Héliopolis

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Héliopolis
Mythologie
Égyptienne
Nom grec
Héliopolis
Nom égyptien
Iounou, Onou

Présentation

Héliopolis, ce qui signifie en grec « la maison, ou la ville du soleil », est le nom donné à l'antique cité de Onou (ou Iounou, « la ville du pilier ») dans le delta du Nil, capitale du treizième nome de Basse-Égypte. Le site archéologique d'Héliopolis couvre aujourd'hui les quartiers d'Aîn-ech-Chams "L'Œil du Soleil", de Matarieh et de Tell el-Hisn. De ce fait, la ville antique a presque disparu sous la ville moderne.

Son nom est également attribué de nos jours à un quartier de la banlieue du Caire, également connu sous le nom arabe, Masr al-gidedah. La cité antique se situait au sud du delta du Nil à environ 10 km au Nord-est de ce quartier du Caire. Néanmoins, elle était, à l'époque pharaonique, reliée au Nil par un canal et son port devait se situer aux environs d'Atar en-Nabi au sud du Vieux-Caire, d'après les renseignements que nous livre le papyrus Haris.

Héliopolis est essentiellement connu pour être le principal lieu de culte des divinités liées au soleil sous la forme d'une triade : le dieu Khépri, représentant le soleil renaissant ; le dieu Ra, le soleil à son zénith et le dieu Atoum, le soleil couchant. Ces trois divinités finissent par se confondre en une seule représentée par l'astre solaire dont les trois états principaux, l'aube, le zénith et le crépuscule sont symbolisés par ces trois dieux.

Ainsi, d'après la mythologie égyptienne, le dieu solaire en constante transformation est à l'origine de la création du monde. Il renaît chaque jour pour disparaître chaque soir et continue ainsi son cycle éternel. De plus, de nombreux récits mythologiques découlèrent de cette cosmogonie dont ceux d'Isis et Osiris, de Seth et Horus, de Geb et Nout, de Sekhmet et de l'Œil de Ra.

Elle fut la capitale religieuse de l'Égypte antique et celle du 13ème nome de Basse-Égypte, le nome "du Sceptre intact" ou "du souverain fort". Dans leur titulature, quelques pharaons incorporeront dans leur nom de naissance (ou Sa-Rê) le terme Heqaiounou "Seigneur (ou Régent) d'Héliopolis" ou "Dieux Seigneur d'Héliopolis" marquant ainsi leur lien étroit avec la cité du soleil.

Histoire

Héliopolis fut le centre du culte solaire de l'Égypte et la capitale religieuse du pays. Elle fut à l'origine consacrée au dieu Atoum, dieu qui dans la genèse des divinités égyptiennes, occupe la place du créateur et qui sera plus tard la personnification du soleil couchant, sous une forme du dieu Ra. Atoum fut vénéré dans le temple principal qui était connu sous le nom Per-Ath "Grande Maison" et Per-Atoum "Temple d'Atoum". On vénérait aussi à Héliopolis toutes les divinités liées au soleil : le dieu Khépri, représentant le soleil renaissant ; le dieu Atoum-Rê, représentant le soleil couchant ; le Bénou, oiseau représentant l'âme de Ra qui le précède dans la barque céleste.

On y adorait aussi le dieu taureau Mnévis, animal sacré, incarnation terrestre vivante d'Atoum puis du dieu Ra, choisi par les prêtres selon des critères très stricts. Le taureau sacré était gardé dans le temple d'Héliopolis où il paissait dans un enclos sacré et à sa mort, il était enterré avec tous les honneurs. Plusieurs tombes de ces animaux furent mises au jour dans la cité au nord de l'enceinte du temple de Ra. La ville était également le siège d'un culte de la déesse Hathor, dame du sycomore. Selon la légende, c'est à Héliopolis, au milieu d'un bois sacré, que se trouvait l'arbre-ished, un perséa sacré, sur les fruits auxquels Thot inscrivait les noms de chaque souverain, héritier du trône d'Horus. Un autre arbre, l'acacia de la déesse Ioûsas, était déifié dans la cité.

