Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

MllePayga
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Chapitre 31 — Arrachement

Payga

Je n’étais pas guérie.
Mais j’étais prête.
Je sentais encore le poids du deuil dans mes gestes, la trace des larmes dans mes silences. Mais le besoin de faire quelque chose, de redevenir utile, avait dépassé la douleur.
Alors j’étais rentrée.
Teyla m’avait accompagnée jusqu’à la salle d’embarquement, sa main dans la mienne, ses yeux pleins d’un respect tranquille. Woolsey m’avait accueilli avec un hochement de tête sobre. Rodney n’était pas là. Je crois qu’il ne savait pas encore.
Et ce n’était pas plus mal.
J’avais besoin d’arriver seule, comme si c’était moi qui décidais, cette fois.
Quelques jours plus tard, j’étais de retour dans le labo.
Tout était exactement comme je l’avais laissé.
Mon bureau. Mes carnets. La console où mes doigts retrouvaient naturellement leurs repères.
Et puis…
le module.
Il était enfin réparé. Alimenté. Prêt à être testé.
Zelenka m’avait proposé d’attendre. Rodney aussi, à demi-mot. Mais je leur avais souri. Juste ce qu’il fallait pour qu’ils me laissent tranquille.
"Je veux le faire seule," avais-je dit.
Et ils avaient compris.
La salle 4N était plongée dans la semi-obscurité, baignée de cette lumière ambrée propre aux interfaces des Anciens.
Je posai la paume sur l’interface centrale.
Les cercles holographiques s’activèrent.
Des constellations jaillirent, s’articulant comme un ballet silencieux.
La galaxie s’ouvrait devant moi.
Je souris. Pour la première fois depuis des semaines, je ressentais un éclat de merveille, intact.
Mais à cet instant…
Quelque chose changea.
Une vibration sourde.
Un grésillement léger.
Et puis — une lumière.
Un faisceau surgit du sol, bleuté, dense, presque vivant.
Il m’engloba en un battement de cœur.
Je n’eus pas le temps de crier.
Pas le temps de reculer.
Juste un souffle.
Une sensation d’arrachement.
Et le noir.
Quand mes yeux se rouvrirent, j’étais allongée sur un sol froid, métallique.
La lumière était tamisée, grise, irréelle.
La pièce… n’était pas la mienne.
Pas Atlantis.
Pas le labo.
Pas la salle 4N.
Une pièce nue, circulaire. Aucune fenêtre. Aucune porte.
Juste un plafond lisse, et une voix.
Froide. Calme. Sans émotion.
"Présence détectée. Anomalie inter-universelle confirmée."
Je me redressai d’un coup, le cœur battant.
"Séquence d’analyse initiale lancée. Protocole d’Équilibre : activé."

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Rodney

Je lui ai dit que je comprenais.
Que c’était bien qu’elle reprenne ses marques seule.
Qu’elle n’avait pas besoin qu’on la surveille.
Je lui ai dit ça. Et je le pensais.
Enfin… je crois.
Mais depuis qu’elle avait activé le module cartographique ce matin, je n’arrêtais pas de jeter un œil à l’écran de surveillance, de consulter les diagnostics, de triturer mon café froid sans en boire une gorgée.
Je me sentais… agité.
Pas nerveux.
Plutôt comme si une partie de moi n’était pas à sa place.
Je savais exactement où elle était.
Et pourtant, j’avais envie d’y être aussi.
Juste pour la voir lever les yeux au moment où les constellations s’animaient.
Juste pour être là, sans rien dire.
Mais je ne voulais pas l’envahir. Pas encore. Elle avait besoin d’air.
Je le respectais.
Enfin… j’essayais.
Une alarme légère me sortit de mes pensées.
Un bip unique, court.
Pas une urgence.
Mais une anomalie énergétique, en salle 4N.
Je cliquai sur le panneau de contrôle.
"Surcharge partielle du noyau secondaire."
"Taux de fluctuation anormale."
"Signature énergétique : inconnue."
Je fronçai les sourcils.
"Payga, tu reçois ?"
Silence.
"Payga, c’est Rodney. Tout va bien là-dedans ?"
Toujours rien.
Un pincement serra ma poitrine.
Je me levai d’un coup.
"Zelenka, tu détectes quelque chose d’étrange dans la salle cartographique ?"
"Pas encore. Mais l'énergie a fluctué. Tu veux que je vienne voir ?"
"Non. J’y vais."
Je courus dans le couloir.
Sans réfléchir.
Sans m’arrêter.
Mon cœur battait vite.
Trop vite pour du simple stress.
Quelque chose en moi savait déjà.
Quand j’ouvris les portes de la salle 4N, un souffle froid m’accueillit.
La pièce était vide.
Le module encore actif, mais ralenti.
Les constellations figées.
Un léger crépitement dans l’air.
"Payga ?"
Je fis un pas.
"PAYGA !"
Rien.
Aucune trace.
Aucun bruit.
Comme si elle…
avait été arrachée du décor.
Et là, sans pouvoir l’expliquer,
je sentis exactement ce que j’avais ressenti dans les ruines,
quand elle avait glissé entre mes mains pour la première fois.
Trop tard.
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Chapitre 32 — A part

Payga

La pièce était toujours la même.
Froide. Circulaire. Grise.
Pas de porte. Pas de sortie. Pas de son…
Si ce n’est cette voix métallique, qui revenait à intervalles réguliers, comme un écho programmé.
"Présence détectée."
"Anomalie inter-universelle confirmée."
"Séquence d’analyse initiale lancée."
"Protocole d’Équilibre : activé."
Toujours les mêmes phrases.
Toujours le même ton vide de sensibilité.
J’avais crié, d’abord.
"Qui êtes-vous ?"
"Où suis-je ?"
"Pourquoi suis-je ici ?"
Mais la voix ne répondait jamais.
Elle énonçait. Elle énumérait.
Et moi, je devenais une donnée dans un protocole que je ne comprenais pas.
Je me relevai lentement, l’esprit encore embrumé par la téléportation — ou ce qui y ressemblait.
Il n’y avait rien dans la pièce, à part un pylône cristallin au centre, qui semblait légèrement vibrer.
Des motifs lumineux glissaient sur sa surface, comme une langue vivante.
Je m’approchai.
Et je reconnus quelque chose.
C’était de l’Ancien.
Pas exactement comme celui enseigné sur Atlantis.
Mais les structures syntaxiques, la morphologie des glyphes, la logique mathématique sous-jacente… tout était là.
Je posai ma main près du socle. Le cristal émit un son doux.
Et un écran se matérialisa.
Pas un vrai écran. Un hologramme projeté depuis l’intérieur du pylône.
Des données s’affichaient en colonnes. Analyse. Fréquence. ADN. Variables temporelles.
Et tout en haut, un mot clignotait en Ancien :
"Variable non conforme."
Je me mis au travail.
Comprendre, c’était survivre.
Je n’étais plus qu’un sujet dans une équation.
Mais une équation, je savais résoudre ça.

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Rodney

Elle ne s’est pas volatilisée.
Je le répétais en boucle depuis une heure.
Elle ne s’est pas évaporée, elle n’a pas fui, elle n’a pas disparu par magie.
C’est impossible.
Atlantis ne permet pas ça. Le système de sécurité aurait réagi. Une anomalie énergétique aurait laissé une trace. Un vortex, une activation de DHD, un champ de distorsion, n’importe quoi.
Alors il y a une explication.
Et moi, je la trouverai.
J’ai lancé les vidéos de surveillance.
Accéléré. Ralenti. Image par image.
À 08:47:12, elle active le module cartographique.
À 08:47:26, le flux énergétique augmente brutalement.
Et à 08:47:31…
Un faisceau.
Bleuté. Dense.
Pas un transporteur Wraith. Pas un anneau Asgard. Mais une téléportation.
Instantanée. Propre. Silencieuse.
Elle est absorbée dans la lumière, et ensuite… plus rien.
Pas d’impact. Pas de résidu. Juste un décalage d’énergie dans l’air.
Je me suis rué sur les relevés.
J’ai consulté toutes les valeurs. Les fluctuations. Les pics de fréquence. Les échos magnétiques dans les murs. Tout.
Et là, dans une suite de diagrammes, dans ce chaos…
quelque chose m’a sauté aux yeux.
Sept pics.
Sept séquences.
Répétées. Codées. Organisées.
Pas du bruit aléatoire.
Une coordonnée.
Une adresse stellaire.
Ancienne.
Éloignée.
Mais claire.
Je me suis figé.
Un frisson m’a traversé.
Et j’ai murmuré, à mi-voix, presque sans m’en rendre compte :
"J’arrive. Je vais te retrouver."
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Chapitre 33 — Inexplicable

Rodney

"Je veux une réunion. Immédiatement."
Woolsey haussa un sourcil, debout dans la salle de contrôle.
"À propos de… ?"
"De la salle 4N. De ce qu’il s’est passé. De Payga."
Le nom eut l’effet d’un choc discret.
Sheppard, qui arrivait en même temps, se redressa légèrement.
Teyla fronça les sourcils.
Zelenka, déjà au courant en partie, détourna les yeux vers moi.
Woolsey hocha la tête.
"Dix minutes. Salle de réunion."
Ils étaient tous là.
Sheppard. Teyla. Ronon. Zelenka. Woolsey. Jennifer.
Et moi, debout, devant l’écran, incapable de rester assis.
Je n’avais pas dormi. J’avais à peine cligné des yeux depuis que j’avais isolé les sept fréquences.
Je les connaissais par cœur.
Elles tournaient dans ma tête comme une mélodie obsédante.
"Il ne s’agit pas d’un simple incident énergétique," dis-je en projetant le diagramme.
"Regardez ça. Les fluctuations ne sont pas aléatoires. C’est un schéma. Un code."
"Un code pour quoi ?" demanda Sheppard.
"Une adresse. Une coordonnée stellaire. Anciens. Pas standard. Mais clairement une destination."
Je fis défiler les images.
La surveillance de la salle.
Le faisceau.
Le vide.
"Elle a été téléportée. Ce n’est pas un accident. C’est une activation automatique. Quelque chose dans le module a reconnu sa présence, déclenché un protocole, et l’a envoyée ailleurs."
"Et tu sais où ?" demanda Ronon.
Je hochai la tête.
"Pas exactement. Mais assez pour trianguler un point à la frontière de ce que les Anciens appelaient la zone d’exclusion du vide. Un ancien complexe, probablement automatisé, oublié… mais actif."
Un silence.
Puis je posai les mains à plat sur la table.
"Je veux qu’on y aille. Maintenant."
Woolsey croisa les bras.
"Rodney… je comprends ton attachement. Mais ce que tu proposes est dangereux. On ignore ce qu’il y a sur cette planète. Aucun précédent. Aucun rapport. Et si cette téléportation était une sécurité ancienne ? Une forme de confinement ?"
"Alors elle est enfermée quelque part dans un système qu’on ne comprend pas. Encore une raison de ne pas attendre !"
"Ou une raison de ne pas foncer tête baissée," répondit-il calmement.
Je le fixai.
Ce n’était pas du refus. C’était… du doute prudent.
"On évaluera les risques. Tu vas compiler tous les relevés. Je veux une analyse complète dans deux heures."
Je serrai les poings.
Mais je savais que je n’avais pas le choix.
Pour l’instant.

