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Voilà voilà... Il est temps qu'entrent en scène des extraterrestres belliqueux aux objectifs obscurs, afin de pouvoir mettre en place l'habituelle opposition du Bien contre le Mal.--------------------
Chapitre 3 - Partie 1
L’Arcadia s’était réfugiée dans une ceinture d’astéroïdes, en bordure d’un système à quelques parsecs de son point de sortie d’hyperespace. Le vaisseau pirate avait retrouvé sa pleine capacité opérationnelle quelques heures à peine après son voyage désastreux en dimension warp. Tochiro avait piloté l’Arcadia jusqu’à une orbite sûre, au cœur de la ceinture d’astéroïdes. Avec le dispositif de camouflage et les planétoïdes qui brouillaient les radars, aucun Illuminas ne les trouverait.
Il surveillait quand même attentivement les deux vaisseaux ennemis qui finissaient leur patrouille dans la zone.
– Ils s’éloignent, fit l’opérateur radar.
– Je n’ai capté aucune transmission en partance des vaisseaux Illuminas qui indiquerait qu’on ait été repéré, annonça Mimee depuis la console d’interception électronique.
– Parfait, déclara Tochiro. Fin de l’alerte.
– Est-ce qu’on va tenter à nouveau de passer en hyperespace ? demanda l’opérateur.
Tochiro nota l’infime trace d’angoisse dans le ton que l’homme avait employé. Bah, il ne pouvait pas lui en vouloir. Amorcer un saut warp dans cette zone leur laissait autant de chances de survie que tenter de jongler avec des grenades à plasma.
– Pas tout de suite, répondit Tochiro. Je dois finir les analyses de notre saut précédent.
Il avait étudié les enregistrements de l’accident et était parvenu à reconstituer plus ou moins les évènements. Aussi bizarre que cela puisse paraître, pendant le court laps de temps où elle s’était trouvée en dimension warp, l’Arcadia avait croisé et percuté un autre appareil qui utilisait le même mode de navigation.
La poisse. Une chance sur un million de rencontrer quelqu’un, et il avait fallu que ça tombe sur eux.
… Les zones interdites devaient être plus propices aux collisions.
Son seul souci était qu’il n’arrivait pas à déterminer précisément le type d’appareil auquel ils avaient eu affaire. Ses senseurs lui indiquaient obstinément une masse transportée inférieure à cinq cents kilos. Bien trop léger pour un vaisseau capable de naviguer en hyperespace…
Il avait enregistré le point de sortie de l’autre appareil, et essayé de le suivre avec l’Arcadia, mais au moment du saut, l’ordinateur de navigation lui avait répondu « données erronées ». Malgré tous ses efforts, il n’avait pu passer outre les sécurités du vaisseau, et le système warp du bord n’avait pas pu créer de vortex suffisamment stable pour sauter.
Enfin… Il espérait que le capitaine et Kei étaient en un seul morceau. Ils avaient manifestement été « aspirés » par le deuxième couloir de navigation – une erreur d’aiguillage, en quelque sorte. Mais il ne savait pas quels pouvaient en être les effets sur des corps humains.
Le professeur s’aperçut qu’il venait de faire défiler plusieurs pages de données sans vraiment les regarder. Il revint en arrière en se morigénant. Plus vite il aurait trouvé un moyen de contourner les sécurités qui avaient empêché le saut, plus vite il pourrait porter secours au capitaine.
– Vous pensez qu’on va retrouver le capitaine, professeur ? demanda le mousse du bord, Tadashi.
Tochiro ferma les yeux. Il aurait préféré travailler tranquillement chez lui, ou au moins à un endroit où il ne serait pas dérangé toutes les cinq minutes, mais en l’absence du capitaine, c’était lui qui assurait l’intérim. Même s’il quittait la passerelle, il avait neuf chances sur dix de se faire diffuser avant d’avoir pu commencer quoi que ce soit.
Incroyable le nombre de questions que l’équipage pouvait avoir à poser au capitaine.
Il aimait le travail en solitaire, sans contraintes. Avec ses nouvelles responsabilités, c’était impossible de s’enfermer pendant une journée pour résoudre un problème particulièrement ardu. Il était pourtant certain qu’Harlock arrivait à le faire, lui.
