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C'est sympa tous ça ! Le blabal à la Terry Pratchett du début est très ... TerryPratchettiens, le reste aussi bienque d'habitude.Le Navigo (épisode pilote)
- Tritri
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Re: Le Navigo (épisode pilote)
"Who am I ? I am Susan Ivanova. Commander. Daughter of Andrei and Sophie Ivanov. I am the right hand of vengeance and the boot that is gonna kick your sorry ass all the way back to Earth, sweetheart. I am death incarnate. And the last living thing that you are ever going to see."
Commander Susan Ivanova
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- lord Petrus
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Re: Le Navigo (épisode pilote)
De nombreux édifices d’origine extraterrestre illustrent un genre architectural à part entière, celui des couloirs crénelés. Les corridors semblent se résumer à une succession d’arches, soient autant de renfoncements bilatéraux. L’utilité la plus couramment découverte à la chose réside dans les situations d’invasion. Nul besoin, en effet, de caisses négligemment abandonnées sur le chemin, ou autre abris opportun. La topologie des lieux elle-même offre toute la couverture espérée par les combattants. Le seul inconvénient du système est qu’il fonctionne dans les deux sens, tant pour les attaqués que pour les attaquants. Un effet secondaire de cette architecture est que, après le combat de cotons tiges, le second sport interplanétaire du peuple jaffa est le cache-cache.
Mais alors qu’il déambulait dans les couloirs de la base sous-marine, Laurent découvrait une nouvelle utilité aux fines arches successives. En situation d’apesanteur, on pouvait s’en servir d’échelle. C’était heureux, car, contrairement à ce que certains auteurs de dessins animés semblent croire, il n’est pas possible de nager dans l’air. Laurent se dirigeait vers la plus proche fenêtre. Oui, que l’environnement extérieur soit le vide spatial ou les profondeurs pesantes de l’océan, il y a toujours une fenêtre vitrée, et pas du modèle hublot. Tandis qu’il s’approchait de son but, Laurent continuait d’entendre la tempête verbale faire rage derrière lui. Colt avait laissé tomber son masque de calme consterné, et un flot continu de véhémence enragée s’échappait à présent de ses lèvres déformées par la colère. Périodiquement, la voix de Newton se superposait, comme un claquement de tonnerre par-dessus le vacarme des vents. Laurent avait mis plusieurs couloirs et virages entre lui et la salle où Colt et Newton s’insultaient mutuellement, mais le niveau sonore était quant à lui allé crescendo, de sorte que pour Laurent il était resté le même. Sans aucune des sommations préalables que la convention de Genève aurait sûrement du exigées, trois syllabes retentirent dans le vacarme, auquel elles donnèrent des allures de silence de cathédrale. Les murs tremblèrent, et Laurent jura plus tard avoir vu une arche onduler. C’était a priori un son inhumain, mais il fallait pourtant reconnaître que Melody Richter venait de crier « SILENCEUH » de tout son coffre. Du moins, Laurent espéra qu’il s’agissait de son maximum, car l’alternative la classerait parmi les armes de destruction massive. S’ensuivit un silence presque palpable. Ce fut Laurent qui le rompit en allumant sa radio.
-J’ai atteint la fenêtre, dit il.
-…, lui répondit un silence embarrassé.
-Et que voyez vous ? demanda finalement Richter après avoir constaté l’efficacité excessive que son intervention avait eu sur son supérieur hiérarchique.
-Rien, répondit Laurent.
-Mais encore ?
-Du noir. Des ténèbres insondables.
Laurent entendit Richter demander à Newton d’éclairer les projecteurs extérieurs de la base. Une demande polie, mais qui en la circonstance sonnait comme un ordre. Laurent vit alors les parois extérieures de la base apparaître, au milieu de…
-Toujours rien, dit il. Je vois les murs, mais, là où je m’attendrais à trouver le plancher océanique, il n’y a qu’une tache d’encre omniprésente. Si nous étions en sous-sol, ne devrais-je pas voir de la roche partout ? Une vue en coupe, des couches géologiques, un truc dans ce genre ?
-Non, dit Newton en retrouvant le courage d’utiliser sa langue, car, le fait est que les personnes hors phase peuvent voir les éléments en phase, mais la réciproque est fausse. La théorie du colonel Carter est que la lumière en phase peut éclairer la matière hors phase, mais que la lumière hors phase passe elle aussi à travers les murs. Si de la lumière nous venait de l’extérieur, ce qui n’est bien sûr pas le cas à ces profondeurs, nous pourrions voir ce qui nous entoure, mais nos lampes sont hors phase et leur lumière n’a aucune prise.
-Attendez, dit Laurent qui avez essayé de suivre. Voulez vous dire à ces profondeurs souterraines ou à ces profondeurs sous-marines ?
-Dans un cas comme dans l’autre. Elles sont tout aussi sombres les unes que les autres.
-Donc, ma petite ballade confirme que nous sommes hors phase, mais on est toujours dans l’incertitude par rapport à l’apesanteur ?
-Ma foi, oui.
-Y a-t-il un moyen d’obtenir une indication ? demanda Richter.
-Eh bien… hésita Newton. Nous le saurons lorsqueuh…
-Lorsque ?
-Lorsque nous atteindrons la roche en fusion. Du moins, je peux calculer le temps théorique avant cette rencontre. Si rien ne change à ce moment là, c’est que nous ne tombons pas, mais sommes juste hors de portée de la gravité.
-Et en quoi consisterait le changement ? voulut savoir un Laurent plutôt inquiet. Parce que l’idée d’un bain de magma ne me semble pas très aguichante.
-Nos savons qu’un tir de lance jaffa n’a aucun effet sur une personne hors phase, dit Newton d’un ton qui se voulait rassurant. Il faut en déduire que l’énergie pouvant passer de phase à hors phase obéit à un quantum. En d’autres termes, elle est limitée. On peut raisonnablement penser que Hératépaix a choisi une dimension dont les quantas de transfert sont propices à la vie humaine. Cela devrait donc nous sembler un doux bain de vapeur.
-En êtes vous sûr ?
-Oui, oui, certain. C’est évident. Sans aucun doute possible. Y a pas à s’inquiéter, non. Vous en faites pas. Est-ce que j’ai l’air de m’inquiéter, moi ? Non ? Alors. Allez. Voila. Oui. Impect. Zen. Cool. Youpi.
-C’est vous le doc, doc.
-Vous devriez revenir ici, maintenant, Nolim, dit Richter.
-Bien reçu. J’amorce l’escalade du couloir en sens inverse. Nolim, terminé.
Lorsque Laurent passa la tête par l’entrée de la salle de contrôle, il trouva Colt toujours tétanisé.
-C’est lui qui était le plus prés de Richter lorsqu’elle a crié, souffla Newton. Pauvre gars. J’ai parfois souhaité qu’un truc horrible lui arrive, mais quand même pas à ce point là.
-C’est moche, reconnut Laurent à voix basse.
-Contente de vous voir de retour, Nolim, dit Richter avec un entrain de prof de gym. Alors, doc, où en êtes vous de vos calculs ?
-D’après eux, expliqua Newton, nous devrions être fixés d’ici une soixantaine de minutes.
-Laissez moi deviner, dit Laurent. Cinquante-huit minutes très exactement, non ?
-Mince alors, s’exclama Newton en écarquillant les yeux, comment…
-Rien qu’une intuition, se défendit Laurent.
-En attendant, je propose que nous nous restaurions, dit Richter. Quelqu’un veut une tranche d’ananas ?
Et les minutes s’écoulèrent. Elles s’écoulèrent très vite. Les minutes s’écoulent toujours vite lorsque l’on se dit qu’elles sont peut être les dernières.
-D’un moment à l’autre, maintenant, dit Newton.
-Ca été sympa de travailler avec vous, dit Laurent.
-Allons, pas de défaitisme, dit Richter.