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Payga

Le cristal réagissait à chacun de mes gestes, comme s’il reconnaissait mon empreinte.
Je m’étais immergée dans les flux de données, essayant de décrypter les symboles, de recouper les lignes, de reconstituer le puzzle.
Et peu à peu, l’ensemble avait commencé à prendre forme.
Ce lieu…
Ce complexe n’était pas un laboratoire.
Ni une prison.
Pas exactement.
C’était un poste de surveillance.
Un point d’ancrage, relié à d’autres modules… dont celui d’Iresha.
Je le reconnus presque par hasard, en tombant sur une série de glyphes codés.
Des coordonnées.
Des terminaux d’analyse énergétique.
Et une balise codée "P-IRE-17."
Iresha.
Le temple.
Le projet inachevé.
Le Pont Stellaire.
Je fis défiler les données.
Un journal, en Ancien.
“Les essais d’interconnexion entre univers ont tous échoué.”
“Les sujets testés ont présenté des déphasages, des pertes de cohésion cellulaire, et un rejet complet du continuum d’accueil.”
“Protocole d’Équilibre activé pour interdire toute récurrence.”
Et là, une ligne isolée :
“Aucune entité extérieure ne peut survivre dans une réalité qui n’est pas la sienne. La structure finit toujours par céder.”
Je sentis mon souffle se suspendre.
Je me tournai vers le pylône, les lignes de code qui défilaient en silence.
Je suis une anomalie.
Et pourtant…
Je suis toujours là.
Mais pourquoi ?
Pourquoi suis-je encore en vie, alors que toutes les autres variables ont échoué ?
Pourquoi mon corps ne rejette pas cette réalité ?
Pourquoi le protocole ne m’a pas encore détruite ?
Et surtout…
Qu’est-ce que ça fait de moi ?
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Chapitre 34 — Résultat imprévu

Rodney

Je déteste attendre.
C’est un fait connu, documenté, testé scientifiquement par moi-même à de nombreuses reprises.
Mais ce genre d’attente… celle qui vient quand la vie d’une personne compte, et qu’on vous demande de "prendre le temps de réfléchir", ça… ça me rend fou.
Je n’avais pas quitté le labo depuis la réunion.
Woolsey avait demandé un rapport complet. "Des preuves", comme si la lumière bleue qui avait aspiré Payga n’en était pas une.
Alors je lui préparais les meilleures preuves de l’histoire d’Atlantis.
Je faisais défiler les relevés énergétiques de la salle 4N, ligne par ligne.
Fréquence par fréquence.
Un flux capté juste après l’activation du module attira mon attention. Une signature ancienne, partiellement masquée, presque effacée dans les données brutes.
Mais je l’avais déjà vue.
Je l’appelai sur un écran secondaire, fis glisser des fichiers d’archive de notre mission sur Iresha.
Là.
Un pic identique.
Même signature.
Même onde harmonique.
Même empreinte codée.
Le complexe d’Iresha. Le pylône central.
Et ce que nous avions brièvement pris pour un "relais de mémoire"…
Ce n’était pas un relais.
C’était une balise.
Une alarme.
Et le module d’Atlantis, fraîchement remis en ligne, avait fait exactement ce qu’il était censé faire.
Il avait détecté une anomalie inter-universelle.
Et il avait transféré cette anomalie vers un centre de traitement.
"Toute entité extérieure à sa réalité d’origine sera extraite pour évaluation."
La phrase était là, dans les archives linguistiques que j’avais aidé à traduire, sans y prêter attention à l’époque.
Un protocole de confinement.
Un programme ancien, activé parce qu’elle était en vie.
Et maintenant…
Maintenant, elle était enfermée quelque part, probablement analysée, décomposée ligne par ligne par un système incapable de comprendre ce qu’est un être humain.
Je me redressai, le souffle court.
Il n’y avait plus de doute.
Ce n’était pas une coïncidence. Ce n’était pas un incident.
C’était un verdict.
Et Payga… était la variable que le système ne savait pas traiter.
Il fallait y aller.
Pas demain. Pas dans deux heures.
Maintenant.
Et s’il fallait que je force un vortex moi-même à mains nues, alors je le ferais.

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Payga

Un long silence s’était installé.
Le pylône central émettait une lumière plus douce. Les glyphes s’étaient figés.
Je ne sais pas combien de temps j’étais restée debout devant lui. Assez pour que mes jambes protestent.
Mais je ne voulais pas bouger.
Quelque chose changeait.
Je le sentais dans l’air. Dans les vibrations subtiles du sol.
Dans… la voix.
Elle revint.
Froide, sans émotion, mais… différente.
"Analyse complète. Sujet : cohésion temporelle – stable. Signature dimensionnelle – intégrée. Bio-ancrage – cohérent."
Je fronçai les sourcils.
"Statut mis à jour : variable conforme. Première occurrence validée. Résultat : projet PONT STELLAIRE – réussite."
Les mots résonnèrent en moi comme un coup de tonnerre.
Réussite.
La voix reprit :
"Transfert biologique : maintenu. Détérioration : absente. Disruption universelle : non détectée."
J’avais été testée.
Pas en tant qu’être vivant. Pas en tant que femme.
Mais comme une anomalie à disséquer.
Et maintenant, le verdict tombait.
Je n’étais pas un danger.
Je n’étais pas une menace.
J’étais…
Le premier succès.
Et pourtant, rien ne s’ouvrait.
Aucune porte.
Aucun remerciement.
Aucun retour automatique.
Juste un silence. Et la lumière pâle.
"Et maintenant ?" soufflai-je.
Mais la voix ne répondit pas.
Elle m’avait mesurée. Pesée. Approuvée.
Mais pas libérée.
Et au fond de moi…
une autre question grandissait.
Plus lourde. Plus intime.
Pourquoi moi ?
Pourquoi est-ce que moi je suis stable ?
Qu’est-ce que j’ai de différent ?
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Chapitre 35 — Retour inattendu

Payga

Je m’étais résignée à rester ici.
Pas pour toujours. Pas vraiment. Mais assez longtemps pour accepter que ma sortie ne dépendait pas de moi.
J’avais compris ce que j’étais.
Et ce que je représentais.
Mais pas ce que je devais devenir.
Alors quand la lumière est revenue,
froide, bleue, familière,
je n’ai pas bougé.
Pas de bruit. Pas d’annonce. Pas même la voix mécanique.
Juste ce rayon vertical, dense, qui me recouvrit du sol au plafond.
Et en un battement de cœur…
J’étais ailleurs.
La lumière changea.
L’air devint plus chaud.
Plus vivant.
Plus familier.
Et sous mes pieds, je reconnus les motifs du sol.
Je clignai des yeux.
Et la voix que j’entendis cette fois-là n’était pas celle de la machine.
C’était celle de Zelenka.
"Payga ?!"
Il lâcha une tablette qui heurta le sol avec fracas.
Je me tenais au centre de la salle 4N.
Exactement là où j’étais partie.
Un cercle de lumière se dissipait lentement autour de moi.
Zelenka avait reculé de quelques pas, figé entre la stupeur et l’angoisse.
Je posai les yeux sur lui.
Et avant même que je puisse dire un mot,
il lança :
"Rodney ! Appelez Rodney, maintenant !"

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Rodney

La salle de réunion était silencieuse.
Je venais de terminer ma présentation.
Chaque preuve, chaque relevé, chaque analyse était là.
Des pics d’énergie.
Des correspondances.
Des extraits d’archives.
Et surtout… des certitudes.
Payga était là-bas.
Un complexe ancien.
Un protocole oublié.
Un piège que je comprenais désormais assez pour le défier.
Woolsey parcourait les dernières lignes de mon rapport sur sa tablette, les sourcils froncés. Il ne parlait pas. Pas encore.
Je savais ce que cela signifiait.
Il pesait les risques.
Les implications.
La diplomatie.
Et moi…
j’attendais.
Je fixais l’écran devant moi, sans vraiment le voir.
Chaque seconde étirait un fil invisible entre l’angoisse et l’impatience.
Et puis…
"Monsieur Woolsey, ici la salle de contrôle."
La voix crépita dans le haut-parleur.
Automatique. Presque neutre.
Mais moi…
Mon cœur s’arrêta net.
Parce que ce n’était pas ce qu’il avait dit qui me glaça.
C’était ce qu’il ajouta :
"Docteur McKay. Vous devez venir immédiatement."
"C’est Payga."
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Chapitre 36 — Comme un mirage

Payga

L’air était plus dense ici.
Plus vrai.
Mais ma respiration ne suivait pas encore.
Je m’étais redressée lentement, une main sur le sol, comme si ce simple geste devait me convaincre que j’étais vraiment revenue.
La lumière d’Atlantis me brûlait les yeux après tant d’obscurité.
Mes jambes tremblaient. Mon cœur aussi.
Zelenka était devant moi, bouche bée, une tablette brisée à ses pieds.
"Payga ? Est-ce que… est-ce que tu vas bien ? Tu es blessée ?" demanda-t-il précipitamment, retrouvant ses réflexes de scientifique et d’ami en une fraction de seconde.
Je pris une inspiration courte.
"Je… je crois que oui. Juste un peu… désorientée."
Il s’approcha prudemment, sans me toucher, mais les yeux parcourant mon visage avec inquiétude.
"Tu es revenue exactement au même endroit. Sans alerte. Sans signal. Juste… matérialisée. Comme un fantôme."
Je tentai de sourire. Ça ne fonctionna pas.
"Pas un fantôme," murmurais-je. "Pas encore."
Mes muscles protestaient à chaque mouvement, mais j’avais besoin de bouger, de me convaincre que je n’étais pas restée coincée là-bas plus longtemps qu’il n’y paraissait.
"Tu veux qu’on t’emmène à l’infirmerie ?" proposa Zelenka, plus doucement.
"Non. Pas tout de suite. Je… J’ai besoin de comprendre d’abord. De savoir ce que vous avez vu ici. Et ce que vous savez."
Il hocha la tête, toujours sur le qui-vive.
"On a cru… t’avoir perdue. Rodney a… il s’est battu avec tous les systèmes de la cité pour te retrouver."
Le prénom, prononcé à voix basse, fit vibrer quelque chose dans ma poitrine.
Mais je n’eus pas le temps d’y répondre.
La porte de la salle 4N s’ouvrit brusquement.
Des pas précipités résonnèrent contre le sol.
Et cette fois, ce n’était pas une voix artificielle.

