En reparcourant ce sujet pour vérifier quelques points de détails, mes soeurs et moi sommes tombées sur cette remarque :
CITATION
(jumper01,Mercredi 02 Avril 2008 19h27)
Bref,écrivez une fic et on verra le résultat.
Nous avons alors supposé que l'auteur du texte que nous venions d'analyser suggérait que nous ne soyons que des filles à la critique facile, ignorant les affres du travail de rédaction.
De même, il nous est devenu évident que nos commentaires, quoi que l'on ai put en dire, n'étaient pas à proprement parler "parfaitement constructives".
Pour pallier ces deux problèmes qui s'exposaient à notre regard, nous avons décidé de faire une "critique constructive" : en l'occurence de réécrire le début du chapitre 1 de "Stargate Millénium" en approfondissant quelques légers détails et en corrigeant les rares fautes d'orthographes du texte original.
Nous espérons que tu ne nous garderas pas rancune de poster cette réécriture en question dans le topic de ton texte. Prend ça comme une suggestion visant à illustrer nos remarques.
Les Filles d'Ananké
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Dans une cabine spacieuse, un homme en bras de chemise se reposait sur sa couchette en lisant lascivement les derniers documents qui étaient arrivés par communication cryptée la veille. Des cartes, des spécifications, des représentations, des théories, des mesures. Tous les détails dont il avait besoin sur la galaxie du Phénix -du moins, ceux qui étaient connus à ce jour- étaient condensés dans une poignée de documents. Chacune des feuilles qu'il avait en main était animée et donnait une illusion de profondeur qui lui permettait d'admirer des vues en couleurs réelles de nébuleuses aux formes iridescentes.
L'homme se leva, enfila sa veste dont les manches étaient ornées de quatre bandes d'or et passa dans son bureau voisin. Il s'assit dans son fauteuil fixé et réordonna ses pensées.
A chaque mission, c'était la même chose. Il arrivait quelques semaines avant le départ pour surveiller les préparations de l'engin, et systématiquement, la veille du décrochage, il ressentait un sentiment étrange, mélange d'impatience et d'anxiété, qui l'empêchait de se concentrer plus de quelques minutes. Renonçant à mémoriser certains des détails annexes de la mission, il décida d'allumer son ordinateur et passa son doigt sur un bouton placé sur le coté de son bureau. La surface du meuble s'alluma tandis qu'il déclamait d'une voix monocorde :
-Capitaine de vaisseau Frank Edgar Criant, 0-1-7-8-3-4
A ce moment, la surface du bureau s'anima et un écran holographique apparut en face de l'officier, sur toute la largeur du meuble.
-Voyons où en sont les préparations…
A deux cent mètres environ du commandant, un robot de maintenance flottait dans la pénombre du vide spatial, occupé à inspecter la coque de l'immense vaisseau de guerre arrimé au dock qu'était le ESS
Millénium. Le bâtiment mesurait près de deux kilomètres, des moteurs à la proue et comprenait deux larges hangars logés dans d'immenses nacelles situées sur les flancs de l'engin, dont la longue structure principale dépassait derrière les renflements latéraux et représentait trois fois la longueur de ces derniers. Les nacelles étaient en partie recouvertes par un plateau principal supportant la passerelle de navigation auxiliaire de parade et surtout une partie de l'armement. Ce dernier était composé de tourelles doubles de canons électromagnétiques de large calibre, disposées sur tout le vaisseau. De larges silos à missiles couvraient les faces supérieures et inférieures de la structure avant et des systèmes de défense de point étaient placés sur toute la surface de l'engin. Mais ceci n'était que la partie apparente d'un armement bien plus complexe.
Le dock auquel le vaisseau spatial était rattaché était une baie dédiée, part d'une immense station spatiale, base terrienne de la flotte. Comprenant plusieurs hangars à cale sèche, des dizaines de baies d'arrimage, et des réservoirs de plusieurs milliards de mètres cubes de carburant, munitions, vivres et équipements divers, ainsi que des engins de réparation et de transfert, des remorqueurs et des systèmes de défense de point automatisés, la station spatiale accueillait la majeure partie des forces spatiales terriennes et servait de lieu de vie à des milliers de personnes.