Musée Matariya dans l'ancien site du temple d'Héliopolis

On y vénérait aussi Nebethetepet "la dame de la satisfaction", déesse coiffée de cornes de vache entourant un disque solaire. Elle fut créée tardivement en tant que contrepartie féminine d'Atoum, au même titre que la déesse Ioûsas. Cependant, à l'Ancien Empire (2647-2150) les cultes d'Atoum et de Ra entrèrent en concurrence avec celui du dieu Ptah, adoré dans la ville voisine de Memphis et dont le culte est attesté dès la période Thinite (v.3150-2647). En effet, les premières dynasties royales qui suivaient selon le mythe les ancêtres divins sur le trône d'Horus, choisirent pour nécropole le site de Saqqarah voisin de la cité du dieu Ptah et ce jusqu'à la IIIe dynastie, définissant du même coup l'emplacement de la résidence royale des premiers temps.

Histoire de la cité d'Héliopolis

Bien que les textes nous indiquent qu'Héliopolis fut un centre important pour la religion, la théologie, les sciences et la littérature, on ne sait que relativement peu de choses de la cité antique. La ville fut occupée depuis la période pré-dynastique (v.3500-v.3150 avant J.C.). Elle fut le berceau de la monarchie et elle entra dans l'histoire aux environs de 2900 avant J.C. du roi Djoser (-2628 à -2609 avant J.C., IIIe dynastie) jusqu'au pharaon Ptolémée II Philadelphe (282-246), l'œuvre monumentale des souverains y fut considérable. La cité connut notamment des campagnes de constructions intensives au cours de l'Ancien Empire et du Moyen Empire.

La cité se développa surtout sous le Nouvel Empire, comme capitale religieuse, lorsque Ra, sous le nom d'Amon-Rê, devint le dieu principal du panthéon égyptien. Le mythe d'Atoum lui aussi fusionna à cette époque dans le panthéon avec celui de Ra, qui était également le créateur et un dieu solaire, sous le nom d'Atoum-Rê, sous l'aspect d'un vieillard courbé. Héliopolis fut à cette période la seconde métropole après Thèbes. Ses deux principaux temples furent celui consacré à Atoum et un grand temple consacré à Ra, qui atteint son apogée sous le règne du pharaon Ramsès II, et comptait alors près de 13 000 prêtres à son service et servait de dépôt aux archives royales.

La ville fut également la source d'origine du culte de l'Ennéade du panthéon. Au cours de la période d'Amarnienne, le pharaon Akhenaton (ou Amenhotep IV) introduisit le monothéiste avec le culte d'Aton, dieu du disque solaire. Héliopolis se vit alors doter, pour diviniser ce dernier, d'un temple qui lui fut consacré nommé Ouetjes Aton "En donnant au disque solaire". Ahmose sera Grand prêtre de Ra à Héliopolis sous le règne de son frère (ou demi-frère) Thoutmôsis IV. Une stèle lui étant attribuée se trouve aujourd'hui au musée de Berlin et une statue brisée le représentant se trouve dans celui du Caire. Un des fils de la reine Néfertari et de Ramsès II, Mériatoum sera lui aussi Grand prêtre d'Héliopolis.

Statue de Séthi II faisant offrande aux Dieux Atoum et Shou - Héliopolis

Sous le Nouvel Empire, elle fut la seconde métropole après Thèbes. La cité était protégée par une enceinte cultuelle qui avait des dimensions extraordinaires, près d'un kilomètre de long sur 500 mètres de large. Elle était divisée en son milieu par un mur et s'ouvrait à l'Est et à l'Ouest par des grandes portes. Sa porte Est doit se trouver sous les habitations de Matarieh. Il ne subsiste aujourd'hui que la partie Sud de l'enceinte. La partie Nord, aujourd'hui sous la ville moderne, devait certainement être celle contenant les temples dédiés aux trois formes du dieu soleil : Khépri, représentant le soleil renaissant, Ra le soleil à son zénith et Atoum le soleil couchant.

