MALI. Un soldat français tué lors d'un raid d'hélicoptère
AFP
Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé samedi 12 janvier qu'un soldat français avait été mortellement blessé lors d'un raid d'hélicoptère "contre une colonne terroriste" se dirigeant vers deux villes de la partie sud du Mali après la prise de Konna vendredi.
Ce raid a été mené "vers 16h00" et "en appui de l'armée malienne a permis la destruction de plusieurs unités" terroristes et "stoppé leur progression", a affirmé Jean-Yves Le Drian indiquant que "dans ce combat intense, l'un de nos pilotes (...) a été mortellement blessé".
Déploiement à Bamako
Par ailleurs le ministre français de la Défense a annoncé que des unités françaises étaient déployées à Bamako, capitale du Mali, depuis la veille au soir en particulier pour "assurer la sécurité de nos ressortissants".
"Ordre a été donné de déployer de premières unités françaises à Bamako dès hier (vendredi) soir pour contribuer à la protection de Bamako et pour assurer la sécurité de nos ressortissants. Leur renforcement est en cours, et le dispositif devrait rapidement comporter plusieurs compagnies. Ce sont donc quelques centaines de soldats français qui sont engagés", a dit le ministre.
Contre-attaque à Konna
L'armée malienne attaquait samedi les "dernières poches de résistance" des islamistes à Konna après avoir mené la veille une contre-offensive réussie avec l'aide d'alliés français pour reconquérir cette ville du centre du Mali, a-t-on appris de source militaire.
"Les militaires maliens sont en train de nettoyer les dernières poches de résistance des islamistes à Konna", a affirmé à l'AFP une source militaire, au lendemain de la contre-offensive menée par l'armée malienne avec le soutien de troupes françaises pour reprendre Konna.
La ville, située à plus de 700 km de Bamako, était tombée jeudi aux mains des jihadistes qui contrôlent depuis plus de neuf mois le nord du Mali et voulaient progresser vers le Sud sous contrôle gouvernemental.
La contre-attaque de l'armée malienne, appuyée par des appareils militaires aériens français, est partie de Sévaré, localité à 70 km au sud de Konna, dotée du plus important aéroport de la région de Mopti (centre) d'où ils islamistes voulaient partir à la conquête du sud du Mali sous contrôle gouvernemental.
Vers un appui "logistique" des Etats-Unis
Les Etats-Unis envisagent d'aider la France dans son engagement militaire au Mali contre des islamistes, grâce à un appui "logistique" et des drones de surveillance, a déclaré à l'AFP un responsable américain, la Maison Blanche disant "partager l'objectif" antiterroriste de Paris.
"L'armée américaine étudie la possibilité de fournir des renseignements, du ravitaillement en vol et d'autres appuis aux forces françaises au Mali", a déclaré ce responsable, sous couvert de l'anonymat.
Les militaires américains envisagent toute une batterie d'options, y compris un "appui logistique et l'intensification du partage des renseignements, ce qui impliquerait des drones américains de surveillance", a dit à l'AFP ce responsable américain.
Une "intervention aérienne"
Le président français François Hollande a confirmé l'engagement de forces de son pays, en expliquant que "le Mali fait face à une agression d'éléments terroristes venant du Nord dont le monde entier sait la brutalité et le fanatisme". Il a assuré que cette opération durerait "le temps nécessaire", tandis que son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a indiqué que cet engagement avait notamment pris la forme d'une "intervention aérienne".
Tommy Vietor, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) de la Maison Blanche, avait déclaré auparavant à l'AFP que les Etats-Unis "partage(aient) l'objectif français d'empêcher des terroristes de bénéficier d'un sanctuaire dans la région". Le département d'Etat avait assuré que les Etats-Unis étaient "évidemment en consultations très étroites avec le gouvernement français", la porte-parole Victoria Nuland insistant sur le fait que l'engagement français avait été réclamé par le Mali. Bamako n'avait pas demandé aux Etats-Unis de lui fournir un appui militaire direct identique, a dit Victoria Nuland.
A Paris, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a lui-même annoncé s'être entretenu par téléphone de la crise avec son homologue américain Leon Panetta. Les deux ministres ont évoqué leur "inquiétude commune à propos de la situation sécuritaire au Mali", a indiqué un responsable américain.
Jeudi, dans une déclaration unanime, le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé un "déploiement rapide" de la force internationale prévue au Mali par une résolution votée le 20 décembre, mais dont l'intervention devait prendre des mois.
Paris demande d'accélérer la mise en place de la force internationale
La France a demandé vendredi dans une lettre au Conseil de sécurité "d'accélérer la mise en oeuvre de la résolution 2085" qui autorise notamment le déploiement d'une force internationale au Mali (Force internationale de soutien au Mali - Misma).
Dans cette lettre, dont l'AFP a obtenu copie, Paris "informe" aussi le Conseil que "les forces armées françaises ont apporté, en réponse à la demande (malienne) et en concertation avec nos partenaires, notamment dans la région, leur soutien aux unités maliennes pour lutter contre des éléments terroristes". Cette opération "durera le temps nécessaire", ajoute le texte.
Dans sa lettre à son homologue pakistanais Masood Khan, qui préside le Conseil en janvier, l'ambassadeur français Gérard Araud indique "saisir cette occasion pour souligner que l'évolution de la situation justifie d'accélérer la mise en oeuvre de la résolution 2085 pour une solution à la crise malienne dans toutes ses dimensions, politique comme militaire".