LIBERATIONCITATION De quoi s'agit-il, cette fois-ci ? Le titre du livre de Van Cauwelaert, en trois mots, pose la vaste question. Cloner le Christ ? Avec un point d'interrogation, tout de même, mais quel pitch ! Va-t-on pouvoir cloner le Christ ? L'ingrédient de base de cette grande première scientifique serait le fameux saint suaire de Turin. On croyait pourtant la cause entendue. On croyait qu'une datation au carbone 14 avait définitivement conclu que la relique, loin d'avoir enveloppé le corps du Christ, était de fabrication médiévale. Mais non. Dans le désordre, Van Cauwelaert appelle à la rescousse une roussissure de certaines fibres sur quarante micromètres ; le VP8, un appareil de la Nasa ; le sang de quelqu'un qui a imprégné pendant une trentaine d'heures ; des chercheurs atomistes de Los Alamos ou de Gif-sur-Yvette qui ont dit que. Bref. Pour produire une telle roussissure, il faudrait «une décharge de plusieurs millions de volts pendant un milliardième de seconde». Ou bien (nous y voici) l'inimaginable décharge énergétique de la Résurrection. Van Cauwelaert : ce qui me passionne, chaque fois qu'on pense avoir trouvé quelque chose, eh ben c'est pas ça.
Donc, la relique est réhabilitée. Estampillée premier siècle après J.-C. Question suivante : pourquoi l'Eglise, lors de la fatale datation au carbone 14, n'a-t-elle pas défendu plus énergiquement son authenticité ? Ardisson : «Dans votre bouquin, vous avez une théorie. L'Eglise a eu tellement peur qu'elle a préféré qu'on dise que c'est un faux.» Nous y voilà. Pas de véritable scénario merveilleux sans complot. De préférence un Complot Majuscule. Et qui dit complot dit mobile. Et le mobile, attention le voici : afin d'éviter à Jésus l'outrage fatal du clonage, l'Eglise s'est battue pour que l'authenticité du saint suaire ne soit pas reconnue. Vous l'imaginez, l'Eglise, en proie à ce dilemme ? Sur le plateau, Van Cauwelaert en reste tout pensif. Elle tient là, à portée de main, l'Eglise, LA preuve de l'existence du Christ et de sa Résurrection. La preuve tant attendue. Définitive. Indubitable. Un sacré coup à la concurrence de Mahomet ou Jéhovah. Terminée, l'entente illicite millénaire pour le partage de la clientèle. Elle tient l'arme atomique. Et elle l'envoie à la casse. Quel scénario ! Ardisson : il y a une deuxième question, est-ce que l'ADN du suaire est exploitable ? Evidemment oui. A ce stade, le scénario se brouille légèrement, mais on croit comprendre qu'un cristal de sel aurait miraculeusement conservé un Saint Globule. Léger problème cependant : si le génome est incomplet, le résultat du clonage ne sera pas le Christ, mais l'Antechrist. Par Belzébuth ! Aucun souci, on sera vigilants. A chaque jour suffit sa peine.
Cette complot-mania, qui nous parvient en ligne directe des hallucinations du Moyen Age, ne ressuscite pas ex nihilo. Elle revient, parce que le marché en redemande. La modernité a inventé une Bourse du Merveilleux. Avec des cours de Bourse. N'importe qui peut les consulter : ce sont les listes des meilleures ventes de romans et d'essais, dans les hebdomadaires. Les écrivains les observent à la loupe, presque aussi assidûment que les éditeurs. Et que voient-ils ? Le succès du Da Vinci Code. Et des livres d'exégèse du Da Vinci Code. Et des réfutations du Da Vinci Code. Que dit ce succès ? Que le marché de la crédulité mondiale, le grand marché du Merveilleux, demande et redemande la thèse d'un complot de l'Eglise. Millénaire, si possible. Et mondial, tant qu'à faire. Qui dit Eglise catholique, dit traductions possibles, marché américain, tous les espoirs sont permis. Donc, allons-y pour le complot. Et tiens, le saint suaire. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas servi. Il commençait à sentir le moisi, dans son placard. Mais il est encore parfaitement présentable, pour peu qu'on l'assortisse. Avec quoi ? Allez, une touche de clonage.
Pas mal, le clonage. Houellebecq marche bien aussi, c'est un signe. Le dernier, certes pas autant qu'on l'espérait, mais tout de même. Saint suaire, clonage, Christ. Secouer le shaker. Cloner le Christ. Un point d'interrogation, et nous y sommes. Le marché a de l'imagination.
Avez vous entendu parler de cela?
C'est fort et en même temps ça remettrait en cause tout un tas de question.
Et si on arrivait vraiment à le faire, à cloner le christ????
croyez vous qu'il apporterait la bonne parole dans ce 21ème siècle????