A l'intérieur de ce monstre de polymères et de métal immense qu'était le
Millénium, les locaux du service médical principal avaient une surface comparable à celle d'un grand hôpital du début du XXIème siècle et jouxtaient avec une large section scientifique comprenant plusieurs laboratoires et bureaux. Le tout formait un service unifié, dirigé par un docteur émérite, contemporain des premiers explorateurs terriens, du nom de Narim. A la veille du départ pour la galaxie du Phénix, il se rappelait malgré lui un départ beaucoup moins enthousiasmant, cent quatre-vingt six ans auparavant, lorsqu'il avait du quitter sous les détonations, une planète qui avait fini par devenir son foyer. Après quatre années de présence, la défaite avait sonné la quasi-extinction du peuple Tollan, et en tout cas, celle de leur civilisation. Utilisant de petites navettes individuelles, certains d'entre eux étaient parvenus, pendant l'attaque ou plus tard, à passer outre les forces de Tanith en orbite et à rejoindre un de leurs vaisseaux se trouvant dans le système. La technologie hors-phase leur avait permis d'éviter d'être désintégrés par des décharges de plasma dès leur ascension, et, le temps que les goa'ulds trouvent leur engin occulté, ils s'étaient enfuis pour de bon. Seuls dans l'espace, ils avaient pris la décision de se mettre en stase en attendant des jours meilleurs. Le dernier vaisseau était sensé chercher une planète habitable en voyageant dans les différents systèmes de la voie lactée. Mais en sortant d'hyperespace, l'engin, après quelques mois de recherches avait fini par rencontrer un Hatak goa'uld précédemment occulté. Les tirs avaient endommagé le dernier appareil Tollan mais avaient surtout détruit la carte galactique. L'intelligence artificielle du vaisseau l'avait alors fait sauter à l'aveuglette, et ce n'était qu'en 2179 qu'un croiseur terrien patrouillant en espace profond avait fini par le détecter. Le Rhéa avait ainsi remorqué le navire Tollan sur Terre. Les derniers représentants de leur peuple s'étaient vus alors offrir des opportunités considérables, leurs compétences leur ouvrant toutes les portes des entreprises et structures étatiques. Certains firent le choix de quitter la planète mère des humains, mais d'autres décidèrent de rester parmi les terriens, qui formaient alors la société humaine la plus proche de ce qu'avait été Tollana. Narim était de ceux-là. Cependant, malgré sa position dans la société terrienne, ses connaissances, il restait nostalgique sa précédente vie.
Le Lendemain, à six heures précises, temps standard de la Terre, le commandant était dans le CIC, supervisant les manœuvres de détachement du dock. Les officiers mariniers présents connaissaient tous très bien leur tache, et l'assistance du système de navigation leur permettait de se contenter de seulement vérifier la conformité et l'exactitude des actions menées. Criant se préparait à d'observer sur son écran holographique frontal les déplacements du vaisseau lorsque le détachement commença. Raccordé par sa face inférieure, l'engin referma tout d'abord ses sas et replia les passerelles pressurisées de transfert, puis, il replia ses tubes de transfert qui s'encastrèrent dans la coque avant d'enfin débrancher les quatre passerelles informatiques. Mais le vaisseau était encore accolé au dock. C'est là que les systèmes de la station entrèrent en action. D'immenses appareils que l'on pourrait qualifier d'électroaimants créèrent un champ magnétique qui eut pour effet d'éloigner rapidement le Millenium à une vitesse de quelques kilomètres/seconde. Le navire put alors allumer ses propulseurs arrières qui l'amenèrent rapidement à quelques milliers de kilomètres de la station spatiale. Criant donna alors quelques ordres brefs :
-Passez le système de combat du mode d'attente au mode actif, désactivez les sécurités de tir dans le canon 4-12 de proue.
-A vos ordres, Commandant, répondit le Lieutenant de vaisseau Tuvoc en faisant signe à un premier maître chargé des armes non guidées.
-Préparez vous à tirer. Ordonna Criant
-Chargement d'un obus de 380 millimètres, classe Epsilon dans le canon 4-12. Passage en visée manuelle, cible au 372 sur 028. Activation de l'alimentation du canon. Traduisit l'officier de pont.
-Le tir est autorisé. Conclut le commandant.
C'est alors que sous l'impulsion du pouce d'un premier maître devant sa console, le canon avant propulsa dans l'espace un obus traçant à une vélocité de douze mille kilomètres par seconde. La tradition dans la flotte terrienne, voulait que depuis cent vingt ans, tout bâtiment quittant son ancrage ou sa planète d'attache tire un obus traçant.
