Après déjà mine de rien 3 mois, voici la suite de
Stargate: L'Odyssée de la Terre. Si besoin, il y a un sommaire sur le premier post du topic ou sont inscrits les liens vers les différents chapitres ainsi que de cours teaser de ceux ci. Voilà bonne lecture et j'espère que vous aimerez.
Chapitre 12 : Billet retour
Région d’El-Alamein – Mardi 18 avril 2013 – vers 19h
Antoine avait laissé le soin de la sépulture à Damien. Ce dernier avait appris beaucoup de choses sur l’islam en Afghanistan. Et comme la stratégie de l’armée française était de gagner le cœur des populations, le sapeur s’était déjà attelé par le passé à enterrer des soldats de l’armée nationale afghane. Kanbeï avait protesté, estimant que même si Salif méritait un dernier adieu, il fallait au groupe se dépêcher pour ne pas subir le même sort.
Le petit taxi s’était garé près d’un petit hameau. L’endroit semblait désert mais par précaution Antoine et Kanbeï étaient partis en reconnaissance laissant seul le sergent Delcourt s’occuper de la prière des morts.
Mer méditerranée – Porte-avions Charles de Gaulle
-Repos !
Tonna Pierre Parizot, le commandant du PA. Il n’avait eu que peu d’informations sur la mission en cours. Jusqu’au dernier moment les ordres étaient restés secret défense. Même le briefing de ses pilotes, ses propres enfants pensait-il, était affecté par une personne extérieure au bâtiment. Rompant les codes de la marine. Dans la salle de briefing du porte-avions se trouvaient une petite dizaine de personnes triée sur le volet. Huit pilotes dont quatre de chasses et les chefs d’équipe d’armement se trouvaient présent. Un rétroprojecteur informatique diffusait déjà dans le dos du commandant Parizot et de son invité les premiers détails de la mission. Le pacha présenta cet intermédiaire avant de se tapir dans un coin.
-Bien voici le lieutenant de vaisseau Le Guelen des forces spéciales. Elle a reçue l’ordre de vous briefer sur cette mission à haut risque. C’est à vous.
-Merci mon commandant. Bien comme vous le savez la Terre a été victime d’un assaut extraterrestre il y a peu. Depuis la France a engagé une campagne de recherche militaire dans un but préventif. Cette campagne est la plus secrète et la plus stratégique que l’on ait connu. Une équipe de spécialistes se trouvent en Egypte dans une mission de collecte d’informations à très haute valeur. Mais nous ne sommes pas les seuls sur ce coup. Un groupe terroriste de grande ampleur, probablement responsable de l’attentat de Büchel, est aux trousses de nos hommes. Il nous faut absolument ces infos. Nous avons donc pour objectif de les sauver avant ce soir. Une opération SAR (Search And Rescue) est lancée à l’heure actuelle. Des commandos du COS sur le BPC Dixmude s’apprêtent à décoller pour exfiltrer nos soldats sur place. Le dispositif est léger, deux hélicoptères Caracal indicatif Albator 1 et 2 sont mobilisés.
-C’est tout ? remarqua un pilote de chasse au premier rang.
Le lieutenant de vaisseau Thomas Bellion, pilote sur rafale de la 12ème flottille de l’aéronavale ne faisait pas mentir sa réputation de « grande gueule ». Le pilote au visage d’ange jouissait d’une très grande popularité. Adoré par les pilotes marins, détesté par les pilotes terrestres, il était de ceux né pour être chef. Son engagement au large de la bataille avait d’ailleurs bien démontré ses aptitudes. Il avait parfaitement dirigé son escadrille et avait même pu apporter un soutien déterminant à un pilote inexpérimenté et en pleine tourmente, le lieutenant Antoine Estienne.
-Capitaine pour vous répondre oui c’est léger. Pas de support d’hélicoptères d’attaque. Le support ça sera vous !
-Nous ? répliqua le pilote au regard bleu ciel.
-Le dispositif est complété par deux rafales M du porte-avions.
Les membres du groupe aérien du Charles de Gaule étaient pour le moins septique pour ne pas dire incrédule. S'engager militairement au-dessus de l’Egypte, l’une des plus puissantes nations du nord de l’Afrique, était déjà une idée saugrenue. Mais y aller avec deux avions de chasse et deux hélicoptères, relevait autant de la bêtise que du suicide. Karmen comprit qu’elle devait d’autres explications.
-Vous serez en première ligne. Nos hélicos, et vous aussi d’ailleurs, n’avez pas d’autorisation de survol. Toutefois cette absence d’accord officiel ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’accord officieux. En échange du retrait de certaines sanctions économiques, les égyptiens nous accordent un laps de temps au-dessus de leur territoire. Le jeu en vaut la chandelle, vous serez équipé d’un armement principalement air-sol.
-Et on a l’autorisation pour l’armement ? demanda Bellion
-Affirmatif.
