F-15 : Pour la vie !
L'incertitude du F-35 quant à une mise en service effective oblige le Pentagone à offrir un nouvel avenir radieux pour les F-15.
2009 puis 2011 puis 2015 puis 2016 puis... 2019 ! Washington est continuellement dans l'obligation de repousser la date de mise en service du nouveau chasseur américain censé être la réponse à la rationalisation de sa composante aérienne interarmée.
Seulement voilà, la pratique diffère toujours de la théorie, en l'occurence, de la version papier. Lockeed Martin, le constructeur du nouveau chasseur, s'est sûrement tiré une balle dans le pied en annonçant il y a maintenant deux décennies, la création d'un avion doté de tous les
superlatifs. Cela exigeait un investissement sans précédent dans la R&D, il ne s'agissait plus de reprendre les caractéristiques des précédents avions, mais bien d'apporter de nouvelles technologies capables de tenir dans un appareil long d'un peu plus de 15m et de 11 m d'envergure en moyenne (suivant les versions). Le problème, c'est que les multiples retards techniques du F-35 ont eu raison de l'envolée de son coût unitaire. En 2005, LM avançait le chiffre de 45 millions de dollars pour la version A contre 55 et 60 pour le F-35B et F-35C ! Or, en 2012, nous en sommes très loin.
Un F-15E américain sur le tarmac d'une base de l'Air Force .
En guise d'alternative, Washington envisage de prolonger la durée de vie de son parc existant en modernisant notamment ses F-15 et en portant leur potentiel à 32.000 heures de vol.
Ce n'est pas une surprise, les programmes d’avions furtifs F-22 et F-35 ne seront pas totalement opérationnels avant quelques années encore, et vu que des centaines de milliards de dollars ont été dépensés dans le programme JSF, les Etats-participants sont littéralement prisonniers de cet étau et ne peuvent en sortir...
Or, pendant ce temps le parc de l'armée de l'air américaine vieillit à vue d’œil pendant que les coûts liés à la maintenance, eux, grimpent en flèche.
Du coup, l’oncle Sam a lancé une vaste campagne d’évaluation du potentiel de ses F-15. Les versions C et D du F15, dédiés au combat aérien, dont la durée de vie normale est de 8.000 heures pourrait ainsi atteindre 18.000 heures moyennant une refonte de la cellule, des moteurs, du radar et surtout de l’avionique.
Le F-15SE dit Silent Eagle (l'aigle silencieux), est une réponse aux chasseurs européens Typhoon et Rafale. Avion qui s'adresse en premier lieu aux sud-coréens, aux japonais et aux saoudiens.
Soute du F-15 Silent Eagle (maquette grandeur nature), reprenant l'idée du Raptor et du F-35 pour réduire sa signature radar.
Boeing a dans ses cartons un projet qui consiste à remplacer tous les calculateurs de bord par des processeurs dernier cri, de quoi multiplier par cinq ou six la puissance de traitement actuelle tout en facilitant la maintenance. Dans le cockpit, les derniers instruments analogiques cèderaient définitivement la place à un écran unique, dérivé de celui présenté sur le projet « Silent Eagle ». Dans le même temps le Pentagone évalue la possibilité de porter le potentiel des F15E, la version biplace d’attaque au sol du F15 à 32.000 heures !
En conclusion, Washington est dans une position extrêmement délicate.
A l'heure où le pays connaît une dette abyssale, le choix d'un chasseur - pour une durée de service d'environ 40 ans - se doit d'être solide voire indubitable ! A défaut d'une politique d'uniformisation qui relève de l'utopie pour une si grande armée, aux besoins aussi hétéroclites, réduire voire supprimer la commande des versions B et C offriraient une force de financement non négligeable au Pentagone pour envisager une nette amélioration du F-18 et du F-15 ou même... à la conception d'un autre appareil, moins ambitieux mais tout aussi performant.