Quelques échos de respirations inquiètes résonnèrent encore, puis quelque chose se produisit, qui n’était définitivement pas rien. Une lumière orangée emplissait désormais la pièce, et Laurent se sentait fiévreux. Des « bulles », certaines plus claires que la couleur dominante, d’autres plus sombres, sortaient à toute vitesse du plancher avant de disparaître au plafond. Tandis qu’il contemplait l’étrange spectacle, Laurent retrouva la sensation de vertige éprouvée quelques temps auparavant.
-Nous tombons, dit Newton. C’est confirmé.
-Je crois que je vais vomir, dit Laurent qui exagérait toujours pour ces choses là. C’est comme regarder le paysage défiler au niveau des roues du TGV. Au bout d’un moment, il me faut absolument détourner le regard. Sauf que là c’est impossible.
-Vous n’avez qu’à fermer les yeux, lui conseilla Richter.
-J’ai essayé, gémit Laurent. Ca change rien.
-Merde ! jura Newton. Il a raison ! Si je ferme les yeux, je continue à voir de la roche en fusion. Ce qui est normal vu qu’elle est non seulement autour de nous mais aussi à l’intérieur de nous.
-Je retire ce que j’ai pu dire jusqu’alors, pleurnicha Laurent. L’enfer existe. Nous y sommes.
Puis Laurent retrouva son calme alors qu’une idée le percutait. Une idée à la Rodney McKay. Pas de celles qui apportent une solution miraculeuse aux situations les plus désespérées, non. L’autre catégorie.
-Euh… Ca veut dire que chacune de mes cellules est éclairée de l’intérieur, non ?
-Oui, confirma Newton.
-Alors, si on s’en sort vivant, ce sera pour mourir de cancer généralisé.
-Allons, se défigea soudain Colt. Sheppard a piloté un chasseur dans le voisinage immédiat d’une étoile, et il n’a même pas eu un coup de soleil.
-Sheppard a le cul bordé de nouilles, capitaine, dit Newton.
-Je vous préviens, dit Richter, si vous recommencez une dispute, je hurle.
L’assistance sembla reconnaître l’argument comme péremptoire.
-C’est pas tout ça, dit Colt en lançant des regards inquiets à Richter, mais, maintenant que nous savons jusqu’où exactement nous sommes dans la merde, comment en sort t’on ?
-J’ai peut être une idée, dit Laurent.
-On vous écoute.
-N’y aurait t’il pas moyen d’utiliser l’élan de notre chute pour ressortir de l’autre côté de la planète ?
-Ca, monsieur Nolim, dit Newton en secouant la tête, c’est une idée vraiment stupide.
-Vraiment ? Vous êtes sûr que…
-Oui.
-Y a vraiment pas moyen de…
-Non.
-Tant pis alors, c’était juste une idée, comme ça.
-Il va nous falloir en trouver une autre, dit Colt, et vite.
A partir de là, les heures s’écoulèrent lentement. Laurent essaya de dormir, mais c’était peine perdue sans l’usage de ses paupières. Richter voulut faire sa gym, mais elle comprit vite que son sang était désormais légèrement au-dessus de 37°C, et supportait donc mal un stress supplémentaire. Colt se sentit à nouveau gagné par la mauvaise humeur. Bref, et comme dans toutes les équipes SGA, seul le physicien se creusait vraiment la tête pour trouver une solution. « Ressortir de l’autre côté de la planète, marmonnait Newton pour lui seul. C’est bien une idée de biologiste adulescent, ça. Il faudrait que nous puissions accélérer encore notre chute, gagner un élan supplémentaire avant et après avoir franchi le noyau central. Mais nous n’avons aucun point d’appui pour cela, alors c’est fichu. Le seul élément extérieur avec lequel nous interagissons encore est la lumière. Ca supporte rien, la lumière. C’est juste une saloperie de phénomène électromagnétique. Et qu’est ce qu’on a sur notre trajet, hein ? Le noyau central, oui, je l’ai déjà dit. Et c’est quoi, le noyau central ? Du fer, oui, du fer en fusion, qui a décanté là après l’accrétion originelle de la planète, parce que c’était l’élément le plus lourd. Rien qu’une boule de ferraille en fusion. Une grosse dynamo naturelle qui génère le champ magnétique de la planète. Alors, hein, je suis censé faire quoi, moi ? » Newton marqua une pause. « Bon sang de bonsoir de bons dieux de bois » ajouta t’il.
Mais alors qu’il déambulait dans les couloirs de la base sous-marine, Laurent découvrait une nouvelle utilité aux fines arches successives. En situation d’apesanteur, on pouvait s’en servir d’échelle. C’était heureux, car, contrairement à ce que certains auteurs de dessins animés semblent croire, il n’est pas possible de nager dans l’air. Laurent se dirigeait vers la plus proche fenêtre. Oui, que l’environnement extérieur soit le vide spatial ou les profondeurs pesantes de l’océan, il y a toujours une fenêtre vitrée, et pas du modèle hublot. Tandis qu’il s’approchait de son but, Laurent continuait d’entendre la tempête verbale faire rage derrière lui. Colt avait laissé tomber son masque de calme consterné, et un flot continu de véhémence enragée s’échappait à présent de ses lèvres déformées par la colère. Périodiquement, la voix de Newton se superposait, comme un claquement de tonnerre par-dessus le vacarme des vents. Laurent avait mis plusieurs couloirs et virages entre lui et la salle où Colt et Newton s’insultaient mutuellement, mais le niveau sonore était quant à lui allé crescendo, de sorte que pour Laurent il était resté le même. Sans aucune des sommations préalables que la convention de Genève aurait sûrement du exigées, trois syllabes retentirent dans le vacarme, auquel elles donnèrent des allures de silence de cathédrale. Les murs tremblèrent, et Laurent jura plus tard avoir vu une arche onduler. C’était a priori un son inhumain, mais il fallait pourtant reconnaître que Melody Richter venait de crier « SILENCEUH » de tout son coffre. Du moins, Laurent espéra qu’il s’agissait de son maximum, car l’alternative la classerait parmi les armes de destruction massive. S’ensuivit un silence presque palpable. Ce fut Laurent qui le rompit en allumant sa radio.
-J’ai atteint la fenêtre, dit il.
-…, lui répondit un silence embarrassé.
-Et que voyez vous ? demanda finalement Richter après avoir constaté l’efficacité excessive que son intervention avait eu sur son supérieur hiérarchique.
-Rien, répondit Laurent.
-Mais encore ?
-Du noir. Des ténèbres insondables.
Laurent entendit Richter demander à Newton d’éclairer les projecteurs extérieurs de la base. Une demande polie, mais qui en la circonstance sonnait comme un ordre. Laurent vit alors les parois extérieures de la base apparaître, au milieu de…
-Toujours rien, dit il. Je vois les murs, mais, là où je m’attendrais à trouver le plancher océanique, il n’y a qu’une tache d’encre omniprésente. Si nous étions en sous-sol, ne devrais-je pas voir de la roche partout ? Une vue en coupe, des couches géologiques, un truc dans ce genre ?
-Non, dit Newton en retrouvant le courage d’utiliser sa langue, car, le fait est que les personnes hors phase peuvent voir les éléments en phase, mais la réciproque est fausse. La théorie du colonel Carter est que la lumière en phase peut éclairer la matière hors phase, mais que la lumière hors phase passe elle aussi à travers les murs. Si de la lumière nous venait de l’extérieur, ce qui n’est bien sûr pas le cas à ces profondeurs, nous pourrions voir ce qui nous entoure, mais nos lampes sont hors phase et leur lumière n’a aucune prise.
-Attendez, dit Laurent qui avez essayé de suivre. Voulez vous dire à ces profondeurs souterraines ou à ces profondeurs sous-marines ?
-Dans un cas comme dans l’autre. Elles sont tout aussi sombres les unes que les autres.
-Donc, ma petite ballade confirme que nous sommes hors phase, mais on est toujours dans l’incertitude par rapport à l’apesanteur ?
-Ma foi, oui.
-Y a-t-il un moyen d’obtenir une indication ? demanda Richter.
-Eh bien… hésita Newton. Nous le saurons lorsqueuh…
-Lorsque ?