Cependant, la cité commença à décliner à la fin de la période dynastique, surtout après la fondation d'Alexandrie et les Ptolémée la négligèrent complètement. Strabon, lors de sa visite, nous décrit une ville désertée, presque inhabitée. À l'époque romaine, Héliopolis appartint à l'Augustamnique, qui était une province romaine issue du démembrement lors du Bas-Empire. Selon Pline l'Ancien (écrivain et naturaliste romain, 23-79 après J.C), à cette époque sa population contenait un élément considérable d'Arabes. La ville était alors éclipsée depuis près de 300 ans par l'autre ville-lumière, Alexandrie devenue le nouveau phare de la civilisation. Mais c'est l'avènement des religions monothéistes, d'abord chrétienne, ensuite musulmane, qui se traduira par son abandon définitif.

Aujourd'hui, la ville est en grande partie détruite, ses temples et autres bâtiments ayant été utilisés pour la construction du Caire au Moyen-âge et peuvent être vus dans certaines parties de la ville. Cependant, sa partie enfouie sous la métropole du Caire nous révèle de temps en temps des richesses, comme en 2005 dans le quartier de Mostorod, qui jouxte la partie du site qui livra les monuments de Ramsès III et de ses successeurs, à l'occasion d'un chantier immobilier, toute une partie du parvis occidental de cet ensemble de temples fut mise au jour exigeant l'intervention du Conseil suprême des antiquités égyptiennes afin d'ordonner des fouilles d'urgence de sauvetage. Peu à peu sortent de terre des restes de colosses et de statues, des blocs de granites colossaux, des pans entiers de l'Héliopolis antique.

Héliopolis, ville des obélisques

Au cours de l'âge d'or d'Héliopolis, de nombreux obélisques ornaient la cité égyptienne. La symbolique qu'ils portaient était qu'à leur sommet était apparu pour la première fois le soleil comme il apparaît chaque matin. Cependant, au fil des siècles, ils furent retirés et envoyés pour orner les grandes villes grecques et romaines. Ainsi, on les retrouve actuellement dans les places et parcs du monde entier, au moins six obélisques de grandes tailles, qui viennent des temples solaires, juste pour les villes d'Europe.

Par exemple les "Aiguilles de Cléopâtre", qui est le surnom donné à deux obélisques datant du règne du pharaon Thoutmôsis III, marquaient à l'époque romaine l'entrée du Cæsarium. Ces obélisques n'ont aucun rapport avec les reines Cléopâtre de la période Ptolémaïque. Aujourd'hui, l'une des Aiguilles de Cléopâtre se trouve à Londres, sur la rive de la Tamise et l'autre dans Central Park à New York. Un autre obélisque, d'une hauteur de plus de 23 m datant du pharaon Séthi I, se trouve actuellement sur la Piazza Del Popolo à Rome. Enfin aux Piazza della Rotunda et via delle Terme, se dressent deux obélisques de Ramsès II.

Fragments de colonnes papyriformes du Nouvel Empire trouvées à Héliopolis - Le Caire

Héliopolis, aujourd'hui, possède encore le plus ancien obélisque toujours dans sa position initiale. Du grand temple dédié à Ra et de ses quartiers pour les prêtres, il ne reste plus rien sauf une partie du tracé de l'enceinte du principal sanctuaire et un obélisque qui fut érigé sous le règne du roi Sésostris I pour fêter le jubilé de ses 30 ans de règne (fête Sed). Il est en granit rouge et fait 20,70 mètres de haut pour un poids de 120 tonnes. Il marquait sans doute, avec d'autres, l'entrée d'un des principaux temples. Ramsès II acheva la décoration de l'obélisque du sanctuaire de Ra et fit ériger de nombreux monuments dans son enceinte, avec leurs propres obélisques, dont au moins trois seront ramenés à Rome.

