte
Égypte antique
Temple
Memphis

Présentation

Sokar, ou Sokaris, est un dieu funéraire, celui qui surveillait l'entrée dans le monde souterrain et protégeait les nécropoles dans la mythologie égyptienne. Son nom signifie "Celui qui est adoré", c'est pourquoi Sokaris est progressivement devenu aussi le patron des artisans, et plus particulièrement des joailliers, des orfèvres et des forgerons.

Dieu du monde nocturne et souterrain, Sokar symbolise la mort, et régnait sur la nécropole de Rosetaou, « les portes des corridors » qui communiquait directement avec le monde inférieur. Il est garant des transformations nocturnes du mort mais aussi du soleil, et devint le dieu à l'origine du processus de réincarnation.

Il était représenté sous la forme d'un homme à tête de faucon, mais peut aussi prendre l'aspect d'une momie parfois coiffée d'une couronne conique complexe comprenant des cornes de disques et les cobras. Il porte parfois la couronne blanche, une barbe postiche et tient les deux sceptres royaux : le Héqa et le Nekhekh.

Une embarcation particulière lui fut attribuée : la barque Hénou, dont la proue était ornée d'une tête d'oryx, sorte d'antilope qui lui est personnellement dédiée, dont la signification n'a pas été découverte, allusion à la cérémonie donnée en son honneur à Memphis, et qui servait à conduire les morts vers les contrées célestes.

Son lieu de culte principal se situait à Memphis, capitale du premier nome de Basse-Égypte fondée vers -3500. C'est donc un dieu très ancien présent dans le culte de Ptah dès le début de l'Ancien Empire. Ptah étant un dieu très ancien lui aussi, Sokaris représente l'une des conceptions les plus primitives de la mort.

À partir de la Troisième période intermédiaire, Sokar perd son caractère propre et est associé à Ptah puis à Osiris en une seule divinité syncrétique, Ptah-Sokar-Osiris, symbolisant le cycle annuel de vie : naissance, mort, renaissance, ou création, métamorphose, renaissance.

La fête la plus importante en son honneur se déroulait tous les six ans, pendant la saison Akhet le vingt-sixième jour du mois de koïak. Il existait également un festival à sa gloire à Thèbes, nommé le festival de Hénou, pendant lequel une image de Sokaris était transportée dans une barque Hénou, représentant le passage en bateau contenant le défunt sur les champs d'Ialou.

À noter que l'on trouve parfois dans les textes une déesse appelée Sokaret, parèdre féminine de Sokar, qui s'applique à Isis en tant que femme d'Osiris, ou à Hathor, « sœur divine de Sokar ».

Histoire

Très ancienne divinité funéraire, l'histoire du dieu Sokar, ou Sokaris, remonte à la fin de la période prédynastique (vers -3500 à -3150 avant J.C), dans la cité antique de Memphis non loin de la ville actuelle du Caire. À cette époque, Sokar fut le protecteur de la nécropole de la cité. Son culte le présente comme veillant à l'entrée du monde souterrain, appelé Rosétaou, ce qui signifie "la porte des grottes" et se tenait à l'entrée du passage menant aux « régions mystérieuses », un étrange pays des morts où Ra ne pouvait pas pénétrer.

Au début, il partagea avec Ptah la fonction de patron des ouvriers et des artisans. Un texte précise même que la protection de Ptah s'étendait aux travailleurs du bois et de la pierre, celle de Sokaris aux fondeurs de métaux. En tant que dieu de l'artisanat, Sokar était vénéré par ceux qui lui demandaient de les aider dans leur métier. Ainsi, pendant l'Ancien Empire (vers 2575 à 2134 av JC), Memphis s'est élevée au rang de capitale de l'Égypte. L'art et la culture fleurirent, et de vastes nécropoles furent construites à proximité de la cité.

A la fin de cette période, la nature de Sokar avait changé. Les spécialistes estiment que cette modification pourrait être due au nombre croissant d'artisans nécessaire à la production des matériaux et des articles funéraires destinés aux nécropoles. En effet, Sokar était lié à la production des outils utilisés pour les rites funéraires, et à la renaissance des rois dans l'au-delà. Dans une tombe de la vallée des Rois, il est représenté comme un dieu à tête de faucon debout sur un serpent démoniaque à plusieurs têtes, soulignant son pouvoir sur le monde de l'au-delà et de ses habitants.

