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Les forces françaises foncent vers Tombouctou
Le Fg - Mis à jour le 27/01/2013 à 20:41 | publié le 27/01/2013 à 20:06
Convoi militaire français, vendredi, sur la route de Sévaré. Les militaires français et maliens ont repris Gao, samedi, avant d'avancer dimanche vers Tombouctou.
Après avoir pris Gao, les militaires de l'opération « Serval » se dirigent vers la ville historique du désert.
C'est un tournant dans la guerre au Mali. Deux semaines après le déclenchement de l'opération «Serval», les forces françaises étaient dimanche aux portes de Tombouctou, selon une source militaire malienne.
Après avoir pris Gao, samedi, les militaires français et maliens ont foncé vers le nord-ouest et se sont arrêtés devant cette ville historique, classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Le double mouvement militaire vers Gao et Tombouctou a été précédé d'une trentaine de sorties aériennes, selon le ministère français de la Défense
Les Français et les Maliens se seraient arrêtés aux abords de la ville, pour mettre au point leur stratégie. «Tombouctou, c'est délicat. On n'y entre pas comme ça», a souligné le même militaire malien.
Les soldats devront pénétrer dans un dédale de ruelles de pisé parsemées de mosquées et de monuments anciens. Toute la question est de savoir si les combattants islamistes ont l'intention de s'y retrancher afin d'y mener une guérilla urbaine, ou s'ils abandonneront la ville afin de se replier dans des lieux plus sûrs.
Gao, à 1200 km au nord-est de Bamako, était tombée samedi au cours d'une opération spectaculaire: des membres des forces spéciales françaises appuyés par l'aviation s'étaient d'abord emparés de l'aéroport et d'un pont stratégique.
Puis des soldats tchadiens et nigériens étaient venus par avion du Niger voisin, marquant ainsi l'entrée des troupes de la force africaine sur le théâtre des opérations malien.
La prise de Tombouctou risque de se révéler plus difficile. Gao était tenue par le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) qui semble avoir voulu au dernier moment parlementer avec la France. Un porte-parole avait affirmé samedi vouloir «négocier la libération» d'un otage français, Gilberto Rodriguez Leal, enlevé en novembre 2012 dans l'ouest du Mali. Le premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a répondu en refusant «les logiques de chantage».
Un chef d'Aqmi réfugié à Kidal
Tombouctou, en revanche, est aux mains des combattants en majorité arabes d'Aqmi, (al-Qaida au Maghreb islamique) plus aguerris et déterminés.
Une troisième ville reste à prendre: Kidal, plus au nord-est. C'est là que se seraient retirés l'Algérien Abou Zeid, l'un des principaux émirs d'Aqmi, et Iyad ag Ghali, le chef d'Ansar Dine, le mouvement islamiste armé touareg. La maison que possède ce dernier à Kidal a d'ailleurs été bombardée par l'aviation française, ainsi qu'un camp militaire, selon une source de sécurité malienne citée par l'Agence France-presse.
Les islamistes se seraient abrités dans les montagnes de la région. Avec ce repli, pourrait commencer une nouvelle phase du conflit. Après les offensives éclair des blindés légers sur roues traçant dans les grands espaces, une guerre de guérilla et de coups de main pourrait commencer. Immergés dans la population, où ils ont noué de nombreuses alliances, les djihadistes pourraient décider de mener un combat de guérilla, voire d'attentats terroristes sur les arrières.
Ils devraient se retrouver progressivement face aux troupes africaines. Les chefs d'état-major de la région ont porté samedi à 7700 hommes les effectifs promis dans le cadre de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) soit 2000 de plus que prévu.
Le cavalier seul du Tchad
Liberia, Guinée-Bissau, Burundi, Guinée et Ouganda doivent y être associés, mais on ignore si les problèmes de financement, de transport et d'équipement ont été résolus. Pour l'heure, seuls 1900 soldats africains sont arrivés au Mali. Le chef de l'État béninois, Boni Yayi, président sortant de l'Union africaine (UA), a déploré dimanche la lenteur de la réaction du continent. «Comment se fait-il que, face à un danger qui menace ses propres fondations, l'Afrique, bien qu'elle ait les moyens de se défendre, continue à attendre?» a-t-il demandé lors d'un sommet de l'UA à Addis-Abeba, avant de remettre la présidence à l'Éthiopie.
Le Tchad, seul pays africain à être intervenu sans délai, ne fait pas partie de la Misma. Après les soldats envoyés par avions sécuriser Gao, une longue colonne de véhicules blindés et de plusieurs centaines de militaires tchadiens, bien équipés et rompus à la guerre du désert, a quitté Niamey samedi en direction du Mali. La montée en puissance sur le terrain de ce pays au régime controversé risque de poser à terme un problème politique à la France. Les islamistes touaregs, eux, retrouveront de vieilles connaissances. Des éléments de la garde présidentielle s'étaient retrouvés à leurs côtés pour défendre Kadhafi. Cette fois, ils seront ennemis.