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Rodney

Je n’attendis pas une seconde.
À peine les mots "C’est Payga" franchirent les haut-parleurs que je quittai la salle de réunion en claquant la porte, ignorant les appels de Woolsey dans mon dos.
Je courus.
À travers les couloirs familiers.
Sous les arches froides de la cité.
Je crois que je poussai un technicien contre un mur sans m’en excuser.
Tout se bousculait dans ma tête.
Était-ce vrai ? Une erreur ? Une illusion ?
Une surcharge du module ? Une apparition due au stress ?
Mais non.
Ils n’auraient pas prononcé son nom.
Pas comme ça.
Et puis j’arrivai devant la salle 4N.
Les portes étaient grandes ouvertes.
Zelenka était là, légèrement en retrait, l’air encore choqué.
Et elle…
Elle était là.
Debout. Épuisée. Pâle. Mais entière.
Vivante. Réelle.
Payga.
Elle tourna la tête vers moi.
Nos regards se croisèrent.
Le temps s’arrêta.
Et avant que je puisse réfléchir, avant que les mots ne viennent, mon corps avait décidé à ma place.
Je traversai la pièce.
Et je la pris dans mes bras.
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Chapitre 37 — A un souffle de toi

Payga

Je n’ai pas bougé.
Quand il est entré, j’ai su.
Avant même de le voir, avant même que son prénom me traverse l’esprit.
Je l’ai senti.
Son énergie. Son pas précipité.
Cette manière unique de charger l’espace d’électricité.
Nos regards se sont croisés.
Et pendant une seconde —
une toute petite seconde —
j’ai espéré qu’il comprendrait sans que je dise un mot.
J’espérais qu’il me voit. Pas seulement moi, ici, maintenant.
Mais tout ce que j’avais traversé. Tout ce que je n’avais pas dit.
Et il l’a vu.
Sans parler.
Ses bras se sont refermés autour de moi.
Fermes. Vrais. Présents.
Et tout s’est arrêté.
La douleur.
La peur.
L’incompréhension.
Je me suis laissé faire.
Mon front contre son épaule.
Mon souffle court, presque brisé.
Je n’ai pas pleuré. Pas encore.
Mais j’étais proche.
Ce n’était pas une étreinte banale.
C’était une promesse. Une faille. Une réponse.
"Je suis revenue."
"Et tu étais là."
Je sentis sa main hésiter dans mon dos.
Ses doigts se refermer doucement.
Sa respiration se ralentir contre ma tempe.
Et alors que je relevais doucement le visage, croisant de nouveau ses yeux…
Je sus.
Que s’il ne bougeait pas,
si je faisais un pas de plus,
si je levais la main vers sa joue…
Ce serait lui.
Ce serait maintenant.
Je n’étais plus suspendue entre deux mondes.
Je n’étais plus l’épouse d’un autre homme dans une autre vie.
J’étais là.
Avec lui.

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Rodney

Elle ne bougeait pas.
Pas vraiment.
Mais quelque chose dans son regard avait changé.
Ce n’était plus du flou, de l’attente, ni même ce vide qu’elle portait en elle ces dernières semaines.
C’était… clair.
Et en la tenant contre moi,
je le sentais.
Je sentais que je n’étais plus un reflet.
Plus un rappel.
Plus une ombre de celui qu’elle avait perdu.
C’était moi qu’elle regardait.
Et même si je ne comprenais pas encore ce que cela impliquait,
je savais que je ne voulais pas rompre ce lien.
Pas maintenant.
Pas encore.
Elle releva doucement le visage.
Son front contre le mien.
Son souffle sur ma peau.
Et dans ses yeux, il n’y avait aucune confusion.
Seulement une certitude tranquille.
Je ne pensais plus.
Je ne pesais plus rien.
Je me penchai, à peine.
Nos lèvres se frôlèrent.
À un souffle de distance.
Juste un souffle…
"Hum… pardon !"
Zelenka.
Sa voix.
Trop forte. Trop réelle.
Comme une onde de choc.
"Je… euh… désolé. Mais peut-être que le docteur Keller voudrait vérifier qu’elle n’est pas en train de… mourir ? Enfin… pas que ce soit le cas, hein, mais… vous voyez…"
Je me figeai.
Le lien venait d’être brisé.
Mais l’intention était toujours là.
Elle ne s’était pas dissipée.
Pas pour moi.
Et je savais, au fond de moi…
Pas pour elle non plus.
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Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

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Chapitre 38 — Encore en vie

Payga

J’avais presque oublié ce que c’était, de ressentir la chaleur d’un contact réel.
Pas un souvenir. Pas un rêve. Pas une projection mentale à travers une technologie ancienne.
Ses bras autour de moi…
C’était Rodney. Ce Rodney. Et, pour une fraction de seconde, j’avais cru que le temps allait s’arrêter. Que peut-être… nous étions prêts.
Mais la voix de Zelenka nous ramena brutalement à la réalité.
— Je… excusez-moi, mais… vous devriez peut-être passer par l’infirmerie. Juste… pour être sûrs, dit-il, mal à l’aise.
Je levai doucement la tête, mes bras relâchant leur étreinte. Rodney me regardait toujours, comme si j’étais faite de fumée et qu’un seul clignement d’yeux pouvait me faire disparaître.
Il n’avait rien dit. Mais je lisais tout dans ses yeux.
Tu es revenue. Mais pour combien de temps ?
Je hochai la tête en silence.
Zelenka avait raison. Ce scan, ce transport… je ne savais pas ce qu’il avait fait à mon corps. Ni à mon esprit.
Et la dernière chose que je voulais, c’était le voir s’inquiéter plus encore.
— Allons-y, dis-je simplement.
Rodney ne me quitta pas d’une semelle.
Son épaule frôlait la mienne dans les couloirs. Il ne parlait pas. Mais ses gestes disaient tout.
Il voulait être là, au cas où. Au cas où je m’évanouirais. Au cas où je disparaîtrais encore.
Au cas où ce serait une illusion.
Et moi… je ne voulais pas qu’il s’éloigne non plus.

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Rodney

Je ne me souvenais pas de la marche jusqu’à l’infirmerie.
Mes pieds m’y avaient conduit, automatiquement, comme s’ils avaient intégré une nouvelle fonction vitale : rester près d’elle.
Je ne pensais plus à la cité. Ni à Zelenka. Ni aux relevés que je devais encore vérifier dans la salle 4N.
Tout était resté là-bas, suspendu quelque part entre la surprise et le soulagement.
Payga était là. Entière. Réelle.
Et j’avais l’impression que si je la lâchais des yeux, elle allait à nouveau disparaître dans un éclair de lumière.
J’entendis mon prénom.
— Rodney ?
La voix douce, presque surprise, de Jennifer.
Je clignai des yeux. L’infirmerie. Les lumières froides. L’odeur de désinfectant.
Et Payga, déjà assise sur le lit, pendant que Keller consultait sa tablette.
— Tu es… revenue, constata Jennifer en s’approchant lentement. Comment tu te sens ?
Payga répondit, d’une voix calme mais encore un peu rauque.
Je n’entendis pas tout. Mon attention restait suspendue à ses gestes, ses mimiques, la façon dont elle respirait. Comme si mon cerveau voulait valider, point par point, qu’elle était bien là.
Jennifer lança une série d’examens.
Analyse sanguine. Tension. Rythme cardiaque. Activité neurologique. Quelques scans complémentaires, par précaution.
Je restai silencieux, légèrement en retrait.
À chaque bip, chaque balayage de lumière sur son corps, je m’attendais à ce qu’on découvre… quelque chose.
Un déséquilibre. Une trace d’irradiation. Une instabilité dans ses constantes.
Mais non.
— C’est… étonnant, souffla Jennifer en regardant les résultats.
Je levai les yeux.
— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
Elle secoua doucement la tête, un demi-sourire aux lèvres.
— Il n’y a rien. Tous ses paramètres sont normaux. Même plus que normaux. Elle est… en parfaite santé.
Je crus sentir mon souffle revenir d’un coup.
Comme si j’avais retenu l’air depuis des heures sans m’en rendre compte.
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Chapitre 39 — Jugée stable

Payga

L’air de l’infirmerie avait beau être calme, tout en moi vibrait encore.
Mon corps était reposé. Mes constantes parfaites, selon Jennifer. Mais mon esprit… lui, ne savait plus où se poser.
Je savais qu’ils attendaient des réponses. Rodney n’avait rien dit, mais je sentais son regard sur moi, chaque fois que je tournais la tête. Jennifer, elle, m’observait discrètement, comme on étudie une anomalie sans vouloir la brusquer.
Et je ne pouvais pas leur en vouloir.
Parce que j’étais cette anomalie.
Je posai mes pieds au sol. L’odeur de l’Atlantis que je connaissais me revint, familière. Solide. Stable.
Et pourtant… ce que j’avais vu là-bas, ce que j’avais compris…
Je me redressai.
— Rodney ?
Il se retourna immédiatement, comme s’il avait attendu que je l’appelle.
— J’ai besoin de parler. Pas seulement avec toi.
Son regard s’assombrit légèrement.
— Tu veux une réunion ?
— Oui. Avec Woolsey. Jennifer. Zelenka. Et vous quatre, évidemment.
Il hocha la tête sans poser de questions, ce que je lui en fus reconnaissante.
Mais je vis dans son regard une ombre de tension. D’inquiétude.
— C’est grave ? demanda-t-il finalement.
Je pris une inspiration lente.
— Ce n’est pas dangereux. Pas encore.
Mais ce que j’ai vu… ce que j’ai compris…
Ça change tout.

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Rodney

La salle de réunion n’avait jamais été aussi silencieuse.
Sheppard était penché en avant, les bras croisés. Ronon, immobile, le regard fixé sur Payga. Teyla, calme mais attentive. Jennifer, assise à côté de moi, pianotait sur sa tablette par automatisme. Zelenka avait arrêté de respirer depuis au moins une minute.
Et Woolsey, en bout de table, gardait ce visage neutre qu’il adoptait quand il était à la fois inquiet et fasciné.
Et moi, je regardais Payga.
Elle était là. Entière. Vivante. Revenant d’un endroit qu’aucun d’entre nous ne pouvait imaginer. Et sur ses épaules, une vérité qu’elle seule portait encore.
— J’ai été téléportée par le module de cartographie, dit-elle doucement. Pas dans la cité. Pas dans une autre salle. Dans une structure ancienne… que je n’avais jamais vue.
Je sentis un frisson courir le long de ma nuque.
— Les murs, les systèmes, la langue… tout portait la marque des Anciens, poursuivit-elle. Mais ce n’était pas un lieu d’étude. C’était un centre d’analyse. Un observatoire de réalité.
Un silence plus dense encore s’installa.
— J’y ai vu… des traces de moi. Des enregistrements. Des données croisées. Et des séquences anciennes du projet que nous avions découvert sur Iresha.
Elle marqua une pause. Je vis son regard se baisser un instant.
— Ce lieu n'était pas un portail. C'était un juge. Une intelligence automatisée destinée à analyser ceux qui ne devraient pas exister ici… et à valider ou rejeter leur présence.
Jennifer fronça les sourcils.
— Tu veux dire qu’il t’a… évaluée ?
— Oui. Et il m’a déclarée “stable”. Compatible.
Je me redressai légèrement, incapable de contenir ma surprise.
— Mais… tu ne sais pas pourquoi ?
Elle secoua doucement la tête.
— Non. Et c’est bien ça le problème. Quelque chose en moi fait que je peux survivre ici. Mais je ne sais pas quoi. Et tant que je ne le saurai pas… je ne peux pas abandonner l’idée que d’autres, quelque part, pourraient être comme moi.
Elle releva les yeux vers nous. Et soudain, ce n’était plus la femme revenue d’entre les dimensions que je voyais.
C’était la survivante.
La scientifique.
Et celle qui refusait de rester la dernière.
— Je veux comprendre. Et s’ils sont quelque part… je les retrouverai.
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Chapitre 40 — Sans bruit