-Lorsque nous atteindrons la roche en fusion. Du moins, je peux calculer le temps théorique avant cette rencontre. Si rien ne change à ce moment là, c’est que nous ne tombons pas, mais sommes juste hors de portée de la gravité.
-Et en quoi consisterait le changement ? voulut savoir un Laurent plutôt inquiet. Parce que l’idée d’un bain de magma ne me semble pas très aguichante.
-Nos savons qu’un tir de lance jaffa n’a aucun effet sur une personne hors phase, dit Newton d’un ton qui se voulait rassurant. Il faut en déduire que l’énergie pouvant passer de phase à hors phase obéit à un quantum. En d’autres termes, elle est limitée. On peut raisonnablement penser que Hératépaix a choisi une dimension dont les quantas de transfert sont propices à la vie humaine. Cela devrait donc nous sembler un doux bain de vapeur.
-En êtes vous sûr ?
-Oui, oui, certain. C’est évident. Sans aucun doute possible. Y a pas à s’inquiéter, non. Vous en faites pas. Est-ce que j’ai l’air de m’inquiéter, moi ? Non ? Alors. Allez. Voila. Oui. Impect. Zen. Cool. Youpi.
-C’est vous le doc, doc.
-Vous devriez revenir ici, maintenant, Nolim, dit Richter.
-Bien reçu. J’amorce l’escalade du couloir en sens inverse. Nolim, terminé.
Lorsque Laurent passa la tête par l’entrée de la salle de contrôle, il trouva Colt toujours tétanisé.
-C’est lui qui était le plus prés de Richter lorsqu’elle a crié, souffla Newton. Pauvre gars. J’ai parfois souhaité qu’un truc horrible lui arrive, mais quand même pas à ce point là.
-C’est moche, reconnut Laurent à voix basse.
-Contente de vous voir de retour, Nolim, dit Richter avec un entrain de prof de gym. Alors, doc, où en êtes vous de vos calculs ?
-D’après eux, expliqua Newton, nous devrions être fixés d’ici une soixantaine de minutes.
-Laissez moi deviner, dit Laurent. Cinquante-huit minutes très exactement, non ?
-Mince alors, s’exclama Newton en écarquillant les yeux, comment…
-Rien qu’une intuition, se défendit Laurent.
-En attendant, je propose que nous nous restaurions, dit Richter. Quelqu’un veut une tranche d’ananas ?
Et les minutes s’écoulèrent. Elles s’écoulèrent très vite. Les minutes s’écoulent toujours vite lorsque l’on se dit qu’elles sont peut être les dernières.
-D’un moment à l’autre, maintenant, dit Newton.
-Ca été sympa de travailler avec vous, dit Laurent.
-Allons, pas de défaitisme, dit Richter.
Quelques échos de respirations inquiètes résonnèrent encore, puis quelque chose se produisit, qui n’était définitivement pas rien. Une lumière orangée emplissait désormais la pièce, et Laurent se sentait fiévreux. Des « bulles », certaines plus claires que la couleur dominante, d’autres plus sombres, sortaient à toute vitesse du plancher avant de disparaître au plafond. Tandis qu’il contemplait l’étrange spectacle, Laurent retrouva la sensation de vertige éprouvée quelques temps auparavant.
-Nous tombons, dit Newton. C’est confirmé.
-Je crois que je vais vomir, dit Laurent qui exagérait toujours pour ces choses là. C’est comme regarder le paysage défiler au niveau des roues du TGV. Au bout d’un moment, il me faut absolument détourner le regard. Sauf que là c’est impossible.
-Vous n’avez qu’à fermer les yeux, lui conseilla Richter.
-J’ai essayé, gémit Laurent. Ca change rien.
-Merde ! jura Newton. Il a raison ! Si je ferme les yeux, je continue à voir de la roche en fusion. Ce qui est normal vu qu’elle est non seulement autour de nous mais aussi à l’intérieur de nous.
-Je retire ce que j’ai pu dire jusqu’alors, pleurnicha Laurent. L’enfer existe. Nous y sommes.
Puis Laurent retrouva son calme alors qu’une idée le percutait. Une idée à la Rodney McKay. Pas de celles qui apportent une solution miraculeuse aux situations les plus désespérées, non. L’autre catégorie.
-Euh… Ca veut dire que chacune de mes cellules est éclairée de l’intérieur, non ?
-Oui, confirma Newton.
-Alors, si on s’en sort vivant, ce sera pour mourir de cancer généralisé.
-Allons, se défigea soudain Colt. Sheppard a piloté un chasseur dans le voisinage immédiat d’une étoile, et il n’a même pas eu un coup de soleil.
-Sheppard a le cul bordé de nouilles, capitaine, dit Newton.
-Je vous préviens, dit Richter, si vous recommencez une dispute, je hurle.
L’assistance sembla reconnaître l’argument comme péremptoire.
-C’est pas tout ça, dit Colt en lançant des regards inquiets à Richter, mais, maintenant que nous savons jusqu’où exactement nous sommes dans la merde, comment en sort t’on ?
-J’ai peut être une idée, dit Laurent.
-On vous écoute.
-N’y aurait t’il pas moyen d’utiliser l’élan de notre chute pour ressortir de l’autre côté de la planète ?
-Ca, monsieur Nolim, dit Newton en secouant la tête, c’est une idée vraiment stupide.
-Vraiment ? Vous êtes sûr que…
-Oui.
-Y a vraiment pas moyen de…
-Non.
-Tant pis alors, c’était juste une idée, comme ça.
-Il va nous falloir en trouver une autre, dit Colt, et vite.
A partir de là, les heures s’écoulèrent lentement. Laurent essaya de dormir, mais c’était peine perdue sans l’usage de ses paupières. Richter voulut faire sa gym, mais elle comprit vite que son sang était désormais légèrement au-dessus de 37°C, et supportait donc mal un stress supplémentaire. Colt se sentit à nouveau gagné par la mauvaise humeur. Bref, et comme dans toutes les équipes SGA, seul le physicien se creusait vraiment la tête pour trouver une solution. « Ressortir de l’autre côté de la planète, marmonnait Newton pour lui seul. C’est bien une idée de biologiste adulescent, ça. Il faudrait que nous puissions accélérer encore notre chute, gagner un élan supplémentaire avant et après avoir franchi le noyau central. Mais nous n’avons aucun point d’appui pour cela, alors c’est fichu. Le seul élément extérieur avec lequel nous interagissons encore est la lumière. Ca supporte rien, la lumière. C’est juste une saloperie de phénomène électromagnétique. Et qu’est ce qu’on a sur notre trajet, hein ? Le noyau central, oui, je l’ai déjà dit. Et c’est quoi, le noyau central ? Du fer, oui, du fer en fusion, qui a décanté là après l’accrétion originelle de la planète, parce que c’était l’élément le plus lourd. Rien qu’une boule de ferraille en fusion. Une grosse dynamo naturelle qui génère le champ magnétique de la planète. Alors, hein, je suis censé faire quoi, moi ? » Newton marqua une pause. « Bon sang de bonsoir de bons dieux de bois » ajouta t’il.
- lord Petrus
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Re: Le Navigo (épisode pilote)
Le major Lorne conduisait un puddle jumper dans les eaux bleues des fonds océaniques. Ce qui était anormal. L’eau est incolore à l’état liquide, et n’avait aucun ciel à refléter à ces profondeurs. Tandis que ses yeux scrutaient les étendues de sable oppressées par la pression, le monde autour du major Lorne était tout entier coloré de ce bleu incongru, jusque dans le jumper, jusque sur ses mains. Mais Lorne ne s’en étonnait pas. Au contraire, il avait compté sur ce voile bleuté pour lui révéler… ce qui restait malgré tout caché.
Assis sur le siége du copilote, le docteur Zelenka tourna vers le major Lorne un regard aveugle, comme s’il parlait à du vide.
-Nous sommes presque au-delà de la fenêtre de sécurité, dit Zelenka. Vous devriez éteindre le bracelet Sodan.
