******* Syrie : Droit d'ingérence ? *******

Le topic "les révoltes arabes" a été clôturé à la suite, vous le savez, de messages houleux entre certains membres... Ce topic porte plus spécifiquement sur le cas syrien.
Alors que les Israéliens laissaient entendre un bombardement stratégique sur l'Iran début juin, rien n'a été fait (pour le moment), le dossier syrien quant à lui traîne en longueur. On s'approche des deux ans de révolte. Qu'en est-il des solutions ?
Aucune ?!
En tout cas, rien qui ne pousse Bachar El Assad a quitté le pouvoir. Né le 11/9/1965, médecin de profession, fils de Hafez el-Assad (1930-2000 - président de la Syrie pendant 29 ans), Bachar El Assad fut élu président de la République syrienne en 2000 puis réélu en 2007.
Mars 2011, une vague de contestation populaire sociale et politique sans précédent se met en place à l'encontre du régime baasiste. Le "Printemps Arabe" a désormais gagné Damas, la capitale mais aussi Homs puis d'autres villes au fur et à mesure. Comme ce fut le cas d'abord en Tunisie puis en Égypte et en Libye, les manifestants demandent le départ de leur dirigeant. Plusieurs bâtiments symboliques du pouvoir (siège du Parti Baas, tribunaux) sont incendiés. Bachar el-Assad et ses collaborateurs ordonnent la répression de ces manifestations, faisant des centaines de morts et des milliers de blessés, aussi bien militaires que civils (insurgés ou non). Des dizaines d’opposants, armés ou non, sont arrêtés.
Que fait la communauté internationale ?
L'intervention diplomatique
Il y a quelques semaines, Kofi Annan a annoncé qu'il quittait son poste de médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie à la fin de son mandat, qui expire le 31 août. Nommé en février, il avait proposé un plan de paix en six points pour résoudre le conflit syrien mais celui-ci est resté lettre morte.
"J'ai accepté ce que certains ont qualifié de mission impossible", a déclaré Kofi Annan lors d'une conférence de presse. "Sans une action sérieuse déterminée et unie de la communauté internationale, il sera impossible pour moi ou quiconque de persuader le gouvernement syrien et l'opposition d'ouvrir des négociations politiques", a-t-il prévenu.
L'intervention militaire
Depuis peu, le mot intervention sort plus facilement de la bouche des dirigeants européens (français, anglais notamment) et américains. Mais face au bloc asiatique avec pour leader la Russie, le clan occidental a du mal à se faire entendre.
Si intervention militaire devait se faire, elle se fera soit sans le consentement des russes et des chinois - soit sous couvert d'un mandat de l'ONU.
L'option "intervention au sol" ? Trop risqué au vue de l'étendue du conflit. La superficie du pays concerné est de l'ordre de 185 000km2. Un affrontement avec les militaires du régime est certain (chars, roquettes, troupes embusquées...). Sans parler de la possible immixtion dans le combat de groupes islamistes tels que le Hezbollah ou Al Qaïda.
Enfin, le coût d'une telle opération se chiffrerait en une dizaine de milliards de dollars et à plusieurs milliers de victimes.
L'option d'une "zone d'exclusion aérienne" ? Cette hypothèse reprend celle employée durant la guerre de Libye. Il s'agit de neutraliser l'aviation ennemie ainsi que la grosse artillerie utilisées dans l'anéantissement des villes rebelles.
La Russie et la Chine sont à l'heure actuelle réticentes. Ayant retenu la leçon pour la Libye, elles ne veulent pas de nouveau se faire avoir par un détournement de la résolution 1973. La précédente zone d'exclusion s'était en effet transformée en une chasse-au(x)-Kadhafi(s). A cette issue, le cortège de l'ancien leader vert avait été la cible d'un avion français - ce qui avait conduit peu de temps après à son décès.
Mise en pratique facile ? Sur le plan de la superficie, la Syrie est nettement plus petite que la Libye, ce qui ne pose pas de problème aux avions de l'OTAN d'un point de vue capacité opérationnelle. Ensuite, il faut s'intéresser aux obstacles. L'armée syrienne dispose d'une centaine d'avions de chasse, tous d'origines soviétiques (MiG 29, MiG 23 pour l'essentiel). Le hic proviendrait des systèmes antiaériens très performants pouvant entraîner de nombreuses pertes côté occidental. Néanmoins, le coût de l'opération se chiffrerait à un ou deux milliards tout au plus (durée inférieure à 1 an) et les pertes humaines nettement moins conséquentes que l'option au sol.
Les conséquences ?
Cela sonnerait la victoire de la Révolte Arabe certes, mais le pays ferait face à un vide juridique. Qui prendrait la tête du pays ? Au nom de quel parti ? Nous savons que la population est actrice principale de l'opposition mais qui est le leader du mouvement ?