Payga

La salle de réunion se vida dans un silence suspendu, comme si chacun gardait pour soi l’écho de mes mots.
Woolsey fut le premier à se lever, l’air pensif, son regard plus chargé que d’habitude.
Sheppard et Teyla échangèrent un regard bref avant de sortir ensemble.
Zelenka, toujours muet, suivit, visiblement absorbé par ce qu’il venait d’apprendre. Même Ronon se détourna sans mot, mains dans les poches.
Restait Rodney.
Il m’adressa un dernier regard.
Long.
Silencieux.
Puis il quitta la pièce à son tour, me laissant seule encore quelques secondes dans cette atmosphère chargée.
J’allais franchir le seuil quand une voix douce me retint.
— Payga ?
Je me retournai. Jennifer.
Elle n’avait pas bougé de sa chaise. Ses mains étaient jointes sur la table, son regard fixé sur moi avec une expression étrange. Ni colère, ni distance. Juste… une sorte de paix triste.
— Tu as une minute ? demanda-t-elle doucement.
J’hésitai, puis hochai la tête.
Elle se leva et s’approcha, gardant une distance respectueuse. Il n’y avait aucune tension dans ses gestes. Rien d’accusateur. Juste une femme fatiguée, mais droite.
— Je ne suis pas venue te parler en tant que médecin, dit-elle.
Elle marqua une pause.
— Je suis venue en tant que… femme.
Et comme quelqu’un qui sait ce que c’est… de perdre quelqu’un sans vraiment le perdre.
Je restai silencieuse. Elle reprit.
— Je vois comment il te regarde. Et je vois aussi comment tu lui réponds. Je pense que même si vous n’avez encore rien dit… l’essentiel est déjà là.
Je baissai les yeux. Son ton n’était pas amer. Juste honnête. Profondément humain.
— Je ne te déteste pas, Payga. Je ne suis pas blessée par toi. Je suis juste triste. Mais ce n’est pas contre toi. Ni contre lui.
Elle haussa les épaules avec un léger sourire.
— Les gens changent. Et parfois, l’amour ne suffit pas à retenir quelqu’un qui a trouvé une partie de lui ailleurs.
Je voulus répondre, mais aucun mot ne sortit.
— Je voulais juste que tu le saches. Que je ne te tiens pas responsable. Et que tu n’as pas à t’excuser d’exister.
Un silence s’installa, doux et douloureux à la fois.
Puis Jennifer tourna les talons et quitta la pièce, d’un pas tranquille.
Je restai un moment figé.
Et c’est là que je le vis.
Ronon.
Appuyé contre le mur dans l’ombre, les bras croisés. Il avait été là tout ce temps. Il avait tout entendu.
Son regard croisa le mien.
Il ne dit rien.
Mais il acquiesça lentement, presque imperceptiblement…
Puis disparut dans le couloir.

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Rodney

Je n’étais pas allé bien loin après la réunion.
Je m’étais réfugié là où mes pensées avaient encore un peu de place pour respirer : le couloir juste avant le labo, face à une baie vitrée donnant sur l’océan. Une lumière froide glissait sur le sol. Le genre de lumière qui ne réchauffe rien.
J’avais les bras croisés. Et une tempête dans la tête.
Je n’avais rien dit pendant toute la réunion. Juste écouté. Observé. Ressenti.
Et maintenant… je ne savais plus très bien où poser tout ce que je venais de comprendre. Sur elle. Sur moi. Sur ce que je voulais. Ce que je ne voulais plus.
— Tu te caches ? lança une voix grave derrière moi.
Je sursautai à peine. Ronon.
Je tournai la tête. Il s’approchait tranquillement, mains dans les poches, l’air comme toujours… impossible à lire.
— Je… réfléchissais, répondis-je maladroitement.
Il hocha la tête, comme s’il comprenait exactement, sans en dire plus. Et bien sûr, il comprenait. C’était Ronon.
Il resta à côté de moi, sans parler pendant un moment. Puis :
— Je l’ai vue. Jennifer. Elle t’a regardé différemment aujourd’hui.
Je me crispai.
— Je sais, dis-je, presque à contrecœur.
Il hocha de nouveau la tête. Toujours calme. Toujours posé.
Puis il dit, sans détour :
— Je l’aime bien. Beaucoup, même.
Je me tournai complètement vers lui, surpris par la simplicité de ses mots.
— Tu veux me dire quelque chose, Ronon ?
Il soutint mon regard, droit dans les yeux.
— Je sais qu’il y a eu quelque chose entre vous. Et je sais que c’est plus tout à fait là. Mais je voulais que tu le saches. Avant que…
— … tu t’approches d’elle ? complétai-je.
Il acquiesça. Rien de plus.
Pas un mot de trop.
Pas une once d’arrogance.
Juste ce respect silencieux que Ronon savait offrir, quand ça comptait vraiment.
Je pris une longue inspiration.
Et à ma propre surprise, je ne ressentis ni colère. Ni jalousie.
Seulement… une forme de soulagement.
— Elle mérite quelqu’un de bien, murmurai-je. Quelqu’un qui sera là. Entièrement.
Je levai les yeux vers lui, un léger sourire au coin des lèvres.
— Et malgré ce que je peux dire sur ta coupe de cheveux… je pense que t’es pas si mal.
Il eut un petit rire. Rare. Authentique.
— Je prends ça comme un oui ?
Je hochai la tête.
— C’est un oui.
Il me donna une tape à l’épaule. Lourde, mais pas brutale.
Puis il tourna les talons, comme si cette conversation n’avait été qu’un simple détour sur son chemin.
Mais moi, je restai là, un peu plus léger qu’avant.
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Chapitre 41 — Le silence entre les étoiles

Payga

Cela faisait une semaine. Sept jours depuis mon retour. Depuis la réunion. Depuis l’infirmerie. Depuis ce presque baiser. Sept jours à marcher dans les couloirs d’Atlantis comme si tout était revenu à la normale. Comme si je n’étais pas morte dans un autre monde. Comme si je n’avais pas été évaluée par une intelligence ancienne. Comme si… Rodney n’avait pas reculé. Il n’avait pas fui. Pas vraiment. Il était là, chaque jour, dans le même laboratoire, sur les mêmes consoles. Mais il n’était plus là. Pas vraiment. Il m’adressait des mots. Des sourires polis. Des observations techniques. Mais ses regards étaient devenus courts. Flottants. Et son silence… pesait. Je ne lui en voulais pas. Pas encore. Mais ce vide… ce vide-là… je ne pouvais plus l’ignorer. Alors j’avais repris le travail, encore plus qu’avant. Je m’étais accrochée aux relevés, aux rapports, aux fichiers archivés. J’avais même fouillé les anciennes bases de données du Dédale sur la planète Lyrien, en espérant y dénicher un indice. Un nom. Une trace de survie. Un espoir. Mais aujourd’hui, rien ne venait. La fatigue me prit d’un coup. Lasse. Sèche. Le soleil se couchait à travers les dômes vitrés. Et lui… il n’avait pas remis les pieds au labo de la journée. Je savais où il était. J’avais entendu Zelenka dire qu’il passait ses soirées là-bas. Dans la salle 4N. Je n’avais pas franchi le seuil depuis mon retour. Pas par peur. Par instinct. Mais ce soir… je ne voulais plus attendre. Je traversai les couloirs d’un pas lent, mes mains serrées autour d’une tablette que je ne lisais plus. Je ne croisai personne. Ou alors je ne les vis pas. Quand j’arrivai devant la porte, elle était entrouverte. Et je le vis. Debout au centre de la pièce, enveloppé d’un manteau de constellations holographiques. Les bras croisés. Les yeux fixés sur une étoile suspendue au-dessus de lui. Atlantis toute entière paraissait absente. Sauf lui. Et moi, à l’embrasure de la porte. À le regarder. Sans oser encore parler.

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Rodney

Je venais ici tous les soirs. Comme un rituel silencieux. La salle 4N était devenue mon refuge. Mon échappatoire. Mon excuse. Je disais à Zelenka que je travaillais sur la reconfiguration de la cartographie galactique. Que je voulais extraire des coordonnées potentiellement inexplorées. Que peut-être, quelque part, il restait un fragment de réponse. C’était vrai. Mais ce n’était pas tout. La vérité, c’était qu’ici… je pouvais respirer. Et fuir ce que je ne savais pas nommer. Payga. Depuis son retour, j’étais devenu… flou. Pas fuyant. Juste… flou. Flottant. Chaque fois que je croisais son regard, mon cerveau se bloquait. Je voulais lui parler, lui demander ce qu’elle avait ressenti là-bas, ce qu’elle avait vu, ce qu’elle avait cru, espéré. Mais je ne faisais rien. Parce que je ne savais pas comment faire avec elle. Avec celle qu’elle est devenue. Avec ce que moi je ressens. Et surtout avec ce que nous étions dans cet autre monde. Je n’étais pas cet homme-là. Mais parfois, dans ses yeux… j’avais l’impression de le voir. Et ça me terrifiait. Alors je restais ici. À faire semblant d’étudier des points lumineux, alors que je ne faisais que lutter contre l’ombre qu’elle avait laissée en moi. Et je pensais à ses bras. Autour de moi. À son souffle. À son front contre mon torse. À cette seconde suspendue, juste avant… ce presque baiser.

Et si Zelenka n’était pas intervenu… ?

Un soupir m’échappa. J’allais m’arracher à mes pensées quand je la vis. Elle. Là. À l’embrasure de la porte. Silencieuse. Immobile. Ses yeux posés sur moi. Comme une étoile que j’avais perdue de vue. Et qui venait de réapparaître.
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Chapitre 42 — Révélation

Payga

Je ne bougeai pas. Je n’osais pas. Je restai là, à l’embrasure de la porte, comme suspendue entre deux réalités. Entre deux mondes. Le mien, celui que j’avais perdu. Et celui-ci, où je n’étais plus une étrangère. Plus tout à fait. Et lui, debout sous les constellations. Comme une étoile fixe au milieu d’un ciel instable. Je le regardai longtemps. Peut-être trop longtemps. Je voulais graver chaque détail. La courbe de ses épaules sous la lumière bleutée. La concentration dans son regard. La solitude dans sa posture. L’homme que j’avais aimé… n’était plus là. Et pour la première fois, ça ne me faisait plus mal. Parce que celui que j’avais sous les yeux… Je l’aimais aussi. Autrement. Lentement. Avec une peur nouvelle. Et un désir fragile. Mais c’était là. Vivant. Authentique. Et je ne pouvais plus le nier. Il n’était pas un double. Pas une copie. Pas une version de remplacement. Il était lui.