-Soit, soupira Lorne en pressant l’unique bouton de l’occulteur portatif, ce qui redonna au monde ses couleurs naturelles et permit à Zelenka de fixer son interlocuteur. Radiations ou pas, il n’y a rien à voir.
-L’appareil de Merlin et le prototype de Hératépaix n’utilisent peut être pas la même dimension. Cela expliquerait pourquoi cette base vous reste invisible. Bien sûr, on peut envisager une autre explication.
-Oui. La base ne serait vraiment plus là. Mais, en ce cas, où serait elle ?
-D’après la Tok’Râ, les Goa’ulds ont fait quelques expériences sur le déphasage. Mais ils ne sont jamais parvenus à isoler une dimension précise, seulement un bouquet erratique. Le résultat de ces recherches fut… euh… le zat. Il nous faut donc envisager que la base puisse être… euh… un peu partout.
-Un pan de mur dans une dimension, une porte dans une autre… Ouais, je vois le tableau.
-Je pensais à des morceaux plus petits. Une molécule ici, une autre là. Le tout pour ainsi dire éparpillé aux quatre vents
-Si ça ne vous fait rien, doc, on va s’en tenir au scénario où la base est encore en un seul morceau. Généralement, l’optimisme nous réussi bien. Bon, retour sur Atlantis.
Retrouver le site de la base n’avait pas été chose aisée. En l’absence de Laurent, il avait d’abord fallu gagner la planète par sa porte principale, une porte orbitale. Ensuite, Lorne avait à nouveau composé l’adresse de la planète, depuis la porte orbitale. Ainsi ordonnée de se contacter elle-même, la porte s’était contentée de vibrer. Mais la porte secondaire avait aussi été prise de secousses, et le sismomètre du jumper l’avait ainsi repérée. Une fois la porte sous-marine atteinte, Lorne avait suivi les indications laissées par l’équipe de Colt, retrouvant enfin le site. A la place de la base lantienne, Lorne et Zelenka n’avaient cependant trouvé qu’un cratère. C’est là que Zelenka avait eu l’idée de l’occulteur Sodan, puisque le SGC en avait justement prêté un à l’expédition. Après encore un aller-retour vers et depuis Atlantis, toutes ces allées et venues se soldaient par un échec. Au moins, il n’était pas nécessaire d’avoir le Navigo pour utiliser la porte secondaire lorsqu’on l’avait devant soi.
-Si on retrouve Nolim vivant, déclara Lorne tandis que se formait le vortex, j’aurai plaisir à lui expliquer ma combine pour localiser une porte secondaire sans le Navigo.
-Ca lui fera sans doute plaisir, répondit Zelenka avec un optimisme forcé.
Pendant ce temps, à plusieurs centaines de kilomètres en sous-sol, le docteur Newton tenait conférence.
-Voici l’idée, dit il. Si je parviens à polariser la coque extérieure de la base de manière adéquate, nous pourrons utiliser le champ magnétique de la planète pour nous propulser. Plus nous serons proches du noyau, plus nous serons, métaphoriquement parlant, à l’intérieur d’un canon magnétique, susceptible de nous expulser vers la surface. Reste cependant le problème de l’accélération que nous devrions alors encaisser, bien trop importante pour nos organismes. J’ai cependant découvert que cette base était à l’origine un vaisseau spatial. Hératépaix en a démonté les moteurs pour construire sa machine, mais les amortisseurs inertiels sont toujours là. Il nous suffit donc de les remettre en fonction. Enfin, quand je dis qu’il nous « suffit », cela ne se résume malheureusement pas à appuyer sur un bouton. Voici un plan de la base que j’ai imprimé sur un transparent.
-Attendez, l’interrompit Laurent. Vous voulez dire que vous décryptez des logiciels extraterrestres, mais que vous ne savez pas vous servir de Power Point ?
-Ce n’est pas vraiment le sujet de cet exposé, monsieur Nolim. Bref, voici la pièce où nous nous trouvons. Les amortisseurs inertiels sont au nombre de quatre, à raison d’un à chaque sommet du tétraèdre, comme vous pouvez le constater sur ces différentes vues en coupe. Voici quatre trajets pour les rejoindre, et autant d’obstacles.
Newton poursuivit son exposé, avec maintes interruptions venant d’un auditoire incrédule. Finalement, Colt confia un amortisseur inertiel à chaque membre de l’équipe, et chacun partit vers sa destination.
Colt s’était attribué l’amortisseur situé tout en haut de la base. En tant que chef, il se devait d’occuper le « sommet » au sens commun du terme. Sa progression à travers les couloirs était facilitée par leur architecture en créneaux, mais aussi par les placards de téléportation. Cela restait malgré tout une entreprise délicate. Au deux tiers du parcours, Colt se trouva devant l’obstacle évoqué par Newton. Pour atteindre l’amortisseur, il lui fallait traverser la cuisine de la base. Bien que techniquement extraterrestre, c’était un décor tout ce qu’il y a de familier. Les Anciens se servaient d’ustensiles et de couverts semblables aux nôtres. Il y avait là des casseroles, des poêles, des batteurs à œufs, des rouleaux à pâtisseries, ainsi que des cuillères, fourchettes et couteaux de tailles et de formes variées. Se trouvaient également là des assiettes de porcelaine et des verres de cristal, mais la plupart s’étaient brisés lorsque la base avait brusquement amorcé sa chute. L’ennui, c’était que tout ceci errait maintenant en état d’apesanteur à travers la salle. Le spectacle ne manquait pas de charme, mais évoquait des mots comme « contondant » et « coupant ». Tandis qu’il songeait aux diverses blessures auxquelles il allait bientôt être exposé, Colt aperçu de terribles charognards prêts à rendre ces blessures encore plus douloureuses. Car, oui, il y a avait là des salières, chacune suivie d’une traînée cométaire de sel. Réunissant son courage, Colt s’empara d’une poêle. « On ne me la fait pas, à moi. Vous allez voir ce qu’un enfant des fast-food fait de la grande cuisine » dit il avant de se lancer dans la bataille.
Newton se trouvait devant une autre sorte d’obstacle. Un obstacle fait d’une grande étendue de rien. Il lui fallait traverser un vaste hangar inoccupé, lequel n’offrait que peu de prises. Newton n’avait en réalité d’autre choix que de se laisser dériver d’une extrémité à l’autre de la pièce. Tout dépendait de l’impulsion de départ. Le cœur battant, Newton lâcha le montant de porte auquel il se tenait, sortit un pistolet, et fit feu dans la direction opposée à celle où il souhaitait se rendre. Action, réaction, Newton se trouva propulsé, vite, trop vite.
Richter avait hérité du parcours le plus physique. L’un des amortisseurs, du fait des aménagements effectués sur la base, n’était plus accessible que de l’extérieur de cette dernière. Richter avait déniché un scaphandre de plongée et, curieusement, il était parfaitement adapté à la situation. Le champ de déphasage s’étendait en effet un peu au-delà des murs de la base, et une certaine quantité d’eau s’était retrouvée entraînée dans la chute. Un peu de sable avait d’ailleurs connu le même sort, et se mélangeait depuis à l’eau. Richter se retrouva donc à nager dans une eau en apesanteur, passant au travers de roches en fusion. Aux SGC et sur Atlantis, on apprend à ne plus s’étonner de rien.
Laurent se trouvait lui aussi confronté à une histoire d’eau. Il lui fallait traverser un secteur de la base qu’il était tenté d’appeler le seaquarium, en référence au seul autre parc zoologique aquatique de sa connaissance. Les Anciens avaient réalisé un travail remarquable en termes d’écosystèmes miniatures. Plusieurs espèces de poissons survivaient là depuis dix mille ans, et l’installation ne consommait qu’une quantité infime d’énergie. Hélas, l’eau était sortie de ses conteneurs et rebondissait sur les murs en une myriade de sphères bloblotantes. Laurent voyaient des bancs de poissons se déplacer à travers les couloirs à mesure que les boules de liquide fusionnaient et se redivisaient. Lui-même, au contraire, faisait de son mieux pour rester au sec. C’est alors qu’il aperçut un banc de poissons différent des autres. Comme aurait dit le capitaine Gloomy, c’était un banc avec un seul poisson, et très, très, très, très gros, le poisson.