Quelques minutes plus tard, le second du vaisseau, le Capitaine de corvette Francesca Levis, arriva dans le CIC pour achever les préparations terminales pour le saut en hyperespace. Après quelques simulations et tests de sécurité de dernière minute, suivis d'une longue check-list, Le commandant et le second conclurent que le bâtiment était fin prêt. Dans le CIC, on déclencha donc la séquence finale avant le passage en hyperespace pour un voyage de plusieurs dizaines de jours. Levis s'installa dans son siège à la droite du commandant et enclencha l'intercom.
-A tout l'équipage, préparez vous au passage en hyperespace dans six minutes. Tout le personnel des sections énergie, sécurité et manœuvre, à vos postes.
Le rappel était superflu car les personnes citées étaient déjà à leur poste, et Levis le savait, mais c'était la procédure. Elle était consciente que si ce genre de procédure existait, c'était pour une bonne raison. Surveillant l'état des systèmes du vaisseau sur son écran, elle laissa ses pensées dériver jusqu'au compte à rebours final.
-Attention, passage en hyperespace au top. Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un, top !
A cet instant précis, l'immense agglomérat de matière de mille huit cent cinquante mètres de longueur formant le
Millenium déchira la structure de l'espace-temps et disparut de notre Univers. Le vaisseau était passé en hyperespace.
Malgré les différents progrès que la technologie humaine avait apportés aux hyperpropulseurs, le voyage prenait tout de même plusieurs semaines, durant lesquelles chacun devait s’occuper entre ses quarts.
Le Capitaine de vaisseau Criant avait passé les quatre premiers jours du voyage à terminer les différentes paperasses qu’il lui restait à remplir, pour les envoyer par communication subspatiale avant que le
Millenium ne soit hors de portée de la Voie Lactée et de ses nombreux relais de transmission.
Tel était l’un des nombreux inconvénients d’une mission consistant à mettre en place les premières infrastructures et de faire une reconnaissance d’un secteur d’une galaxie pour le moment inexplorée, à savoir la galaxie du Phénix.
Le restant du voyage se déroula sans incident, tandis que le navire franchissait le vide séparant la Voie Lactée de l’objectif du vaisseau terrien.
Pour la vingt-neuvième fois depuis le départ de la Terre, le réveil installé sur la table de nuit du commandant – un reliquat mécanique du début du XXIème siècle – sonna, provoquant un ou deux grognements de son propriétaire, qui se leva dans les secondes qui suivirent.
L’heure interne du vaisseau avait été indexée à l’heure GMT au départ du vaisseau, et l’un des privilèges du commandant était de pouvoir se reposer durant la « nuit », ce qui lui faisait échapper au décalage horaire de deux tiers des officiers et de l’équipage, dont les quarts ne coïncidaient pas avec l’heure à laquelle ils étaient habitués avant de partir.
Une heure et trente minutes après son réveil, le commandant entra dans le Centre d’Information de Combat, le cerveau du navire, situé au plus profond de ses entrailles, à l’abri de toute attaque. Depuis qu’il commandait des navires, il s’était habitué à arriver à son poste au moins dix minutes avant l’horaire prévu, pour pouvoir recevoir le rapport de l’officier de quart qu’il relevait, et cette habitude n’avait pas de raison de changer au motif que son appareil était en plein hyperespace depuis quatre semaines.
Le CIC était rempli d’ordinateurs, d’écrans et d’indicateurs divers de l’état des systèmes du navire. D’un rapide coup d’œil, Criant vit que tous les indicateurs d’avarie étaient en vert, et que les quelques détecteurs fonctionnant en hyperespace n’affichaient rien à portée.
Il se tourna vers l’officier de quart, le lieutenant de vaisseau Tuvoc :
-Quoi que ce soit à signaler ?
-R.A.S., monsieur. La vitesse est stable et nous devrions sortir de l’hyperespace d’ici approximativement cent cinquante minutes.
-Entendu, lui dit-il, alors que d’autres personnes entraient dans le CIC, ensembles ou séparément, avant de hausser la voix : Je prends le quart.
Un ou deux officiers acquiescèrent, puis le personnel réduit du centre de commandement laissa la place à sa relève.
Criant attendit que l’équipe de Tuvoc fusse partie avant de se diriger vers le siège du commandant, au-dessus duquel un chronomètre égrenait en chiffres rouges le temps restant avant la sortie, qui marquerait le véritable début de la mission du
Millénium.
