Némésis

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Némésis
Mythologie
Grecque
Nom
Némésis
Fonctions principales
Déesse de la juste vengeance divine et du châtiment céleste
Fonctions secondaires
Déesse de la justice distributive
Région de culte
Grèce antique
Temple(s)
Rhamnonte, Smyrne, Patres, Cyzique
Attribut(s)
La tige de mesure, la bride, la balance, l'épée et le fléau

Présentation

Némésis est à la fois une déesse primitive de l'Attique de la mythologie grecque, mais également un concept, celle de la juste vengeance divine et du châtiment céleste. Son courroux s'abat en particulier sur les humains coupables d'hybris (démesure, mégalomanie), mais également sur les criminels et les amants cruels.

Fille de la déesse de la nuit, Nyx, elle est ainsi parfois assimilée, à la fois, à la vengeance et à l'équilibre. La Némésis est aussi interprétée comme étant une messagère de mort envoyée par les dieux comme punition. Parfois confondue avec les Erinyes, elle a acquis lentement et progressivement une généalogie, et une légende propres.

En effet, contrairement aux Erinyes, Némésis se différencie par les vengeances qu'elle exerce qui ne sont point aveugles ; elle veille simplement à ce que les orgueilleux mortels ne tentent pas de s'égaler aux dieux ; elle abaisse ceux qui ont reçu trop de dons et s'en flattent, et conseille par conséquent la modération et la discrétion.

Le nom némésis dérive du verbe grec némein, signifiant « répartir équitablement, distribuer ce qui est dû », que l'on peut rapprocher de moïra qui signifie à la fois destin et partage. La mythologie romaine en reprend un aspect sous la forme d'Invidia, soit « l'indignation devant un avantage injuste ».

Némésis fut vénérée peu à peu dans toute la Grèce, mais le temple le plus célèbre dédié à cette déesse était celui de Rhammonte, en Attique. On l'adorait également à Smyrne, à Patres, à Cyzique, et quinze autels, dit-on, lui étaient dédiées sur les bords du lac Moeris.

À noter que les surnoms les plus ordinaires de Némésis sont Adrastée, tiré soit du sanctuaire élevé par Adraste, soit du mot grec, qui la désigne comme la déesse à laquelle on ne saurait échapper et Rhamnusie qui lui fut donné à cause du temple qu'elle avait à Rhamnus ou Rhamnonte, village de l'Attique.

Histoire

Déesse de la Vengeance et du châtiment céleste, Némésis personnifiait la loi morale qui réprouve tout excès (hybris, la démesure en grec) et la jalousie divine qui frappe la prospérité trop éclatante des mortels qui osent se comparer aux dieux. Parmi les auteurs les plus célèbres de l'antiquité comme Hésiode, elle est présentée comme la fille de Nyx (la Nuit) seule, ou plus rarement de la Nuit et de l'Érèbe, mais d'innombrables auteurs tels que Pausanias, Nonnos de Panopolis et Tzétzès la présentent comme née d'Océan sans que le nom de sa mère ne soit mentionné.

Dans les textes orphiques, elle est généralement présentée sous le nom d'Adrastée et est donnée pour la fille née sans père de la nécessité. Des traditions isolées la nomment néanmoins « fille de Zeus » sans mentionner le nom de sa mère, d'autres la prétendent née de Dikê, la justice personnifiée. Hésiode l'associe étroitement à la déesse Aidos qui symbolise à la fois la pudeur et le respect et prétend que lorsque la race de fer aura remplacé celle des héros. Aidos et Némésis abandonneront définitivement l'humanité à son triste sort pour remonter dans l'Olympe.

Némésis, déesse de la juste vengeance divine et du châtiment céleste

Elle représente la justice distributive et le rythme du destin. Par exemple, elle châtie ceux qui vivent un excès de bonheur chez les mortels, ou l'orgueil excessif chez les rois. Une tradition isolée prétend qu'elle engendra les Telchines de son union avec le Tartare. Elle représente « un des rares exemples de personnification de concept abstrait qui fasse l'objet d'un culte ancien ». Chez Homère, Némésis n'est utilisé que comme personnification d'une chose abstraite. Dans la Théogonie, Hésiode évoque « Némésis, fléau des hommes mortels ».

Némésis est l'exécutrice de la justice, la justice de Zeus, retransmise par Hermès selon l'organisation olympienne du monde. En tant que principe opposé à la bonne fortune, elle a pu être associée à Tyché. Le mot Némésis, à l'origine, signifiait « qui dispense la fortune, ni bonne ni mauvaise, simplement dans la proportion due à chacun selon ses mérites » ; puis, le ressentiment provoqué par n'importe quelle perturbation de cette proportion. Dans les tragédies grecques, Némésis apparaît principalement comme vengeresse des crimes et celle qui punit l'hybris, elle est alors apparentée à Até et aux Érinyes.