De son côté, Colt, sorti victorieux de son combat contre l’argenterie, se trouvait lui aussi devant un monstre inquiétant. Autrefois, il devait s’être agi d’un dessert, semblable à une de ces gelées dont beaucoups aux SGC raffolent pour une raison obscure. Mais celle-ci avait été oubliée dans son coin pendant dix mille ans, et elle était en colère. Que sa couleur d’origine ait été le vert, le rouge ou le bleu, la chose était maintenant dans les tons de péremption. Par rebonds successifs contre les parois du couloir de sorti, elle avait tissé une toile gluante en travers du chemin. Colt avait voulu dégager la voie avec sa poêle, mais la toile avait tenu bon et l’ustensile en était maintenant prisonnier. De plus, la gelée s’était mise à faire des bulles, et Colt était prêt à jurer qu’elle s’était sensiblement rapprochée de la poêle.
Newton procédait à un inventaire. Une tête, deux bras, deux jambes et, comme aimait à le répéter John Sheppard, il vérifierait le reste plus tard. Apparemment, il était en un seul morceau. La porte menant à l’amortisseur inertiel était à sa droite, mais un tout petit peu trop loin. Le mur dans lequel la porte se découpait était lisse, et, en prenant appui dessus, Newton ne réussirait qu’à s’éloigner encore plus de son objectif. Tirer un second coup de feu serait également une très mauvaise idée. Il lui fallait trouver un autre moyen de se mouvoir.
Richter atteignit la première son but. Elle trouva le panneau dans la paroi, et commença à le dévisser.
Ce n’était pas un requin. S’il avait été posé sur le ventre, sa nageoire postérieure se serait trouvée à l’horizontale, comme celle d’un dauphin, d’une baleine ou d’un orque, voire d’un phoque. De plus, et bien que dépourvu de trou sur la tête, il trahissait une respiration aérienne. Plutôt qu’un poisson, c’était donc le descendant d’animaux terrestres retournés à la vie aquatique. Néanmoins, en dehors de ces détails d’un grand intérêt zoologique, c’était… ben… un requin, de grand format, avec beaucoup de dents. Il bondissait de masse d’eau en masse d’eau, se rapprochant d’un Laurent vert de trouille. En sport, à l’école, quand il fallait former des équipes, le jeune homme était toujours le dernier choisi. Pas l’avant-dernier, mais bien le dernier, et ça n’avait rien d’étonnant. Mais on dit que la peur donne des ailes. Sautant d’un mur à l’autre, Laurent parvint à esquiver les redoutables mâchoires par trois fois. Tandis qu’il échappait de justesse à un quatrième assaut, il prit conscience d’un détail capital. Il faisait partie d’une équipe d’exploration. Même si cela le rendait nerveux et qu’il préférait habituellement l’oublier, il avait sur lui une arme à feu.
Les balles n’avaient aucun effet sur la créature. Colt avait même l’impression que la gelée dissolvait le métal. Ayant épuisé les autres possibilités, le capitaine voulu saisir une grenade dans sa veste. Sa main se referma sur un autre objet, de forme semblable mais de couleur jaune. Colt constata son erreur, mais murmura « Et pourquoi pas ? ».
Si McKay ne partait jamais en mission sans sa crème solaire indice 100, Newton avait aussi sa petite manie. Comme un éventail faisait quelque peu efféminé, il avait fait l’acquisition d’un ventilateur de poche. Il se félicitait maintenant de posséder ce gadget. Ce n’était peut être pas l’événement le plus glorieux de l’histoire de l’aéronautique, mais Newton, porté par le vent, se rapprochait de la porte.
Richter retira le panneau. Pour la suite, elle allait avoir besoin de Newton, lequel n’allait sans doute pas vouloir se répéter. Elle attendit.
Des gouttes de sang flottaient dans l’air. Les balles avaient cueilli le requin alors qu’il effectuait sa cinquième attaque. Laurent s’extirpait comme il le pouvait de la bulle d’eau dans laquelle le recul des coups de feu l’avait catapulté. Au moins, cela lui donnait un alibi plausible pour son pantalon mouillé.
Colt avait vu juste. La chose était allergique au citron. Sitôt le fruit absorbé, elle s’était ratatinée sur elle-même, parcourue de convulsions et d’arcs électriques. Sa toile s’était déchirée autour d’elle. Le passage était libre. « Crève, pourriture culinaire » déclara Colt avant de poursuivre son chemin.
Quelques minutes plus tard, tout le monde était à son poste.
-Bon, dit Newton dans son talkie-walkie, vous devez avoir trois boutons devant vous, un rouge, un orange et un bleu.
-Chez moi, répondit Laurent, ils sont tous bleus.
-Idem ici, signala Richter.
-Pour moi, ça marche, dit Colt.
-Bon, alors, reprit Newton, le rouge, c’est celui de gauche, et l’orange, c’est celui du milieu.
-Logique, dit Laurent.
-Moi je veux bien, dit Richter, mais je vous rappelle que je suis toujours à l’extérieur de la base. Alors, du coup, la droite, la gauche, c’est interchangeable.
-Tenez vous debout devant la base, conseilla Newton.
-D’accord, mais maintenant les boutons sont alignés verticalement.
-Bon, alors, le rouge, c’est celui, disons, du bas.
-Comment ça, « disons » ?
-J’en suis presque sûr. Bon, maintenant, c’est simple. C’est comme pour régler la minuterie d’un four à micro-ondes. Vous maintenez les boutons rouge et bleu enfoncés, ou gauche et droite, ou bas et haut. Ensuite, sans lâcher les boutons rouge et bleu, vous appuyez succinctement trois fois sur le bouton du milieu. Après, toujours sans lâcher les boutons rouge et bleu, ou gauche et droite, ou bas et haut, vous gardez enfoncé le bouton orange, celui du milieu. C’est seulement là que vous lâchez le bouton rouge, sans lâcher les autres. Puis vous tournez le bouton rouge de 180°.
-Avec des doigts gantés, ronchonna Richter, ce n’est pas très pratique.
-Ensuite, vous lâchez le bouton orange, du milieu, et vous le tournez de 90° vers la gauche.
-Donc vers le bas, dit Richter.
-Exact. Puis vous enfoncez à nouveau les boutons rouge et orange, et vous lâchez le bouton bleu. Et là, vous appuyez deux fois sur le bouton bleu. Et vous lâchez tout. Ah, merde !
-Chez vous non plus, il ne se passe rien ? demanda Laurent.
-J’ai du me tromper pour l’histoire du haut et du bas, avoua Newton. C’est qu’il faut vraiment le faire tous en même temps. Bon, on reprend à zéro.
Finalement, ils activèrent les amortisseurs inertiels. On entendit alors un choc sourd, ou plutôt deux chocs synchrones, puis Colt et Laurent lâchèrent des jurons.
-Vous auriez pu nous prévenir que cela remettrait aussi en service la gravité artificielle ! cria Colt.
-Ben, ça m’étonne, se défendit Newton. Vu qu’on tombe… Il faudra que j’étudie le fonctionnement exact de ce dispositif. De toute façon, le panneau était au bas de l’appareil.
-Non, corrigea Laurent. De mon côté, il était en haut d’une échelle, et j’aurai bien aimé me tenir à cette échelle. Aïe.
-Pareil pour moi, dit Colt avec un ton annonciateur de dispute.
-Aucun problème de mon côté, dit Richter.
-Bon, alors, hésita Newton, nous devrions maintenant retourner à la salle de commande.