Plus tard, les Romains, lors de l'occupation du pays, retirèrent les nombreux obélisques de la ville pour orner les villes du Nord du Delta et utilisèrent les pierres des édifices de la ville comme matériaux de construction pour d'autres cités. Des fragments d'obélisques découverts récemment au large de l'île de Pharos à Alexandrie sont visibles aujourd'hui au musée en plein air installé à proximité de l'odéon romain de Kom el-Dick.

Le temple du dieu-solaire Ra

Héliopolis était essentiellement connu pour avoir eu un grand sanctuaire qui était en fait un ensemble de temples dédiés à Atoum-Rê. Ils étaient sans doute reliés entre eux et formaient le plus grand temple d'Égypte. Le plus important était celui de Ra, mais de ce temple et ses quartiers pour les prêtres, il ne reste plus rien, sauf une partie du tracé de l'enceinte du principal sanctuaire et un obélisque au nom du roi Sésostris I qui marquait sans doute, avec d'autres, l'entrée. La moitié de la surface décrite au XIXème siècle par les explorateurs de Napoléon, lors de la campagne d'Égypte, est actuellement sous la ville moderne. Le reste est aujourd'hui entouré de clôtures, protégé ainsi contre l'avancée de la ville du Caire.

Le plan général de ce grand temple consacré à Ra est assez identique aux temples solaires construits par les rois de la Vème dynastie retrouvés à Abou Ghorab dont il se serait inspiré. Depuis le début de l'histoire du pays, au fil des dynasties, les rois érigèrent dans le sanctuaire des obélisques à la gloire du dieu-soleil. De plus, on a retrouvé des vestiges de constructions dédiés aux dieux Geb et Seth, deux des neuf divinités de la Grande Ennéade qui étaient vénérées à Héliopolis, datant du règne du roi Djoser. Le temple de Ra atteint son apogée sous le pharaon Ramsès II qui acheva la décoration de l'obélisque et fit ériger de nombreux monuments dans son enceinte, avec leurs propres obélisques, dont au moins trois seront ramenés à Rome.

Statue du temple d'Héliopolis

L'un des obélisques du temple se trouve aujourd'hui à Florence, en face du Palais Pitti et les deux autres sont encore à Rome : un sur la Piazza della Rotunda et l'autre sur la viale delle Terme. Sous le règne de Ramsès II, le temple comptait près de 13 000 prêtres à son service et servait de dépôt aux archives royales. Une maquette en pierre du site fut mise au jour au Nord, à Tell Yahoudieh, et date du règne du pharaon Séthi I. Il s'agit d'une sorte de stèle en pierre taillée. Elle porte sur ses côtés et sa face principale un motif dédicatoire du pharaon. Il y est représenté agenouillé faisant des offrandes au dieu Atoum. Le dessus est formé d'un plateau qui présente un dénivelé traversé par un escalier à double rampe qui accède à une terrasse.

La maquette n'est peut-être pas terminée puisque sur cette terrasse ont été dessinés et creusés des espaces qui semblent être faits pour recevoir d'autres pièces que l'on pourrait ajouter pour la compléter. La reconstitution de l'ensemble nous permet d'affirmer que l'on est en possession du plan de l'entrée du temple d'Atoum, avec son pylône monumental, précédé de colosses, de sphinx et d'obélisques, auquel on accédait par un escalier. Les fouilles n'ont pour l'instant concerné que l'entrée, le pylône et ses abords et la partie Ouest. Parmi les dépendances du temple, des magasins de stockage et des ateliers ont été mis au jour. On y a également dégagé des statues importantes, dont une qui à la tête qui mesure près de six mètres de haut et une grande statue de Ramsès II représenté en tenue de Grand prêtre.

La stèle des victoires du pharaon Piânkhy nous a permis de déterminer qu'il existait à Héliopolis un temple consacré au dieu Ré-Horakhty distinct de celui d'Atoum, puisque le roi y relate ses visites successives : "Il pénètre par l'Est dans la maison de Khépri avant d'accéder à la maison de Benben le Hout-Benben (la maison des obélisques) et enfin de parvenir au temple d'Atoum".

Source : http://antikforever.com/Egypte/main_egypte.htm

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