Puis, Sokaris fut appelé aux côtés de Ptah à présider la grande cérémonie d'ouverture de la bouche du défunt, dont le but était de préserver les principales fonctions dans la perspective de la survie. Cette promotion lui valut le titre de "dieu des morts", qu'il partagea avec Osiris et Ptah, triade regroupant les fonctions primordiales des divinités : création, métamorphose et résurrection.

Thoutmosis III en offrande à Sokaris - Basse chapelle d'Anubis - Temple de Louxor

Plus tard, durant le Moyen Empire, lorsque Ptah devint le dieu des artisans et un dieu de la réincarnation, Sokaris, qui était déjà le dieu d'une classe d'artisans et le dieu à l'origine du processus de réincarnation, fut assimilé à ce dernier. Finalement, l'identité de Sokaris fut mélangée à celle de Ptah pour devenir Ptah-Sokar. Au début du Nouvel Empire, Ptah-Sokar, en tant que dieu funéraire, fut assimilé par syncrétisme à la divinité mortuaire plus importante Osiris, devenant Ptah-Sokar-Osiris.

Les Textes des Pyramides accordent à Sokar un rôle essentiel dans les transformations du défunt placé au seuil du royaume des ténèbres. Dans le Livre de l'Amdouat, la caverne de Sokaris s'ouvre à la cinquième heure. On fabriquait des figurines de Sokaris en terre glaise pour célébrer la fin de l'inondation et il fut associé aux rites de la résurrection d'Osiris. Au Nouvel Empire (1549-1080), l'influence de Sokaris faiblit devant l'éclat croissant d'Osiris et de Ptah, mais il garda ses fonctions de gardien des premiers moments de la survie.

Lors de la Basse Époque (747 à 332 av J.C.), et ensuite à l'époque ptolémaïque, des statues en bois de Ptath-Sokar-Osiris faisaient partie du mobilier funéraire des défunts. Ces déités combinées une seule entité incarnait les trois aspects de la cosmologie égyptienne symbolisant le cycle annuel de vie : la création, la stabilité et la mort.

Le culte de Sokar

Discret dans la mythologie, Sokar est davantage perceptible dans le culte qui lui fut rendu. En dépit de la concurrence d'Osiris, il conserva une grande place dans les fêtes qui animaient le pays. Quoique plus discret, son rôle au sein des nécropoles lui valut aussi une reconnaissance inconditionnelle de la part du peuple. Néanmoins, il sut se faire une place parmi les plus grands. Les litanies d'offrandes à Sokar en tous ses noms inscrites aux murs des temples d'Abydos et de Médinet-Habou, ont conservé pas moins d'une quarantaine de noms de sanctuaires dédiés à ce dieu. Memphis y figure bien sûr en bonne place, où on y honorait la divinité elle-même, mais également sa barque Henou.

La fête "de la sortie de Sokaris", principale fête organisée en son honneur, se déroulait tous les six ans, le vingt-sixième jour du mois de koiak (ou Khoiak) dans la saison Akhet, au moment où l'inondation se retire des terres. Avec pour cadre la cité de Memphis, cette fête était célébrée au bénéfice des défunts. La statue de Sokar, placée dans sa barque Henou était promenée sur un traîneau, le Mefekh, autour des remparts de la ville. Dans la procession figurait un âne, substitut magique du dieu Seth. À ce titre, le pauvre animal était roué de coups avant d'être mis à mort par le roi ou le pharaon lui-même. La victoire du bien organisé sur le mal chaotique prenait ici un aspect douloureusement théâtral.

Représentation de la barque Henou de Sokar - Temple d'Hathor de Deir el-Medineh

Le 22 du mois, on procédait au "rite d'ouvrir la terre" préparateur des semailles nourricières. Quant au 25, avait lieu une grande fête de liesse populaire, la "fête Netjeryt" pour laquelle il était d'usage de porter autour du cou des colliers d'oignons. Par la suite, une dévotion était rendue non pas seulement à Sokar, mais à sa barque et à son traîneau eux-mêmes divinisés. Certains actes rituels nécessitaient l'absolue présence de Sokar. C'était le cas pour la consécration des temples. On plaçait souvent une statue de Sokar dans les tombes, sur laquelle figurait le Livre des morts. Les Grecs de la Basse Époque (-656 à -332 avant J.C) mentionnaient Sokar comme étant une forme d'Osiris.