Rodney.
Mon Rodney.

Maintenant. Je fis un pas. Puis un autre. Il se retourna, comme s’il avait senti ma présence dans l’air. Nos regards se croisèrent. Le sien fut d’abord surpris. Puis… désolé. Comme s’il venait de comprendre qu’il n’avait pas fui une inconnue. Mais quelqu’un qui l’avait attendu. Quelqu’un qui avait cessé de regarder à travers lui.

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Rodney

Elle s’avance. Chaque pas résonne dans le silence, et pourtant je n’entends rien. Rien d’autre qu’un battement irrégulier dans ma poitrine. Le mien. Elle ne dit rien. Et moi non plus. Pas encore. Je devrais parler. Briser la tension. L’accueillir. M’excuser peut-être. Mais je n’y arrive pas. Pas parce que j’ai peur.
Pas parce que je doute. Mais parce que… j’ai besoin de ce silence. De ce moment figé. Je veux mémoriser. Ses traits. Son souffle. La façon dont la lumière se glisse dans la mèche violette de ses cheveux. Elle n’est plus une étrangère. Elle n’est plus l’ombre d’un autre amour. Et moi… je ne suis plus celui qui fuit l’écho d’un homme qu’il n’a jamais été. Je suis là. Et elle aussi. Et ce que je ressens… Je n’ai plus de mot pour le cacher.

Je l’aime.

Pas avec la mémoire d’un autre. Pas avec l’envie d’imiter. Mais avec mon cœur. Le mien. Entier. Inquiet. Sincère. Et dans ce silence suspendu, tout devient clair. Je ne veux plus me cacher derrière les étoiles. Je veux la regarder, elle.
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Chapitre 43 — Deux cœurs à l’unisson

L’univers avait parfois cette étrange habitude : il retenait son souffle juste avant les grandes révélations. Et ce soir-là, dans les entrailles lumineuses d’Atlantis, il le fit encore. Dans la salle 4N, sous un dôme de constellations en suspension, deux âmes s’étaient retrouvées. Pas par hasard. Pas par obligation. Mais parce qu’il ne pouvait en être autrement. Rodney ne parlait pas. Et pourtant, dans le silence, mille pensées tournaient en boucle. Il ne savait pas comment faire le premier pas. Il en avait fait tant dans sa vie… sauf ceux-là. Et c’est elle, encore, qui le devança. Un seul mot.

— Reste.

Il releva les yeux. Ce mot. Simple. Court. Mais pour lui… il voulait tout dire. Elle ne parlait pas de ce soir, ni de cette pièce. Elle parlait de demain. Et de tous les lendemains. Il ouvrit la bouche, mais aucun mot ne vint. Alors ce fut elle, encore, qui continua.

— Je t’ai vu t’éloigner. Je t’ai senti… me regarder comme une erreur. Un souvenir. Mais je ne suis pas un souvenir. Et tu ne l’es pas non plus.

Elle s’avança.

— Je t’ai vu. Toi. Pas lui.

Il déglutit. Et cette fois, les mots vinrent. Avec maladresse, mais sincérité.

— J’avais peur. Pas de toi. De… moi. De ce que ça voulait dire. De ce que j’étais censé être pour toi.

Il fit un pas aussi.

— Je ne suis pas l’homme que tu as perdu. Mais je… je voudrais être celui que tu choisis maintenant.

Elle sourit. Ses yeux brillaient.

— Tu l’es déjà.

Il leva la main, hésita, puis toucha doucement la mèche violette qui tombait sur sa tempe.

— C’est fou… comment une seule personne peut traverser des mondes entiers, et venir bouleverser tout ce qu’on croyait figer.

Elle posa sa paume contre sa joue.

— Et c’est fou… comme une seule main sur la peau peut suffire à tout réparer.

Ils ne parlèrent plus. Le silence redevint sacré. Et dans cette lumière suspendue, l’univers cessa de respirer pour une seconde de plus. Leurs fronts se frôlèrent. Leurs souffles se mélangèrent. Et enfin… Leurs lèvres se trouvèrent. Il n’y eut ni précipitation, ni vertige. Juste un glissement doux, un accord silencieux entre deux cœurs qui cessaient de battre seuls. Ce baiser n’était pas une fin. C’était un commencement. Et dans le ciel holographique au-dessus d’eux, une étoile s’illumina d’un éclat plus vif que les autres. Comme un murmure céleste approuvant l’instant.
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Chapitre 44 — Enfin chez moi

Payga

Les pas résonnaient sous mes bottes, rythmés, familiers. J’avançais dans les couloirs d’Atlantis sans vraiment regarder autour de moi. Je n’en avais pas besoin. Je connaissais chaque virage, chaque lumière, chaque vibration du sol. Parce que cette cité n’était plus une station étrangère. Elle était devenue chez moi. Et aujourd’hui, je marchais vers la salle d’embarquement, vers l’équipe qui m’attendait. Direction Lyrien. Un nouveau départ. Une possible réponse. Mais avant d’y arriver, mes pensées glissèrent ailleurs. Vers ces dernières semaines.

✧ Depuis ce baiser suspendu sous les étoiles, Rodney et moi avions appris à redescendre doucement sur Terre. Pas de promesses précipitées. Pas de déclarations enflammées. Juste deux personnes qui apprenaient à vivre à deux. À se comprendre dans les silences. À s’écouter dans les doutes. À rire - et Dieu merci, à rire souvent. Il restait maladroit. Moi, parfois méfiante. Mais on avançait. Ensemble.

✧ Ronon, de son côté, était devenu mon professeur attitré. Je suivais ses entraînements deux fois par semaine, et autant dire qu’il ne m’épargnait pas. Mais j’aimais ça. Rodney un peu moins. J’aimais cette rigueur, cette simplicité brute, cette manière qu’il avait de m’évaluer sans jamais me juger. Il disait peu. Mais je savais qu’il me respectait. Et moi… je l’admirais. Notre amitié s’était tissée entre deux coups bien placés et trois conseils bourrus. Et maintenant, il veillait sur moi. À sa manière.

✧ Teyla, elle, m’avait ouvert un autre chemin. Celui du souffle. De la paix intérieure. De la connexion avec ce que j’étais - ou ce que j’étais devenue. Nos séances de méditation étaient devenues un rituel. Son calme était devenu un ancrage. Elle était devenue ma confidente. Et, sans que je le voie venir, mon amie la plus précieuse.


✧ Sheppard, fidèle à lui-même, avait levé un sourcil dubitatif quand je lui avais demandé de m’apprendre à manier une arme militaire. Il m’avait lancé un « Tu es sûre de toi, Payga ? » Mais il avait dit oui. Et je m’étais montrée bonne élève. Depuis, je sentais son regard changer. Toujours protecteur. Mais pas condescendant. Il me laissait faire mes propres choix. Comme un frère.

✧ Avec Jennifer, les choses étaient simples. Claires. Pas d’animosité. Pas de jalousie. Juste du respect. Et un lien discret qui s’était tissé à force de conversations neutres, de regards honnêtes. Elle était heureuse. Je le voyais. Et elle passait de plus en plus de temps avec Ronon. Ce qui, à vrai dire, me faisait sourire.

✧ Woolsey m’avait officiellement intégrée à la cité. Sans cérémonie. Juste avec une phrase discrète : « Vous êtes ici chez vous, Payga. » Et depuis, il me saluait avec un vrai sourire. Ce qui, venant de lui, valait presque une médaille.

✧ Quant à Zelenka, il était devenu… un pilier. Toujours là. Toujours fiable. Toujours prêt à râler, mais toujours le premier à m’épauler. C’était devenu un ami. Un vrai.

Je ralentis à l’approche de la salle d’embarquement. Mon cœur accéléra légèrement. Lyrien. La planète dont je portais le nom comme une ombre au fond du cœur. Peut-être qu’aujourd’hui, je poserai les pieds là où mon peuple aurait pu survivre. Peut-être que je découvrirai… que je ne suis pas la dernière. Je pris une inspiration. Puis entrai dans la salle.

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Rodney

— Non mais sérieusement… c’est une manie chez les gens d’Atlantis de toujours être en retard ou c’est une tradition culturelle ? Parce que si on pouvait partir avant l’apocalypse, ce serait pas mal.

Je croisai les bras, me tournai vers la porte d’embarquement et soupirai bruyamment, juste pour que tout le monde dans un rayon de dix mètres soit bien au courant de ma frustration. Zelenka leva les yeux au ciel.

— Elle a deux minutes de retard, Rodney.

— Une minute quarante-sept, pour être précis, rectifiai-je en consultant ma montre.

Ronon ne réagit pas. Sheppard se contenta de hausser un sourcil blasé. Jennifer échangea un regard discret avec Teyla. Chacun à sa manière avait appris à me supporter. Ou à m’ignorer. Ce qui revenait souvent au même. Je tentais de garder une contenance. Mais la vérité, c’est que j’étais tendu comme une corde de violon. Parce que ce n’était pas une mission comme les autres. Ce n’était pas une exploration de routine. Pas un test de capteurs, ni un relevé d’atmosphère. C’était Lyrien. La planète que Payga avait mentionnée des mois plus tôt. Un nom. Une possibilité. Et qu’on avait fini par retrouver presque par hasard, en scrutant chaque dossier, chaque cartographie secondaire du module de la salle 4N. C’était le jour des réponses. Ou, si je me laissais aller au pessimisme (ce qui, soyons honnête, était mon sport quotidien), c’était le jour où Payga allait se rendre compte qu’il ne restait rien. Qu’elle était vraiment seule. Et je n’étais pas prêt à la voir s’effondrer encore. Mais je ne pouvais pas lui dire ça. Alors à la place, je râlais.
C’est ma spécialité, non ? Je commençai à pianoter nerveusement sur ma tablette, vérifiant les fréquences, les relevés, la pression atmosphérique estimée, l’humidité du sol… Des choses inutiles. Mais qui me permettaient de ne pas penser. Puis la porte s’ouvrit. Et elle entra. Et tout ce vacarme mental s’éteignit.
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Re: Échos d'un autre ciel (Fanfiction Stargate Atlantis)

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Chapitre 45 — L’espoir en ruine

Payga

La lumière du vortex se dissipa autour de nous. Je sentis le sol se stabiliser sous mes pieds. L’air était plus sec qu’à Atlantis, mais pas lourd. La température était douce. Le ciel, d’un bleu si profond qu’on aurait dit qu’il saignait sur l’horizon. Lyrien. La planète au nom familier. La planète que j’avais rêvée. La planète dont j’espérais encore, malgré tout, ne pas être la seule à me souvenir. Je restai figée quelques secondes, simplement à regarder. Respirer. Ressentir. Rodney était à mes côtés. Zelenka déjà penché sur son détecteur. Sheppard observait les alentours d’un œil d’explorateur prudent. Jennifer ajustait son scanner médical, au cas où. Teyla posa une main discrète sur mon bras. Je lui souris. Puis Zelenka rompit le silence.