Une heure avant la sortie, le personnel à l’intérieur du CIC se vit plus que doublé, alors que le personnel critique était rappelé à son poste.
Lorsque le chronomètre indiqua cinq minutes avant la sortie, Criant appuya sur le bouton de l’interphone général et dit :
-Attention, sortie imminente de l’hyperespace. Tout l’équipage aux postes de combat. Je répète, tout l’équipage aux postes de combat.
Une brève alerte retentit alors dans le navire, ne faisant que donner plus de poids encore à l’annonce du commandant.
A l’intérieur du CIC, des rapports venaient des différentes sections, annonçant leur état opérationnel. Il ne fallut que trois minutes vingt secondes pour que les systèmes de combat principaux, en plus de leur gestion informatisée, puissent bénéficier de la présence encore indispensable de techniciens et de spécialistes.
-Tous les systèmes sont parés au combat, monsieur, lui dit une femme se détournant de sa console de contrôle.
-Merci, quartier-maître.
La procédure terrienne en vigueur était de passer en situation de combat avant de sortir de l’hyperespace, ce qui permettait de réduire le temps de vulnérabilité associé à ce changement de milieu à son strict minimum.
Plusieurs navires dont les officiers n’avaient pas saisi l’importance de ces quelques secondes n’eurent pas l’occasion, durant les 175 ans d’âge de la flotte terrienne, d’expliquer ce qui avait mal tourné à ce moment-là....
Le
Millénium sortit brusquement d’une anomalie spatio-temporelle qui aurait poussé au suicide la majorité des scientifiques terriens du XXème siècle, pour réapparaître dans le vide interplanétaire, à quelques dizaines d’unités astronomiques d’une étoile de Phénix sélectionnée avant le départ.
-Rapport de contacts, demanda le commandant en tournant la tête vers la section « Détection » du centre d'information et de combat.
Quelques secondes plus tard, le lieutenant en charge de la section lui répondit :
-Uniquement des corps astronomiques inertes, monsieur. Aucune source de signaux importants en-dehors de l’étoile, aucun vaisseau repéré dans ce système.
-Entendu. Faites-moi signe si vous avez du nouveau. Capitaine Tuvoc ?
-Tous les systèmes d’armes sont nominaux, les boucliers sont actifs. Le navire est prêt au combat.
La tension retomba, et Criant put commencer à appliquer ses ordres de mission.
-Major O’Cal, veuillez commencer le déploiement des sondes astronomiques et du relais.
-Bien monsieur, répondit-il. Maître principal Merris, lancez les sondes 1 à 8. Réglez la transmission de données sur le canal 1. Larguez le satellite de communication subspatiale.
Le jeune officier marinier acquiesça et entama les préparatifs de lancement, mettant à jour les informations de navigation avec ce que le navire recevait depuis son retour dans l’espace conventionnel.
-Commandant, nous recevons une transmission électromagnétique ! Origine inconnue, probablement hors du système.
Criant tourna la tête vers l’officier en charge de la section « Communications » du CIC :
-Quel est son contenu ?
L’un des hommes d’équipage entra des commandes dans son ordinateur, dont la réponse fut lue par l’officier ; et, à ce qu’en vit Criant, son contenu devait être incroyable. Il attendit patiemment une dizaine de secondes, avant de redemander :
-Alors, lieutenant ?
-Le système de traduction a reconnu un dialecte Goa’uld. Il s’agit d’un signal de détresse.
-Êtes-vous bien sûr, lieutenant ? Il me semble que nous sommes à plusieurs millions d’années-lumière du moindre Ha’tak.
-C’est ce que répète l’ordinateur : A part le moyen de communication utilisé, à savoir des ondes électromagnétiques plutôt qu’un signal subspatial, le contenu est identique à celui des signaux de détresse Goa’uld.
-Major O’Cal, où en est le déploiement des drones ?
-Les sondes astronomiques sont en cours de positionnement, et le relais sera opérationnel d’ici quatre heures. Notre présence dans ce système n’est plus requise.
-Préparez alors un saut vers le système suivant de la liste. Nous y déploierons nos sondes et tenterons de déterminer l’origine du signal par triangularisation.
Il se tourna vers l'enseigne en charge des communications :
-Je compte sur vous. Ce n’est pas tous les jours que l’on reçoit un S.O.S. d’un vaisseau goa’uld, et encore moins hors de notre galaxie.