Vivement qu’il revienne. J’ai horreur de ça.
– Professeur ? insista Tadashi.
– Aucune chance si je suis interrompu sans arrêt, répondit-il un peu sèchement.
Il était sûr qu’Harlock n’avait pas non plus à répondre à autant de questions.
Décidément, le commandement n’était pas fait pour lui. Ça lui mettait les nerfs en pelote.
Tadashi fit une moue boudeuse, puis se défoula sur Tori-san. L’oiseau se percha sur le fauteuil du capitaine et protesta avec des cris perçants.
– Bon sang ! cria Tochiro. Vous ne pouvez pas arrêter ne serait-ce qu’une minute ? J’ai besoin de calme pour faire mes calculs !
– Mais, professeur, c’est pas ma faute, se défendit Tadashi. C’est cet oiseau stupide…
– Je ne veux pas le savoir ! Déguerpis de cette passerelle !
Des nerfs d’acier, voilà ce qu’il fallait.
Le personnel de quart plongea son nez dans ses consoles. Le calme, enfin. Tochiro se replongea dans ses calculs. Il fallait qu’il termine avant le lendemain. Si les Illuminas se tenaient tranquilles, il programmerait un saut en milieu de journée.
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Un ha’tak finissait sa manœuvre d’atterrissage à proximité des ruines de P4X-48C. L’imposant vaisseau pyramidal enflamma une bonne partie de la forêt en enclenchant ses rétrofusées, mais le pilote, un Jaffa, n’en avait cure. Il transpirait à grosses gouttes tandis qu’il s’efforçait de poser le vaisseau le plus délicatement possible.
– La manœuvre est terminée, seigneur Baal, annonça-t-il enfin, se tournant vers le fauteuil de commandement plongé dans l’ombre.
– Parfait, répondit son occupant avec la voix caractéristique des Goa’ulds. Mel’tek !
– Mon seigneur ?
La silhouette qui s’avança possédait les signes distinctifs du primat. Le Jaffa se mit au garde à vous, dans l’attente des ordres.
– Envoyez des patrouilles à proximité du Chaapa’aï, mais hors de vue, déclara Baal. Si les Tauris passent la porte, je veux en être averti immédiatement.
– Bien, mon seigneur. Dois-je faire ouvrir le feu sur eux ?
– Non. Ils ne doivent pas se douter de votre présence. C’était une erreur que de les attaquer lors de leur première visite.
Le Jaffa déglutit. Il n’avait obtenu ce poste que très récemment, après l’exécution de son prédécesseur par Baal lui-même. Leur seigneur n’avait pas apprécié les choix stratégiques du primat, qui avait lancé toutes les forces Jaffas stationnées sur cette planète dans l’espoir de capturer les Tauris – qui plus est l’équipe SG-1. Présenter des prisonniers tels que le colonel O’Neill ou le shol’va Teal’c l’aurait couvert d’honneurs… Mauvais calcul.
Mel’tek chassa ces pensées et salua raidement son maître, qui le congédia d’un geste. Le Jaffa s’empressa de transmettre les ordres à ses lieutenants. Il contrôlerait la mise en place des patrouilles en personne dans la soirée.
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Ailleurs dans l’espace, une sonde transmettait ses observations au vaisseau asgard de Thor, à plusieurs milliers d’années-lumière de là. Le petit homme gris assimilait le compte-rendu sans effort, connecté à l’interface de son ordinateur.
Il était soucieux. O’Neill de la Terre l’avait contacté récemment pour lui faire part d’un problème non conforme survenu sur la porte des étoiles terrienne. Il avait dissimulé à O’Neill son inquiétude, mais doutait que l’humain ait été dupe.
Le phénomène n’avait rien de naturel, mais malgré ses recherches, la technologie asgard ne disposait pas des compétences nécessaires pour le reproduire à l’identique. Il avait cependant acquis la certitude qu’il ne s’agissait pas d’une démonstration d’hostilité. Tout au plus d’une manifestation énergétique hyperspatiale, qui se serait répercutée jusqu’à la porte des étoiles par le vortex. D’une puissance impossible à générer avec le matériel asgard.