— Atmosphère stable. Taux d’oxygène normal. Aucune radiation dangereuse détectée.

Il fronça légèrement les sourcils, tapota sur son écran.

— Il y a juste… un résidu énergétique inconnu. Très faible. En suspension dans l’air.

Mais rien d’alarmant. Rodney releva la tête.

— « Inconnu », ça veut dire « potentiellement ennuyeux » dans notre jargon, non ?

Je ne répondis pas. Je m’étais déjà mise en mouvement. Le camp apparut après quelques minutes de marche. À flanc de colline, semi-enterré dans une végétation brune et souple. Des structures de survie. Tentes renforcées. Modules d’habitations. Tout était… là. Ou presque. Le temps avait fait son œuvre. Le vent. La poussière. Mais l’endroit n’était pas abandonné depuis si longtemps. Et surtout… il avait été utilisé.

— Ce sont… des installations terokaines, soufflai-je, la gorge serrée.

Je m’agenouillai devant une plaque gravée, à moitié recouverte de sable. Un symbole. Celui de mon peuple. Mon cœur accéléra. Mais mes yeux ne trouvaient aucune silhouette. Aucun corps. Aucun reste. Aucune trace de vie.

— Il n’y a personne… murmura Jennifer.

Ronon tourna lentement sur lui-même, en alerte. Rodney s’avança près d’un terminal cassé, s’accroupit, inspecta les composants.

— Ça a été endommagé… pas par le temps.

Il leva les yeux vers moi. Son visage s’était durci.

— Quelque chose s’est passé ici.

Il se releva, essuya ses mains sur son pantalon.

— Ils ont survécu. Ils sont arrivés ici, ils ont construit ce camp. Mais quelque chose les a… éliminés.

Un frisson me parcourut. Je regardai autour de moi. Je ne voyais rien. Mais je sentais. Un vide. Un murmure ancien. Comme si la terre elle-même retenait un secret trop lourd pour être partagé.

— On doit savoir, dis-je à voix basse.

Je dois savoir.

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Rodney

Je savais que la console était morte dès l’instant où je l’ai vue. Mais évidemment, j’ai essayé quand même.

— Super. Déconnectée. Fichue. Merci, le sable et l’humidité.

Je soufflai bruyamment, jeta un coup d’œil à Zelenka qui fouillait une autre tente. Pas un mot. Il me laissait m’énerver. Classique. Je sortis mes outils, m’agenouillai devant le panneau, et ouvris la trappe d’accès. Les circuits étaient à moitié fondus. Certains câbles avaient été arrachés comme par panique. Mais il y avait une chance. Une toute petite. Je pouvais peut-être rediriger une cellule de secours pour alimenter le noyau principal. Juste assez pour lancer une analyse mémoire. Je posai mes instruments. Concentré. Mais pas totalement. Parce qu’elle était là, juste derrière moi. Et je la surveillais du coin de l’œil depuis le début. Payga. Elle observait le camp comme on regarde les ruines d’un rêve. Pas en pleurant. Pas en paniquant. Juste en silence. Trop de silence. Elle avait mis tant d’espoir dans cette planète. Et maintenant… elle ne trouvait que le vide. Je voulus lui dire quelque chose. Mais je savais que les mots seraient maladroits. Alors j’ai fait ce que je savais faire : je réparais.
Je soudais un contact, resserrai une connexion, relançai un micro-courant. Le terminal grésilla doucement. Encourageant.

— Bon… ce n’est pas mort. Juste dans le coma, marmonnai-je.

Puis je l’ai entendue tousser. Un petit bruit, d’abord. Étouffé. Puis plus fort. Je me retournai aussitôt. Elle portait une main à sa bouche. Ses jambes fléchirent légèrement.

— Payga ?

Elle vacilla.

— Hé, hey, non non non…

Je me levai si vite que mes outils tombèrent. Je la rattrapai à temps, juste avant qu’elle ne tombe pour de bon. Ses yeux étaient embués. Son souffle rapide, saccadé. Elle luttait pour rester debout. Je criai, plus fort que je ne l’aurais voulu.

— Jennifer ! Vite !
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Chapitre 46 — Quand le souffle cède

Payga

Chaque pas que je faisais dans ce camp me donnait l’impression d’être plus lourde. Comme si la poussière s’accrochait à mes bottes. Comme si la lumière du ciel s’éteignait peu à peu. Les tentes éventrées. Les structures abandonnées. Les restes d’un foyer bâti à la hâte… puis déserté. Je reconnaissais tout. Les matériaux, les dispositions, les protocoles de survie. C’était eux. C’était les miens. Et il n’y avait plus rien. Pas de message. Pas de trace. Pas de nom laissé à mon attention. Je crus un instant sentir leur souffle, entendre des voix dans le vent. Mais ce n’était que le silence. Encore. Toujours. Je voulais rester forte. Vraiment. Mais quelque chose en moi se fissurait. Et ce n’était pas mon cœur. C’était mon souffle. Un poids étrange dans la poitrine. Une chaleur anormale dans mes tempes. Je clignai des yeux. Ma gorge me brûlait. Je toussai. Une fois. Puis encore. Plus fort. Je portai ma main à ma bouche. Et je vis le rouge. Non. Pas maintenant. Mes jambes devinrent molles. Mon souffle court. Mes oreilles bourdonnaient. La réalité devenait floue. Comme dédoublée.

— Payga ? entendis-je, très loin.

La voix me paraissait familière. Urgente. Rodney. Je sentis ses bras autour de moi, me retenir. Je voulus lui parler, lui dire que j’étais là, que je comprenais enfin ce que signifiait être faible, vulnérable… Mais rien ne sortit. J’entendis mon nom une seconde fois. Puis plus rien. Plus que du noir. Et du froid. Et une dernière pensée, faible, fragile : Que se passe-t-il ?

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Rodney

Je la tenais contre moi, mais c’était comme tenir l’ombre de quelqu’un. Elle était chaude, vivante, mais il y avait ce… vide. Ce truc qui m’échappait. Ses yeux étaient presque vides de lumière, et son souffle… si faible. Je n’ai même pas eu le temps de comprendre ce qui se passait. Jennifer s’est précipitée. Elle a pris le relais, et d’un simple geste a fait tout ce que je n’avais pas su faire. Elle a vérifié les constantes. Elle a pris un scanner, l’a agité sous ses yeux, son regard changeant. Elle l’a mise en position couchée sur le sol, me disant de ne pas toucher à quoi que ce soit.

— Rodney, je… Je ne comprends pas, murmurait-elle, son visage tourné vers le scan. Tout était parfait. Elle était en pleine forme avant de partir, aucune anomalie.

Je voyais ses mains trembler un peu alors qu’elle réglait ses appareils. J’étais figé. Je n’arrivais pas à respirer. Je voyais Payga, allongée là, son visage pâle, ses lèvres presque bleues. Elle ne méritait pas ça. Pas après tout ce qu’elle avait traversé. Pas après l’avoir retrouvée. Pas après… Je secouai la tête, essayant de faire taire la voix paniquée qui montait en moi.

— Il faut la ramener sur Atlantis, dit Jennifer d’une voix ferme, mais sans la moindre trace de confiance. Vite.

Je la suivis, mais mon esprit était ailleurs. Les questions se bousculaient.

Pourquoi ça arrivait ?
Pourquoi ici, et pourquoi maintenant ?

— Elle n’a même pas eu le temps de dire quoi que ce soit, Rodney. Elle est… elle est partie d’un coup, sans avertir. C’est comme… si son corps avait décidé de la lâcher. Je… je n’ai rien vu de tel depuis que je suis médecin.

Je ne voulais pas l’écouter. Je voulais juste qu’elle se réveille. C’était ça, la vérité. Je voulais qu’elle rouvre les yeux et me dise que je m’étais inquiété pour rien. Qu’elle était simplement fatiguée. Que le poids de la planète l’avait eu, rien de plus. Mais je savais. Je savais au fond de moi que ce n’était pas aussi simple. Que je ne pouvais pas arrêter ça. Que je ne pouvais pas la sauver de ce qui la rongeait. Elle avait un secret. Elle avait un secret dont nous n’avions aucune idée.
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Chapitre 47 — En apnée

Rodney
Partie 1 — L’attente

L’infirmerie était silencieuse, mais pas paisible. Ce genre de silence pesant, rempli du bourdonnement des moniteurs, des petits bip-bip réguliers qui rappelaient qu’on était en vie, ou pas loin de l’oublier. Je ne bougeais pas.
Je ne quittais pas Payga des yeux. Elle était là, étendue sur le lit médical, immobile, pâle, presque trop calme. Chaque souffle semblait un peu trop lent à mon goût. Chaque battement de son cœur sur le moniteur, un rappel cruel de mon impuissance. J’avais l’impression qu’elle allait disparaître dès que je détournerais le regard. Alors je restais. Je ne disais rien. Je n’avais plus rien à dire. Je n’étais pas utile. Pas comme ça. Et c’était peut-être ça le pire : ne pas pouvoir la sauver. La porte coulissa derrière moi. Je me retournai vivement. Jennifer entra, tablette en main, le visage sérieux, tendu, concentré. Le genre de visage qu’on redoute quand il vient d’un médecin. Elle s’arrêta à mes côtés.

— Tu devrais te reposer, dit-elle doucement. Tu es là depuis notre retour.

Je secouai la tête. Pas maintenant. Elle comprit et ne tenta pas d’insister. Elle jeta un coup d’œil rapide à Payga, puis à l’écran de contrôle. Tout était stable. Mais rien n’était normal.

— J’ai les résultats des premières analyses de sang, annonça-t-elle après un long silence. Et… ce n’est pas ce que j’espérais.

Mon estomac se noua. Elle tourna sa tablette vers moi.

— Elle a été exposée à un virus, Rodney. Quelque chose d’inconnu. Une souche que je n’ai jamais vue. Et je suis presque certaine qu’elle l’a attrapée là-bas. Sur Lyrien.

Je m’obligeai à respirer lentement.

— Tu es sûre que c’est ça ? C’est ce virus qui la met dans cet état ?

— Je ne peux pas l’affirmer à 100 %, mais… il n’y a rien d’autre dans ses constantes. Tout indique une attaque virale. Mais c’est très sélectif. Et c’est là que ça devient étrange.

Elle marqua une pause, puis reprit, plus grave :

— Je dois faire des analyses de sang sur toute l’équipe qui était présente là-bas. Je veux comparer les réponses immunitaires. Et je vais devoir vous garder tous ici, à l’infirmerie. Par mesure de sécurité. En quarantaine temporaire.

Je la fixai, interloqué.

— Quarantaine ? Tu crois que c’est contagieux ?

— Je ne sais pas. C’est bien le problème. Mais jusqu’à ce que je sois certaine… je dois prendre mes précautions.