Il fallut encore deux déplacements pour obtenir une plus grande précision, afin de se rapprocher suffisamment du navire en détresse pour le secourir – ou tout au moins en apprendre davantage sur sa nature et sur les raisons de sa présence.
Pour la quatrième fois en quelques heures, le croiseur de combat
Millenium sortit de l’hyperespace dans cette galaxie inexplorée, mais cette fois loin de toute étoile, dans l’obscure noirceur du vide interstellaire.
-La source des signaux est très proche, commandant. Nous devrions pouvoir la repérer avec nos senseurs actifs, dit le lieutenant, enthousiasmé par la perspective de mener une mission de sauvetage dès de sa première affectation.
-Entendu, transmettez le message diplomatique standard, en goa’uld, et activez les scanners.
-Contact, contact, annonça le Lieutenant de Vaisseau Tuvoc quelques secondes plus tard. Cible repérée par l’avant au 021. Nous sommes à vingt-huit mille kilomètre d’elle. Taille estimée, six mètres.
-Une nacelle de sauvetage, donc, dit le commandant. Est-ce que le relais de transmission est opérationnel, O’Cal ?
-Oui, monsieur, nous pouvons contacter la Voie Lactée et, par son intermédiaire, toutes les colonies terriennes.
-J’ai une reconstitution graphique de la cible par les scanners, rajouta Tuvoc.
-Affichez-là.
Un hologramme s’afficha alors, montrant ce que toute personne ayant étudié l’histoire lactéenne reconnaissait immédiatement.
Un sarcophage de régénération Goa’uld, qui semblait sérieusement endommagé.
-Bon, bon, bon. Quelqu’un a-t-il une idée de la manière dont ce joujou s’est retrouvé ici ? demanda ironiquement Criant, avant de se tourner vers O’Cal. Veuillez transmettre le message suivant : Ici BC-339 Millénium, avons reçu signal de détresse provenant d’un sarcophage goa’uld à l’abandon dans la galaxie du Phénix. Demandons autorisation de l’amener à bord pour plus amples investigations.
Dès que le message fut transmis, il appela le chef du personnel scientifique du navire, un Tollan répondant au nom de Narim. Si l’extraterrestre n’était pas le maître incontesté du savoir Goa’uld, il avait néanmoins trois avantages par rapport aux autres scientifiques à bord : Il savait travailler avec les militaires, il avait l’intuition nécessaire à la résolution rapide de nombreux problèmes, et – surtout – était le seul être pensant à bord qui ait connu les goa'uld au sommet de leur puissance.
La réponse vint une trentaine de minutes plus tard. Criant lut le message sur son écran, alors que O’Cal s’était absenté pour superviser les derniers détails de la mise en place du relais dans la salle de transmission principale :
« Autorisation de récupération et d’ouverture accordée. Appliquez les procédures de quarantaine standard lors de la récupération et de votre retour ultérieur dans la Voie Lactée. Transmettez rapport d’avancement toutes les heures. Bon travail. »
-Très bien, tout le monde. Nous avons reçu l’accord de la Terre pour récupérer cette boite de conserve. Activez les champs anti-explosions renforcés et les boucliers de l’entrepôt 2.
Il composa un code sur son moniteur, et vit la tête du Tollan s’afficher :
-Où en êtes-vous, Narim ?
Le scientifique se retourna, laissant momentanément son travail sur l’un des ordinateurs :
-J’ai revérifié une seconde fois les données des capteurs actifs et passifs. Il n’y a pas assez d’énergie à bord de cet engin pour laisser présager d’une quelconque bombe pouvant surcharger les boucliers de l’un des laboratoires. Nous pourrions amener ce sarcophage directement dans l’un d’entre eux. Sinon, amenez-le dès que possible dans le labo 6.
-Désolé, Narim, mais je préfère ne pas prendre de risque.
-Entendu, Commandeur, dit-il sans aigreur.
-C'est Commandant, Nar.....commença à dire Criant avant de voir que la communication avait été coupée.
Grand scientifique, mais toujours incapable de se souvenir des grades terriens......Qu’y a-t-il de si difficile, pourtant ?
-Où en sont les équipes de réparation ?
-Elles sont en stand-by, près de la zone des entrepôts, répondit Tuvoc.
-Très bien, amenez le sarcophage dans l’entrepôt 2.