S'agissant de Bachar El Assad :
Mort ? Peu probable. La seule hypothèse plausible serait une fuite vers l'Iran en passant par le nord de l'Irak via la ville de Mossul pour atteindre Téhéran. De là, avec l'aide des Gardiens de la Révolution, il pourra aisément manoeuvrer à distance la destruction de son pays aux moyens d'attentats, touchant les civils bien sûr mais également les occidentaux intervenant sur le plan humanitaire.
Voici ce qu'on pouvait en dire sur l'état actuel du conflit. L'idée d'un deuxième Irak jouxtant par ailleurs celui-ci, hante la communauté internationale. On se retrouverait avec une région plus étendue et beaucoup plus instable. Un chaos durable !
\Syrie : Hollande prêt à intervenir en cas d'usage d'armes chimiques
Publié le 27.08.2012, 18h29 | Mise à jour : 28.08.2012, 07h06 (Le Parisien)

PALAIS DE L'ELYSEE, PARIS VIIIe, 27 AOUT 2012. «Je le dis avec la solennité qui convient : nous restons très vigilants avec nos alliés pour prévenir l'emploi d'armes chimiques par le régime (syrien,Ndlr) qui serait pour la communauté internationale une cause légitime d'intervention directe», a déclaré François Hollande. | AFP/BERTRAND LANGLOIS 1/2 85 réactionsRéagir Si la Syrie faisait usage de ses armes chimiques, cela constituerait une «cause légitime d'intervention directe» de la communauté internationale contre le régime de Bachar al-Assad. C'est ce qu'à déclaré lundi après-midi François Hollande, lors du discours annuel aux ambassadeurs à l'Elysée. Une semaine après la déclaration de son homologue américain, le chef de l'Etat français s'est rallié à cette option, également approuvée par le Premier ministre britannique David Cameron.
Il a par ailleurs assuré que «la France reconnaîtra le gouvernement provisoire de la nouvelle Syrie lorsqu'il aura été formé». Estimant qu'il fallait «intensifier les efforts pour que la transition politique ait lieu vite», le président de la République a appelé l'opposition syrienne à «constituer un gouvernement provisoire, inclusif et représentatif qui puisse devenir le représentant légitime de la nouvelle Syrie».Mardi dernier, il avait reçu le Conseil national syrien (CNS), la principale formation politique d'opposition, à l'Elysée, l'incitant à fédérer les autres détracteurs du régime en place.
Accusé d'«attentisme» début août par l'UMP, le chef de l'Etat a multiplié les rencontres la semaine passée. Outre le CNS, il a rencontré le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe ainsi que l'émir du Qatar.
L'enjeu «concerne en particulier l'indépendance et la stabilité du Liban»
«Je le dis avec la solennité qui convient : nous restons très vigilants avec nos alliés pour prévenir l'emploi d'armes chimiques par le régime (syrien, Ndlr) qui serait pour la communauté internationale une cause légitime d'intervention directe», a dit le chef de l'Etat devant quelque 200 ambassadeurs français. «Je sais la difficulté de la tâche, je mesure les risques mais l'enjeu dépasse la Syrie. Il concerne toute la sécurité du Moyen-Orient et en particulier l'indépendance et la stabilité du Liban», a-t-il poursuivi. Depuis la semaine passée, des heurts liés à la situation syrienne ont lieu à Tripoli, une ville libanaise frontalière.
Lundi dernier, Barack Obama avait déclaré : «Jusqu'ici, je n'ai pas donné l'ordre d'intervenir militairement» en Syrie. Mais «si nous commencions à voir des quantités d'armes chimiques déplacées ou utilisées, cela changerait mon calcul et mon équation», a-t-il ajouté. Le président démocrate avait, lui aussi mentionné le devenir de la région. La question de ces armes ne concerne «pas seulement (...) la Syrie, mais aussi nos proches alliés dans la région, dont Israël».
Il égratigne Moscou et Pékin
François Hollande a, par ailleurs, critiqué la Russie et la Chine, qui se sont opposés à plusieurs reprises dans le dossier syrien à des résolutions au Conseil de sécurité de l'ONU. «Leur attitude affaiblit notre capacité à accomplir le mandat que la charte des Nations unies nous a confié», a-t-il affirmé.
Face aux Syriens qui fuient les combats et notamment Alep, la deuxième ville syrienne située à une cinquantaine de km avec la frontière turque, le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a prévenu la semaine dernière que son pays ne pourrait accepter plus de 100000 réfugiés. Il a plaidé pour qu'une zone tampon en Syrie même pourrait être indispensable pour contenir le flot de réfugiés. Reprenant cette proposition, François Hollande a annoncé que la France «travaille» sur cette initiative, en précisant : «Nous le faisons en concertation avec nos plus proches partenaires».
Par ailleurs, jeudi dernier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian n'a pas exclu une zone d'exclusion aérienne partielle.[/font]