Alors, pour répondre de manière un peu synthétique.
Oui, on peut quantifier les mouvements, et malgré le fait que l'atmosphère de Mars est très ténue (±0.7% de l'atmosphère terrestre), ce sont des mouvements tout de même assez importants.
On a déjà observé, grâce aux images orbitales, des mouvements de plusieurs mètres en l'espace de deux ans.
Tout dépend de la région, et de la saison; car il existe une saisonnalité très marquée sur Mars.
Là par exemple, on est en train de terminer l'été austral, et notre "dust-storm watch" est finie depuis 1 mois et demi (c'est une activité d'environ 6 mois que l'on rajoute aux observation habituelles justement pour déceler l'activité atmosphérique : plus ou moins de dust devils*, variation de l'opacité, etc);
Cette année, c'était pas fou, mais l'année précédente, en 2018 (martian year 34, soit environ 2 ans terrestres, d'où 2018 et pas 2019), il y a eu une de ces fameuses tempêtes globales qui surviennent de temps en temps (on a pas encore de données précises, mais ça pourrait être tous les 5 ans martiens). ON s'en souviendra comme la tempête qui a tué Opportunity...
Ce genre de tempête se développe à partir de systèmes dépressionnaires sur l'hémisphère sud, et selon leur puissance, peuvent s'étendre à tout l'hémisphère, voire à la planète entière.
Ils sont caractérisés par la mise en suspension de poussière, mais contrairement à ce que dit Ytsuka, ça n'a pas grand rapport à la gravité. Cette dernière joue assez peu dans les mouvements sédimentaires paradoxalement sur Mars, si ce n'est que la vitesse de chute est moindre, tout simplement. C'est plutôt le fait que les sédiments éoliens sont très très très très très fins, à cause de millions d'années d'altérations diverse et variées (chocs, brassage, cryofraction -cassure due au froid-, etc.). C'est justement cette finesse qui permet à la poussière d'être facilement soulevée, malgré l'atmosphère ténue, et de rester en suspension assez longtemps pour opacifier la colonne d'air (que l'on peut mesurer, on appelle ça le Tau).
Quand bien même, cette atmosphère, si ténue soit elle, permet de générer du vent. Et une des premières observations faites juste après l'atterrissage d'InSight fin 2018, a été d'enregistrer le "son" du vent avec le sismomètre avant de le recouvrir de son bouclier. Tout simplement, le sismo a enregistré la vibration provoquée par le vent.
Le son est à écouter ici (avec un bon casque) :
https://mars.nasa.gov/resources/22201/s ... te=insight
Et finalement, ce ne sont donc pas tant les tempêtes de poussière qui ont une influence sur les dunes, car c'est assez ponctuel, et très fin, mais bel et bien l'action continue du vent régulier, de la circulation atmosphérique normale, qui a un véritable impact sur les dunes, et permet de les façonner sur de longues périodes.
Donc quand on pense à tempête martienne, c'est plutôt à ça qu'il faut faire allusion :
https://www.google.fr/search?q=dust+sto ... aTjq3c_6yM
et non pas à ça :
https://www.youtube.com/watch/s0V-kqIe4pw ^^
Fun fact : il existe un type de dune exclusif à Mars, qui est impossible d'observer sur Terre, car particulier aux conditions de pression, de taille de grain et de gravité (oui pour le coup là) qu'on retrouve sur Mars
*Dust devil : tourbillon d'air turbulent (mini-tornade), qui soulève de la pousssière (comme son nom l'indique ^^). On arrive à voir la trace de leur passage sur les images orbitales, on peut également détecter leur passage en détectant avec le sismo d'InSight la déformation du sol induite, et parfois, on peut aussi les prendre en photo carrément d'en-dessus, avec HiRISE comme ici :
https://www.uahirise.org/ESP_061787_2140
Et puis, lors des phases d'observation avec Curiosity, on arrive aussi à les filmer quand on est chanceux, comme cette année :