Le faisceau de téléportation asgard, parfaitement ciblé sur le sarcophage, dématérialisa ce dernier avant de le reconstituer à l’intérieur de l’un des entrepôts, où il fut soumis à différentes sources d’énergie qui aurait convaincu n’importe quel détonateur de sa présence à bord d’un vaisseau.
Mais rien ne se produisit, si ce n’est que la balise de détresse cessa de fonctionner.
Préférant la prudence aux éloges funèbres, Criant attendit quelques minutes avant de se décider à amener le sarcophage là où le Tollan le lui avait demandé.
- Je vais sur place voir de quoi il retourne. Lieutenant Kir, contactez O’Cal et dites-lui de me rejoindre au sixième labo ; Lévis, je vous confie le poste de commandement.
Frank E. Criant rejoignit la salle des anneaux de transfert, qu’un sergent activa pour lui. Les cinq cercles de naquadah l’enveloppèrent d’une vive lumière verte, et révélèrent en disparaissant dans le sol les murs d’une petite pièce à proximité des laboratoires quatre à six.
Le colonel rejoignit rapidement ce dernier, où Narim était déjà en train de fureter autour du sarcophage, un scanner portable de technologie Tollan mais de conception terrienne à la main.
- Narim, salua Criant. Ah, major, vous voila, ajoutât-il tandis que O’Cal franchissait le sas.
- Commandant, fit Mike presque en même temps, docteur.
- Major O’Cal… commença à son tour le Tollan avant d’être coupé par Criant.
- Stoppons là les civilités, si vous le voulez bien. Narim, dans quel état est-il ?
Le Tollan releva la tête de son ordinateur portable, et jeta un coup d’œil curieux au mystérieux sarcophage. L’engin était plus massif et élégant que la plupart de ses semblables.
- En étonnamment bon état, Commandeur. Surtout compte tenu de sa longue errance dans l’espace. Aucune déperdition d’énergie, et je confirme l’absence de radiations résiduelles.
Criant s’avança vers l’artéfact, et caressa distraitement un hiéroglyphe doré et éraflé. Il fixait le caisson de survie supposé comme s’il était capable de voir au travers.
- « Commandeur » n’est pas un grade terrien, Narim, rappelât-il à l’alien pour la centième fois au moins, mais un titre Tollan. Par conséquent, appelez moi « Commandant » ou « Monsieur ».
- Bien, Commandeur.
Le commandant du BC-339
Millénium choisit de voir dans cette réponse une marque de l’humour très particulier de l’extraterrestre le plus futé qui eut été affecté à son vaisseau.
- Est-ce que vous pouvez l’ouvrir ? interrogeât-il en désignant du pouce le caisson de stase.
Le Tollan consulta une nouvelle fois le petit ordinateur Tollano-Tau’ri qui ne le quittait pas.
- J’ai déjà injecté des nanites de génération atlante dans l’appareil, signalât-il de son habituel timbre bas et prudent ; ils ont pénétré les couches de blindage supérieures et entamé la vérification des circuits énergétiques ainsi que la réfection des éléments mécaniques. Je pense que si les dommages ne sont que structurels, nous ne devrions pas tarder à…
L’habituelle mélodie cristalline d’une extrême douceur indiquant une intervention du
Millénium retentit dans la salle, interrompant l’officier alien.
« Réfection primaires et secondaires effectuées. Réfections tertiaires et quaternaires en stand-by. Souhaitez-vous initier la phase 4 des réparations ? »
- Pas encore,
Millénium, répondit aussitôt Narim distraitement sans consulter quiconque – comme il en avait vite prit l’habitude. Commandeur, ajoutât-il pour Criant, nous sommes parés.
- Allez-y, ordonna le capitaine de vaisseau. Mais tenez vous prêt à téléporter ce truc dehors au besoin.
Narim entra une commande sur une console, puis fixa le sarcophage comme s’il attendait quelque chose. Le quelque chose en question se manifesta bientôt : une flaque argentée et parfaitement circulaire se forma sur le sarcophage, les microscopiques robots désertant leur hôte de métal. Une double spirale de nanites s’éleva ensuite au-dessus du dispositif de soin – à la manière d’une paire de tentacules – et réintégra avec un faible bruit de glissement aqueux le réseau de nanoréfection du
Millénium, jusqu'à drainer entièrement le précieux métal liquide.
Narim pressa alors un endroit précis à la surface du sarcophage Goa’uld, et celui-ci entama son ouverture tandis que le Tollan reculait vivement entre les deux militaires.