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L'aviation française a bombardé le bastion islamiste de Kidal
Publié le 27.01.2013, 07h02 | Mise à jour : 17h46 (le parisien)
L'aviation française a bombardé des positions islamistes à Kidal et sa région, dans l'extrême nord-est du Mali, détruisant notamment la maison du chef du groupe armé Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), a-t-on appris dimanche de sources concordantes.
Au 17e jour de l'intervention au Mali contre les groupes islamistes armés, l'armée française poursuit ce dimanche la prise de contrôle de Gao, la plus importante ville du nord du Mali, reconquise samedi lors d'une offensive éclair. L'aviation a également bombardé des positions islamistes dans leur fief de Kidal, à 1 500 km au nord-est de Bamako, dans l'extrême nord-est du pays. Elle a notamment détruit la maison du chef du groupe armé Ansar Dine (Défenseurs de l'islam).
«Il y a eu des frappes aériennes dans la région de Kidal (1 500 km de Bamako). Ces frappes ont notamment touché la maison de Iyad Ag Ghaly à Kidal et un camp militaire dans la même ville», a déclaré une source malienne de sécurité, dont le témoignage a été confirmé par des habitants de la région. Les communications téléphoniques avec la localité de Kidal sont interrompues. Il s'agit de la première ville conquise par les rebelles touareg et les groupes islamistes en mars 2012. Les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) avaient ensuite été évincés de la région par leurs anciens alliés.
Anciennement liée au Mouvement national de libération de l’Azawad, Ansar Dine est un mouvement salafiste minoritaire qui milite pour l’instauration stricte de la charia. Apparu lors la prise du Nord-Mali en mars 2012, il rassemble avant tout des touareg islamisés ainsi que d’anciens membres d’Aqmi. Son dirigeant, Iyad Ag Ghaly, est une figure de la rébellion touareg des années 1990 au Mali et incarne l’aile la plus radicale du groupe.
Déploiement de troupes africaines dans Gao. Dans ce bastion islamique du nord du Mali situé à à 1 200 km de Bamako, des soldats maliens, tchadiens et nigériens sont en cours de déploiement, indique le porte-parole de l'état-major des armées françaises à Paris. Selon le colonel Thierry Burkhard, qui s'exprimait sur Europe 1, ces forces africaines ont été projetées par voie aérienne sur l'aéroport de Gao, pris la veille par les forces spéciales françaises. «Au cours d'une action combinée dans la nuit de vendredi à samedi de forces spéciales et de frappes aériennes», l'aéroport et un pont stratégique sur le Niger, à quelques km de Gao, ont été pris, a-t-il dit. «La prise de contrôle de Gao, qui compte 50 000 à 60 000 habitants, par les soldats maliens, tchadiens et nigériens est en cours», précise le porte-parole.
Les Etats-Unis acceptent de ravitailler les avions français au Mali. La nouvelle offensive à Kidal intervient alors que le président des Etats-Unis renforcent leur apppui à la France dans sa guerre au Mali. Paris avait demandé il y a plus de deux semaines à Washington de mettre des avions-ravitailleurs à la disposition des appareils français en mission au Mali. Le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta vient d'approuver cette requête, a indiqué le porte-parole du Pentagone George Little. Panetta a appelé samedi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian pour l'informer «que le commandement militaire américain pour l'Afrique soutiendra l'armée française en conduisant des missions de ravitaillement en vol pendant la poursuite des opérations au Mali». Les deux responsables ont également discuté des projets d'aide américaine au transport des troupes africaines, notamment tchadiennes et togolaises, appelées à prendre part à la force africaine au Mali, selon le porte-parole. Vendredi, le président américain Barack Obama avait exprimé son soutien à son homologue français. L'armée américaine dispose d'une flotte sans équivalent de plus de 400 avions-ravitailleurs KC-135. La France de son côté mobilise déjà une partie importante de ses 14 avions-ravitailleurs pour ses missions aériennes au Mali. En Libye en 2011, Washington avait assuré quelque 80% des opérations de ravitaillement en vol des appareils de la coalition.
Les islamistes fuient Tombouctou. A Mopti, la «Venise Malienne» dans le centre du Mali, un étudiant en provenance de Tombouctou, situé dans le nord à 900 km de Bamako, affirme que les islamistes ont commencé à fuir. Mais «Il en reste quand même», nuance un commerçant. Ils échangent les dernières nouvelles de «la guerre» : «J'habite à Tombouctou et nous sommes tous contents du président français. On a l'impression qu'on va être libérés très bientôt», dit Sidi Touré, commerçant de 67 ans coiffé d'un turban vert, parti jeudi à bord d'une grande pirogue de sa ville «coupée du monde», sans réseau téléphonique. A son côté, un chauffeur songhaï de 44 ans, Mohamed Touré, dit vivre «comme une fête» l'annonce de la reprise aux jihadistes de Gao, à 1200 km au nord-est de Bamako, par les militaires français et maliens. «Bien sûr, la guerre, ce n'est pas bon. Mais la libération du nord, est-ce vraiment la guerre? Ce sont les populations souffrant depuis neuf mois qui réclamaient d'être libérés», argumente-t-il. En neuf mois, les islamistes armés n'avaient «pas tué», disent-ils, mais «pris la population en otage».
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EN BREF
Vue générale du Mali (carte administrative)