Les lieux de cultes de Sokar étaient dans toute l'Égypte, mais particulièrement à Memphis. En tant que patron des nécropoles, il fut vénéré dans tous les sites funéraires, qu'ils furent royaux ou populaires. Sokar était aussi présent dans les grands temples d'Amon, celui de Karnak en particulier. La place où il fut le plus à l'honneur fut dans les temples funéraires de la rive occidentale du Nil comme ceux de : Deir el-Bahari, Deir el-Médineh, Médinet Habou, etc... Son culte fut également attesté dans d'autres grands sanctuaires où il partageait les honneurs avec les plus grands dieux comme à : Dendérah, Edfou, Philae, etc...

Légendes et mythes

Les légendes sur Sokar le rapprochent du maître du royaume des morts, en tant que dieu des nécropoles, mais, à la différence de ce dernier, il ne fut associé à aucun des grands cycles mythiques. Sokar vécut semble-t-il un peu en retrait des grands faits de la mythologie. Pourtant, en tant que dieu des artisans, titre qu'il partagea avec Ptah, patron des forgerons et dieu funéraire, il fut une divinité qui, à défaut d'avoir été incontournable, comptait beaucoup dans le pays. Son assimilation à Ptah, en tant que Ptah-Sokar démontre son importance, mais explique aussi, sans doute, que Sokar passa au second plan. On ne lui connaît pas de famille.

Dans un premier temps tout du moins, puisque que conformément à l'habitude, les Égyptiens et le clergé l'en dotèrent progressivement. À commencer par sa mère, identifiée comme étant la déesse Nout. Puis une parèdre du nom de Sokaret lui fut attribuée. Mais celle-ci demeure discrète. Plus tard, au Nouvel Empire (-1549 à -1080 avant J.C), Nephtys se tiendra à ses côtés comme compagne. Mais aucune histoire relative à leur relation ne nous est contée par les textes ou les peintures. Sokar fut néanmoins fort proche de quelques-unes des plus grandes déesses du panthéon. Parmi elles on trouve : Bastet, Hathor et Sekhmet, réputées pour leur tempérament de feu.

Le principe de l'assimilation d'un dieu par un autre est une constante de la religion égyptienne. Lorsqu'il y a assimilation, il y a juxtaposition des noms des dieux concernés. Aucun ne disparaît au profit de l'autre. Sokar fit comme d'autres divinités l'objet de plusieurs assimilations dont la plus fameuse est celle l'associant au dieu Ptah sous le nom de Ptah-Sokar. Ptah, dieu de Memphis, fut dans la ville une grande figure du panthéon au point qu'on le croyait créateur du monde à l'instar de Ra.

La fête de Ptah-Sokar-Osiris

Puis, cette divinité fut assimilée à Osiris. Aussi parle-t-on très souvent dans les textes de Ptah-Sokar-Osiris. Tous trois, il est vrai, régnèrent sur les profondeurs du monde. Les noms attachés à Sokar en témoignent. "Je suis le maître des cavernes", disait Sokar. Des cavernes infernales situées aux confins du désert. Là, il travaillait le métal, comme le fit plus tard Héphaïstos pour les Grecs, ou Vulcain pour les Romains. "Je suis le maître de l'entrée de l'Amdouat", car les cavernes de Sokar étaient un accès au monde d'en dessous, le royaume des morts. Sokaris n'y régnait pas comme le fit Osiris, mais il en connaissait l'accès et le protégeait.

De ce fait, il fut très présent à Memphis dont il gardait la nécropole. Protecteur, il le fut aussi du roi ou du pharaon défunt. Ainsi, lorsque celui-ci décédait, Sokar opérait les rituels de purification et, avec Ptah, d'ouverture de la bouche, rites indispensables pour la survie dans l'au-delà. Cette cérémonie, destinée à transmettre au défunt les facultés d'accéder à la vie éternelle, était pratiquée sur la momie au moment des funérailles.

La vie dans l'au-delà étant en tout point semblable à la vie terrestre, il fallait que le mort puisse de nouveau accéder à la nourriture. C'était une priorité pour les Égyptiens puisque l'ouverture de la bouche redonnait aux organes l'énergie nécessaire à leur fonctionnement. Dans le cas du souverain, c'était Sokar, accompagné de Ptah, qui au travers des gestes du prêtre effectuaient cette opération. Enfin, Sokar se dressa sur la barque Henou qui emmenait le roi ou le pharaon vers sa nouvelle destinée. Gardien, protecteur et accompagnateur, tels sont les mots qui résument au mieux les missions de ce dieu particulièrement discret.

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