Les militaires restaient prostrés dans leur siège. Ce n’était pas tellement la peur, bien légitime et incontournable avant un engagement, mais la stupéfaction qui les marquaient. On en était arrivé là ? Après l’attaque des wraiths tout semblait différent, sans l’être. L’attentat de Büchel, les incidents en Mer de Chine, tout était instable, la ligne jaune ne semblait plus exister. Et pourtant le monde continuait de tourner. Une semaine plutôt, il venait juste de changer de sens. Et ça, peu de monde le savait. C’était l’un des principaux problèmes des hommes de la marine qui avaient été les plus exposés à l’attaque, et au secret défense qui en suivit. Ne pas pouvoir en parler à leurs proches était une décision qu’ils comprenaient et qu’ils approuvaient. Il fallait tenir le plus longtemps possible l’existence du programme secrète. La raison première n’était pas la plus évidente, pas la plus justifiée. Le but était surtout de ne pas être l’auteur des fuites. Le secret serait bien éventé un jour ou l’autre. Mais devant l’importance du secret, il ne vaudrait mieux pas politiquement être le premier à vendre la mèche. La France défendait cette position avec une force surprenante. Allant même jusqu’à court-circuiter les hiérarchies militaires pour s’assurer du meilleur contrôle possible. La seule pilote de chasse féminine du bord ne put s’empêcher de rompre le silence de ses coéquipiers pour exprimer ses doutes.
-Lieutenant de vaisseau Hirza Benzagui, se présenta-t-elle. Excusez-moi capitaine mais l’Egypte ce n’est pas le Mali ou le Soudan. Le pouvoir politique est faible à l’inverse de l’armée qui garde un large contrôle sur le pays. Je ne sais pas avec qui vous avez conclu ce drôle marché, mais je doute que qu’il soit respecté par l’ensemble des forces militaires et paramilitaires du pays.
-Je ne dis pas le contraire. Mais nous n’avons pas le choix. Nous allons miser sur l’effet de surprise et sur ce relatif laps de temps. Nous lançons toutes nos forces disponibles dans la bataille. Le PA ne peut déployer que deux chasseurs pour aujourd’hui. Nous cherchons donc deux pilotes volontaires.
-Je le suis ! répondit sévèrement Bellion suivi d’Hirza elle aussi volontaire.
Les deux pilotes avaient pour eux la connaissance de ce genre de mission avec leur passé commun au-dessus de la Libye. Le briefing se termina par les nombreux réglages techniques propre à l’aviation de chasse, météo, plans de vol, etc. Malgré les nombreux points d’ombre sur la mission, les marins gardèrent leur essentiel professionnalisme. L’opération un Taxi Pour Tobruk était lancé. Les deux pilotes de chasse partirent s’équiper. Ne resta bientôt que le commandant Parizot et Le Guelen. Il vint l’informer que sa présence était maintenant demandée sur le pont du Dixmude. Elle commençait sincèrement à se demander si on ne l’avait pas reconverti en pigeon voyageur. Elle n’imaginait pas encore pourquoi on la demandait sur le Dixmude.
Région d’El-Alamein – Mardi 18 avril 2013 – début de soirée
Antoine était presque resté muet depuis la fin de l’attaque. Seul le court débat avec Kanbeï sur le sort de la dépouille de l’archéologue égyptien l’avait sorti de son mutisme. Mais que faisait-il là ? Avec tout ce sang sur ses vêtements, il était prix de dégoût. Il ne put s’empêcher de vomir. Une fois, puis deux. Il put enfin reprendre le pas en se lavant brièvement avec l’eau d’un puits au centre du village. Ce dernier était étrangement vide. Les rues étaient désertes et aucun bruit ne troublait la tranquillité du lieu. Ce qui ne dérangeait pas Antoine.
Mais Kanbeï, toujours sur ses gardes, ne goûtait que très peu cette accalmie angoissante. Les maisons étaient restées ouvertes comme si les habitants avaient fui. Antoine avança l’idée que les résidents avaient été motivés par le bruit des coups de feu. Damien n’était toujours pas rentré, Antoine culpabilisait de ne pas l’avoir aidé, mais il n’était pas en état. Il avait besoin de repos et surtout de calme. Il comprenait sans mal la résistance du sergent Delcourt, rompu au front afghan, mais Kanbeï ? Il n’était jamais sorti de son bureau climatisé de Tokyo, comment faisait-il pour résister si bien à la pression et à l’environnement oppressant de ce désert égyptien ? Le pilote de chasse n’en était que plus impressionné.
Le japonais se trouvait près d’une devanture d’un café. Un bouiboui rempli de chaises ici en bois, là en plastique multicolore. Kanbeï restait scotché sur un détail. Les théières semblaient encore chaudes. C’était de plus en plus menaçant à son goût. Il appela son alter ego français pour qu’il s’imprègne de la menace de ses propres yeux. Le lieutenant Estienne, assis sur le rebord du puits se leva nonchalamment pour aller rassurer son coéquipier. Le sergent Delcourt aurait bientôt terminé d’enterrer Salif et le groupe pourrait repartir dans le désert afin de s’éloigner le plus possible de la zone de l’attaque.
-Tu vois Antoine ? Ils ont tous laissé comme ça ! cria le japonais qui s’était retourné vers le français marchant vers lui.
-Mais c’est normal, comment tu réagirais si …
Le français s’arrêta au milieu de sa phrase et s’immobilisa.
-Quoi ? demanda Kanbeï
-T’entends ? J’ai déjà entendu ça quelque part.
La devinette ne continua pas plus longtemps. Le bruit caractéristique d’un hélicoptère se distinguait parfaitement à travers le son des bourrasques de vent qui balayait modestement le sol depuis le début de la soirée. Antoine chercha à déterminer la direction de l’hélicoptère. Il ne mit pas longtemps à donner son verdict, l’aéronef venait dans leur direction. Kanbeï exulta de joie. Ils étaient sauvés. L’hélico envoyé par l’armée à leur rescousse était déjà là. A mesure que le bruit s’amplifiait, le nippon cria de toute ses forces pour prévenir Damien resté à quelques pas de l’entrée du village. N’entendant pas de réponse de la part du jeune sergent, il partit en direction de la sortie avant d’être rapidement stoppé par Antoine. Il fut retenu par l’avant-bras.