Les diverses sections mobiles s’ébranlèrent, avec une sorte de sursaut grinçant dû au long séjour dans le vide spatial : les bords latéraux s’affaissèrent, et le couvercle se scinda en deux parties qui se déployèrent telles des ailes, tandis que le support circulaire à sa tête se soulevait dans un sourd frottement minéral. Une douce lumière blanche émana de l’ouverture, de plus en plus intense à mesure que s’achevait le processus ; quelques étincelles jaillirent ici ou là ; un vrombissement laborieux résonna dans le laboratoire…
Puis les éléments se figèrent dans un fracas étouffé, et le calme revint. L’éclat émanant de l’ouverture rectangulaire s’atténua, permettant à tous d’observer enfin son occupant.
C’était un humain, inconscient et vêtu de riches atours. Non pas que sa tenue ait été surchargée de perles, rubis et fils d’or ; non, c’est bien plus subtil, bien plus précieux. Son costume en drapé soyeux et à la coupe égyptienne respirait le soin et la délicatesse, et on ne pouvait douter au premier coup d’œil de la qualité des étoffes. Le visage était noble, les lèvres charnues, le teint légèrement halé, une ligne de noir soulignait les yeux fermés.
Et, fait surprenant, l’homme était de toute évidence très, très âgé. Son visage émacié et ridé était surmonté d’une chevelure très fine et d’une blancheur de neige, tirée en arrière ; sur ses mains squelettiques marquées de taches de vieillesse saillaient d’épaisses veines sombres.
Criant marcha lentement vers la silhouette allongée, scrutant ses traits tirés avec curiosité.
- Commandeur, attendez ! lança vivement Narim, faisant se raidir les deux militaires.
Le Tollan fixait son écran avec un mélange de fascination et de répulsion. Il rejoignit le colonel, qui s’était immobilisé, et lui tendit le petit ordinateur tout en surveillant du coin de l’œil le vieillard assoupi. Le commandant du
Millénium sut immédiatement à quoi il avait affaire : L’image transmise par le scanner Ancien était d’une extraordinaire précision. L’étrange serpent parasite solidement arrimé à la colonne vertébrale y ressortait en rouge flamboyant.
Criant fronça les sourcils, l’air pas plus intrigué que ça.
- C’est un Goa’uld.
- En effet. On pouvait s’y attendre.
O’Cal coula un regard curieux vers la forme allongée. Tous à bord savaient ce qu’étaient les Goa’uld, bien entendu, mais nul n’avait jamais rien rencontré qui s’en approcha davantage qu’un tok’Râ. L’être qui reposait ici était un véritable tyran de l’ancien temps.
- Est-ce que ces bestioles ne restaient pas éternellement robustes ? interrogea le major d’un ton badin. Ce gars là en est loin. Il a l’air assez vieux pour avoir assisté au siège d’Atlantis…
- Il n’est plus tout jeune, c’est indéniable, mais je lui donne tout de même moins de dix milles ans.
- Je faisais allusion à celui d’il y a cent quatre-vingt ans. Vous savez, l’expédition…
- Messieurs, fit Criant d’un ton sévère, et tous deux retrouvèrent instantanément un sérieux absolu. Narim, qu’est-ce que vous en dites ?
- Je reçois de nouvelles données de la part des nanites, maintenant que l’appareil a quitté le mode veille, répondit le Tollan.
Il afficha les informations en question sur l’écran principal du laboratoire, ou elles supplantèrent une modélisation en trois dimensions du sarcophage.
- La source d’énergie de la chambre de soin est presque épuisée, annonçât-il. Je crois que c’est ce qui explique ce vieillissement. Le sarcophage a décidé de privilégier les systèmes de survie à ceux sensés protéger son occupant des effets du temps. Pourtant, maintenir quelqu’un en stase lui demande bien moins de puissance qu’une guérison, et celle-ci n’a duré que cent quatre-vingt dix ans et des poussières...
- « Que » cent quatre-vingt dix ans ? releva O’Cal.
- Croyez-moi, pour les Goa’uld, c’est moins qu’un soupir.
- Celui-là a justement l’air près de pousser son dernier, rappela Criant.
- En effet. Il semblerait que quelque chose ait abondamment puisé dans les réserves d’énergie du sarcophage. Un système secondaire… Mais je crois que les données ont été endommagées.
- Vous croyez ?
