
Prologue
C’était un temps radieux. Un temps radieux pour tout homme, toute femme. Toute personne libre aurait trouvé ce temps radieux. Mais des humains libres, cette galaxie n’en avait pas beaucoup. Non pas qu’elle n’ait pas d’humains. Comme pouvait l’attester les cendres encore fumantes de ce lieu qui était autrefois la résidence d’êtres humains. Mais à chaque fois seul restait les vestiges. L’ancien petit hameau était bien sombre. Avant ce fut un petit village tranquille. Un espace de bonheur dans ce monde de brutes. Ce monde de fous. Ce monde de monstres !
Qu’avaient-ils fait ? Pourquoi ? Quel avait été le péché originel pour mériter toute cette violence ? Toute cette barbarie ? Le monde de cette galaxie n’était pas propice. Il ne l’était plus. Car on raconte encore et encore cette histoire. Cette histoire de grand-mère qui voyage par la bouche et l’oreille. Celle qui dit qu’avant, il y a bien longtemps. A une époque qu’on ne pouvait situer. Les monstres n’existaient pas. Les maladies étaient rares. Les famines aussi. Les protecteurs étaient là, bienveillants. C’était avant. Avant quoi ? L’évènement déclencheur, personne ne le connaissait. Pas même ceux qui connaissaient le langage des pierres. Tout semblait si soudain, si incompréhensible. Un jour les protecteurs disparurent et furent remplacés par les monstres. Et puis s’en était fini. Le sort était jeté et immuable. La sentence devait être éternelle. Partout. Partout la même fin. Partout la même douleur. Partout les mêmes souffrances, les mêmes destructions. Sans que quiconque ne puisse y remédier.
Qu’avait-elle fait ? Oh pauvre Humanité ! Que cette galaxie t’était injuste. Que cette galaxie te reniait ! Que cette galaxie te meurtrissait encore et encore, jour après jour ! Ce n’était plus l’endroit. Ce n’était plus le lieu. Il n’y avait plus de raisons. Elle devait s’éteindre. Rien d’autre ne lui était promis. Et pourtant elle était toujours là. Comme un animal blessé qui ne veut pas sombrer dans l’au-delà. Par peur ou par orgueil ? Qu’est ce qui la faisait encore tenir ? Comment les femmes pouvaient-elles mettre au monde ? Comment les hommes pouvaient-ils reconstruire les maisons, les temples, les civilisations ? Pourquoi continuer ? Pourquoi affronter ce qui ne peut être qu’enduré ?
En longeant le ruisseau, les hommes le pensaient sincèrement. Au fond d’eux, derrière la carapace de tout à chacun. Ils se posaient la question sans détour. Ils ne pouvaient pas y échapper. La question était presque pire que le mal. Pourquoi continuer à vivre ? Chaque jour était le même. Tout était détruit. Les villes en ruines, les villages n’existaient plus que dans la mémoire des survivants. Toujours ceux-là ! Ces gens au rôle ingrat. Celui de survivre, de vivre l’après. Ils en faisaient partie. Ils avaient survécu à tout. Mais nombre de leurs proches avaient péri. Ils enduraient la culpabilité de celui qui a eu de la chance. De ces hommes de la cavalerie qui ne se trouvaient pas dans leur caserne quand celle-ci fut rasée par un seul tir venu de l’espace. De ces hommes qui avaient été parmi les premiers à quitter la porte. De ceux qui avaient bénéficié du sacrifice de milliers d’autres pour permettre à une poignée de s’échapper de la souricière géante. Celle qui fut leur terre natale. Leur havre de paix. Ou les prairies s’étendaient à perte de vue avec une terre fertile. Et ou plus loin les paysages semblaient sculptés par les Dieux. Avec de grands canyons creusés par des fleuves à l’énergie destructrice et des chaines de montagnes splendides. De ces hommes qui une fois de l’autre côté avaient été envoyés en première ligne. De ces hommes chargés de trouver l’indispensable. De ces hommes envoyés sur des planètes inconnues pour chercher un endroit. Un lieu. Un refuge pour cette humanité dévastée. Quelque part où ils n’auraient plus à subir ce cauchemar bien trop réel. Oui ils avaient eu de la chance. Malheureusement la chance ne faisait pas tout.
C’était la septième planète. Le résultat était le même. Les deux cavaliers parcouraient ce qui fut un petit village de montagne. Après avoir fait le tour des quelques braises encore fumantes, les deux cavaliers posèrent le pied à terre pour se concerter. La mission était simple mais pas sans risques. Après s’être assurés qu’ils ne risquaient rien eux-mêmes, les deux militaires en profitèrent pour remplir leur gourde dans un puits laissé presque intact. Un moment paisible au milieu d’une nature morte. Le caporal Borg Skenalo avait l’autorité sur le binôme. Mais en réalité il la partageait avec son ami soldat et seul rescapé de son unité, Louislo Bokaert. Très vite ils remontèrent à cheval. Ils n’avaient pas eu besoin de se parler. D’abord grâce à la complicité qu’ils partageaient, ensuite par l’absence de réelle alternative. Ils devaient à tout prix revenir auprès du groupe de réfugiés pour leur annoncer la mauvaise nouvelle. La recherche était caduc, le chemin serait encore long. Et surtout pour les prévenir du danger qui rodait dans cette contrée inconnue. Les cavaliers repartirent au galop à travers un paysage magnifique qu’ils devraient bientôt quitter avec dans un coin de leur tête, leur ancienne demeure, Rorchar …
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Comme d'habitude, lorsque je partage un récit, je me laisse à une petite explication. J'ai indiqué que ce récit était un spin off de ma propre fic l'Odyssée de la Terre car il introduit des personnages, des lieux et des événements qui auront leur place dans l'Odyssée. Ce prologue était aussi et avant tout un essai de style. Ayant déjà passé plusieurs semaines sur la rédaction de la suite de l'Odyssée de la Terre, je ne suis toujours pas satisfait du résultat. J'ai donc profité de cet annexe de l'Odyssée (qui me tient à cœur) pour me concentrer sur le style. j'ai tenté quelque chose de très différent de mes autres écrits. Je ne serais pas trop comment le décrire. Et je ne suis pas sûr de le réutiliser. C'est ma manière d'avancer, écrire des bouts d'histoire ici et là pour faire murir ma manière d'écrire tout en gardant au chaud mon projet principal que je garde en dehors de ces tentatives de style. Bref j'espère que vous apprécierez.