Thor programma une nouvelle trajectoire pour son vaisseau. Il allait se rapprocher de la Terre, tant pis pour la campagne d’observations astronomiques des scientifiques asgards.
Le conseil comprendrait aisément la nécessité de se tenir au courant des activités terriennes en ce moment. Les humains étaient toujours à la recherche de nouvelles technologies. S’ils entraient en contact avec les auteurs de cette explosion d’énergie, ils trouveraient le moyen de conclure un accord profitable pour eux.
Et Thor savait que ses compatriotes préféraient que la Terre n’acquière pas une technologie trop avancée trop vite.
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– Ne la brusquez pas. Elle sort à peine du coma, et elle est encore très faible. Vous ne pourrez rester que quelques minutes… Je viendrai vous chercher.
Le médecin quitta silencieusement la pièce. Harlock s’avança vers le lit. Le colonel O’Neill et Teal’c se placèrent en retrait, à proximité de la fenêtre. Malgré le soleil éclatant qui régnait dehors, la chambre restait froide et grise. Et la jeune femme sur le lit était aussi pâle que les draps.
– Kei ?
L’hôpital était situé en bordure d’une grande ville, que le capitaine avait traversée en voiture. Une ville animée. Insouciante. Ignorante de son futur.
– Kei…
La jeune femme remua faiblement. Elle était entourée d’appareils médicaux qui avaient l’air plus sophistiqués que ceux du SG-C.
– Capitaine ?
– Je suis là…
– Où sommes-nous ?... Je ne reconnais pas cet endroit… Je ne comprends pas ce qu’ils me disent…
– Tout va bien…
Harlock regarda furtivement O’Neill. Le colonel s’intéressait aux motifs du papier peint avec une concentration trop intense pour être honnête. Tout ce qu’Harlock allait dire était probablement enregistré pour être disséqué par des experts…
Quelle importance, de toute façon, ils ne parlaient pas la même langue.
– Il semblerait que nous ayons fait un voyage temporel non programmé, dit-il à Kei. Apparemment, on est revenu sur Terre au début du vingt-et-unième siècle… Les autochtones ont l’air coopératif pour le moment, ajouta-il avec un sourire.
Kei saisit sa main. Le capitaine soupira. Il retint la réaction qui était devenue presque un réflexe dans ce genre de situation et répondit à la pression des doigts de la jeune femme. Il pouvait imaginer la souffrance que Kei ressentait. Blessée, entourée d’inconnus et branchée à des appareils barbares. Ils se regardèrent intensément pendant quelques secondes, puis Kei laissa échapper un gémissement de douleur.
– L’Arcadia ? demanda-t-elle dans un souffle.
– Elle va bientôt arriver, mentit Harlock.
Kei ferma les yeux. Un spasme de douleur tordit un instant ses traits. Harlock sentit qu’elle s’accrochait plus fermement à son poignet.
– Je ne veux pas… rester ici.
– C’est ce qu’il y a de mieux pour toi. Ils vont te soigner… Tu vas guérir.
Enfin... C'était ce qu'il espérait.
Une main se posa sur son épaule.
– Je pense que c’est suffisant. Elle a besoin de repos maintenant. Ne vous en faites pas pour elle, elle est hors de danger.
Le médecin tourna vers lui un des écrans des appareils qui entouraient le lit, l’air préoccupé. O’Neill fit un pas vers la porte et un signe de tête à l’intention d’Harlock.
– On va y aller, fit-il.
– J’arrive, acquiesça le capitaine.
Il repoussa gentiment la main de Kei, qui n’avait pas lâché prise bien qu’elle eut perdu conscience. Après un dernier regard, il suivit le colonel dans le couloir, où Teal’c les attendait déjà.
– Satisfait ? lui demanda O’Neill, alors qu’ils rejoignaient la voiture.
– Ce serait mieux si vous n’utilisiez pas ce matériel rétrograde, répondit Harlock.
– Allons, vous avez entendu le docteur ! Elle va s’en tirer... Votre petite amie sera bientôt sur pied !
– Ce n’est pas ma petite amie, fit Harlock, boudeur. C’est mon opérateur radar.
Le colonel eut une expression indéfinissable, mais n’ajouta rien. Le trajet en voiture fut silencieux jusqu’au retour à la base de Cheyenne Mountain.