- Je ne suis pas spécialisé en technologies Goa’uld. D’ailleurs, personne à bord ne l’est vraiment. Les Grands Maîtres ne sont plus d’actualité, et nous partions pour une autre galaxie.
- Je vois…
Le capitaine de vaisseau posa les mains sur le bord de la chambre et se pencha sur l’humain qui n’en était plus un. Il observa l’écran depuis lequel la santé du patient pouvait être surveillée.
- Son état se dégrade très rapidement, Commandeur, fit doucement Narim. Si ses fonctions vitales continuent de s’enliser, il n’y aura très bientôt plus rien à faire pour lui…
Cet énoncé des faits recelait une proposition sans équivoque. Si Criant voulait se débarrasser du Goa’uld, il lui suffisait de tarder un peu trop à ordonner qu’on le prenne en charge.
Les positions pacifistes du Tollan avaient grandement évoluées après l’attaque de son monde.
- Pouvez-vous le soigner ?
Narim marqua une hésitation presque imperceptible. Presque.
- Sans doute. Il suffit d’initier les dernières phases de nanoréfection du sarcophage, et puis de le connecter au réseau énergétique du vaisseau. Nos instruments me permettront de garder l’occupant en vie pendant ce temps. Ensuite, cet appareil fera son œuvre, et l’hôte comme le Goa’uld retrouveront leur prime jeunesse.
- Quoi, il va perdre des années ? s’étonna O’Cal. Ce truc peut faire ça ?
- Pour parler simplement, expliqua Narim avec sa douceur coutumière, disons que l’état actuel de cet… individu… n’est pas plus naturel que la longévité induite par le sarcophage. Et ce qui est créé peut souvent être annulé – c’est vrai pour le corps comme pour l’esprit.
Le commandant tiqua à cette dernière remarque.
- Que voulez-vous dire ?
- Hum, vous connaissez les Grands Maîtres… Non, bien sur. Vous ne les connaissez pas. Et bien, sachez que c’étaient des mégalomanes cruels et pleins d’orgueil, et que les sarcophages n’y étaient pas étrangers. Ces appareils émettent des vagues de particules sur une fréquence…
- La version décryptée, Narim, l’interrompit flegmatiquement O’Cal.
Le médecin en chef du
Millénium hésita un instant. Comme souvent, le rappel de sa situation – extraterrestre extrait de son époque – semblait l’avoir plongé dans de mornes pensées.
- Ils pourrissent l’esprit, énonçât-il finalement. Les sarcophages peuvent guérir, maintenir la jeunesse ou induire un sommeil de plusieurs milliers d’années, mais en retour ils exacerbent les facettes les plus sombres de la personnalité de leur utilisateur. Après presque deux siècles de stase, celui-ci pourrait se montrer assez… peu coopératif.
Criant jeta un coup d’œil sceptique au corps toujours allongé.
- Mais vous pouvez arranger ça ? questionnât-il.
- Certaines technologies médicales Atlantes fonctionnent sur le même principe, mais en éliminant les effets secondaires. Je crois que… Attendez… Millénium, reprit le Tollan à l’intention du croiseur, avons-nous ici de quoi rétablir l’équilibre mental de notre… patient ?
Mélodie légère et aérienne. « Affirmatif » fit la douce voix asexuée du vaisseau.
- Nous le pouvons, Commandeur.
- J’avais compris, merci. Je croyais que vous n’étiez pas un spécialiste des technologies Goa’uld ?
- Je suis un spécialiste des technologies Anciennes, et les sarcophages sont des imitations approximatives de certains appareils de soin Anciens. Certains principes restent inchangés.
- Je vois… fit encore Criant, qui garda ensuite le silence durant un long moment.
A l’écran, les constantes vitales du Goa’uld s’affaiblissaient inexorablement.
- Que décidez-vous ? interrogea Narim, n’y tenant plus.
Peut-être n’était-ce pas la chose à faire. Le commandant du vaisseau sembla prendre une décision.
- Soignez-le. Jusqu’à nouvel ordre, c’est un naufragé que nous avons recueilli à bord. Il se trouve donc sous ma responsabilité.
La réaction de Narim face à ce choix fut mitigée : il semblait aussi amer que soulagé.
- Et je veux entendre son histoire, ajouta Criant après une courte pause. Tenez-moi informé.
Ceci étant dit, le commandant fit volte-face et repartit d’un pas altier vers la passerelle, sans un regard en arrière.