Je ravalai ma frustration. Je n’étais pas contre la prudence. Mais je voyais la panique silencieuse grandir dans ses gestes, dans ses yeux. Et si Jennifer s’inquiétait, alors je savais qu’il y avait de quoi s’inquiéter. Je regardai Payga à nouveau.

— Elle ne méritait pas ça, murmurai-je. Pas encore.

Jennifer posa une main sur mon épaule.

— On va trouver ce que c’est. Mais je vais avoir besoin de ton sang, Rodney. Et de ta patience.

Je hochai la tête. Je lui donnerais ce qu’elle voulait. Mon sang. Mon temps. Ma patience. Tout ce qu’il fallait… pour la garder en vie.

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Rodney
Partie 2 — Trois jours

Trois jours que nous étions bloqués dans l’infirmerie, à tourner en rond. À attendre. À spéculer. Et surtout… trois jours que je regardais Payga sans pouvoir lui parler. Sans la voir bouger. Elle restait figée dans un sommeil trop calme pour être rassurant. Jennifer avait travaillé sans relâche. Je l’avais vue passer des nuits entières à recroiser les échantillons, à scruter des analyses, à tester chaque hypothèse comme si sa propre vie en dépendait. Et peut-être que c’était vrai. Peut-être qu’on était tous en danger. Mais au fond, personne ne le disait. Pas à voix haute. La quarantaine avait fini par user même les plus calmes. Ronon faisait les cents pas, les bras croisés, tendu comme un fil. Teyla, elle, gardait sa sérénité mais son regard trahissait une préoccupation profonde. Zelenka avait parlé à ses appareils plus qu’aux humains ces derniers jours. Et moi… Je n’étais pas d’humeur à faire la conversation. Pour une fois, même mes sarcasmes m’avaient abandonné. Mais ce matin-là, quelque chose avait changé. Le silence n’était plus pesant. Il était épuisé.

— Ça me rappelle les missions de confinement sur la base gamma, lança Sheppard, l’air las.

Personne n’a bougé. Il ajouta :

— Mais au moins là-bas, y avait du café potable.

Zelenka souffla par le nez. Teyla esquissa un sourire, un peu forcé. Jennifer n’était pas encore sortie de son laboratoire. Les lumières de la salle adjacente clignotaient depuis l’aube. Je savais qu’elle y était. Je l’avais vue y entrer quelques heures plus tôt avec un énième plateau d’échantillons. Je jetai un coup d’œil à la silhouette immobile de Payga, et mon estomac se noua. Ronon s’arrêta soudain dans sa marche. Il fixa la porte du labo. Un bruit. Des pas. Des dossiers claqués. Une porte qui s’ouvre brusquement. Jennifer apparut, la blouse froissée, les cheveux en désordre, les yeux fatigués mais… brillants.

— Ça y est.

Sa voix claqua dans la pièce comme une détonation.

— J’ai trouvé.
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Chapitre 48 — Comme une page blanche

Payga

Le monde revint par fragments. Une odeur. Un souffle d’air sur ma peau. Le battement sourd d’un cœur - peut-être le mien. Puis… une voix, lointaine. Une présence familière. Constante. Rassurante. Je ne savais pas combien de temps j’étais restée là. Ni même où j’étais exactement. Je ne savais pas ce qui m’avait happée dans le noir. Mais je sentais mon corps revenir. Chaque muscle, chaque nerf, chaque respiration… c’était douloureux. Comme si j’étais tombée de très haut et que je remontais lentement à la surface. J’étais là, encore. Vivante. Mais tout semblait flou, déconnecté. Je sentis une main dans la mienne. Chaleureuse. Solide. Et puis une voix, proche cette fois. Vibrante, douce, un peu essoufflée :

— Te voilà enfin…

Je clignai des yeux. Une lumière diffuse m’éblouit un instant. Des formes se précisèrent. Un homme était assis à mon chevet. Ses yeux me fixaient avec soulagement. Il me regardait comme si j’étais… tout. Mais mon cœur s’arrêta un instant. Parce que je ne reconnaissais rien. Ni ce visage. Ni cet endroit. Tout en moi hurlait qu’il me connaissait. Mais moi… je ne le connaissais pas. Je sentis ma gorge se serrer. Une panique froide remonta. Je serrai un peu les doigts dans les siens, juste pour m’assurer que je n’étais pas en train de rêver. Puis, d’une voix rauque, presque étrangère, je murmurai :

— Qui… qui êtes-vous ?

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Rodney

Deux jours depuis que Jennifer avait levé la quarantaine, depuis qu’elle avait enfin trouvé ce qui avait manqué à Payga. J’étais resté auprès d’elle. Jour et nuit. Sans dormir, ou à peine. Je refusais de quitter la pièce. Même maintenant qu’elle était hors de danger. Jennifer était arrivée en trombe ce matin-là avec un éclat dans les yeux que je n’avais pas vu depuis longtemps.

— C’est l’enzyme, avait-elle dit. Un élément propre aux Terokains. Il agit comme un filtre immunitaire, mais il est mal calibré. Chez eux, le virus n’est même pas reconnu comme un danger. Il passe… inaperçu. Et le système immunitaire ne réagit pas.

Ce n’était ni une faiblesse, ni une erreur génétique. C’était une simple tragédie. Une incompatibilité fatale entre une forme de vie et un environnement trop proche, trop dangereux. Le virus était naturellement présent sur Lyrien. Faible, presque inoffensif pour nous. Mais pour eux… Pour ceux de son espèce… Une condamnation silencieuse. Sheppard, Zelenka et une équipe étaient repartis sur la planète. Ils avaient tout confirmé. Le camp de fortune. Les structures. Et une atmosphère contenant des concentrations légères mais permanentes du virus. Les Terokains n’avaient jamais eu une chance. Jennifer avait élaboré une réponse thérapeutique. Un traitement d’équilibre, une modification temporaire de l’enzyme. Et elle avait réussi. Elle l’avait sauvée. J’avais été soulagé. Tellement soulagé. Je m’étais autorisé à souffler. Et puis… elle avait bougé. Ses doigts dans les miens. Un souffle un peu plus fort. Une paupière qui se soulève.

— Te voilà enfin…

C’était sorti tout seul. Mon cœur battait trop vite. Je la regardais avec une émotion que je n’avais pas su contenir. Mais elle ne me regarda pas comme je l’attendais. Ses yeux me fixèrent. Hésitants. Troublés. Et sa voix… sa voix me frappa en pleine poitrine.

— Qui… qui êtes-vous ?

Un blanc. Un gouffre. Le monde sembla s’arrêter autour de moi.

— Quoi ?

Je me redressai, la main toujours dans la sienne, le souffle coupé.

— Payga… c’est moi. C’est Rodney.

Elle cligna des yeux. Toujours perdue. Toujours… absente d’elle-même. Jennifer s’approcha en entendant ma voix trembler. Je ne la quittais pas des yeux.

— Payga, je suis là… tu es en sécurité, tu es sur Atlantis. Tu me reconnais, n’est-ce pas ?

Mais rien dans son regard ne reflétait la moindre reconnaissance. Et tout ce que je ressentais… c’était ce vertige familier, celui qu’on éprouve quand on pense être sauvé, et qu’on découvre qu’on est encore en train de tomber.
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Chapitre 49 — L’écho d’un prénom

Payga

Je suis réveillée. Je crois. Le monde est là. Les formes, les sons, les odeurs. Tout est réel. Tangible. Mais… étranger. Je suis allongée sur un lit dans une pièce trop blanche, trop froide, trop… clinique. Des visages passent. Des regards se posent sur moi. Certains sont inquiets. D’autres soulagés. Mais moi… je ne ressens rien. Rien de ce qu’ils semblent attendre. Ils me parlent. Certains sourient doucement. D’autres m’appellent par un prénom qui ne résonne pas. « Payga. »

Est-ce moi ?

Je ne sais pas. Je fouille dans ma tête, dans mes souvenirs, mais… il n’y a rien. Rien d’autre qu’un vide compact, un silence épais. Comme un livre dont toutes les pages auraient été arrachées, sauf la dernière. Je ne sais pas qui je suis. Je ne sais pas pourquoi je suis ici. Je ne sais pas qui ils sont. Un homme est resté près de moi. Il a les yeux fatigués, la mâchoire crispée, et dans son regard… quelque chose que je n’arrive pas à nommer. De la douleur, peut-être. Ou de la peur. Mais pas pour lui. Pour moi. Il tient ma main, comme si c’était un geste familier. Il m’appelle doucement. Me parle comme à une vieille amie. Peut-être que je l’ai aimé. Peut-être qu’il m’aimait. Mais pour l’instant… Je ne ressens rien. Et ça me terrifie. Mon nom. Mon passé. Mes souvenirs. Mon rire. Mes colères. Mes chagrins. Tout ce que j’ai été… Disparu. Et je me demande :

Suis-je encore quelqu’un… si je ne me souviens pas de l’avoir été ?

⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯✧⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯⎯

Rodney

Je n’aurais jamais dû partir de cette pièce. Mais je ne supportais plus son regard. Ou plutôt, l’absence de regard. Ce vide dans ses yeux. Cette façon de me regarder comme un inconnu de passage, alors que moi… j’étais prêt à tout pour elle. Alors j’étais sorti. Je n’ai pas fui. Non. J’ai simplement... reculé. Le laboratoire de Jennifer était désert. Sauf pour elle. Penchée sur un écran, les cheveux en bataille, les mains tremblantes de fatigue ou d’impuissance, peut-être les deux. Je n’avais pas dit un mot. Je m’étais simplement assis sur une chaise, le dos voûté, les coudes sur les genoux. Je me sentais vide. Perdu. Je l’avais enfin retrouvée. Elle avait survécu à tout. Elle était là, devant moi. Mais elle… elle ne m’avait pas retrouvé.

— Elle ne se souvient de rien, murmurai-je.

Jennifer releva les yeux. Ils étaient cernés, rougis.

— Pas uniquement de toi. Elle ne se souvient de rien du tout. Ni de son nom, ni de sa planète, ni d’Atlantis.

Je déglutis avec difficulté.

— Tu sais ce qui a causé ça ?

Elle resta silencieuse un instant, puis secoua la tête.

— Non. Et c’est ça qui m’effraie. Je n’ai rien trouvé dans ses analyses, ses scanners, son activité cérébrale... tout semble normal. Aucune lésion, aucune altération visible. Et pourtant... elle ne sait même pas qui elle est.

Je sentis ma poitrine se resserrer. Et pour la première fois depuis longtemps… J’ai pensé qu’il n’y aurait plus rien à réparer. Que peut-être, je devrais apprendre à l’aimer sans qu’elle me connaisse. Ou… apprendre à m’en éloigner pour ne pas lui faire peur. Le silence s’installa. Et puis une voix familière, avec ce timbre écossais reconnaissable entre mille, fit irruption dans la pièce :

— Et bien… qui est mort, cette fois ?

Je me retournai brusquement. Et mes yeux s’écarquillèrent.

— Beckett… ?
Il était là. Dans l’encadrement de la porte. Un sourire tendre aux lèvres, une mallette à la main.