-Qu’est-ce que tu fous Antoine ?
-C’est pas à nous ça !
-Quoi ? Comment tu …
-Il y a toujours au moins deux hélicos pour les missions de sauvetage. Et puis ça c’est … russe.
Ils se regardèrent droit dans les yeux au moment où surgit le Mil Mi-17 au couleur de l’armée égyptienne. Les deux fugitifs n’eurent le temps que de lancer quelques jurons dans le vide et de s’abriter à l’intérieur du café à la vitesse grand V avant que les balles ne pleuvent sur la petite court. Antoine s’abrita juste derrière la cloison droite de la porte du café, arque bouté contre un petit mur en pierre. Pendant que Kanbeï plus chanceux, mais aussi plus habile, sauta derrière le comptoir à l’opposé de la position d’Antoine, et à l’abri des tirs de mitrailleuse. Le servant de la portière droite du lourd hélicoptère d’origine soviétique balançait de courtes rafales saccadées sur la position d’Antoine. Elles touchèrent les fixations d’une large planche de bois, utilisée comme porte rabattante et comme protection solaire pour la terrasse, qui s’abattit violemment en claquant le haut du mur de pierre ou se trouvait Antoine. Plongeant une partie de la pièce dans le noir. Avant que les projectiles ne fractionnent en mille morceaux le volet de fortune. Recouvrant Antoine d’une multitude de fragments de bois.
Malgré le vacarme conjugué des pales de l’aéronef et des détonations de ses armes de guerre, Kanbeï pouvait entendre les cris d’Antoine, fixé dans son recoin sans pouvoir bouger. Le japonais n’était pas le seul à avoir entendu les tirs. Damien avait rappliqué aussi vite que prévu. Il se faufila le long des murs pour ne pas être vu. Ce que ne voyaient pas Kanbeï et Antoine de leur position, c’était les soldats égyptiens déployés par l’hélicoptère dans la cour et sur le toit du bâtiment faisant face au café des réfugiés. Étant légèrement plus haut que l’abri de fortune d’Antoine et Kanbeï, les soldats pouvaient y installer un poste de tir supplémentaire, moins élevé que l’hélicoptère avec un meilleur angle de tir. Le sergent Delcourt était horrifié, ses compagnons allaient se faire tirer comme des pigeons. Il n’avait pas le choix, il était le seul à pouvoir les sauver. Il attacha bien fort son sac sur son dos et enleva la sécurité de son SCP 70/90 acheté au marché noir. Il prit aussi la peine de replié la crosse pour plus de maniabilité dans ses mouvements.
Se trouvant à l’entrée de la place côté nord, sur la droite du café, il sprinta le long des murs en partit accroupi en essayant de ne pas se faire repérer par les soldats héliportés dans la cour près du puits. A sa grande surprise il ne fut pas troué comme une passoire le long des habitations. Passant inaperçu, il en profita pour se faufiler jusqu’à un escalier en pierre donnant sur le premier étage d’une maison située en face du café. Il enfonça la porte par un violent coup de pied et tomba nez à nez avec une famille réuni au centre d’une pièce, enlaçant ce qui devait être la grand-mère du groupe. Un enfant de moins de dix ans se détacha du groupe et vint attaquer Damien avec un bout de bois. Avec beaucoup de tact, le sapeur désarma le petit et le prit dans par le bras. Il le ramena à une femme du groupe en lui faisant signe à elle et autres de ne pas faire de bruit. Il scruta la pièce et aperçu en haut devant lui une trappe donnant sur le toit de la maison. Puis il ordonna à la famille dans un arabe simplifié de se diriger vers un coin de la pièce et de se recouvrir de drap en tout genre. De cette façon, Damien espérait bien éviter un malheur.
Reprenant enfin sa marche en avant, il se précipita vers la trappe. Il ne savait pas sur quoi elle donnait. Peut-être sur un toit juxtaposant la position ennemie, peut-être juste au niveau de celle-ci. Il n’en savait rien mais il était sûr que ses amis n’en avaient pas pour longtemps. Se hissant par la force son bras droit et de ses jambes sur les murs de la pièce il put passer la tête au-dessus de l’ouverture tout en disposant de sa main gauche, armée de son fusil d’assaut Beretta. Il effectua un rapide 360 degrés pour s’apercevoir qu’il n’y avait personne sur le toit. Ni une ni deux il se hissa complètement et rampa vers une cheminée. Il était sur un toit juxtaposant la position des soldats égyptiens. Ils se trouvaient sur un toit du deuxième étage du bâtiment d’à côté. Damien pouvait facilement grimper sur ce toit. Le mur pour y parvenir ne faisait pas deux mètres. Mais il ferait une cible facile aussi bien pour les troupes sur le toit que pour les servants de mitrailleuse de l’hélicoptère. Il remarqua qu’une corniche faisait le tour du mur par derrière. Elle donnait sur l’extérieur du village. C’était parfait pour Damien qui l’emprunta. De là il put longer par derrière la position des agresseurs et se retrouver dans leur dos.