Tout en massant ce sur quoi il avait douloureusement atterri, Laurent jeta un dernier coup d’œil à l’amortisseur inertiel. L’appareil ressemblait à une machine à laver pour géant. Laurent refit le chemin en sens inverse, cette fois d’un pas chancelant qui avait au moins le mérite d’être un pas. Tandis qu’il croisait divers poissons mourrants, il remarqua que certains cadavres dataient d’avant le rétablissement de la pesanteur. Par le jeu des mélanges, des poissons d’eau douce s’étaient retrouvés dans de l’eau de mer, ce qui équivalait pour eux à un séjour chez une tribu de réducteurs de têtes. Inversement, des poissons marins avaient barboté dans l’eau douce, et avaient explosé comme un ballon trop gonflé. Le requin était toujours là, désormais nettement moins menaçant. Mais Laurent préféra cependant raser un mur. Lorsqu’il atteignit la salle principale, Colt et Newton étaient à nouveau lancés dans ce que les parents de Laurent auraient appelé une discussion animée. Laurent attendit l’arrivée de Richter, laquelle rétablit instantanément le calme.
-On ne croirait pas que c’est moi qui viens de nager, dit cette dernière avec un haussement de sourcil.
-Ben, il y avait des aquariums, rappela un Laurent trempé à une Richter parfaitement sèche.
-La suite devrait se passer plus tranquillement, dit Newton en pianotant sur son ordinateur.
Ils sentirent à peine l’accélération, mais la roche en fusion devint de plus en plus floue. Newton leur annonça bientôt qu’il venaient de traverser le noyau ferreux et se dirigeaient à nouveau vers la surface. Puis la roche incandescente disparut, et ils ne virent plus que la pièce dans laquelle ils se trouvaient. Laurent pu enfin fermer les paupières convenablement. Newton les invita à aller à la fenêtre la plus proche. Là, ils virent d’abord l’obscurité, puis une forêt apparut, la cime des arbres pointant vers le bas. La base s’éleva dans le ciel, gagna des hauteurs orbitales, puis s’arracha à l’attraction de la planète.
-Euh, hésita Newton dans la radio. Vous devriez revenir en salle de commande. Il se pourrait que nous ayons encore un léger problème.
-De quelle nature ? demanda Colt sans quitter la fenêtre.
-Mes actions avec le magnétisme ont déstabilisé le champ de déphasage. Heureusement, j’avais prévu cette possibilité, et mis en place un programme pour suralimenter l’appareil. Seulement, maintenant, les réserves en énergie sont presque épuisées. Le champ va céder d’un moment à l’autre.
Deux heures plus tard, sur Atlantis.
-Nous avons alors ramené la base en phase, et sommes partis avec le puddle jumper, expliqua Colt. Nous avions largement le temps pour cela, mais l’ennui est que, dans maintenant trois heures…
-Deux heures trois quarts, corrigea Newton.
-… la base percutera un astéroïde, termina Colt.
-Ce qui est trop court pour que le Dédale atteigne la planète et tente quoi que ce soit, compris le docteur Weir. C’est remarquable, capitaine. Vous explorez une base engloutie, et elle finit écrasée contre un astéroïde. Avez-vous pu rapporter quelque chose, malgré tout ?
-Euh, oui, dit Colt sans enthousiasme.
-Et de quoi s’agit t’il ?
-D’une forme de vie extraterrestre rencontrée dans la base, répondit Laurent. Le capitaine l’a appelé Slimer. On pense qu’elle s’est développée dans l’espace confiné de la cuisine de la base. Je ferais volontier ma thèse sur le sujet, si vous me le permettez, docteur Weir.
-Est elle dangereuse ?
-On ne sait pas encore. Le capitaine croyait qu’elle était morte, mais non. Disons qu’une partie de la chose vivait encore, et a dévoré l’autre partie. Et, maintenant, elle semble avoir beaucoup d’appétit pour le citron.
-Alors soit, mais soyez prudent. Vous pouvez disposer.
Ainsi Laurent put il aller se reposer. Loin de là, dans un autre recoin de l’univers, l’anomalie N oscillait toujours entre la non-existence et le vaste champ des possibles.
FIN.
Assis sur le siége du copilote, le docteur Zelenka tourna vers le major Lorne un regard aveugle, comme s’il parlait à du vide.
-Nous sommes presque au-delà de la fenêtre de sécurité, dit Zelenka. Vous devriez éteindre le bracelet Sodan.
-Soit, soupira Lorne en pressant l’unique bouton de l’occulteur portatif, ce qui redonna au monde ses couleurs naturelles et permit à Zelenka de fixer son interlocuteur. Radiations ou pas, il n’y a rien à voir.
-L’appareil de Merlin et le prototype de Hératépaix n’utilisent peut être pas la même dimension. Cela expliquerait pourquoi cette base vous reste invisible. Bien sûr, on peut envisager une autre explication.
-Oui. La base ne serait vraiment plus là. Mais, en ce cas, où serait elle ?
-D’après la Tok’Râ, les Goa’ulds ont fait quelques expériences sur le déphasage. Mais ils ne sont jamais parvenus à isoler une dimension précise, seulement un bouquet erratique. Le résultat de ces recherches fut… euh… le zat. Il nous faut donc envisager que la base puisse être… euh… un peu partout.
-Un pan de mur dans une dimension, une porte dans une autre… Ouais, je vois le tableau.
-Je pensais à des morceaux plus petits. Une molécule ici, une autre là. Le tout pour ainsi dire éparpillé aux quatre vents
-Si ça ne vous fait rien, doc, on va s’en tenir au scénario où la base est encore en un seul morceau. Généralement, l’optimisme nous réussi bien. Bon, retour sur Atlantis.
Retrouver le site de la base n’avait pas été chose aisée. En l’absence de Laurent, il avait d’abord fallu gagner la planète par sa porte principale, une porte orbitale. Ensuite, Lorne avait à nouveau composé l’adresse de la planète, depuis la porte orbitale. Ainsi ordonnée de se contacter elle-même, la porte s’était contentée de vibrer. Mais la porte secondaire avait aussi été prise de secousses, et le sismomètre du jumper l’avait ainsi repérée. Une fois la porte sous-marine atteinte, Lorne avait suivi les indications laissées par l’équipe de Colt, retrouvant enfin le site. A la place de la base lantienne, Lorne et Zelenka n’avaient cependant trouvé qu’un cratère. C’est là que Zelenka avait eu l’idée de l’occulteur Sodan, puisque le SGC en avait justement prêté un à l’expédition. Après encore un aller-retour vers et depuis Atlantis, toutes ces allées et venues se soldaient par un échec. Au moins, il n’était pas nécessaire d’avoir le Navigo pour utiliser la porte secondaire lorsqu’on l’avait devant soi.
-Si on retrouve Nolim vivant, déclara Lorne tandis que se formait le vortex, j’aurai plaisir à lui expliquer ma combine pour localiser une porte secondaire sans le Navigo.
-Ca lui fera sans doute plaisir, répondit Zelenka avec un optimisme forcé.
Pendant ce temps, à plusieurs centaines de kilomètres en sous-sol, le docteur Newton tenait conférence.
-Voici l’idée, dit il. Si je parviens à polariser la coque extérieure de la base de manière adéquate, nous pourrons utiliser le champ magnétique de la planète pour nous propulser. Plus nous serons proches du noyau, plus nous serons, métaphoriquement parlant, à l’intérieur d’un canon magnétique, susceptible de nous expulser vers la surface. Reste cependant le problème de l’accélération que nous devrions alors encaisser, bien trop importante pour nos organismes. J’ai cependant découvert que cette base était à l’origine un vaisseau spatial. Hératépaix en a démonté les moteurs pour construire sa machine, mais les amortisseurs inertiels sont toujours là. Il nous suffit donc de les remettre en fonction. Enfin, quand je dis qu’il nous « suffit », cela ne se résume malheureusement pas à appuyer sur un bouton. Voici un plan de la base que j’ai imprimé sur un transparent.
-Attendez, l’interrompit Laurent. Vous voulez dire que vous décryptez des logiciels extraterrestres, mais que vous ne savez pas vous servir de Power Point ?
-Ce n’est pas vraiment le sujet de cet exposé, monsieur Nolim. Bref, voici la pièce où nous nous trouvons. Les amortisseurs inertiels sont au nombre de quatre, à raison d’un à chaque sommet du tétraèdre, comme vous pouvez le constater sur ces différentes vues en coupe. Voici quatre trajets pour les rejoindre, et autant d’obstacles.