— On m’a dit que j’étais attendu pour un cas désespéré. Et ça, c’est toujours mon domaine, pas vrai ?

Jennifer poussa un soupir de soulagement. Moi… je sentis quelque chose bouger à nouveau. Un infime espoir. Fragile. Mais réel.
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Chapitre 50 — Là où les souvenirs dorment

Payga

Je suis seule. Enfin… je crois. La chambre est silencieuse, baignée dans cette lumière tiède de fin de journée. Je devine que c’est l’infirmerie. C’est ce que l’on m’a dit. Je regarde mes mains. Elles tremblent à peine. Pas de douleur. Pas de blessure apparente. Juste… une sensation d’étrangeté. Comme si ce corps n’était pas tout à fait le mien. Depuis qu’ils m’ont réveillée, je fais semblant. Je souris. Je hoche la tête. Je leur fais croire que je vais bien. Mais la vérité… c’est que je suis vide. Je sais parler. Je comprends ce qu’ils me disent. Mais je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas qui je suis. Pas vraiment. Et pourtant… Il y a des sons. Des mots. Des échos.

Terokar.
Meredith.
Lyrien.
Atlantis.
Survivante.

Des mots qui flottent, sans attaches. Comme des feuilles portées par le vent.
Ils ne veulent rien dire. Et en même temps… ils me font peur. Parce qu’ils me hantent. Je ferme les yeux. J’essaie de fouiller. De retrouver un visage, un rire, un souvenir. Mais il n’y a rien. Rien, sauf ce manque incompréhensible. L’homme qui était là… celui aux yeux bleus et à la voix tremblante… Je ressens son absence comme une note qui manque dans une chanson. Et je ne sais pas pourquoi. Alors, quand la porte s’ouvre doucement… Je redresse la tête, sur mes gardes. Mais l’homme qui entre n’est pas comme les autres. Il n’a pas de blouse blanche. Pas d’air distant. Il porte un sourire fatigué mais sincère. Il dégage quelque chose de simple. De rassurant. Il s’arrête à quelques pas, puis parle avec un accent doux que je ne saurais situer :

— Bonjour, Payga. Je suis le docteur Carson Beckett.

Je l’observe en silence. Il continue, sans forcer, sa voix posée :

— On m’a demandé de venir t’aider… à te retrouver.

Je baisse les yeux.

— À me retrouver… ça fait bizarre à entendre.

— J’imagine, murmure-t-il. Mais on peut prendre le temps. Aucun stress. Juste… toi, et quelques souvenirs.

Je déglutis. Mon cœur bat plus vite. Je veux me souvenir. Je crois. Mais une peur sourde monte. Et si ce que j’étais… ne me plaisait pas ? Et si ce que je retrouvais… me faisait mal ? Je prends une grande inspiration et murmure, presque à voix basse :

— D’accord. Je suis prête. Enfin… je crois.

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Rodney

Je n’avais pas bougé du labo de l’infirmerie depuis que Beckett était arrivé.
Il n’était là que depuis quelques heures et déjà… L’atmosphère avait changé. Jennifer et moi étions à cran, perdus dans des hypothèses contradictoires, des données incohérentes, des scanners sans réponses. Et lui, il avait débarqué avec son calme, son accent traînant et cette façon de vous faire croire que tout allait bien se passer, même si ce n’était pas encore le cas. Il avait demandé l’accès à tous les rapports. S’était enfermé dans la salle d’analyse avec les enregistrements neurologiques, les constantes de Payga, les images cérébrales. Et maintenant, il était là, devant nous, un pad dans une main et un air soucieux, mais pas désespéré. Jennifer croisa les bras. Elle essayait de rester neutre, mais je sentais sa nervosité.

— Alors ?

Beckett inspira profondément.

— Ce que je vais dire n’est pas un miracle, mais… c’est un début.

Je me redressai légèrement sur ma chaise.

— Je t'écoute.

— D’abord, la bonne nouvelle : Payga communique normalement. Elle sait parler, lire, comprendre des instructions, elle a conservé toutes les fonctions cognitives de base. Ses réflexes moteurs sont intacts. Tout cela signifie que les structures principales de son cerveau sont opérationnelles. Ce n’est pas une atteinte neurologique dégénérative. Elle n’a rien perdu d’essentiel.

— Oui, mais elle ne sait pas qui elle est, dis-je en fronçant les sourcils. Elle m’a regardé comme un parfait inconnu.

— Et elle l’a fait sans panique, répondit Beckett, pensif. Ce qui veut dire qu’elle est lucide. Son esprit sait qu’un morceau lui manque. Ce n’est pas une perte totale de connexion… c’est un brouillage.

Jennifer pencha la tête.

— Un blocage temporaire ?

Beckett hocha la tête.

— Exactement. J’ai refait des analyses ciblées du cortex cérébral, et j’ai détecté des résidus enzymatiques - des traces extrêmement localisées du traitement antiviral que tu lui as administré.

— Mais je l’ai testé… il ne devait pas franchir la barrière hémato-encéphalique !

— Je sais. Et pourtant, chez elle, une minuscule fraction a réussi à migrer. Et pas n’importe où : elle s’est fixée dans la zone responsable de la consolidation mnésique à long terme.

Je fronçai les sourcils.

— L’hippocampe.

— Et ses connexions avec le cortex préfrontal, oui. Assez pour empêcher l’accès aux souvenirs… mais pas pour les détruire.

Je me redressai, l’air tendu.

— Ils sont encore là ?

— J’en suis presque certain. Son cerveau les garde. Il ne sait juste plus comment y accéder.

Je sentis une pression que je portais depuis des jours se relâcher.
Un souffle. Un espoir. Jennifer se détendit, elle aussi.

— Tu penses qu’on peut réparer ça ?

Beckett sourit doucement.

— Je pense qu’on peut l’aider à se réparer elle-même. Mais il faudra du temps, et de la douceur.

J’acquiesçai, le cœur plus léger.

— Elle en vaut chaque seconde.
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Chapitre 51 — Journée sans fin

Payga

Je ne sais plus depuis combien de temps j’ai quitté l’infirmerie. Peut-être une semaine. Peut-être deux. Le temps s’est étiré en une boucle silencieuse. Tout est organisé. Millimétré. Comme si le fait de remplir les cases d’un agenda pouvait m’aider à me remplir moi-même. Chaque jour commence exactement de la même façon :

8h00 - Réveil.
J’ouvre les yeux dans cette chambre lumineuse, trop impersonnelle pour m’appartenir vraiment. Les draps sont toujours lisses, les vêtements soigneusement pliés sur la chaise. Tout est en ordre. Moi… un peu moins.

8h05 - Salle de bain.
Je me regarde dans le miroir. J’essaie de reconnaître les traits. Rien. Pas de souvenir. Pas d’émotion. Juste… ce regard fixe. Curieux, mais vide.

8h30 - Petit déjeuner au réfectoire.
Souvent, Rodney m’y attend. Il ne parle pas beaucoup, pas au début. Il me tend un café - apparemment j’aimais ça. Je le regarde. J’écoute. Et parfois, je ris à ses remarques sarcastiques, même si je ne comprends pas tout. Je crois qu’il le remarque. Et je crois que ça lui fait du bien.

9h00 - Laboratoire scientifique.
Il dit que je travaillais ici. Qu’on était une équipe. Je ne comprends rien à ses équations, à ses analyses. Mais je regarde. Il me répète que ça peut revenir d’un coup. Comme un éclair. Alors j’attends l’éclair.

12h00 - Déjeuner.
C’est souvent Teyla qui m’accompagne. Elle a cette sagesse tranquille, cette façon de m’écouter sans jamais me juger. On parle peu, mais ses silences ne sont jamais vides.

13h00 - Infirmerie.
Je passe mes après-midis avec Carson. Il est… doux. Rassurant. Parfois drôle.
Il me raconte des histoires qu’on a partagées — du moins, selon lui. Des missions, des rires, des blessures. Il ne force rien. Il me laisse venir à moi-même. Et je l’aime bien pour ça.

17h00 - Temps libre.
C’est souvent Rodney qui vient me chercher. Il propose une promenade, un coin tranquille dans la cité. Il me parle… d’avant. Mais pas tout. Jamais tout. Il choisit ses mots. Il dose ce qu’il me dit, comme s’il avait peur de me faire mal. Mais dans ses yeux… Je lis ce qu’il ne dit pas. Je ressens… quelque chose. Un battement lointain. Une mémoire qui palpite sans oser s’éveiller.

19h00 - Dîner.
On rejoint Sheppard, Ronon, les autres. Je souris, je fais semblant de suivre.
Mais souvent, je regarde les visages et je me demande : Avons-nous vraiment partagé tout ça ? Ou est-ce que je l’invente pour me rassurer ?

22h00 - Coucher.
J’éteins la lumière. Et je ferme les yeux avec cette même prière silencieuse :

Fais que cette nuit… je me souvienne.

Parfois, je rêve. Des images floues. Des voix étouffées. Des noms. Des sons.
Toujours les mêmes.

Terokar.
Anomalie.
Atlantis.
Meredith.

Et puis je tends la main vers ce souvenir qui me semble à portée… Et il s’évapore. Et le lendemain, on recommence.

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Rodney

Chaque jour ressemble au précédent. Et pourtant… Je ne m’en lasse pas. Parce que chaque jour, elle est là. Vivante. Présente. Même si elle n’est pas tout à fait elle-même. Même si elle ne se souvient pas de moi. Je l’attends au réfectoire à 8h30 précises. Toujours un café en main - je ne sais même pas si elle l’aime encore. Mais elle le prend. Et parfois, elle sourit. C’est assez pour commencer ma journée. Au labo, je l’installe à côté de moi. Je lui montre des choses, des circuits, des théories qu’elle maîtrisait mieux que moi. Elle observe. Silencieuse. Je fais semblant de croire que ça pourrait revenir d’un coup, comme une révélation magique. Je lui dis que c’est possible. Mais en vrai… je n’en sais rien. Et pourtant, je continue. À 17h, je vais la chercher pour ce qu’ils appellent « son temps libre ». On marche souvent sans parler. Parfois je lui raconte une anecdote - comme le jour où elle a fait exploser un stabilisateur énergétique pendant une expérience. Elle rit un peu. Un rire léger. Pas le sien. Mais c’est un début. Je sens quand elle me regarde sans comprendre. Je sens quand elle cherche dans mes yeux quelque chose qu’elle devrait ressentir. Mais elle ne trouve rien. Et je reste là. Présent. Comme un phare qu’elle ne regarde pas encore, mais qui continue d’éclairer. Le soir, au dîner, je fais comme si tout allait bien. Je parle, je plaisante, je fais le clown pour les autres. Mais quand elle quitte la table, quand elle rentre se coucher. Je m’assois sur le rebord de la balustrade du niveau 7, face à l’océan. Et je me dis :

Il faudra du temps.
Il faudra de la patience.
Et surtout… il faudra l’aimer sans condition. Même si elle ne revient jamais.
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