Les agresseurs s’étaient alignés à plat ventre sur tout le toit. Mais une cage d’escalier le surplombait sur leur droite et les rendait vulnérable. Damien ne manqua pas cette opportunité. Il grimpa quelques mètres plus loin que les ennemis sur leur droite, juste au niveau de la cage d’escalier. Celle-ci, surmontée de plusieurs antennes satellites, mesurait à peu près deux mètres cinquante de hauteur. Le sergent Delcourt s’abrita le long de la paroi. Il était totalement à couvert des mitrailleuses de l’hélicoptère qui restait en surplace au-dessus de la cour. Le sergent posa son sac à terre et se lança à l’assaut de la position. Adossé à la cage d’escalier du côté donnant sur le toit ou se trouvait les miliciens, il se pencha sur sa droite pour visualiser les six hommes alignés l’un à côté de l’autre. Certains possédaient des fusils de précision Dragunov, d’autres des Kalachnikov indigènes, un terrible danger pour Damien. Il n’avait pas droit qu’à une seule tentative. Il sélectionna le mode automatique et sans déplier la crosse de son fusil d’assaut, il déchargea une longue rafale sur les pauvres soldats pris au piège. Les trois premiers touchés eurent le dos labourés par les balles tirés à courte portée. Des trois autres, deux tentèrent de se retourner vers l’ennemi, mais ils furent tous les deux victimes du crachat du fusil de fabrication italienne. Le dernier, équipé d’une AKM, eut le temps de tirer. Mais son tir non ajusté vint se loger à côté de Damien qui ne loupa pas ses dernières balles. Leur impact fit tomber à la renverse le soldat égyptien qui tomba involontairement dans la cour en contre bas.
Le premier acte était terminé, maintenant il fallait mettre l’hélicoptère hors de combat. En bas, les hommes près du puits avaient senti la chute du dernier soldat du toit. Ce dernier, à l’agonie, leur désigna la provenance des tirs. Ils se retournèrent tous pour délivrer une pluie diluvienne de balles sur la cage d’escalier qui protégeait Damien. Creusant de larges brèches dans les parpaings de la structure.
A l’abri derrière le comptoir du bar, Kanbeï avait relevé la tête après l’arrêt des tirs lui étant destiné venant de la cour. Il distingua très nettement à travers un nuage de poussière ses ennemis lui tournant le dos. Il comprit que seul Damien ou un allié pouvaient être leur cible. Ce n’était pas glorieux de tirer dans le dos d’un homme, mais ça l’était encore moins d’abattre un civil avec un fusil de sniper. Se rappelant le sort de Salif, il dégaina son pistolet et réussi à atteindre deux des soldats qui s’écroulèrent. Se trouvant maintenant entre deux feux, les miliciens au milieu de la cour furent pris de court. Ils cessèrent momentanément leur tir de suppression sur Damien pour se porter à l’aide de leur camarade et pour réajuster leur position.
Exactement ce qu’attendait Damien. Perché derrière l’amas de parpaing réduit en cendre, il se releva tel un boxer sur le ring. Son épaule gauche juchée d’un lance missile sol air de fabrication soviétique, acheté lui aussi la veille au marché noir.
-Ça c’est cadeau des libyens ! cria t-il de toutes ses forces.
Le missile, suivi d’un long panache blanc de fumée, eut tout juste le temps de s’armer avant de frapper de plein fouet la turbine gauche de l’hélicoptère. Le choc et la faible altitude de la voilure tournante ne donnèrent aucune chance à l’équipage. L’engin s’écrasa au centre de la place en tourbillonnant. Écrasant quelques soldats au passage. Les autres étant soufflés par la puissance de l’explosion des réservoirs du mastodonte.
La chaleur intense et la fumée opaque envahirent le café ou se trouvaient Antoine et Kanbeï. Ce dernier ne perdit pas de temps et sauta par-dessus le comptoir pour aller retrouver son ami toujours prostré près de la porte. Kanbeï qui commençait à suffoquer, dégagea le français recouvert de bouts de planche de bois. Il l’examina brièvement. Le crâne du français était parcouru d’un large filet de sang dégoulinant de son cuir chevelu jusque sur son épaule. Kanbeï craint le pire avant qu’Antoine ne le rassure.
-Ça va ! Ça va ! J’ai rien
Il se remit de bout avec l’aide du japonais. Antoine avait le visage noir de poussière et arrivait à peine à ouvrir les yeux. Les deux sortirent du café pour se confronter à l’enfer. Le kérosène brulé contaminait toute la minuscule place du village. Kanbeï attrapa le bras gauche d’Antoine et le guida en contournant le brasier à travers l’épaisse fumée noire. Une fois de l’autre côté du sinistre, le japonais lâcha son ami pour se lancer violemment à l’assaut d’une porte avec son épaule. Explosant les gonds de la porte, le nippon atterrit avec fracas au sol. Et cette fois ci c’est Antoine qui l’aida à se relever, retrouvant un semblant d’entrain et force. Les deux hommes traversèrent la maison et sortirent dehors, à l’opposé de la place. Alors qu’ils ne s’y attendaient pas, Damien les rejoint agilement en se réceptionnant comme un chat sur ses deux jambes. Son sac et un tas d’armes dans ses bras.
-Lieutenants, tenez !