Mythes liés à la déesse Némésis

D'après une légende rapportée par Callimaque, Némésis fut pourchassée par Zeus, qui en était amoureux. Néanmoins, cette dernière ne souhaitant pas l'avoir pour amant, elle tenta de lui échapper en se métamorphosant en divers animaux pour lui échapper, ce qui ne découragea pas Zeus qui pouvait en faire tout autant. Finalement, alors que Némésis avait revêtu la forme d'une oie sauvage, Zeus se transforma en cygne, ou en jars, et réussit à l'approcher seul, ou sans doute avec la complicité d'Aphrodite qui, transformée en aigle, fit mine de le pourchasser.

Némésis, par Alfred Rethel (1837).

Ainsi, le dieu de la foudre trouva naturellement refuge auprès de Némésis qui, naïve, l'enveloppa tendrement dans ses ailes et s'endormit. Cependant, Zeus abusa la déesse dans son sommeil et Némésis sous forme d'oie pondit quelque temps plus tard un œuf qu'elle déposa du coté de Sparte où il fut donné par un paysan, ou par Hermès à Léda, la femme de Tyndare. Ici on retrouve la légende classique de la naissance d'Hélène (qui sera à l'origine de la guerre de Troie) et des Dioscures.

Plus tard, dans une autre légende, au 48ème et dernier chant des Dionysiaques de Nonnos de Panopolis, Némésis châtia l'orgueilleuse nymphe chasseresse Aura (Brise) qui avait offensé Artémis en se moquant de sa virginité. Toutefois, par souci de justice, Némésis punit Aura moins durement que ce que la déesse avait souhaité en voulant que l'imprudente jeune femme soit changée en statue de pierre.

Culte de la déesse Némésis

A l'origine, les premières représentations de Némésis ressemblaient à Aphrodite, qui elle-même porte parfois l'épithète Nemesis, c'est du moins ce qu'on peut conjecturer d'un passage de Pline, où il est dit qu'Agoracrite, élève de Phidias, ayant manqué le prix du concours, n'eut qu'à changer les attributs de la statue de Vénus qu'il avait présentée, pour en faire une Némésis.

Plus tard, comme déesse de la proportion et vengeresse des crimes, ses attributs sont une tige de mesure, une bride, une balance, une épée et un fléau ; elle monte dans un chariot conduit par des griffons. De nombreuses médailles nous la montrent écartant de la main droite des vêtements qui lui couvrent la poitrine, et dirigeant ses regards sur son sein. Elle tient dans sa main gauche une coquille, un frein ou une branche de frêne, et dans la droite une mesure ; quelquefois on voit à ses pieds la roue de la fortune et un griffon.

Némésis tenant la roue de la fortune. Statue en marbre du IIème siècle, Villa Getty.

Némésis était honorée dans un sanctuaire archaïque de Rhamnonte en Attique, où elle était une fille d'Océan. Elle y est alors appelée Rhamnousia, la déesse de Rhamnonte. Pausanias remarqua sa statue iconique avec une couronne de cerfs et des petites Niké, fabriquée par Phidias après la bataille de Marathon (490 av. J.-C.) à partir d'un bloc de marbre de Paros que les Perses présomptueux avaient apporté avec eux, pour en faire une stèle commémorative après leur victoire qu'ils considéraient comme acquise.

Un rituel appelé Nemesia se tenait à Athènes. Il s'agissait d'un office pour les morts : son objet était d'éviter la némésis des morts, qui étaient censés avoir la puissance de punir la vie si leur culte avait été négligé de quelques façons. À Smyrne, il y avait deux manifestations de Némésis, plus apparentées à Aphrodite qu'à Artémis. Il est difficile d'expliquer la raison de cette dualité ; on suggère qu'ils représentent deux aspects de la déesse : l'aimable et l'implacable, ou les déesses de la vieille ville et celle de la nouvelle ville reconstruite par Alexandre le Grand.

À Rome, Némésis était révérée par les généraux victorieux, les gladiateurs dont elle était la patronne et figurait une des divinités tutélaires du forage du sol (Nemesis campestris). Au IIIe siècle av. J.-C., il y a des indices d'un culte envers une Némésis-Fortuna toute-puissante. Elle était révérée par une société dont les membres étaient appelés en latin Nemesiaci. Le compositeur crétois Mésomède de Crète lui dédie un hymne.

Épisodes reliés
Stargate SG-1