Newton poursuivit son exposé, avec maintes interruptions venant d’un auditoire incrédule. Finalement, Colt confia un amortisseur inertiel à chaque membre de l’équipe, et chacun partit vers sa destination.
Colt s’était attribué l’amortisseur situé tout en haut de la base. En tant que chef, il se devait d’occuper le « sommet » au sens commun du terme. Sa progression à travers les couloirs était facilitée par leur architecture en créneaux, mais aussi par les placards de téléportation. Cela restait malgré tout une entreprise délicate. Au deux tiers du parcours, Colt se trouva devant l’obstacle évoqué par Newton. Pour atteindre l’amortisseur, il lui fallait traverser la cuisine de la base. Bien que techniquement extraterrestre, c’était un décor tout ce qu’il y a de familier. Les Anciens se servaient d’ustensiles et de couverts semblables aux nôtres. Il y avait là des casseroles, des poêles, des batteurs à œufs, des rouleaux à pâtisseries, ainsi que des cuillères, fourchettes et couteaux de tailles et de formes variées. Se trouvaient également là des assiettes de porcelaine et des verres de cristal, mais la plupart s’étaient brisés lorsque la base avait brusquement amorcé sa chute. L’ennui, c’était que tout ceci errait maintenant en état d’apesanteur à travers la salle. Le spectacle ne manquait pas de charme, mais évoquait des mots comme « contondant » et « coupant ». Tandis qu’il songeait aux diverses blessures auxquelles il allait bientôt être exposé, Colt aperçu de terribles charognards prêts à rendre ces blessures encore plus douloureuses. Car, oui, il y a avait là des salières, chacune suivie d’une traînée cométaire de sel. Réunissant son courage, Colt s’empara d’une poêle. « On ne me la fait pas, à moi. Vous allez voir ce qu’un enfant des fast-food fait de la grande cuisine » dit il avant de se lancer dans la bataille.
Newton se trouvait devant une autre sorte d’obstacle. Un obstacle fait d’une grande étendue de rien. Il lui fallait traverser un vaste hangar inoccupé, lequel n’offrait que peu de prises. Newton n’avait en réalité d’autre choix que de se laisser dériver d’une extrémité à l’autre de la pièce. Tout dépendait de l’impulsion de départ. Le cœur battant, Newton lâcha le montant de porte auquel il se tenait, sortit un pistolet, et fit feu dans la direction opposée à celle où il souhaitait se rendre. Action, réaction, Newton se trouva propulsé, vite, trop vite.
Richter avait hérité du parcours le plus physique. L’un des amortisseurs, du fait des aménagements effectués sur la base, n’était plus accessible que de l’extérieur de cette dernière. Richter avait déniché un scaphandre de plongée et, curieusement, il était parfaitement adapté à la situation. Le champ de déphasage s’étendait en effet un peu au-delà des murs de la base, et une certaine quantité d’eau s’était retrouvée entraînée dans la chute. Un peu de sable avait d’ailleurs connu le même sort, et se mélangeait depuis à l’eau. Richter se retrouva donc à nager dans une eau en apesanteur, passant au travers de roches en fusion. Aux SGC et sur Atlantis, on apprend à ne plus s’étonner de rien.
Laurent se trouvait lui aussi confronté à une histoire d’eau. Il lui fallait traverser un secteur de la base qu’il était tenté d’appeler le seaquarium, en référence au seul autre parc zoologique aquatique de sa connaissance. Les Anciens avaient réalisé un travail remarquable en termes d’écosystèmes miniatures. Plusieurs espèces de poissons survivaient là depuis dix mille ans, et l’installation ne consommait qu’une quantité infime d’énergie. Hélas, l’eau était sortie de ses conteneurs et rebondissait sur les murs en une myriade de sphères bloblotantes. Laurent voyaient des bancs de poissons se déplacer à travers les couloirs à mesure que les boules de liquide fusionnaient et se redivisaient. Lui-même, au contraire, faisait de son mieux pour rester au sec. C’est alors qu’il aperçut un banc de poissons différent des autres. Comme aurait dit le capitaine Gloomy, c’était un banc avec un seul poisson, et très, très, très, très gros, le poisson.
De son côté, Colt, sorti victorieux de son combat contre l’argenterie, se trouvait lui aussi devant un monstre inquiétant. Autrefois, il devait s’être agi d’un dessert, semblable à une de ces gelées dont beaucoups aux SGC raffolent pour une raison obscure. Mais celle-ci avait été oubliée dans son coin pendant dix mille ans, et elle était en colère. Que sa couleur d’origine ait été le vert, le rouge ou le bleu, la chose était maintenant dans les tons de péremption. Par rebonds successifs contre les parois du couloir de sorti, elle avait tissé une toile gluante en travers du chemin. Colt avait voulu dégager la voie avec sa poêle, mais la toile avait tenu bon et l’ustensile en était maintenant prisonnier. De plus, la gelée s’était mise à faire des bulles, et Colt était prêt à jurer qu’elle s’était sensiblement rapprochée de la poêle.
Newton procédait à un inventaire. Une tête, deux bras, deux jambes et, comme aimait à le répéter John Sheppard, il vérifierait le reste plus tard. Apparemment, il était en un seul morceau. La porte menant à l’amortisseur inertiel était à sa droite, mais un tout petit peu trop loin. Le mur dans lequel la porte se découpait était lisse, et, en prenant appui dessus, Newton ne réussirait qu’à s’éloigner encore plus de son objectif. Tirer un second coup de feu serait également une très mauvaise idée. Il lui fallait trouver un autre moyen de se mouvoir.
Richter atteignit la première son but. Elle trouva le panneau dans la paroi, et commença à le dévisser.
Ce n’était pas un requin. S’il avait été posé sur le ventre, sa nageoire postérieure se serait trouvée à l’horizontale, comme celle d’un dauphin, d’une baleine ou d’un orque, voire d’un phoque. De plus, et bien que dépourvu de trou sur la tête, il trahissait une respiration aérienne. Plutôt qu’un poisson, c’était donc le descendant d’animaux terrestres retournés à la vie aquatique. Néanmoins, en dehors de ces détails d’un grand intérêt zoologique, c’était… ben… un requin, de grand format, avec beaucoup de dents. Il bondissait de masse d’eau en masse d’eau, se rapprochant d’un Laurent vert de trouille. En sport, à l’école, quand il fallait former des équipes, le jeune homme était toujours le dernier choisi. Pas l’avant-dernier, mais bien le dernier, et ça n’avait rien d’étonnant. Mais on dit que la peur donne des ailes. Sautant d’un mur à l’autre, Laurent parvint à esquiver les redoutables mâchoires par trois fois. Tandis qu’il échappait de justesse à un quatrième assaut, il prit conscience d’un détail capital. Il faisait partie d’une équipe d’exploration. Même si cela le rendait nerveux et qu’il préférait habituellement l’oublier, il avait sur lui une arme à feu.
Les balles n’avaient aucun effet sur la créature. Colt avait même l’impression que la gelée dissolvait le métal. Ayant épuisé les autres possibilités, le capitaine voulu saisir une grenade dans sa veste. Sa main se referma sur un autre objet, de forme semblable mais de couleur jaune. Colt constata son erreur, mais murmura « Et pourquoi pas ? ».
Si McKay ne partait jamais en mission sans sa crème solaire indice 100, Newton avait aussi sa petite manie. Comme un éventail faisait quelque peu efféminé, il avait fait l’acquisition d’un ventilateur de poche. Il se félicitait maintenant de posséder ce gadget. Ce n’était peut être pas l’événement le plus glorieux de l’histoire de l’aéronautique, mais Newton, porté par le vent, se rapprochait de la porte.
Richter retira le panneau. Pour la suite, elle allait avoir besoin de Newton, lequel n’allait sans doute pas vouloir se répéter. Elle attendit.
Des gouttes de sang flottaient dans l’air. Les balles avaient cueilli le requin alors qu’il effectuait sa cinquième attaque. Laurent s’extirpait comme il le pouvait de la bulle d’eau dans laquelle le recul des coups de feu l’avait catapulté. Au moins, cela lui donnait un alibi plausible pour son pantalon mouillé.