Il leur lança à chacun un fusil d’assaut récupérés sur les corps ennemis. Puis ils se mirent en marche vers l’ouest. Le soleil se couchait au loin et Antoine ne put s’empêcher de ressortir la maxime des pilotes de chasse de la seconde guerre mondiale « toujours attaquer le soleil dans le dos ». Si d’autres troupes se lançaient à leur poursuite, il valait mieux bien les recevoir … le soleil dans le dos.
Dans le village – quelques dizaines de minutes plus tard
Il n’en revenait toujours pas. Ces incapables d’égyptiens n’avaient pas réussi à faire la peau aux français. Tout comme en Allemagne ou les chasseurs bombardiers avaient au final conduit à une cuisante défaite. Perhan allait-il devoir finir le travail lui-même ? Il y pensait sérieusement. En attendant l’habitacle de son blindé de commandement était trop étroit et trop peu spacieux pour y rester abriter.
Le souffle de l’air chaud qui s’élevait maintenant du sol après une rude journée ensoleillée se répercutait sur son visage. Celui-ci orné d’une balafre le long de la joue droite. La dernière marque visible de ses années passées. Elle ne faisait que rajouter encore plus d’agressivité à son faciès déjà peu avenant. Ne souriant pas, portant des lunettes de soleil d’aviateur et forçant légèrement sur sa mâchoire pour garder les dents bien serrées.
On lui avertit que les fugitifs s’échappaient vers l’ouest. Il ordonna aussitôt leur poursuite. Pour toucher son argent et peut-être plus, il devait s’assurer la victoire. Heureusement, les militaires/mercenaires égyptiens, mis à sa disposition la veille par les généraux du Caire, ne rechignaient pas au combat. La mort brutale et inattendue de leur commando héliporté leur donnait une énergie supplémentaire. Celle de la vengeance. Ils comptaient bien trouer de balles ces salauds d’impérialistes occidentaux. C’était devenu autant leur guerre que celle du mercenaire serbe.
La petite quinzaine de véhicules blindés de transport d’infanterie et les quelques autres véhicules légers se lancèrent à la poursuite de l’échappée du jour.
De leur côté, Antoine Kanbeï et Damien distinguaient les nuages de poussières soulevés par les véhicules lancés à leur poursuite. Continuer à marcher dans le désert qui s’étendait à perte de vue était inutile. Ils seraient inévitablement rejoints. Les droits hommes se demandèrent même si une reddition était envisageable. Très vite le souvenir de Salif vint estomper ce mince espoir.
Antoine Estienne savait qu’il n’était pas fait pour ça. Ses seules expériences en tant que « combattants » étaient ses stages de survie après une éjection en territoire ennemi. Et il ne connaissait que très bien les manières de se cacher et de débusquer quelqu’un. C’était déjà suffisamment difficile de se planquer dans la forêt des Landes pendant les exercices, ça le serait encore plus en plein désert égyptien sans la moindre végétation.
Regardant autour de lui pour chercher une idée, il s’arrêta sur une colline, surplombant légèrement les alentours à quelques centaines de mètres au nord-ouest. N’écoutant que son bon sens, il proposa l’idée de s’y retrancher au sergent Delcourt. Damien Delcourt acquiesça sans hésitations. Même si le rapport de force était totalement en leur défaveur, cette position était la seule à revêtir un aspect stratégique.
Côte Égyptienne - Au même moment
Karmen sentait son corps se déporter d’avant en arrière. Poussé par la force centrifugeuse se dégageant de l’hélicoptère en vol tactique, se balançant dans des courbes à basses altitudes. Elle devait bien être la seule à ne pas être habituée au survol de la mer de cette façon. Le groupe du COS qu’elle accompagnait n’exprimait aucune crainte sur leur visage. C’était encore moins le cas des pilotes dont Karmen soupçonnait en fait qu’ils s’amusaient.
Le commandant Varrault se tenait en face d’elle, adossé à la carlingue derrière le poste du pilote, lui permettant de s’entretenir de manière croisée avec le co-pilote. Il n’avait pas avoué à Karmen que son ordre de participation à la mission de sauvetage émanait de lui-même. Le doute de l’origine de sa mobilisation trottait dans la tête du lieutenant de vaisseau. Et ça Varrault le savait. Mais c’était maintenant à elle de prouver qu’elle n’était pas qu’un simple fusilier marin.
-Chef équipe Alpha à co-pilote, du nouveau ? demanda Varrault dans le micro de son casque
-Pas grand-chose Alpha Leader, lui dit le co-pilote en tournant sa tête au-dessus de son épaule droite vers son interlocuteur, l’état-major à établit une zone de recherche de cinquante kilomètres carrés autour de la dernière position connue du colis.
-Compris ! Je vais dire aux gars d’ouvrir l’œil.
Puis se retournant vers le reste des hommes présents dans la soute, tout en enclenchant sa radio afin que le reste de l’équipe dans le deuxième hélicoptère volant en formation puisse l’entendre, il s’adressa à ses hommes.
-Bien écoutez-moi tous ici Alpha Leader. On survol désormais le territoire égyptien. Donc je vous veux à 200%. C’est clair ? Pas de bêtise, on ne tire pas sans confirmation. La zone de recherche s’étend sur …
Karmen ne put s’empêcher de vérifier les dires du commandant en penchant la tête de son côté droit pour regarder à travers la portière gauche du Caracal. Et en effet sans qu’elle s’en soit aperçue plus tôt, la patrouille volait bien au-dessus du sol égyptien. Le sable encore chaud se dérobant à plus de 200 km/h sous ses pieds. C’était donc officiellement son premier déploiement à l’étranger. Et quel déploiement ! Une mission de secours dont les contes des mille et une nuits n’auraient pas eu à rougir. La satisfaction était grande pour le toute récent commando marin qu’elle devenait. Mais elle fut vite rappelée à la réalité.
-Capitaine Le Guelen ! Cria Varrault, se faisant redresser Karmen droite comme un i, Ça vous intéresse pas ce que je dis ?
-Euh non mon commandant.
-Pardon ?
-NON MON COMMANDANT ! PARDON MON COMMANDANT !
-Bien. Faites attention à vos miches Le Guelen ! On n’est pas à Concarneau ici ! C’est un théâtre de guerre et vous faites partie de mon équipe. Ça veut dire que vous ne devez pas mettre en danger la vie de mes hommes par de la négligence. Compris ?
-Oui mon commandant. Souffla Karmen, complètement refroidie par cet échange.
-Bien donc je récapitule. La Cible, trois gars à nous. Les lieutenants Antoine Estienne de l’armée de l’air et Aichi Takeukhi de la Légion. Ainsi que le sergent Damien Delcourt du Génie. On a perdu le contact avec eux et on ne connait pas leur état de santé. Ils sont peut-être blessés ou même morts. L’ennemi peut très bien aussi se jouer de nous. On parle d’une mouvance terroriste inconnue qui a attaqué une base de l’OTAN. Donc attendez-vous au pire.
Base aérienne 117 – Paris – 2h30 du matin
Dumarchais était nerveux à souhait. La perte du satellite avait mis fin aux communications avec le groupe du lieutenant Estienne. De plus la marine avait captée des émissions radio de forces égyptiennes s’alarmant d’un problème dans le nord-ouest du pays. Nul doute que ce problème était la chasse que subissaient ses hommes de la part d’un ce groupe terroriste inconnu. Un groupe qui partageait étrangement le même alibi que la Chine.
La bonne nouvelle vint d’abord d’Hortense Riveron qui arracha le soutien d’un satellite supplémentaire. Puis du colonel Marin, qui aidé de ses hommes, reprit le commandement de ce nouveau satellite. La zone de recherche étant peu étendue, retrouver les français ne semblaient pas impossible. Mais là n’était pas le problème. Les minutes avaient défilés depuis la perte de contact et si les renseignements sur des troupes inconnues disaient vraies, il était peut-être déjà trop tard. Le général Dumarchais n’oublia pas que les hommes qu’il avait envoyés en Allemagne n’étaient pas faits pour cette mission. Mais l’imprévisible attaque de Büchel en faisait les derniers espoirs de la France. Et de par là même de sa carrière de général.
-Mon général !
-Colonel ! Du nouveau ?
-Je crois, j’ai une colonne blindée en marche à 23 km de la dernière position de notre commando de fortune. Qu’elles sont les chances avec le couvre-feu diplomatique que ce soit une coïncidence ?
-Aucune ! Il faut rediriger nos équipes de secours sur ce point. Et vite !
-Attendez mon général. J’ai une balise. Je confirme c’est l’identifiant du lieutenant Takheuki. Bon sang ils sont perdus, les égyptiens sont sur ceux.
-Bordel !
Egypte – au même moment
La situation était terminée. Les blindés étaient maintenant pleinement visibles. Le panache de poussières avait fait place à une quinzaine de véhicules à roues équipés de blindages largement suffisant pour repousser les quelques balles que pouvaient leurs opposer le trio de survivant exténuer et désemparer devant l’issue que leur proposait le destin.
Damien et Kanbeï était encore combattif. Damien car il pensait naïvement encore pouvoir renverser la vapeur, Kanbeï parce qu’il était impossible pour lui de se rendre sans combattre. Antoine n’en était plus là. Il avait accepté la défaite et croyait au mieux, qu’on pourrait peut-être les faire libérer … si jamais ils n’étaient pas exécutés.
-Messieurs, s’adressa à ses compagnons Antoine sur un ton très solennel. Ça a été un plaisir de partager cette aventure avec vous. Je n’ai pas peur de dire que vous avez été des héros ou cours de ces quelques jours passés loin de chez vous. Sachez que si c’était à refaire je re-signerais sans hésiter !
-Le plaisir est partagé mon lieutenant. Vous êtes de loin, et vous aussi lieutenant Takeukhi, les meilleurs officiers avec qui j’ai pu combattre. C’est sincère, je trouve que vous n’êtes pas aussi cons que tous les officiers de l’armée de terre. Enfin je veux dire …
-Y a pas de mal sergent, le rassura Antoine en lui tapotant sur l’épaule. Y a pas de mal. Avec moi vous pouvez être franc. C’est l’une de mes qualités.
-Tu m’en donnerais presque la larme à l’œil Antoine, sourit Kanbeï.
-Tu n’es pas d’accord Kanbeï ?
-A vrai dire je n’ai pas de mots pour dire comment cette mission m’a …
Il ne put terminer sa phrase à cause de la terrible déflagration qui lui arracha les oreilles ainsi qu’aux autres membres du groupe. Il ne s’agissait pas que d’une explosion, mais de plusieurs, quatre en tout qui dans un court laps de temps avait rugit de toute leur force. Le souffle atteignit à peine le trio rescapé sur la montagne. Antoine fut le premier à comprendre alors que même les égyptiens se demandaient encore ce qu’il leur était arrivé.