Colt avait vu juste. La chose était allergique au citron. Sitôt le fruit absorbé, elle s’était ratatinée sur elle-même, parcourue de convulsions et d’arcs électriques. Sa toile s’était déchirée autour d’elle. Le passage était libre. « Crève, pourriture culinaire » déclara Colt avant de poursuivre son chemin.
Quelques minutes plus tard, tout le monde était à son poste.
-Bon, dit Newton dans son talkie-walkie, vous devez avoir trois boutons devant vous, un rouge, un orange et un bleu.
-Chez moi, répondit Laurent, ils sont tous bleus.
-Idem ici, signala Richter.
-Pour moi, ça marche, dit Colt.
-Bon, alors, reprit Newton, le rouge, c’est celui de gauche, et l’orange, c’est celui du milieu.
-Logique, dit Laurent.
-Moi je veux bien, dit Richter, mais je vous rappelle que je suis toujours à l’extérieur de la base. Alors, du coup, la droite, la gauche, c’est interchangeable.
-Tenez vous debout devant la base, conseilla Newton.
-D’accord, mais maintenant les boutons sont alignés verticalement.
-Bon, alors, le rouge, c’est celui, disons, du bas.
-Comment ça, « disons » ?
-J’en suis presque sûr. Bon, maintenant, c’est simple. C’est comme pour régler la minuterie d’un four à micro-ondes. Vous maintenez les boutons rouge et bleu enfoncés, ou gauche et droite, ou bas et haut. Ensuite, sans lâcher les boutons rouge et bleu, vous appuyez succinctement trois fois sur le bouton du milieu. Après, toujours sans lâcher les boutons rouge et bleu, ou gauche et droite, ou bas et haut, vous gardez enfoncé le bouton orange, celui du milieu. C’est seulement là que vous lâchez le bouton rouge, sans lâcher les autres. Puis vous tournez le bouton rouge de 180°.
-Avec des doigts gantés, ronchonna Richter, ce n’est pas très pratique.
-Ensuite, vous lâchez le bouton orange, du milieu, et vous le tournez de 90° vers la gauche.
-Donc vers le bas, dit Richter.
-Exact. Puis vous enfoncez à nouveau les boutons rouge et orange, et vous lâchez le bouton bleu. Et là, vous appuyez deux fois sur le bouton bleu. Et vous lâchez tout. Ah, merde !
-Chez vous non plus, il ne se passe rien ? demanda Laurent.
-J’ai du me tromper pour l’histoire du haut et du bas, avoua Newton. C’est qu’il faut vraiment le faire tous en même temps. Bon, on reprend à zéro.
Finalement, ils activèrent les amortisseurs inertiels. On entendit alors un choc sourd, ou plutôt deux chocs synchrones, puis Colt et Laurent lâchèrent des jurons.
-Vous auriez pu nous prévenir que cela remettrait aussi en service la gravité artificielle ! cria Colt.
-Ben, ça m’étonne, se défendit Newton. Vu qu’on tombe… Il faudra que j’étudie le fonctionnement exact de ce dispositif. De toute façon, le panneau était au bas de l’appareil.
-Non, corrigea Laurent. De mon côté, il était en haut d’une échelle, et j’aurai bien aimé me tenir à cette échelle. Aïe.
-Pareil pour moi, dit Colt avec un ton annonciateur de dispute.
-Aucun problème de mon côté, dit Richter.
-Bon, alors, hésita Newton, nous devrions maintenant retourner à la salle de commande.
Tout en massant ce sur quoi il avait douloureusement atterri, Laurent jeta un dernier coup d’œil à l’amortisseur inertiel. L’appareil ressemblait à une machine à laver pour géant. Laurent refit le chemin en sens inverse, cette fois d’un pas chancelant qui avait au moins le mérite d’être un pas. Tandis qu’il croisait divers poissons mourrants, il remarqua que certains cadavres dataient d’avant le rétablissement de la pesanteur. Par le jeu des mélanges, des poissons d’eau douce s’étaient retrouvés dans de l’eau de mer, ce qui équivalait pour eux à un séjour chez une tribu de réducteurs de têtes. Inversement, des poissons marins avaient barboté dans l’eau douce, et avaient explosé comme un ballon trop gonflé. Le requin était toujours là, désormais nettement moins menaçant. Mais Laurent préféra cependant raser un mur. Lorsqu’il atteignit la salle principale, Colt et Newton étaient à nouveau lancés dans ce que les parents de Laurent auraient appelé une discussion animée. Laurent attendit l’arrivée de Richter, laquelle rétablit instantanément le calme.
-On ne croirait pas que c’est moi qui viens de nager, dit cette dernière avec un haussement de sourcil.
-Ben, il y avait des aquariums, rappela un Laurent trempé à une Richter parfaitement sèche.
-La suite devrait se passer plus tranquillement, dit Newton en pianotant sur son ordinateur.
Ils sentirent à peine l’accélération, mais la roche en fusion devint de plus en plus floue. Newton leur annonça bientôt qu’il venaient de traverser le noyau ferreux et se dirigeaient à nouveau vers la surface. Puis la roche incandescente disparut, et ils ne virent plus que la pièce dans laquelle ils se trouvaient. Laurent pu enfin fermer les paupières convenablement. Newton les invita à aller à la fenêtre la plus proche. Là, ils virent d’abord l’obscurité, puis une forêt apparut, la cime des arbres pointant vers le bas. La base s’éleva dans le ciel, gagna des hauteurs orbitales, puis s’arracha à l’attraction de la planète.
-Euh, hésita Newton dans la radio. Vous devriez revenir en salle de commande. Il se pourrait que nous ayons encore un léger problème.
-De quelle nature ? demanda Colt sans quitter la fenêtre.
-Mes actions avec le magnétisme ont déstabilisé le champ de déphasage. Heureusement, j’avais prévu cette possibilité, et mis en place un programme pour suralimenter l’appareil. Seulement, maintenant, les réserves en énergie sont presque épuisées. Le champ va céder d’un moment à l’autre.
Deux heures plus tard, sur Atlantis.
-Nous avons alors ramené la base en phase, et sommes partis avec le puddle jumper, expliqua Colt. Nous avions largement le temps pour cela, mais l’ennui est que, dans maintenant trois heures…
-Deux heures trois quarts, corrigea Newton.
-… la base percutera un astéroïde, termina Colt.
-Ce qui est trop court pour que le Dédale atteigne la planète et tente quoi que ce soit, compris le docteur Weir. C’est remarquable, capitaine. Vous explorez une base engloutie, et elle finit écrasée contre un astéroïde. Avez-vous pu rapporter quelque chose, malgré tout ?
-Euh, oui, dit Colt sans enthousiasme.
-Et de quoi s’agit t’il ?
-D’une forme de vie extraterrestre rencontrée dans la base, répondit Laurent. Le capitaine l’a appelé Slimer. On pense qu’elle s’est développée dans l’espace confiné de la cuisine de la base. Je ferais volontier ma thèse sur le sujet, si vous me le permettez, docteur Weir.
-Est elle dangereuse ?
-On ne sait pas encore. Le capitaine croyait qu’elle était morte, mais non. Disons qu’une partie de la chose vivait encore, et a dévoré l’autre partie. Et, maintenant, elle semble avoir beaucoup d’appétit pour le citron.
-Alors soit, mais soyez prudent. Vous pouvez disposer.
Ainsi Laurent put il aller se reposer. Loin de là, dans un autre recoin de l’univers, l’anomalie N oscillait toujours entre la non-existence et le vaste champ des possibles.
FIN.
Re: Le Navigo (épisode pilote)
Fin... fin ?
Tout court ? Je trouve la chute un peu rapide moi, on reste sur sa faim...

- lord Petrus
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Re: Le Navigo (épisode pilote)
Fin de l'épisode, en fait. Par contre, là, je m'interroge. Préférez-vous allez lire la suite là ou que je la poste ici? 

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