Quatre bombes guidées par laser avaient découpé en deux la première vague de transporteurs blindés égyptiens. Machinalement, le reste de la cohorte blindée avait stoppé le temps de comprendre pourquoi les restes de leurs camarades gisaient sur le sol. Eurent vite la réponse. Une rafale d’obus de 30 mn s’abattit sur l’avant encore fumant de la colonne. Venant clore le peu de suspense sur d’éventuels survivants.
Antoine conseilla à ses coéquipiers de se bouger les oreilles. Le conseille s’avéra judicieux avec le passage à très basse altitude des deux chasseurs rafales de la Marine française. Dans le cockpit de l’avion de tête, le lieutenant de vaisseau Bellion transmettait déjà les informations que Paris attendait nerveusement.
-Ici Sonic, confirmation, la Cible est toujours retranchée. Véhicules à l’arrêt.
Repoussant en arrière son manche de pilotage en écoutant que son courage, Thomas lança son chasseur dans un looping avant de replacer son avion dans le bon sens, la tête vers les nuages. Son ailier en fit de même.
-Sonic à Jade, tiens-toi prête on refait un deuxième passage ! Je t’illumine les cibles avec mon pod de désignation laser. A toi de jouer.
-Reçu Sonic. J'engage !
Le Rafale plongea en direction du groupe de blindé qui commençait à se séparer pour ne pas faciliter la tâche aux pilotes de chasse.
-Jade en approche !
-Illumination des cibles … en place !
-Reçue je … merde.
L’avertisseur de danger du chasseur prévint Hirza Benzagui qu’un radar hostile l’avait acquise. La jeune aviatrice qui continua sa passe en larguant ses quatre bombes de 125kg. Elle dégagea le plus vite possible de la zone de combat. Trop tard, ce n’était plus l’acquisition d’un radar dont-on la prévenait, mais celle du départ d’un missile.
La jeune femme, paniquée chercha à effectuer la manœuvre adéquate. Elle savait qu’elle n’avait le droit qu’à une chance. D’abord chercher à identifier le missile. Sa provenance, le temps qu’il lui fallait pour rejoindre sa cible, et enfin la meilleur parade à lui opposer. Il ne s’était passé que 2 secondes depuis l’alarme, qu’Hirza largua ses leurres thermiques suivies d’un brusque dégagement par la droite.
Elle comprit vite que le missile était dirigé par radar et donc que ses leurres étaient inutiles. Elle enclencha au maximum son brouilleur Spectra et pria pour s’en sortir. Dans son dos, le missile se rapprocha jusqu’à une centaine de mètres avant d’être dérouté vers une autre cible. Thomas avait s’était inséré dans le dos d’Hirza afin de prendre le missile à son compte. Manœuvre périlleuse mais qui marcha. Seulement l’avion du leader n’eut pas beaucoup plus de chances. Le mécanisme de détonation du missile s’activa à moins de 200 mètres du chasseur. Une multitude de fragments métalliques s’abattirent sur la carlingue de l’appareil.
-Bordel
-Sonic ça va ? demanda Hirza terrifiée.
-Oui c’est bon ça vole toujours. Mais je tiens sur un réacteur !
Le Rafale crachait une épaisse fumée noire alors que l’extinction de sécurité luttait contre l’incendie sortant du réacteur gauche de l’avion. Thomas dégoulinait de sueur et avait encore de très fortes palpitations. Il avait hésité à s’éjecter et sa main gauche tremblait de stress. Il était temps pour lui de rentrer.
Une odeur de kérosène brûlé se diffusait maintenant dans l’atmosphère. Au sol, tout le monde avait scruté l’interminable chasse du missile. Le trio français ne fut que plus désemparé en voyant leur dernier espoir s’envoler. Les Rafales changeaient de direction. Sans bombes capables d’être tirées à distance de sécurité, et avec un appareil touché, ils ne pouvaient que rentrer au porte-avions. Antoine fut tout de même rassuré. Au moins son compère de l’aéronavale n’avait pas été abattu. Mais ce serait peut-être le cas pour Antoine. Il s’adressa à Kanbeï.
-Eh si il y a des rafales, les secours ne doivent pas être loin. Faut en profiter !
PC opérations – Charles de Gaulle – large des côtes égyptiennes –quelques minutes plutôt
L’ambiance était tendue dans le compartiment baigné des seules lumières des postes informatiques de la pièce. Au beau milieu de l’îlot du porte-avions, la salle servait de poste de commande pour l’opération en cours. Et dieu seul savait qu’elle était aussi mal partie.
-Mon commandant !
Le capitaine de vaisseau Parizot se retourna instinctivement pour répondre à son interlocuteur, un jeune opérateur de télécommunication. En tant que capitaine du porte-avions, il était uniquement censé s’occuper de son bâtiment. Mais l’absence d’officier supérieur dans l’escadre à ce moment précis lui avait fait hériter d’une autre casquette. Son second s’occupant presque seul du porte-avions pendant que lui, dirigeait le groupe aéronaval et se faisait l’écho de Paris auprès des hélicoptères et chasseurs en mission.
-Ordonnez aux équipes de pont de se tenir prêtes. On a un appareil en difficulté.
-Bien mon commandant.
-Et la situation, comment ça évolue ?
-Mise à jour des données du nouveau satellite. Paris a identifié l’ennemi et notre Cible.
-Bon sang ils vont être repris. Ou sont nos hélicoptères ?
-A moins de 3 min
-Mais la zone n’est pas sécurisée. Ils vont se faire descendre.
Le commandant réfléchissait. Les hélicoptères étaient certes très proches, mais ils seraient une proie facile contre le reste des troupes blindés. La déception était à la hauteur de la situation. Ils étaient tellement proches de réussir l’impossible. Parizot entreprit alors de sortir sa dernière carte.
-Quartier maître, passez-moi la frégate Aquitaine sur le champ ! Et donnez l’ordre à Jade de se préparer pour une illumination laser.
Delcourt ouvrait la marche. Il était le seul à ne pas avoir trébuché lors de la descente de la colline. L’habitude faisait son travail. Il était suivi de près par Kanbeï et Antoine, sur motivés par leur instinct de survie. Ils ne voyaient pas les blindés qu’ils avaient fui le temps d’un instant. Ils ne les entendaient pas non plus, du fait du ronronnement lancinant des avions de chasses s’éloignant.
Antoine voulait mettre le plus de distance possible avec ses agresseurs. Tenant de profiter de leur désorganisation. C’était la seule chose à faire. Malheureusement les blindés étaient de retours. Ils s’alignèrent sur la cime de la petite colline. Perhan était à l’affut avec ses jumelles. Il hésitait entre pulvériser les intrus de loin avec les canons des blindés, ou les rattrapés puis les égorgés lui-même. Pour l’exemple et le prestige.
-Monsieur lui demanda un soldat égyptien.
-Quoi encore ?
-Le deuxième chasseur est toujours là.
-Comment ça ?
-On l’a sur le radar mais il est hors de portée de notre batterie sol-air
Le sang de Perhan ne fit qu’un tour. Il ne donna même pas d’ordre au soldat égyptien. Il s’arracha du blindé avec l’aide de ses bras pour sauter au sol. Une fois atterrit il se remit sur ses deux jambes et courut le plus vite possible de l’autre côté de la colline. En direction des blindés, calcinés un peu plus tôt. Les égyptiens le regardèrent, incrédules. Pourquoi fuyait-il ? Ils avaient réussis à attraper les occidentaux, s’en était fini de la mission. Ils ne virent pas les quatre Scalp navals venant de la mer. Le choc les pulvérisa en mille morceaux. Projetant des débris humains et métalliques à plus de cinquante mètres de hauteur. De même que plusieurs boules de feu s’élevèrent elles aussi, provenant de l’embrasement des réservoirs. Plusieurs détonations plus légères retentirent avec la mise à feu des munitions de différents calibres présents dans le brasier.
Antoine était fou de joie. Comme ses deux compagnons d’ailleurs. Son instinct ne l’avait pas trompé. Jade du haut de sa position confirma que le groupe d’espions étaient toujours vivant. Un miracle. Le pari de Parizot avait été risqué mais s’était avéré payant. Le tir des missiles de croisières lancés depuis l’Aquitaine et guidés par le laser de Jade pour plus de précision avait été terriblement destructeur. Le capitaine de vaisseau du Charles de Gaulle n’était pas mécontentent de son coup.
Les trois espions eux ne furent que plus heureux de voir l’hélicoptère Albator 1 se poser juste à leur côté pendant qu’Albator 2 couvrait la zone de ses puissantes mitrailleuses. Une demi-douzaine de commando en formation de combat descendit d’Albator 1. Antoine avait indiqué à ses compagnons la marche à suivre. Ils étaient tous les trois à genoux, les mains sur la tête pendant que venait à eux les soldats d’élites.
-Capitaine Le Guelen vous confirmez ? Meugla Varrault à Karmen.
-Affirmatif mon commandant. C’est la Cible. Le compte est bon.
-Reçu on dégage de là !
Sitôt dit, sitôt effectué. Antoine se sentit comme soulagé d’un énorme poids à la seconde ou il se posa dans l’hélicoptère. Il vu dans le regard de Kanbeï que le japonais ne goutait pas non plus son plaisir d’être enfin tiré d’affaires. Il fut très surprenant pour les trois rescapés de reconnaitre des têtes parmi les membres d’équipage de l’hélicoptère. Damien reconnut notamment très bien les militaires du COS, venu à son secours, déjà, lors de la prise de la porte à la ligne Maginot.
-Alors sergent, on dirait bien qu’on vous a encore sorti du trou, plaisanta Varrault.
-Oui mon commandant c’est pas faux. Merci encore.
Damien était tellement fatigué qu’il ne trouva même pas de force pour sortir une répliqua adéquate. Il s'endormit au bout de plusieurs minutes, à côté du lieutenant de vaisseau Le Guelen. Sa tête penchait dangereusement près de l’épaule gauche de la jeune commando marine. Le regard noir de la jeune femme fut aisément compris par tous les autres hommes. Déclenchant quelques rires moqueurs que Damien n’entendit pas. Karmen voulut le rappeler à l’ordre mais Varrault lui fit signe de laisser tranquille le sergent devant les yeux amusés d’Antoine et Kanbeï. Damien avait bien mérité un peu de réconfort.
La suite dans le prochain chapitre de Stargate: L'Odyssée de la Terre ...
"Sais-tu que Flaubert voulait écrire un roman sur le néant? S'il t'avait connue, on aurait eu un grand livre. Quel dommage."
-Jep Gambardella, La Grande Bellezza